Introduction Écrire une Histoire de l'Égypte pharaonique ne présente plus, de nos jours, l'aspect aventureux qu'une pareille tentative conservait encore au tournant du XXe siècle. G. Maspero composait alors, en plein essor du scientisme, sa monumentale Histoire des Peuples de l'Orient Ancien et, quelques années plus tard, J. H. Breasted son History of Egypt — deux ouvrages qui sont, aujourd'hui encore, à la base de la majorité des synthèses. Il n'y a pourtant pas si longtemps, à l'échelle des autres Histoires, le poids de la Bible et de la tradition classique rejetaient la civilisation égyptienne dans un flou dont les grandes querelles chronologiques, passées du XIXe siècle au nôtre, portent encore témoignage. Ces querelles opposent les partisans d'une chronologie dite « longue », généralement les plus éloignés d'un usage scientifique des sources documentaires, aux tenants d'une histoire moins poétique et plus tributaire des données de l'archéologie. Elles ont fini par s'apaiser, et l'on s'en tient généralement aujourd'hui à une chronologie « courte » sur laquelle tout un chacun, ou presque, s'accorde, à quelques générations près. Mais si maintenant un accord est, en gros, acquis sur les deux premiers millénaires, les progrès récents de la recherche ont fait remonter le problème aux premiers temps de l'Histoire et posé sous un nouveau jour la question des origines de la civilisation. Ce n'est pas le moindre paradoxe de l'égyptologie — une des plus jeunes sciences appliquées aux périodes de l'Antiquité les plus anciennes, si l'on veut bien considérer qu'elle naquit il y a seulement un peu plus d'un siècle et demi avec Jean-François Champollion —, que d'être, grâce à l'emploi des techniques les plus récentes, à la pointe de la recherche des origines de l'humanité. La culture pharaonique a de tout temps fasciné ceux qui la découvraient, même s'ils n'étaient pas capables de comprendre les mécanismes profonds d'un système dont toutes les réalisations donnent une impression de pérennité et de sagesse immuables. Les voyageurs grecs, particulièrement, à défaut de pouvoir transmettre à leurs cités ses valeurs fondatrices, répandirent de très bonne heure l'image qu'ils étaient venus y chercher : celle d'une source de la pensée humaine, respectable et mystérieuse, d'une étape illustre, mais d'une étape seulement au regard de la perfection du modèle grec. Leurs descriptions de la civilisation et de son cadre reflètent tout à la fois cet attrait et une certaine réserve face à des coutumes que la méconnaissance quasi obligée des sources rendaient suspectes. Les Grecs entreprirent une exploration systématique du pays : réalités contemporaines avec Hérodote au Ve siècle avant notre ère, géographie sous la plume de Diodore de Sicile et, à la génération suivante, de Strabon, qu'un séjour prolongé « sur le terrain » avait tous deux rendus familiers de la Vallée, arcanes religieux avec Plutarque six siècles plus tard. Parallèlement à ces dernières entreprises, d'autres travaux puisaient directement aux sources proprement égyptiennes, redécouvertes sous les souverains lagides grâce à des recherches comme celles de Manéthon, puis du géographe Ptolémée. Le regard que les Romains tournèrent à leur tour vers l'Égypte ne s'arrêtait pas seulement aux richesses du pays et à la fortune des héritiers d'Alexandre, même si ce fut dans les traces de ce dernier que vinrent marcher Antoine, César, Germanicus, Hadrien, Sévère et d'autres : Pline ou Tacite ne poursuivaient pas d'autre but que celui que visaient leurs prédécesseurs grecs, historiens et géographes. Mais l'Égypte, champ d'érudition privilégié des héritiers d'Aristote comme Théophraste, répondait aussi à une attirance profonde pour les valeurs orientales. Les premières manifestations s'en firent sentir à Rome au début du IIe siècle avant notre ère, lorsque la Ville, se croyant menacée dans sa structure propre par la montée des cultes orientaux habillés sous les traits grecs des Bacchantes, prit en 186 un sénatus-consulte inspiré par Caton : les valeurs traditionnelles furent sauvées pour un temps du déferlement incontrôlable de l'Orient, au prix de plusieurs milliers de morts. Les cités grecques durent se soumettre à l'imperium romain qui hérita d'Alexandre une nouvelle image de l'Orient : la royauté hellénistique recevait à travers lui l'autorité sur l'univers, des mains des dépositaires du pouvoir de Rê, ouvrant ainsi la voie au règne sans partage de Rome sur le monde connu. L'union du nouveau maître de ce monde à Cléopâtre, dernière descendante des pharaons — même si cette descendance n'était que fictive —, en consacrant l'association d'Hélios et de Sélénè, scellait la fusion de l'Occident et de l'Orient. Mais l'union fut brève et Auguste, tout comme jadis Caton, en détruisit le fruit qui eût été tout aussi dangereux pour l'équilibre de l'Empire naissant que le furent les Bacchanales en faisant assassiner Césarion après la prise d'Alexandrie en 30 avant notre ère. L'Égypte, devenue propriété personnelle de l'empereur, s'installait définitivement dans le camp des vassaux de Rome; elle allait toutefois conserver son ancienne aura de sagesse et de science, revivifiée et transmise par la koinè méditerranéenne au nouveau centre de gravité de l'univers. Deux images se superposent alors. La première est celle de la civilisation hellénistique d'Égypte, que l'on perçoit au travers d'œuvres comme celle de Théocrite. Les deux cultures s'y rejoignent dans une harmonie que l'on retrouve chez Apollonios de Rhodes et dans tout le courant de pensée alexandrin. La seconde rejoint une tradition que l'on pourrait déjà qualifier d' « orientalisante », illustrée par Apulée ou Héliodore d'Émèse. Cette dernière renforce l'aspect mystérieux de la vieille civilisation, avançant dans le même sens que la philosophie : le néoplatonisme donne naissance au courant hermétique, à travers le renouveau du pythagorisme qui marque en Orient les débuts de l'Empire. L'hermétisme sera, avec plus tard la Kabbale, le moyen principal d'accès à une civilisation rendue définitivement incompréhensible par l'exclusive chrétienne. Ce courant vers l'ésotérisme est conforté par la montée des cultes égyptiens qui suit l'extension de l'Empire en popularisant à travers les figures d'Osiris, Isis et Anubis la passion de l'archétype du souverain égyptien, perçue comme l'un des modèles de la survie après la mort. Tout change en 380 après Jésus-Christ avec l'édit par lequel Théodose consacre le christianisme comme religion d'État en interdisant sans retour les cultes païens. Il condamne ainsi irrémédiablement la civilisation égyptienne au silence. La fermeture des temples, amorcée en 356 par Constance II et définitivement consommée avec le massacre des prêtres du Sérapeum d'Alexandrie en 391, signifie en effet, au-delà de l'arrêt de la pratique religieuse, l'abandon de la culture qui la supporte, tout entière transmise par une langue et une écriture dont les seuls prêtres assuraient la continuité. Les chrétiens se vengèrent cruellement des persécutions des « idolâtres » en ravageant temples et bibliothèques et en massacrant les élites intellectuelles d'Alexandrie, de Memphis et de la Thébaïde. Les derniers à y échapper furent les foyers de Basse-Nubie et de Haute-Égypte. Ils ne durent d'être les derniers qu'à une situation géographique qui les plaçait sur le limes impérial, les vouant ainsi à un rôle de résistants auquel une longue tradition de lutte avec les anciens colonisateurs de la vallée du Nil les avait préparés. À partir du milieu du VIe siècle, après la fermeture définitive du temple d'Isis à Philae, un long voile de silence recouvre nécropoles et temples, livrés au pillage et à toutes les réutilisations : emploi des chapelles comme habitations et étables ou simple mise en carrière, en passant, naturellement, par la transformation des sanctuaires en églises. Karnak abritera pendant plus de cinq siècles couvents et monastères, sur les murs desquels les yeux crevés des anciens dieux suivent le nouveau culte à travers les écailles d'un enduit grossier. Les sites urbains ont eu plus de chance : la montée annuelle des eaux du Nil et la mise en valeur des terres interdisant pratiquement de déplacer les habitats, les villes anciennes ont été progressivement recouvertes. Bien des cités modernes, essentiellement dans le Nord du pays mais aussi dans le Sud, ne sont que l'ultime état d'une superposition qui remonte souvent à l'aube de l'Histoire. Certains temples ont même quelquefois conservé leur caractère de lieux sacrés, un peu comme si le sens profond du syncrétisme religieux des Anciens avait marqué leurs descendants, au point de leur faire conserver ces temenoi, qui fournissent ainsi des stratigraphies à l'échelle des millénaires. L'accumulation qui sépare dans le temple de Louxor le sol de la cour de Ramsès II de la mosquée d'Abou el-Haggag représente plus de deux mille ans. Ce même lieu a connu tour à tour les invasions assyrienne, perse, grecque et romaine, avec l'établissement d'un camp militaire et toute la palette des cultes de l'Empire qui y furent célébrés, le christianisme et enfin l'islam. Le saint auquel est consacré la mosquée est encore de nos jours l'objet d'une procession annuelle de barques qui n'est pas sans rappeler celles qui conduisaient jadis Amon-Rê d'un temple à l'autre. Cet exemple n'est pas unique, et les sites ainsi conservés sont nombreux dans la Vallée et le Delta ou des endroits très reculés comme l'oasis de Dakhla : là, une autre mosquée, celle de l'ancienne capitale ayoubide d'el-Qasr, repose, elle aussi, sur une stratigraphie continue dont la base probable est la XVIIIe dynastie, peut-être même le Moyen Empire. L'archéologue se réjouit de cette accumulation pour son aspect conservatoire. Il est clair que l'historien ne peut, à court terme, y trouver son compte. Ayant perdu sa langue et sa religion, soumise aux lois du vainqueur qui transforment ou dénaturent ses propres structures — l'application au pays du Droit romain, par exemple, a dressé une barrière parfois bien lourde à soulever pour retrouver la trace du code indigène antérieur —, l'Égypte s'est rapidement coupée de ses valeurs traditionnelles. Le christianisme d'Égypte, qui revendique à juste titre un primat historique et religieux en Orient, a développé une civilisation originale et riche, tant par son art que par sa pensée. Il n'en reste pas moins qu'il a fait table rase des valeurs anciennes. En contrepartie, les Coptes ont donné droit de cité à la pensée populaire, bien éloignée alors des canons religieux. Son influence dans l'art et l'architecture est indéniable, ne serait-ce que par l'essor de la tapisserie figurée ou le traitement des visages des gisants funéraires qui aboutit aux extraordinaires portraits popularisés par les écoles du Fayoum. Cet art préfigure également l'apport islamique avec le renouveau des techniques ornementales ou le passage à la coupole en architecture. De même, le monachisme a fondé, dès le milieu du IIIe siècle avec Paul l'égyptien, une tradition originale, dont la vivacité actuelle montre assez qu'elle fait partie du patrimoine profond de l'Égypte. L'Islam, souple et tolérant au moment de la conquête, plus exigeant par la suite, a permis le développement de nouvelles valeurs. Elles sont aussi fondatrices de l'Égypte contemporaine, mais bien éloignées des temps des pharaons, en qui la tradition religieuse, reprenant des thèmes épars chez des scholiastes comme le (pseudo)-Bérose, vit les oppresseurs de la vraie Foi. Ramsès II, en particulier, représenté d'abord comme l'adversaire de Moïse, devint le parangon du mal. Il faut attendre la fin du XIXe siècle, puis la création de la République Arabe d'Égypte pour le voir devenir, réintégré dans l'Histoire par les manuels scolaires, au fil des heurs et malheurs de la politique contemporaine, un des symboles de l'unité de la nation arabe et, plus généralement, de la grandeur passée du pays. L'Histoire méconnaît donc par force les pharaons à partir du Ve siècle de notre ère. L'abandon progressif du copte au profit de l'arabe coupe le dernier lien avec l'Antiquité. La légende s'empare de celle-ci, selon une tendance naturelle qui s'était déjà fait jour chez les sujets de Pharaon qui prêtaient volontiers à leurs anciens rois des aventures dignes des Mille et Une Nuits. Très vite, le passé, que quelques monuments émergeant du sable permettent de supposer glorieux, excite la convoitise par les richesses qu'il laisse entrevoir au hasard de fouilles clandestines qui font partie, elles aussi, de la tradition de l'Égypte éternelle. Des recueils circulent, tel le Livre des perles enfouies, pour guider les chasseurs de trésors dans un monde peuplé d'esprits où Bès devient le gnome Aïtallah, Sekhmet une terrible ogresse, sans oublier la géante Sarangouma... Bien sûr, les sages se moquent des insensés qui poursuivent ces chimères. Mais Ibn Khaldoun peut fustiger leur folie, cela n'empêche pas le calife Al-Mamoûn, le fils du célèbre Haroun al-Rachid, de s'attaquer à la pyramide de Chéops. Il inaugure ainsi un processus qui, de pilleurs en carriers, dépouillera les pyramides de Gîza en même temps de leur mystère et des blocs de calcaire fin qui les recouvraient avant de servir à la construction des palais de la ville mamelouk et ottomane du Caire. La mémoire du pays, livrée partout aux chasseurs de trésors, aux carriers et chaufourniers, se voit aussi transformée par les nouveaux occupants. Quelques grands faits et croyances profondes survivent presque inchangés à travers des personnages comme Abou el-Haggag. La tendance la plus générale reste de réinterpréter ce que l'on ne peut pas comprendre à travers la seule approche qu'on accepte de ses propres origines : les textes sacrés. Les chrétiens se livrent comme les musulmans à cette recherche des sources : pour eux, l'Égypte est la terre biblique par excellence, de Babylone aux chemins de l'Exode, et tous s'y retrouvent, coptes comme chrétiens d'Occident. Ces derniers découvrent le pays à l'occasion de pèlerinages et des croisades. Ils le voient en croyants, informés par des traditions héritées de la civilisation gréco-byzantine. L'exemple le plus célèbre de cette déformation est le nom même des pyramides. Le mot qui sert à désigner ces grandes constructions de pierres qu'ils viennent admirer en s'arrêtant au Caire sur le chemin des Lieux saints est grec. Dans cette langue, il désigne un gâteau de froment — sans doute parce qu'elles en évoquaient la forme pour ces premiers « touristes ». Par la suite, et sur la base d'une étymologie reconstituée à partir du nom du froment, pyros, à l'origine du mot, la tradition les a interprétées comme d'anciens silos à blé — tant il est vrai qu'on avait oublié leur rôle réel. Il paraît tout à fait normal à nos pèlerins pour qui l'Égypte est d'abord un grand exportateur de céréales d'y voir les greniers dans lesquels Joseph entassa le grain pendant les années de famine. À ces souvenirs de la Bible se mêle celui des merveilles qui, dès le début du IVe siècle après J.-C., avaient enchanté les empereurs, grands collectionneurs d'œuvres d'art égyptiennes et d'obélisques qui font encore la gloire de Rome et d'Istanboul. La Renaissance voit un retour de l'exotisme architectural, et les sphinx égyptisants le disputent aux pyramides de pierre ou de buis dans les jardins européens. Mais il faut attendre la seconde moitié du XVIe siècle, c'est-à-dire la reprise des relations commerciales après la conquête turque — reprise qui donne à la France le rôle que jouait Venise jusqu'au siècle précédent —, pour que l'Égypte connaisse une vogue qui ne se démentira plus. Les récits des voyageurs qui visitèrent l'Égypte sur les traces de leurs prédécesseurs arabes — Abou Sâlih, Ibn Battouta, Ibn Jobaïr et d'autres — furent pour beaucoup dans cette mode. Parmi ceux-ci, on retiendra le pèlerinage du dominicain Félix Fabri ou le voyage que fit le botaniste Pierre Belon du Mans dans la suite de l'ambassadeur que la France envoya auprès de la Sublime Porte juste après la conquête. Ces récits sacrifient souvent aux lois du genre, comme ceux de Jean Palerne, Joos van Ghistele, en route pour le mystérieux royaume du Prêtre Jean, Michael Heberer von Bretten, Samuel Kiechel, Jan Sommer et bien d'autres. Peut-être est-ce justement leur caractère artificiel qui plaît ? En tout cas, ils sont beaucoup lus. Il convient de réserver dans cette énumération sommaire une place à part aux écrivains comme Maqrîzi ou, plus près de ces voyageurs, à Léon l'Africain. Certains comme Christophe Harant s'attachent à mettre leurs pas dans ceux des classiques, essentiellement Strabon et Diodore, imprimés pour la première fois à la fin du XVe siècle. D'autres cherchent à retrouver la même veine scientifique : le géographe André Thévet ou le médecin de Padoue Prosper Alpin, auquel un séjour de presque quatre ans en Égypte, augmenté d'une connaissance profonde de l'œuvre de ses prédécesseurs, d'Hérodote à P. Belon du Mans en passant par Avicenne, Ptolémée, Diodore, Pline, etc., fournit la matière de trois ouvrages sur la faune, la flore et la médecine qui sont restés un modèle. On s'attendrait à ce que les voyageurs du XVIIe siècle suivent cette voie plus scientifique, en tout cas mieux documentée. Il n'en est rien, malgré la vogue croissante de l'orientalisme nourrie par la politique étrangère de Colbert et les « turqueries » naissantes comme celle du Bourgeois Gentilhomme : commerçants, diplomates en mission ou simples touristes se cantonnent dans des descriptions conventionnelles et souvent inexactes qui ne dépassent guère la région du Caire. Les précisions sont rares et restent très matérielles, visant plus à fournir des renseignements pratiques que scientifiques ou historiques. C'est le cas de George Christoff von Neitzschitz, Don Aquilante Rocchetta, Johann Wild aux aventures dignes d'un roman picaresque, et d'autres encore. La tendance est plutôt à l'observation de l'Orient contemporain, que ce soit à l'occasion de brefs passages ou de longs séjours au sein de la nouvelle « nation française » d'Égypte; le Père Coppin en est un exemple... C'est aussi l'époque où naissent les « cabinets de curiosités », renouvellement de la mode des antiquités et préfiguration des grandes collections qui forment le fonds des principaux musées d'Europe. Voyageurs et érudits entreprennent d'exploiter la redécouverte de la civilisation égyptienne, qui se fait un peu au hasard des exhumations de momies. On en tire une poudre souveraine pour régénérer, entre autres, les terres cultivables que l'Europe s'arrache, au point que les Anglais construisent dans leur pays des « moulins à momies » pour satisfaire la demande sans cesse croissante. On lit beaucoup les auteurs anciens, et Hérodote est le premier guide que l'on emporte pour le voyage en Égypte, à la mode dès avant la Révolution française. Quelques grandes figures se détachent chez ces voyageurs, devenus plus « professionnels » depuis Thévenot : archéologues et antiquaires comme le Père Vansleb, Lucas ou Fourmont, médecins comme Granger, explorateurs comme Poncet et Lenoir. Peu à peu, l'Égypte ancienne apparaît à travers quelques grands sites : on redécouvre vers 1668 Karnak, connu dès la fin du XVe siècle par la carte d'Ortelius et le récit du Vénitien Anonyme, et Memphis presque un siècle plus tard. Un premier ouvrage consacré exclusivement aux pyramides paraît même à Londres en 1641. Au XVIIIe siècle apparaissent des analyses scientifiques : Norden, Pococke, Donati, les relations du Père Sicard, Volney, Balthazar de Monconys, l'ami d'Athanase Kircher dont les travaux inspireront Champollion, Savary et bien d'autres qui préparent, à leur façon, le travail de l'Expédition d'Égypte. C'est le grand tournant de l'égyptologie. L'affrontement des nations au sortir de la Révolution ouvre de grands espoirs en même temps qu'un champ quasi illimité à la soif de connaissances des héritiers de l'Encyclopédie. Les jeunes savants qui suivent l'armée de Bonaparte entreprennent une monumentale Description de l'Égypte qui prend en compte non seulement la faune, la flore, les ressources du pays, mais aussi toutes les formes d'architectures, d'art — bref, toutes les civilisations qui s'y sont succédé. Pendant des mois, au prix de peines inouïes mais avec un courage, une opiniâtreté et une précision dignes d'éloges, ils rassemblent une masse de documents qui va alimenter non seulement les travaux des déchiffreurs, mais bon nombre de synthèses modernes. Désormais, l'orientalisme cesse d'être une mode pour devenir un courant littéraire et artistique. Les œuvres se multiplient, de Gérard de Nerval à Eugène Delacroix en passant par le style « retour d'Égypte », les merveilleux dessins de James Owen et de David Roberts qui allient à la perfection thèmes orientalisants et précision archéologique, sans oublier des compositions moins liées à l'Egypte qu'à la naissance de l'empire colonial : Gérôme, qui visita en compagnie de Paul Renoir et Bonnat le Sinaï à l'occasion de l'inauguration du canal de Suez, Fromentin, Guillaumet, Belly, dont les « Pèlerins allant à la Mecque » firent scandale au Salon de 1861... Entre-temps, les travaux de Thomas Young en Angleterre, et ceux de Jean-François Champollion en France avaient fondé l'égyptologie moderne. En 1822, après bien des difficultés, dues autant aux changements politiques qui l'ont ballotté entre Grenoble, Paris et Figeac qu'à la résistance que lui opposent les autorités scientifiques, Jean-François Champollion expose, dans la Lettre à M. Dacier les bases de sa méthode de déchiffrement des hiéroglyhes. Il la développe l'année suivante dans un Précis du système hiéroglyphique. Ses détracteurs en sont encore à chercher une faille dans le système que déjà il se plonge dans les grandes collections amassées par des aventuriers attirés par un pays qui présente pour eux tous les attraits d'un nouveau monde. Ils écument les sites pour le compte des consuls étrangers en Égypte et profitent de la mise en valeur du pays sous Mehemet Ali et ses successeurs : c'est l'étonnant duel que se livrent Giambattista Belzoni pour le compte d'Henry Salt et Bernardino Drovetti, lui-même secondé entre autres par le marseillais Jacques Rifaud. Ces affrontements épiques, plus proches des rezzou que de l'archéologie, sont à l'origine des premiers fonds du British Museum, du Louvre et de Turin. C'est d'ailleurs cette dernière collection, réunie par Drovetti et vendue en 1824 au roi de Sardaigne, qui donne à Champollion l'occasion d'être le premier à exploiter les listes royales. Il écrit également un Panthéon, premier tableau de la religion, qu'il ira compléter — enfin ! — en Egypte même. Il relève et décrit à son tour une énorme masse de documents qui seront publiés quarante ans après sa mort dans les Monuments d'Égypte et de Nubie. Rentré à Paris, il a à peine le temps de donner quelques cours dans la chaire créée pour lui au Collège de France; il meurt le 4 mars 1832, à quarante-deux ans, après avoir définitivement fixé les bases de la langue dans une Grammaire égyptienne, qui ne sera publiée qu'en 1835. La France se trouvait ainsi occuper une place de premier plan dans l'égyptologie naissante. L'œuvre des successeurs de Champollion allait confirmer ce rôle, principalement celle d'A. Mariette sur le terrain. La façon dont celui-ci conduisit le dégagement de grands sites comme Saqqara ou Tanis est à peu près indéfendable aux yeux de l'archéologie moderne. Il n'en reste pas moins qu'il ne se contenta pas d'être le fouilleur heureux du Sérapeum, de Karnak ou de Tanis. Il sut exploiter ses propres trouvailles et celles, plus ou moins fortuites, que le hasard l'amena à connaître. Il parvint surtout, à force de fermeté, à faire jeter par le vice-roi Saïd les bases d'un organisme capable de mettre fin au départ massif des antiquités vers les collections européennes et d'assurer leur conservation sur place. Du musée de Boulaq à celui du Caire a commencé à se constituer le plus grand ensemble existant de témoignages sur la civilisation pharaonique. Dans le même temps, le Service des Antiquités garantit peu à peu l'exploitation scientifique des sites en limitant le pillage. Les rivalités qui opposèrent alors les nations européennes pendant presque un siècle n'affectèrent réellement le travail de leurs ressortissants en Égypte que pendant les périodes de guerre. L'expédition prussienne de 1842 à 1845 et les Denkmäler aus Ägypten und Äthiopien publiés dix ans plus tard par Richard Lepsius fournirent à la communauté scientifique un troisième corpus d'inscriptions et de monuments dans lequel elle puise encore de nos jours. La fin du XIXe siècle consacre définitivement l'égyptologie comme une science et constitue le second tournant de son histoire, autant par les découvertes sur le terrain que par leur exploitation et la mise sur pied d'institutions capables d'assurer son développement. Parmi les successeurs d'Auguste Mariette, Gaston Maspero tient une place de premier plan : découvreur des Textes des Pyramides et directeur du Service des Antiquités, il sut sauver la majeure partie des momies royales de Thébaïde du pillage; il fut aussi le fondateur de l'école française, dans la chaire de Champollion où il succéda à de Rougé. Il peut être considéré comme l'un des pères de l'égyptologie moderne, avec Henri Brugsch pour l'Allemagne et Sir Fl. Petrie pour la Grande-Bretagne. C'est ce dernier qui établit les règles de l'archéologie scientifique qu'il fixa en 1898 dans le cadre de la British School of Archaeology. Au tournant du XXe siècle, les puissances européennes constituent à partir de leurs institutions muséologiques et universitaires les organismes qui sont à l'origine des recherches actuelles : Mission Archéologique Française en 1880, transformée en Institut Français d'Archéologie Orientale en 1898, Egypt Exploration Fund, Deutsche Orient Gesellschaft. Les progrès des moyens de communication amplifient les découvertes qui se succèdent : la capitale d'Akhenaton à Tell el-Amarna avant la guerre de 1914, la tombe de Toutankhamon en 1922, la nécropole des rois tanites en 1939, la grande barque de Chéops en 1954, puis le sauvetage des monuments de Nubie dans les années soixante, pour ne prendre que quelques grands exemples. C'est surtout le trésor de Toutankhamon qui a mis l'égyptologie sur la place publique par l'exposition itinérante qui en fut faite autour des années soixante-dix — exposition dont la vogue en entraîna à son tour toute une série sur des thèmes proches. Mais aussi parce qu'il rejoint, par le mystère qui semble entourer sa découverte, un courant toujours vivace, plus ou moins alimenté à l'origine aux sources de l'hermétisme et de la Kabbale et marqué par les mouvements initiatiques. On doit à ce courant le développement de grands thèmes isiaques, de la Flûte enchantée à Aïda, dont A. Mariette écrivit le livret, en passant par le culte d'Isis à Notre-Dame de Paris pendant la Révolution, mais aussi bon nombre d'interprétations ésotériques de la civilisation égyptienne, appliquées aux pyramides, à la religion, etc. La découverte d'H. Carter, par la masse d'objets précieux qu'elle révèle plus que pour son importance historique que l'on n'exploitera réellement que plus tard, fournit justement au public cette image : un mélange dans lequel le mystère l'emporte avec son cortège de trésors et de malédictions, — deux mots solidement attachés à celui des pharaons —, qui parent l'égyptologue d'une aura romanesque. L'interaction de tous ces éléments et le développement fulgurant du tourisme de masse ne manquent pas d'accentuer le déséquilibre qui s'est installé, de fait, entre l'image couramment répandue dans le public — et souhaitée par lui — et la réalité d'une science, dont on a tendance à minimiser la jeunesse et le long chemin qui lui reste à parcourir pour être à même de décrire dans ses moindres détails une civilisation si riche. Les progrès accomplis ces dernières années dans la connaissance de l'Égypte d' « avant les pharaons » remettent en cause les limites traditionnellement accordées à la civilisation : nous sommes loin des « quarante siècles » qui séparaient Bonaparte des pyramides ! Une fois le pas décisif franchi qui consista à dégager l'Égypte de l'emprise de la Bible, le tissu des connaissances et des techniques n'a cessé, depuis la fin du XIXe siècle, à la fois de rendre plus précise la chronologie et d'éloigner de nous les origines de la civilisation. La civilisation pharaonique est peut-être plus que toute autre au cœur du débat sur la notion d'Histoire : sa durée exceptionnellement longue à l'intérieur d'un cadre rigide renforce l'opposition classique entre Histoire et Préhistoire, confortant l'apparition de l'écriture comme barrière implicite entre les deux. La coupure est censée se faire, en l'occurrence, au IVe millénaire avant notre ère. Cette date était relativement confortable jusqu'à ces dernières années, dans la mesure où elle trouve en Mésopotamie une correspondance qui renvoie, plus ou moins, à la problématique biblique : il suffit d'accorder à la Basse Mésopotamie une « nette avance » sur l'Égypte pour que le lieu d'apparition de l'écriture et celui supposé du paradis terrestre ne fassent qu'un. De plus, le IVe millénaire a l'avantage d'offrir les aspects d'une étape décisive de l'évolution de l'Homme par l'apparition de structures sociales qui témoignent de son éloignement de l'état de nature : il s'assure la mainmise sur celle-ci en passant définitivement à la condition d'agriculteur sédentaire aussi bien sur les bords du Nil que sur ceux de l'Euphrate. Le clivage est alors facile à établir entre le point d'achèvement atteint par la civilisation, confirmé par l'invention de l'écriture, et la phase considérée comme préparatoire, dont la durée est fonction du point de départ envisagé : maximaliste si l'on prend le point de vue des préhistoriens, très restrictif si l'on s'en tient à une définition étroite de l'historicité. Cette problématique, qui pouvait passer jusqu'il y a à peu près un demi-siècle pour une querelle d'école darwinienne, s'est trouvée prendre une dimension nouvelle lorsque le système de datation par rapport à l'érosion fluviale imaginé par Boucher de Perthes pour la vallée de la Somme fut appliqué par K. S. Sandford et A. J. Arkell à la vallée du Nil : l'association des vestiges de l'activité humaine aux coupes géologiques fournit un point d'accrochage aux données archéologiques qui, faute d'être stratifiées, ne pouvaient être hiérarchisées dans des systèmes de « sequence-dates », tels que Fl. Petrie les avait définis au début du siècle. Même si des analyses plus récentes de paléoclimatologie et de géologie, comme celles de K. Butzer et de R. Saïd, ont modifié l'échelle des dates, il est apparu clairement dès avant la Seconde Guerre mondiale non seulement que la « préhistoire » des pharaons prenait une ampleur insoupçonnée, mais encore qu'elle présentait une variété si grande et, à bien des égards, des aspects si achevés qu'il était difficile de voir en elle seulement une étape préparatoire. A cela s'ajoute le fait que notre connaissance de la Préhistoire égyptienne est encore bien partielle depuis les travaux fondamentaux de G. Caton-Thompson dans le Fayoum et surtout l'oasis de Kharga ou de J. Hester et P. Hoebler dans celle de Dounkoul. Bien des éléments fournis par l'exploration systématique de la Basse Nubie ne sont pas totalement publiés, et de vastes zones ont encore beaucoup à nous apprendre, comme par exemple l'oasis de Dakhla, le Gebel Ouweinat et, plus à l'ouest, Koufra et le Darfour. Mais, sans aller aussi loin dans l'espace ou le temps, notre connaissance de la plus ancienne Egypte est encore très lacunaire, même si des travaux récents, en particulier dans le Delta, éclairent d'un jour nouveau les temps prédynastiques : il suffit de se rappeler pour s'en persuader que la découverte du site préhistorique d'Elkab par P. Vermeersch remonte seulement à 1968 ! L'importance de la période préhistorique comme histoire non écrite n'a réellement pris tout son poids que lorsque anthropologues et ethnologues ont fait connaître des civilisations comme celles de l'Amérique précolombienne ou, plus près de nous, d'Afrique noire. Le point de raffinement extrême atteint par certains empires en dehors de toute tradition écrite a conduit à réviser les critères sur lesquels établir le niveau d'une société. Cette modification des perspectives a, à son tour, favorisé l'extension des méthodes d'investigation des préhistoriens en dehors de leur champ propre : l'archéologie s'est plus souciée que par le passé de la chronologie relative des sites —, surtout dans la mesure où, après plus d'un siècle de relevés sur le terrain, les égyptologues, commençant à voir le terme de la longue collecte des inscriptions lapidaires et la raréfaction des trouvailles papyrologiques, se sont tournés vers des sites jusque-là négligés parce que moins riches en données écrites. L'exploitation des sites urbains entreprise ces vingt dernières années dans et hors de la vallée du Nil, le plus souvent sous la pression de l'extension forcenée des grandes agglomérations, donc sous forme de fouilles de sauvetage ou de surveys, a rendu obsolète la vieille opposition entre philologie et archéologie, au terme de laquelle seule la première est à même de rendre compte d'une civilisation, la seconde n'étant que la discipline ancillaire vouée aux basses besognes de collecte documentaire. Ouverture et modification de points de vue ont favorisé l'éclosion de nouvelles techniques en rendant plus rapides et plus sûres les datations : toutes les méthodes qui utilisent les analyses de radioactivité sont désormais bien connues du public (carbone 14, analyses isotopiques diverses, et, plus récemment, thermoluminescence ou recherche de traces de potassium-argon), ainsi que la dendrochronologie, la palynologie, etc. Ce sont aussi les procédures mêmes de la recherche qui ont évolué : photographie aérienne ou relevés topographiques et architecturaux par stéréophotogrammétrie et traitement informatique des données, désormais même axonométrie et reconstitutions d'édifices réalisées directement sur ordinateur à partir de celles-ci... Au-delà des progrès techniques, enfin, ces nouvelles méthodes de travail ont modifié la réflexion des chercheurs, et l'idée s'est fait jour qu'un tesson de poterie peut, parfois, peser aussi lourd dans la compréhension d'un fait qu'un grain de pollen ou un fragment de papyrus. L'historien se trouve donc, face à cette multiplication des sources, dans l'obligation d'ouvrir lui-même sa méthode à plusieurs disciplines. PREMIÈRE PARTIE Les époques de formation CHAPITRE PREMIER De la préhistoire à l'histoire Cadres généraux La civilisation égyptienne donne, au premier abord, l'impression d'un tout cohérent, auquel une durée hors du commun confère une place particulière dans l'histoire de l'humanité. Elle semble apparaître, toute constituée, vers le milieu du IVe millénaire avant notre ère, pour se résorber seulement à la fin du IVe siècle après Jésus-Christ, et ces presque quarante siècles laissent une impression de stabilité immuable autour d'une institution politique que rien, pas même les invasions, n'est venu remettre en cause. Le pays lui-même possède une unité géographique, dont on se prend à se demander si elle n'est pas la cause de cette pérennité : la longue bande de terres cultivables, étirée sur plus de mille kilomètres entre le 24e et le 31e degré de latitude Nord, que constitue le cours inférieur du Nil, taillé d'Assouan à la Méditerranée entre le plateau Libyque et la chaîne Arabique, elle-même prolongement du bouclier nubien. Cette vallée dont la largeur ne dépasse guère une quarantaine de kilomètres au plus, et qui fut, de l'Oldowayen — c'est-à-dire il y a environ un million d'années — jusqu'à l'époque historique, à travers les alternances climatiques qui firent progressivement du Sahel la zone aride actuelle, l'un des endroits de l'Afrique orientale les moins impropres à la vie. Encore convient-il de nuancer selon les époques l'image traditionnelle d'une vallée accueillante à l'Homme. L'approfondissement actuel des études de géomorphologie, ainsi que la prospection des zones désertiques et subdésertiques occidentales — liée peu ou prou à l'origine au projet du haut barrage d'Assouan, puis à la recherche dans le désert Libyque de nouvelles terres susceptibles de compenser l'épuisement de celles de la Vallée — ont passablement modifié la vision générale du passé de l'Égypte. Une meilleure connaissance des mécanismes généraux de la formation des sols, en particulier grâce aux travaux de R. Saïd et aux explorations de R. Schild et F. Wendorf, dont les résultats ont été publiés ces dernières années, a permis de nuancer les théories émises au début du siècle et encore couramment énoncées aujourd'hui dans les ouvrages généraux. On est, en particulier, revenu sur le rôle des dépressions lacustres du plateau Libyque. Les fouilles en cours dans les oasis auxquelles elles ont donné naissance permettent de commencer à mieux apprécier leur place dans la migration de la vie organisée vers la vallée du Nil : la théorie de l' « Urnil », qui se serait constitué après le retrait de la mer éocène entre l'erg Libyque et la vallée actuelle est aujourd'hui nuancée, de même que l'idée reçue d'une vallée à la luxuriance exubérante dans les premiers temps où les hommes entreprennent de la peupler. La formation Le moment de ce peuplement pose la question de la durée et de l'extension géographique de cette culture : comment délimiter un point de départ qui rende compte des origines de la civilisation pharaonique tout en respectant la nature propre d'une période antérieure beaucoup plus étendue ? La documentation suggère la fin de la période pluviale abbas-sienne, au Paléolithique moyen, c'est-à-dire vers 120 000 — 90 000 avant notre ère. On considère en effet actuellement, pour schématiser grossièrement, que le peuplement du désert s'est fait à la suite de cette longue période, qui a, pour ainsi dire, ouvert cette zone à l'expansion de la culture acheuléenne qui se développait sur les bords du Nil. Celle-ci est le dernier maillon d'une chaîne dont la plus ancienne trace, retrouvée à proximité du temple rupestre d'Abou Simbel, remonte, selon toute vraisemblance, aux environs de 700 000 ans avant notre ère, c'est-à-dire à la fin du Pléistocène récent. À partir de l'Oldowayen, la présence humaine est donc continue dans la Vallée, au moins du Caire à Thèbes et Adaïma, en Égypte et en Nubie pour tout l'Acheuléen. Cette phase du Pléistocène récent constitue une cassure entre le Pluvial Pliocène (à partir de 10000000 avant notre ère), époque du Paléonil à la végétation entretenue par des précipitations régulières et intenses, et le Pluvial Edfon qui reproduit ces conditions climatiques, mais après une longue période d'hyperaridité qui dure environ un million d'années. Le Protonil, qui taille alors son cours parallèlement à celui du fleuve actuel à l'ouest de la future vallée pendant une centaine de milliers d'années, cède ensuite la place au Prénil qui accumule pendant un temps cinq fois plus long des sédiments éthiopiens. Les premiers habitants C'est au terme de ce long cheminement que l'on parvient au Pluvial abbassien : presque cinquante mille ans au cours desquels la culture acheuléenne a pu diffuser dans les zones occidentales. Si cette diffusion a réellement existé, elle doit sans doute être regardée comme étant l'origine des connexions entre civilisations nilotique et africaines, dont les états postérieurs conservent des traces, sans qu'il soit possible de déterminer si elles reflètent un échange, et, dans l'affirmative, le sens dans lequel celui-ci s'est effectué. Il est tentant, en effet, de voir là les versants opposés d'une même culture qui aurait cheminé par les voies de pénétration naturelles de la future zone saharienne. La diffusion des langues nilo-sahariennes à partir de la haute vallée du Nil dans le Sahara oriental ou, plus près géographiquement de l'Égypte, les analyses palynologiques récemment effectuées dans les oasis du désert Libyque fournissent, de ce point de vue, un élément important d'appréciation : une flore qui pourrait correspondre à un développement commun. Cette articulation est d'autant plus probable qu'elle correspond à la fin du passage, au tournant du centième millénaire avant notre ère, de l'homo erectus à l'homo sapiens, c'est-à-dire au fondement d'une culture commune, représentée par un type humain dolichocéphale, dont l'évolution a pu être comparée à celle de ses contemporains d'Afrique du Nord et d'Europe. Mais il convient de rester très mesuré dans ce genre d'affirmation, parce que le versant africain est encore fort mal connu, mais aussi parce que les données égyptiennes sont également loin d'être complètes. Les dépressions lacustres du désert occidental fournirent aux cultures de la fin de l'Acheuléen et du Moustérien (entre 50 000 et 30 000 avant notre ère), un environnement dans lequel on remarque la présence d'œufs d'autruches et, vraisemblablement, de l'ancêtre de l'onagre. La fin de l'Acheuléen marque une révolution technologique nette — le passage du biface à l'éclat —, durable et étendue en Afrique et correspondant bien aux nouvelles conditions de vie. Cette période s'étend jusque vers 30 000 avant notre ère et correspond aux civilisations moustérienne et atérienne. C'est la fin d'une économie de chasse née dans la savane qui culmine avec la civilisation atérienne reposant sur l'utilisation de l'arc. Cette civilisation, largement répandue dans le Maghreb et le sud du Sahara, survivant assez longtemps en Nubie soudanaise et dans les oasis du désert Libyque, pourrait bien être le terme de la base africaine commune évoquée plus haut. Chasseurs et agriculteurs Face à elle, le Khormusien — du nom de Khor Musa à quelque distance de Ouadi Halfa, où on a retrouvé les traces d'une civilisation qui naît au Paléolithique moyen, vers 45 000 avant notre ère pour disparaître au Paléolithique récent, vers 20 000 — est plus attiré par le fleuve. Ce dernier groupe, en effet, combine la nourriture de la savane — bœuf sauvage, antilope, gazelle — et le produit de la pêche, témoignant de l'adaptation au milieu nilotique de populations éloignées des zones sahariennes par la sécheresse. C'est à cette époque que la vallée du Nil devient le creuset où se fondent les éléments de la future civilisation des pharaons : au moment où le Subpluvial Makhadma cède la place à la phase aride du Néonil, qui dure encore de nos jours. La désertification des zones sahariennes semble avoir alors écarté les hommes même des dépressions des oasis Libyques pour les repousser vers la Vallée. Ils constituent des groupes séparés, qui poursuivent chacun de son côté une évolution commencée en commun, parfois parallèle à des industries locales comme celles retrouvées au Gebel Souhan. Le tournant suivant se situe de 15 000 à 10 000 avant notre ère : en Nubie, le Gemaïen a pris le relais du Halfien, la culture de Dabarosa celui du Khormusien, et le passage au microlithe, déjà sensible dans la seconde moitié du Halfien, est définitivement accompli avec le Ballanien. La culture qadienne, qui représente plus de vingt sites, de la Deuxième Cataracte à Toshka, constitue une étape importante par son matériel lithique, qui tend à une technique lamellaire, mais aussi et surtout par les signes d'évolution économique qu'il atteste. On y a relevé, en effet, des traces de « lustre des moissons » qui seraient la Fig. 1 Chronologie sommaire de la fin du Paléolithique récent. première attestation d'une tentative d'agriculture; les analyses palynologiques ont confirmé la présence de graminées et, au moins à Esna, d'orge sauvage. Cette expérience — si l'on peut dire — ne semble pas avoir survécu au tournant du Xe millénaire. Il est aléatoire d'avancer une hypothèse, mais peut-être doit-on supposer que l'expansion démographique qui a accompagné cette évolution a amené la domination d'une culture guerrière, qui se serait développée au détriment des agriculteurs. Il n'en reste pas moins que cette première forme d'agriculture, si fruste qu'elle ait été, apparaît sur les bords du Nil à une époque où elle n'est pas connue au Proche-Orient. Mais cela ne suffit pas pour affirmer une origine proprement nilotique, ni pour remettre en cause l'origine proche-orientale du type de société agricole qui s'implantera à la fin de l'Épipaléolithique dans la Vallée. La qualité du matériel livré par ces sites, le type des sépultures — tant l'architecture que la séparation, pour ne prendre qu'un exemple, des tombes d'enfants de celles des adultes (Hoffman : 1979, 94) — et ce que ces éléments permettent d'appréhender du style de vie de leurs occupants présentent bien des points communs avec les civilisations du Néolithique. Le lien avec cette dernière époque a été fourni par les découvertes de P. Vermeersch sur le site d'Elkab : un chaînon contemporain du passage de l'Arkinien au Sharmakien à proximité de Ouadi Halfa et Fig. 2 Principaux sites paléolithiques de Nubie. du Qarounien dans le Fayoum, qui montre l'adaptation au milieu nilotique d'une culture qui reste celle de chasseurs devenus pêcheurs mais non agriculteurs. Le passage à l'agriculture se fait dans des conditions encore peu claires, vers le milieu du VIe millénaire : peut-être sous l'influence du Proche-Orient, malgré la tentative antérieure et bien que la première domestication animale paraisse plutôt africaine. Ce passage est assez étendu dans le temps, et des recherches récentes comme le survey conduit en Thébaïde par l'université de Cracovie et l'Institut allemand du Caire (Ginter, Kozlowski, Pawlikowski : Fig. 3 Principaux sites paléolithiques d'Égypte. 