9

 

Les premiers pungatans apparaissaient, disséminés sur le terrain en friche devant eux.

— Quelles sales plantes ! marmonna Jacomin Halefice. Ce que je peux les détester ! J’y mettrais le feu, si j’en avais le droit !

— Oh ! Ces plantes sont nos amies ! répondit Mandralisca.

— Les vôtres peut-être, Votre Grâce. Pas les miennes.

— Elles sont les gardiennes de notre domaine, expliqua le comte. Ces charmants pungatans nous protègent de nos ennemis.

En effet. Ce désert était sauvage et cruel, et la seule route le franchissant était une simple piste rocailleuse. S’en éloigner ne serait-ce que d’une dizaine de mètres vous mettait à la portée des pungatans… ces plantes funestes aux feuilles en forme de fouet étaient les seules à se plaire là. Conduire une armée de quelque taille que ce soit au milieu de ce territoire, où l’eau était rare, où il n’y avait ni bois ni plantes comestibles, et où la végétation existante attaquait violemment et mortellement tout passant, serait un exercice relevant de la grande logistique.

Mais Mandralisca connaissait le chemin traversant cette plaine sinistre.

— Attention aux fouets ! cria-t-il, en lançant un regard par-dessus son épaule à ses hommes. Restez alignés !

Il éperonna sa monture et avança dans le bosquet de pungatans.

Ils étaient réellement beaux, ces pungatans, du moins aux yeux de Mandralisca. Leurs épais troncs gris trapus, lisses et cylindriques, s’élevaient du sol rouge rouille jusqu’à une hauteur de quatre-vingt-dix centimètres à un mètre vingt. À leur sommet poussait une paire de frondes ondulantes semblables à des rubans, s’étendant en directions opposées sur environ deux mètres, leurs extrémités traînant joliment sur le sol en un enchevêtrement complexe de filaments effilochés et emmêlés. Ces frondes paraissaient délicates et douces ; elles étaient presque transparentes au point d’être difficiles à voir, excepté sous certains angles favorables. Flottant dans la brise, elles auraient pu passer pour des algues claires, apparaissant avec les marées.

Mais il suffisait de passer à quatre ou six mètres de l’une de ces plantes pour qu’un liquide violacé vienne se répandre dans ces frondes agitées, qu’elles deviennent turgescentes et que leurs extrémités se mettent à trembler ; ensuite… tchac !… elles se déroulaient de toute leur longueur surprenante et frappaient, un coup de fouet d’une étonnante rapidité et d’une force terrifiante. C’était un coup latéral violent qui découpait avec la force d’une épée bien affilée toute créature assez téméraire pour s’aventurer à leur portée. C’est ainsi qu’elles se nourrissaient, sur ce sol stérile : elles tuaient, puis absorbaient les nutriments qui filtraient dans la terre sous les corps en décomposition de leurs victimes. On voyait des squelettes partiels dispersés tout autour, les restes anciens d’animaux imprudents et, à l’évidence, d’un bon nombre de voyageurs sans méfiance.

Il y a longtemps, quelqu’un avait tracé une piste sûre à travers ce désert peu attrayant, une zone étroite passant entre les endroits où les plantes avaient tendance à pousser. Elle n’était marquée que par une ligne discontinue de cailloux de chaque côté, et le passant négligent pouvait facilement dévier de ses limites. Mais le comte Mandralisca n’était pas enclin à la négligence. Il guida son petit convoi à travers la plaine mortelle sans incident, puis de là sur l’interminable piste étroite, en épingle à cheveux, qui menait au sommet des falaises au bord du fleuve, et à l’enceinte des palais où ses maîtres les Cinq Lords attendaient son retour.

Quel genre de sottises avaient-ils réussi à faire pendant son absence ? se demanda Mandralisca.