1985, 40-41) montrent qu'il s'accommode d'étapes intermédiaires. Vers le Néolithique La coupure essentielle entre Préhistoire et Histoire se fait à la charnière du VIIe et du VIe millénaire : une période encore mal connue (Finkenstaedt : 1985, 144 sq.) qui sépare l'Épipaléolithique du Néolithique. Tout semble alors concourir à une modification radicale de la civilisation : une nouvelle période subpluviale favorise autant l'élevage que le développement de l'agriculture aux franges de la Vallée et dans la zone des oasis occidentales. Cet essor accélère celui des techniques du tissage et de la poterie, et au cours des presque deux millénaires qui séparent son début de la période prédynastique proprement dite, du milieu du VIIe millénaire à celui du Ve, se mettent en place pratiquement tous les éléments d'une civilisation qui restera jusqu'à son terme, et malgré l'apparition des métaux, une culture de la pierre. On connaît surtout pour cette période, outre les groupes nubiens et la séquence d'Elkab évoquée plus haut, les installations du Fayoum (« B », puis « A » aux alentours du milieu du VIe millénaire), pour la Vallée proprement dite, les sites de Badari (Hemamieh) et Deir Tasa, à la pointe méridionale de la Basse-Égypte, les sites de Merimde-Beni-Salameh et El-Omari, près d'Hélouan, aujourd'hui dans la grande banlieue du Caire. Leurs vestiges laissent entrevoir un mélange de traits encore solidement enracinés dans la tradition des chasseurs et de nouveautés (Huard & Leclant : 1980). Le perfectionnement de l'armement se marque dans les fines pointes de flèches travaillées dans le silex poli et les harpons d'os, qui font partie de l'attirail classique du pêcheur. C'est à cette lointaine période que se constitue l'image culturelle de l'environnement nilotique que perpétueront les scènes de chasse et de pêche dans les marais en rappelant, sur les murs des tombeaux de l'époque pharaonique, le temps où l'agriculteur s'assurait la domination sur le monde sauvage. L'organisation de la société se fait sur une base agricole : l'habitat se fixe sous forme de fermes dédiées autant à l'élevage qu'à la culture. Des silos y conservent les produits des champs, essentiellement blé et orge; on y pratique également, outre la poterie, la vannerie, déjà la filature du lin et le corroyage, ainsi que l'élevage d'ovins, caprins, porcins et bovidés. Autant d'activités qui ne changeront guère au cours des millénaires suivants. Les croyances funéraires suivent le même cheminement qui traduit le passage de la vie de chasseur à celle d'agriculteur. Les sépultures quittent progressivement l'agglomération pour s'établir en dehors du monde des vivants et se fixer à la limite des terres cultivables. Le mort reçoit un viatique de céréales et d'offrandes alimentaires, mais emporte avec lui de quoi chasser dans l'au-delà ainsi qu'un mobilier rustique fait surtout de poteries. Allongé sur le côté en position contractée, il entreprend un voyage qui semble déjà le conduire vers l'Occident que le soleil baigne chaque jour de ses rayons après avoir quitté les vivants. L'exploration systématique des sites néolithiques de la Vallée étant loin d'être achevée, il est prématuré de décider si le groupement qui en est actuellement connu est le fruit du hasard des découvertes ou s'il reflète un clivage entre le sud et le nord du pays. Faut-il considérer que les sites du Nord — c'est-à-dire ceux de la région du Caire et du Fayoum — possèdent une industrie de la pierre supérieure, tant pour les armes de silex que l'invention des vases en pierre, le groupe du Sud l'emportant par la qualité de la magnifique poterie incrustée et rouge à bord noir « qui restera caractéristique des cultures prédynastiques égyptiennes » (Vercoutter : 1987, 90) ? L'enjeu de cette question est de taille : il recouvre l'interprétation de l'ensemble du processus d'unification des deux Égyptes, dont toute l'histoire pharaonique confirme la dualité. Cette maturation prend un peu plus d'un millénaire, des environs de 4500 à 3150 avant notre ère. Au long de cette période, les différences entre les deux groupes culturels s'affirment dans un premier temps pour s'estomper par la suite, sans qu'il y ait jamais fusion totale. Cette nouvelle coupure correspond à l'apparition de la métallurgie; mais il ne faut pas en exagérer la portée : le cuivre est peu employé, comme cela sera encore longtemps le cas par la suite, et la transition est loin d'être brutale. On distingue aujourd'hui quatre étapes, des débuts du Chalcolithique à l'époque thinite. Le prédynastique « primitif » La première — le prédynastique « primitif » (du milieu du VIe au milieu du Ve millénaire) — voit le dernier stade de l'évolution du Fayoumique A dans le Nord et du Badarien dans le Sud. Les différences restent ce qu'elles étaient, principalement dans la poterie en pierre et les armes et outils de silex, peut-être plus élaborés au Nord et proches déjà des industries attestées à la fin de l'Ancien Empire dans les oasis du désert de Libye — on peut penser aux magnifiques couteaux à fines retouches découverts par G. Caton-Thompson, qui ne sont pas sans rappeler ceux du site de Balat à Dakhla. Mais, là encore, il convient de rester mesuré : la production badarienne, en particulier celle des pointes de flèches, n'est pas moins évoluée. La différence repose plus sur la proportion relative des activités de chasse et de pêche dans chacun des deux groupes : les populations du Fayoum, comme celles des oasis plus tard, faisant sans doute une part plus grande au complément alimentaire apporté par celles-ci. Quoi qu'il en soit, à côté d'améliorations prévisibles du mobilier et du matériel agricole, il faut noter une évolution sensible des pratiques funéraires, qui combinent, elles aussi, ces deux aspects culturels. Si le défunt est enterré à l'abri d'une peau animale, sa tombe prend un aspect de plus en plus architectural. Des formes plastiques naissent également, qui sont appelées à un long devenir dans la civilisation égyptienne : les céramiques à bord noir évoquées plus haut atteignent un stade très achevé; surtout apparaissent des objets d'os et d'ivoire : peignes, cuillères à fard, figurines féminines aux caractères sexuels accentués qui préfigurent les « concubines » destinées à régénérer la puissance sexuelle du mort, également bijoux et amulettes à figures humaines ou animales, certaines dans ce que l'on appelle la « faïence égyptienne » (Hoffman : 1979, fig. 38-39, pp. 138-139). Le prédynastique ancien Le passage au prédynastique ancien — aux alentours de 4500 avant notre ère — se fait également sans modifications profondes. On peut même dire que cette coupure est arbitraire, dans la mesure où elle correspond simplement à la première phase connue du site d'El-Amra, à environ 120 km au sud de Badari, en plein cœur de cette zone qui, d'Assiout à Gebelein, recèle les gisements prédynastiques les plus riches. Cette phase a pour correspondant, 150 km encore plus au sud, la première occupation du site de Nagada; mais elle se retrouve également dans toute la boucle du Nil entre le Gebel el-Arak et Gebelein. La céramique connaît une double évolution : dans le décor d'abord, avec l'apparition de motifs géométriques tirés du règne Fig. 4 Principaux sites néolithiques d'Égypte. végétal et animal peints ou incisés, et aussi dans la forme, essentiellement avec des vases thériomorphes. L'art de la céramique atteint déjà des sommets, comme en témoignent les « danseuses » aux bras levés en terre cuite peinte, dont le plus bel exemple est conservé au Musée de Brooklyn : il n'est pas sans évoquer, par le fuselé du corps, les « femmes-violons » des Cyclades. Fig. 5 « Danseuse » de Mamariya. Prédynastique ancien, terre cuite peinte. H = 0,29 m. Brooklyn Museum. La vallée s'ouvre sur l'extérieur par nécessité, car elle ne possède que très peu de matières premières. Les métaux comme le cuivre sont localisés un peu en Nubie, au sud du Ouadi Allaqi, et essentiellement à proximité de la mer Rouge : dans le Sinaï et la chaîne Arabique, où l'on trouve également du plomb, de l'étain, de la galène et un peu d'or, qui se rencontrent aussi à proximité de la Première Cataracte. La Nubie a, elle, de tout temps été le principal fournisseur d'or de l'Égypte, plus tard aussi d'un peu de fer, venu du lointain royaume de Méroë, l'un des rares producteurs de ce minerai avec l'oasis de Baharya. Les pierres précieuses sont localisées dans le Sinai pour la turquoise et la malachite, entre le Ouadi Gâsus et le Ouadi el-Qash dans la chaîne Arabique pour le jaspe, les rivages méridionaux de la mer Rouge pour l'émeraude et la région d'Assouan pour l'améthyste. Les pierres tendres comme le calcaire sont assez répandues : il se trouve à l'état d'affleurement sur le plateau Libyque. Dans la vallée, il est localisé, du nord au sud, à Toura, qui sera l'une des carrières les plus exploitées, de l'Ancien Empire à nos jours, à Béni Hassan et dans la région d'Amarna en Moyenne-Égypte, à Abydos et Gebelein en Haute-Égypte. L'albâtre se trouve, sous forme de calcite, un peu à proximité de Memphis, au Ouadi el-Garaoui, surtout à Hatnoub en Moyenne-Égypte et, sous forme de gypse, dans le Fayoum. Le grès apparaît au sud d'Esna, et les principaux sites d'extraction en sont le Gebel el-Silsile et Kertassi en Basse Nubie. Les pierres dures, fort en honneur dès la Préhistoire, sont disséminées. On trouve du basalte au Nord et de la dolérite dans le Fayoum; dans la chaîne Arabique, de la dolérite encore, du porphyre et du granit; dans la zone de la Première Cataracte enfin du quartzite, de la diorite, de la stéatite et du granit. La seule pierre vraiment répandue un peu partout dans le pays est le silex, dont les gisements suivent les affleurements calcaires dans la Vallée et sur le plateau Libyque. Toutes les autres sont exploitées en carrières, généralement de façon temporaire. Leur localisation dans des régions un peu éloignées des zones cultivées ou frontalières oblige les Égyptiens à organiser chaque fois de véritables expéditions au cours desquelles ils doivent s'assurer le contrôle à la fois des lieux d'extraction et des voies de transit des produits. Cette contrainte déterminera l'un des aspects majeurs de la politique extérieure des pharaons, faite d'abord pour garantir les zones proches de la Vallée contre les incursions des peuples étrangers. Ces apports extérieurs apparaissent dans l'iconographie elle-même : on découvre, par exemple, des personnages barbus que leur aspect apparente aux tribus libyennes; des produits viennent du grand Sud : l'obsidienne et peut-être même le cuivre, que l'on a voulu un peu hâtivement localiser uniquement dans le Sinaï. Ces signes, que l'on voit se multiplier jusqu'à l'unification finale des deux royaumes, témoignent de la vigueur des échanges qui existent déjà, tant avec le Sud — et l'on doit bien supposer alors que des liaisons caravanières se mettent en place — qu'avec l'Ouest — là aussi, probablement peut-être déjà par les oasis — et l'Est, via le Sinaï et la bande côtière. Des échanges s'effectuent de la même manière entre les deux groupes culturels du Nord et du Sud, si du moins on peut interpréter l'apparition d'une vaisselle de pierre à El-Amra comme un emprunt au Nord. Plus intéressante encore est l'apparition des formes architecturales historiques : des « modèles » — c'est-à-dire des sortes de maquettes que le défunt emportait avec lui dans l'au-delà — ont révélé l'existence de maisons et d'enceintes de briques du même type que celles connues à l'époque préthinite (Hoffman : 1979, 147-148). C'est dire que le concept même de la ville égyptienne, l'organisation urbaine, remonte au moins à cette époque. Ci-contre. Fig. 6. Les ressources naturelles de l'Égypte. Le Gerzéen La découverte de la culture d'El-Gerzeh, à quelques kilomètres de Meïdoum, a permis de déterminer la troisième période, le « Gerzéen », qui correspond à la seconde phase de Nagada. Les différences entre ces deux groupes sont suffisamment tranchées pour que l'on puisse mesurer l'influence que prend progressivement le Nord sur le Sud, jusqu'à produire une culture mixte, le prédynastique récent (Nagada III), qui précède immédiatement l'unification du pays, et dure, en gros, trois siècles, de 3 500 à 3 150 avant notre ère. L'Amratien et le Gerzéen diffèrent entre eux surtout par leur production céramique. Les pâtes ne sont pas les mêmes, mais cela tient plus aux lieux qu'à une évolution technique. Surtout, le Gerzéen développe d'une façon extraordinaire les motifs stylisés : géométrisants pour reproduire des thèmes végétaux et naturalistes pour représenter la faune et certains traits de civilisation. La faune n'apporte guère de surprise : autruches, bouquetins et cervidés confirment un environnement de chasse subdésertique. En revanche, ces poteries s'animent de personnages et de barques transportant des emblèmes manifestement divins (Vandier : 1952, 332-363; F.El-Yahky, BIFAO 85 (1985), 187-195). Ce sont peut-être les précurseurs des étendards qui serviront à caractériser les provinces quelques siècles plus tard. Ces scènes, relatées sous forme de pictogrammes, sont-elles emblématiques ou historiques? Il paraît d'autant plus difficile de répondre à la question qu'il s'agit d'un matériel votif, provenant pour la plus grande partie d'un contexte funéraire. Mais il n'est pas indifférent que ces figurations viennent s'ajouter à un autre type, attesté dès le Badarien : les palettes taillées dans le schiste et utilisées pour broyer le fard, qui accompagnent très fréquemment le défunt et vont, elles aussi, prendre rapidement une valeur historique. Par comparaison avec la civilisation pharaonique, la culture gerzéenne a déjà atteint un degré d'élaboration très achevé, surtout dans le domaine funéraire et religieux. Les tombes sont devenues de véritables répliques des demeures terrestres et comportent parfois plusieurs pièces abondamment meublées. On remarque également des amulettes, des figurines ou des objets d'apparat décorés de thèmes représentant des animaux — lions, taureaux et bovidés, hippopotames, faucons, etc. —, dont on sait qu'ils ont de très bonne heure représenté des divinités. Il y a, bien sûr, toujours une grande part d'incertitude dans ces reconstructions à partir d'éléments épars — on n'y tient bien souvent pas compte, en particulier, de ceux qui n'ont pas de postérité —, mais l'on voit peu à peu s'imposer sous l'influence gerzéenne les principaux éléments constitutifs de la civilisation unifiée qui va suivre. Les données fournies par l'archéologie montrent que le passage à l'Histoire est le résultat d'une évolution lente et non pas, comme on l'a longtemps cru, d'une révolution brutale qui aurait apporté dans le même temps de nouvelles technologies — essentiellement la métallurgie — et les structures de la société : en l'espèce, l'organisation en cités agricoles, la brique et l'écriture — autant d'éléments que l'on rapporte communément à la Mésopotamie, uniquement parce qu'ils y sont attestés aux mêmes époques et qu'il paraît plus simple d'attribuer une origine commune au « mode de production asiatique ». La présence en Égypte de cylindres mésopotamiens de l'époque de Jemdet Nasr (milieu du IVe millénaire) n'indique rien de plus, comme le note J. Vercoutter (1987, 101 sq.), que des rapports commerciaux attestés également avec la Syro-Palestine, la Libye et le Sud. Des témoignages isolés ne peuvent non plus suffire à prouver une pareille invasion. Le couteau trouvé au Gebel el-Arak et aujourd'hui conservé au Louvre présente, certes, un décor mésopotamien, mais il est le seul dans la série bien documentée des ivoires Fig. 7 Détail des représentations de la « tombe décorée » de Hiérakonpolis. figurés (Vandier : 1952, 533-560), même si le thème se retrouve dans la « tombe décorée » de Hiérakonpolis, traité dans un style moins typé (Vandier : 1952, 563). Un document comme le pion de jeu d'époque thinite trouvé à Abou Roach et figurant une maison aux bâtiments couverts d'un toit à double pente (Louvre E 14 698) — prévu donc pour permettre l'écoulement de l'eau de pluie —, que l'on évoque souvent pour témoigner de l'influence mésopotamienne, n'est guère plus pertinent. Outre le fait qu'il puisse s'agir simplement d'un objet importé, aussi exotique qu'un cylindre, il ne faut pas oublier que l'Égypte connaissait également des précipitations importantes... Les Egyptiens n'ont pas eu besoin d'aller chercher si loin l'art de la brique, qu'ils ont découvert apparemment eux aussi au Ve millénaire : on peut avancer, sans pour autant céder à un déterminisme géographique exagéré, que l'argile est le matériau le plus aisément à la disposition de l'homme, tant en Mésopotamie que dans la vallée du Nil ou les oasis occidentales. Et si la pierre n'est utilisée que plus tard, c'est moins à cause de l'évolution des techniques du métal — auxquelles les carriers avaient moins souvent recours qu'on ne pourrait le supposer — que parce qu'elle demande une organisation et des moyens plus à la mesure des pharaons que des dynastes locaux des derniers temps de la Préhistoire. L'écriture Que dire de l'importation ou de l'apparition spontanée de l'écriture dans une civilisation ? L'hypothèse est de bien peu de poids au regard des représentations nagadiennes sur vases, à travers lesquelles on peut suivre tout le cheminement de la stylisation progressive, des végétaux aux animaux en passant par les danses rituelles, pour aboutir aux enseignes divines qui sont déjà autant de hiéroglyphes (Vandier : 1952, 264-296 : Amratien; 333-363 et 341, fig. 231 : Gerzéen). Celles-ci reflètent, en effet, le principe fondamental de l'écriture égyptienne, qui ne varie pour ainsi dire pas tout au long de la civilisation : la combinaison du pictogramme et du phonogramme. Il est difficile de déterminer le moment du passage du premier au second, voire si ce passage a existé. Le seul argument en sa faveur est la concision des premières inscriptions : le fait qu'elles n'emploient le plus souvent qu'un signe unique, sans aucun des compléments phonétiques auxquels l'écriture aura recours par la suite, laisse supposer qu'elles procèdent par représentation directe. Cela revient à considérer la notation phonétique comme un progrès technique tendant à s'accélérer avec le temps pour aboutir à une surcharge graphique de plus en plus explicite qui serait en quelque sorte le prélude à l'écriture alphabétique. C'est une impression que l'on peut avoir en comparant des textes de l'Ancien Empire à ceux du premier millénaire; mais cette impression est-elle la bonne ? L'écriture hiéroglyphique associe le pictogramme, l'idéogramme et le phonogramme. Le pictogramme est la représentation directe : dessiner un homme, une maison ou un oiseau revient à le nommer. Le principe est celui des représentations pariétales préhistoriques; il est si simple qu'on en conçoit immédiatement les limites, qui sont celles de la réalité des choses. La représentation directe de concepts ne paraît guère facile, même en ayant recours à des procédés métonymiques : noter l'effet par la cause — le vent par une voile de navire gonflée — ou le contenu par le contenant — la jarre à bière désigne la bière, le rouleau de papyrus une opération passant par l'écriture, etc. Reste encore le problème des homophones : « sa », qui s'écrit à l'aide d'un canard vu de profil, désigne aussi bien « le canard » que « le fils ». Il est donc nécessaire de désaffecter certains signes de leur valeur idéogrammatique pour ne conserver que leur valeur phonétique : le hiéroglyphe du canard servira à transcrire le son bilitère sa, qu'il s'agisse du fils ou de l'oiseau. La différence entre les deux sera faite par un signe ayant valeur de déterminatif générique ajouté au phonème : un homme pour le fils, un oiseau pour le canard. Dans ce dernier cas, la rencontre des deux oiseaux risquant de créer une confusion, on remplace le déterminatif par un trait vertical dont le but est d'indiquer que le signe est employé pour la valeur première qu'il représente. Si, en principe, chaque phonogramme conserve sa valeur idéogrammatique, certains signes se spécialisent en fait dans la notation des phonèmes les plus courants. Ce sont essentiellement des signes unilitères qui constituent une sorte d'alphabet de 26 lettres, à l'aide duquel il est théoriquement possible de noter tous les sons. Dans la pratique, l'Égyptien a recours à d'autres signes qui transcrivent à eux seuls des phonèmes de deux à six « lettres » tout en conservant éventuellement, eux aussi, leur valeur idéogrammatique propre. L'écriture joue ainsi sur un ensemble qui peut aller, idéogrammes, phonogrammes et déterminatifs confondus, de un à plusieurs milliers de signes selon la richesse de l'expression et l'époque. Les hiéroglyphes sont plutôt réservés aux inscriptions lapidaires et, d'une façon plus générale, murales, qu'elles soient gravées, incisées ou peintes. Ils n'évoluent pas dans leur principe des premières inscriptions à celles des temples d'époque romaine. Les seules variations touchent le graphisme : plus ou moins grande stylisation ou, au contraire, enrichissement, réalisme, tendance archaïsante ou novatrice, selon le but visé par les hiérogrammates. Pour les documents administratifs, comptables, juridiques ou l'archivage de textes en général, des compositions littéraires aux rituels religieux et funéraires, on a eu recours de très bonne heure à une écriture cursive, que les touristes grecs de Basse Époque ont appelée « hiératique », car ils pensaient, d'après ce qu'ils voyaient, qu'elle était réservée aux membres du clergé, par opposition au « démotique » qui leur semblait répandu, lui, seulement dans la population. En réalité, ce dernier n'était qu'une nouvelle forme du premier, apparue vers le VIIe siècle avant notre ère. Le principe du hiératique est simple : ce sont les hiéroglyphes abrégés, pris individuellement ou en groupes pour les ensembles de signes les plus fréquents. Cette sorte d'écriture sténographique évolue, de l'Ancien Empire aux derniers siècles de la civilisation, vers un dépouillement de plus en plus grand, dont les étapes ultimes sont, justement, le démotique et une évolution thébaine de l'époque éthiopienne et perse, qui connut son apogée vers le milieu du Ier millénaire avant notre ère, le hiératique « anormal ». Sous l'influence des échanges avec la Méditerranée, de la domination grecque puis romaine, l'écriture évolue enfin vers la notation alphabétique avec le copte, qui n'est rien d'autre que l'alphabet grec, auquel on a ajouté sept lettres nécessaires pour rendre des phonèmes que le grec ne possède pas. Le copte, qui reproduit l'état de la langue vers le IIIe siècle après Jésus-Christ, est devenu, avec l'abandon du polythéisme, l'écriture de l'Église — mais seulement de l'Église, l'écriture officielle restant le grec puis l'arabe après la conquête. Depuis, le copte s'est maintenu comme langue communautaire des chrétiens d'Égypte, puis, aujourd'hui, comme langue liturgique; c'est grâce à sa connaissance que Champollion a pu reconstituer la base de la phonétique égyptienne ancienne. Le hiératique est l'écriture utilitaire par excellence : elle est donc celle de l'apprentissage de la langue dans les écoles de scribes. C'est en hiératique que le jeune élève forme ses premières lettres à l'aide du calame sur un tesson de poterie ou un éclat de calcaire, que les Modernes désignent du terme grec d' « ostracon ». Ce support, le plus humble puisqu'il suffit d'aller le chercher sur un tas de vaisselle brisée ou parmi les éclats d'une carrière, peut être remplacé par l'argile, dont on façonne une tablette sur laquelle on écrit à l'aide d'un stylet. L'usage du papyrus, plus coûteux, est réservé aux textes plus importants : archives, pièces comptables, textes religieux, magiques, scientifiques ou littéraires, qui peuvent aussi être transcrits sur des rouleaux de cuir ou des tablettes stuquées... L'unification politique Ces réflexions sur la constitution de la civilisation pharaonique recoupent la question longuement débattue du processus de l'unification finale : deux siècles conduisant à la réunion des deux cultures, que les sources égyptiennes représentent comme un triomphe du Sud sur le Nord, alors que l'analyse des structures de la société ainsi mise en place montre clairement l'influence du Nord, donc du vaincu. Ce dossier, ouvert jadis par K. Sethe et H. Kees (Vandier : 1949, 24 sq), à un moment où la reconstitution de la période prédynastique était purement spéculative, est encore loin d'être clos, même si l'on est désormais en mesure de mieux suivre les étapes qui ont amené la constitution de deux royaumes et leur affrontement final. L'hypothèse de H. Kees, aux termes de laquelle cet état de fait aurait reflété une première unification du pays sous l'égide du Nord, unification rompue pour quelque obscure raison puis refaite par les rois du Sud qui se seraient contentés de reprendre le modèle préexistant, est aujourd'hui infirmée par les données archéologiques : celles-ci permettent de suivre l'influence croissante dès le Tasien des cultures du Nord sur la Moyenne et Haute-Égypte, de Badari à Nagada (Kaiser : 1985). La description que les Égyptiens eux-mêmes ont donnée de cette période de leur histoire ne permet pas de trancher définitivement dans l'un ou l'autre sens. La documentation directe est essentiellement constituée par les palettes que nous avons vu apparaître au Badarien et qui donnent une idée du processus d'intégration du Mythe à l'Histoire. Objets votifs et, semble-t-il, exclusivement votifs, elles présentent deux types principaux. Le premier est fait de figurations zoomorphes simples, le contour de la palette représentant le corps de l'animal. Ce sont des tortues, des poissons, des hippopotames, etc. Le second type est plus complexe : il combine des figurations symboliques et des notations historiques dans lesquelles l'homme apparaît. Les scènes ainsi représentées commémorent des événements, dont nous avons du mal à évaluer la portée réelle. La Fig. 8 Tableau chronologique de la fin du Néolithique (d'après Vercoutter : 1987, 216). provenance de ces documents, en gros de la pointe du Delta jusqu'à Hiérakonpolis, la capitale des rois fédérateurs du Sud, confirme l'aire de dispersion culturelle gerzéenne. Les thèmes sont proches de ceux qui décorent les objets en ivoire tout au long du Gerzéen et jusqu'au début de l'époque thinite. Ils mettent en scène la faune — échassiers, lions, éléphants, taureaux, cervidés, serpents, hippopotames, etc. — caractéristique aussi bien de la vallée que de ses zones subdésertiques, sous forme, soit de théories d'animaux, soit de scènes opposant le plus souvent carnassiers et herbivores (Vandier : 1952, 539 sq. ; 547), mais aussi éléphants et serpents ou taureaux entre eux. Les palettes Ces figurations animales se retrouvent sur les palettes, avec ou sans présence humaine. Hiérakonpolis a livré deux palettes de ce type, dont l'une est conservée au Louvre : toutes deux sont délimitées par des chiens affrontés, entre les corps desquels évolue une faune du type de celle que nous venons d'évoquer dans un enchevêtrement Fig. 9 Palette de Hiérakonpolis, recto et verso. inextricable (Vandier : 1952, 579 sq.). On y voit aussi bien un renard flûtiste — thème abondamment documenté plus tard dans les fables égyptiennes — que, au recto, deux animaux fantastiques au cou étiré de façon à encadrer le godet dans lequel le fard était broyé. Ces deux animaux ont de nombreux correspondants dans le bestiaire fabuleux : déjà présents sur le manche de couteau du Gebel Tarif, ils se retrouvent sur la palette de Narmer et rappellent les fauves affrontés du couteau du Gebel el-Arak... Sont-ils seulement des vestiges préhistoriques, comparables à leurs lointains parents des grottes d'Altamira en Espagne ? Rien ne permet de les rattacher à une espèce : chaque détail est emprunté à une forme animale différente, la combinaison de l'ensemble donnant l'aspect monstrueux d'animaux rappelant vaguement grands fauves et sauriens. Les éléments de cette composition ne sont pas indifférents : ce sont toujours des animaux redoutables, fauves et prédateurs, qui fournissent l'une ou l'autre de leurs parties caractéristiques : griffes, sabots, gueules, etc. Échappant au réel, ces compositions deviennent les symboles de la puissance animale à laquelle l'homme est affronté pour organiser le cosmos. Le guerrier du manche de couteau du Gebel el-Arak repousse par la seule force de ses bras deux fauves affrontés, tandis que les monstres de la palette de Narmer, retenus captifs, sont liés par le col de façon à former le godet, réceptacle du fard. L'intervention humaine sur les palettes va toujours dans le sens de la mise en ordre de la création : de la palette « aux Autruches », conservée à Manchester, à celle dite « de la Chasse » que se partagent le British Museum et le Louvre. Cette dernière est plus explicite : on y voit une expédition organisée dans le but de tuer, mais aussi de capturer des animaux sauvages. Des lions sont percés de flèches, tandis que capridés et cervidés, rabattus par des chiens sont emmenés captifs. Les hommes, armés d'arcs, de lances, de haches, de bâtons de jet et de massues piriformes, sont organisés militairement derrière des enseignes représentant un faucon sur un pavois et le signe qui servira dans l'écriture courante à désigner l'Orient. Sont également figurés un sanctuaire divin et un taureau à deux têtes qui rappellent la partie supérieure de la palette de Narmer. La palette « aux Vautours », conservée, elle, au British Museum et à l'Ashmolean Museum, relate un affrontement purement humain, mais représenté de façon symbolique : des guerriers au type probablement libyen — chevelus et barbus, vêtus d'un étui pénien — sont mis à mal par un lion et des vautours, tandis que deux enseignes Fig. 10 Palette «de la Chasse » (reconstituée) recto, et Palette «aux Vautours ». identiques à celles de la palette « de la Chasse » conduisent des prisonniers les bras liés derrière le dos. Cette fois, la symbolique est claire : le lion, l'une des principales images du pouvoir royal avec le taureau, aidé par le vautour, divinité tutélaire de Hiérakonpolis, assure la domination du royaume du faucon, qui n'est pas encore le dieu dynastique Horus, sur des populations du Nord. D'autres étapes jalonnent cette conquête, comme la palette « aux Taureaux », conservée au Louvre, qui met en scène la seconde image du pouvoir royal, le taureau, en train d'encorner un individu de l'ethnie du Nord au-dessus d'une procession de prisonniers attachés à une même corde que tiennent les emblèmes de cinq royaumes fédérés. Au verso, des enceintes crénelées enserrent chacune le nom des vaincus écrit sous forme de pictogrammes. Les deux témoins de la phase ultime de la conquête proviennent également de Hiérakonpolis. Le premier est une tête de massue appartenant à un roi représenté debout et coiffé de la couronne blanche qui représente le Sud. Vêtu d'une tunique et d'un pagne à la ceinture duquel est attachée une queue de taureau, il aménage à l'aide d'une houe un canal, tandis qu'un homme emplit un couffin de terre et que d'autres s'affairent à proximité de l'eau à côté d'un palmier en pot. Le roi, dont le nom est indiqué par un pictogramme figurant un scorpion, est représenté en taille héroïque, au milieu de scènes de reconnaissance et sous une rangée d'enseignes, dans lesquelles on voit les futures provinces du pays. A ces enseignes sont accrochés des vanneaux, les rekhyt, que les textes postérieurs désignent comme les habitants de la Basse-Egypte. La Palette de Narmer, conservée au Caire, donne la dernière étape. Au verso, on voit ce roi, dont deux hiéroglyphes écrivent le nom — le poisson nar et le ciseau mer —, dans la même tenue que Scorpion mais portant en plus la barbe postiche, fracasser à l'aide d'une massue piriforme qu'il tient dans la main droite la tête d'un homme explicitement désigné comme appartenant au royaume du Nord par la représentation située au-dessus de sa tête : un faucon, dans lequel on reconnaît l'Horus du Sud, tenant une tête sortant d'un fourré de papyrus. Le roi est suivi d'un porte-sandales et sous ses pieds gisent deux ennemis morts. Le recto montre une scène du même type que celle de la tête de massue : de part et d'autre du motif central du godet à fard, que nous avons évoqué plus haut, deux registres affirment le triomphe de Narmer : en bas, un taureau défonce une enceinte crénelée en piétinant un ennemi vaincu; en haut, le roi, coiffé cette fois de la couronne rouge du Nord — et son nom inscrit en Fig. 11 Tête de massue de Scorpion et Narmer. Fig. 12 La palette de Narmer, recto et verso. avant précise qu'il s'agit bien du même personnage —, s'avance, toujours suivi de son porte-sandales et précédé des enseignes des provinces victorieuses et d'un homme dans lequel on a voulu voir la préfiguration du vizir. En avant, et sous le signe de l'Horus triomphant se rendant en pèlerinage dans la ville sainte de Bouto, les morts sont alignés, la tête entre les jambes. Une autre tête de massue appartenant au même Narmer (Vandier : 1952, fig. 394, p. 603) confirme cette victoire : on y voit le roi sous un dais jubilaire, accompagné des mêmes personnages et recevant sous la protection des mêmes emblèmes l'hommage de captifs, mais aussi d'animaux, « par centaines de milliers » si l'on en croit la légende qui les accompagne. Fait plus remarquable encore, ces animaux, naguère encore en liberté, sont représentés dans des enclos. Ces documents, appuyés à leur tour par d'autres, comme la palette dite « du Tribut libyen » confortent l'hypothèse « hydraulique » de la naissance de la civilisation : force est de constater que l'irrigation va de pair avec la constitution d'un État dans lequel on trouve à peu près tous les éléments du pouvoir pharaonique, de la religion à l'écriture en passant par l'économie, l'habitat et les structures du gouvernement (Butzer : 1976). CHAPITRE II Religion et Histoire Les emblèmes La symbolique animale que ces documents associent aux étapes successives de la conquête témoigne d'une intégration immédiate du Mythe à l'Histoire. On a déduit une origine totémique de religion de l'existence dès l'époque prédynastique de ces emblèmes qui se perpétuent tout au long de la civilisation pour représenter les provinces composant le pays (Moret : 1923). Leur caractère symbolique est manifeste : un oryx sur un pavois, par exemple, représente la région de Béni Hassan, un lièvre la province voisine d'Achmounein, un dauphin celle de Mendès, etc. Il est tentant de voir là le résultat de la fédération d'un ensemble géographique ou tribal, réalisé autour d'une divinité dont l'emblème reproduit le symbole (flèches et bouclier de la déesse Neïth pour Saïs, sceptre-ouas pour Thèbes, reliquaire du chef d'Osiris pour Abydos), ou matérialisé par une structure politique (« Muraille Blanche » figurant l'enceinte de Memphis, ou « Terre de l'Arc » désignant la marche de Basse Nubie, ajoutée par voie de conquête au pays). On a ainsi supposé que chacune de ces enseignes représentait la première étape de la constitution politique du pays : le groupe humain de base, quel qu'il ait été, s'identifie à son totem qui représentait la puissance divine dominant localement. Cette phase constitutive suppose une cosmologie qui rende un compte satisfaisant de la hiérarchie des puissances constatée de façon empirique. En d'autres termes, une fédération divine locale a dû se former autour d'un démiurge, qu'on retrouve dans des « familles » divines honorées dans chaque capitale de province. Le lieu de la fédération se constitue ainsi autour d'un espace sacré marqué par le temenos divin, auquel se superpose celui du pouvoir dont il est le fondement : la Muraille Blanche ou le Reliquaire d'Osiris. La géographie religieuse a fixé ces canons en délimitant avec précision leur place dans l'ensemble dont ils sont devenus les parties et en leur reconnaissant localement une place décalquée sur le système universel dans lequel ils s'intègrent : chaque dieu se voit attribuer, à la tête de sa propre famille, le rôle que le créateur universel joue à celle du panthéon. D'où une grande similitude dans l'organisation matérielle du culte et de ses lieux, quelle que soit la divinité. L'explication totémique de la religion n'est pas pleinement satisfaisante, d'abord parce que le système égyptien ne regroupe pas tous les éléments du totémisme. Elle cadre mal également avec l'anthropomorphisation et le passage à l'abstraction des cosmologies de l'époque historique ou le délicat problème de l'hypostase, qui est au cœur du système théocratique (Assmann : 1984). Cela n'empêche pas certains points de convergence avec des conceptions totémiques, essentiellement africaines, sans que l'on puisse parler pour autant d'emprunts structurels à ces systèmes. Les cosmologies Les cosmologies sont au nombre de trois, mais on peut dire qu'elles représentent des variations politiques sur un seul et même thème : la création par le soleil à partir de l'élément liquide, dont la crue annuelle du Nil a fourni l'archétype. Le premier système est celui élaboré à Héliopolis, l'ancienne ville sainte où les pharaons venaient autrefois faire reconnaître leur pouvoir, devenue aujourd'hui un quartier du Caire. La cosmologie héliopolitaine est la première parce qu'historiquement la plus ancienne, mais aussi parce que les théologiens ne cesseront d'y revenir au fil des siècles. Elle décrit la création selon un schéma dont elle partage les grandes lignes avec ses rivales. Au début était le Noun, l'élément liquide incontrôlé, que l'on traduit souvent par « chaos ». Il ne s'agit pas d'un élément négatif, mais simplement d'une masse incréée, inorganisée et contenant en elle les germes possibles de la vie. Cet élément ne disparaît d'ailleurs pas après la création : il reste cantonné aux franges du monde organisé, qu'il menace d'envahir périodiquement si l'équilibre de l'univers vient à être rompu. Il est le séjour des forces négatives, toujours promptes à intervenir et, d'une manière plus générale, de tout ce qui échappe aux catégories de l'univers. Les âmes en peine, par exemple, qui n'ont pas bénéficié des rites funéraires appropriés, ou les enfants mort-nés, qui n'ont jamais eu la force suffisante pour accéder au monde sensible, y flottent, comme des noyés à la dérive. C'est de ce chaos qu'est issu le soleil, dont on ne connaît pas l'origine, puisqu' « il est venu à l'existence de lui-même ». Son apparition se fait sur une butte de terre recouverte de sable vierge émergeant hors de l'eau et se matérialise par la présence d'une pierre levée, le benben, qui est l'objet d'un culte dans le temple d'Héliopolis, considéré comme le lieu même de la création. La butte de terre évoque clairement le tell émergeant des flots au plus fort des hautes eaux du fleuve, et le benben la pétrification du rayon de soleil, adorée sous l'apparence d'un obélisque tronqué posé sur une plate-forme. Ce dieu qui est son propre créateur est alternativement Rê, le soleil proprement dit, Atoum, l'Être achevé par excellence, ou encore Khepri, que l'on représentait sous la forme d'un scarabée et dont le nom signifie « transformation », à l'image de celle que l'on croyait voir accomplir au bousier qui roulait sa pilule sur les chemins. Le démiurge tire la création de sa propre semence : en se masturbant, il met au monde un couple, le dieu Chou, le Sec, et la déesse Tefnout, l'Humide, dont le nom, évocateur, désigne le crachat, autre forme d'expulsion de la substance divine, si l'on en croit la légende d'Isis et de Rê. De l'union du Sec et de l'Humide naît un deuxième couple : le Ciel, Nout, et la Terre, Geb, une femme et un homme. Le Ciel et la Terre ont quatre enfants : Isis et Osiris, Seth et Nephtys. Cette ennéade divine répartie sur quatre générations fait le lien entre la création et les hommes. Les deux dernières générations introduisent, en effet, le règne humain en intégrant la légende osirienne, modèle de la passion qui est le lot des mortels. Le second couple est stérile. Le premier, qui est fertile, constitue le prototype de la famille royale : Osiris, roi d'Égypte, est traîtreusement assassiné par son frère Seth — qui représente donc la contrepartie négative et violente de la force organisatrice symbolisée par le pharaon. Il s'empare de son trône après sa mort. Isis, modèle de l'épouse et de la veuve, aidée par sa sœur Nephtys, reconstitue le corps dépecé de son mari. Anubis, le chacal né, dit-on, des amours illégitimes de Nephtys avec Osiris, vient à son secours pour embaumer le roi défunt. Puis elle donne le jour à un fils posthume, Horus, homonyme du dieu solaire d'Edfou et, comme lui, incarné dans un faucon. Elle le cache dans les marais du Delta, à proximité de la ville sainte de Bouto, avec la complicité de la déesse Hathor, la vache nourricière. L'enfant grandit, et, après une longue lutte contre son oncle Seth, obtient du tribunal des dieux présidé par son grand-père Geb d'être réintégré dans l'héritage de son père qui, lui, se voit confier le royaume des morts... Sur ce schéma du règne des dieux se greffent de nombreuses légendes secondaires ou complémentaires que les théologiens ont multipliées à plaisir pour introduire une divinité locale, embellir son rôle dans la cosmologie ou assurer la fusion syncrétique de plusieurs ensembles. Il en résulte une imbrication complexe de mythes se recoupant souvent entre eux qui mettent tous en scène des dieux régnant sur la terre et soumis aux passions humaines. Il y est peu question de la création même des hommes, qui semble contemporaine de celle du monde, à une seule exception près : la légende « de l'œil de Rê ». Le Soleil perd son œil. Il envoie ses enfants, Chou et Tefnout, à la recherche du fugitif, mais le temps passe sans que ceux-ci reviennent. Il décide donc de remplacer l'absent. Entre-temps, l'œil fugitif revient et se voit remplacé. De rage, il se met à pleurer, et de ses larmes (remout) naissent les hommes (remet). Rê le transforme alors en cobra et l'accroche à son front : il est l'uraeus chargé de foudroyer les ennemis du dieu. L'aspect anecdotique de la création des hommes est ici très exceptionnel, et l'on peut supposer que cette origine est avant tout due au jeu de mots, trop tentant pour le théologien, entre le nom des larmes et celui de l'humanité. Le thème de l'œil endommagé ou remplacé connaît plusieurs développements : il sert aussi à expliquer la naissance de la lune, second œil de Rê confié à Thot, le dieu scribe à tête d'ibis, ou œil « sain » d'Horus. Celui-ci, en effet, perdit un œil lors du combat qui l'opposa à Seth pour la possession du royaume d'Égypte; Thot le lui aurait rendu et en aurait fait le prototype de l'intégrité physique. C'est la raison pour laquelle il figure d'ordinaire sur les cercueils où il garantit au mort le plein usage de son corps. Rê, le roi des dieux, doit lutter pour conserver un pouvoir que tentent de lui ravir chaque nuit lors de sa course dans l'au-delà des ennemis acharnés conduits par Apophis, personnification des forces négatives. Horus, à la tête des harponneurs de la barque divine, l'aide à les vaincre, consacrant ainsi une nouvelle contamination des mythes solaire et osirien. Les tentatives menées contre le roi des dieux prennent parfois un tour plus inattendu. C'est, par exemple, Isis, la Grande Magicienne, qui essaie de prendre pouvoir sur Rê en le faisant mordre par un serpent façonné dans l'argile mouillée de la salive que le dieu, devenu un vieillard débile, laisse échapper de sa bouche en partant le matin éclairer l'univers. Le roi divin est saisi par la propre puissance issue de son corps : pour être sauvé, il doit révéler à celle qui a créé ce charme le secret de son énergie vitale — les noms de ses kaou. C'était le but poursuivi par Isis qui voulait ainsi prendre pouvoir sur lui en apprenant ses noms secrets... Sans doute le vieux dieu arrive-t-il à déjouer le piège de la sorcière; mais le texte est interrompu, et on ne connaît pas la fin de l'histoire. L'Égypte possède, elle aussi, le mythe de la révolte des hommes contre leur créateur, qui décide alors, sur le conseil de l'assemblée des dieux, de les détruire. Il envoie pour cela sur terre son œil sous la forme de la déesse Hathor, messagère de son courroux. Celle-ci dévore en un jour une partie de l'humanité puis s'endort. Rê, jugeant la punition suffisante, répand dans la nuit de la bière qui, mêlée aux eaux du Nil, a l'apparence du sang. A son réveil, la déesse lape ce breuvage et s'écroule, terrassée par l'ivresse. L'humanité est sauvée, mais Rê, déçu par elle, décide de se retirer dans le ciel, sur le dos de la vache céleste qui sera soutenue par le dieu Chou. Il remet l'administration de la terre à Thot et les serpents, insignes de la royauté, à Geb. Ainsi se trouve consommée la séparation des dieux et des hommes, chacun se voyant assigner sa place dans l'univers, qui connaît désormais l'espace et la durée — djet et neheh. Cette légende du courroux apaisé rappelle celle de la Déesse Lointaine : une lionne furieuse terrorisait la Nubie. Un messager de son père Rê la ramena, apaisée, en Égypte, sous l'apparence d'une chatte dont le Soleil fit sa gardienne. La cosmologie héliopolitaine, on le voit, l'emporte en s'assimilant les principaux mythes du pays. Mais elle n'est pas la seule. La ville d'Hermopolis, aujourd'hui Achmounein, à environ trois cents kilomètres au sud du Caire, qui était la capitale du XVe nome de Haute-Égypte, a élaboré sa propre cosmologie, qui fut un temps rivale de celle d'Héliopolis. Elle prend le problème à rebours de cette dernière : le soleil n'y est pas le premier, mais le dernier maillon de la chaîne. Le point de départ est le même : un chaos liquide incréé, dans lequel s'ébattent quatre couples de grenouilles et de serpents qui assemblent leurs forces pour créer et déposer un œuf sur une butte émergeant hors de l'eau. Ces couples sont chacun composés d'un élément et de sa parèdre : Noun et Naunet, l'océan primordial qu'Héliopolis intègre, comme nous l'avons vu, dans son propre système, Heh et Hehet, l'eau qui cherche sa voie, Kekou et Keket, l'obscurité, et, enfin, Amon, le dieu caché et sa parèdre Amaunet. Par la suite, lorsque le dernier élément de l'ogdoade, Amon, deviendra le dieu dynastique, le clergé thébain se chargera de reconstituer une « famille » au schéma plus humain, assurant, comme celle d'Héliopolis, la transition entre la création et le règne humain. Les systèmes héliopolitain et hermopolitain, ainsi que les grands mythes populaires comme celui d'Osiris, présentent des éléments tirés du substrat profond de la civilisation, dont certains ont des résonances dans les civilisations africaines : Anubis rappelle le chacal incestueux au rôle prométhéen antérieur aux Nommos chez les Dogons du Mali, dont la cosmogonie repose également sur huit dieux fondateurs. On pourrait, d'ailleurs, multiplier ce type de rapprochements : Amon est, ici comme là, le bélier d'or céleste, au front orné de cornes-crochet et d'une calebasse évoquant le disque solaire; Osiris rappelle le Lébé, dont la résurrection est annoncée par la repousse du mil, tandis que, plus profondément encore et au-delà du verbe créateur, l'individu est composé d'une âme et d'une énergie vitale (Griaule : 1966, 28-31; 113-120; 66; 194 sq.), que les Égyptiens appelaient ba et ka... Du Mythe à l'Histoire La troisième cosmogonie est, elle, beaucoup plus achevée d'un point de vue théologique. Nous la connaissons par un document unique, tardif puisqu'il date du règne du souverain kouchite Chabaka, à la charnière du VIIe et du VIe siècle avant notre ère : une grande dalle de granit provenant du temple de Ptah à Memphis et conservée au British Museum. Elle se présente comme la copie d'un ancien papyrus « mangé aux vers » et combine les éléments des deux précédentes tout en reconnaissant au dieu local, Ptah, le rôle du démiurge. On pourrait même dire que ce sont les éléments héliopolitains et osiriens qui dominent, avec toutefois une recherche très nette de l'abstraction dans la formulation du mécanisme de la création qui se fait par l'exercice combiné de la pensée et du verbe. Ce texte date manifestement de l'Ancien Empire, période où Memphis joua le premier rôle national, et sans doute même de la Ve dynastie, c'est-à-dire de l'époque où la doctrine héliopolitaine l'a définitivement emporté. C'est également de la Ve dynastie que date le premier document connu d'un autre type, dont le but est, explicitement, de rendre compte de la continuité qui lie les hommes aux dieux : la Pierre de Palerme. Elle appartient à la catégorie des annales, qui nous sont parvenues en relativement grand nombre sous la forme de listes royales agrémentées ou non de commentaires. La plus célèbre est l'œuvre de Manéthon, un prêtre de Sébennytos (aujourd'hui Samanoud sur la rive occidentale de la branche de Damiette dans le Delta) qui vivait à l'époque grecque, sous le règne des deux premiers Ptolémées. C'est lui qui a déterminé le découpage de la chronologie historique en trente dynasties, depuis l'unification du pays par Ménès, auquel on a assimilé Narmer, jusqu'à la conquête macédonienne. Ses Aegyptiaca ne nous sont, malheureusement, parvenues que de façon très fragmentaire à travers des œuvres tardives (Helck : 1956). Les listes antérieures datent presque toutes de l'époque ramesside. La plus importante est un papyrus rédigé sous le règne de Ramsès II conservé au Musée de Turin, sur lequel Champollion fut le premier à travailler, et qui porte une liste organisée par dynasties allant des origines au Nouvel Empire. C'est sans doute d'une liste de ce type que se sont inspirées les « tables » comme celles de la « Chambre des Ancêtres » de Karnak, aujourd'hui au Louvre, ou du temple funéraire de Séthi Ier à Abydos, celle que l'on a retrouvée à Saqqara dans le tombeau de Tounroï, un contemporain de Ramsès II, et d'autres de moindre ampleur (Grimal : 1986, 597 sq.). La Pierre de Palerme est une plaque de pierre noire fragmentaire donnant la liste des rois depuis Aha, le premier souverain de la Ire dynastie, et au moins jusqu'au troisième de la Ve dynastie, Néferirkarê. Malheureusement, ce document est incomplet et de provenance inconnue : il est entré au Musée de Palerme par legs en 1877, et, depuis, six nouveaux fragments sont apparus dans le commerce, qui sont conservés maintenant au Musée du Caire et à l'University College de Londres. On a mis en doute leur authenticité et leur appartenance même à la Pierre de Palerme, et une vive controverse se développe à leur sujet depuis presque un siècle. Les fragments du Caire énumèrent des rois qui, au début, portent alternativement la couronne de Haute et de Basse-Égypte. Manéthon et le Canon de Turin, présentent, eux, tout en conservant la structure annalistique, une formulation cosmologique des origines : l'intégration du Mythe à l'Histoire se fait par le recours à l'ge d'Or, pendant lequel les dieux ont régné sur terre. Les listes royales reproduisent les données des cosmogonies et plus particulièrement de celle de Memphis : au départ se trouve le fondateur, Ptah, dont le rôle est ici proche de celui de Chnoum, le potier qui a créé l'humanité sur son tour, façonnant le réceptacle de l'étincelle divine dans le matériau depuis toujours à la disposition de l'homme : l'argile. Rê lui succède. Soleil qui crée la vie en dissipant les ténèbres, il est le prototype de la royauté, qu'il cédera à Chou, l'air, séparateur de la Terre et du Ciel. Ainsi sont mis en place les temps principaux de la création. Les compilateurs grecs de Manéthon ne s'y sont pas trompés, qui ont vu dans Ptah Héphaïstos, le dieu forgeron, et dans Rê Hélios, le soleil. Chou et son successeur Geb, la Terre, se partagent le rôle de Kronos et de Zeus chez Diodore de Sicile, qui reconnaît ainsi en Geb le père des hommes. On voit que l'Histoire est un prolongement du Mythe et qu'il n'existe, pour les Égyptiens, aucune solution de continuité entre les dieux et les hommes : leur société est une reproduction quotidienne de la création et se doit, en tant que telle, de refléter l'ordre du cosmos à tous ses niveaux. Son mode de constitution suit donc volontairement celui de l'univers, ce qui n'est pas sans influencer les analyses contemporaines qui en sont faites. Osiris succède à Geb, et, après l'usurpation de Seth, Horus monte sur son trône. Le Canon de Turin donne ensuite une séquence de trois dieux : Thot, dont nous avons vu plus haut le rôle, Maât, et un Horus dont le nom est perdu... Maât tient une place à part dans le panthéon : elle n'est pas, à proprement parler, une déesse, mais plutôt une entité abstraite. Elle représente l'équilibre auquel l'univers est arrivé grâce à la création, c'est-à-dire sa conformité à la vérité de sa nature. En tant que telle, elle est la mesure de toutes choses, de la justice à l'intégration de l'âme du mort dans l'ordre universel lors du jugement dernier. Elle lui sert alors de contrepoids pour équilibrer sa pesée sur la balance de Thot. Elle est également la nourriture des dieux, auxquels elle apporte son harmonie. Ainsi, le règne de Maât est l'ge d'Or que chaque souverain va entreprendre de faire régner à nouveau en affrontant les forces négatives traditionnelles qui cherchent chaque jour à entraver la course du soleil : Maât est le point de départ d'une histoire cyclique. Neuf dieux leur succèdent, qu'Eusèbe assimile aux héros grecs. Ils assurent, comme ceux-ci, la transition vers le pouvoir des fondateurs humains : les « âmes » (akhou) d'Hiérakonpolis, Bouto et Héliopolis, dont la série se clôt par les « compagnons d'Horus ». Sans doute faut-il voir là le reflet des luttes qui ont conduit à l'unification du pays, et pour lesquelles le Canon de Turin reconnaît plusieurs lignées locales. Il distingue clairement le premier « roi de Haute et Basse-Égypte » (nysout-bity) Meni, dont il répète deux fois le nom, mais avec une différence d'importance : la première fois, il l'écrit avec un déterminatif humain, la seconde, avec un déterminatif divin (Gardiner : 1959, pl. I; Malek, BIFAO 68 (1982), 95). Ce Meni — Ménès chez Ératosthène et Manéthon — est-il, comme on le pense généralement, Narmer, ou simplement une façon de désigner, comme c'est l'habitude dans les textes, « quelqu'un » en général dont on a perdu le nom ? On penserait alors au roi Scorpion ou à quelque autre, dont le nom ne nous serait pas parvenu. On comprend tout de même mal pourquoi il est nommé deux fois. Est-ce parce qu'il est passé de la situation de « untel » à celle de « roi untel », changeant de nom en même temps que de statut, le document voyant en lui l'incarnation non individualisée de la somme des détenteurs locaux du pouvoir fondue en un archétype de l'unité ? Cela expliquerait que la Pierre de Palerme ne connaisse comme premier roi qu'un Aha, qui serait alors un autre nom, celui « d'Horus », de Narmer-Ménès... CHAPITRE III La période thinite Les premiers rois Quelle que soit la solution retenue, Aha ouvre la Ire dynastie, que Manéthon qualifie, comme la IIe, de « thinite », du nom de sa ville d'origine supposée, This, non loin d'Abydos. On a retrouvé à Abydos les tombeaux de tous les rois de la Ire dynastie et de quelques-uns de la IIe; mais la plupart d'entre eux avaient une autre sépulture à proximité de Memphis. L'état de ces tombeaux ne permet pas de savoir si, comme on l'a supposé, ces rois se faisaient enterrer à proximité de la nouvelle capitale politique du pays pour respecter la dualité du pays tout en conservant un cénotaphe en Haute-Égypte, d'où était censé venir leur pouvoir, dans un site qui sera bientôt connu comme étant la ville sainte d'Osiris. Ces deux dynasties forment un tout, de 3150 vers 2700 avant notre ère, presque cinq siècles au cours desquels la civilisation achève de prendre ses caractères définitifs. C'est une période assez mal connue, essentiellement par manque de documentation, la principale source de nos connaissances restant, la Pierre de Palerme mise à part, les tombeaux découverts à Abydos et à Saqqara et le matériel qu'ils ont livré. Aha, comme tout fondateur, se voit attribuer sans doute plus qu'il n'a réalisé. S'il ne fait qu'un avec Narmer, c'est lui le promoteur du culte du crocodile Sobek dans le Fayoum et le fondateur de Memphis. Il y aurait probablement installé, en même temps que son administration, le culte du taureau Apis. On suppose également qu'il a organisé le pays nouvellement unifié en menant une politique de conciliation avec le Nord. C'est du moins ce que l'on déduit du fait que le nom de son épouse Neïthhotep, « que Neïth soit apaisée », était formé à 3150-2700 PÉRIODE THINITE 3150-2925 Ire DYNASTIE .... -3150 Plusieurs rois (?) dont « Scorpion » 3150-3125 Narmer-Ménès 3125-3100 Aha 3100-3055 Djer 3055-3050 Ouadji (« Serpent ») 3050-2995 Den 2995-.... Adjib ....