Le spectacle qui s’offrit à lui, alors que sa patrouille et lui arrivaient sur la vaste place faisant face aux trois édifices centraux, était tellement conforme à ce à quoi il s’attendait qu’il eut du mal à retenir un rire amer et à dissimuler son mépris et son dégoût.

Gavinius, le frère dont Mandralisca se souciait le moins, errait sur la place, ivre – ce n’était pas une surprise ! – et titubant, se déchaînant avec maladresse. Rouge et couvert de sueur, uniquement vêtu d’un tablier de lin aux pans lâches, il se traînait d’une colonne de pierre à la suivante, leur distribuant des baisers comme s’il s’agissait de jolies jeunes filles, tout en braillant une chanson criarde. Une flasque d’eau-de-vie en cuir était accrochée à son épaule. Une paire de ses femmes, ses « épouses » ainsi que Gavinius aimait à les appeler, bien qu’il n’y ait aucune preuve d’une relation aussi officielle, le suivaient prudemment, comme si elles espéraient réussir à le ramener à l’intérieur du palais. Mais elles prenaient soin de ne pas trop l’approcher. Gavinius était dangereux lorsqu’il avait bu.

Il s’arrêta en chancelant et vacillant lorsqu’il vit le comte.

— Mandralisca ! beugla-t-il. Enfin ! Où étais-tu, camarade ? T’ai cherché toute la journée !

Le gros homme avança en trébuchant. Mandralisca mit rapidement pied à terre. Il n’aurait pas été sage de rester sur sa monture en présence du Lord Gavinius.

Des cinq frères, c’était celui qui ressemblait le plus à feu leur père Gaviundar : un homme énorme, au gros ventre, au visage large et rougeaud, aux déplaisants petits yeux bleu-vert et aux grandes oreilles charnues qui s’écartaient en angles aigus du dôme quasiment chauve de son crâne. Bien que Mandralisca soit grand, le Lord Gavinius était encore plus grand et beaucoup plus volumineux. Il se mit presque nez à nez avec Mandralisca et resta là, à se balancer de façon inquiétante d’avant en arrière sur les troncs massifs de ses jambes, le fixant d’un regard trouble.

— Tu veux à boire, comte ? Là. Là. Regarde-toi, tu es couvert de poussière ! Où étais-tu passé ?

Maladroitement, il défit la courroie de sa flasque d’eau-de-vie, la laissant presque tomber ce faisant et ne la rattrapant que d’une volée désespérée de son énorme patte, puis la poussa vers Mandralisca.

— Je vous remercie, milord Gavinius. Mais je n’ai pas soif pour l’instant.

— Pas soif ? Mais c’est que tu n’as jamais soif. Et pourquoi donc, maudit ? Quel triste compagnon tu fais, Mandralisca ! Bois quand même. Tu devrais avoir envie de boire. Tu devrais aimer boire. Comment puis-je faire confiance à un homme qui déteste boire ? Allez. Allez, bois !

Haussant les épaules, Mandralisca prit la flasque que lui tendait le gros homme, la porta à ses lèvres sans qu’elle les touche vraiment, fit semblant de prendre une gorgée, et la rendit.

Gavinius la reboucha et la jeta sans façon par-dessus son épaule. Puis, se penchant tout près du visage de Mandralisca, il commença à parler d’une voix épaisse :

— J’ai fait un rêve la nuit dernière… on ne peut plus renversant… c’était un message, Mandralisca, un véritable message, je te le dis ! Je voulais que tu me l’interprètes, mais où étais-tu ? Bon sang, où étais-tu ? C’était un rêve si…

— Il était au nord du Zimr, nigaud, menant une expédition punitive contre le seigneur Vorthinar, coupa brusquement une voix dure et sèche venant de sur le côté. N’est-ce pas, Mandralisca ?

C’était Gaviral. Le seul réellement intelligent du lot : le futur Pontife de Zimroel, si Mandralisca arrivait à ses fins.