-2950 Semerkhet 2960-2926 Qaâ 2925-2700 IIe DYNASTIE 2925-.... Hotepsekhemoui ....-.... Nebrê ....-.... Nineter ....-.... Ouneg ....-.... Senedj ....-.... Peribsen ....-.... Sekhemib ....-2700 Khâsekhem/Khâsekhemoui Fig. 13 Tableau chronologique de la période thinite. partir du nom de la déesse Neïth, originaire de Saïs dans le Delta. On a retrouvé le tombeau de cette reine à Nagada, pourvu d'un abondant mobilier parmi lequel se trouvait une tablette au nom d'Aha. Ce dernier aurait encore fondé un temple de Neïth à Saïs et célébré les fêtes d'Anubis et de Sokaris, le faucon momifié, ainsi que son propre jubilé — sa fête-sed. Il aurait eu un règne pacifique, ce qui ne l'empêcha pas d'inaugurer la longue série des guerres que mèneront ses successeurs contre les Nubiens et les Libyens, les voisins du Sud et de l'Ouest, et de commercer, si l'on en croit la mention de bateaux en cèdre sur la Pierre de Palerme, avec la Syro-Palestine. On voit que son règne est, au total, assez bien documenté. Il a dû se terminer aux environs de 3100 avant notre ère. Aha possède deux tombeaux : l'un à Saqqara, l'autre à Abydos. Sa succession ne s'est probablement pas passée sans problèmes. La liste de Turin laisse un blanc entre Meni et son successeur It(i), lui-même prédécesseur d'un autre It(i) que l'on assimile à l'Horus Djer. Ce flottement reflète-t-il une courte régence de la reine Neïthhotep, régence à l'issue de laquelle le trône serait allé au fils d'une concubine du roi ? Ces questions de filiation, bien difficiles à trancher étant donné la minceur de la documentation, se posent également pour les successeurs de Djer. Celui-ci aurait eu pour fille une reine Merneïth, « l'aimée de Neïth », dont on a retrouvé le tombeau dans la nécropole royale d'Abydos; on a déduit qu'elle a été l'épouse de son successeur, Ouadji, de ce que les documents de sa tombe la donnent pour mère de Den, le quatrième roi de la Ire dynastie. Le règne de Djer amplifie la politique extérieure du pays : expéditions en Nubie jusqu'à Ouadi Halfa, peut-être en Libye, et au Sinaï si l'on se fonde sur la présence dans sa tombe de bijoux en turquoise, pierre traditionnellement importée du Sinaï. Il poursuit également l'organisation du pays sur le plan économique et religieux, fonde le palais de Memphis et se fait inhumer à Abydos où il est peut-être le prototype historique d'Osiris. Il est enterré en compagnie de sa Cour — ce qui ne veut pas dire pour autant que, comme on l'a longtemps pensé, les courtisans devaient suivre leur souverain dans la mort de façon violente (Kaplony, LÄ 1, 1111, n. 9) : il s'agit au contraire de la première attestation de l'assomption par le souverain du devenir funéraire de ses subordonnés, dont les tombes sont associées à la sienne comme elles le seront plus tard dans les grandes nécropoles royales. Autant que l'on puisse en juger d'après le mobilier funéraire de ses contemporains, comme celui provenant de la tombe du chancelier Hemaka à Saqqara, son époque a été brillante et prospère. Calendrier et datation Un document de son règne a remis en cause toute la datation de la Ire dynastie en soulevant la question du calendrier : il s'agit d'une plaquette d'ivoire (fig. 14) sur laquelle on a pensé voir la représentation, sous forme d'une vache couchée portant entre les cornes une pousse de plante qui sert à désigner l'année, de la déesse Sothis, c'est-à-dire de l'étoile Sirius (Vandier : 1952, 842-843; Drioton & Vandier : 1962, 161). Ce simple signe, si cette interprétation est correcte, veut dire que les Égyptiens avaient fait le rapprochement dès le règne de Djer entre le lever héliaque de Sirius et le commencement de l'année donc qu'ils avaient inventé le calendrier solaire. Il est probable que, dans les premiers temps, ils utilisaient un calendrier lunaire, dont on a conservé de nombreuses traces. Puis le décalage entre ce comput et la réalité les a conduits à adopter un calendrier fondé sur le phénomène le plus facilement observable et le plus régulier qui s'offrait à eux : la crue du Nil. C'est ainsi qu'ils répartirent l'année en trois saisons de quatre mois de trente jours chacun correspondant au rythme agricole déterminé par la crue. La première est l'inondation (Akhet), la deuxième la germination et la Fig. 14 Plaquette d'ivoire de Djer. croissance (Peret), la troisième la récolte (Chemou). Or il se trouve que le début de la montée des eaux, choisi donc comme point de départ de l'année, est observable à la latitude de Memphis, que l'on suppose être le lieu de l'unification du pays, justement au moment du lever héliaque de Sirius. Ce phénomène se produit, dans le calendrier julien, le 19 juillet (environ un mois plus tôt dans le calendrier grégorien), — mais pas tous les 19 juillet. Chacun sait, en effet, que l'année solaire réelle est de 365 jours et six heures : le décalage d'un quart de jour qui se produit chaque année éloigne peu à peu la date des deux phénomènes, dont la concomitance ne peut, par conséquent, être constatée que lorsque ce décalage a effectué, si l'on peut dire, un tour complet : tous les 1460 ans — ce que l'on appelle une « période sothiaque ». Ce phénomène — la coïncidence du premier de l'an et du lever de Sirius — a été constaté dans l'histoire égyptienne au moins une fois : en 139 après Jésus-Christ. On peut donc, grâce à quelques points de repère reposant sur des observations faites par les Égyptiens eux-mêmes, fixer des dates précises à l'intérieur de ces périodes, que l'on fait ainsi remonter à 1317, 2773 et 4323 avant notre ère. On sait, par exemple, que l'an 9 d'Amenhotep Ier correspond à 1537 ou 1517 selon le lieu d'observation du phénomène et l'an 7 de Sésostris III à 1877. La date de 4323 a été abandonnée, parce que trop peu conforme aux données archéologiques; 2773, en revanche, paraît un bon point de départ pour la création du calendrier, même si cette date est trop basse pour le règne de Djer. On peut lever l'argument en faisant remarquer que la présence de Sothis sur cette tablette n'est pas une preuve en soi. Le fait d'avoir constaté le phénomène n'implique pas forcément, en effet, qu'un nouveau calendrier ait été adopté. De même que les calendriers civil et religieux coexisteront tout au long de la civilisation égyptienne, il ne paraît pas déraisonnable de supposer que le calendrier lunaire était toujours en vigueur sous le règne de Djer et qu'il n'a été remplacé par le calendrier solaire qu'à l'occasion de la période sothiaque suivante : vers la fin de la IIe dynastie. La fin de la dynastie Du successeur de Djer, Ouadji ou, si l'on préfère considérer son nom comme un pictogramme, « Serpent », on ne sait pas grand-chose, sinon qu'il mena une expédition vers la mer Rouge, dans le but probable d'exploiter les mines du désert oriental. Son tombeau à Abydos a livré de nombreuses stèles, dont l'une, à son nom, est conservée au Louvre. Den, le quatrième roi de la dynastie, a laissé le souvenir d'un règne glorieux et riche, qui a peut-être, lui aussi, commencé par une régence, celle de Merneïth, laquelle aurait favorisé le pouvoir des hauts fonctionnaires — pouvoir que Den aurait limité par la suite. Ce qui est sûr, c'est que le nouveau souverain a conduit une politique extérieure vigoureuse, de très bonne heure tournée vers le Proche-Orient, puisqu'il a mené une campagne « asiatique » dès sa première année de règne. Il en aurait même ramené un harem de prisonnières, ce qui ferait de lui un précurseur d'Amenhotep III en la matière. On peut supposer que cette activité guerrière, augmentée encore par une expédition dans le Sinaï contre les Bédouins, a guidé le choix de son nom de « roi de Haute et Basse-Égypte » (nysout-bity) : Khasty, « l'étranger » ou « l'homme du désert », déformé en grec en Ousaphaïs chez Manéthon. Il est d'ailleurs le premier à ajouter à sa titulature ce troisième nom, dans lequel on pense trouver le reflet d'une politique intérieure active : construction d'une forteresse, célébration de cérémonies consacrées aux dieux Atoum et Apis, recensement du pays, si l'on en croit la Pierre de Palerme, mais aussi politique de conciliation avec le Nord, qui se traduit, au-delà du nom de son épouse Merneïth, par la création d'un poste de « chancelier du roi de Basse-Égypte », dont on a retrouvé à Saqqara le tombeau du titulaire, Hémaka. Outre un riche mobilier, cette tombe a livré une tablette, au nom du roi Djer, mais qui témoigne peut-être d'une fête jubilaire de Den, connue par ailleurs (Hornung & Staehelin : 1974, 17); cette tablette porte la plus ancienne mention d'une momie — peut-être celle de Djer (Vandier : 1952, 845-848) —, ce qui ne laisse pas d'être surprenant, dans la mesure où la pratique de la momification n'est attestée que plus tard. On a retrouvé dans le tombeau élevé par Den à Abydos un pavement de granit qui en fait le premier exemple connu d'utilisation de la pierre dans une architecture jusque-là exclusivement de brique. Le règne de Den est évalué à près d'un demi-siècle, ce qui explique la relative brièveté de celui de son successeur, Adjib, « l'homme au cœur vaillant », dont le nom de roi de Haute et Basse-Égypte, placé pour la première fois sous l'invocation des « deux dieux » (nebouy), Merpoubia(i), est devenu Miébis chez Manéthon. Adjib est probablement monté tard sur le trône, suffisamment pour célébrer très vite la fête jubilaire que devait lui valoir son grand âge. Cette cérémonie, la fête-sed, tient son nom de celui de la queue de taureau, peut-être aussi de celui du canidé Sed, un dieu que l'on a rapproché d'Oupouaout, « l'ouvreur de chemins », le chacal auquel Anubis emprunte ses compétences funéraires. Elle se perd dans la nuit des temps et constitue un rite de renouvellement du pouvoir destiné à montrer la vigueur du roi, en principe après trente ans de règne. Elle est essentiellement constituée par la répétition des rites de couronnement : assomption des couronnes et des insignes du pouvoir sur les deux Égyptes dans des pavillons particuliers à chaque royaume. Une partie plus physique s'y ajoute, qui comporte une course et une visite processionnelle aux divinités du pays dans leur chapelle. Le roi, enfin, exécute divers rites de naissance et de fondation. Cette cérémonie est l'occasion d'une émission d'objets commémoratifs : à l'époque qui nous occupe, de vases en pierre portant la titulature du roi. On possède de ces vases commémorant la fête qu'Adjib a fait célébrer dans son nouveau palais de Memphis, au nom révélateur : « la protection entoure Horus ». On retiendra de son règne l'introduction du nom placé sous l'invocation des « Deux Seigneurs », c'est-à-dire d'Horus et de Seth, les dieux antagonistes du Nord et du Sud réunis dans la personne du roi. C'est dire que celui-ci réunit dans sa personne la dualité de l'Égypte, mais aussi celle du pouvoir d'Horus, qui assure le maintien de l'équilibre, et celui, plus destructeur, de Seth, qu'il détourne vers l'extérieur de l'Égypte. La fin de la Ire dynastie est plus trouble. Sans doute à cause de la longueur du règne de Den, la succession ne s'est pas passée sans heurt. Semerkhet se démarque nettement de son prédécesseur, dont il va jusqu'à faire effacer le nom sur des vases jubilaires, voulant manifestement marquer par là sa propre légitimité — légitimité remise en cause par la Table de Saqqara, sur laquelle son nom est, à son tour, effacé. Sa titulature révèle sans doute une carrière antérieure à sa montée sur le trône, peut-être religieuse, puisqu'il choisit comme nom de nebty « celui qui garde les Deux Maîtresses », c'est-à-dire Nekhbet, la déesse-vautour de Nekhen (Elkab), et Ouadjet, la déesse-serpent de Pe et Dep (Bouto), les protectrices du Sud et du Nord, et comme nom d'Horus, « le familier des dieux ». La IIe dynastie Il se fait enterrer à Abydos comme son successeur, Qaâ, qui est peut-être son fils et dont le règne clôt la Ire dynastie, sans qu'aucun affrontement vienne expliquer ce changement rapporté par Manéthon. Il semble simplement que le pouvoir se soit déplacé vers Memphis si l'on en juge d'après le fait que les trois premiers rois au moins de la IIe dynastie se sont fait enterrer à Saqqara. Un autre signe de ce glissement géographique est le nom même du souverain qui inaugure la nouvelle dynastie : Hotepsekhemoui, « les Deux Puissants sont en paix ». Les « Deux Puissants » sont, bien entendu, Horus et Seth. Son nom de nebty confirme cette interprétation. Il choisit en effet de se faire appeler « les Deux Maîtresses sont en paix », ce qui doit être une allusion politique à une opposition entre le Nord et le Sud, qui n'a pas nécessairement pris une forme violente mais témoigne de ce que le pays est toujours prompt à se couper en deux en cas de conflit. La famille royale elle-même entretient des relations avec le Delta oriental, sans doute la région de Bubastis : c'est ce que l'on a déduit de la pratique du culte de Bastet et de Soped, un dieu faucon local assimilé de bonne heure à Horus fils d'Osiris. C'est à cette époque également que se met en place le culte solaire, même si le nom de Rê n'apparaît que dans le nom d'Horus du successeur de Hotepsekhemoui, Nebrê, « le Maître du Soleil », ou, plus vraisemblablement et avec moins d'orgueil, « Rê est (mon) maître ». Rê prend définitivement la place du « dieu de l'horizon » dont il est issu. Ce choix religieux est confirmé par le successeur de Nebrê, Nineter, « celui qui appartient au dieu ». Tous deux sont probablement les propriétaires de tombes situées sous la chaussée d'Ounas à Saqqara, dans lesquelles on a retrouvé des sceaux-cylindres à leur nom. Mais cette attribution, en l'absence d'autre document écrit, est peu sûre : ces sceaux, en effet, ne sont pas forcément restés liés au roi dont ils portent le nom. On en a retrouvé dans des tombes de particuliers, voire dans celles de leurs successeurs ; par exemple, la tombe de Khâsekhemoui, à Abydos, a livré un cylindre justement au nom de Nineter, sans qu'il puisse y avoir de doute sur l'identité du propriétaire de la tombe. Un autre type de documents est sujet à des déplacements hors contexte. Ce sont les vases en pierre, dont les inscriptions sont tout aussi précieuses que l'étaient celles des tablettes d'ivoire de la Ire dynastie pour la connaissance de certains faits historiques et de l'organisation administrative du pays. On en a retrouvé des lots très importants, dont une partie date du règne de Nineter, dans les galeries souterraines de la pyramide de Djoser, le deuxième souverain de la IIIe dynastie. Cette trouvaille confirme la durée de tels témoins historiques, transmis, après avoir été utilisés ou non, de génération en génération. Dans le cas du tombeau de Djoser, ils sont restés dans un même contexte, alors que les vases royaux jubilaires que nous évoquions plus haut ont, eux, changé de destination : offerts aux dignitaires et conservés par les familles de ceux-ci, ils ont fini dans le mobilier funéraire d'un lointain descendant. Les successeurs de Nineter, Ouneg et Senedj, ne sont guère connus, à part les listes royales, que par ces inscriptions sur vases provenant de la pyramide de Djoser. Il se pourrait que leur pouvoir se soit limité à la région memphite. Le dernier a été contemporain du roi Peribsen, dont une statue devait se trouver dans sa tombe, si l'on en croit l'existence d'un « supérieur des prêtres ouâb de Peribsen dans la nécropole de Senedj : dans le temple et les autres endroits » à la IVe dynastie. De ce dernier on connaît la sépulture à Abydos que lui aménagea son successeur local Sekhemib, « l'homme au cœur puissant », et le matériel qu'elle a livré : vases en pierre et objets de cuivre, et deux stèles portant le nom du roi dans le serekh — une représentation du palais en plan précédé de sa façade, vue, elle, en élévation : le nom du souverain est inscrit dans le cadre défini par le plan. Le tout constitue l'écriture normale du nom d'Horus des souverains. D'ordinaire, cette « façade de palais » est surmontée du faucon Horus : le nom de Peribsen est, lui, sous l'invocation de Seth. Ces divers éléments invitent à penser que les relations entre les deux royaumes se sont détériorées vers la fin du règne de Nineter, peut-être à cause de la nouvelle orientation religieuse choisie par Nebrê, qui aurait trop privilégié le Nord. Le silence des listes royales sur Peribsen et son successeur abydénien ainsi que ce choix affirmé de Seth comme dieu tutélaire suggèrent que le Sud avait repris son autonomie — Peribsen possède, par exemple, un « chancelier du roi de Haute-Égypte » —, ou, tout au moins, ne reconnaissait plus celle des souverains memphites, en qui la tradition voit les détenteurs légitimes du pouvoir, selon un schéma qui deviendra classique par la suite. Le pouvoir de Peribsen s'étendait au moins jusqu'à Éléphantine, où l'on a retrouvé en 1985 des empreintes de sceaux à son nom, et où l'on sait que se trouvait plus tard un temple consacré à Seth. Le fait que Senedj et Peribsen aient vu leur culte funéraire associé à la IVe dynastie laisse croire que cette opposition n'était, au moins sous son règne, pas violente. Les choses changent avec Khâsekhem, « Le Puissant (c'est-à-dire Horus) est couronné ». Originaire de Hiérakonpolis, il a consacré dans son temple, à l'occasion de son couronnement, des objets commémorant une victoire sur le Nord : des inscriptions sur vases de pierre et deux statues, l'une en schiste, l'autre en calcaire, le représentant assis sur un siège à petit dossier. Ces statues, pratiquement les premières du type, donnent déjà le canon des représentations royales. Le souverain est vêtu du manteau enveloppant de la fête-sed et coiffé de la couronne blanche de Haute-Égypte sur les deux statues. Cela ne veut pas nécessairement dire pour autant que Khâsekhem avait choisi de donner la Haute-Égypte comme origine de son pouvoir. Étant donné la tenue qu'il porte, ces deux statues devaient faire partie d'un ensemble, comme on en a trouvé ailleurs, représentant le souverain lors des cérémonies de couronnement, alternativement comme roi de Haute et Basse-Égypte, selon le mécanisme de la fête-sed. Le socle de ces statues est décoré de prisonniers, entassés dans un enchevêtrement de corps disloqués. C'est sans doute à l'occasion de cette victoire qu'il transforme son nom en Khâsekhemoui, « les Deux Puissants sont couronnés », plaçant Horus et Seth au-dessus du serekh, et choisit comme nom de roi de Haute et Basse-Égypte, « les Deux Maîtresses sont en paix à travers lui ». Cette prise en main de l'Égypte, qui a les apparences d'une réunification, coïncide avec une évolution dans l'architecture, servie par une vigoureuse politique de construction. Khâsekhemoui Fig. 15 Statue de Khâsekhem provenant de Hiérakonpolis. Schiste. Musée du Caire. bâtit en pierre à Hiérakonpolis, Elkab et Abydos, où sa tombe est la plus grande de celles des souverains de la IIe dynastie. On arrête la période thinite avec son règne à la suite de Manéthon, sans raison particulière. Cette coupure peut même paraître surprenante dans la mesure où l'on sait que Khâsekhemoui a eu pour épouse une princesse Nimaâtapis qui fut la mère de Djoser, le grand roi qui fut son successeur indirect. Mais nous avons vu que la notion même de monarchie « thinite » ne rend plus compte de la situation politique de la IIe dynastie, déjà plus memphite que thinite. Le règne de Khâsekhemoui voit simplement la fin des affrontements entre le Nord et le Sud et la mise en place définitive des structures économiques, religieuses et politiques du pays. C'est le point de départ d'une grande époque, au cours de laquelle la civilisation et l'art atteignent un degré d'achèvement et une maîtrise presque définitifs. La monarchie thinite La monarchie thinite diffère assez peu de celle de la IIIe dynastie, et l'essentiel des institutions est en place avant Djoser. Le principe de la transmission du pouvoir par filiation directe, sur lequel repose l'institution pharaonique, fonctionne déjà, puisque le roi après sa mort n'est plus qualifié d'Horus. De même, il porte désormais les trois noms qui constituent la base de la titulature : le nom d'Horus qui exprime sa nature d'hypostase du dieu héritier du trône, celui de roi de Haute et Basse-Égypte (nysout-bity), et, depuis Semerkhet, un nom de nebty qui est probablement le reflet de la carrière du prince héritier antérieure à son couronnement, mais déjà annonciatrice de celui-ci. À noter aussi le rôle de l'épouse du roi dans la transmission du pouvoir : elle est « Celle qui unit les Deux Seigneurs », « Celle qui voit Horus et Seth », autant que « La mère des enfants royaux ». L'organisation de la maison royale est désormais ce qu'elle sera dans les siècles qui suivent. Le palais, que l'on peut supposer construit en brique d'après l'architecture funéraire censée en être la reproduction, abrite en même temps les appartements privés — le harem — et l'administration, c'est-à-dire la tête des principaux services qui constituent le prolongement du roi qu'est sa « maison ». S'il assume théoriquement l'ensemble du pouvoir, en effet, il est assisté, dans la pratique, par de hauts fonctionnaires. Il n'est pas toujours facile de démêler les titres purement auliques de ceux qui recouvrent une réalité, mais on peut se faire quand même une idée approximative des grands rouages de l'administration. Le roi était entouré de conseillers plus ou moins spécialisés, comme le « contrôleur des Deux Trônes », « Celui qui est placé à la tête du roi », ou le « chef des secrets des décrets ». Ce dernier titre donne une idée du dispositif législatif. En tant qu'héritier des dieux, le roi est le détenteur du pouvoir théocratique qui fonde sa charge. Il n'en est d'ailleurs que le détenteur temporaire : les titres de propriété du pays lui sont remis lors de son couronnement, en principe directement par le dieu (Grimal : 1986, 441), à charge pour lui de gouverner le pays en faisant respecter ses lois qui sont elles-mêmes l'expression de celles de l'univers. Pour ce faire, il promulgue des décrets. À la limite, toute parole émanant de sa bouche est un décret ayant force de loi, que l'on peut fixer ou non par écrit — un peu comme dans le système islamique du daher. Il semble que l'interprétation de ces décrets ait Fig. 16 Carte des nomes de Basse-Égypte. constitué, avec le recours aux lois écrites et la consultation de la jurisprudence, l'essentiel du Droit. Entre ce cercle proche du roi, où l'on trouve déjà à la IIe dynastie un tjaty, qui n'a pas encore les pouvoirs que cette fonction — souvent comparée à celle du vizir ottoman — comportera à la IVe dynastie et la chancellerie, évolue tout un corps de scribes : ils sont la cheville ouvrière omniprésente de l'administration. Le premier chancelier du roi de Basse-Egypte que l'on connaît est Hemaka, sous le règne de Den, la chancellerie de Haute-Égypte étant apparue sous celui de Peribsen. Cette double institution se charge du recensement, de l'organisation de l'irrigation et, partant, de tout ce qui touche au cadastre. Elle s'occupe de la collecte des taxes et de la redistribution des biens, qui sont versés à des « trésors » et des « greniers » spécialisés dans les céréales, les troupeaux, la nourriture en général. Ceux-ci gèrent l'acheminement de ces biens vers les grands corps pris en charge par l'État : l'administration elle-même, mais aussi les temples. Ces organes du pouvoir central traitent avec des rouages locaux qui sont répartis par provinces, que les Grecs ont appelées « nomes » et Fig. 17 Carte des nomes de Haute-Égypte. les Égyptiens sepat, puis qâh à partir de l'époque amarnienne, au XIVe siècle avant notre ère. À la vérité, ces provinces ne sont connues comme telles qu'à partir de l'époque de Djoser, mais nous avons déjà vu que les emblèmes les représentant suggèrent une origine antérieure à l'unification du pays. Ce sont sans doute les domaines des anciens dynastes locaux qui ont réussi à conserver leurs caractéristiques et une certaine autonomie, en tout cas suffisamment pour que les listes géographiques traditionnelles n'aient jamais remis en cause leur individualité. Ces listes, attestées depuis le règne de Niouserrê, découpent le pays en 22 nomes pour la Haute-Égypte et 20 pour la Basse-Égypte. Il y avait des instances fédérales compétentes pour l'un des deux royaumes : on connaît, par exemple, le « Conseil des Dix de Haute-Égypte » ou le « Préposé à Nekhen », qui devait jouer à peu près le rôle d'un vice-roi du Sud. Elles traitaient avec les responsables locaux, les nomarques, appelés les « administrateurs » (adj-mer), aidés eux-mêmes d'une assemblée, la djadjat. Fig. 18 Architecture civile et militaire. On ne sait rien de l'organisation militaire du pays, ni de la conscription qui n'est attestée que plus tard, mais on peut supposer que le système en vigueur par la suite est déjà en place. Quoi qu'il en soit, on peut se faire une assez bonne idée de l'architecture d'après les représentations de forteresses, le plan de la Chounet ez-Zébib — la partie fortifiée d'Abydos — ou l'enceinte archaïque de Hiérakonpolis. Pour l'architecture civile, on en est réduit essentiellement aux pions de jeux représentant des maisons et aux représentations de « façades de palais » des tombes. Ces dernières constituent la principale source de connaissance de l'art thinite, et le matériel funéraire qui provient de quelques grands tombeaux privés comme celui d'Hemaka et des sépultures royales laisse entrevoir un art florissant. Les objets d'ivoire et d'os y tiennent toujours une bonne place, ainsi que la « faïence égyptienne », la céramique et les vases en pierre. La petite statuaire y est abondamment représentée et offre des types humains variés : prisonniers, enfants, de nombreuses statuettes féminines, qui ne sont pas seulement des « concubines » du mort, Fig. 19 Statue anonyme d'un homme assis provenant d'Abousir(?). Calcaire. H = 0,42 m. Berlin, Ägyptishes Museum. mais évoquent aussi des attitudes de la vie courante. Les animaux sont fréquents et traités dans des matériaux divers. Des thèmes sont déjà fixés, qui connaîtront une certaine fortune par la suite : par exemple celui de la guenon serrant son petit dans ses bras (comparer Vandier : 1952, 976 et Valloggia : 1986, 80). La grande statuaire, elle, est encore loin de la grâce des œuvres de l'Ancien Empire et reste assez rugueuse, les personnages conservant une attitude figée, mais avec de très belles réussites comme la « Dame de Naples », la statue de Nedjemânkh du Louvre ou l'inconnu de Berlin. DEUXIÈME PARTIE L'ge classique CHAPITRE IV L'Ancien Empire L'avènement de la IIIe dynastie Paradoxalement, la IIIe dynastie est moins bien connue que les deux premières, et l'on ne s'accorde pas toujours sur ses débuts, dominés par la personnalité du roi Djoser. Celui-ci n'a pas été le premier souverain; bien que les données archéologiques et celles des listes royales prêtent à interprétation, on peut proposer avec quelque vraisemblance la reconstitution suivante. Le premier roi de la dynastie serait Nebka, cité dans le Papyrus Westcar. Il est connu par Manéthon et grâce à l'existence d'un prêtre de son culte funéraire sous Djoser. On ne peut rien dire de plus sur son règne, en semi-lacune sur la Pierre de Palerme. Djoser et lui auraient eu une durée de règne à peu près égale. Quel était leur lien de parenté ? À vrai dire, on n'en sait rien : peut-être Djoser était-il le frère ou le fils de Nebka. L'affaire se complique avec la succession de Djoser : le Canon de Turin lui accorde dix-neuf ans de règne et nomme après lui un certain Djoserti ou Djoser(i)teti, inconnu par ailleurs. Or on sait depuis la découverte par Z. Goneim à Saqqara d'une pyramide inachevée faite sur le modèle de celle de Djoser, que ce successeur s'appelait Sekhemkhet (Lauer : 1988, 143 sq.). Est-ce le même ? Il n'est pas si facile d'en être sûr, dans la mesure où il se produit, à la IIIe dynastie, un glissement dans la titulature royale : le « nom propre », celui que devait recevoir le prince à sa naissance et dont il faisait son nom de « roi de Haute et Basse-Égypte » (nysout-bity) lors du couronnement, devient le nom d' « Horus d'Or », tandis que celui de nysout-bity tend à ne faire qu'un avec le nom d'Horus proprement dit. Un troisième personnage vient compliquer la question : un roi Sanakht, connu par des empreintes de sceaux trouvées à Éléphantine, où le dégagement récent par l'Institut Archéologique Allemand du Caire d'une ville et d'une enceinte d'époque thinite a montré que se situait dès la Ire dynastie la frontière méridionale de l'Égypte. On trouve sa trace également dans une tombe de la nécropole de Beit Khallaf, au nord d'Abydos, qui, contrairement à ce que l'on a cru un temps, ne lui appartient pas à lui, mais à un de ses fonctionnaires. Lui, on ne sait toujours pas où il est enterré, bien que le lieu le plus probable soit Saqqara, à l'ouest du complexe de Djoser, dans lequel on a retrouvé des empreintes de sceaux portant son nom. Qu'il soit le premier ou le deuxième roi de la IIIe dynastie, identique ou non à Nebka, son règne n'a pas excédé, d'après Manéthon, six ans, et tout ce que l'on peut dire de lui est que son nom apparaît encore dans les mines de turquoise du Ouadi Maghara, dans l'ouest du Sinaï, tout comme celui de Sekhemkhet, qui n'est, son tombeau mis à part, guère plus connu que lui. Djoser et Imhotep Djoser — l'Horus Netery-Khet — est beaucoup plus célèbre à la fois pour ses constructions, mais aussi grâce à l'historiographie égyptienne elle-même. Il est l'une des grandes figures de l'histoire égyptienne, entre autres pour avoir promu l'architecture en pierre créée par son architecte Imhotep, qui devient lui-même l'objet d'un culte à la Basse Époque. Son temps est resté lié à une certaine image de la monarchie. C'est ce que montre un célèbre apocryphe, une stèle que Ptolémée V Épiphane, plus de deux mille ans plus tard, fit graver vers 187 avant J.-C. sur les rochers de Séhel, à proximité d'Éléphantine dans la Première Cataracte. Ce texte relate une famine qui se serait passée sous le règne de Djoser et montre comment le roi sut y mettre fin. On y voit Djoser se plaindre de l'état du pays : « Mon cœur était dans une très grande peine, car le Nil n'était pas venu à temps pendant une durée de sept ans. Le grain était peu abondant, les graines étaient desséchées, tout ce qu'on avait à manger était en maigre quantité, chacun était frustré de son revenu. On en venait à ne plus pouvoir marcher : l'enfant était en larmes; le jeune homme était abattu; les vieillards, leur cœur était triste : leurs jambes étaient repliées tandis qu'ils étaient assis par terre, leurs mains en eux. Même les courtisans étaient dans le besoin; et les temples étaient fermés, les sanctuaires étaient sous la poussière. Bref, tout ce qui existe était dans l'affliction. » Le roi interroge les archives, y apprend l'origine de la crue et le rôle dans la montée des eaux de Chnoum, le bélier seigneur d'Éléphantine. Il lui fait offrande, et le dieu lui apparaît en songe pour lui promettre : « Je ferai monter pour toi le Nil; il n'y aura plus d'années où l'inondation manquera pour aucun terrain : les fleurs pousseront, ployant sous le pollen. » (Barguet : 1953, 15 et 28.) Si Ptolémée V Épiphane se dissimule sous les traits de Djoser pour relater la façon dont il parvint à combattre les effets pernicieux combinés de la révolte des successeurs d'Ergamène et de la famine, c'est qu'il voit en lui le fondateur du pouvoir memphite. Il se réclame ainsi des origines de la tradition nationale, selon une démarche souvent illustrée : celle du roi lettré et pieux qui n'hésite pas à se plonger dans les sources de la théologie et de l'Histoire pour retrouver les fondements cosmologiques et les grands modèles du passé. Djoser et Imhotep en sont. Ils sont tous deux plus connus par leur légende que par des données historiques proprement dites. On n'a pu identifier le premier avec Netery-Khet que grâce aux graffitis des touristes qui ont visité sa pyramide dans l'Antiquité ou à des sources comme cette Stèle de la Famine, qui confirme l'importance politique de Memphis sous son règne. Curieusement, dans ce couple du roi et de son serviteur, c'est le serviteur qui est le mieux connu, et a même été l'objet d'un culte populaire. On considère qu'il a vécu jusque sous le règne de Houni, c'est-à-dire presque jusqu'à la fin de la dynastie. Son rôle n'a jamais été celui d'un homme politique : on ne lui connaît comme fonctions que celles de grand prêtre d'Héliopolis, prêtre-lecteur et architecte en chef. C'est cette dernière qui l'a rendu célèbre, mais l'image qui a survécu de lui montre qu'il a de très bonne heure été considéré comme la figure la plus marquante de son temps. Au Nouvel Empire, la littérature le donne comme patron des scribes, non pour ses qualités d'écrivain, mais en tant que personnification de la sagesse, donc de l'enseignement dont celle-ci est la forme principale. Cette aptitude plus intellectuelle que littéraire témoigne des fonctions qui étaient probablement les siennes auprès de Djoser. C'est en effet pour ses qualités de conseiller avisé, qui sont les mêmes que celles que la religion reconnaît au dieu créateur de Memphis, que le Canon de Turin fait de lui le fils de Ptah : première étape d'une héroïsation qui le conduira à devenir un dieu local de Memphis, pourvu d'un clergé et d'un mythe propres, aux termes duquel il est essentiellement un intermédiaire des hommes dans les difficultés de la vie quotidienne, spécialisé dans les problèmes médicaux. Les Grecs retiendront cette spécialisation de l'Imouthès memphite en l'assimilant à Asclépios, et son culte, répandu sous l'Empire d'Alexandrie à Méroë en passant par Philae où il possède un temple, survivra à la civilisation pharaonique dans la tradition arabe, justement à Saqqara, où l'on peut supposer que se trouve son tombeau. Djoser, par contre, n'a pas été divinisé. Sa pyramide a suffi à assurer son immortalité en lançant une nouvelle forme architecturale qui sera adoptée par tous ses successeurs, jusqu'à la fin du Moyen Empire. La fin de la IIIe dynastie La fin de la dynastie n'est guère plus claire que le commencement, et l'on a du mal à faire correspondre les données fournies par les listes royales et celles de l'archéologie. En l'absence de documents explicites, ces dernières suggèrent un ordre de succession fondé sur l'évolution architecturale de la sépulture royale. On a découvert, en effet, sur le site de Zaouiet el-Aryan, à mi-chemin entre Gîza et Abousir, deux sépultures pyramidales, dont la plus méridionale, que l'on appelle communément la pyramide « à tranches », s'inspire nettement de celles de Sekhemkhet et de Djoser à Saqqara. Probablement inachevé, ce tombeau est attribuable, au vu d'inscriptions sur vases, à l'Horus Khâba, inconnu par ailleurs, et que l'on a rapproché du roi Houni, cité, lui, par la liste royale de Saqqara et le Canon de Turin, qui lui accorde 24 ans de règne, à placer donc dans le premier quart du XXVIe siècle avant notre ère. Sa position de dernier roi de la dynastie est confirmée par un texte littéraire composé, si l'on en croit les miscellanées ramessides, par le scribe Kaïres. Il s'agit d'un Enseignement, fictivement destiné à un personnage contemporain du roi Téti, dont il fut le vizir et à proximité de la pyramide de qui il est enterré à Saqqara : Kagemni. Comme Imhotep, il était devenu dès la fin de l'Ancien Empire un personnage légendaire auquel on prêtait une carrière commencée dès le règne de Snéfrou. Le texte conclut en effet ainsi : « Alors, la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Houni vint à mourir, et la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Snéfrou fut élevée à la dignité de roi bienfaisant dans ce pays tout entier. Alors, Kagemni devint maire et vizir. » (P. Prisse 2,7-9.) Si Houni est bien le dernier roi de la IIIe dynastie, il reste à trouver une place à l'autre constructeur de Zaouiet el-Aryan, que des graffitis identifient comme l'Horus Nebka(rê) ou Néferka(rê) : l'architecture de sa pyramide le rattache à la IIIe dynastie, ou, en tout cas, à un retour au style de cette époque; mais est-ce suffisant pour voir en lui le Nebkarê de la liste de Saqqara, c'est-à-dire le Mésôchris de Manéthon — en tout état de cause, un prédécesseur d'Houni ? Comme on le voit, on est encore loin de pouvoir décrire de façon satisfaisante l'histoire de cette dynastie, et il n'est pas impensable que des recherches archéologiques à venir permettent de mieux comprendre son enchaînement. On ne sait pas plus pour quelle raison s'est produit un changement de dynastie, dont la marque la plus tangible est le déplacement de la nécropole royale vers le sud, de Zaouiet el-Aryan à Meïdoum et Dahchour, avant un retour vers le Nord à partir de Chéops. Snéfrou Meresânkh, la mère de Snéfrou, le fondateur de la nouvelle dynastie, n'était pas de sang royal; sans doute était-elle une Fig. 20 Généalogie sommaire de la IVe dynastie : générations 1-6. concubine de Houni, mais rien ne permet de l'affirmer. Si tel a été le cas, son fils a épousé une de ses demi-sœurs, Hétephérès Ire, la mère de Chéops, elle-même fille d'Houni, de façon à confirmer par le sang la légitimité de son pouvoir. Cette filiation donne le ton de la complexité des généalogies de la IVe dynastie, dont une étude même sommaire montre la profonde implication de la famille royale dans le gouvernement du pays. Comme ses prédécesseurs de la IIIe dynastie Djoser et Nebka, Snéfrou est demeuré une figure légendaire dont la littérature a conservé une image débonnaire. Il est même divinisé au Moyen Empire, devenant le modèle du roi parfait dont se réclament des souverains comme Amenemhat Ier au moment où ils cherchent à légitimer leur pouvoir. Cette faveur, qui se doublait certainement d'une grande popularité dont témoigne l'onomastique, alla même jusqu'à la restauration de son temple funéraire de Dahchour. Les sources ne manquent pas pour décrire son règne, qui a dû être long — une quarantaine d'années au plus — et glorieux. La Pierre de Palerme laisse entendre qu'il fut un roi guerrier : il aurait mené une expédition en Nubie pour mater une « révolte » dans le Dodékaschoène, dont il aurait ramené 7 000 prisonniers, ce qui est un chiffre énorme, si l'on pense que cette zone, qui recouvre approximativement la Nubie égyptienne, comprenait, il y a une trentaine d'années, environ 50 000 habitants. Cette campagne aurait également rapporté le nombre très élevé de 200 000 têtes de bétail, auxquelles il faut ajouter 13 100 autres qu'il ramena, toujours selon la même source, d'une campagne menée contre les Libyens, parmi lesquels il fit en même temps 11000 prisonniers. Ces campagnes militaires étaient plus que de simples rezzou contre des peuplades insoumises : depuis les premiers temps de l'époque thinite, la Nubie était pour l'Égypte un réservoir de main-d'œuvre autant pour les gros travaux que pour le maintien de l'ordre, les populations du désert oriental — les Medjaou et, plus tard, les Blemmyes — fournissant l'essentiel des forces de police du royaume. Il s'y ajoutait, bien entendu, le souci de garder la main sur le transit caravanier des produits africains comme l'ébène, l'ivoire, l'encens, les animaux exotiques — girafes et singes dont la vogue va aller croissant tout au long de l'Ancien Empire —, les œufs d'autruches, les peaux de panthères, etc. Mais il en allait aussi du contrôle des lieux de production de certains biens importés, comme l'or, qui était exploité dans tout le désert de Nubie, du sud-est du Ouadi Allaqi au Nil, ou la diorite à l'ouest d'Abou Simbel. C'est ce dernier souci qui présidait aux campagnes que menèrent presque tous les rois dans le Sinaï depuis Sanakht. Leur but n'était pas de contenir d'improbables envahisseurs venus de Syro-Palestine, mais d'assurer l'exploitation des mines situées à l'ouest de la péninsule, dans le Ouadi Nash et le Ouadi Maghara : on y extrayait du cuivre, de la malachite et surtout de la turquoise. Snéfrou ne manqua pas à la règle et conduisit une expédition contre les Bédouins, qui reprenaient à chaque fois possession des lieux que les Égyptiens n'exploitaient que de façon temporaire. Sans doute établit-il solidement l'exploitation des mines, si l'on en croit sa popularité toujours vivace dans le Sinaï au Moyen Empire. Cet état de guerre larvé avec les populations nomades n'empêchait nullement les relations commerciales avec les régions du Liban et de la Syrie, via la façade maritime phénicienne. Snéfrou envoya même une expédition d'une quarantaine de vaisseaux dans le but d'en rapporter le bois de construction qui a toujours fait défaut à l'Égypte. Constructeur de navires, d'un palais, de forteresses, de maisons, de temples, il est également le seul souverain auquel on puisse attribuer trois pyramides. Dans un premier temps, en effet, il s'est tourné vers le site de Meïdoum, très au sud des nécropoles de ses prédécesseurs. Là, il s'est fait construire un tombeau encore proche de la technique utilisée pour celui de Djoser : cette pyramide ne devait pas être loin de son achèvement lorsque, vraisemblablement en l'an 13 de son règne, il l'abandonna pour entreprendre à Dahchour deux nouveaux édifices, qui devaient aboutir à la pyramide parfaite. Il est difficile de savoir quelle a été la raison du déplacement de la nécropole royale à Meïdoum, puis de son retour vers le Nord. Le choix de Meïdoum voulait certainement marquer une différence par rapport à la dynastie précédente et a dû correspondre à la première moitié du règne. Sans doute la famille royale y avait-elle des attaches, puisque sa branche aînée s'y est fait enterrer, en particulier Néfermaât, qui fut vizir de Snéfrou et dont le fils, Hémiounou, assuma la même charge sous Chéops, en qui on a parfois voulu voir son oncle. Hémiounou, reprenant la tradition familiale inaugurée par Nefermaât pour Houni, fut le constructeur, pour le compte de son roi, de la grande pyramide de Gîza, ce qui lui valut l'honneur de bénéficier d'une tombe à proximité de son œuvre et d'avoir sa statue dans son tombeau. Un autre hôte illustre de Meïdoum est Rahotep, dont la statue le représentant aux côtés de son épouse Néfret est l'un des chefs-d'œuvre du Musée du Caire (fig. 33). Chéops Mais la nécropole par excellence de la IVe dynastie reste le plateau de Gîza, dominé par les pyramides de Chéops et de ses successeurs autour desquels s'organisent les rues de mastabas des fonctionnaires et dignitaires qui font cortège à leur maître dans l'au-delà. Curieux destin que celui de Chéops, en égyptien Khoufou, abréviation de Khnoum-khouefoui, « Chnoum