L’interruption fut la bienvenue. Négocier avec Gavinius, ivre ou sobre, était toujours exaspérant, mais cela pouvait aussi être dangereux. Gaviral pouvait se montrer dangereux à sa façon fourbe, mais en aucun cas il ne risquait de vous empoigner en une virile démonstration d’affection à vous broyer les os, ou tout simplement de vous écraser en tombant complètement ivre sur vous, comme un arbre qui s’abat.

— Je suis allé dans le nord, oui, milord, répondit Mandralisca, et la mission a été accomplie. Le seigneur Vorthinar et tous ses hommes sont partis en flammes il y a cinq jours.

Gaviral sourit. Seul dans cette bande fraternelle de grands balourds frustes, il était petit, noueux et impatient, avec des yeux vifs sans cesse en mouvement et une bouche étroite et agitée. Il était bâti sur une échelle tellement différente des autres que Mandralisca soupçonnait parfois qu’il n’était peut-être pas le fils de son père. Mais il avait bien les cheveux roux de tout le clan Sambailid, la rudesse caractéristique des traits et leur esprit d’une avidité irrépressible.

— Ils sont morts ? dit Gaviral. Splendide. Splendide ! Mais je n’avais aucun doute. Tu es un brave homme, loyal et fidèle, Mandralisca. Que ferions-nous sans toi ? Tu es un trésor. Tu es notre solide bras droit. Je fais ton éloge de tout cœur.

Il y avait une profonde condescendance dans le ton expansif de Gaviral, un manque de sincérité désinvolte, une vague déloyauté, qui retentissait dans chaque syllabe. Il parlait de la façon dont on s’adresserait à un serviteur, un laquais, un larbin… du moins de la façon dont parlerait un idiot ne comprenant pas la façon adéquate de s’adresser à ceux dont il dépend, aussi inférieurs soient-ils.

Mais Mandralisca ne montrait aucun signe d’offuscation.

— Merci, milord, dit-il doucement avec un petit sourire de gratitude et une inclinaison de tête, comme s’il recevait une chaîne en or, était fait chevalier, ou se voyait offrir six villages fertiles du nord. Je chérirai ces paroles. Vos louanges ont une grande importance pour moi… plus peut-être que vous ne pouvez l’imaginer.

— Il ne s’agit pas tant de louanges que d’un simple constat, Mandralisca, dit Gaviral, l’air très content de lui.

Il était le plus intelligent des cinq frères, oui. Mais ce qu’il ignorait et que savait Mandralisca, c’est qu’il ne l’était pas moitié autant qu’il s’imaginait l’être. C’était son gros défaut. Il était assez facile à abuser : il suffisait de lui donner à penser que l’on était intimidé par son esprit brillant pour le mettre dans sa poche. Gavinius les interrompit avec brusquerie.

— J’ai rêvé, dit-il, revenant à son sujet comme si Mandralisca et Gaviral n’avaient pas discuté entre eux. Un tel rêve ! Le Procurateur venait me trouver, le croirais-tu ? Il faisait les cent pas devant moi, me regardait dans les yeux, me disait des paroles merveilleuses. C’était un message, j’en suis sûr, mais de qui ? Sûrement pas de la Dame. Pourquoi la Dame m’enverrait-elle l’esprit du Procurateur ? Pourquoi la Dame m’enverrait-elle un rêve, d’abord ?

Gavinius rota.

— Il faut que tu m’expliques, Mandralisca. Je t’ai cherché toute la journée. Et d’ailleurs, où étais-tu ?

Puis il se retourna, cherchant du pied la flasque dans le sable rouge de la place.

— Et où est mon eau-de-vie ? Qu’as-tu fait de ma flasque ?

— Rentre, Gavinius, dit Gaviral d’une voix basse mais pressante. Couche-toi. Ferme les yeux un instant. Le comte interprétera ton rêve plus tard.