me protège ». Sa pyramide fait de lui, depuis l'Antiquité, le symbole même du monarque absolu, dont le récit d'Hérodote se plaît à souligner la cruauté. « Il n'y eut point de méchanceté où ne se porta Chéops. Il ferma d'abord tous les temples et interdit les sacrifices aux Égyptiens. Il les fit après cela travailler pour lui. Les uns furent occupés à fouiller les carrières des monts d'Arabie, à traîner de là jusqu'au Nil les pierres qu'on en tirait et à faire passer ces pierres sur des bateaux de l'autre côté du fleuve; d'autres les recevaient et les traînaient jusqu'à la montagne de Libye. On employait tous les trois mois cent mille hommes à ce travail. Quant au temps pendant lequel le peuple fut ainsi tourmenté, on passa dix années à construire la chaussée par où on devait traîner les pierres. (...) La pyramide elle-même coûta vingt années de travail. (...) Chéops, épuisé par ces dépenses, en vint au point d'infamie de prostituer sa fille dans un lieu de débauche, et de lui ordonner de tirer de ses amants une certaine somme d'argent. J'ignore à combien se montait cette somme; les prêtres ne me l'ont point dit. Non seulement elle exécuta les ordres de son père, mais elle voulut aussi laisser elle-même un monument. Elle pria tous ceux qui la venaient voir de lui donner chacun une pierre. Ce fut de ces pierres, me dirent les prêtres, qu'on bâtit la pyramide qui est au milieu des trois, en face de la grande pyramide, et qui a un phlètre et demi de chaque côté. » (Histoires II, 124-126.) Les Égyptiens n'ont pas gardé non plus de lui un aussi bon souvenir que de Snéfrou, même si son culte est toujours attesté à l'époque saïte et sa popularité grande sous la domination romaine. C'est lui le roi qui, dans le Papyrus Westcar, se fait raconter les histoires merveilleuses du règne de ses prédécesseurs. Il y apparaît sous l'aspect traditionnel du souverain oriental des légendes, plutôt débonnaire et avide de merveilleux, familier avec ses inférieurs mais peu soucieux de la vie humaine. La construction de son tombeau reste l'un de ses soucis majeurs : le quatrième conte du papyrus le montre en quête « des chambres secrètes du sanctuaire de Thot » qu'il voudrait reproduire dans son temple funéraire. C'est pour lui l'occasion de faire la connaissance d'un magicien de Meïdoum, un certain Djédi, « un homme de cent-dix ans qui mange cinq cents pains et comme viande une moitié de bœuf, et boit cent cruches de bière encore aujourd'hui ». Le mage lui révèle que le secret qu'il veut connaître lui sera transmis... par le premier roi de la dynastie suivante, Ouserkaf, fils aîné de Rê et de la femme d'un prêtre d'Héliopolis ! La suite du papyrus raconte la naissance merveilleuse des trois premiers souverains de la Ve dynastie. Il s'interrompt avant la fin du conte, mais l'on s'aperçoit déjà que Chéops n'a pas le beau rôle entre la sagesse de ses prédécesseurs et la vertu de ses successeurs. Son comportement choque même le magicien Djédi, qui le rappelle à l'ordre lorsqu'il s'apprête à faire décapiter un prisonnier pour le plaisir de le voir lui remettre la tête en place en lui disant : « Non ! pas à un être humain, ô souverain mon maître ! Il est défendu de faire une chose pareille au troupeau de Dieu. » Il n'est d'ailleurs pas indifférent que ce mage si respectueux de la volonté divine soit originaire de Meïdoum, comme l'était probablement Snéfrou. Ces textes qui mettent en scène les rois de la IVe dynastie ont tous été écrits après que la Première Période Intermédiaire eut remis en cause l'image monolithique de la royauté de l'Ancien Empire : il paraît donc logique qu'ils s'attaquent à ceux dont les constructions en sont le symbole le plus démesuré et déforment ainsi la réalité (Posener : 1969, 13). Mais, si cela est vrai, pourquoi Snéfrou qui, plus encore que ses successeurs, fut un bâtisseur de pyramides, est-il épargné ? La tradition littéraire mise à part, Chéops est peu connu, et même, paradoxalement, nous ne possédons de lui — qui a fait édifier le plus grand monument d'Égypte, l'une des sept merveilles du monde — qu'une minuscule statuette en ivoire de 9 cm de haut qui le représente assis sur un trône cubique, vêtu du pagne chendjit et coiffé de la couronne rouge de Basse-Égypte. Cet unique portrait, trouvé brisé en 1903 par Fl. Petrie à Abydos, est conservé aujourd'hui au Musée du Caire. Peu de documents fournissent des renseignements sur son règne : un graffito dans le Ouadi Maghara montre qu'il a poursuivi l'œuvre de son père dans le Sinaï, tandis qu'une stèle dans les carrières de diorite situées dans le désert nubien à l'ouest d'Abou Simbel témoigne de son activité au sud de la Première Cataracte. On ne sait même pas combien de temps il a gouverné le pays : vingt-trois ans pour le Canon de Turin, soixante-trois pour Manéthon. Les héritiers de Chéops Chéops eut deux fils qui lui succédèrent. Chacun était né d'une mère différente. Le premier est Djedefrê (Didoufri), qui monte sur le trône à la mort de son père. Sa personnalité et son règne restent obscurs; on ne saurait même pas dire s'il régna seulement huit ans, comme le note le Canon de Turin, ou plus (sans aller jusqu'aux soixante-trois ans de Manéthon). Sa prise de pouvoir marque pourtant un tournant indiscutable, annonciateur des bouleversements de la fin de la dynastie. Il est le premier souverain à porter dans sa titulature le nom de « fils de Rê » et choisit de quitter Gîza pour Abou Roach, à une dizaine de kilomètres au nord, où il fait construire son tombeau. Le choix de ce site n'est pas indifférent; sans doute faut-il y voir un retour aux valeurs antérieures à Chéops. Cette partie du plateau a déjà été utilisée en effet à la IIIe dynastie. De plus, Djedefrê reprend l'orientation nord-sud et un plan rectangulaire sans doute inspiré des modèles de Saqqara. Ce complexe, qui comportait un temple de culte, une immense chaussée montante et un temple d'accueil qui n'a pas encore été dégagé, n'a pas été achevé, ce qui est un des éléments qui laisse supposer que Djedefrê a eu un règne assez court. Il a, de plus, été très largement pillé. Mais cela n'est peut-être pas significatif : il a été construit à l'aide de matériaux précieux comme la syénite et le quartzite rouge du Gebel el-Ahmar qui ont dû exciter des convoitises. C'est ainsi que E. Chassinat a retrouvé en 1901 aux abords de la pyramide tout un lot de fragments provenant d'un ensemble d'une vingtaine de statues de quartzite représentant le roi, dont les plus beaux, qui sont parmi les chefs-d'œuvre de la plastique royale de l'Ancien Empire, sont conservés aujourd'hui au Musée du Louvre. La place de Djedefrê dans la famille royale, en particulier ses liens avec son demi-frère Chéphren qui lui succède, ne sont pas clairs. On ne connaît pas le nom de sa mère, mais on sait qu'il a probablement épousé sa demi-sœur, Hétephérès II, qui a été également l'épouse de Kaouâb. Celui-ci fut prince héritier de Chéops, mais mourut avant son père, non sans avoir été son vizir. On connaît sa tombe, l'une des toutes premières du cimetière oriental de la pyramide de son père et l'on sait que sous Ramsès II son souvenir était conservé, puisque le prince Khâemouaset fit restaurer une statue de lui dans le temple de Memphis. De l'union de Kaouâb et d'Hétephérès II est née la princesse Meresânkh III, qui épousera Chéphren, tandis que Héte-phérès Fig. 21 Généalogie sommaire de la IVe dynastie, générations 4-6 : branche aînée. II eut de Djedefrê Néferhétepès, l'une des mères « possibles » d'Ouserkaf. Kaouâb disparu, Djedefrê aurait été en compétition avec son autre demi-frère, Djedefhor, dont on a retrouvé le mastaba, inachevé et volontairement détérioré à proximité de celui de Kaouâb. Est-ce là le signe d'une persécution ? C'est difficile à dire. Ce n'est pas impossible, dans la mesure où Djedefhor est le père de la reine Khentkaous, la mère de Sahourê et Néferirkarê, qui serait donc probablement la Redjedjet du Papyrus Westcar, celle dont le magicien Djédi annonce à Chéops qu'elle mettra au monde, des œuvres de Rê, les premiers rois de la Ve dynastie. On aurait donc affaire à une lutte entre deux branches rivales. Djedefrê l'aurait emporté sur Djedefhor, puis le pouvoir serait revenu à la branche aînée avec Chéphren. Cette hypothèse est d'un certain poids au regard du jugement que porte la postérité sur les fils de Chéops. Un graffito de la XIIe dynastie trouvé au Ouadi Hammamat inclut Djedefhor et son autre demi-frère Baefrê dans la succession de Chéops après Chéphren. De plus, la tradition légitimiste a fait de lui un personnage qui est presque l'égal, par certains aspects, d'Imhotep : homme de lettres, il est l'auteur d'un Enseignement que les élèves apprenaient dans les écoles et dont bien des passages, devenus proverbiaux, sont cités par les meilleurs auteurs, de Ptahhotep à l'époque romaine; expert en textes funéraires, il a découvert dans le sanctuaire d'Hermopolis « sur un bloc de quartzite de Haute-Égypte, sous les pieds de la Majesté du dieu » quatre des plus importants chapitres du Livre des Morts : la formule du chapitre 30B, qui empêche le cœur de témoigner contre son propriétaire, celle du chapitre 64, qui est capitale, puisqu'elle ouvre la transfiguration, celle des « quatre flambeaux » (137A), celle, enfin, qui confirme la gloire du défunt dans le royaume des morts (148). Précurseur de Satni Kamoïs, c'est lui également qui introduit le magicien Djédi dans le Papyrus Westcar. Sa dimension quasi mythique empêche d'évaluer son rôle historique réel : si l'on en croit les textes, en effet, il était déjà un savant respecté sous Chéops et vivait encore sous Mykérinos. Avec Chéphren, c'est un retour à la branche aînée et à la tradition de Chéops que confirment vingt-cinq ans environ d'un règne glorieux. Il revient à Gîza pour faire édifier sa pyramide au sud de celle de son père. Il la dote d'un temple d'accueil en calcaire et granit, dans le vestibule duquel A. Mariette découvrit en 1860, au milieu de divers fragments précipités dans un puits, l'une des plus belles statues du Musée du Caire, et dont un parallèle a récemment été découvert (Vandersleyen : 1988) : Chéphren assis sur le trône royal protégé par le dieu dynastique Horus qui lui enserre la nuque de ses ailes (fig. 28). La rupture n'est probablement pas aussi forte qu'on le dit souvent. Il n'y a pas de solution de continuité idéologique entre les deux règnes. Bien au contraire, Chéphren poursuit dans la voie théologique inaugurée par son prédécesseur. Non seulement il conserve le titre de fils de Rê, mais en plus il développe, et de façon combien magistrale, l'affirmation de l'importance d'Atoum face à Rê, déjà soulignée par son prédécesseur. C'est de Djedefrê en effet que date le premier exemple connu de sphinx royal, retrouvé à Abou Roach, et, parmi les statues trouvées par E. Chassinat que nous évoquions plus haut, la magnifique tête qui est au Musée du Louvre appartenait probablement à un sphinx. Chéphren fait maçonner et sculpter un bloc monumental laissé par une excavation faite sous Chéops dans le plateau de Gîza. Il lui fait donner la forme d'un lion assis dont la tête reproduit son propre visage coiffé du némès. Ce sphinx à l'échelle de la pyramide qui sera identifié au Nouvel Empire à Harmachis, représente le roi en tant qu'hypostase d'Atoum. Sa position au pied de la nécropole ainsi que le temple que le roi fait aménager en avant montrent sa double valeur : Chéphren est « l'image vivante » — shesep ânkh, qui s'écrit à l'aide d'un hiéroglyphe représentant justement le sphinx couché — d'Atoum, à la fois de son vivant, mais aussi dans l'au-delà, une fois sa transfiguration achevée. De son épouse Khâmerernebti Ire, il a un fils, Menkaourê, « Stables sont les kaou de Rê », ou, pour reprendre la transcription d'Hérodote, Mykérinos, qui ne lui succède pas directement. Manéthon place entre les deux Bichéris, le Baefrê, « Rê est son ba », que nous avons trouvé mentionné à la XIIe dynastie aux côtés de Djedefhor et qui est probablement le même que Nebka, dont on a mis au jour la pyramide inachevée à Zaouiet el-Aryan. Mykérinos perd un fils, et c'est son autre fils, Chepseskaf, qui, ayant pris sa succession, achèvera son temple funéraire et peut-être même sa pyramide, la troisième de l'ensemble de Gîza, la plus petite, mais aussi la seule qui était revêtue dans sa partie inférieure de granit et de calcaire fin dans sa partie supérieure. Ces éléments plaident, dans le doute laissé par Manéthon, en faveur d'un règne de dix-huit ans que plutôt de vingt-huit. Chepseskaf est le dernier roi de la dynastie. Il épouse, sans doute pour resserrer les liens entre les deux branches de la famille royale, Khentkaous, la fille de Djedefhor, qui est dite dans sa tombe de Gîza « mère de deux rois de Haute et Basse-Égypte » — selon toute vraisemblance comme nous l'avons vu, Sahourê et Néferirkarê — et était considérée par les Égyptiens comme l'ancêtre de la Ve dynastie. Il ne semble pas avoir eu d'elle d'héritier, à moins que l'on doive tenir compte de l'éphémère Thamphtis (Djedefptah) de Manéthon, auquel le Canon de Turin accorde deux ans de règne. Il suit une politique Fig. 22 Généalogie sommaire de la IVe dynastie, générations 4-6 : branches cadettes. religieuse différente de celle de ses prédécesseurs : s'il prend un édit — le premier connu — pour protéger leurs domaines funéraires, il rompt pour lui-même avec la tradition et se fait construire à Saqqara-sud un tombeau en forme de grand sarcophage. Khentkaous, elle aussi, paraît partagée : elle possède deux tombeaux, l'un à Gîza, l'autre à Abousir, à proximité de la pyramide de son fils, mais dans un style qui marque un net retour à la IIIe dynastie. Cette distance prise par rapport aux conceptions héliopolitaines apparaît encore dans le choix par Chespseskaf du grand prêtre de Memphis Ptahchepses comme époux pour sa fille Khâmaât. Ouserkaf et les premiers temps de la Ve dynastie La montée sur le trône d'Ouserkaf, « Puissant est son ka », ne semble pas avoir provoqué de bouleversements dans le pays ni dans l'administration (on connaît des exemples de maintien dans leur poste de fonctionnaires de la IVe dynastie, comme Nykaânkh à Tehna en Moyenne-Égypte). D'ailleurs, il n'y a que le Papyrus Westcar pour faire de lui un enfant de Redjedjet, donc peut-être de Khentkaous : une tradition solide voit en lui un fils de la princesse Néferhétepès, dont le Musée du Louvre possède un extraordinaire buste en calcaire (Vandier : 1958, 48-49). Il serait alors le petit-fils de Djedefrê et de la reine Hétephérès II : un descendant de la branche cadette de la famille royale... Mais tout dépend de l'identité du mari de Hétephérès ! On ne le connaît pas : est-ce lui le « prêtre de Rê, seigneur de Sakhébou » du Papyrus Westcar ? Ouserkaf se fait, en effet, construire à Saqqara-nord, à quelque distance du complexe de Djoser, une pyramide de dimensions modestes et aujourd'hui très ruinée, mais, dans le même temps, il inaugure une tradition qui sera suivie par ses successeurs en faisant édifier à Abousir un temple solaire qui devait être une réplique de celui d'Héliopolis, la ville dont se réclame par excellence la nouvelle dynastie. Le choix du site d'Abousir, où se feront enterrer Sahourê, Néferirkarê et Niouserrê, est sans doute lié au lieu d'origine même de la nouvelle famille royale, cette ville de Sakhébou, dans laquelle on s'entend généralement pour voir Zat elkôm, à une dizaine de kilomètres au nord d'Abou Roach, à peu près au niveau du point où le Nil se sépare en deux branches, celle de Rosette et celle de Damiette. Le nouvel ordre des choses est également exprimé dans le nom d'Horus que se choisit Ouserkaf, iry-maât, « celui qui met en pratique Maât », l'équilibre de l'univers qu'assure le créateur : c'est-à-dire qu'il se considère comme celui qui remet en ordre la création. Son règne fut probablement court, plus proche des sept ans que lui accorde le Canon de Turin que des vingt-huit de Manéthon, et l'abandon de son culte funéraire à la fin de la Ve dynastie montre assez son importance relative. Il a toutefois eu une certaine activité, en particulier en Haute-Égypte où il développa le temple de Tôd consacré à Montou, le dieu de la Thébaïde avant d'être celui de la guerre. De son règne également dateraient les rapports de l'Égypte avec le monde égéen : on a retrouvé dans son temple funéraire un vase provenant de Cythère. C'est le premier témoignage connu de ces relations, probablement commerciales, attestées à la Ve dynastie par la présence à Dorak d'un siège estampillé au nom de Sahourê et, dans la région, d'objets portant les noms de Menkaouhor et Djedkarê-Izézi. La suprématie héliopolitaine La Ve dynastie semble avoir ouvert l'Égypte sur l'extérieur, autant vers le nord que vers le sud. Les reliefs du temple funéraire que le successeur d'Ouserkaf, Sahourê, se fit construire à Abousir montrent, outre des représentations de pays vaincus qui sont plus un lieu commun de la phraséologie qu'un témoignage historique, le retour d'une expédition maritime probablement à Byblos, avec des prolongements dans l'arrière-pays syrien, si l'on en croit la présence d'ours dans ces régions. On a prêté également à Sahourê une campagne contre les Libyens, sur la réalité de laquelle des doutes sont permis. Il semblerait que l'essentiel des relations qu'il a entretenues avec les pays étrangers aient eu, comme sous le règne d'Ouserkaf, une base économique, qu'il s'agisse de l'exploitation des mines du Sinaï, des carrières de diorite qu'il reprend à l'ouest d'Assouan ou d'une expédition au pays de Pount que lui attribue la Pierre de Palerme et dont on retrouve peut-être trace sur les reliefs de son temple funéraire. Les Égyptiens localisaient Pount dans le « Pays du dieu » — un nom qui désigne depuis le début du Moyen Empire les contrées orientales. On pense qu'il devait se situer quelque part entre l'est du Soudan et le nord de l'Érythrée. C'est un pays dont ils importaient essentiellement de la myrrhe et, plus tard, de l'encens, mais aussi de l'électrum, de l'or, de l'ivoire, de l'ébène, des résines, des gommes, des peaux de léopards, etc. : autant de produits exotiques, tous localisables en Afrique. Les relations commerciales avec Pount sont attestées tout au long des Ve et VIe dynasties, surtout au Moyen Empire, où les expéditions menées pour le compte de Montouhotep III par Hénénou, puis par d'autres pour celui de Sésostris Ier et Amenemhat II donnent des indications précieuses sur le chemin suivi. Ces expéditions, parties de la région de Thèbes, gagnaient le Ouadi Hammamat, puis embarquaient à Mersa Gawasis, où les fouilles conjointes de l'université d'Alexandrie et de l'Organisation des Antiquités Égyptiennes ont mis au jour il y a quelques années des installations portuaires du Moyen Empire. Au terme d'une navigation sur la mer Rouge dont on retrouve trace sur les reliefs que la reine Hatchepsout, à la XVIIIe dynastie, fit graver sur les parois de son temple funéraire de Deir el-Bahari pour commémorer une expédition qu'elle y envoya, elles devaient toucher terre du côté de Port-Soudan, et, de là s'enfoncer vers l'ouest, vers le sud de la Cinquième Cataracte. Ces relations, poursuivies au Nouvel Empire par Thoutmosis III, Amenhotep III, Horemheb, Séthi Ier, Ramsès II et surtout Ramsès III, s'estompent ensuite, pour ne plus relever que du mythe à la fin de l'époque pharaonique. Le règne des successeurs immédiats de Sahourê est mal documenté. De la politique de Néferirkarê-Kakaï, son frère d'après le Papyrus Westcar, on ne peut pas dire grand-chose, sinon que c'est probablement sous son règne que fut gravée la Pierre de Palerme. Son temple funéraire d'Abousir a livré, de 1893 à 1907, un très important lot de papyri documentaires datant du règne d'Izézi à celui de Pépi II. Cet ensemble était la plus importante archive connue de l'Ancien Empire jusqu'à ce que la mission de l'Institut Égyptologique de l'Université de Prague découvre non loin de là, en 1982, un lot encore plus riche dans un magasin du temple funéraire de Rênéferef. L'étude des quatre trouvailles d'Abousir et de celles du temple funéraire de Rênéferef, venues s'y ajouter ces dernières années, complétera notre connaissance du fonctionnement des grands domaines royaux de l'Ancien Empire. Entre Néferirkarê et Rênéferef se situe le règne de Chepseskarê, souverain éphémère qui n'a dû régner que quelques mois et dont la seule trace conservée, Manéthon mis à part, est une empreinte de sceau provenant d'Abousir. Rênéferef, en revanche, est mieux connu, surtout depuis que la mission tchèque a entrepris de fouiller son temple funéraire. Les découvertes faites de 1980 à 1986 ont modifié quelque peu l'image que l'on avait de ce roi, que sa pyramide inachevée laissait supposer secondaire : en plus de la grande trouvaille des papyri et des tablettes inscrites, les barques de bois, les statues de prisonniers et celles du roi mises au jour en 1985 témoignent de la grandeur de ce souverain méconnu. Niouserrê régna environ vingt-cinq ans. Il était peut-être le fils de Néferirkarê dont il réutilisa pour son temple d'accueil les constructions inachevées à Abousir. Il est surtout connu pour le temple solaire qu'il fit édifier à Abou Gourob, le seul entièrement en pierre qui nous soit parvenu presque complet et dont l'architecture et les reliefs donnent une idée de ce que devait être son modèle héliopolitain. On en a déduit que son règne marquait l'apogée du culte solaire, ce qui est sans doute exagéré. Il faut toutefois constater qu'un certain changement intervient après lui : son successeur, Menkaouhor, dont on ne sait pas grand-chose sinon que, comme Niouserrê, il entretint l'activité des mines du Sinaï, ne s'est pas fait enterrer à Abousir. On hésite, pour sa pyramide, qui n'a pas été retrouvée, entre Dahchour et Saqqara-nord où il bénéficiait d'un culte au Nouvel Empire (Berlandini, RdE 31, 3-28). Mais l'attribution de la pyramide ruinée située à l'est de celle de Téti à Saqqara-nord à Menkaouhor se heurte à un problème de stratigraphie difficilement surmontable : l'imbrication dans les vestiges de son coin sud d'un mastaba de la IIIe dynastie (Stadelmann, LÄ IV, 1219). On ne sait pas non plus si son temple solaire, connu également par les inscriptions, se trouvait à Abousir. Dans ce cas, il serait le dernier à utiliser ce site, tous ses successeurs ayant ensuite choisi Saqqara. C'est l'époque où les fonctionnaires provinciaux et ceux de la Cour gagnent en puissance et en autonomie, créant un mouvement qui ne cessera de s'accentuer, minant progressivement l'autorité du pouvoir central. On peut juger de cette ascension à la richesse du mastaba de l'un d'eux, Ti, qui épousa une princesse, Néferhétepès, fit carrière sous Néferirkarê-Kakaï et mourut sous Niouserrê. Il est enterré à Saqqara (cf. infra fig. 61). Ce « perruquier en chef de la maison royale » avait la haute main sur les domaines funéraires de Néferirkarê et Néferefrê. Il était également contrôleur des étangs, des fermes et des cultures. La taille et la qualité de la décoration du tombeau qu'il se fit aménager pour lui-même et sa famille étaient encore hors de portée d'un simple particulier à la dynastie précédente. Izézi et Ounas Izézi mène une politique qui, sans s'écarter du dogme héliopolitain, prend ses distances avec lui. Il choisit un nom de roi de Haute et Basse-Égypte qui continue à le placer sous l'invocation de Rê : Djedkarê, « Stable est le ka de Rê »; mais il n'entreprend pas de temple solaire et se fait enterrer à Saqqara-sud, plus près de Memphis donc, à proximité du village moderne de Saqqara. Son règne est long : Manéthon lui accorde une quarantaine d'années, chiffre que ne confirme pas le Canon de Turin, qui ne lui en donne que vingt-huit. De toute façon, cela représente le temps au moins d'une fête jubilaire, attestée par un vase conservé au Musée du Louvre. Comme Sahourê, il mène une vigoureuse politique extérieure qui le conduit vers les mêmes partenaires : le Sinaï où deux expéditions sont attestées à dix ans d'intervalle dans le Ouadi Maghara, les carrières de diorite à l'ouest d'Abou Simbel — cette dernière expédition étant évoquée par un graffito trouvé à Tômas —, et, beaucoup plus loin, Byblos et le Pays de Pount. L'accroissement du pouvoir des fonctionnaires continue sous son règne, et l'on voit naître de véritables féodalités. Les vizirs qui se sont succédé pendant ce tiers de siècle ont laissé eux aussi à Saqqara des tombeaux qui témoignent de leur opulence, comme, par exemple, Rêchepses, qui fut également le premier gouverneur de Haute-Égypte. Le plus célèbre d'entre eux est Ptahhotep, dont la tradition fait l'auteur d'un Enseignement, auquel les textes sapientiaux et royaux feront référence jusqu'à l'époque éthiopienne. En réalité, il faudrait parler de plusieurs Ptahhotep, dont deux possèdent un tombeau à Saqqara, dans le secteur au nord de la pyramide de Djoser. Le vizir de Djedkarê est celui qui est enterré seul (PM III2 596 sq.). Son petit-fils, Ptahhotep Tchéfi, qui vécut jusque sous Ounas, est enterré à proximité, dans une annexe du mastaba d'Akhtihotep, fils du vizir et vizir lui-même (PM III2 599). C'est à lui que l'on attribue des Maximes, qui nous sont parvenues à travers une dizaine de manuscrits. Parmi ceux-ci, un papyrus et trois ostraca proviennent du village d'artisans de Deir el-Médineh, ce qui confirme l'audience de ce texte à l'époque ramesside, où il était encore matière à enseignement dans les écoles de scribes. L'attribution de cette œuvre à Ptahhotep ne veut pas nécessairement dire qu'il en est l'auteur. Les plus anciennes copies datent du Moyen Empire et ne permettent pas d'affirmer que l'original remonte à l'Ancien Empire et, plus spécialement, à la fin de la Ve dynastie, même si l'on sait qu'il était déjà cité à la XIIe dynastie. La question est d'ailleurs sans grande importance : on a attribué ces Maximes, dont le contenu, très conformiste, définit des règles de vie générales, à Ptahhotep, selon toute vraisemblance parce qu'il était le symbole de ces hauts fonctionnaires garants de l'ordre établi. Le personnel politique et administratif reste remarquablement stable, contrairement à la famille régnante qui s'éteint avec Ounas, dont on suppose, sans garantie, qu'il est le fils de Djedkarê. Le découpage de Manéthon fait de lui le dernier souverain de la Ve dynastie, et l'on arrête généralement à son règne la période classique de l'Ancien Empire pour faire de la VIe dynastie le début d'une décadence qui englobe toute la Première Période Intermédiaire, jusqu'à la réunification des Deux Terres par Montouhotep II. Cette coupure est doublement artificielle. D'abord parce qu'elle n'est qu'une projection du découpage de Manéthon, mais aussi parce qu'elle fait violence au cours de l'Histoire en créant une rupture que l'historiographie égyptienne n'a pas perçue comme telle. Outre le fait que l'on connaisse bon nombre de fonctionnaires qui ont servi successivement Djedkarê, Ounas et Téti, le premier roi de la VIe dynastie, l'ère d'Ounas est loin de sentir la décadence ! Sous son règne, auquel le Canon de Turin et Manéthon s'accordent pour attribuer une trentaine d'années, l'Égypte poursuit une diplomatie active avec Byblos et la Nubie, et le roi est connu comme bâtisseur, à Éléphantine et surtout à Saqqara-nord, où son complexe funéraire, restauré sous Ramsès II par le prince Khâemouaset, témoigne d'une grandeur qui lui valut plus tard le rang de divinité locale. Naissance de la VIe dynastie Même si l'Ancien Empire est à son apogée et si aucune trace de violence n'est visible, il est probable que les féodalités installées dans le pays faisaient peser quelque menace sur le pouvoir central. À ce problème s'en ajoutait un autre : l'absence d'héritier mâle. Il semblerait que la montée sur le trône de Téti ait fourni une solution à cette double crise. Il prend en effet comme nom d'Horus Séhétep-taoui, « Qui pacifie les Deux Terres », ce qui laisse augurer de son programme politique. Ce nom, en effet, sera repris au cours de l'histoire de l'Égypte, et toujours par des rois qui ont eu à rétablir l'unité du pays après des troubles politiques graves : Amenemhat Ier, Apophis, Pétoubastis II, Pi(ânkh)y... D'un autre côté, bien loin de rompre avec la dynastie précédente, il épouse une fille d'Ounas, Ipout, qui lui donnera Pépi Ier. Inscrit dans la lignée légitime, il pratique une politique d'alliance avec la noblesse en donnant sa fille aînée Sechechet à Mérérouka, qui fut son vizir, puis le contrôleur des prêtres de sa pyramide, à proximité de laquelle il se fit enterrer, dans l'un des plus beaux mastabas de Saqqara-nord. La pyramide que Téti se fait édifier, la deuxième pyramide à textes après celle d'Ounas, marque un retour à certaines traditions de la IVe dynastie. Il renoue en particulier avec les pyramides de reines, alors qu'Ounas s'était contenté de mastabas pour ses épouses. Celle de la reine Khouit a disparu; mais on a retrouvé les restes d'Ipout dans une petite pyramide élevée à une centaine de mètres au nord-ouest de celle de son époux. Sans doute sa politique de pacification porta-t-elle des fruits. Son activité de législateur est attestée à Abydos par un décret exemptant le temple de l'impôt; il est aussi le premier souverain nommément en relation avec le culte d'Hathor à Dendara. Surtout, signe de la bonne santé de la politique intérieure, il poursuit les relations internationales de la Ve dynastie : toujours avec Byblos, peut-être avec Pount et la Nubie, en tout cas au moins jusqu'à Tômas. Les diverses sources ne s'accordent pas sur la durée de son règne : moins de sept mois pour le paryrus de Turin, ce qui n'est pas plausible, trente ou trente-trois ans pour Manéthon, ce qui paraît trop, dans la mesure où l'on n'a pas pour lui d'attestation d'une fête jubilaire. La plus basse date connue est celle du « sixième recensement », opération qui avait lieu en moyenne tous les deux ans ou tous les ans et demi. Manéthon dit qu'il périt assassiné. Voilà qui conforte l'idée de troubles civils et constitue un second point de rencontre avec Amenemhat Ier ! Cette mort violente expliquerait le court règne de son successeur, Ouserkarê, dont le nom — « Puissant est le ka de Rê » — a des résonances tellement proches de la Ve dynastie qu'on a parfois voulu voir en lui l'un des chefs de l'opposition qui aurait, selon Manéthon, assassiné Téti. Contrairement à ce que l'on écrit souvent, Ouserkarê n'est pas totalement inconnu. Il n'est certes cité que par le Canon de Turin et la liste d'Abydos, mais on possède quelques autres documents portant son nom. L'un mentionne une équipe de travailleurs salariés provenant du nome de Qau el-Kébir, au sud d'Assiout, engagée pour des grands travaux, sans doute la construction de son tombeau. Le passage à Pépi Ier paraissant s'être fait sans heurt, peut-être faut-il au contraire voir en lui un appui qui aurait favorisé la régence de la reine Ipout, veuve de Téti, pour le compte de son fils trop jeune pour accéder au pouvoir. Fig. 23 Généalogie sommaire de la VIe dynastie : générations 1-4. Pépi Ier La longueur du règne de Pépi Ier — une cinquantaine d'années pour Manéthon et autant pour le Canon de Turin malgré une faute de copie, en réalité au moins quarante — laisse supposer qu'il est monté très jeune sur le trône : dès la fin de la régence de sa mère. Il prend comme nom d'Horus mery-taoui, « Celui qu'aiment les Deux Terres », ce qui suppose à tout le moins une volonté d'apaisement. Mais deux événements laissent à penser que les difficultés évoquées plus haut devaient prendre une réalité de plus en plus grande. Le premier est un fait difficile à localiser avec précision dans le règne et pour lequel on ne possède qu'un seul témoignage direct : une conspiration aurait été ourdie contre le roi dans le harem et se serait soldée par le châtiment de l'épouse coupable et — du moins on peut le supposer — du fils pour le bénéfice duquel elle agissait. Le témoignage en question est celui que nous a laissé un officier nommé Ouni dans l'autobiographie qu'il fit graver dans sa chapelle funéraire à Abydos. L'autobiographie est le genre littéraire le plus ancien de l'Égypte; c'est aussi le mieux documenté. À l'époque qui nous occupe, il s'agit d'un récit, écrit exclusivement dans la chapelle funéraire et qui joue le même rôle que les diverses représentations du défunt : le caractériser en marquant à travers les étapes importantes de sa vie ce qui le rend digne de jouir de l'offrande funéraire. Autant dire que ces textes tiennent le plus souvent de la pièce justificative. Mais à côté du panégyrique traditionnel qui tend à faire du bénéficiaire un modèle d'intégration dans l'ordre de l'univers, ces textes comportent une partie purement descriptive qui retrace sa carrière. Par la suite, ces biographies ne se cantonnent plus dans les chapelles funéraires : on les grave au dos de statues ou sur des stèles qui ne sont pas nécessairement liées aux nécropoles. Elles reflètent l'évolution de la société : loyalisme « humaniste » sous l'Ancien Empire, individualisme traduisant la montée des pouvoirs locaux, puis retour, au Moyen Empire, à un loyalisme plus lié à une adhésion personnelle, — ce qui peut aller jusqu'à des formes très romancées : le conte de Sinouhé par exemple. À partir du Nouvel Empire, leur intérêt historique augmente, dans la mesure où, tout en conservant les lois du genre, elles ont tendance à se libérer des contraintes de la phraséologie pour laisser une plus grande place à l'individu. Le mouvement s'accentue au Ier millénaire avant notre ère pour arriver à des compositions qui, comme chez Pétosiris, rejoignent les ouvrages philosophiques que sont devenus les traités sapientiaux. Ouni, lui, a servi les trois premiers pharaons de la VIe dynastie, et sa carrière est un modèle du cursus des fonctionnaires, avec tous les stéréotypes que cela implique : passage de l'administration à l'armée, puis, après une dotation funéraire royale, aux grands travaux, de l'exploitation des carrières au percement d'un canal à la Première Cataracte. Le tout est exprimé dans une forme littéraire achevée, qui ne rend pas toujours facilement perceptible la réalité des faits : « Il y eut un procès dans le harem royal contre l'épouse royale grande favorite, en secret. Sa Majesté fit que je me porte à juger seul, sans qu'il y eût aucun vizir de l'État, ni aucun magistrat là sauf moi, parce que j'étais capable, parce que j'avais du succès (?) dans l'estime de Sa Majesté, parce que Sa Majesté avait confiance en moi. C'est moi qui mis (le procès-verbal) par écrit étant seul avec un attaché de l'État à Hiérakonpolis qui était seul, alors que ma fonction était celle de directeur des employés du grand palais. Jamais quelqu'un de ma condition n'avait entendu un secret du harem royal auparavant, mais Sa Majesté me le fit écouter, parce que j'étais capable dans l'estime de Sa Majesté plus que tout sien magistrat, plus que tout sien dignitaire, plus que tout sien serviteur. » (Roccati : 1982, 192-193.) Cette conspiration trouve des échos dans le dernier tiers du règne : l'année du 21e recensement, le roi épouse successivement deux filles d'un noble d'Abydos, Khoui. Ces deux reines, qui reçoivent toutes deux lors de leur mariage le nom d'Ankhenesmérirê — « Mérirê vit pour elle » —, vont chacune lui donner des enfants. La première est la mère de Mérenrê et de la princesse Neit, qui épousera son demi-frère Pépi II, né, lui, de l'union de Pépi Ier et de Ankhenesmérirê II. Il est d'autant plus tentant de lier ce remariage à la conspiration que c'est de lui que sont issus les successeurs de Pépi Ier, et qu'il s'accompagne d'un changement manifeste de politique. L'alliance avec la famille de Khoui privilégie la noblesse abydénienne au-delà même du mariage, puisque le fils de Khoui, Djâou sera, au moins en titre, vizir de Merenrê, puis de Pépi II, auprès duquel on suppose qu'il a joué dans les débuts de son règne le rôle d'un tuteur. Le choix d'une famille d'Abydos répond sans doute au désir de s'attacher la Moyenne et Haute-Égypte dont les liens avec le pouvoir central se relâchaient et qui jouait un rôle clef dans le transit à la fois caravanier et fluvial entre le Sud et le Nord. Cette position explique d'ailleurs en partie la puissance des provinces comme celle d'Hérakléopolis à la Première et à la Troisième Période Intermédiaire. Pépi Ier conduit également une politique de présence en faisant mener des grands travaux dans les principaux sanctuaires de Haute-Égypte : Dendara, Abydos, Éléphantine, Hiérakonpolis où F. Green et J. Quibell ont découvert deux statues de cuivre, aujourd'hui conservées au Musée du Caire, figurant, l'une, la plus grande, Pépi Ier en taille réelle (fig. 30) et l'autre, beaucoup plus petite, Mérenrê ainsi associé à son père. Tous deux foulent aux pieds les Neuf Arcs, c'est-à-dire la représentation stylisée des nations traditionnellement soumises à l'Egypte et qui sont à la cosmologie pharaonique plus ou moins ce que sont les Barbares pour les Grecs. Cette affirmation du pouvoir royal, sensible également en Basse-Égypte, avec des travaux dans le temple de Bubastis, se double d'un retour évident aux valeurs anciennes : Pépi Ier modifie son nom de couronnement, Néferzahor, en Mérirê, « Le zélateur de Rê ». Il édicte également, en l'an 21, une charte immunitaire pour la ville née du domaine funéraire de Snéfrou à Dahchour. Sa propre « ville de pyramide », Mennéfer-Pépi, implantée à proximité du temple de Ptah dans la capitale, donnera son nom, à la XVIIIe dynastie, à la ville de Memphis tout entière. L'expansion vers le sud Son fils Mérenrê Ier, « L'aimé de Rê », marque nettement ses liens avec la Haute-Égypte en adoptant comme nom de couronnement Antiemzaf, « Anti est sa protection », Anti étant un dieu faucon guerrier adoré du 12e au 18e nome de Haute-Égypte et particulièrement à Deir el-Gebrawi. Le fait qu'il soit monté jeune sur le trône confirme la date tardive du remariage de Pépi Ier qui laissait de ses deux épouses des héritiers en bas âge. Mérenrê meurt rapidement, peut-être après neuf ans de règne, et son demi-frère Pépi II, lorsqu'il lui succède, n'est âgé que de dix ans. L'état inachevé de la pyramide qu'il se fit édifier à proximité de celle de son père à Saqqara-sud confirme que la mort de Mérenrê a été prématurée ; il reste toutefois hasardé de risquer un âge précis : on a bien retrouvé dans son caveau le corps d'un jeune homme, mais il s'agit probablement d'une réutilisation de cette tombe, qui, étant inachevée, offrait un accès facile aux pillards et, ensuite, à d'éventuels réutilisateurs. Mérenrê a poursuivi la politique de son père : sur le plan économique avec l'exploitation des mines du Sinaï et, pour la construction de sa pyramide, des carrières de Nubie, d'Éléphantine et d'Hatnoub où un graffito vient confirmer la relation qu'Ouni donne de ces campagnes dans son autobiographie. Il conserve également la même ligne politique en gardant le contrôle de la Haute-Égypte, dont il confie le gouvernorat à Ouni. C'est surtout hors d'Egypte que Mérenrê a déployé une activité qui fait de son règne un moment fort de la VIe dynastie. En Syro-Palestine, il bénéficie des campagnes menées pour le compte de son père par Ouni, auquel ses succès valurent d'être nommé gouverneur de Haute-Égypte : « Sa Majesté repoussa les Aamou qui-habitent-le-sable, après que Sa Majesté eut rassemblé une expédition très nombreuse de toute la Haute-Égypte, au sud d'Éléphantine, au nord du nome d'Aphroditopolis, de la Basse-Égypte, de ses deux administrations entières (...) Sa Majesté m'envoya à la tête de cette expédition alors que les princes, alors que les trésoriers du roi, alors que les Amis uniques de la grande demeure, alors que les chefs et les gouverneurs de demeure de Haute et de Basse-Egypte (...) étaient à la tête des troupes de Haute et de Basse-Égypte, des demeures et des villes qu'ils gouvernaient, des Nubiens de ces régions. C'est moi qui leur fournis le plan (...). Cette armée est revenue en paix, après avoir rasé le pays des Habitants-du-sable. Cette armée est revenue en paix, après avoir renversé ses villes fortifiées. Cette armée est revenue en paix, après avoir coupé ses figuiers et ses vignobles. Cette armée est revenue en paix, après avoir mis au feu tous ses hommes. Cette armée est revenue en paix, après y avoir tué des troupes très nombreuses. Cette armée est revenue en paix, [après avoir ramené de là des troupes (?)] en grand nombre Fig. 24 Les voies de pénétration égyptienne vers le Sud (d'après J. Vercoutter, MIFAO 104, 167). comme prisonniers. Sa Majesté me récompensa pour cela généreusement. Sa Majesté m'envoya cinq fois rassembler la même expédition pour écraser le pays des Habitants-du-sable, chaque fois qu'ils se révoltaient contre ces troupes (...). Je traversai la mer sur des bateaux appropriés avec ces troupes, et je touchai terre derrière la hauteur de la montagne au Nord du pays des Habitants-du-sable, tandis que toute une moitié de ce corps d'expédition restait sur le chemin terrestre. Je revins en arrière après les avoir encerclés tous, de façon que tout ennemi parmi eux fût tué. » (Roccati : 1982, 194-195.) C'est surtout sous son règne que porte ses fruits la politique égyptienne d'expansion en Nubie que l'on suit à travers les inscriptions laissées par les expéditions successives à Tômas, par où se faisait le transit entre le Nil et les pistes caravanières permettant de contourner la Première Cataracte par l'oasis de Dounkoul pour accéder au pays de Ouaouat. Mérenrê y est attesté, tout comme Pépi Ier, et l'on y retrouve mentionnés les fonctionnaires qu'ils ont envoyés assurer la mainmise de l'Égypte sur cette partie de la Nubie, du nord au sud de la Troisième Cataracte. C'est avant tout un pays fertile, dans lequel se développe la civilisation de Kerma et où naîtra plus tard celle de Kouch, qui est à même de fournir à l'Égypte bon nombre des denrées exotiques qu'elle allait chercher également à l'est du Nil, dans le pays de Pount. C'est aussi le point de passage vers l'Afrique subéquatoriale par le Darfour et le Kordofan. Si l'on en croit trois graffiti de la région d'Assouan, Mérenrê reçut dans sa dixième année de règne la soumission des chefs de Basse Nubie, y compris du pays de Ouaouat. La conquête de la Nubie passait par le contrôle des pistes caravanières et des oasis du désert occidental qu'elles commandaient. Horkhouef, gouverneur d'Éléphantine enterré à Qoubbet el Hawa en face d'Assouan, entreprit trois voyages dans ce but. Il raconte dans l'autobiographie qui décore la façade de sa tombe comment il gagna par deux fois le pays de Iam, « par la route d'Éléphantine » ; mais la troisième fois, il prit un autre chemin : « Sa Majesté m'envoya encore, pour la troisième fois, à Iam. C'est par la route de l'Oasis que je sortis du nome thinite, et je rencontrai le gouverneur de Iam en train de marcher vers le pays de Tjémeh vers l'ouest. Je montai derrière lui vers le pays des Tjémeh, et je le vainquis de façon qu'il pria tous les dieux pour le Souverain (...) [Je descendis en Imaaou (?)], qui est au midi de Irtjet et au fond de Zatjou, et je trouvai le gouverneur de Irtjet, Zatjou et Ouaouat tous ensemble en une coalition. Mais je descendis avec trois cents ânes chargés d'encens, ébène, huile-hekenou, des grains-sat, peaux de panthère, défenses d'éléphants, boomerangs, toutes choses belles de valeur, puisque le gouverneur de Irtjet, Zatjou et Ouaouat voyait la force multiple des troupes de Iam, qui descendaient avec moi à la Résidence, avec l'expédition envoyée avec moi (...) » (Roccati : 1982, 205.) La « route des Oasis » mène, au départ du nome thinite, vers Kharga, puis, de là, par la « piste des quarante jours », le Darb el-Arbaïn, vers Sélima. Elle rejoint également, au nord de Kharga, la piste qui conduit vers l'ouest où se trouvent les Tjéméhou en traversant Dakhla, puis Farafra. Les fouilles récentes de l'Institut Français d'Archéologie Orientale et du Royal Ontario Museum ont largement confirmé la colonisation de l'oasis de Dakhla au moins au début de la VIe dynastie sinon plus tôt. Les habitants de la vallée atteignaient la région de Balat, à l'entrée de l'oasis, par le Darb et-Tawil dont le débouché se situe à proximité de la ville moderne de Manfalout. Cette colonisation s'est faite afin d'exploiter les ressources agricoles propres de l'oasis, qui étaient loin d'être négligeables, et aussi pour contrôler le passage du Sud à l'Ouest et au Nord (Giddy : 1987, 206-212). Peut-être trouve-t-on d'ailleurs une confirmation du rôle de frontière joué par l'oasis sur une poupée d'exécration maudissant les populations de Iam retrouvée dans la ville agricole de Balat (Grimal : 1985). Quoi qu'il en soit, l'ouverture de l'Égypte sur l'Afrique et le cours supérieur du Nil va se poursuivre encore sous le long règne de Pépi II, qui fut une période brillante pour l'oasis de Dakhla. Le jeune Pépi II, à peine monté sur le trône, puisqu'il n'a alors succédé à son demi-frère que depuis un an, très impressionné par les voyages d'Horkhouef, lui envoie une lettre que le courtisan n'a pas manqué de faire figurer en bonne place dans le récit de sa vie : « Tu as dit (...) que tu as ramené un pygmée du pays des habitants de l'horizon à l'est pour les danses du dieu, lequel est comme le nain que ramena le trésorier du dieu Ourdjédedba du pays de Pount au temps d'Izézi. Tu as dit à Ma Majesté que jamais n'a été ramené son semblable par personne d'autre qui a parcouru Iam auparavant (...). Viens donc en bateau à la Résidence tout de suite. Quitte les autres et amène avec toi ce nain, que tu ramènes du pays des habitants de l'horizon vivant, sain et sauf, pour les danses du dieu et pour réjouir le cœur du roi de Haute et Basse-Égypte Néferkarê, qu'il vive éternellement. S'il monte avec toi dans le bateau, place des hommes capables, qui se tiennent autour de lui des deux côtés du bateau pour éviter qu'il ne tombe dans l'eau. S'il dort la nuit, place des hommes capables pour dormir autour de lui dans sa cabine. Effectue un contrôle dix fois par nuit. Ma Majesté souhaite voir ce nain plus que les produits des carrières de Pount. Si tu arrives à la Résidence, tandis que ce nain est avec toi, vivant, sain et sauf, Ma Majesté va te donner une récompense plus grande que celle donnée au trésorier du dieu Ourdjededba au temps d'Izézi (...) » (Roccati : 1982, 206-207.) L'adulte saura se souvenir de l'émerveillement de l'enfant, et Pépi II poursuivra la pacification de la Nubie, aidé en cela par un successeur d'Horkhouef, Pépinakht, dit Héqaib — « Celui qui est maître de (son) cœur »—, enterré lui aussi à Qoubbet el-Hawa. Héqaib mena, outre une campagne pour récupérer le corps d'un fonctionnaire tué en mission dans la région de Byblos où il devait « faire construire un navire " de Byblos " [c'est-à-dire de haute mer ?] pour se rendre à Pount », deux expéditions en Nubie. C'est peut-être celles-ci autant que sa gestion énergique qui lui valurent d'être divinisé très tôt après sa mort. Il reçut en effet sur l'île d'Éléphantine un culte qui se maintint de la Première à la Deuxième Période Intermédiaire. Ces divinisations, dont on connaît d'autres exemples, comme celui d'Izi à Edfou, sont caractéristiques de l'accroissement de la puissance des autorités locales qui marque la fin de la dynastie. On peut en suivre la trace, à Éléphantine même, à travers l'histoire de la famille du noble Mékhou, dont le fils Sabni, puis le petit-fils Mékhou II gardèrent la haute main sur la politique nubienne longtemps après la disparition de Pépi II. Vers la fin de l'Empire L'augmentation du pouvoir des responsables locaux est un facteur important de désagrégation de l'État, dans la mesure où il fait d'eux de véritables potentats au fur et à mesure que le règne de Pépi II s'étire en longueur. La politique extérieure se fait, elle aussi, plus lourde. Le maintien de l'ordre en Nubie, difficile à l'époque d'Héqaib, le devient encore plus pour ses successeurs, car la civilisation de Kerma se développe au sud de la Troisième Cataracte et commence à constituer, avec son voisin du Nord, le Groupe-C, un bloc qui résistera à la colonisation égyptienne jusqu'au début du IIe millénaire avant notre ère (Gratien : 1978, 307-308). La tradition veut que Pépi II ait gouverné le pays pendant quatre-vingt-quatorze ans. La plus basse date connue est celle du 33e recensement, ce qui donne une