Le petit homme donna à son mastodonte de frère un coup sec du doigt dans le sternum. Gavinius baissa la tête, clignant des yeux de surprise et regarda l’endroit où il avait été frappé.

— Allez. Allez, Gavinius.

Gaviral lui porta un nouveau coup, un peu plus fort cette fois. Gavinius, clignant toujours des yeux, se dirigea d’un pas pesant vers son palais, comme un Bidlack éméché, ses femmes le suivant de près.

Les Lords Gavdat et Gavahaud étaient entre-temps arrivés sur la place, et Mandralisca vit Gavilomarin s’approcher d’eux par la corniche qui séparait son palais des autres. Les frères se regroupèrent autour de leur conseiller privé.

Gavdat, au visage doux tout en bajoues, aux narines caverneuses, fit savoir dès qu’il eut appris le succès de la mission de Mandralisca que, d’après l’horoscope thaumaturge qu’il avait tiré, ce résultat était certain. Il se prétendait sorcier, et pratiquait en amateur raté la magie et les sortilèges. Le vain Gavahaud au cou de taureau, aussi laid que ses frères mais convaincu à un point extraordinaire de sa beauté, présenta ses félicitations à Mandralisca d’un salut délicat de dandy, doublement grotesque chez un homme si lourd. Le gros et mou Gavilomarin, sans grande âme, personnage négligeable qui était obligeamment d’accord avec tout ce que les autres pouvaient dire, battit des mains comme un simple d’esprit et gloussa gaiement en apprenant l’incendie du donjon.

— Puissent-ils tous périr ainsi, ceux qui s’opposent à nous ! déclara sentencieusement Gavahaud.

— Il y en aura beaucoup, j’en ai bien peur, répondit Mandralisca.

— Tu veux parler du Coronal ? demanda le Lord Gaviral.

— Cela viendra plus tard. Je veux dire d’autres comme le seigneur Vorthinar. Des princes locaux, qui sentent là une chance de se dégager de toute autorité. Une fois qu’ils voient des seigneurs comme vous défier ouvertement le Coronal et le Pontife et réussissant cette rébellion, ils ne trouvent plus de raison de continuer à payer des taxes aux autres gouvernements. Y compris le vôtre, mes seigneurs.

— Tu les brûleras pour nous comme tu as brûlé celui-ci, fit Gavahaud.

— Oui. Oui. C’est ce qu’il fera ! s’écria Gavilomarin, qui battit de nouveau des mains en jubilant.

Mandralisca lui lança un rapide sourire sinistre. Puis tapotant des doigts le paraclet doré de sa fonction qui pendait sur sa poitrine, et jetant un vif regard à chacun des frères, il dit :

— Messeigneurs, j’ai fait un long voyage aujourd’hui, et je suis très las. Je vous demande la permission de me retirer.

 

Alors qu’ils se dirigeaient vers le village, un peu au sud du palais de Gaviral, où vivaient les serviteurs de plus haut rang, Jacomin Halefice dit avec hésitation à Mandralisca :

— Monsieur, puis-je vous faire part d’une observation personnelle ?

— Ne sommes-nous pas amis, Jacomin ?

Cette déclaration était si éloignée de la vérité qu’Halefice eut du mal à dissimuler son étonnement. Mais il se reprit au bout d’un moment et continua :

— Il m’a semblé, monsieur, que les frères, lorsqu’ils discutaient avec vous, à l’instant… et en fait, je l’avais déjà remarqué auparavant… j’espère que vous me pardonnerez de le dire, mais…, hésita-t-il. Ce que je veux dire…

— Dis-le, veux-tu ?

— C’est qu’ils sont très paternalistes lorsqu’ils vous parlent. Ils s’adressent à vous comme s’ils étaient de grands et puissants nobles, et vous traitent comme si vous n’étiez rien de plus qu’un vassal insignifiant, un simple laquais, se lança Halefice.

— Je suis bel et bien leur vassal, Jacomin.