durée de règne assurée de cinquante à soixante-dix ans environ. De toute façon, ce qui est sûr, c'est que son règne a été très long, trop au regard du pouvoir croissant des féodalités locales, devenues pour la plupart héréditaires et dont on voit le luxe s'étaler dans les nécropoles provinciales, à Cusae, Akhmîm, Abydos, Edfou ou Éléphantine. La longévité exceptionnelle de Pépi II a eu également pour conséquence, outre la sclérose des rouages de l'administration, une crise de succession. La liste royale d'Abydos mentionne un Mérenrê II, lui aussi Antiemzaf, que Pépi II aurait eu de la reine Neit : Fig. 25 Généalogie sommaire de la VIe dynastie : générations 3-5. Ce souverain très éphémère, puisqu'il ne régna qu'un an, serait l'époux de la reine Nitocris, qui fut, selon Manéthon, la dernière reine de la VIe dynastie et que le Canon de Turin mentionne juste après Mérenrê II comme « roi de Haute et Basse-Égypte ». Cette femme, dont la légende s'empara à l'époque grecque pour en faire la Rhodopis, courtisane et bâtisseuse mythique de la troisième pyramide de Gîza (LÄ IV 513-514), est la première reine connue ayant exercé le pouvoir politique en Égypte (v. Beckerath : 1984, 58, n. 11). Malheureusement, aucun témoignage archéologique ne vient documenter son règne, et l'on ne sait même pas comment placer correctement son successeur possible, Néferkarê, le fils d'Ankhesenpépi et de Pépi II. 2700-2190 ANCIEN EMPIRE 2700-2625 IIIe DYNASTIE Nebka (= Sanakht ?) Djoser Sekhemkhet Khâba Néferka(rê) ? Houni 2625-2510 IVe DYNASTIE Snéfrou Chéops Djedefrê Chéphren Baefrê(?) Mykérinos Chepseskaf 2510-2460 Ve DYNASTIE Ouserkaf Sahourê Néferirkarê-Kakaï Chepseskarê Rênéferef Niouserrê Menkaouhor Djedkarê-Izézi Ounas 2460-2200 VIe DYNASTIE Téti Ouserkarê Pépi Ier Mérenrê Ier Pépi II Mérenrê II Nitocris Fig. 26 Tableau chronologique des dynasties III-VI. La société et le pouvoir Ainsi se termine l'Ancien Empire : par une période confuse, au cours de laquelle la désagrégation de l'administration centrale s'accélère, tandis que la situation extérieure devient d'autant plus menaçante que le pouvoir est affaibli. La montée des particularismes locaux génère une compétition autour du trône qui va se traduire par des affrontements entre blocs géographiques se réclamant chacun d'une seule et même légitimité. Si la conception du pouvoir n'a pas changé, en effet, il paraît moins inaccessible à ceux qui n'auraient su y prétendre dans les premiers temps. Depuis le début de la IIIe dynastie, la monarchie a évolué sur le plan théologique, avec l'adoption des deux nouveaux noms de la titulature : celui d'Horus d'Or, qui apparaît avec Djoser, et surtout celui de « Fils de Rê », dont nous avons vu que l'emploi est systématisé à partir de Néferirkarê. L'accession au pouvoir de la Ve dynastie montre que le fondement théocratique l'emporte sur tout autre, au point de lier étroitement les nouveaux rois à un clergé particulier. Cette dépendance, dont l'histoire des siècles suivants donnera plus d'un exemple, contribue à renforcer la centralisation du pouvoir et à constituer une société très hiérarchisée, développée autour du roi et de la famille royale, et dont on retrouve le modèle dans l'organisation des nécropoles autour de la pyramide du souverain. L'inféodation des puissances provinciales, dont le pouvoir monte au fil des générations, est obtenue par la concession progressive de privilèges croissants qui renforcent localement leur autorité en leur accordant une place dans la hiérarchie nationale. Cette politique se traduit par une inflation de titres auliques, qui viennent souvent recouvrir d'anciennes fonctions tombées en désuétude mais maintenues pour leur valeur honorifique. Le procédé, qu'illustrera bien plus tard à la perfection Louis XIV en France, est favorisé par l'accroissement du volume de l'administration en compétences et en nombre de fonctionnaires. Elle-même repose essentiellement sur les scribes, qui voient leurs tâches se multiplier au même rythme que les bureaux. Ainsi se développe toute une série de fonctions de commandement dont il est parfois difficile de savoir la part de réalité qu'elles recouvrent. Un exemple en est donné par le titre de « chef des secrets » : on peut l'être, dans le désordre, « des missions secrètes », « de tous les ordres du roi », « des décisions judiciaires », « du palais », « des choses qu'un seul homme voit », « des choses qu'un seul homme entend », « de la maison de l'adoration », « des paroles divines », « du roi, en tout lieu », « de la cour de justice », « des mystères du ciel », etc. Les titres purement honorifiques sont plus faciles à cerner, justement dans la mesure où ils recouvrent des charges dont on sait qu'elles ne correspondent plus à rien. C'est le cas de l' « Ami Unique », autrefois conseiller particulier du roi, devenu une désignation générique des courtisans, du « Chef des Dix de Haute-Égypte », de la « Bouche de Pe », du « Préposé à Nekhen » : autant de fonctions purement symboliques. À ces titres s'ajoutent ceux qui sont directement liés à la personne du roi — les « perruquiers », « porteurs de sandales », « médecins », « préposés aux couronnes » et « autres blanchisseurs » — , et les fonctions sacerdotales liées à un dieu local ou au culte funéraire... Au total, l'image qui se dégage de l'administration est comparable à une pyramide, au sommet de laquelle règne le roi, qui a, en principe, compétence sur tout, mais ne traite dans la pratique directement que les affaires militaires et religieuses. Pour l'essentiel, il passe par le vizir (tjaty), dont nous avons vu apparaître l'ancêtre à la IIe dynastie. La fonction est confiée pour la première fois sous Snéfrou à des princes du sang : Néfermaât, puis son fils Hémiounou, puis Kaouâb, et d'autres. Le vizir est, en quelque sorte, le chef de l'exécutif et a compétence dans pratiquement tous les domaines : il est « chef de tous les travaux du roi », « chef de la maison des armes », « chef des chambres de la parure du roi », « chancelier du roi de Basse-Égypte », etc. Il est aussi juge, comme le montre l'intervention d'Ouni dans l'affaire du harem de Pépi Ier, mais toutes les affaires ne passent pas forcément par lui. À la même époque apparaît le « chancelier du Dieu », qui est un homme de confiance choisi directement par le roi pour mener à bien une tâche précise : expédition aux mines ou aux carrières, voyages commerciaux à l'étranger, direction d'un monopole royal particulier. Pour ce faire, le « chancelier du Dieu » se voit attribuer une troupe dont il est le général ou l'amiral s'il s'agit d'une flotte. Signe de l'affaiblissement du pouvoir central et de l'accroissement des besoins de l'administration, la charge de vizir est dédoublée sous Pépi II, de façon à coiffer séparément la Haute et la Basse-Égypte. Du vizir dépendent les quatre grands départements de l'administration, auxquels il convient d'ajouter l'administration provinciale, avec laquelle il est en liaison par l'intermédiaire de « chefs de missions ». Le premier de ces départements est le « Trésor », c'est-à-dire, pour reprendre la séparation originelle entre les deux royaumes qui reste maintenue jusqu'à la fin de la civilisation, le « Double Grenier », qui est dirigé par un « chef du Double Grenier » placé sous ses ordres. Le Trésor gère l'ensemble de l'économie et reçoit, en particulier, l'impôt, qui provient essentiellement du deuxième grand département : l'agriculture, elle-même subdivisée en deux ministères. Le premier est celui qui s'occupe des troupeaux — élevage et embouche —, à nouveau à travers deux « maisons », confiées chacune à un sous-directeur assisté de scribes. Le second a la charge des cultures proprement dites : « le service des champs », présidé par un « chef des champs » assisté par des « scribes des champs », et celui des terres gagnées à l'inondation (khentyou-che). Les titres de propriété sont conservés par le troisième département, celui des archives royales, qui détient également tous les actes civils, essentiellement les contrats et les testaments, ainsi que le texte des décrets royaux qui constituent le fonds réglementaire dans lequel vient puiser le dernier département, celui de la justice, qui, lui, applique les lois (hepou). Son importance est en proportion de sa valeur fondamentale dans le système théocratique, comme le montre le titre que reçoit son titulaire à la IVe dynastie, « le plus grand des Cinq de la maison de Thot », et, à la Ve, « prêtre de Maât »... Le partenaire du gouvernement ainsi constitué est l'administration locale, qui repose sur le découpage du pays en nomes. On ne connaît guère celle de la Basse-Égypte, l'archéologie du Delta étant, par nécessité, assez pauvre. L'essentiel de la documentation concerne la Moyenne et la Haute-Égypte, mais le tableau que l'on peut dresser pour l'une vaut pour l'autre. C'est assurément l'administration locale qui connaît l'évolution la plus sensible à l'Ancien Empire. La base en est la modification du statut des nomarques qui ne sont pratiquement plus déplacés et qui rendent très rapidement leur charge héréditaire, en fait sinon en droit. On voit se constituer dans les capitales provinciales des nécropoles particulières aux princes, dans lesquelles la même régularité préside à la reconduction de père en fils de la fonction de prêtre funéraire — ce qui est conforme à la tradition — et de celle de gouverneur de la province — ce qui l'est moins ! Cette féodalité repose dans la majeure partie des cas sur l'exploitation économique de la région, qui est une des principales tâches du nomarque, avant tout administrateur chargé de l'entretien de l'irrigation (âdj-mer) et conservateur des domaines (héqa-hout). À l'origine, ce transfert de pouvoir était impensable. Le pays tout entier appartenant en théorie au roi, puisque celui-ci est l'hypostase du créateur, le fonctionnaire doit à son souverain un travail, qu'il fournit en échange de l'entretien de sa propre vie. Cette situation est exprimée en égyptien par le mot « imakhou », terme difficilement traduisible qui rend compte de la relation de clientèle face au roi. Celui-ci dote, protège et nourrit ici-bas comme dans l'au-delà : c'est lui qui fournit à son serviteur la concession funéraire et les éléments de la tombe que celui-ci serait bien en peine de se procurer par ses propres moyens, comme le sarcophage, la fausse-porte ou la table d'offrandes, voire les statues qui servent de support à son âme dans cette existence future. Surtout, il garantit le service de l'offrande par une dotation funéraire confirmée par une charte immunitaire libérant de l'impôt le domaine constitué par le défunt. Ce principe, qui est le même que celui qui régit les domaines des temples, porte en lui un germe de destruction de l'État. Il favorise en effet l'éparpillement de la propriété en appauvrissant le roi, dans des proportions qui paraissent infimes au départ, mais d'une manière irréversible. Les bénéfices que réalisent, grâce à ce système, les détenteurs de ces concessions sont certes une perte pour l'économie, puisqu'ils échappent au système de redistribution assuré par l'État. Mais ce n'est pas là le plus important. Le plus grave est bien le mécanisme qui est ainsi créé : ces domaines deviennent la base d'une féodalité, et leurs détenteurs cherchent à accaparer pour leur propre compte les prérogatives attachées aux propriétés royales. Ces cadres, dont nous venons d'évoquer les grandes lignes, ne changeront pas plus, tout au long de la civilisation pharaonique, que les fondements de la société. Cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas d'évolution : celle-ci intervient essentiellement dans le rapport établi entre le pouvoir central et la base locale : renforcement du pouvoir du ou des vizirs, remodelage des circonscriptions administratives, création de gouvernorats, etc. La structure qu'ils imposent à la vie du pays restera à peu près inchangée jusqu'aux derniers temps. La hiérarchie sociale restera fondée sur les mêmes valeurs, tandis que la vie quotidienne évoluera peu, surtout dans les couches les moins favorisées de la population. Il y a fort peu de différence entre les paysans de l'Ancien Empire, l'oasien plaideur que nous allons bientôt rencontrer et les fellahs qui cultivaient le blé pour Rome... La plastique égyptienne L'art est un reflet fidèle de cette évolution de la société. On suit, au long du demi-millénaire qui sépare Djoser de Nitocris, la lente prise de possession par les fonctionnaires de certains attributs et modes de représentation à l'origine réservés aux rois ou aux membres de la famille royale. C'est la première étape d'un lent glissement qui n'est pas à proprement parler une démocratisation, mais plutôt une inflation progressive des valeurs politiques. Ce passage s'explique par le même mécanisme que l'accession à la propriété. Les moyens de production de l'œuvre d'art dépassent les possibilités d'un simple particulier. Il est impensable, du moins sous l'Ancien Empire, qu'un seigneur, si puissant soit-il, organise pour son propre compte une expédition dans les carrières pour extraire et faire tailler le sarcophage, les montants de portes ou les statues dont il a besoin pour sa tombe. C'est là le rôle de l'État, et les ateliers dans lesquels sont sculptées les statues ou gravés les reliefs dépendent du pouvoir central : l'art est affaire de fonctionnaires. Ce principe exclut pratiquement toute recherche non utilitaire, et l'on ne rencontre guère d' « art pour l'art ». L'image en ronde-bosse, en dessin ou en relief ne peut servir que deux buts : politico-religieux ou funéraire. Le premier concerne exclusivement le roi, le second a été progressivement conquis par les particuliers. Ainsi, le trait dominant sera la tendance des seconds à suivre la mode définie par le premier en gommant les traits impossibles à transposer. Le tout reste dans un cadre précis : la création d'une représentation la plus explicite possible d'un individu ou d'une fonction. Il s'ensuit souvent des stéréotypes, de temps en temps une harmonie étonnante entre le réalisme « à l'égyptienne » et la sensibilité propre de l'artiste. Le souci de reproduire la réalité dans sa vérité la plus profonde tend à détruire toute subjectivité. C'est d'autant plus vrai que les Égyptiens ont su déjouer les pièges de la perception en décomposant, dans leur écriture comme dans les reliefs et peintures, les êtres ou les objets représentés selon leurs éléments les plus caractéristiques. Ce principe de « combinaison des points de vue » donne des résultats parfois curieux. À la base se trouve l'idée que chaque élément, disons du corps humain, doit pouvoir être reconnu sans aucune ambiguïté. L'œil, par exemple, n'est vraiment reconnaissable que de face, le nez de profil, comme l'oreille, le menton ou le crâne ; les épaules se voient aussi de face, ainsi que les mains, les bras de profil, le bassin de trois quarts... Le corps se voit ainsi infliger des torsions étranges qui déroutent au premier regard. La perspective n'est pas non plus utilisée, même si certaines représentations, à vrai dire assez maladroites, témoignent du fait qu'elle était connue : on figure une armée en marche en décalant chaque rang de soldats l'un par rapport à l'autre, deux scènes contemporaines l'une de l'autre en les disposant sur deux registres superposés, une maison ou un jardin à la fois en élévation et en plan, quitte à rabattre sur les côtés des pans de murs ou les arbres bordant une pièce d'eau. Ainsi en est-il également pour la statuaire. Le but étant de fournir un corps « habitable » pour l'éternité, autant le représenter le plus parfait possible. Cela ne veut pas dire que l'artiste refuse de montrer une difformité physique. Mais, dans la majorité des cas, le corps est traité de façon plus idéalisée que le visage qui doit, lui, caractériser un individu. Il en va de même des attitudes. Elles représentent une fonction ou un état et sont en conséquence stéréotypées. Le tout donne une production assez uniforme, caractérisée par un grand souci du détail et des variantes de style tellement infimes que l'on serait bien en peine de distinguer la personnalité d'artistes qui ne cherchaient d'ailleurs nullement à se singulariser, leur production étant, par définition, anonyme. Cette création collective restera la règle tout au long de la civilisation, aussi bien dans les arts plastiques que dans la littérature, l'individu cherchant toujours à se fondre dans la communauté universelle. La statuaire La technique de la sculpture est connue par les scènes qui décorent les murs des mastabas, mais aussi grâce à la découverte par G. Reisner dans l'ensemble funéraire de Mykérinos d'un atelier, où il a trouvé des œuvres de l'état d'ébauche à un achèvement presque complet. On peut ainsi reconstituer les étapes de leur création et les moyens utilisés. Au départ, le bloc est dégagé dans la carrière, selon une technique qui dépend de la dureté de la pierre : attaque directe au ciseau pour les pierres les plus tendres et, pour les roches dures, utilisation de coins de bois que l'on enfonce peu à peu en les mouillant dans des encoches de façon à faire éclater le bloc selon une fracture régulière. Une fois extrait, le bloc est dégrossi sur place, puis transporté vers l'atelier. On le met en forme dans un premier temps en dégageant les limites de la future statue. Puis les contours en sont progressivement précisés, en particulier ceux de la tête. Ensuite commence un lent affinage jusqu'à ce que le modèle définitif soit obtenu. On dégage alors le plus possible bras et jambes du corps en travaillant chaque détail. Enfin, la statue est polie et gravée. L'outillage utilisé par les artistes est essentiellement lithique. Il se compose de forets de silex, de polissoirs, de perçoirs, de pâtes abrasives, de marteaux et de burins, plus rarement de scies en cuivre. Les statues elles-mêmes sont soit en calcaire ou en grès — et dans ce cas, elles sont le plus souvent peintes —, soit en syénite, en quartzite ou en schiste ; l'albâtre est moins employé dans la statuaire que pour la confection des vases ; on voit apparaître également des statues en bois, qui ne seront toutefois vraiment répandues que plus tard, et aussi en cuivre, les plus célèbres étant celles de Pépi Ier et Mérenrê conservées au Musée du Caire (fig. 30). Les attitudes sont déterminées par la fonction. Le roi est représenté, Fig. 27 Statue de Djoser provenant du serdab de son temple funéraire à Saqqara. Calcaire peint. H= 1,35 m. Le Caire, Musée égyptien. Fig. 28 Chéphren protégé par Horus. Statue provenant du temple d'accueil de son complexe funéraire de Gîza. Diorite. H =1,68 m. CGC 14. Fig. 29 Mykérinos, Hathor et le nome de Diospolis. Triade provenant du temple d'accueil de Mykérinos à Gîza. Schiste. H = 0,97 m. Le Caire JE 46499. Fig. 30 Pépi Ier et Mérenrê debout. Cuivre (détail : Pépi I"). H = 1,77 m et 0,70 m. Le Caire JE 33034 et 33035. Fig. 31 Pépi II sur les genoux de Ankhesenmerirê II. Groupe provenant sans doute de Saqqara. Albâtre. H = 0,39 m. Brooklyn Museum 39.119. Fig. 32. Pépi Ier à genoux, offrant des vases à vin. Schiste. H = 0,15 m. Brooklyn Muséum 39.121. depuis les premiers temps, assis sur un trône cubique assez massif dont les côtés sont ornés du sema-taoui, un entrelacs des plantes emblématiques de la Haute et de la Basse-Égypte nouées de part et d'autre d'une trachée artère. Il est vêtu du pagne chendjit et porte sur la tête les insignes de son pouvoir : couronnes ou némès et barbe postiche. Dans cette attitude, il est généralement seul, et si son épouse l'accompagne, elle est assise à ses pieds, comme Hétephérès II (?) à ceux de Djedefrê dans le fragment du Louvre provenant d'Abou Roach (E 12627 = Vandier : 1958, pl. II. 1). Les groupes sont plus rares : on connaît surtout ceux de Mykérinos en compagnie de son épouse (Boston 11.738) ou dans les triades provenant de Gîza (Vandier : 1958, pl. IV-V). On note une évolution dans les attitudes après la IVe dynastie. Peut-être est-elle due à la nouvelle relation créée entre l'idéologie théocratique et la réalité du pouvoir politique ? Il est un peu risqué de l'affirmer, mais on doit constater que le roi peut être montré en train de célébrer le culte. Le Musée de Brooklyn possède une statue en schiste de Pépi Ier, assis sur ses talons et offrant deux vases à vin (fig. 32). Autre nouveauté, elle aussi apportée par la VIe dynastie, les statues représentant le roi enfant : par exemple le Pépi II en albâtre du Musée de Caire (JE 50616). Cette innovation est probablement à mettre sur le compte du jeune âge auquel ce roi accéda au trône. Elle est significative de l'adaptation de la phraséologie à la réalité politique, comme les groupes figurant Pépi II assis sur les genoux de sa mère, dont un exemple est conservé au Musée de Brooklyn. Ces groupes sont également en albâtre, peut-être à cause de leur thème lié à la petite enfance et à l'allaitement, qu'évoque l'aspect laiteux de cette pierre. L'association d'Ankhesenmérirê II et de son fils — représenté non pas sous les traits d'un enfant, mais comme un pharaon adulte en taille réduite — affirme la transmission du pouvoir de Pépi Ier par la régente. Ces attitudes nouvelles, en particulier l'évocation des liens familiaux, rejoignent des thèmes développés plus tôt dans la statuaire privée, qui, tout en démarquant les attitudes royales officielles, joue sur ses registres propres. Elle aussi connaît une évolution après la fin de la IVe dynastie : le style s'éloigne alors quelque peu de la perfection que l'on trouve dans le groupe de Rahotep et Néfret ou chez Hémiounou. Les œuvres civiles, qui étaient déjà plus nombreuses que les statues royales, se multiplient sous les Ve et VIe dynasties et tendent à s'éloigner des canons classiques, ce qui ne veut pas dire qu'elles perdent en qualité, comme en témoigne le scribe du Louvre. Elles ne renoncent pas non plus aux attitudes conventionnelles : personnages debout ou assis représentés avec les attributs de leur fonction, groupes familiaux, etc. Il y a toutefois une plus grande liberté de ton et un certain souci de réalisme qui rejoint celui de la statuaire royale contemporaine : les œuvres de la VIe dynastie développent une sensibilité déjà marquée sous la Ve dynastie en faisant la part plus grande au réalisme. On peut penser ici au nain Séneb ou à la belle statue de Nyânkhrê. À côté de la statuaire en pierre, il existe depuis la IVe dynastie une tradition de travail sur bois qui a produit certains des plus grands chefs-d'œuvre de l'Ancien Empire : la statue de Kaâper a l'air si réel que les ouvriers d'A. Mariette qui la découvrirent en dégageant son mastaba à Saqqara, lui trouvant une ressemblance frappante avec le maire de leur village, lui donnèrent le surnom de cheikh el-beled, ou le groupe d'un fonctionnaire memphite et de sa femme du Louvre. Ce courant ouvre la voie à une forme nouvelle qui se développera à la Première Période Intermédiaire : les « modèles » qui sont une mise en volume des scènes figurées sur les bas-reliefs, et dont les premiers exemples en argile ou pierre peinte sont d'un réalisme saisissant. Fig. 33 Rahotep et Néfret assis. Statues provenant de leur tombeau de Meïdoum. Calcaire peint. H = 1,20 m. CGC 3 et 4. Fig. 34 Hémiounou assis. Statue provenant de son tombeau de Gîza. Calcaire. H = 1,57. Pelizaeus Muséum, Hildesheim. Fig. 35 (a) Scribe accroupi provenant de Saqqara. Calcaire peint. H = 0,53 m. Louvre N 2290. (b) Détail du visage. Reliefs et peintures La réalisation des reliefs et des peintures suit une procédure voisine de celle des statues. Dans les mastabas, la représentation est travaillée directement sur la paroi de calcaire fin ravalée et préparée par lissage. Une première équipe établit un carroyage de la paroi qui va servir à mettre en place les scènes que l'on veut y figurer. Elles sont dessinées au trait dans le moindre détail, sans oublier les légendes hiéroglyphiques qui les accompagnent. Ensuite vient le bas-relief proprement dit : les sujets sont réservés, tandis que le fond est entièrement rabattu. Cette technique évolue, dès Chéops, dans un sens logique : au lieu de rabattre le fond, on se contente de cerner les sujets par une incision suffisamment profonde pour donner l'illusion d'un relief « dans le creux », puis on travaille par incision les deux pour fixer les détails. Le vrai relief en creux, celui qui consiste à graver à l'intérieur d'un contour rabattu, n'est pratiquement utilisé que pour les inscriptions hiéroglyphiques, que ce soit sur des monuments, des statues ou des stèles. Une nouvelle technique naît de la modification de la tombe elle-même : le creusement d'hypogées, c'est-à-dire de tombes ménagées dans le sol, change la nature de la paroi qui sert de support à la représentation. Il faut désormais tenir compte de Fig. 36 Le nain Séneb, sa femme et ses enfants. Groupe provenant de Gîza. Calcaire peint. H = 0,33 m. Le Caire JE 51281. Fig. 37 Nyânkhrê assis. Statue provenant de Gîza. Calcaire peint. H = 0,70 m. Le Caire, Musée égyptien. Fig. 38 Kaâper. Statue provenant de Saqqara (Détail de la tête). Bois. H = 1,09 m. CGC 34. Fig. 39 Fonctionnaire memphite et sa femme (Détail). Bois. H = 0,69 m. Louvre N 2293. Fig. 40 Brasseuse. Statuette provenant de Gîza. Calcaire peint. H = 0,26 m. Le Caire, Musée égyptien. l'irrégularité du matériau natif, moins homogène que le calcaire fin. On égalise la paroi à l'aide de plâtre ou, plus simplement encore, d'un enduit de mouna — l'argile mélangée de paille ou de sable qui sert encore aujourd'hui autant au potier qu'au maçon —, sur lequel on peint directement a tempera, à l'aide de noir animal, d'ocre rouge et jaune, d'azurite ou de malachite mélangée et concassée pour le bleu et le vert. Les thèmes réunissent toutes les scènes susceptibles d'évoquer la vie terrestre ou les funérailles du mort. CHAPITRE V Les conceptions funéraires Du tumulus au mastaba L'image par excellence de l'Ancien Empire, ce sont les pyramides, qui soulèvent l'admiration de l'humanité depuis leur édification. Chéops reste aux yeux de la postérité le roi qui a su faire évoluer vers sa forme définitivement parfaite ce type de sépulture dont Djoser a été l'initiateur en amorçant un tournant radical dans l'évolution de la tombe royale. Pendant la période thinite, en effet, à Abydos comme à Saqqara, les tombeaux présentaient en surface une superstructure affectant la forme d'un grand banc de pierres — d'où le nom de mastaba que lui donnèrent les ouvriers d'A. Mariette. Cette forme, qui se maintient pour les sépultures non royales tout au long de l'Ancien Empire dans la région memphite et un peu plus tard à l'ouest de la vallée du Nil, était censée reproduire l'habitat terrestre du défunt, ou au moins en conserver l'aspect. Elle se présente, dès le début de l'époque thinite, comme un massif à l'intérieur duquel n'étaient pas nécessairement aménagées des pièces à usage de chapelles ou de magasins, mais qui était limité par des murs de briques à pilastres et redans donnant l'impression d'une « façade de palais » en fausse perspective. L'ensemble pouvait être entouré d'une ou deux enceintes délimitant le territoire du mort. Cette forme architecturale est le point d'aboutissement d'une évolution partant du tumulus qui recouvrait à l'époque prédynastique la fosse dans laquelle était enterré le défunt. Ce tumulus procédait, peu ou prou, de la même idée que le tertre originel sur lequel les théologiens d'Héliopolis faisaient apparaître le soleil créateur. Il devait à l'origine être constitué comme lui de sable, retenu par un blocage de pierres ou un cadre fait de planches. Le mort reposait en-dessous, dans une fosse ovale ou rectangulaire, dont la forme a évolué au cours de la Préhistoire mais qui est toujours restée la même dans son principe : un lieu regroupant le propriétaire de la tombe et les divers moyens mis à sa disposition pour atteindre l'au-delà et y séjourner. Le corps repose le plus souvent en position contractée sur le flanc, parfois sur une natte de roseau, parfois enveloppé dans un linceul. Dans la chambre funéraire sont disposés quelques objets personnels et une vaisselle plus ou moins importante qui constitue la base du mobilier en même temps que le réceptacle de l'offrande alimentaire mise à sa disposition. À ce minimum s'ajoutent, selon l'époque et la fortune du propriétaire, une vaisselle de pierre et un nombre variable de provisions stockées dans des jarres pour les produits alimentaires ou des coffres qui contiennent, eux, objets précieux — armes couteaux et flèches de silex essentiellement —, parures et jeux. Fig. 41 Plan et coupe d'un mastaba de Saqqara contemporain de l'Horus Aha (d'après W. Helck, LA V 389). Au cours des deux premières dynasties, l'évolution touche autant l'infrastructure que la superstructure, constituant peu à peu le type classique du mastaba, à la fois lieu de culte et reproduction de la demeure terrestre, dans laquelle on multiplie les moyens de subsistance et les symboles de survie. Du lieu de culte, on conserve l'emplacement de la stèle qui servait depuis les premiers rois thinites à rappeler le nom du défunt. Les hauts fonctionnaires s'approprient de bonne heure cette pratique, réservée à l'origine au souverain, selon le schéma classique défini plus haut : la prérogative royale passe, par une série de glissements successifs, aux simples particuliers, la seule exception restant les symboles mêmes et les attributs propres de la royauté. Cette évolution de la stèle funéraire va également dans le sens d'un enrichissement : elle ne se contente plus de nommer le propriétaire de la tombe, mais décrit l'offrande qui doit lui être servie. Fig. 42 Stèle de Néfertiabet (Louvre). Il s'agit d'un véritable « menu » qui est présenté au bénéficiaire de l'offrande, ici la princesse Néfertiabet, contemporaine de Chéops, qui était enterrée dans un mastaba de la nécropole de Gîza. Tout dans ce document concourt à l'efficacité : l'identification du destinataire d'abord, qui est assurée à la fois par sa représentation et son nom accompagné de son titre principal. Ensuite, selon le même principe, l'offrande est figurée matériellement, posée sur un guéridon, chaque élément étant séparé des autres par simple décalage latéral ou vertical, de façon que tous soient visibles. Elle est aussi décrite dans un tableau surmontant le guéridon. Cette description est accompagnée d'un second tableau, à l'extrême droite de la stèle, qui détaille les quantités fournies. Cette représentation marque, à proprement parler, le point de passage entre le royaume des morts et celui des vivants. Théoriquement, elle définit suffisamment le lieu de dépôt de l'offrande, comme cela a dû être le cas dans les premiers temps. En fait, elle est rapidement combinée avec ce qu'on appelle la « fausse-porte » : une représentation en fausse perspective du même type que la « façade de palais » d'une porte surmontée de la natte roulée. Elle est née d'une niche, simple renfoncement dans la superstructure du mastaba primitif, qui était censée permettre à l'énergie du mort, son ka, l'accès au monde sensible, d'où il devait retirer les aliments nécessaires à sa survie. Les éléments de la survie Chaque individu se compose, en effet, de cinq éléments : l'ombre, double immatériel de chacune des formes qu'il est amené à prendre au cours de sa vie, l'akh, le ka, le ba et le nom. L'akh est un principe solaire, l'élément lumineux qui permet au défunt d'accéder aux étoiles lors de son passage dans l'au-delà ; il est la forme sous laquelle se manifeste la puissance des dieux ou des morts : leur esprit. Le ka est la force vitale que possède chaque être ; elle se multiplie selon la puissance de son détenteur — Rê, par exemple, possède quatorze kaou —, et doit être alimentée pour conserver son efficacité. C'est elle qui permet au corps, une fois qu'il a été convenablement préparé pour triompher de la mort, de reprendre une vie semblable à celle qu'il menait ici-bas. Le ka a autant besoin d'un support que de nourriture pour exister ; aussi entreprend-on de bonne heure de lui ménager des substituts au corps, par trop sujet à la dégradation : ce sont des effigies du défunt. On prend l'habitude de les entreposer dans un endroit précis de la tombe royale, le serdab. C'est une galerie souterraine ménagée à l'intérieur du mastaba ou de l'infrastructure funéraire en général, qui communique avec les installations cultuelles par une fente à hauteur de visage humain, de façon que la ou les statues qui y sont entreposées puissent profiter de l'offrande. Cette pratique, à l'origine réservée au roi, est assez tôt reprise par les particuliers. L'espace ménagé contre la chambre funéraire joue le rôle de serdab, rendant ainsi accessible au mort l'offrande présentée à la base du puits au moment des funérailles. Le ba est également un principe immatériel porteur de la puissance de son propriétaire, qu'il s'agisse d'un dieu, d'un défunt ou d'un vivant. Il est une sorte de double de l'individu, indépendant du corps — on le représente sous la forme d'un oiseau à tête humaine qui quitte la dépouille mortelle au moment du trépas pour la rejoindre Fig. 43 Infrastructure-type du mastaba (d'après Vandier : 1954, 266). après la momification —, un alter ego avec lequel il peut dialoguer et que l'on traduit improprement par « âme ». Le nom, enfin, est pour l'Égyptien une seconde création de l'individu, à la fois au moment de la naissance, lorsque sa mère lui attribue un nom qui rende aussi bien compte de sa nature que la destinée qu'elle souhaite pour lui, et à chaque fois qu'il est prononcé. Cette croyance dans la vertu créatrice du verbe détermine tout le comportement face à la mort : nommer une personne ou une chose revenant à la faire exister par-delà sa disparition physique, il devient nécessaire de multiplier les signes de reconnaissance. C'est pourquoi la chapelle funéraire, ou le lieu de culte en général, regroupe un maximum d'indications le plus explicites possible, de façon que le ka puisse jouir sans ambiguïté possible de ce qui doit lui revenir. L'ensemble de la stèle et de la porte, la « stèle fausse-porte » donc, répond à ce but. Elle connaît un très grand développement dans les tombes de l'Ancien Empire. C'est le point central de la chapelle, vers lequel convergent les décorations murales. Cette porte peut être plus ou moins ornée. Elle comporte en particulier assez souvent la « gorge égyptienne » : un bandeau creusé qui couronne d'ordinaire portes et murs de façon à rappeler le sommet des palmes dont les tiges liées entre elles constituaient les parois des premières huttes. On le voit encore dépasser de nos jours du faîte des murs de mouna qui enclosent les jardins à la campagne et dont cette gerîd forme l'armature. La stèle est placée entre les linteaux supérieur et inférieur de la porte; sur le premier est inscrit, en règle générale, le début de la formule du « virement de l'offrande » : sa consécration par le roi à une divinité qui, à son tour, en fait bénéficier le dédicataire. Ce principe permettait d'assurer théoriquement le culte funéraire, même lorsque le domaine normalement réservé à l'entretien de la concession et à l'approvisionnement de la tombe et confié à un prêtre spécialisé n'existait plus. Il suffisait en effet que la formule décrivant l'offrande puisse être lue — à la limite par le défunt ou l'une des images le représentant et se substituant à lui — pour qu'elle prenne corps, puisque le versement de l'offrande était garanti par la pérennité du culte de la divinité qui en rétrocédait ainsi une part au défunt. Ce « virement » était une façon de maintenir le mort dans le tissu de l'univers : solidaire du monde organisé, il était assuré d'une survie égale à celle du cosmos. Le linteau inférieur énumère ses titres, qui sont repris et développés sur les montants qui encadrent le passage de la porte, dans lequel apparaît parfois une représentation du ka, en haut relief. Les premières pyramides C'est Djoser qui fit évoluer la forme de la tombe royale du mastaba à la pyramide : Fig. 44 Coupe de la pyramide à degrés de Djoser à Saqqara. On peut reconstituer, grâce aux recherches de J.-Ph. Lauer, les étapes successives du passage à la forme pyramidale. Au départ, Djoser entreprit une sépulture classique : un grand puits de 28 mètres donnant accès à un caveau en syénite, auquel furent ajoutées des galeries jouant le rôle de magasins. On y a trouvé les vases en pierre dure que nous évoquions plus haut. Un appartement funéraire complète ces installations souterraines. Les murs en sont décorés de faïences bleues. Une de ces chambres reproduit l'architecture végétale dans laquelle est censé vivre le double — le « ka » — du roi, une autre les greniers de sa demeure. Un de ses panneaux, remonté en 1938 par J.-Ph. Lauer, est parmi les chefs-d'œuvre du Musée du Caire. Il était prévu que le puits serait bloqué après les funérailles par un bouchon de granit. L'ensemble fut surmonté d'une construction massive carrée d'une soixantaine de mètres de côté sur huit de haut. Toutes les chambres étant aménagées dans l'infrastructure, ce massif fut constitué d'un blocage plein revêtu d'un double parement de calcaire. Des puits annexes furent creusés ensuite le long de la façade orientale pour donner accès à de nouvelles installations funéraires destinées à des membres de la famille royale décédés entre-temps. Pour dissimuler ces puits, on allongea le mastaba initial vers l'est. C'est alors qu'intervient la modification radicale de l'aspect extérieur du monument, que J.-Ph. Lauer interprète comme une volonté de la part de son constructeur de rendre plus visible le tombeau, dont Ci-dessus et ci-contre : Fig. 45. Panneau de faïences bleues provenant des appartements funéraires de Djoser. Le Caire, Musée égyptien. les huit mètres de haut étaient masqués pour le spectateur lointain par la muraille enfermant le complexe funéraire. Dans un premier temps, Imhotep englobe le mastaba initial dans une pyramide à quatre degrés, puis reprend l'ensemble en le surélevant encore, de façon à obtenir une pyramide de six degrés d'une soixantaine de mètres de haut. Ce type de construction est repris par l'Horus Sekhem-khet à Saqqara même, tandis que les pyramides de Zaouiet el-Aryan annoncent une nouvelle technique, dont le meilleur exemple est la pyramide de Snéfrou à Meïdoum. La première étape de la pyramide de Meïdoum a probablement été constituée par un mastaba surmonté d'une petite pyramide à degrés. Mais là s'arrête la parenté avec les monuments de la IIIe dynastie. Le plan carré, l'ouverture sur la face nord ménagée dans la maçonnerie, l'aménagement, partie en infrastructure, partie dans le corps du monument des installations funéraires : tout la rapproche de la pyramide classique de la IVe dynastie. Le noyau initial a été augmenté de six tranches latérales en calcaire local inclinées selon une pente de 75°, qui formèrent une pyramide à sept degrés. Puis on rajouta une ultime tranche et on ravala les huit degrés ainsi obtenus en calcaire fin de Toura. Plus tard, enfin, on combla les degrés et on mit en place un parement de calcaire qui donna à l'ensemble l'aspect d'une pyramide « vraie », avec une pente de 51° 52', pour un côté de 144,32 m et une hauteur de 92 m. Snéfrou ne s'est pas contenté de ce tombeau, puisqu'il fit une nouvelle tentative, cette fois à Dahchour, avec la pyramide « sud », dont l'édification n'est pas allée sans difficultés . Les installations intérieures durent en être reprises et modifiées, ainsi que la pente même, que l'on fit passer à mi-hauteur de 54° 31' à 43° 21'. Cette rupture donne à l'ensemble un aspect caractéristique qui lui a valu le surnom de « pyramide rhomboïdale ». Mais, malgré ces imperfections, dues peut-être à la mauvaise qualité du soubassement, cette pyramide apporte une nouveauté importante : la fixation par assises du revêtement, qui est ainsi plus stable. À nouveau, le roi ne s'en est pas tenu là. Il fit une troisième tentative, toujours à Dahchour, mais au nord du site : une nouvelle pyramide, établie sur une base plus importante et présentant dès le départ une pente de 43° 36', dont le temple funéraire est resté inachevé . Ci-contre : Fig. 46. Villes à pyramides. Les numéros renvoient au tableau pp. 140-141. Le groupe de Gîza La forme parfaite est atteinte par Chéops à Gîza, dont le plateau offrait une assise plus stable que celui de Dahchour. Cet édifice, la mieux construite et la plus spectaculaire des pyramides, a de tout temps fasciné les hommes, et il n'est pas de génération qui ne voie naître une nouvelle théorie visant à expliquer sa construction, voire son utilisation. Ce sont les installations intérieures qui permettent de retracer les grandes lignes de la construction. Au départ, on avait prévu un caveau engagé dans le soubassement, dans le style de Meïdoum ou de Saqqara, auquel un long couloir incliné à 26° 31' donnait accès à partir de l'entrée située sur la face nord. Ce projet a été abandonné pour une raison inconnue. On lui a préféré une chambre réservée dans la superstructure, improprement appelée « chambre de la reine », accessible par un couloir dérivé de la descenderie d'origine. Cette chambre, au toit constitué de dalles en V renversé a, à son tour, été abandonnée, avant que les conduits d'aération qui devaient mener vers les faces nord et sud aient été terminés. L'état définitif de la pyramide comprend une galerie ascendante, la «grande galerie », longue de presque 48 m, large de 7,40 m et présentant sur 8,50 m de haut une Fig. 47. Tableau récapitulatif des principales Fig. 48 Coupe de la pyramide de Snéfrou à Meïdoum. Fig. 49 Coupe de la pyramide « rhomboïdale » de Snéfrou à Dahchour. Fig. 50 Coupe de la pyramide « rouge » de Snéfrou à Dahchour. Fig. 51 Coupe de la pyramide de Chéops à Gîza. voûte dite improprement « à encorbellement » (ne possédant pas, en effet, de corbeaux, elle mériterait plutôt le nom de « voûte en tas-de-charge ») qui prend naissance au point de départ de celle menant à la « chambre de la reine », et le caveau proprement dit auquel elle donne accès. La « chambre du roi » mesure 10,50 m d'est en ouest et 5,25 m du nord au sud ; son plafond, constitué de neuf dalles, dont le total pèse environ 400 tonnes, placées à 5,80 m du sol, est surmonté de cinq chambres de décharge, destinées à répartir la poussée et dont le plafond de la dernière est constitué de lourdes dalles en V renversé. C'est dans ces chambres de décharge que l'on a retrouvé le nom de Chéops : l'ensemble de la pyramide, ayant été pillé dès l'Antiquité, ne recèle aucun autre témoignage sur l'identité de son constructeur. Le caveau, qui contient un sarcophage de granit ébréché, est relié à la grande galerie par un étroit couloir dans lequel coulissaient trois herses de granit destinées à le rendre inviolable. À force d'être décrit, analysé et sondé, le bâtiment est bien connu : il est construit sur une base de 230 m, régulière à 25 cm près, dont chaque côté est orienté sur un point cardinal; sa pente est de 51° 52', et il mesure 146,59 m de haut, auxquels il faut ajouter un pyramidion, probablement de granit, qui devait le couronner. Les Égyptiens donnent peu de détails sur les techniques de construction qu'ils employaient, mais l'on arrive quand même à s'en faire une idée d'après quelques représentations, les vestiges archéologiques et l'analyse des monuments eux-mêmes. Celle-ci est conduite aujourd'hui à l'aide de techniques très sophistiquées, qui, malgré leur raffinement extrême ne peuvent, pas plus que les autres, se passer de logique. Le choix du site d'abord. Il se faisait en fonction de la capitale, dont il ne devait pas être éloigné, et aussi du fleuve. Il fallait un socle rocheux capable de supporter la masse énorme de ces constructions, qui fût situé sur la rive occidentale, traditionnellement réservée au royaume des morts que le soleil baigne de ses rayons au couchant, avant de le parcourir pendant la nuit. Il devait être au-dessus du niveau des hautes eaux, qui pouvaient parvenir lors de la crue à moins de 300 m du plateau. Une fois le site déterminé, on procédait à son nivellement — parfait chez Chéops à 18 mm près —, en réservant éventuellement le noyau rocheux central que l'on comptait inclure dans la maçonnerie, à la fois pour économiser des matériaux et pour conserver l'image du tertre initial dominant jadis le caveau. L'orientation se faisait en fonction des côtés, qui étaient dirigés vers les points cardinaux. Évidente pour l'ouest et l'est, elle l'est moins pour le nord. On doit écarter la possibilité d'une mesure fixe de l'étoile polaire qui eût donné une erreur plus grande que celle constatée sur le terrain. Les Égyptiens ont dû employer une technique assez simple, qui consistait à reporter sur un horizon artificiellement nivelé à l'aide d'un merkhet — une sorte de fil à plomb attaché à une tige en bois et permettant une visée — le point de lever et de coucher d'une étoile fixe — probablement une des étoiles de la Grande Ourse. La bissectrice de l'angle déterminé par ces deux points donnait le nord vrai (Lauer : 1960, 99 sq.). La montée des assises pouvait alors commencer. Les carrières locales fournissaient le matériau rustique utilisé le plus souvent pour le blocage : c'est ainsi que l'on a retrouvé vers le coin nord de la pyramide de Chéphren des traces d'exploitation en carrière du socle rocheux, ainsi que l'emplacement, un peu plus à l'ouest, de casernements pouvant loger environ 5 500 ouvriers, carriers ou artisans de la nécropole. Des installations comparables seront aménagées plus tard à Kahoun et Deir el-Medineh. Le calcaire fin nécessaire au ravalement provenait des carrières proches de Toura ; le granit d'Assouan servait au parement des corridors et des salles intérieures en général, voire des installations cultuelles. Les autres roches, dans lesquelles étaient confectionnés sarcophages, dallages, statues, architraves, etc. devaient parfois être apportées de fort loin, comme la diorite qu'on allait chercher à l'ouest d'Assouan. Les blocs étaient extraits et travaillés dans les carrières, puis transportés à pied d'œuvre sur des chalands. Le transport s'effectuait au moment des hautes eaux, c'est-à-dire lorsque l'on pouvait approcher les blocs le plus près possible du chantier. C'est ce qu'explique Ouni lorsqu'il relate la dernière mission qu'il effectua, en tant que gouverneur de Haute-Égypte, pour le compte de Mérenrê. Il avait été chargé, en vue de la construction de la pyramide de son souverain, de l'extraction et du transport du sarcophage en basalte, qu'il alla chercher en Nubie, et des éléments en granit et en albâtre, extraits, eux, à Assouan et Hatnoub : « Sa Majesté m'envoya à Ibhat pour transporter le cercueil des vivants qui est seigneur de la vie, avec son couvercle, avec le pyramidion précieux et auguste pour la pyramide " Mérenrê apparaît en perfection", ma souveraine. Sa Majesté m'envoya à Éléphantine pour transporter la fausse-porte en granit rose avec son seuil, les herses et les linteaux en granit rose, pour transporter les portes et les dalles en granit rose de la chambre supérieure de la pyramide " Mérenrê Fig. 52 Schéma de la rampe de construction d'une pyramide (d'après J.-Ph. Lauer). apparaît en perfection", dans six bateaux larges, trois chalands, trois bateaux de 80 coudées (?) en une seule expédition (...). Sa Majesté m'envoya à Hatnoub pour transporter une grande table d'offrande en albâtre de Hatnoub. Je fis descendre pour lui cette table d'offrande, détachée à Hatnoub en dix-sept jours, et je lui fis descendre le fleuve vers le nord sur le même radeau, je coupai pour elle [la table] un radeau en acacia de soixante coudées de long, trente coudées de large, fabriqué en dix-sept jours, le troisième mois de l'été. Au moment où il n'y avait pas d'eau sur les bancs de sable, j'accostai à la pyramide " Mérenrê apparaît en perfection " en paix (...). Sa Majesté m'envoya creuser cinq canaux dans la Haute Égypte, et exécuter trois radeaux et quatre chalands en acacia de Ouaouat (...). Je fis tout en une seule année, le lancement des bateaux et le chargement de granit rose en grande quantité pour la pyramide " Mérenrê apparaît en perfection ". » (Roccati : 1982, 196-197.) La période des hautes eaux était aussi l'époque de l'année où la main-d'œuvre, essentiellement les paysans, était disponible pour assurer la corvée qu'elle devait à son souverain. Dans ces conditions de travail saisonnier, l'estimation de vingt ans données par Hérodote ne paraît pas déraisonnable, même si des constructions comme les pyramides de Snéfrou ont dû prendre moins de temps. En revanche, la description qu'il donne des techniques de levage est peu vraisemblable. On lui préférera l'explication que propose J.-Ph. Lauer d'une ou plusieurs rampes dont on faisait varier la pente. La rampe est disposée perpendiculairement à la face de la pyramide. Sa largeur, assez importante au départ, diminue au fur et à mesure que montent les assises, tandis que sa longueur augmente, de manière à conserver une pente suffisamment faible — de l'ordre de 1 pour 12 — permettant aux traîneaux de charrier les blocs. Cette théorie, dont le principe est confirmé par les vestiges de rampes de constructions en brique crue que l'on a retrouvés près du premier pylône du temple d'Amon-Rê de Karnak ou à Meïdoum et Licht, a sur ses concurrentes l'avantage de la simplicité. Le parement, monté par assises comme les installations intérieures, est ravalé à partir du haut une fois le pyramidion posé au sommet de l'édifice. Plus aucune pyramide n'atteindra la taille ni la perfection de celle de Chéops. Celle de Djedefrê, qui préféra Abou Roach à Gîza, ne nous est pas parvenue dans un état suffisamment bon pour qu'une comparaison soit réellement possible. Celle de Chéphren, en revanche, reprend assez fidèlement le modèle de Chéops, ainsi que celle de Mykérinos, plus petite de moitié, à l'exception des installations intérieures, incluses dans le soubassement et profondément différentes chez Mykérinos. Fig. 53 Plan d'ensemble de Gîza. Les pyramides des Ve et VIe dynasties reproduisent l'aspect extérieur du modèle de Gîza sans en atteindre la taille. Les seules différences sont dans l'évolution des chambres intérieures, dont le plan se fixe à peu près avec Ounas, et des éléments du complexe funéraire autres que la pyramide proprement dite. La seule exception est Chepseskaf, qui se fait construire à Saqqara-Sud non pas une pyramide, mais un énorme mastaba, connu aujourd'hui sous le nom de mastaba-faraoun. Il s'agit d'un grand sarcophage de maçonnerie de presque 100 m de long sur 75 m de large et haut d'environ 19 m. On ne sait comment expliquer cet apparent retour à des traditions funéraires antérieures — retour qui n'était pas d'ailleurs total puisque, si le mastaba-faraoun est entouré d'une double enceinte, il possède aussi une chaussée montante, qui est un apport de la IVe dynastie. La disposition des appartements funéraires choisie par Chepseskaf est également celle qui sera retenue à la VIe dynastie, dont les rois installeront d'ailleurs leurs tombeaux non loin de celui qui fut peut-être pour eux un précurseur... Quoi qu'il en soit, on peut supposer que ce « recul » architectural trahit le difficile passage politique de la IVe à la Ve dynastie, puisque Khentkaous, la mère de Sahourê et de Néferirkarê, dont nous avons vu qu'elle épousa probablement en secondes noces Chepseskaf, se fit, elle aussi, construire une tombe qui marque un retour en arrière, même si elle fut édifiée après la mort de son mari, à Gîza, entre les chaussées de Chéphren et de Mykérinos. Il s'agit d'une construction bâtarde, mi-mastaba mi-pyramide à deux degrés qui s'élève à 18 m du sol. Khentkaous possède également une pyramide, récemment dégagée à Abousir, au sud de celle de Néferirkarê, qui devait être à peu près aussi haute que sa tombe de Gîza. Dans le temple funéraire de celle-ci, elle reçut, longtemps encore après sa mort, un culte en tant qu'ancêtre de la Ve dynastie. Le complexe funéraire L'organisation générale du complexe funéraire change à la IVe dynastie, en même temps que de nouveaux éléments apparaissent, comme les pyramides destinées à recevoir la dépouille des reines. Elles n'ont pour installation propre qu'un temple de culte et dépendent pour le reste de celles du roi. Trois sont implantées à l'est de la pyramide de Chéops, dont l'une, la plus méridionale, reçut la reine Hénoutsen. Mykérinos possède aussi trois de ces petites pyramides au sud de son tombeau. La plus grande, qui est aussi la plus orientale des trois, joue le même rôle que celle qui flanque la face méridionale de la pyramide de Chéphren. Il s'agit d'une pyramide dite « satellite » destinée au double du roi. Elle apparaît avec la pyramide de Meïdoum et ne comporte ni sarcophage ni installation cultuelle, mais possède une entrée propre et une chambre. Elle rappelle l'ensemble qui avait été aménagé chez Djoser contre l'enceinte méridionale pour le ka du souverain et qui comprenait un cénotaphe dans la tradition thinite et une chapelle de culte. Chez Djoser, l'enceinte est censée reproduire celle qui enfermait le domaine royal. C'est elle que l'on retrouve depuis les premiers temps sous la forme du serekh. Fig. 54 Plan du complexe de Djoser à Saqqara. On accède au complexe près de l'angle sud-est, par la seule porte réelle parmi les quatorze réparties sur le pourtour de l'enceinte. Une fois franchi un couloir bordé de deux rangées de vingt colonnes fasciculées et la petite salle hypostyle sur laquelle il débouche, on se trouve dans une grande cour orientée nord-sud, séparant la pyramide du cénotaphe méridional. De là, on accède à un ensemble consacré à la célébration de la fête-sed : un temple en T, qui devait être un pavillon d'attente, puis une cour bordée de chapelles et comportant une estrade, où le roi défunt était censé pouvoir reproduire les différentes phases de la fête jubilaire en se glissant d'un bâtiment à l'autre par des portes représentées éternellement ouvertes le long des murs (Lauer : 1988, 208 sq.). Les rites accomplis, il allait trôner dans la « Maison du Sud », puis dans la « Maison du Nord », où il recevait sans doute l'hommage de chacun des deux royaumes. La partie septentrionale comprend les installations du culte funéraire proprement dit : un serdab depuis l'intérieur duquel une statue de Djoser, aujourd'hui au Musée du Caire, pouvait assister, grâce à deux trous aménagés à hauteur de ses yeux, au service de l'offrande funéraire qui se déroulait dans le temple qui le jouxte. Cette organisation de tous les éléments du complexe funéraire à l'intérieur d'une même enceinte disparaît à la IVe dynastie au profit d'une structure moins ramassée qui s'articule autour de trois points principaux : la pyramide elle-même et ses dépendances directes, une chaussée montante et un temple d'accueil. Fig. 55 Plan type du complexe funéraire. Le temple d'accueil ou « temple de la vallée » est situé à la limite des terres cultivées. C'est lui qui reçoit le défunt lors des funérailles : il représente théoriquement le quai sur lequel celui-ci débarque au terme d'une navigation qui reproduit celle de la divinité dans les eaux célestes. Il apparaît chez Snéfrou à Meïdoum, c'est-à-dire lorsque le complexe funéraire abandonne l'orientation nord-sud au profit de celle d'est en ouest, qui respecte à la fois la séparation entre le monde des vivants et celui des morts et la position respective de la vallée et du plateau désertique. Le temple d'accueil est d'abord un point de passage : une porte suivie d'une cour et bordée de chapelles contenant des statues de culte du roi et de magasins. C'est aussi un lieu de purification et d'accueil, comparable en cela à tout point d'accès à une zone cultuelle. Les quatre triades trouvées par G. Reisner dans le temple de Mykérinos et conservées aux musées du Caire et de Brooklyn en témoignent : le roi y est figuré chaque fois, entouré de la déesse Hathor et d'une divinité représentant un nome, les 18e, 15e, 7e et 4e de Haute-Égypte. Ces statues faisaient sans doute partie d'un ensemble plus vaste, à l'échelle du pays. Les exemples postérieurs montrent que cette fonction d'accueil était dévolue à une divinité féminine, comme la lionne Sekhmet que l'on voit allaitant le roi chez Niouserrê. Ce devait être aussi le rôle d'Hathor auprès de Mykérinos : les inscriptions des triades l'évoquent en effet comme la « Dame du Sycomore ». Celle-ci est justement, tantôt en tant qu'Isis, tantôt en tant qu'Hathor, la déesse-mère liée à la nécropole thébaine que l'on verra plus tard, sous sa forme d'arbre, allaiter Thoutmosis III dans sa tombe (Mekhitarian : 1954, 38). Si cette interprétation est correcte, elle permet de mieux apprécier le rôle du temple de la vallée. Il dépasse celui d'un simple point d'accueil et de purification : il devient le lieu de renaissance, à la fois après les funérailles, les statues du roi revivant éternellement le rituel pratiqué au moment de l'embaumement — ce qui n'est pas sans évoquer les futurs mammisis des temples —, et au moment du passage entre la vie et la mort. La disposition des bâtiments ne permet pas de dire si le temple de la vallée était le lieu de la momification, dont Hérodote nous apprend qu'elle durait soixante-dix jours; bien des éléments même plaident en faveur d'installations — qui pouvaient très bien être provisoires — extérieures au temple. Il n'en reste pas moins qu'il est le point de passage du mort vers la pyramide. La chaussée montante qui en part conduit au temple de culte, point de contact ultime du territoire des vivants avec celui des morts. La chaussée peut être couverte et décorée, comme celle d'Ounas à Saqqara, qui s'étend sur 700 mètres. Les thèmes décoratifs sont comparables à ceux qui ornent les chapelles des tombes privées, mais à la dimension du pharaon : apport de produits des domaines, scènes économiques, d'élevage, de chasse et de pêche, images de la vie de tous les jours mais aussi de la construction et de l'approvisionnement du temple, et — chose qui devait déjà exister à la IVe dynastie mais dont, faute de témoignage conservé, on ne peut se rendre compte — scènes relatant les grands événements du règne. On y voit ainsi le transport depuis Assouan des colonnes de granit qui ornaient le temple, une procession de nomes, les bateaux revenant de l'expédition de Byblos, des combats contre les Bédouins et des représentations, uniques pour l'époque, de populations du désert affamées, dans lesquelles on a voulu voir des signes avant-coureurs de la famine qui s'abattra sur le pays... quatre siècles plus tard ! Le temple de culte, situé jusqu'à la fin de la IIIe dynastie contre la face septentrionale de la pyramide, suit ensuite le changement d'orientation inauguré à Meïdoum pour suivre la course du soleil et se retrouve donc contre la face orientale. Il comprend deux parties distinctes : un vestibule donnant accès à une cour, à péristyle depuis Chéops, l'ensemble constituant le temple de culte proprement dit, et le temple intime, à l'intérieur duquel l'offrande était déposée devant la fausse porte. Des statues du roi, éventuellement en compagnie de sa famille comme celle de Djedefrê conservée au Louvre, étaient placées dans des chapelles où elles pouvaient jouir de l'offrande et recevoir le culte. Ces deux fonctions — l'offrande funéraire et le culte des statues royales — constituaient l'essentiel de l'activité du temple. À partir de Sahourê, certaines installations annexes comme les magasins se multiplient, et la coupure est plus nette entre temple de culte et temple intime. Dans ce dernier, le culte du roi se concentre autour de la fête-sed et des rites de régénération avec, en particulier, des scènes d'allaitement divin. Le temple de culte met l'accent sur des scènes de chasse et de combat, incluant le massacre rituel des ennemis. Il insiste aussi sur les relations entre le roi et les dieux, tout en conservant la première place au culte des statues. Un autre élément se développe dans la proximité immédiate de la pyramide : les fosses destinées à recevoir des barques en bois. Connues dès l'époque thinite, elles permettent au mort de naviguer dans l'au-delà aux côtés de Rê. On en connaît cinq, disposées au pied des faces orientale et méridionale de la pyramide de Chéops. L'une de celles du groupe sud a été fouillée en 1954, et les pièces du bateau qu'elle contenait, aujourd'hui remontées, sont exposées dans un musée qui jouxte la pyramide. Ces barques ne sont pas nécessairement toujours en bois : Ounas, par exemple, possède, au sud de sa chaussée, deux simulacres en pierre ravalée. Le temple solaire Ces barques se retrouvent dans un autre type d'édifice propre à la Ve dynastie et qui, sans être véritablement comparable au complexe pyramidal puisqu'il s'agit de temples et non de sépultures, en est proche par la structure : les temples solaires. Ceux que l'on connaît sont tous localisés d'Abousir à Abou Gourob ; celui que l'on arrive le mieux à reconstituer est celui que Niouserrê fit construire à Abou Gourob, sans doute sur le modèle du temple solaire d'Héliopolis, à jamais disparu pour laisser la place au gigantisme toujours croissant du Caire. Fig. 56 Reconstitution du temple solaire de Niouserrê (d'après L. Borchardt). Le temple solaire est constitué des mêmes éléments que le complexe pyramidal. Le temple de la vallée, sur les murs duquel sont reproduits les décrets instituant l'approvisionnement en offrandes, communique par une chaussée montante avec le temple haut. Ce dernier comprend essentiellement une cour à ciel ouvert, au milieu de laquelle un autel — chez Sahourê, quatre autels solidaires les uns des autres et tournés chacun vers un point cardinal, taillés dans un même bloc d'albâtre — fait face à la représentation du benben, la pierre levée censée être, dans la théologie héliopolitaine, l'incarnation du soleil créateur : un obélisque tronqué posé sur un large podium. Le culte se célèbre là, en plein air, comme ce sera le cas dans tous les temples solaires connus, qu'il s'agisse de ceux qui seront intégrés dans les temples funéraires au Nouvel Empire ou des sanctuaires amarniens, dans lesquels Akhenaton adorera le Disque. Comme eux également, il comprend une cour d'abattage des animaux de sacrifice. Parmi les reliefs conservés, on trouve des représentations du culte et de la fête-sed, mais aussi, chez Niouserrê, un ensemble original qui décore le couloir ascendant qui fait le tour du socle du benben : les scènes dites « des saisons », reprises en partie sur la chaussée d'Ounas et qui trouveront un écho beaucoup plus tard dans le « jardin botanique » qui orne les salles solaires à l'est de la salle des fêtes de Thoutmosis III dans le temple d'Amon-Rê de Karnak ainsi que dans le grand hymne à Aton d'Amenhotep IV. Chacune de ces œuvres est, à sa manière, une description de la création en même temps qu'un hymne à Celui qui l'a mise en place : elles mettent toutes en scène la faune et la flore que le Soleil nourrit de ses rayons. Un autre type de représentation connaîtra une grande fortune par la suite : les processions de nomes qui apportent au roi les produits du pays. On les retrouve également chez Ounas, puis, de façon systématique, dans les temples tardifs. Les Textes des Pyramides Revenons à la pyramide proprement dite. Nous avons vu qu'Ounas fixe le plan des installations intérieures du tombeau selon un schéma qui restera en vigueur jusqu'à la fin de l'Ancien Empire : L'entrée se fait au nord. On accède à un vestibule, puis, en franchissant les trois herses de granit que nous avons évoquées pour Chéops, à une antichambre qui dessert à l'est, c'est-à-dire du côté des vivants, un serdab, dans lequel sont entreprosées les statues du défunt, et, à l'ouest, vers le monde des morts, la salle du sarcophage. Ce plan sera abandonné à la XIIe dynastie pour essayer de lutter contre les entreprises des pillards. La pyramide d'Ounas est importante à un autre titre : elle est la première dont les parois intérieures portent des textes funéraires. Ces Textes des Pyramides se rencontrent dans les tombeaux royaux de Saqqara — Ounas, Téti, Pépi Ier, Mérenrê, Pépi II et Aba —, mais Fig. 57 Plan des installations intérieures de la pyramide d'Ounas. aussi chez les reines de Pépi II — Neit, Oudjebten et Apouit —, et peut-être aussi dans les pyramides de reines récemment découvertes dans le complexe funéraire de Pépi Ier par la Mission Archéologique Française de Saqqara. Les textes d'Ounas, Téti, Pépi Ier, Mérenrê et Pépi II ont été découverts et rapidement publiés par G. Maspero en 1880-1881. K. Sethe en a donné une édition synoptique avant la guerre de 1914, complétée ensuite par un apparat critique et des commentaires. Mais cette édition magistrale ne tient pas compte des textes provenant des pyramides de reines et de celle d'Aba, découverts entre 1925 et 1935 par G. Jéquier, ni des nouveaux fragments dégagés chez Téti, Pépi Ier et Mérenrê par la Mission Française de Saqqara, qui prépare, sous la direction de J. Leclant, une nouvelle édition de l'ensemble du corpus. Ces textes sont constitués d'une suite de formules dont certaines n'apparaissent que chez Ounas, mais qui, pour l'ensemble, se sont transmises jusque chez Aba. Ils se retrouvent dans un autre corpus funéraire dont les premiers exemples, datant de la VIe dynastie, ont été retrouvés dans l'oasis de Dakhla et qui prend le relais des Textes des Pyramides au Moyen Empire : les Textes des Sarcophages, qui, eux, ne sont pas réservés aux rois. On a même trouvé récemment des traces du passage de l'un à l'autre de ces ensembles dans le temple funéraire de Pépi Ier. Les Textes des Sarcophages, à leur tour, influenceront les Livres des Morts du Nouvel Empire et de Basse Époque. Ces formules constituent un rituel visant à assurer au défunt le passage vers l'au-delà et l'existence parmi les bienheureux. Elles décrivent son ascension vers le ciel, son installation parmi les étoiles, sa solarisation et son passage à l'état d'Osiris, tout en lui fournissant les textes nécessaires à sa purification et les incantations magiques qui lui permettent de franchir les obstacles qui se dressent sur son chemin. Elles remontent probablement à des rituels archaïques qui ne nous sont pas parvenus, soit que les supports en aient été détruits, soit, plus vraisemblablement, parce que ceux-ci étaient nés de traditions orales se perdant dans la nuit des temps. Leur lecture fournit certains éléments qui permettent de mieux comprendre l'évolution de la sépulture royale à l'Ancien Empire. Nous sommes partis du mastaba dont nous avons dit que la superstructure reproduisait, inclus dans l'habitat du mort, le tertre originel à partir duquel Atoum entreprit la création : la tombe est donc l'image de la création. Dans ces conditions, on pourrait se demander pourquoi Imhotep recouvrit un mastaba, devenu carré, d'une pyramide. Les textes nous expliquent que le but poursuivi par le roi est de monter au ciel où il doit connaître un devenir à la fois solaire et stellaire. Pour ce faire, il a plusieurs moyens à sa disposition : les tourbillons ascendants de sable — dans lesquels nos contemporains voient encore l'expression de la malignité d'un esprit, un afrît —, l'aide du dieu Chou qui le prend dans ses bras, la transformation en oiseau — le plus souvent en faucon, l'oiseau qui vole le plus haut dans le ciel —, ou, d'une façon plus poétique, la fumée des encensoirs qui s'élève dans le ciel. Mais il peut aussi, prosaïquement, utiliser un escalier ou une échelle formée par les rayons du soleil. L'escalier, c'est la pyramide à degrés, dont le hiéroglyphe sert à déterminer le verbe âr, « monter ». Ce moyen n'est toutefois pas très longtemps à sa disposition, puisque la pyramide à degrés ne dure guère plus d'un siècle. On lui préfère dès la IVe dynastie la pyramide lisse qui symbolise, comme le benben, le rayon de soleil pétrifié à l'aide duquel le roi accède au ciel. La pyramide est donc un simulacre à valeur de prototype, tout comme la barque solaire qui l'accompagne. Le passage à la pyramide lisse, puis l'introduction du benben visent à réconcilier l'opposition entre Atoum et Rê qui, après les premières tentatives que nous avons évoquées plus haut de Djedefrê et de Chéphren, ne trouve de solution qu'avec la Ve dynastie, sous forme d'une assimilation de l'un à l'autre. Ainsi Ounas est assimilé à Atoum dans la Dat, qui est le monde souterrain, présentée comme un équivalent du Noun, les eaux initiales dans lesquelles évoluait le Créateur. Il en est arraché sous forme d'Atoum solaire pour accéder à la Douat, qui est l'horizon. C'est ce passage, déjà sans doute exprimé par le grand sphinx de Giza, qu'exposent les textes. Ceux-ci possèdent donc un sens de lecture lié à leur emplacement dans la tombe et correspondant, dans un premier temps, au déroulement des funérailles, puis, dans un second, à celui de la résurrection. Fig. 58 Plan comparatif des salles funéraires et du complexe pyramidal. Les textes décrivent d'abord la marche au tombeau : le vestibule correspond aux rites pratiqués dans le temple d'accueil. Le corridor est l'équivalent de la chaussée montante, l'antichambre celui du temple de culte. La salle du sarcophage joue le rôle du temple intime, le serdab étant ici comme là le réceptacle des effigies du roi. Ce sens de lecture, de l'entrée vers le sarcophage, est perceptible chez Pépi Ier. Une fois le mort installé dans son sarcophage, la lecture reprend, en continuant, mais cette fois vers la sortie : c'est le sens de la résurrection, au cours de laquelle les salles reçoivent une valeur symbolique. Le roi sort du sarcophage : il quitte la Dat, le monde infernal. Il est Atoum et se rend dans l'antichambre qui est l'horizon. De là, il commence son ascension en remontant le corridor jusqu'à atteindre les herses de granit qui sont les portes du ciel fermées par le verrou que constitue le phallus du dieu Bebon. Une fois les portes franchies, il se retrouve dans le caveau, devenu la Douat, la nuit, domaine des étoiles au milieu desquelles il atteint l'immortalité. Les tombes civiles Lors de son ascension au ciel, le roi ne se contente pas de bénéficier pour lui seul de la vie éternelle. Il devient certes l'un des compagnons de Rê, mais il garde la charge de ses sujets, qu'il entraîne avec lui dans l'au-delà. Ceux-ci, tout en cherchant à s'assurer des moyens propres de survie individuelle, souhaitent cette tutelle. Pour l'obtenir, ils n'accompagnent plus comme autrefois le roi dans sa tombe même, mais disposent leurs tombes à proximité de sa sépulture. De véritables villes funéraires se constituent ainsi, dont les tombeaux sont autant de maisons, séparées par des rues en quartiers, plus nobles au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de la pyramide. De cette manière, la hiérarchie de la société se trouve reconduite par-delà la mort : nobles, courtisans et fonctionnaires assurent éternellement leur charge aux côtés du roi. Les tombes des particuliers conservent à l'Ancien Empire le type architectural du mastaba. On entend par « particuliers » l'ensemble de la population à l'exception du roi, y compris donc les membres de la famille royale — ce qui se comprend dans la mesure où les princes qui jouèrent un rôle politique se présentaient eux-mêmes avant tout en fonctionnaires, quitte à mettre l'accent dans l'énoncé de leurs titres sur leurs origines ou leur alliance avec la famille régnante. La différence est plus difficile à faire pour les reines, qui ne bénéficient pas toujours d'une pyramide annexée à celle de leur époux. En général, leur tombe reste considérée comme un monument privé qui se rapproche plus ou moins du type royal selon l'importance et le rôle de celle que l'on présente toujours comme l'épouse ou la mère d'un souverain. Les exemples les plus illustres sont Hétephérès, la mère de Chéops, ou Khentkaous, présentée comme « la mère de deux rois » dans sa tombe de Gîza et adorée comme fondatrice de la Ve dynastie à Abousir. Nitocris est le seul cas vraiment royal ; malheureusement, comme nous l'avons vu, on n'a pas retrouvé la pyramide que lui prête la tradition. L'évolution du mastaba suit après un temps celle de la pyramide avec le passage à la fin de la IIIe dynastie de la brique au calcaire marneux, puis, à la IVe dynastie, au calcaire siliceux, plus flatteur, et, surtout, au revêtement de calcaire fin. C'est la superstructure, plus que l'infrastructure qui évolue, pour se fixer dans le type suivant. Fig. 59 Coupe d'un mastaba type (d'après Desroches-Noblecourt : 1946, 54) On voit que le caveau a peu évolué. Il est essentiellement le réceptacle du corps. Tantôt carré, tantôt rectangulaire, voire parfois circulaire, il est le plus souvent, à la IVe dynastie, construit en brique avec un toit en pierre et une voûte « à encorbellement » (voir p. 144). Il contient un sarcophage rectangulaire en pierre, calcaire ou syénite, selon la libéralité du roi qui dote le fonctionnaire qui ne saurait assumer à lui seul, on l'a vu, les frais d'une expédition aux carrières de Toura, d'Hatnoub ou d'Assouan. Il est difficile de savoir si le corps était momifié. Théoriquement, la momification est attestée, comme nous l'avons vu, dès la Ire dynastie et l'on a retrouvé des restes de momie dans la tombe de Djoser. Les dépouilles des défunts de ces grandes nécropoles de l'Ancien Empire sont très mal conservées, et aucune scène des chapelles ne vient confirmer cette pratique, qui n'est réellement décrite que plus tard, au moins pour les particuliers. On n'a, par ailleurs, retrouvé aucune momie royale de cette époque : la plus ancienne connue est celle de Mérenrê, conservée aujourd'hui au Musée du Caire (Bucaille : 1987, fig. 1). Il est assez probable que, dans la majeure partie des cas, on continuait à faire confiance à la dessication naturelle du corps qui était grandement facilitée par l'environnement désertique, et ce jusque très tard, puisqu'on n'a découvert, par exemple, aucune trace de momification à Balat, dans la nécropole des gouverneurs de l'oasis de Dakhla, qui date, en partie, de la seconde moitié de la VIe dynastie. Rites et culte funéraires Les Égyptiens eux-mêmes n'ont pas décrit dans le détail le processus de l'embaumement. En tout cas, un pareil traité ne nous est pas parvenu. Les représentations ne sont jamais totalement explicites, et les allusions qui y sont faites sont moins techniques que religieuses. Ce que l'on en sait vient essentiellement des auteurs grecs : Hérodote, Diodore, Plutarque ou Porphyre. On peut reconstituer les grandes lignes du procédé et, ce qui importait le plus aux Égyptiens, son but et la valeur symbolique qui s'y attachaient. Mais seuls le « démaillotage » de momies et leur analyse à l'aide de techniques modernes donnent des indications qui prennent parfois en défaut les idées reçues. Ce fut le cas lors de la restauration des restes de Ramsès II et, plus récemment, lors de l'examen, en 1986, par des équipes pluridisciplinaires de chercheurs, d'une momie anonyme de Basse Époque du Muséum de Lyon (Josset-Goyon : 1988). Les principales étapes de la momification étaient les suivantes, au moins au Nouvel Empire. Après la mort, le corps était emporté dans un lieu spécialisé, une « maison de purification », où commençait le traitement. Il était allongé sur une table et décervelé. L'un des paraschistes — les prêtres chirurgiens spécialisés dans la préparation des cadavres — incisait le flanc gauche à l'aide d'un couteau qui devait être, rituellement, en silex. Il éviscérait par cette plaie le cadavre en brisant le diaphragme. Les organes ainsi prélevés étaient traités séparément : embaumés et emmaillotés, ils étaient théoriquement placés, jusqu'au début de la Troisième Période Intermédiaire, dans des vases. Leur première trace connue se trouve dans le mobilier funéraire de la reine Hétephérès, la mère de Chéops, et, à la suite d'une fausse interprétation d'A. Kircher, on les a appelés « canopes ». Ces vases étaient placés sous la protection des quatre fils d'Horus, Amset, Hâpy, Douamoutef et Qebehsennouef, qui veillaient respectivement, en théorie, sur le foie, les poumons, l'estomac et les intestins. Ils étaient déposés dans le caveau. Par la suite, on se contenta de remettre les viscères sous forme de « paquets-canopes » à leur place dans le corps après les avoir traités. On ne laissait en place que le cœur et les reins, que leur position rendait, de toute façon, difficilement accessibles. Une fois le corps vidé, intervenait le taricheute qui le « salait » en le plaçant dans le natron, où il restait environ trente-cinq jours. On luttait contre le noircissement des chairs que provoquait ce traitement en teignant au henné certaines parties du corps ou en les enduisant d'ocre, rouge pour les hommes, jaune pour les femmes, comme on le faisait normalement pour les statues ou les reliefs. On bourrait ensuite, à l'aide de pièces de tissus fournies en principe par la famille, l'abdomen et la poitrine de tampons imbibés de gommes, d'aromates et d'onguents divers, de façon à reconstituer l'aspect du corps tout en assurant la conservation. L'ouverture pratiquée par le paraschiste dans l'abdomen était recouverte d'une plaque placée également sous l'invocation des quatre fils d'Horus. Le corps ainsi recomposé était nettoyé et purifié. Puis commençait l'emmaillotage, qui se faisait lui aussi par étapes. On entourait d'abord, à l'aide de bandes de lin, chaque membre, y compris les doigts et le phallus, puis l'ensemble du corps que l'on avait entre-temps recouvert d'une grande pièce de tissu faisant office de linceul. Cet enroulement se faisait selon un rituel très précis qui était suivi de la même manière, qu'il s'agît d'un roi ou d'un simple particulier. La seule différence résidait dans le prix des amulettes qui étaient glissées au-dessus de certains membres et des tissus employés. À partir du Nouvel Empire, des textes funéraires sont inclus dans l'emmaillotage, au même titre que les amulettes et les bijoux : on glisse ainsi souvent un Livre des Morts entre les jambes de la momie. Un masque recouvre, enfin, l'emplacement du visage; en cartonnage le plus souvent, il peut être beaucoup plus précieux pour de grands personnages et combiner l'or de la chair des dieux avec le lapis-lazuli de leur chevelure. Ce masque a tendance à se développer à partir du Nouvel Empire, jusqu'à devenir une « planche » recouvrant l'ensemble du corps et reproduisant l'aspect d'un couvercle de sarcophage, le stade ultime étant constitué par les « portraits » du Fayoum peints à l'encaustique. La momie était ensuite placée dans un sarcophage qui, lui aussi, évolue au fil du temps. À l'origine, c'est son rôle de substitut de la maison du défunt qui domine, comme l'indiquent sa forme carrée et un décor en « façade de palais ». Fig. 60 Sarcophage « en façade de palais » provenant d'Abou Roach (Musée du Louvre). À partir de la VIe dynastie, le sarcophage, tout en conservant son rôle de fausse-porte, commence à inclure du texte : formule de l'offrande, et frises d'objets lui servant de substituts, mais aussi déjà des chapitres des Textes des Sarcophages (Valloggia : 1986, 74-78), dont les exemples connus datent surtout du Moyen Empire. Le matériau et la forme évoluent également, et il convient de distinguer la cuve, souvent en pierre, voire taillée à même le roc, du sarcophage proprement dit, qui tend, dès le Moyen Empire, à épouser la forme du corps. Le mobilier funéraire reste composé des mêmes éléments de base : chevets, vaisselle et objets personnels, restes du repas funéraire. Le caveau est désormais fermé par une herse de pierre, comme la sépulture royale, et le puits, qui peut comporter un escalier ou un couloir débouchant dans la cour en avant de la superstructure, est bloqué au moment des funérailles. Ce qui évolue le plus, c'est la chapelle, qui se trouve toujours dans la superstructure. Jusqu'à l'époque de Snéfrou, elle est cruciforme et se situe dans la paroi orientale du mastaba : elle est le développement logique de la niche originelle, dont nous avons vu qu'elle jouait le rôle de fausse-porte. Le plan change ensuite, et l'on a établi une typologie assez complexe fondée sur l'organisation générale, la présence de niches, le nombre de pièces, etc. L'évolution la plus radicale se fait à Gîza avec la systématisation de l'usage de la pierre qui modifie profondément l'aspect des monuments, en particulier en permettant un fruit plus accentué que la brique, et surtout en offrant de vastes surfaces aux décors intérieurs. Les extensions des Ve et VIe dynasties ne font que multiplier le nombre de pièces en jouant sur la disposition générale, produisant les plus beaux et les plus riches exemples de cette forme de sépulture qui ne survit guère à l'Ancien Empire. Nous avons évoqué plus haut la carrière de Ti, dont le tombeau fut découvert par A. Mariette en 1865. Ce mastaba, tant par son architecture que pour la qualité de ses reliefs est l'un des sommets de Fig. 61 Plan du mastaba de Ti à Saqqara. l'art funéraire de l'Ancien Empire. Le vestibule (I) présente la procession des trente-six domaines du défunt et l'apport de ses fermes et basses-cours de chaque côté de la porte, sur laquelle figure l' « appel au vivant » : une adresse au visiteur pour lui demander de prononcer la formule de l'offrande pour le bénéfice du mort. Celle-ci, énoncée de la bouche d'un vivant, prend corps et assure la subsistance du propriétaire de la tombe. Une fois la porte franchie, on se retrouve dans une cour à piliers (II), dont les murs sont ornés de scènes relatant la vie des domaines (volières, élevage d'oiseaux, reddition de comptes), mais aussi la préparation des funérailles (transport du mobilier funéraire, tandis que Ti se rend en palanquin vers son tombeau en compagnie de son chien familier). Cette cour, sur laquelle donne le premier serdab, où l'on a retrouvé une statue du propriétaire aujourd'hui au Musée du Caire (CGC 95), contient également une stèle fausse-porte au nom de son fils Démedj, qui fut lui aussi un courtisan. Un peu plus loin, dans le premier corridor (III), une autre fausse-porte est consacrée à son épouse Néferhétepès. Les reliefs montrent Ti remplissant ses fonctions sacerdotales, des scènes de concert et de danse et une navigation des deux époux. Un second corridor (IV) présente la visite par Ti de ses domaines du Delta et son retour à Memphis, le transport des statues et des scènes d'offrandes. Il donne accès à une pièce qui joue le rôle de magasin (V), sur les murs de laquelle on voit s'activer potiers, brasseurs et boulangers, tandis qu'est figuré l'apport d'offrandes qui devaient être stockées dans une niche. Enfin, au fond de la tombe et communiquant avec le second serdab par trois ouvertures, se trouve la chapelle, où l'ensemble de ces thèmes sont regroupés de façon à fournir au maître des lieux tous les éléments de sa vie dans l'au-delà : face au serdab, procession des domaines, pêche et chasse dans les marais, élevage, scènes agricoles et nilotiques, auxquelles Ti et sa famille assistent en compagnie de leurs animaux familiers. À l'est et au sud, récoltes, moissons, présentation du cheptel et reddition de comptes, travaux d'artisanat — autant de tableaux dont la présence indispensable orne les murs de toutes les chapelles et que l'on retrouvera à la fin de l'Ancien Empire transposés dans la forme plastique des « modèles ». S'y ajoutent, bien entendu, des scènes d'abattage et d'offrandes, disposées de part et d'autre des deux stèles fausses-portes qui sont encastrées dans le mur occidental, au point de passage entre le royaume des morts et celui des vivants. Le schéma de base de la décoration de la chapelle est à peu près toujours le même. Le défunt accueille le visiteur dès la porte, sur laquelle figurent ses titres et son image. À l'intérieur de la chapelle, face à la porte, sur la paroi occidentale donc, se trouvent la ou les fausses-portes qui lui permettent, à lui et aux siens de jouir de Fig. 62 Chapelle de Ti : stèle fausse-porte nord (dessin H. Wild). l'offrande. Celle du nord lui est réservée, celle du sud l'est à son épouse; entre les deux, un décor végétal ou la reproduction de tapisseries. Face aux fausses-portes, sur la paroi opposée, des scènes proprement funéraires : le pèlerinage sous forme de navigation aux villes saintes de Bousiris et d'Abydos, respectivement sur les murs nord et sud, conformément à l'orientation géographique de ces deux lieux de pèlerinage. Les parois nord et sud sont décorées de scènes de la vie des domaines — agriculture, élevage, jeux, arts et métiers —, la paroi sud, derrière laquelle se trouve le serdab, montre l'encensement des statues qui sont déposées dans celui-ci. Fig. 63 Chapelle de Ti : défilé des bœufs et reddition des comptes (dessin H. Wild). Fig. 64 Chapelle de Ti : le passage du gué. Fig. 65 Chapelle de Ti : chasse dans les marais. Fig. 66 Ci-dessous. Oies : mastaba d'Itet à Meïdoum, peinture sur stuc recouvert de pisé. L = 1,73 m. Le Caire, Musée égyptien. La majeure partie de ce système décoratif est aussi vraie pour un nouveau type de sépulture qui apparaît à la IVe dynastie, les hypogées, dont les premiers sont creusés dans le plateau de Gîza et qui connaîtront une grande fortune par la suite. La disposition des salles est la même : antichambre, chapelle et serdab; le puits conduisant au caveau part également de la chapelle ou d'une salle spéciale. La seule différence est, bien entendu, le volume extérieur, la façade étant talutée pour donner l'illusion d'une entrée de mastaba. L'hypogée sert de substitut au mastaba là où la nature du terrain rend la réalisation de celui-ci impossible. Les villes de province adoptent en effet le type de sépulture de la capitale ; mais elles ne disposent pas toujours d'emplacements adéquats. C'est le cas tout particulièrement en Moyenne Egypte, où les nécropoles sont ménagées le plus souvent dans la falaise qui borde la vallée, ce qui amène l'adoption du mastaba « rupestre », comme, par exemple, dès la IVe dynastie, dans la nécropole de Tehna. Celui-ci évolue rapidement vers la tombe rupestre proprement dite. Les nomarques de la province du Lièvre ont des tombeaux de ce type à Cheikh Saïd, au sud de Mellaoui : ceux des chefs du palais de la VIe dynastie Mérou, Ouaou ou Ankhtéti. Même chose à Deir el-Gebrawi, et surtout à Assouan, dont la nécropole possède une trentaine de tombes de ce genre. Fig. 67 Plan de la tombe de Sabni et Mékhou à Assouan. La façade, non décorée, est percée d'une porte flanquée de deux pierres levées qui rappellent les grandes stèles ornant, à la même époque, l'entrée des mastabas des gouverneurs de l'oasis de Dakhla à Balat. La chapelle elle-même, plus large que profonde, est séparée en trois travées de six piliers. Dans la travée centrale, une table d'offrandes fait face à la chapelle de culte, dont la fausse-porte est taillée dans la paroi occidentale. La tombe communique avec celle de Mékhou, le père de Sabni. Toutes deux sont ornées des thèmes habituels. Il ne s'agit là que d'une adaptation au terrain. Lorsque celui-ci ne se prête ni au mastaba traditionnel ni à l'hypogée, comme dans l'oasis de Dakhla, où le sol argileux interdit une construction toute en pierre, les architectes adoptent une technique mixte, qui allie un caveau en pierre construit à l'intérieur d'une excavation creusée dans l'argile et une superstructure de brique reposant elle-même sur des fondations et un bourrage réalisé dans le même matériau (Valloggia : 1986, 43-48). L'hypogée finit par l'emporter uniquement parce que, le centre politique s'étant déplacé vers le Sud, les nécropoles n'étaient plus situées sur le plateau, mais dans la falaise même. Les thèmes décoratifs Les scènes des tombeaux sont une source précieuse pour connaître la vie économique et, dans une certaine mesure, bon nombre d'aspects de la vie sociale de l'Ancien Empire. Elles nous renseignent aussi sur les coutumes et les croyances funéraires elles-mêmes. On s'aperçoit, en premier lieu, que, contrairement à son roi qui monte au ciel, le simple particulier reste, lui, dans sa tombe, où il jouit d'une survie décalquée de sa vie terrestre. C'est la proximité du dieu, donc celle du roi, matérialisée par la disposition de la nécropole que nous évoquions plus haut, qui garantit l'intégration du défunt au monde divin. D'où l'omniprésence du roi dans la tombe : d'abord par la concession même du terrain sur le territoire dévolu à son propre devenir funéraire et des éléments architectoniques clefs comme le sarcophage, la fausse-porte, la table d'offrandes, etc., mais aussi dans le récit de la vie du propriétaire de la tombe. Celui-ci dépend totalement du roi, dont il est, comme nous avons vu, un imakhou. L'enfermement même à l'intérieur de la tombe, accompagné du luxe extraordinaire de précautions prises pour multiplier les supports de l'âme, des statues ou des simples « têtes de remplacement » contenues dans le serdab aux textes et aux représentations, fournit une image de l'univers réduite aux réalités terrestres. Les thèmes décoratifs évoluent dans le détail avec le temps, mais ils restent centrés sur les réalités essentielles qui concernent le mort. On y suit toutes les étapes de la vie humaine : celles de la vie proprement dite, à travers les scènes quotidiennes, les dernières aussi, celles qui conduisent le défunt de la maison funèbre à l'éternité. On assiste à la déploration à proximité du cadavre, gestes éternels des pleureuses qui, d'Isis et Nephtys se lamentant sur la mort d'Osiris à nos jours, répètent inlassablement les gémissements et les plaintes nés de la douleur de voir partir l'être cher. Le corps est ensuite conduit, toujours veillé par des deuillantes, dans une barque à baldaquin, vers la maison d'embaumement, placée sous le patronage d'Anubis. Il y reçoit les soins que nous avons décrits plus haut. Une fois embaumé, le mort est censé se rendre, toujours en bateau, à Saïs, dans le Delta. Ce rite constitue une sorte de premier pèlerinage vers un lieu, dont on sait par Hérodote qu'on y jouait plus tard le mystère de la passion osirienne. Il bénéficie à cette occasion d'une offrande dans la « place pure » (ouâbet). Cette offrande est surtout alimentaire et comporte des rites d'abattage auxquels prennent part aussi bien les deuillants que les prêtres embaumeurs et le ritualiste. De là, il entreprend un deuxième voyage, vers la ville sainte de Bouto. En fait, il n'y a pas déplacement réel vers ces lieux : tout se passe dans la nécropole elle-même, en des lieux baptisés « Saïs » et « Bouto ». Après s'être ensuite rendu dans les sanctuaires héliopolitains, le défunt se retrouve devant l'entrée de la nécropole, où l'attendent les rites ultimes qui vont marquer sa séparation définitive d'avec les vivants : une nouvelle purification sous forme de libations et de fumigations pendant que les pleureuses continuent leur office. Puis commence un jeu dont les scènes s'enchaînent. Deux prêtres font mine de se disputer le sarcophage en le tirant chacun à soi : l'un est l'embaumeur, qui tire le défunt vers les vivants, l'autre le prêtre funéraire, auquel il appartient désormais. Ensuite apparaît le tekenou, une forme enveloppée dans une peau et placée sur un traîneau et dont le nom, « le voisin », laisse supposer qu'il s'agit d'une puissance tutélaire de la nécropole qui aide le mort à triompher de ses ennemis au moment d'accéder au tombeau. Il l'entraîne vers l'occident, tandis que derrière eux suivent les vases canopes portés à bras d'hommes. Le cortège arrive à l'entrée de la tombe, devant la fausse-porte où se déroule le banquet funèbre, prototype de l'offrande qui sera renouvelée éternellement. On introduit alors le mobilier dans le caveau, puis le sarcophage et une statue du défunt censée se rendre en pèlerinage à Abydos, la ville sainte d'Osiris. Après l'exécution de rites de protection, le caveau est scellé à jamais : les murs de la chapelle peuvent s'animer pour offrir au mort la jouissance éternelle de ses biens. CHAPITRE VI La lutte pour le pouvoir L'effondrement On appelle le siècle et demi qui sépare l'Ancien du Moyen Empire « Première Période Intermédiaire » : c'est un terme qui ne veut rien dire et tout dire. La notion de période « intermédiaire » n'est, historiquement, pas recevable : toute période est un lien entre deux états d'une civilisation. Les Égyptiens eux-mêmes n'ont pas considéré cette époque comme une rupture dans leur histoire. Bien au contraire. Non seulement il n'y a pas eu de véritable interruption dans le gouvernement, mais en plus c'est sa forme institutionnelle même que revendiquent des dynastes locaux qui ne souhaitent qu'une chose : récupérer à leur compte le pouvoir qui a échappé des mains des souverains memphites. Les limites chronologiques de la Première Période Intermédiaire sont aussi un problème. On s'accorde généralement pour considérer qu'elle s'achève lorsque Montouhotep II Nebhépetrê, un prince thébain qui se voyait, lui et ses ancêtres, non pas comme nomarques mais comme souverains légitimes d'Égypte, mena à bien la réunification des deux royaumes qui avaient recouvré l'indépendance des premiers temps. Cette coupure, si elle correspond à un fait politique indiscutable, n'est pas conforme à l'historiographie égyptienne, que ce soit celle des princes thébains ou celle de Manéthon qui repose sur un découpage en dynasties. La fin de l'Ancien Empire n'est pas non plus facile à déterminer : est-ce la période de lente décadence de l'autorité royale, qu'il faut faire remonter au règne de Pépi II, l'effondrement de la VIe dynastie au moment de la difficile succession de Nitocris ou la crise qui s'abat vers cette époque sur l'Égypte ? Manéthon fait de la VIIe dynastie une description qui trahit le désarroi de ses sources : « soixante-dix rois en soixante-dix jours » — une formulation peut-être faite par jeu sur le numéro de la dynastie pour en souligner le caractère éphémère (Helck : 1956, 32), à moins qu'il ne s'agisse d'une métaphore jouant sur le chiffre soixante-dix, qui représente le nombre des forces créatrices de la cosmologie héliopolitaine... Les Égyptiens, eux, sont quasiment muets sur cette période sombre. Le seul témoignage qui en soit connu est une œuvre littéraire, à l'évidence apocryphe, qui nous est parvenue par un unique manuscrit : un texte qui place dans la bouche d'un nommé Ipouer un tableau apocalyptique des exactions commises de son temps. Ces Lamentations, que l'on a rapprochées du genre de la « prophétie », révèlent par leur ton et le choix des éléments présentés leur intention politique. L'état du pays que dresse Ipouer en regrettant l'ordre qui régnait auparavant montre les ravages que provoque la faiblesse du pouvoir et la nécessité d'avoir un roi fort, qui ne peut être que celui dont la fin de la prophétie, malheureusement perdue, devait annoncer la venue. « Voici que des événements se sont produits, qui n'avaient jamais existés depuis la nuit des temps : le roi a été renversé par la populace ! Oui, celui qui avait été enterré en tant que Faucon, on l'a arraché de son sarcophage ! Le caveau de la pyramide a été violé ! Voici qu'on en est arrivé à ce point qu'une poignée d'individus qui n'entendaient rien au gouvernement a dépouillé le pays de sa royauté. » (Admonitions 7,1-4.) Le sacrilège est double : non seulement on a privé le pays de son roi, donc de la garantie du maintien de l'ordre établi, mais encore on a dépouillé les générations précédentes de leur survie en détruisant le corps du roi défunt. C'est, sans jeu de mots, toute la pyramide de l'univers qui s'écroule : l'Égypte est devenue le « monde à l'envers », c'est-à-dire qu'elle est la proie du chaos qui la guette à chaque fois que l'hypostase du démiurge — le pharaon — manque à son devoir ou disparaît... Derrière la phraséologie, il y a un fond de réalité, dont on possède par ailleurs des témoignages indirects. On a voulu voir dans cette crise qui s'abat sur l'Égypte une révolution sociale. C'est improbable, dans la mesure où ce n'est pas une nouvelle forme de gouvernement qui en est sortie : l'ancien système a été maintenu, comme il le sera par la suite à chaque nouvelle « période intermédiaire ». Les événements relatés par Ipouer ressemblent plutôt à une révolte des couches les plus déshéritées de la société provoquée non pas par le sentiment d'une injustice sociale, qui eût été totalement étranger à l'esprit du système, mais par une cause extérieure à l'Égypte, qui a trouvé un terrain favorable dans un pays affaibli. La fin du IIIe millénaire a connu, en effet, une période climatique de type sahélien qui a particulièrement frappé l'Afrique orientale (Bell : 1971, 1-8). En Égypte, la disette s'est trouvée amplifiée par la carence de l'administration centrale. On peut supposer que celle-ci fut inapte à contraindre les nomarques devenus plus ou moins indépendants