— Mais pas leur serviteur.

— Pas exactement, non.

— Pourquoi supportez-vous leur insolence, alors, monsieur ? Car c’est de cela qu’il s’agit, et pardonnez-moi, Votre Grâce, mais cela me peine de voir un homme avec vos talents traité de la sorte. Ont-ils oublié que vous, et vous seul, avez fait d’eux ce qu’ils sont ?

— Oh non, pas à ce point ! Tu m’accordes un trop grand mérite, Jacomin. C’est le Divin qui les a faits ce qu’ils sont, et aussi, j’imagine, leur glorieux père, le prince Gaviundar, avec quelque assistance de leur mère, quelle qu’ait pu être cette dame, dit Mandralisca, arborant de nouveau son vif sourire glacé. Tout ce que j’ai fait a été de leur montrer qu’ils pouvaient se faire seigneurs de ces quelques provinces sans importance. Et, si tout se passe bien, de tout Zimroel, un jour, peut-être.

— Et cela ne vous dérange vraiment pas qu’ils vous traitent avec un tel mépris, monsieur ?

Mandralisca jeta un long regard inquisiteur à son petit aide de camp aux jambes arquées.

Jacomin Halefice et lui étaient ensemble depuis plus de vingt ans, à présent. Ils avaient combattu côte à côte contre les forces de Prestimion à Thegomar Edge, lorsque Korsibar avait péri de la main de son propre mage Su-suheris, que le Procurateur Dantirya Sambail avait été vaincu et fait prisonnier par Prestimion, et que Mandralisca lui-même, qui avait lutté jusqu’au dernier stade de l’épuisement, avait été blessé et également fait prisonnier par Rufiel Kisimir de Muldemar. Et tous deux avaient à nouveau été l’un près de l’autre à l’époque de la seconde grande défaite, au milieu des halliers de manganozas de Stoienzar, alors que Dantirya Sambail était tué par Septach Melayn : Halefice avait aidé Mandralisca à se glisser dans les broussailles et à disparaître, quand Navigorn le poursuivait et l’aurait mis à mort. C’était l’aide d’Halefice qui avait permis à Mandralisca de quitter Alhanroel et d’entrer au service des deux frères de Dantirya Sambail.

La loyauté et la dévotion d’Halefice étaient incontestables. Il était le bras droit de Mandralisca, comme Mandralisca avait été celui du Procurateur Dantirya Sambail. Et pourtant, au cours de tout ce temps passé ensemble, il n’avait jamais osé parler de façon si intime avec Mandralisca qu’il venait de le faire. En cela, pensa Mandralisca, c’était assez touchant. Il répondit avec circonspection.

— S’ils semblent me traiter avec mépris, Jacomin, c’est que leurs manières sont toujours frustes, tel est le style de leur clan tout entier. Tu te souviens de leur élégant père Gaviundar, et de son joli frère Gaviad. Leur oncle Dantirya Sambail n’était pas non plus connu pour la douceur de sa dent. Là où tu vois du mépris, mon ami, je ne vois qu’un manque de délicatesse. Je ne m’en offusque pas. C’est dans leur nature. Ce sont des hommes grossiers et brutaux. Je le leur pardonne, car nous jouons tous dans la même équipe comprends-tu ce que je veux dire ?

— Monsieur ? dit Halefice, le regard vide.

— Apparemment pas. Laisse-moi te le présenter autrement : je sers les desseins des Sambailid, qu’ils le sachent ou pas, et je pense que non, parce qu’ils servent également les miens. C’est pareil qu’entre toi et moi, d’ailleurs. Réfléchis-y Jacomin. Mais garde tes réflexions pour toi. Ne parlons plus de ces sujets, d’accord ?

Mandralisca se détourna, en direction de sa petite maison toute simple.

— C’est ici que nos chemins se séparent, dit-il. Je te souhaite une bonne journée.