dans leur province à maintenir en état les canaux d'irrigation, indispensables pour assurer une bonne répartition de la crue, à supposer que celle-ci n'ait pas déjà été insuffisante plusieurs années de suite. Une constatation vient étayer cette théorie en même temps qu'elle illustre la fragilité de la notion de « période intermédiaire » : il semblerait que la famine, en tout cas les troubles qui l'ont accompagnée, se soient limités à la vallée du Nil. La ville agricole de Balat, dans l'oasis de Dakhla, et sa nécropole voisine, par exemple, ne connaissent ni destruction ni interruption à la fin de la VIe dynastie (Giddy : 1987, 206 sq.). Cette période critique n'a pas dû durer plus d'une ou deux générations. Mais la violence qu'elle a engendrée ne s'est pas calmée tout de suite ; elle a même persisté relativement longtemps, si l'on en croit les regrets qu'exprime face à des faits semblables le roi d'Hérakléopolis, en qui on voit généralement Khéty III, dans l'Enseignement qu'il donne à son fils, presque un siècle après : « J'ai pris This comme une trombe d'eau (...), mais j'en suis affligé pour l'éternité (...). Une action odieuse arriva de mon temps : la nécropole de This fut mise à sac. Ce n'est pas, bien sûr, une chose que j'ai faite moi, puisque je l'ai apprise après qu'elle fut faite. » (Mérikarê XXVI et XLII.) Les protestations d'innocence de Khéty III montrent que lui-même ne pouvait pas, encore longtemps après la période des troubles, contrôler totalement ses troupes. La famine n'a pas non plus disparu en une année, et l'on s'aperçoit que ces générations affamées et violentes ont marqué durablement les Égyptiens (Vandier : 1936). Une autre difficulté est venue aggraver l'état du pays : la situation extérieure. On ne possède aucune attestation d'activité de l'Égypte, de quelque nature que ce soit, avec ses partenaires de l'Ancien Empire : ni en Syro-Palestine, ce qui veut dire que le commerce avec Byblos et la Méditerranée orientale avait cessé, ni dans le Sinaï, où l'exploitation des mines est abandonnée. Pis encore, les Bédouins « habitants-des-sables » contre lesquels Ouni guerroyait naguère envahissent le Delta vers la fin de la VIIIe dynastie. Du côté de la Nubie, les choses ne vont guère mieux : il n'y a, apparemment, ni expéditions ni échanges, et la civilisation du Groupe-C peut se développer en dehors de l'influence égyptienne. Les héritiers La VIIIe dynastie est moins fictive que la VIIe. Sur les dix-sept rois que l'on peut lui attribuer (v. Beckerath : 1984, 58-60), au moins cinq des noms fournis par les listes royales reprennent le nom de couronnement de Pépi II : Néferkarê. On en a déduit qu'il s'agit de certains de ses fils ou petits-fils. C'est peut-être le cas de Néferkaré Nébi, Khendou et Pépiséneb. On connaît un peu les derniers rois de la dynastie grâce à des copies de décrets pris en faveur de la famille du vizir Chémay de Coptos. Le seul roi que l'on identifie avec précision est Qakarê Aba auquel le Canon de Turin n'accorde que deux ans de règne et que l'on place en quatorzième position dans la dynastie. On a retrouvé sa pyramide à Saqqara-sud, à proximité de celle de Pépi II. Bien que de petites dimensions, elle continue la tradition memphite, puisqu'elle est, elle aussi, inscrite. Vers cette époque, c'est-à-dire approximativement 2160-2150 avant notre ère, la situation n'est pas fameuse. Le Delta est aux mains des envahisseurs venus de l'est, que les Égyptiens désignent sous le nom générique d' « Asiatiques ». Le pays échappe à peu près complètement à l'autorité des rois de la VIIIe dynastie, dont le pouvoir doit se limiter à la région de Memphis. En Haute-Égypte, Thèbes n'est pas encore la capitale du 4e nome, et ses princes, les successeurs d'Ikni, en sont à jeter les bases de leur futur royaume. La Moyenne-Égypte, elle, fait sécession autour des princes d'Hérakléopolis, la capitale du riche et fertile 20e nome de Haute-Égypte, Nennesout, l' « Infant royal », aujourd'hui Ahnâs el-Médineh, qui occupe une position stratégique dans les échanges entre le Nord et le Sud sur le Bahr Youssouf, un peu au sud de l'entrée du Fayoum. Cette province, que sa position protège des invasions venues du nord, a bénéficié de l'accroissement des échanges dû à la colonisation de la Nubie. Le pouvoir que s'arroge son prince, Méribrê Khéty Ier, ne semble pas être contesté par les autres nomarques, puisqu'on trouve son nom jusqu'à Assouan. Il fonde une dynastie, la IXe de Manéthon, qui ne dure guère — une trentaine d'années, de 2160 à 2130 environ —, mais donne une certaine légitimité à la Xe qui lui fait suite. Les noms de couronnement que se choisissent les rois d'Hérakléopolis — Méribrê, Néferkarê, Nebkaourê — les posent en successeurs de la lignée memphite. Ils en gardent peut-être le siège administratif (Vercoutter : 1987, 142), puisque Aba s'est fait enterrer à Saqqara où la Mission allemande de Hanovre et Berlin a retrouvé une nécropole contemporaine qui prouve l'activité du site (Leclant & Clerc, Or 55 (1986), 256-257). Saqqara est peut-être encore nécropole royale à la Xe dynastie, puisque la tradition place la pyramide de Mérikarê à proximité de celle de Téti. Mais ce ne sont là que des suppositions, car on ne connaît de ces rois que leurs noms, et l'on ne sait comment interpréter les rares données fournies par l'archéologie. On a trouvé, par exemple, à Dara, à proximité de la ville moderne de Manfalout, c'est-à-dire au débouché de la piste du Darb et-tawil qui conduit à l'oasis de Dakhla, toute une nécropole, manifestement royale. En son centre trône une pyramide appartenant à un roi Khoui, que l'on place, sans aucune certitude, dans la VIIIe dynastie (v. Beckerath : 1984, 60). La reprise des fouilles de Dara, entreprises jadis par l'Institut Français d'Archéologie Orientale du Caire, éclaircira peut-être cet épisode de l'histoire de la Moyenne-Égypte. Hérakléopolitains et Thébains La Xe dynastie, qui a une existence plus longue, puisqu'elle atteint presque un siècle, est moins obscure. Son fondateur, à nouveau un Néferkarê, serait donc le septième du nom. Il est appelé sur un graffito de Hatnoub Méry-Hathor, « aimé d'Hathor » (Vercoutter : 1987, 143), ou, peut-être plus vraisemblablement, Meribrê (LÄ VI 1441 n. 5), ce qui le rattacherait plus étroitement à la tradition memphite dont il se réclame. Son successeur commence à avoir maille à partir avec ses voisins du Sud, qui entreprennent à leur tour la conquête du pouvoir. Car, depuis l'effondrement du gouvernement memphite, les provinces, dans un premier temps avaient joué un jeu d'alliances avec ou contre le pouvoir légitime. Puis elles s'étaient mises à tenter plus ou moins leur chance, en tout cas à conforter leurs positions respectives. On ne croit plus aujourd'hui à l'existence d'un royaume abydénien, ni coptite, que la position un peu excentrique de Coptos au débouché du Ouadi Hammamat rendait plausible. La famille du vizir Chémay que nous évoquions plus haut fit très tôt alliance avec son voisin thébain : au Fig. 68 Tableau chronologique des dynasties IX-XI, incluant les nomarques de Moyenne-Égypte. moment de l'affrontement entre Hérakléopolitains et Thébains. C'est ce que nous apprend l'autobiographie d'un certain Ankhtifi, chef du 3e nome de Haute-Égypte, Héfat, aujourd'hui Mo'alla, à une quarantaine de kilomètres au sud de Louxor. Laissons lui la parole : « Le prince et le pacha, le trésorier du roi de Basse Égypte, l'Ami Unique, le prêtre-lecteur, le chef de l'armée, le chef des interprètes, le chef des régions montagneuses, le grand chef des nomes d'Edfou et d'Hiérakonpolis, Ankhtifi, dit : « Horus [le roi] m'a amené dans le nome d'Edfou pour son plus grand bien, et en vue d'y rétablir l'ordre. J'ai agi aussitôt (...). J'ai trouvé le domaine de Khouou [Edfou] inondé comme une réserve de pêche, négligé par celui qui en avait la charge et ruiné par les agissements du misérable. Je fis se réconcilier l'homme et celui qui avait assassiné son père ou qui avait assassiné son frère pour rétablir l'ordre dans le nome d'Edfou (...). « J'avais autant le souci du premier que du dernier des hommes. J'étais celui qui trouvais la solution quand elle manquait dans le pays grâce à des décisions avisées, et ma parole sut être habile et mon courage ferme le jour où il fallut fédérer les trois nomes. C'est que moi, je suis un brave qui n'a pas son semblable, un homme qui sut parler librement à un moment où les gens se taisaient, le jour où il fallut semer la crainte, alors que la Haute Égypte était dans le silence (...). « Le général d'Ermant vint me dire : " Viens donc, ô brave ! Descends le courant jusqu'aux forteresses d'Ermant ! " J'ai donc descendu le courant jusqu'aux régions situées à l'ouest d'Ermant et j'ai constaté que toutes les forces de Thèbes et Coptos avaient pris d'assaut les forteresses d'Ermant (...). J'abordai sur la rive occidentale du nome de Thèbes (...). Mes troupes d'élites cherchèrent le combat dans la région occidentale du nome de Thèbes, mais personne n'osait sortir par crainte d'elles. Alors, je descendis le courant et abordai sur la rive orientale du nome de Thèbes (...). Alors mes braves troupes d'élite, oui, mes braves troupes d'élite se firent éclaireurs à l'ouest et à l'est du nome de Thèbes, cherchant le combat. Mais personne n'osait sortir par crainte d'elles (...). « La Haute-Égypte entière mourait de faim, et chacun en était arrivé à manger ses propres enfants. Moi j'ai refusé que l'on mourût de faim dans ce nome. J'ai accordé un prêt de grain à la Haute-Égypte et donné au Nord du grain de Haute-Égypte. Et je ne sache pas qu'une chose pareille ait été faite par les nomarques qui m'ont précédé (...). « J'ai fait vivre les nomes d'Hiérakonpolis et d'Edfou, Éléphantine et Ombos ! » (Inscriptions 1-3,6-7,10 et 12 = Vandier : 1950, 161-242.) Ankhtifi est donc nomarque d'Hiérakonpolis et fidèle au souverain d'Hérakléopolis qui doit être Néferkarê VII. On remarque que ses titres sont fortement enracinés dans la tradition memphite et hors de proportion avec la taille de sa province : que le prince d'Hiérakonpolis soit à la fois général en chef, chef des prophètes, des interprètes et des régions montagneuses (c'est-à-dire des Affaires étrangères) et chancelier du roi de Basse-Égypte, confirme pour le moins la taille réduite du royaume hérakléopolitain. Un autre trait est frappant : autant Ouni mettait en avant ses titres nationaux, autant Ankhtifi se sent d'abord chef de sa province : il n'est pas gouverneur d'une région, mais simplement chef de trois nomes. Et encore, il ne devient nomarque d'Edfou qu'après en avoir dépouillé Khoui qui était allié à Thèbes. Là encore, il y a une disproportion entre les termes utilisés, qui relèvent de la phraséologie royale, et la réalité de ce qui tenait plus de tractations diplomatiques que d'un véritable maintien de l'ordre. L'essentiel des combats a lieu autour d'Ermant, la ville du dieu Montou, au cœur de la Thébaïde. Cela donne la mesure du pouvoir des gens de Thèbes qui ont formé alliance avec Coptos : pressés sur leur propre territoire par les troupes des trois premiers nomes de Haute-Égypte, ils refusent le combat. Le texte ne nous donne pas l'issue de ces affrontements, interrompus sans doute par la famine, à moins qu'Ankhtifi, peu soucieux de relater ses revers, ait consacré la fin de son autobiographie à évoquer son œuvre de paix. Un échec de sa part est assez probable, même si l'achèvement de sa tombe laisse supposer qu'il n'a pas personnellement été vaincu. Son adversaire est le fondateur de la dynastie thébaine, le prince Antef Ier, qui se proclame roi sous le nom d'Horus de Seherou-Taoui, « Celui qui a ramené le calme dans les Deux Terres », un nom que reprendra un demi-millénaire plus tard l'autre réunificateur originaire de Thèbes : Kamosé. Cet Antef Ier n'est pas le fondateur de la lignée thébaine, qui a compté avant lui deux princes. À l'origine se trouve un premier Antef, qui est, comme son successeur Montouhotep Ier, nommé dans la liste royale de la « Chambre des Ancêtres » de Karnak en tant que nomarque. Il devait être contemporain de la fin de la VIIIe dynastie, à laquelle il fait allégeance, peut-être déjà par opposition au pouvoir montant d'Hérakléopolis. Cet Antef est l'objet d'un culte sous Sésostris Ier en tant que fondateur de la dynastie, tout comme Montouhotep Ier qui reçoit même un nom fictif d'Horus : tépy-â, « l'ancêtre » Montouhotep Ier est le père d'Antef Ier, qui s'est proclamé « chef suprême de la Haute-Égypte » avant de se déclarer roi. Après sa victoire probable sur Ankhtifi, Antef Ier est maître du Sud — au moins de Coptos, Dendara et des trois nomes commandés par Hiérakonpolis. Son successeur, Antef II Ouahânkh, reprend la lutte avec Hérakléopolis, où Khéty III est monté sur le trône. Elle a cette fois pour théâtre la Moyenne-Égypte, que les Thébains cherchent à arracher aux rois du Nord. On suit assez bien l'histoire de la Moyenne-Égypte tout au long de ces combats grâce aux renseignements que fournissent les nécropoles des trois provinces clés que sont les 13e, 16e et 15e nomes de Haute-Égypte. Le 15e a pour capitale Hermopolis d'où le dieu Chou était supposé avoir soulevé le ciel ; ses princes sont enterrés à El-Bercheh, à quelques kilomètres au nord de Mellaoui. Leurs dix tombeaux permettent de reconstituer une véritable dynastie qui prétendait descendre des rois memphites, et que l'on suit depuis Aha II, contemporain du roi Khéty Ier, puis Djéhoutynakht I à III, qui céda le pouvoir sous le règne du roi Néferkarê à Ahanakht, qui lui-même eut pour successeur Djéhoutynakht IV. Ce dernier assista à la lutte entre Khéty III et Antef II Ouahankh, à laquelle il ne paraît pas avoir participé. On ne suit l'engagement du nome du Lièvre que vers 2040, au moment de la conquête finale par Montouhotep II. Le nomarque d'alors, Néhéri, qui détenait également la charge de vizir, commande l'une des deux divisions hérakléopolitaines. Il se borne à protéger sa province avec l'aide de ses fils Kay et le futur Djéhoutynakht V, qui lui aussi restera si bien en paix avec Thèbes que sa famille gouvernera encore Hermopolis sous le règne de Sésostris III ! La situation est à peu près la même dans le nome voisin de l'Oryx, le 16e et le plus au nord, dont la nécropole se trouve à Béni Hassan, en face de la ville moderne de Minieh. Ses princes, dont la lignée était apparentée à celle du 15e nome, restent neutres, puis deviennent pro-thébains avec Baqet III, contemporain de Montouhotep II. Cette attitude porte ses fruits, puisque le pouvoir reste entre les mains de la même famille après la conquête thébaine. La province d'Assiout, elle, est plus directement au cœur des affrontements. On suit son histoire depuis les environs de 2130, avec le prince Khéty Ier, dont le nom dit assez la loyauté envers le pouvoir hérakléopolitain. Il se targue d'avoir protégé son nome de la famine en ayant procédé à des distributions de vivres, et même d'avoir gagné des terres cultivables par une politique d'irrigation judicieuse. Son successeur Téfibi fait de même, tout en menant la lutte contre Thèbes pour le compte du roi Khéty III, et la province atteint un grand degré de prospérité sous le règne de Mérikarê, qui met en place le prince Khéty II : celui-ci, en effet, fait restaurer le temple d'Assiout et entretient une armée non négligeable (Fig. 71et 72). L'opposition entre le Nord et le Sud n'est donc pas une guerre constante, mais plutôt un état de paix précaire, grâce auquel chaque camp essaie de consolider ses positions. Les temps de famine et de troubles sociaux sont loin, et le vainqueur réunifiera un pays qui a déjà retrouvé ses forces. Revenons à la dynastie hérakléopolitaine. Nous avons vu plus haut que Khéty III évoque les combats pour la possession de This dans l'Enseignement qu'il donne à son fils Mérikarê. Mais il est plus préoccupé par la situation du nord de l'Égypte dont il mène à bien la libération en chassant les Bédouins et les Asiatiques. Il reconstitue l'organisation en nomes sous l'autorité de l'ancienne capitale, alors qu'auparavant, « le pouvoir d'un seul était aux mains de dix », restaure les canaux d'irrigation et envoie des colons à l'est du Delta. Pour ce qui est du Sud, il conseille à son fils la prudence, et de se contenter d'être un bon gestionnaire qui assure la prospérité de ses sujets : « Qui a chez lui du bien ne fomente pas de trouble, car le riche ne saurait être dans le besoin. » Il l'encourage à reconstituer les forces de son royaume, sans négliger d'entretenir une armée puissante, dans l'attente d'un affrontement probable avec Thèbes. Khéty III est le dernier grand roi d'Hérakléopolis. Sa politique si sage à l'intérieur de son royaume ne semble pas avoir eu beaucoup de succès à l'extérieur. A. Mariette découvrit en effet en 1860, dans la chapelle funéraire d'Antef II qui se trouve dans la nécropole thébaine d'el-Târif, une stèle sur laquelle le roi de Thèbes relate sa conquête de la Haute-Égypte : « J'ai agrandi les frontières méridionales [de mon royaume] jusqu'au nome d'Ouadjet [le 10e de Haute-Égypte] (...). J'ai pris Abydos et sa région tout entière. J'ai ouvert toutes les forteresses du nome d'Ouadjet et j'en ai fait la porte [de mon royaume] » (CGC 20512.) On sait par ailleurs, grâce à la découverte faite dans le sanctuaire d'Héqaib à Éléphantine d'une statue le représentant vêtu du manteau de la fête-sed, que son autorité s'étendait jusqu'à la Première Cataracte et peut-être sur une partie de la Basse Nubie, ce que confirmerait l'expédition conduite par Djémi de Gebelein jusque dans le pays de Ouaouat. Lorsqu'il cède la place à Antef III, Thèbes est maîtresse de toute la Haute Égypte jusqu'au sud d'Assiout. C'est là que se livrent les derniers combats qui aboutissent à la réunification finale du pays conduite par le fils d'Antef III, Montouhotep II, qui ouvre ainsi le Moyen Empire. Sagesse et pessimisme On aurait pu s'attendre à ce que la Première Période Intermédiaire fût une époque d'obscurantisme et de recul intellectuel. Il n'en a rien été. Ces troubles ont au contraire stimulé la réflexion des Égyptiens : face à l'effondrement de certaines valeurs de la société, ils ont cherché à redéfinir leur place dans l'univers. La carence du pouvoir royal et les affrontements autour du trône ont encore affaibli l'image de la royauté, qui avait déjà commencé, comme nous l'avons vu, à s'effriter à la VIe dynastie. L'État a cessé d'être un cadre rigide et sécurisant, et l'individu s'est trouvé privé de sa protection, livré à la violence de la loi du plus fort. L'angoisse née de cette situation nouvelle s'est exprimée dans des œuvres littéraires, qui, quoique appartenant à des genres différents, sont toutes marquées du même pessimisme. Nous avons déjà rencontré l'Enseignement pour Mérikarê, que l'on date de la période hérakléopolitaine, puisque son auteur est probablement Khéty III : il n'est pas nommé, mais comme il s'agit du prédécesseur de Mérikarê, on en a déduit que c'était lui. Le texte est connu par trois copies incomplètes de la XVIIIe dynastie, qui reproduisent un original (qui n'est peut-être lui-même qu'une copie) du Moyen Empire. Le fait que cette œuvre ait été copiée bien après les faits qu'elle relate montre dans quelle estime littéraire on la tenait. Elle rejoint en cela un autre Enseignement, celui que la tradition prête au roi Amenemhat Ier, dont nous verrons qu'il est, lui, plus une œuvre de propagande qu'un témoignage historique. La parenté de thèmes entre les deux textes est évidente (Volten : 1945). Tous les deux abondent en citations littéraires et sont construits avec un art qui suppose une vaste culture livresque de la part de leurs auteurs. Que Mérikarê ait ou non composé lui-même pour justifier sa propre politique le texte de l'Enseignement que son père est censé lui avoir donné n'a pas ici grande importance : les propos de Khéty III sont la transposition dans la bouche d'un roi des Maximes que nous avons rencontrées à l'Ancien Empire. Comme Ptahhotep ou Kagemni, dont les pensées sont peut-être rassemblées, voire composées, à cette époque, il donne à son fils des directives pour réussir sa vie et son métier. Le fils représente le successeur dans la fonction : celui qui doit assurer la reconduction de l'ordre que le père a su maintenir par la perfection de la technique qu'il tenait lui-même de son prédécesseur. Seul ce mode de transmission du savoir de génération en génération peut garantir l'ordre. Au-delà de la reproduction de stéréotypes des Sagesses, l'Enseignement pour Mérikarê se caractérise par une remarquable lucidité sur le métier de roi. Khéty III n'hésite pas à reconnaître ses erreurs et incite son fils à en tenir compte. Il l'encourage également à ménager nobles et fonctionnaires pour éviter d'éventuels affrontements... Nous sommes loin du monarque monolithique de la IVe dynastie ! Plus encore, Khéty fait allusion à quelque chose qui eût été impensable alors, la rétribution des actes du souverain par-delà la mort : « Les magistrats qui jugent les misérables, tu sais qu'ils ne sont pas tendres le jour où il faut juger le malheureux, à l'heure de prononcer la sentence. Et c'est terrible quand l'accusateur est un sage ! Ne fais pas trop confiance au temps qui passe : pour eux, une vie est une heure. Quand l'homme a atteint le rivage de la mort, ses actes sont placés en tas à côté de lui, et c'est pour l'éternité ! » (Mérikarê XIX-XX). Cette préoccupation de l'au-delà se retrouve dans un ouvrage contemporain d'un tout autre genre : un dialogue qu'un homme désespéré entretient avec son ba, son « âme ». Ce dialogue est unique dans la littérature égyptienne. Il nous est parvenu sur un papyrus de la XIIe dynastie, aujourd'hui conservé à Berlin, au verso duquel ont subsisté les fragments d'une composition elle aussi sans parallèle : un berger, inquiet pour son troupeau à cause de la crue du Nil, rencontre une déesse... Le Pâtre et la Déesse est-il seulement un conte? La métaphore politique est évidente et peut-être n'est-ce pas la peine d'aller chercher un rapport avec la Légende de Gilgamech : les troubles et la famine semblent un fonds suffisant pour cette parabole. Le Dialogue du Désespéré avec son Ba est d'un autre ton. C'est le constat désabusé d'un homme face à une vie où règne la violence des méchants : « À qui parler aujourd'hui ? Les frères sont méchants, Et les amis d'aujourd'hui ne savent pas aimer ! À qui parler aujourd'hui ? Les cœurs sont avides, Et chacun cherche à s'emparer des biens de son prochain ! L'homme paisible dépérit, Et le fort écrase tout le monde ! À qui parler aujourd'hui ? C'est le triomphe du mal, Et le bien est partout jeté à terre ! » (Lebensmüder 103-109.) Il se sent désarmé et appelle la mort comme une délivrance : « La mort est à mes yeux aujourd'hui Comme la guérison pour le malade, Comme de sortir après avoir souffert. La mort est à mes yeux aujourd'hui Comme le parfum de la myrrhe, Comme de s'asseoir sous un dais un jour où souffle la brise. La mort est à mes yeux aujourd'hui Comme le parfum du lotus, Comme de s'asseoir sur la rive du pays de l'ivresse. La mort est à mes yeux aujourd'hui Comme le chemin de la pluie battante, Comme le retour du soldat à la maison. La mort est à mes yeux aujourd'hui Comme une éclaircie dans le ciel, Comme de comprendre une énigme. La mort est à mes yeux aujourd'hui Comme le désir d'un homme de revoir sa maison Après de longues années de captivité. » (Lebensmüder 130-142.) Une œuvre d'un autre genre donne de précieuses indications sur la société et la morale de la Première Période intermédiaire. Il s'agit d'un conte, connu uniquement par des versions sur papyrus datant de la fin de la XIIe dynastie et de la XIIIe. On n'en possède aucune copie postérieure, ce qui tendrait à prouver qu'elle ne faisait pas partie de l'enseignement classique des scribes. C'est l'histoire d'un paysan, plus exactement d'un habitant du Ouadi Natroun qui vit du commerce des produits de son oasis avec la vallée sous le règne de Nebkaourê Khéty II. En chemin vers la capitale, il tombe, à peu près à la hauteur de Dahchour, dans un piège que lui a tendu un intendant cupide, nommé Nemtynakht. Le piège est simple : l'intendant a déposé en travers du chemin une pièce de tissu, de façon à contraindre l'âne de l'oasien à fouler le bord d'un champ qui lui appartient. Au passage l'âne arrache une touffe d'orge et la mange. Il n'en faut pas plus pour que l'intendant le saisisse ainsi que les produits qu'il transporte. L'oasien va se plaindre à Rensi, fils de Mérou, gouverneur des domaines pour le compte du roi, qui justement sortait de chez lui pour partir en bateau : « Grand intendant, mon maître, chef des chefs, guide de tout ce qui existe ! Si toi tu descends sur le lac de la Justice pour y naviguer par bon vent, ta voile ne faseille pas : ton bateau ne se traînera pas, ton mât n'aura pas d'avarie, tes vergues ne se briseront pas, tu ne seras pas dérivé par le courant au moment d'accoster, le flot ne t'entraînera pas et tu ne souffriras pas de la malignité du fleuve ! Nul ne te craindra : les poissons viendront à toi en masse et tu toucheras les oiseaux les plus gras. Car tu es le père de l'orphelin, le mari de la veuve, le frère de la femme répudiée, le pagne de celui qui a perdu sa mère. Laisse-moi te faire dans ce pays un renom au-dessus de la meilleure des lois, ô guide qui ne connais pas la rapacité, chef exempt de bassesse ! Anéantis le mensonge pour faire jaillir la justice ! Exauce ma requête ! Je parle pour que tu m'entendes et que tu fasses justice, ô toi que louent ceux qui sont loués parce que tu écartes la misère. Eh bien, moi, je suis saisi, on m'assigne, moi, je suis dans le dénuement ! » (Conte du Paysan B1, 53-71.) Il se demande très vite si Rensi n'est pas de mèche avec son voleur : il ne répond pas, en effet, à cette première supplique, mais la transmet au roi, grand amateur d'éloquence juridique. Ils le laisseront ainsi plaider neuf fois sa cause, tout en entretenant pendant ce temps-là sa famille à son insu. Le malheureux oasien passe par des moments d'espoir et d'angoisse. Il croit triompher, s'en vante trop tôt et se fait rosser ; au bout de sa neuvième plaidoirie, il se voit perdu et, prêt à la mort, se remet entre les mains d'Anubis. Mais c'est alors qu'il triomphe : son bon droit est reconnu et le roi lui fait attribuer les biens de l'intendant malhonnête. L'éloquence fleurie de l'oasien est plus qu'un simple divertissement : chacun de ses discours est construit de façon à exprimer sous forme métaphorique l'affrontement des forces négatives et positives qui déchire la société à cette époque. La fin optimiste de l'histoire est, là encore, révélatrice de la nature même de l'œuvre. Le pouvoir royal est capable de rétablir l'équilibre en punissant le méchant. On veut d'ailleurs généralement voir là le signe que l'œuvre date plutôt du Moyen Empire ; mais on remarquera que l'argument ultime présenté par le plaignant est le recours à Anubis, sous l'invocation duquel le place son nom, Khouyeninpou, « le protégé d'Anubis ». Est-ce à dire que seul le tribunal des dieux garantit la justice ici-bas par la crainte qu'il inspire aux hommes de leur vivant ? Sans aller jusque-là, on se contentera de constater que les Égyptiens ne s'en remettent plus à la seule décision du roi, mais se tournent vers un devenir funéraire où chacun doit rendre des comptes. L'individu face à la mort Cette idée est nouvelle et liée au développement du rôle funéraire d'Osiris. Nous avons vu que, dans les chapelles des mastabas, le défunt est en relation avec lui, puisqu'il se rend en pèlerinage à Abydos, qui est censée avoir recueilli la dépouille du dieu. De même, le roi est décrit dans les Textes des Pyramides comme un Osiris — sans que cela remette en cause pour autant son devenir solaire dans l'au-delà : Osiris est présent et intégré dans les grandes cosmologies, mais reste avant tout un maillon de la chaîne qui relie le créateur aux hommes. Et voilà que dans les Textes des Sarcophages, dont les premiers exemples, rappelons-le, apparaissent à la fin de l'Ancien Empire, le mort se retrouve devant le tribunal d'Osiris ! Il ne s'agit pas, à proprement parler d'une révolution, mais de la combinaison de deux éléments. Le premier est l'effritement du pouvoir memphite qui conduit à ce que l'on a souvent appelé la « démocratisation » des privilèges royaux. Nous l'avons déjà rencontrée dans l'art postérieur à la IVe dynastie; l'accroissement du pouvoir des dynastes locaux les conduit aussi à une certaine autonomie funéraire : ils assument eux-mêmes leur devenir dans l'au-delà en s'appuyant non pas sur le démiurge, auquel le roi reste le seul à pouvoir faire référence, mais sur le dieu de leur province, dont l'ascension est à l'image de la leur. C'est ainsi que des divinités secondaires à l'Ancien Empire trouvent une place plus élevée dans la hiérarchie divine : le dieu d'Assiout, Oupouaout, Chnoum d'Éléphantine, Montou, dont des sanctuaires existent déjà à Ermant et Tôd, et qui suivra la gloire des princes thébains, Amon, qui quitte Hermopolis, s'associe à Min de Coptos et fait passer au second plan sa spécialité d'aide aux suffocants pour devenir, sous la forme syncrétique d'Amon-Rê, le roi des dieux... Osiris profite sans conteste de ce mouvement qui assoit sa popularité. Mais cela n'explique pas tout. Le roi bénéficie après sa mort d'une place auprès de Rê parce qu'il a correctement rempli sa mission, qui est d'assurer, de son vivant, l'équilibre de la création. Il est clair qu'un particulier ne peut pas faire jouer directement cet argument pour justifier son admission parmi les bienheureux. Sa légitimation reste du même ordre, mais transposée à son niveau : il doit avoir rempli correctement lui aussi son rôle ici-bas, c'est-à-dire n'avoir en rien mis en péril la société. C'est sur ce fondement que se construit une morale, dont on prête la première expression aux Maximes de Ptahhotep : à la Ve dynastie donc, sauf si l'on considère que ce type de textes s'est en réalité constitué à l'apparition des troubles sociaux, ceci expliquant cela. L'homme qui n'a pas tenu sa partie est un criminel aux yeux du Créateur qui doit refuser de l'intégrer au cosmos après sa mort, puisqu'il a refusé, lui, de jouer le jeu de son vivant. C'est le sens des développements justificatifs des Autobiographies que l'on retrouve au Nouvel Empire dans la « déclaration d'innocence » que le mort fait devant le tribunal d'Osiris, transposant au-delà ce qui faisait ici-bas le fondement de sa conduite : Je n'ai pas commis l'iniquité contre les hommes. Je n'ai pas maltraité les gens. Je n'ai pas commis de péchés dans la Place de Vérité. Je n'ai pas cherché à connaître ce qui n'est pas à connaître. Je n'ai pas fait le mal. Je n'ai pas commencé de journée ayant reçu une commission de la part des gens qui devaient travailler pour moi et mon nom n'est pas parvenu aux fonctions d'un chef d'esclaves. Je n'ai pas blasphémé Dieu. Je n'ai pas appauvri un homme dans ses biens. Je n'ai pas fait ce qui est abominable aux dieux. Je n'ai pas desservi un esclave auprès de son maître. Je n'ai pas affligé. Je n'ai pas affamé. Je n'ai pas fait pleurer. Je n'ai pas tué. Je n'ai pas ordonné de tuer. Je n'ai fait de peine à personne. Je n'ai pas amoindri les offrandes alimentaires dans les temples. Je n'ai pas souillé les pains des dieux. Je n'ai pas volé les galettes des bienheureux. Je n'ai pas été pédéraste. Je n'ai pas forniqué dans les lieux saints du dieu de ma ville. Je n'ai pas retranché au boisseau. Je n'ai pas amoindri l'aroure. Je n'ai pas triché sur les terrains. Je n'ai pas ajouté au poids de la balance. Je n'ai pas faussé le peson de la balance. Je n'ai pas ôté le lait de la bouche des petits enfants. Je n'ai pas privé le petit bétail de ses herbages. Je n'ai pas piégé d'oiseaux des roselières des dieux. Je n'ai pas pêché de poissons dans leurs lagunes. Je n'ai pas retenu l'eau au moment de l'inondation. Je n'ai pas opposé une digue à une eau courante. Je n'ai pas éteint un feu dans son ardeur. Je n'ai pas omis les jours à offrandes de viandes. Je n'ai pas détourné le bétail du repas du dieu. Je ne me suis pas opposé à un dieu dans ses sorties en procession. (LdM ch. 125.) Mais le défunt ne devient pas encore tout à fait un sujet d'Osiris. S'il passe devant son tribunal, c'est pour accéder à une survie calquée sur celle du roi : « Ô Thot, qui as proclamé juste Osiris contre ses ennemis dans le tribunal de : Héliopolis, en ce jour d'hériter des Trônes-des-Deux-Rives de Geb, leur maître ; Bousiris, en ce jour de donner l'œil-oudjat à son maître ; Pe-Dep, en ce jour de raser les pleureuses ; Létopolis, en ce jour du repas du soir à Létopolis ; Ro-setaou, en ce jour de dénombrer la foule et de redresser les deux mâts; Abydos, en ce jour de la fête-haker, lors du compte des morts et du dénombrement de ceux qui n'ont plus rien ; Hérakléopolis, en ce jour de la fête de piocher la terre et de garder secrète la terre à Narref. Voilà : Horus, il est justifié; les Deux Chapelles en sont satisfaites, et Osiris, son cœur est content. C'est vraiment Thot qui m'a proclamé juste contre mes ennemis dans le tribunal d'Osiris. — Celui qui connaît cela, il peut se transformer en faucon, fils de Rê. Chacun qui connaît cela sur terre..., son âme ne périra pas, pour lui, jamais; c'est l'ennemi qui périra; lui, il mangera du pain dans la demeure d'Osiris, il entrera dans le temple de tout dieu puissant, il y recevra des offrandes; il ne peut pas manger d'excréments. » (CT Spell 339.) Que ce soit dans les textes sapientiaux ou funéraires, la base de la morale est le respect de l'équilibre, incarné dans la déesse Maât, à l'aune de laquelle on peut mesurer la conduite des hommes sur terre. Les Égyptiens ont pris cette image au pied de la lettre en faisant juger le mort par un tribunal composé de quarante-deux dieux, un par nome, présidé par Osiris. Le mort est introduit devant eux, puis placé devant une grande balance, près de laquelle se tiennent Thot et un animal fabuleux, partie lionne, partie crocodile, la « Grande Dévoreuse », dont le nom dit assez la fonction. Sur l'un des plateaux de la balance, on place un petit vase qui représente le cœur du défunt. Sur l'autre, il y a une image de la déesse Maât, assise sur une corbeille. Que le fléau penche d'un côté ou de l'autre du couteau, et c'en est fait du malheureux, qui est livré à la Grande Dévoreuse. S'il triomphe de cette « pesée de l'âme », il est mis en présence d'Osiris qui l'accueille parmi les bienheureux. L'art provincial La prise de conscience de l'individu transparaît également dans l'art. La raison en est encore l'affaiblissement du pouvoir central. Bien que l'on ne soit pas en mesure de retracer l'histoire de l'école artistique de Memphis, on peut supposer qu'elle suit le déclin du gouvernement. Sans doute exécute-t-elle bon nombre d'œuvres pour les rois hérakléopolitains, mais chaque région développe sa propre école. Les canons restent les mêmes ; les œuvres perdent toutefois en Fig. 69 Le chancelier Nakhti. Statue provenant de sa tombe à Assiout. Bois. H = 1,75 m. Louvre E 11937. Fig. 70 Porteuse d'offrandes. Statue provenant d'Assiout (?). Bois. H= 1,04 m. Louvre E 10781. académisme ce qu'elles gagnent en spontanéité, fût-ce au prix de certaines maladresses. Le tarissement des sources classiques d'approvisionnement en pierres dans les carrières par les grandes expéditions organisées depuis la capitale contribue à l'emploi de matériaux nouveaux. Au premier rang de ceux-ci se situe le bois, qui permet des recherches de modelés qui prennent parfois de grandes libertés avec le réalisme. La nécropole des princes d'Assiout a livré un matériel abondant, parmi lequel se trouve une statue en bois représentant le chancelier Nakhti, contemporain de la Xe dynastie, qui est l'un des chefs-d'œuvre du genre. Fig. 71 Archers. Ensemble provenant d'Assiout. Bois. H = 1,93 m. CGC 257. Ces tombeaux ont fourni parmi les plus beaux exemples de « modèles », la transposition plastique des scènes qui décoraient auparavant les murs de la chapelle funéraire, qui s'est développée, elle aussi, pour des raisons pratiques. Les hypogées n'offrant plus de parois faciles à décorer, il a fallu recourir à ces formes d'art mineur, proches de la sensibilité populaire à la fois par les thèmes traités et les techniques mises en œuvre. Cette production, comme celle de la statuaire en général, se distingue nettement de l'Ancien Empire, mais pratiquement pas de l'ère qui s'ouvre avec la conquête de Montouhotep II. Cette constatation vaut également pour la littérature, qui a déjà atteint la perfection classique dont elle ne déviera que très peu pendant un millénaire. L'architecture funéraire restera inchangée au Moyen Empire, au moins pour les particuliers, et les grandes nécropoles provinciales comme celles d'Assiout, Assouan, Gebelein, Fig. 72 Lanciers. Ensemble provenant d'Assiout. Bois. H = 1,93 m. CGC 257 et 258. Détail. Béni Hassan, Meïr, El-Bercheh ou Qau el-Kébir ne connaissent pas de solution de continuité entre les deux. Le mastaba réapparaîtra toutefois là où les rois auront repris la sépulture pyramidale, de façon à reproduire le modèle memphite adopté par les souverains par seul souci de légitimation. CHAPITRE VII Le Moyen Empire Les premiers temps de l'unité Montouhotep II prend la succession d'Antef III vers 2061. Quand il monte sur le trône, sous le nom de Séânkhibtaoui, « Celui qui vivifie le cœur des Deux Terres », son pouvoir s'étend de la Première Cataracte au 10e nome de Haute-Égypte, c'est-à-dire qu'il est encore limité au nord par celui des princes d'Assiout. Une paix armée s'est établie entre les deux royaumes ; elle est interrompue par la révolte du nome thinite, qui, durement éprouvé par une nouvelle famine, bascule dans le clan hérakléopolitain. Moutouhotep prend Assiout, traversant sans coup férir le 15e nome. C'est la chute d'Hérakléopolis. Proclamé définitivement roi des deux Égyptes sous le nom de Nebhépetrê, le Fils de Rê Montouhotep affirme son origine en adoptant comme nom d'Horus Netjérihedjet, « Divine est la couronne blanche ». Son autorité n'est cependant pas définitivement assise sur l'ensemble du pays, et la pacification dure plusieurs années. On découvre à cette occasion que l'oasis de Dakhla, dans le désert occidental, servait déjà de refuge aux opposants politiques. Montouhotep les y pourchasse. Il récompense la fidélité des princes de l'Oryx et du Lièvre en les laissant en place et maintient partout ailleurs en Haute-Égypte les féodalités locales, sauf à Assiout. Il coiffe tout le reste du pays par des contrôleurs thébains qui surveillent tout particulièrement Hérakléopolis, redevenue une province, et le nome d'Héliopolis. Il déplace la capitale à Thèbes, crée un poste de « gouverneur du Nord » et rétablit les anciens chanceliers, ainsi que la charge de vizir, dont on connaît les trois titulaires au cours de son règne : Dagi, Bebi et Ipy. L'ensemble de ces opérations dure vraisemblablement jusqu'en l'an 30 de son règne. La réunification est alors achevée, et il prend en l'an 39 un nouveau nom d'Horus : Sémataoui, « Celui qui a unifié les Deux Terres ». Unificateur, il est aussi un grand constructeur : il poursuit les travaux de restauration entrepris par Antef III à Éléphantine dans les temples d'Héqaib et de Satis. Il construit également à El-Ballas, Dendara, Elkab, dans le temple d'Hathor de Gebelein, où il fait représenter la soumission du Nord, et à Abydos, où il fait faire des adjonctions au temple d'Osiris. Il embellit les sanctuaires de Montou de Tôd et d'Ermant et se fait édifier dans le cirque de Deir el-Bahari un complexe funéraire dans un style dérivé de ceux de l'Ancien Empire. Dans le même temps, il renoue avec la politique extérieure de l'Ancien Empire en conduisant une expédition à l'ouest contre les Libyens Tjéméhou et Tjéhénou et, dans le Sinaï, contre les nomades Mentjiou. Il met ainsi les frontières du pays définitivement à l'abri d'un retour des Asiatiques qu'il poursuit jusque dans le Litani. Il tente de retrouver en Nubie la puissance qu'atteignait l'Égypte à la fin de la VIe dynastie, au moins pour l'exploitation des mines et l'entretien des pistes. La prise de Kourkour, en particulier, garantit les anciennes voies caravanières. Mais la Nubie reste indépendante malgré la reconquête de certaines zones comme Abou Ballas et les expéditions que conduit le chancelier Khéty, à qui il a confié l'ensemble des pays du Sud. On connaît deux de ces expéditions : la première en l'an 29 et la seconde en l'an 31, qui a mené les Égyptiens jusqu'au pays de Ouaouat. Le résultat est plutôt le contrôle que l'occupation réelle d'une partie de la Nubie, jusqu'aux environs de la Deuxième Cataracte. Montouhotep II meurt après cinquante et un ans de règne, vers 2010, laissant à son deuxième fils Montouhotep III Séankhtaouief, « Celui qui vivifie ses Deux Terres », un pays prospère et organisé. Montouhotep III est assez âgé lorsqu'il monte sur le trône, et il ne gouverne l'Égypte que pendant douze ans. Il continue de la mettre en valeur en poursuivant le programme de construction entrepris par son père : Abydos, Elkab, Ermant, Tôd, Éléphantine et, bien sûr, Thèbes-ouest où il consacre une chapelle à Thot et se construit à proximité de Deir el-Bahari un tombeau qu'il n'aura pas le temps d'achever. Il conforte également la position égyptienne dans le Delta oriental, prenant en cela la suite des souverains hérakléopolitains. Pour assurer la protection des frontières contre les incursions des « Asiatiques », il fait édifier des fortifications. Ce système de défense sera poursuivi tout au long du Moyen Empire, mais, pour les Égyptiens, il en reste l'initiateur avec Khéty III, comme en témoigne le culte qui leur est rendu à tous deux plus tard à Khatâna. Il renoue également avec une autre activité, dont la condition était la reprise en main préalable de la Basse-Nubie opérée par son père. Il envoie en l'an 8 une expédition de trois mille hommes conduite par Hénénou qui se rend de Coptos au Ouadi Gâsus, non sans avoir fait creuser en chemin douze puits pour assurer le ravitaillement en eau des futures expéditions entre la Vallée et la mer Rouge. L'expédition s'embarque pour le pays de Pount, d'où elle rapporte, entre autres, de la gomme arabique. À son retour, on reprend l'extraction de pierres dans le Ouadi Hammamat. La chance a voulu que l'on découvre un témoignage particulièrement intéressant sur la fin de ce règne, en apparence si prospère : la correspondance d'un nommé Héqanakht, qui était prêtre funéraire du vizir Ipy à Thèbes. Retenu loin de son domaine, il adresse toute une série de lettres à sa famille, qui gère ses terres pendant qu'il n'est pas là. Ces documents ont été retrouvés, à Deir el-Bahari, dans la tombe d'un certain Méseh, lui-même lié à Ipy. Ils contiennent toutes sortes d'indications sur la répartition de ces propriétés, le fermage, les redevances, un inventaire des biens daté de l'an 8 de Montouhotep III, etc., — autant de sources précieuses sur l'économie et le droit de l'époque. Mais Héqanakht évoque également des troubles et un commencement de famine qui aurait frappé la Thébaïde. À la mort de Montouhotep III, vers 1998/1997, en effet, la situation du pays est confuse. Le Canon de Turin place là « sept années vides », qui correspondent au règne de Montouhotep IV, dont le nom de couronnement Nebtaouirê, « Rê est le maître des Deux Terres », indique peut-être un infléchissement de la politique vers un retour aux valeurs de l'Ancien Empire. On sait par un graffito du Ouadi Hammamat (qui le nomme d'ailleurs simplement Nebtaoui), qu'il envoya en l'an 2 de son règne une expédition de mille hommes pour rapporter des sarcophages et rechercher de nouveaux puits dans le désert oriental, ainsi qu'un port plus favorable sur la mer Rouge : Mersa Gawasis, qui sera définitivement installé sous Amenemhat II comme point de départ des expéditions vers Pount. Amenemhat Ier Cette expédition est commandée par son vizir, Amenemhat. On considère généralement que celui-ci ne fait qu'un avec Amenemhat Ier qui lui succède. Une seule inscription associe sans équivoque les deux rois, de façon à laisser supposer une corégence qui est peut-être purement fictive (Murname : 1977, 227-228). De toute façon, Montouhotep IV est le dernier représentant de la famille des princes thébains, et Amenemhat Ier ouvre une nouvelle dynastie, comme le confirme le nom d'Horus qu'il choisit : ouhem-mesout, « Celui qui renouvelle les naissances », c'est-à-dire le premier d'une lignée. Malgré ce changement affirmé, il ne semble pas y avoir eu de solution de continuité dans le pouvoir. La transition se fait toutefois avec quelques heurts : il y a eu au moins deux autres prétendants au trône, un Antef et un nommé Ségerséni en Nubie, contre lequel Amenemhat a probablement eu à lutter dans les premières années de son règne. Les attaches avec la XIe dynastie ne sont malgré tout pas rompues : les fonctionnaires, comme les nouveaux souverains, continuent de s'en réclamer. Peut-être même cette succession n'avait-elle rien de choquant, dans la mesure où il n'est pas impossible que le mode successoral ait autant reposé sur le choix que sur le sang chez les princes thébains. Amenemhat confirme la nouvelle orientation idéologique prise par Montouhotep IV en adoptant comme nom de couronnement Séhétepibrê, « Celui qui apaise le cœur de Rê ». Son nom propre, Amenemhat, « Amon est en tête », annonce le programme politique qui conduira, à travers ce retour à la théologie héliopolitaine, à la forme syncrétique Amon-Rê, sur laquelle va se fonder le pouvoir des nouveaux pharaons. Lui-même n'est pas thébain, mais originaire de Haute-Egypte. Il est le fils d'un prêtre nommé Sésostris, « L'homme de la Grande Déesse », qui sera considéré à la XVIIIe dynastie comme le véritable fondateur de la XIIe dynastie, et d'une certaine Néfret, originaire d'Éléphantine. 1991-1785 XIIe DYNASTIE 1991 Amenemhat Ier 1962 Sésostris Ier 1928 Amenemhat II 1895 Sésostris II 1878 Sésostris III 1842 Amenemhat III 1797 Amenemhat IV 1790-1785 Néfrousobek Fig. 73 Tableau chronologique de la XIIe dynastie. Comme ses prédécesseurs de la Ve dynastie, le nouveau souverain a recours à la littérature pour faire circuler des preuves de sa légitimité. Il utilise la forme de la prophétie : un récit prémonitoire qui est placé dans la bouche d'un certain Néferti, un sage héliopolitain qui présente certaines ressemblances avec le Djédi du Papyrus Westcar. Comme lui, il est appelé à la cour par le roi Snéfrou, sous le règne duquel est censée se dérouler l'histoire. Le choix de Snéfrou ne procède pas des mêmes raisons dans les deux œuvres : au début de la XIIe dynastie, le vieux roi est devenu, comme nous l'avons vu, le modèle de la royauté débonnaire dont on peut se réclamer. Néferti dresse un tableau sombre des derniers temps de la XIe dynastie, qui, curieusement, concerne surtout le Delta oriental et dont la conclusion annonce la venue d'Amenemhat évoqué sous le surnom d'Amény : « Héliopolis ne sera plus le berceau d'aucun dieu. Un roi viendra : il sera du Sud et s'appellera Amény. Ce sera le fils d'une femme du premier nome du Sud, un enfant de Haute-Égypte. Il recevra la couronne blanche et prendra la couronne rouge : il réunira les Deux Couronnes et apaisera les Deux Dieux avec ce qu'ils veulent. » (Néferti XIIe-XIIIe) Ainsi se trouve légitimée la passation de pouvoir entre Héliopolis, berceau de la monarchie de l'Ancien Empire, et Thèbes. Cette volonté de se concilier le Delta oriental recouvre probablement une certaine réalité : Amenemhat Ier a construit à Bubastis — le lieu où Néferti exerçait son sacerdoce —, Khatâna et Tanis (Posener : 1969,39). Mais même si l'administration accepte le changement, le nouveau roi doit entreprendre, peu après son accession au trône, une expédition vers Éléphantine. Il place à sa tête Chnoumhotep Ier, nomarque de l'Oryx. Celui-ci remonte le Nil avec vingt navires et pousse peut-être jusqu'en Basse-Nubie où devaient se trouver des partisans de Ségerséni. Amenemhat Ier fait également une tournée d'inspection jusqu'au Ouadi Toumilât, où il fait construire des fortifications, les « Murs du Prince ». Roi bâtisseur, il fait faire à Karnak de grands travaux, dont il reste un naos en granit, qui a dû abriter une statue cultuelle, et des statues. Peut-être est-ce lui qui fonde le temple de Mout, au sud de l'enceinte d'Amon-Rê ? On suit sa trace à Coptos, dans le temple de Min qu'il décore en partie, à Abydos, où il consacre un autel en granit à Osiris, Dendara où il offre une porte, en granit aussi, à Hathor, et enfin, plus significatif encore, dans le temple de Ptah de Memphis. Il se fait ériger une pyramide à Licht, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Memphis. Surtout, il réorganise l'administration. En premier lieu, il transfère la capitale de Thèbes en Moyenne-Égypte en fondant une nouvelle ville à proximité de Licht qui lui servira de nécropole. Il la baptise Imenemhat-itjitaoui, «C'est Amenemhat qui a conquis les Deux Terres » —, nom que les Égyptiens raccourciront en Itjitaoui. Comme jadis Montouhotep II, il récompense les nomarques qui ont favorisé son ascension en les confirmant dans leurs charges, comme ceux de l'Oryx. D'un côté il renforce leur pouvoir en remettant en vigueur d'anciens titres, et d'un autre il le limite, soit en remplaçant carrément des gouverneurs en place — à Éléphantine, Assiout, Cusae —, soit par de nouvelles mesures cadastrales. Chnoumhotep II de Béni Hassan nous apprend en effet qu'il fixe un nouveau découpage par villes à l'intérieur des nomes (Urk. VII 27,13). Il répartit également les territoires en fonction de la crue et rétablit la conscription militaire. L'an 20 de son règne constitue un tournant important : il associe au trône son fils aîné, Sésostris, inaugurant ainsi une pratique qui sera systématique pendant toute la XIIe dynastie. Cette association coïncide avec un renouveau de la politique extérieure: le dauphin joue le rôle du bras de son père, qui lui délègue le soin de l'armée, probablement dans l'intention de faire connaître son futur successeur aux nations étrangères auxquelles celui-ci devra s'imposer. Le procédé aura une grande importance à l'époque ramesside, lorsque l'Égypte luttera pour la suprématie sur le Proche-Orient. Pour l'heure, les efforts du roi se portent sur la Nubie. Une première campagne mène en l'an 23 les Égyptiens à Gerf Hussein et aux anciennes carrières de diorite de Toshka. Une seconde, en l'an 29, permet une pénétration encore plus profonde: jusqu'à Korosko, et même au-delà, avec la fondation du fort-frontière de Semna sur la Deuxième Cataracte. Les Égyptiens sont aussi présents à Kerma, où l'on a trouvé une statue du nomarque d'Assiout, Hâpydjéfa — même si cette découverte ne prouve pas qu'Hâpydjéfa ait été le gouverneur de Kerma (Vercoutter: 1987, 158); bien au contraire: on peut supposer qu'elle y a été apportée plus tard, vraisemblablement sous le règne de Sésostris Ier. Du côté du Proche-Orient, le général Nysoumontou remporte en l'an 24 une victoire sur les Bédouins, qui assure la sécurité de l'exploitation des mines de turquoise de Sérabit el-Khadim dans le Sinaï, tandis que les relations diplomatiques reprennent avec Byblos et le monde égéen. Littérature et politique C'est au retour de Sésostris d'une campagne menée au-delà du Ouadi Natroun contre des opposants réfugiés chez les Libyens qu'éclate une crise: Amenemhat Ier est assassiné vers la mi-février 1962 à la suite d'une conspiration ourdie dans le harem. Sans doute la succession n'était-elle pas aussi assurée que le laissent croire des documents datés simultanément des deux souverains (Murname : 1977,2 sq.). Sésostris Ier monte certes sur le trône, mais l'affaire est suffisamment trouble pour que la littérature officielle s'en empare à travers rien moins que deux œuvres qui, comme la Prophétie de Néferti deviendront au Nouvel Empire les classiques scolaires les plus répandus de l'idéologie royale. Le premier texte est un roman qui raconte les tribulations d'un fonctionnaire du harem nommé Sinouhé. Il faisait partie de la suite de Sésostris lorsque, au retour de la campagne de Libye, il entend par hasard l'annonce que l'on fait au jeune prince de l'assassinat de son père. Il prend peur. Est-ce d'avoir entendu ce qu'il n'aurait pas dû? Est-ce pour une raison plus obscure? Il traverse le Delta vers l'est, franchit l'isthme de Suez et finit par arriver en Syrie. Là, un de ces Bédouins récemment soumis à l'Égypte l'accueille et l'adopte. Les années passent et, après de nombreuses péripéties, Sinouhé se retrouve chef de tribu, respecté et puissant. Mais la nostalgie le mine, et il demande sa grâce, que Sésostris lui accorde. Il revient au pays, retrouve les enfants royaux et mourra parmi les siens. Ces aventures picaresques servent de toile de fond à l'expression du loyalisme d'un serviteur égaré qui rentre dans le droit chemin. Les deux temps forts du Conte de Sinouhé sont l'éloge qu'il fait auprès du prince syrien du nouveau roi et la réponse qu'il envoie au pharaon, après avoir reçu la permission de rentrer: « Le serviteur du palais, Sinouhé, dit: " En paix donc! Il est excellent que cette fuite, qu'a faite dans son inconscience cet humble serviteur, soit bien comprise par ton ka, ô dieu parfait, maître du Double Pays, l'aimé de Rê, le favori de Montou, seigneur de Thèbes. Amon, seigneur des trônes du Double Pays, Sobek, Rê, Horus, Hathor, Atoum et son Ennéade, Soped, Néferbaou, Semsérou, l'Horus de l'Est, la Dame de Bouto — qu'elle enserre ta tête! —, le Conseil qui est sur les eaux, Min-Horus qui habite dans les déserts, Ouréret, dame de Pount, Nout, Haroëris, et les autres dieux, seigneurs de l'Égypte et des îles de la Très Verte, puissent-ils donner la vie et la force à ta narine, puissent-ils te fournir de leurs largesses, puissent-ils te donner l'éternité sans fin et la durée sans limite! Puisse la crainte que tu inspires se répercuter par les plaines et les monts, tandis que tu auras subjugué tout ce que le disque du soleil entoure dans sa course! C'est la prière de cet humble serviteur pour son maître, maintenant qu'il est sauvé de l'Amenti. « Le maître de la connaissance, qui connaît ses sujets, il se rendait compte, dans le secret du palais, que cet humble serviteur avait peur de dire ces choses, et c'est en effet une grave affaire que d'en parler. Le grand dieu, image de Rê, rend prudent celui qui travaille pour lui-même. Cet humble serviteur est dans la main de quelqu'un qui prend soin de lui: oui, je suis placé sous ta direction. Ta Majesté est l'Horus qui conquiert, tes bras sont plus puissants que ceux de tous les autres pays (...). « Pour ce qui est de cette fuite qu'a fait cet humble serviteur, elle n'était pas préméditée, elle n'était pas dans mon cœur, je ne l'avais pas préparée. Je ne sais pas ce qui m'a éloigné de la place où j'étais. Ce fut comme une manière de rêve, comme quand un homme du Delta se voit à Éléphantine ou un homme des marais en Nubie. Je n'avais pas éprouvé de crainte, on ne m'avait pas persécuté, je n'avais pas ouï de parole injurieuse, mon nom n'avait pas été entendu dans la bouche du héraut. Malgré cela mes membres frémirent, mes jambes se mirent à fuir et mon cœur à me guider: le dieu qui avait ordonné cette fuite m'entraîna. Je ne suis pas non plus raide d'échine: il est modeste l'homme qui connaît son pays; car Rê a fait que ta crainte règne en Égypte et ta terreur en toute contrée étrangère. Que je sois donc à la cour ou que je sois en ce lieu, c'est toujours toi qui peux cacher cet horizon, car le soleil se lève à ton gré, l'eau dans les rivières, on la boit quand tu veux; l'air dans le ciel, on le respire quand tu le dis. (...) Que Ta Majesté agisse comme il lui plaira: on vit de l'air que tu donnes. Puissent Rê, Horus, Hathor aimer ta narine auguste dont Montou, seigneur de Thèbes, désire qu'elle vive éternellement ! " » (Lefebvre: 1976, 18-20.) Histoire morale d'un fonctionnaire repenti et pardonné parce qu'il a su rester loyal, le Conte de Sinouhé est l'une des œuvres les plus populaires de la littérature égyptienne. Plusieurs centaines de copies nous en sont parvenues, à peu près autant que de l'Enseignement d'Amenemhat Ier, un texte sur le modèle de l'Enseignement pour Mérikarê, et dont le but est moins d'expliquer l'assassinat d'Amenemhat Ier que d'affirmer la légitimité de son successeur. Contrairement au Conte de Sinouhé, l'Enseignement n'est connu que par des versions dont la plus ancienne ne remonte pas plus haut que la première moitié de la XVIIIe dynastie: Senmout, l'homme de confiance de la reine Hatchepsout, en était, entre autres, un grand lecteur. Cela n'exclut pas, bien entendu, la possibilité que cette œuvre ait été composée au cours du règne de Sésostris Ier à des fins de justification. Mais la façon dont les faits sont relatés, l'insistance sur la corégence et les principes de gouvernement donnent une valeur d'archétype à ce texte, qui expliquerait que sa diffusion soit surtout attestée à partir de Thoutmosis III. Avant de raconter sa propre mort, le roi donne, comme jadis Khéty III, de sages conseils à son successeur: « Garde tes distances envers les subordonnés, qui ne sont rien et aux intentions desquels on ne prête pas attention! Ne te mêle pas à eux quand tu es seul, ne fais confiance à aucun frère, ne connais aucun ami. Ne te fais pas de client: cela ne sert à rien. Lorsque tu te reposes, garde-toi toi-même, car l'on n'a pas d'ami le jour du malheur! J'ai donné au pauvre et élevé l'orphelin, j'ai fait parvenir celui qui n'avait rien comme celui qui avait du bien, et celui qui mangeait ma nourriture, voilà qu'il complote! Celui à qui j'ai tendu la main, voilà qu'il en profite pour fomenter des troubles! Ceux que vêt mon lin fin, voilà qu'ils me regardent comme un paillasson! Ceux que oint ma myrrhe, voilà qu'ils me crachent dessus! Les images vivantes qui m'ont été attribuées — les hommes — ils ont ourdi contre moi un complot inouï et un grand combat, comme on n'en a jamais vu! » (Enseignement d'Amenemhat Ier IIa-Vc.) Le thème de l'ingratitude humaine n'est pas ici un souvenir de la Première Période Intermédiaire, mais plutôt un rappel de la révolte des hommes (« les images vivantes qui m'ont été attribuées ») contre leur Créateur. Le roi, ainsi assimilé à Rê, transmet son pouvoir à son successeur, comme le démiurge le fit jadis lorsqu'il se retira dans le ciel, dégoûté à jamais de ses créatures. « Tu vois, l'assassinat a été perpétré alors que j'étais sans toi, avant que la cour ait appris ton investiture, avant que nous ayons siégé ensemble sur le trône. Ah! Si je pouvais encore arranger tes affaires! Mais je n'avais rien préparé: je ne m'attendais pas à cela. Je ne pouvais pas supposer un tel manquement de mes serviteurs. Est-ce aux femmes de mener des combats? Doit-on introduire la révolte au Palais? » (Enseignement d'Amenemhat Ier VIIIa-IXb.) Le texte est on ne peut plus clair et amène à douter d'une corégence éventuelle des deux rois (Helck, GM 67 (1983), 43-46). La prise de pouvoir de Sésostris Ier n'entraîna cependant aucun trouble et son long règne de quarante-cinq ans fut pacifique; cela ne permet pas pour autant de prétendre que c'était lui le bénéficiaire du complot... Comme Amenemhat Ier, il bâtit beaucoup: dans trente-cinq sites, sans compter sa pyramide, construite à Licht, au sud de celle de son père. Parmi ceux-ci, on retiendra le Fayoum, auquel il est le premier à s'intéresser. Lui qui se réclame de la tradition héliopolitaine en adoptant comme nom de couronnement Néferkarê reconstruit en l'an 3 de son règne le temple de Rê-Atoum d'Héliopolis. Il y met en place en l'an 30, à l'occasion de sa première fête jubilaire, un couple d'obélisques en avant du pylône. Son activité s'est étendue aussi au temple d'Amon-Rê de Karnak: de 1927 à 1937, H. Chevrier a pu reconstituer, à partir de blocs réemployés par Amenhotep III dans le IIIe pylône, un kiosque de fête-sed aujourd'hui exposé dans le musée de plein air du temple. Le monde extérieur À l'extérieur, Sésostris Ier poursuit l'action commencée pendant les dix dernières années de règne de son père. Il achève la conquête de la Basse-Nubie en l'an 18 et installe une garnison à Bouhen, sur la Deuxième Cataracte. Il contrôle le pays de Kouch, de la Deuxième à la Troisième Cataracte, ainsi que l'île de Saï, et entretient des relations commerciales avec Kerma. Le point le plus extrême où l'on ait retrouvé son nom est l'île d'Argo, au nord de Dongola. Dans le désert oriental, l'exploitation des mines d'or situées à l'est de Coptos se poursuit, ainsi que l'extraction de pierres dans le Ouadi Hammamat: il en aurait tiré des blocs pour soixante sphinx et cent cinquante statues, chiffres qui correspondent bien à son activité de bâtisseur. Il exploite également les carrière d'Hatnoub, au moins à deux reprises, en l'an 23 et en l'an 31. À l'ouest, il s'assure le contrôle des oasis du désert de Libye, en particulier de la liaison entre Abydos et Kharga. Il maintient les frontières orientales du pays de façon à protéger le travail dans les mines de Sérabit el-Khadim dans le Sinaï. Les relations commerciales avec la Syro-Palestine conduisent les Égyptiens jusqu'en Ougarit. Cette politique extérieure porte ses fruits sous le règne d'Amenemhat II qui succède à son père après une courte association au trône de deux ans. Il règne pendant presque trente ans. En Nubie, la conquête est provisoirement terminée. Amenemhat II avait participé en tant que prince héritier à une expédition pacifique conduite par Amény, le nomarque de l'Oryx. La paix continue sous son règne, comme elle continuera sous celui de Sésostris II. Il fait exploiter les mines d'or et de turquoise par des princes locaux sous contrôle égyptien, et le seul fait militaire que l'on puisse relever est l'inspection de la forteresse de Ouaouat par l'un de ses officiers. Il organise également à la fin de son règne une expédition vers Pount. C'est surtout au Proche-Orient que l'Égypte commence à jouer un grand rôle. On en a retrouvé en 1936 la trace dans le dépôt de fondation du temple de Montou à Tôd : quatre coffres contenant un « tribut » syrien de vaisselle d'argent, dont un élément au moins est de type égéen, et des amulettes de lapis-lazuli. venant de Mésopotamie. Même si ce que les Égyptiens appelaient « tribut » n'était, le plus souvent, que le fruit d'un échange commercial, ce dépôt de fondation témoigne de l'importance des relations extérieures sous le règne d'Amenemhat II. La présence égyptienne est attestée à Ras-Shamra par une statuette d'une fille d'Amenemhat II, à Mishrifé et à Megiddo, où l'on a découvert quatre statues du nomarque memphite Djéhoutyhotep. On a même trace d'un culte de Snéfrou à la XIIe dynastie dans la région d'Ankara. C'est sous Sésostris II que Chnoumhotep, le nomarque de l'Oryx, reçoit les « Hyksôs » Abisha et sa tribu qu'il a fait représenter sur les murs de sa tombe de Béni Hassan. Ce fait est important, car il montre que les relations ne sont pas à sens unique : l'Égypte s'ouvre aux influences orientales, qui commencent à être sensibles dans la civilisation et l'art. On a retrouvé, par exemple, de la céramique minoenne à Illahoun et dans une tombe d'Abydos, tout comme il existait alors en Crète des objets égyptiens. Toute une main-d'œuvre afflue également en Égypte, important de nouvelles techniques et ouvrant la voie à une lente infiltration qui aboutira à la mainmise « asiatique » sur le pays le moment venu. En attendant, l'Égypte donne le ton à Byblos, dont les chefs autochtones prennent d'eux-mêmes des titres égyptiens, utilisent les hiéroglyphes et des objets manufacturés sur les bords du Nil. L'apogée du Moyen Empire Après une corégence de presque cinq ans, Sésostris II succède à son père, pour une quinzaine d'années. Son règne est éclipsé par celui de son successeur Sésostris III, le principal prototype du légendaire Sésostris. C'est pourtant Sésostris II qui entreprend une œuvre dont son petit-fils Amenemhat III tirera les bénéfices: l'aménagement du Fig. 74 Plan de la ville de Kahoun. Fayoum, qui n'était sous l'Ancien Empire qu'une zone marécageuse qui servait de lieu de pêche et de chasse, avec pour centre Crocodilopolis. Cette grande oasis, située à environ 80 kilomètres au sud-ouest de Memphis, avait de quoi offrir de nouvelles terres. Sésostris II entreprit de canaliser le Bahr Youssouf qui se déversait dans le futur lac Qaroun en construisant une digue à Illahoun et en lui adjoignant un système de drainage et de canaux. Le projet ne sera achevé que sous Amenemhat III, mais ces grands travaux ont provoqué un nouveau déplacement de la nécropole royale qui, après être remontée à Dahchour avec Amenemhat II, s'installe à Illahoun. À l'est de son complexe funéraire, le roi a créé un lotissement destiné à accueillir les ouvriers engagés dans ces grands travaux. Le site de Kahoun est la première ville artificielle que l'on ait découverte en Égypte, l'autre exemple le mieux conservé étant le village d'artisans de Deir el-Médineh, qui, lui, date pour l'essentiel de l'époque ramesside. Pendant longtemps, ce fut même le premier exemple connu d'urbanisme. Depuis, les fouilles d'Amarna, puis de l'oasis de Balat et d'Éléphantine ont apporté un jour nouveau sur les constructions civiles. Les principales caractéristiques, que l'on retrouve à Amarna et Deir el-Médineh, sont l'isolement et la fermeture de cette ville d'environ 350 sur 400 m. Elle est entourée d'une enceinte de briques crues percée de deux portes, une par quartier. Le quartier occidental devait être le plus aisé: les maisons y sont plus spacieuses et mieux aménagées. À l'est, au contraire, on compte plus de deux cents habitations, qui ne dépassent jamais trois pièces. La ville n'a pas livré que son plan: on a retrouvé des lots de papyri dans les maisons et aussi dans le temple d'Anubis, qui était situé au sud. Les textes qu'ils contiennent sont très divers et témoignent d'une réelle activité artistique, économique et administrative. Ce sont des œuvres littéraires: des hymnes royaux, l'Histoire de Hay, des épisodes du Conte d'Horus et Seth, un traité de gynécologie et un traité vétérinaire, un fragment d'un ouvrage mathématique, des documents juridiques, pièces comptables et archives de temples qui couvrent toute la XIIe dynastie. Il ne faut pas en déduire pour autant que Kahoun servit de capitale à Sésostris II : Deir el-Médineh a fourni un matériel littéraire bien plus considérable sans avoir jamais joué de rôle politique. Lorsque Sésostris III monte sur le trône, il doit affronter un problème auquel son arrière-grand-père Sésostris Ier avait déjà donné un commencement de solution en divisant la charge de vizir: celui des féodalités locales qui détenaient un pouvoir parfois peu éloigné de celui du roi, comme le montrent le luxe des tombes de Béni Hassan ou l'activité à Hatnoub de la famille des Djéhoutyhotep. Il choisit de mettre radicalement fin au pouvoir de ceux qui redevenaient peu à peu des dynastes locaux en se fondant sur une tradition familiale parfois plus ancienne que celle dont se réclamait le roi. Il supprime purement et simplement la charge de nomarque, à une seule exception près: Ouahka II d'Antaeopolis, qui restera en place jusque sous Amenemhat III. La nouvelle organisation place le pays sous l'autorité directe du vizir en trois ministères (ouâret) : un pour le Nord, un autre pour le Sud, et le troisième pour la « Tête du Sud », c'est-à-dire Éléphantine et la Basse-Nubie. Chaque ministère est dirigé par un fonctionnaire aidé d'un assistant et d'un conseil (djadjat). Celui-ci transmet les ordres à des officiers qui, à leur tour, les font exécuter par des scribes. Les conséquences de cette réforme sont doubles: la perte d'influence de la noblesse et, par contrecoup, l'ascension de la classe moyenne que l'on suit à travers la prolifération des ex-votos qu'elle consacre à Osiris à Abydos. Le roi lui-même développe sa province d'origine en entreprenant la construction d'un temple de Montou à Médamoud. Le provincialisme amorcé à la Première Période Intermédiaire atteint son sommet au Moyen Empire, et l'on peut suivre à travers les nécropoles des capitales de nomes l'histoire du pays. À Assiout, par exemple, nous avons déjà rencontré Téfibi lors des campagnes qui opposèrent Hérakléopolitains et Thébains, son fils, mis en place par Mérikarê, puis le nomarque Khéty Ier. Il faut ajouter à cette liste deux personnages importants du Moyen Empire: Mésehti, à cheval sur la XIe et la XIIe dynastie, dont les cercueils portent une des versions les plus importantes des Textes des Sarcophages, et Hâpydjéfa, le contemporain de Sésostris Ier dont nous avons déjà suivi la trace jusqu'à Kerma. Il a reconstruit le 13e nome, ruiné par la guerre contre Thèbes, et laissé dix contrats funéraires qui sont une source très précieuse pour l'étude du droit. La nécropole d'Assouan, déjà florissante à la VIe dynastie, est encore brillante sous Amenemhat Ier avec Sarenpout Ier et sous Amenemhat II avec Sarenpout II. Il faudrait encore mentionner Gebelein, El-Bercheh, avec le tombeau de Djéhoutyhotep, qui vécut jusque sous Sésostris III, Qau el-Kébir, surtout Béni Hassan, dont la grande époque se situe sous la XIIe dynastie avec la lignée des Chnoumhotep, et Meïr, la nécropole de Cusae, dont le dernier nomarque connu est Khâkhéperrêséneb, contemporain de Sésostris II. La longue paix des deux règnes précédents en Nubie avait encouragé les tribus soudanaises à s'infiltrer au nord de la Troisième Cataracte. Là encore, Sésostris III prend des mesures énergiques. Il commence par faire agrandir le canal que Mérenrê avait fait creuser à la VIe dynastie à proximité de Chellal pour faciliter le passage des navires dans les rapides d'Assouan. Puis, il l'utilise en l'an 8 de son règne, à l'occasion d'une première expédition contre Kouch. Il y en aura encore une deuxième, en l'an 10, et une troisième, en l'an 16. En l'an 19, les Égyptiens remontent en bateau jusqu'à la Deuxième Cataracte. Les campagnes de l'an 8 et de l'an 16 permirent de fixer à Semna la limite méridionale de leur autorité. Elle est renforcée par une chaîne de huit forts de brique crue entre Semna et Bouhen, dont Sésostris III construit ou reconstruit, les Égyptiens ne faisant pas de différence dans les inscriptions commémoratives entre les deux, Semna-ouest et est (Koumna), ainsi qu'Ouronarti, qui sont les meilleurs exemples d'architecture militaire qui nous soient parvenus. On ne connaît qu'une seule campagne de Sésostris III en Syro-Palestine, contre les Mentjiou: elle conduisit les Égyptiens à affronter les populations de Sichem et du Litani. On arrive toutefois à se faire une certaine idée au moins des adversaires extérieurs de l'Égypte grâce à plusieurs lots de textes d'exécration, trouvés en Nubie et dans la Vallée. Ce sont des figurines d'envoûtement ou, plus simplement, des tessons de poterie, sur lesquels étaient inscrits le nom des ennemis que l'on voulait conjurer. Ces envoûtements étaient pratiqués de façon institutionnelle, lors d'une fondation: les supports, après avoir subi un rite manuel destiné à les briser, étaient enfouis, de façon à être prisonniers de la construction qui les étouffait physiquement — comme le roi écrase les Neuf Arcs figurant les nations voisines de l'Egypte sous ses pieds quand il est assis sur son trône —, ou cloués à l'extérieur de la zone que protège l'envoûtement. Ces listes sont précieuses, mais leur rôle en fait des témoignages historiques peu fiables: il est plus utile au ritualiste de mêler les adversaires du moment à d'anciennes listes périmées depuis longtemps afin d'assurer la plus grande universalité possible à la conjuration que d'en dresser un état parfaitement à jour. Cela dit, ces listes confirment les sources plus directes, et l'on y voit figurer, pour la Nubie, les Kouchites, les Medjaou, les habitants de Ouaouat, les Nehesyou ou les Iountyou. Pour la Palestine, les renseignements sont plus vagues, malgré une grande abondance de noms, parmi lesquels on retiendra Byblos, Jérusalem, Sichem et Askalon. La politique extérieure de Sésostris III suffit à assurer l'autorité de l'Égypte autant en Nubie, où Amenemhat III consolide la frontière à Semna, qu'au Proche-Orient: Amenemhat III, comme son successeur, sont honorés et respectés de Kerma à Byblos, et sous son règne l'Égypte accueille une nombreuse main-d'œuvre orientale de paysans, de soldats, d'artisans, attirés autant par son rayonnement que par les emplois que crée la mise en valeur du pays. Pendant quarante-cinq ans, en effet, Amenemhat III mène l'Égypte au sommet de la prospérité. La paix règne à l'intérieur comme à l'extérieur; la mise en valeur du Fayoum va de pair avec le développement de l'irrigation et une intense activité dans les mines et les carrières. Dans le Sinaï, l'exploitation des mines de turquoise et de cuivre connaît une intensité jamais atteinte. De l'an 9 à l'an 45, on ne compte pas moins de 49 inscriptions à Sérabit el-Khadim et 10 dans le Ouadi Maghara et le Ouadi Nash. Les camps saisonniers des mineurs sont plus ou moins transformés en installations permanentes, avec maisons, fortifications, puits ou citernes et nécropoles. Le temple d'Hathor de Sérabit el-Khadim est agrandi et les lieux défendus contre les attaques des Bédouins. Ces constructions seront poursuivies par Amenemhat IV. Les expéditions aux carrières sont également nombreuses: à Toura, dans le Ouadi Hammamat, à Assouan et à proximité de Toshka. Cette activité économique se traduit par de nombreuses constructions qui font du règne d'Amenemhat III un des sommets de l'absolutisme d'État. Outre l'achèvement de Semna et la construction du temple de Kouban en Nubie, il se consacre au Fayoum, auquel son nom restera attaché encore à l'époque gréco-romaine: il y sera en effet adoré sous le nom de Lamarès. On a retrouvé à Biahmou deux colosses de granit reposant sur une base de calcaire le représentant assis. Il embellit le temple de Sobek à Kiman Farès, construit une chapelle de Rénénoutet, la déesse des moissons, à Medinet Madi. Surtout, il se fait élever deux pyramides: l'une à Dahchour, l'autre à Hawara. À proximité de cette dernière se trouvent les vestiges de ce qui fut son temple funéraire et que Strabon a décrit comme un labyrinthe. Le Fayoum reste la préoccupation première d'Amenemhat IV qui succède à son père vers 1798, après une courte corégence. C'est peut-être lui qui fait achever le temple de Qasr es-Sagha, à huit kilomètres au nord du lac Qaroun. Il termine la construction du temple de Medinet Madi commencée par Amenemhat III. Ce sanctuaire, consacré à « la vivante Rénénoutet de Dja », la future Thermouthis, et Sobek de Chédit, comportait alors une petite salle hypostyle servant de pronaos et s'ouvrant sur trois chapelles associant les deux divinités à Amenemhat III et IV. Il sera agrandi et redécoré encore beaucoup plus tard: jusque sous le règne d'Hadrien. La fin de la dynastie Amenemhat IV règne un peu moins de dix ans et, à sa mort, la situation du pays tend à nouveau à se dégrader — un peu d'ailleurs pour certaines des raisons qui ont causé la fin de l'Ancien Empire. Sésostris III et Amenemhat III ont régné chacun environ un demi-siècle, ce qui n'a pas manqué de provoquer des difficultés successorales. Est-ce la raison pour laquelle le pouvoir échoit, comme à la fin de la VIe dynastie, à une reine, Néfrousobek, « La beauté de Sobek », qui est, pour la première fois dans l'histoire égyptienne, désignée dans sa titulature comme une femme-pharaon? Ce serait une sœur (et épouse?) d'Amenemhat IV. On lui attribue la pyramide nord de Masghouna, au sud de Dahchour, celle du sud appartenant probablement à Amenemhat IV. Si cette attribution est correcte, Néfrousobek n'a pas utilisé sa pyramide, ce qui confirme que le court règne de trois ans que lui accordent les listes royales s'est peut-être terminé de façon brutale. Mais rien ne permet de l'affirmer: la XIIIe dynastie, avec laquelle on fait commencer la « Deuxième Période Intermédiaire », paraît être une suite légitime — par le sang ou le mariage — de la XIIe, au moins pour ce qui est de son premier roi, Sékhemrê-Khoutaoui. Et d'ailleurs rien ne vient donner l'impression d'une coupure brutale comme celle qui a marqué la fin de l'Ancien Empire: jusqu'à ce que les Hyksôs se rendent maîtres de l'Égypte, c'est-à-dire pendant presque un siècle et demi, le pays ne s'effondre nullement, ni à l'intérieur ni à l'extérieur. On a plutôt l'impression que c'est seulement le pouvoir central qui est en crise, dans une civilisation dont le classicisme reste constant. Le classicisme Nous avons évoqué plus haut quelques œuvres littéraires. Le Moyen Empire au sens large, de la Première Période Intermédiaire à la XIIIe dynastie, est l'époque où la langue et la littérature atteignent leur forme la plus parfaite. Tous les genres, si tant est que l'on puisse employer cette catégorie, sont représentés. Nous avons déjà rencontré les écrits didactiques avec l'Enseignement: Maximes de Ptahhotep, Instructions pour Kagemni, Maximes de Djedefhor, Admonitions, Instructions pour Mérikarê — autant de compositions, pour la majeure partie très vraisemblablement apocryphes, qui sont en réalité des œuvres politiques. Dans la même veine, c'est au Moyen Empire que l'on compose l'un des Enseignements les plus répandus: la Kemit, c'est-à-dire la « somme » achevée d'un enseignement dont la perfection reflète celle de l'Égypte (Kemet, « la (terre) noire »), elle-même image parfaite de l'univers. Un autre grand texte, connu sous le nom de Satire des Métiers par plus de cent manuscrits, a été composé au début de la XIIe dynastie par le scribe Khéty, fils de Douaouf. Dans le genre politique, nous avons rencontré l'Enseignement d'Amenemhat Ier et la Prophétie de Néferti. On peut y ajouter l'Enseignement loyaliste, les Instructions d'un homme à son Fils ou les Instructions au vizir qui apparaissent sous Amenemhat III. C'est aussi la grande époque du roman: les contes du Paysan ou de Sinouhé, qui rejoint le fonds loyaliste du Papyrus Westcar et dont les plus anciens manuscrits datent d'Amenemhat III, le Conte du Naufragé, qui n'est connu, lui, que par un seul manuscrit et semble né des relations avec le pays de Pount, dont nous avons vu toute l'importance qu'elles prennent dès la XIe dynastie. Mi-roman exotique, mi-récit mythologique, ce conte est la relation que fait un compagnon de voyage à un fonctionnaire qui a échoué dans sa mission d'un naufrage survenu peut-être en mer Rouge. Le naufragé s'est retrouvé dans une île merveilleuse appartenant à un serpent. On apprend que ce serpent, doué de pouvoirs surnaturels, était le seul rescapé d'une catastrophe céleste, peut-être la chute d'un météore? Détenteur des produits précieux du pays de Pount, il prédit au malheureux Égyptien son sauvetage et le couvre de présents... L'extraordinaire richesse thématique de ce texte, assez court au demeurant, lui a valu d'être une des oeuvres les plus commentées et traduites de la littérature égyptienne. Les grands récits mythologiques, souvent proches du roman par leur aspect picaresque, datent aussi de cette époque, même s'ils ne sont généralement connus que par des versions plus tardives: la légende de la Destruction de l'Humanité, qui présente, elle aussi, des résonances politiques, le Conte d'Isis et de Rê, celui d'Horus et Seth, que nous avons tous trois déjà évoqués. Il en va de même des grands Fig. 75 Deir el-Bahari : les complexes funéraires de Montouhotep II et d'Hatchepsout. drames sacrés, comme le Drame du couronnement ou le Drame memphite, connu, lui, par une version datant de Chabaka. Au courant pessimiste représenté par le Dialogue du Désespéré avec son Ba, on peut ajouter un autre ensemble: les Collections de paroles de Khâkhéperrêséneb. Dans un genre différent, on peut évoquer l'hymnologie royale, avec les textes d'Illahoun. La diplomatique, les récits autobiographiques et historiques, la correspondance, les textes administratifs sont abondamment représentés, ainsi que la littérature spécialisée: traités de médecine, de mathématiques (connus eux aussi par des copies plus tardives), le fragment gynécologique et vétérinaire d'Illahoun, des fragments médico-magiques thébains, et surtout le premier représentant des onomastica, découvert au Ramesseum : ces listes de mots qui passent en revue les catégories de la société ou de l'univers (noms de métiers, oiseaux, animaux, plantes, listes géographiques, etc.) étaient destinées à la formation des élèves des écoles. Les œuvres littéraires de l'époque témoignent d'un raffinement qui allie la tradition de l'Ancien Empire à une sobriété plus proche de l'humain. Il est également sensible dans la production artistique, Fig. 76 Reconstitution du temple funéraire de Montouhotep II à Deir el-Bahari. quelle qu'elle soit, de l'architecture aux arts mineurs. La « chapelle blanche » que Sésostris Ier construisit à Karnak offre une pureté de formes remarquable que l'on retrouve autant dans l'austérité du temple de Qasr es-Sagha qu'à travers l'ordonnance simple de celui de Medinet Madi. Malheureusement, les constructions religieuses des rois du Moyen Empire sont moins connues que celles de leurs successeurs. On peut toutefois juger de leur qualité à partir des édifices funéraires, et tout particulièrement de celui que Montouhotep II fit édifier à Deir el-Bahari. Dans ce cirque situé sur la rive occidentale de Thèbes et dominé par la cime qui protège encore aujourd'hui les tombes des rois et des nobles, Montouhotep II fait édifier un complexe funéraire qui reprend la structure de ceux de l'Ancien Empire: un temple d'accueil, une chaussée montante et un temple funéraire. La seule différence vient de ce que la sépulture n'est plus constituée par une pyramide, mais incluse dans l'ensemble. Les restes de la construction ne permettent pas d'être affirmatif, mais on peut supposer avec quelque raison que l'idée de représenter le tertre primordial par une forme pyramidale a été maintenue, de façon à présenter l'aspect suivant. Sous cette terrasse, couronnée d'une pyramide ou d'une simple élévation (Arnold: 1974a), des dépôts de fondation font référence à Montou-Rê: il s'agit donc bien d'une contrepartie thébaine des installations héliopolitaines consacrées à Rê-Horakhty. La partie au contact de la falaise, elle, comprend la tombe et les installations cultuelles royales qui associent Montouhotep et Amon-Rê, préfigurant ainsi les « Demeures des Millions d'Années », c'est-à-dire les temples funéraires du Nouvel Empire. Le sanctuaire et la tombe de Tem, l'épouse du roi, ont été découverts au milieu du XIXe siècle par Lord Dufferin, mais les fouilles proprement dites n'ont été entreprises, après la découverte en 1900-1901 du cénotaphe de Bab el-Hosan par H. Carter, que de 1903 à 1907 par E. Naville et E. Hall pour le compte de l'Egypt Exploration Society. Elles ont ensuite été reprises par H. E. Winlock pour le Metropolitan Museum of Art de 1921 à 1924, et, depuis 1967 par D. Arnold pour l'Institut Allemand. Elles ont permis de reconstituer quatre étapes dans la construction: tout d'abord, une enceinte oblique en pierre de taille courant à l'extérieur du mur oriental de la cour, sur le rôle de laquelle on ne peut se prononcer. La deuxième étape a été la construction, vers les années 20-30 de Montouhotep puisqu'il est daté de l'Horus Netjérihedjet, d'un mur d'enceinte épousant la forme du cirque de façon à enfermer la tombe de Bab el-Hosan et les sépultures de reines mortes avant le roi. Puis vient la phase principale, datée, elle, de l'Horus Sémataoui — des années 30-39 donc: la terrasse, comprenant un noyau central et un déambulatoire donnant sur la partie arrière composée d'une cour à péristyle, d'une salle hypostyle, de la chapelle et de la tombe royale. La quatrième étape a commencé avant la fin de la troisième: achèvement de la chaussée montante, constitution et alignement du mur intérieur de la cour, construction des portiques de la cour, des cours entourant le déambulatoire, du sanctuaire d'Amon-Rê. Le temple d'accueil, enfoui sous les terres cultivables du Kôm el-Fessad, n'a pas été dégagé. La chaussée qui en partait était découverte, pavée de briques et limitée par des murs en calcaire. Elle montait sur plus de 950 m, et était bordée, à peu près tous les 9 m, par des statues du roi représenté en Osiris, dont H. E. Winlock a retrouvé de nombreux fragments. Elle donne accès à la première cour, déjà modifiée par Montouhotep lui-même, puis par Thoutmosis III qui en écrase une partie pour faire passer la chaussée donnant accès à la chapelle d'Hathor qu'il plaque au nord du temple de Montouhotep II. Le fond de la cour est délimité par un double portique, au centre duquel une rampe bordée de 55 tamaris et de deux rangées de quatre sycomores abritant chacun une statue assise du roi en costume de fête-sed, donne accès à la terrasse. Chaque portique, dont le plafond est soutenu par 24 piliers carrés, abrite un mur revêtu de calcaire, dont les reliefs représentent une campagne asiatique et des scènes de navigation cultuelle. La reine Hatchepsout reprendra dans les moindres détails ce modèle pour le temple qu'elle fera édifier à côté. C'est dans cette cour qu'H. Carter trouva par hasard l'entrée du cénotaphe de Montouhotep II : son cheval fit un faux pas dans la dépression qui en marquait l'emplacement — ce qui valut à la tombe le nom de Bab el-Hosan, « la porte du cheval ». La porte était encore Fig. 77 Deir El-Bahari: Temple de Mentouhotep Nebhepetrê Chapelles et tombes des reines. scellée; elle conduisait par un long couloir de 150 m creusé dans le roc vers l'ouest, à une chambre voûtée située sous la pyramide. Dans cette chambre, une statue royale anonyme en grès peint, représentant le souverain en costume de fête-sed et un sarcophage, anonyme aussi, accompagné de quelques offrandes. Du caveau, un puits vertical conduit à une autre chambre, trente mètres plus bas. Dans cette seconde pièce, des vases et trois modèles de bateaux. Le nom de Montouhotep n'apparaît que sur un coffre en bois trouvé dans un autre puits, situé au milieu du premier couloir. La terrasse recouvre un premier état en incluant les six chapelles et tombes des reines-prêtresses d'Hathor, Dame du site. Ces chapelles sont incluses au cours de la deuxième étape dans le second état dans le mur oriental du déambulatoire de la terrasse. Elles sont décorées de scènes fort intéressantes, qui montrent les reines faisant leur toilette, visitant leurs fermes, en train de festoyer, mais aussi buvant le lait des vaches. Ce thème funéraire de l'allaitement hathorique source de renaissance sera magistralement repris par Thoutmosis III dans le sanctuaire rupestre évoqué plus haut, au centre duquel une statue impressionnante, aujourd'hui conservée au Musée du Caire, le représente à la fois protégé et allaité par la déesse sous sa forme de vache au débouché des marais qui constituent l'ultime étape vers le royaume des bienheureux (fig. 90). Derrière chaque chapelle, un puits donne accès à un caveau. Quatre de ces six tombes n'ont été pillées qu'une fois. On a retrouvé un sarcophage dans celles de Henhenet, Kaouït et Achaït ; l'une appartenait à un enfant, Maït. Le deuxième état de la terrasse comporte un déambulatoire aux murs ornés de scènes cultuelles et administratives et séparé du noyau central par une cour couverte. De là, on accède par une cour à péristyle à la partie intime du temple: la salle hypostyle, aux murs décorés de scènes d'offrandes; au centre de la paroi occidentale, une niche en spéos était destinée à recevoir une statue du roi, en avant duquel un petit sanctuaire consacré à Amon-Rê et Montouhotep comporte des représentations cultuelles. A l'angle sud-ouest du corridor de l'hypostyle se trouvait la tombe de l'épouse royale Tem. La vraie tombe du roi est à l'ouest du sanctuaire. On y accède par un long couloir qui part de la cour à péristyle et passe sous l'hypostyle. La chambre funéraire est sous la falaise. Elle possède un parement de granit et n'avait pas encore été pillée sous Ramsès XI, si l'on en croit le procès-verbal de l'inspection de la nécropole faite alors à la suite de nombreux pillages de tombes royales. On n'y a retrouvé, outre un naos de granit et albâtre, que des modèles de bateaux, des cannes et des sceptres. L'originalité de la recherche architecturale de Montouhotep reste liée à Thèbes. En déplaçant la capitale, ses successeurs renouent avec l'organisation memphite du complexe funéraire. Ils choisissent des sites au sud de Saqqara et reprennent au début le plan des installations funéraires de la fin de la VIe dynastie. Le premier site utilisé est Licht, à peu près à mi-distance entre Dahchour et Meïdoum, où s'installent Amenemhat Ier et Sésostris Ier. Amenemhat Ier fait élever au nord du site une pyramide proche d'aspect du modèle de la VIe dynastie, autant par la pente de 54° que par ses dimensions (84 m de côté sur 70 m de haut). Il utilise pour la construction des blocs provenant d'Abousir et de Gîza, recouverts d'un parement de calcaire fin de Toura aujourd'hui disparu. L'entrée est sur la face septentrionale, derrière une fausse-porte de granit abritée par une chapelle. La chambre funéraire est en dessous du niveau actuel des eaux. Le temple funéraire a été achevé sous la « corégence » de Sésostris Ier. La rampe et l'ensemble reprennent en gros le plan de Pépi II. Contre la face occidentale de la pyramide se trouvent les tombes des princesses royales, et, au sud-ouest, la Fig. 78 Plan de la pyramide de Sésostris Ier à Licht. nécropole des notables du règne, parmi lesquels un cénotaphe appartenant à Antefoqer, qui fut son vizir et celui de Sésostris Ier. Antefoqer est enterré dans la nécropole thébaine, à Cheikh Abd el-Gourna (TT 60), mais il a repris la fiction ancienne du fonctionnaire qui suit son maître dans l'au-delà. Sésostris Ier a fait édifier sa pyramide au sud du site. Elle est aussi enclose par un mur en pierres doublé d'un autre, en brique. Elle est plus grande, puisqu'elle mesure environ 105 m de côté pour seulement 60 m de haut, ce qui donne une pente, plus écrasée, de 49°. La technique de construction est différente, moins coûteuse dans la mesure où elle combine un radier central de murs croisés en pierres et un simple blocage recouvert d'un parement en calcaire de Toura, dont il reste encore aujourd'hui quelques vestiges. Elle possède, outre la pyramide de ka du roi, neuf pyramides satellites. Pour le reste, elle reprend, elle aussi, le plan de Pépi II. Lors du dégagement du complexe en 1894, J.-E. Gautier découvrit un groupe de dix statues représentant Sésostris Ier assis sur un trône cubique à petit dossier décoré chacun d'une variation sur le thème du sema-taoui, l'emblème héraldique de l'union des Deux Terres (fig. 80). Ces statues, qui avaient été hâtivement enfouies dans une fosse, sans doute pour échapper à un pillage, sont regroupées aujourd'hui au Musée du Caire. Amenemhat II, lui, remonte vers le Nord pour s'installer à Dahchour, où son petit-fils Sésostris III se fait également enterrer, tandis que son arrière-petit-fils, Amenemhat III, s'y contente d'un cénotaphe. La pyramide d'Amenemhat II reprend la technique de celle de Sésostris Ier, mais elle est trop ruinée pour que l'on puisse en donner une description exacte. On notera toutefois qu'à l'ouest de son enclos, on a retrouvé les tombes des princesses Ita, Ita-ouret et surtout Chnoumet, dont les bijoux sont exposés au Musée du Caire. Sésostris III, lui, suit la technique adoptée par son père à Illahoun : un caissonnage de murs en pierres appuyé sur un noyau naturel et bloqué par des briques crues, le tout revêtu de calcaire de Toura. L'entrée se fait par un puits situé à l'ouest, qui conduit à une chambre funéraire en granit rouge. Au sud et à l'est du complexe, enfermé dans une enceinte en briques crues, se trouvent les mastabas des notables; au nord, les tombeaux des princesses Néfret-henout, Méreret et Sénet-sénebtisi, creusés en galeries ont livré, outre des sarcophages et des boîtes à canopes, des bijoux, parmi lesquels les magnifiques pectoraux aux noms de Sésostris II et III conservés au Musée du Caire. Amenemhat III se fait construire un cénotaphe en briques crues autrefois recouvertes de calcaire, auquel son aspect actuel a valu le surnom de « pyramide noire ». De grande taille (environ 100 m de côté pour une pente de 57°20'), l'édifice était surmonté d'un pyramidion; son entrée se trouve à l'est, ainsi que le temple funéraire. L'infrastructure, d'un plan très compliqué, contenait un sarcophage de granit et s'inspirait peut-être du complexe funéraire de Djoser à Saqqara (Lauer : 1988,198). Le site de Dahchour est également utilisé par les souverains de la XIIIe dynastie, et en particulier par le roi Hor Ier Aoutibrê, dont la statue de kâ en bois est conservée au Musée du Caire. Mais Licht et Dahchour ne sont pas les seules nécropoles royales de la XIIe dynastie : les deux rois qui se sont attachés à la mise en valeur du Fayoum, Sésostris II et Amenemhat III, ont tenu à s'en rapprocher et se sont fait enterrer, le premier à Illahoun, le second à Hawara. La pyramide d'Illahoun est construite au nord de la digue élevée par Sésostris II, à la limite des terres cultivées, sur un plan carré de 107 m de côté, avec une pente de 42°35' pour une hauteur probable de 48 m. L'entrée se fait au sud par un puits conduisant à un ensemble compliqué de couloirs entourant la chambre funéraire, un peu comme les flots entourent l'île sur laquelle est censé être aménagé le tombeau d'Osiris à Abydos. À l'intérieur subsistait un sarcophage de granit, près duquel on a retrouvé un uræus en or. Parmi les tombes de princesses, celle de Sathathoriounet a livré un important ensemble de bijoux que se partagent le Metropolitan Museum of Art et le Musée du Caire. La pyramide qu'Amenemhat III se fait édifier à Hawara, à 9 km au sud-est de Medinet el-Fayoum, présente de nombreuses similitudes avec celle de Sésostris II. La chambre funéraire contient une énorme cuve de granit et un second sarcophage, plus petit, destiné à sa fille, Néférouptah, qui est enterrée à 2 km au sud, alors que les autres princesses sont à Dahchour. Le temple funéraire, situé lui aussi au sud, est probablement le labyrinthe de Strabon: il est constitué de trois rangées d'unités indépendantes contiguës sur une surface de 200 par 300 m, dans lesquelles on a retrouvé l'une des plus belles statues représentant Amenemhat III assis (CGC 385). Sans doute était-ce une installation de fête-sed, comparable à celle du complexe de Djoser à Saqqara, avec lequel celui d'Amenemhat III a plus d'un point en commun. Le temple paraît avoir été achevé par Néfrousobek, mais on ne peut pas déterminer si ces travaux visaient à son achèvement ou à l'installation du culte d'Amenemhat III divinisé. L'emprise de l'Ancien Empire marque fortement la statuaire royale, même si le souverain n'est plus le dieu intangible d'autrefois. Elle évolue toutefois comparativement plus que la statuaire privée qui connaît peu de nouveautés dans les attitudes qui ne soient empruntées au modèle royal. On voit apparaître des figurines en forme de momies placées dans des niches, qui sont dérivées des colosses osiriaques royaux. De la statuaire royale viennent encore des orants et des personnages enveloppés dans des manteaux. La seule réelle innovation est la statue-cube: un personnage assis, dont les jambes repliées vers le menton forment un bloc d'où bientôt n'émergera plus que la tête. Cette forme, née des recherches géométrisantes de la Première Période Intermédiaire offre un support commode au texte qui les envahira à la Basse Époque. Le style thébain des débuts est rugueux: on peut penser à la statue représentant Antef II engoncé dans le manteau de fête-sed qui a été découverte dans le sanctuaire d'Héqaib à Éléphantine ou à celles du même type provenant du sanctuaire de Montouhotep II à Deir el-Bahari qui sont aujourd'hui dispersées entre Le Caire, Boston, New York et Londres. Dès Amenemhat Ier, l'art tempère un peu cette rudesse au contact des écoles du Nord, comme on peut le voir à travers des exemples provenant de Mendès (Caire JE 60520) ou de Tanis (Caire JE 37470). Mais la différence demeure d'autant plus sensible entre le Nord et le Sud que les rois restent partagés entre leurs origines et la Moyenne-Égypte. Dans la production très abondante de Sésostris Ier, on distingue ainsi plusieurs écoles: celle de Thèbes, illustrée par deux colosses debout du temple de Karnak (Caire JE 38286 et 38287), celle « du Fayoum », dans laquelle on range les œuvres de Licht, les dix statues évoquées plus haut, les piliers osiriaques, mais aussi les statues de bois provenant du temple d'Imhotep (Caire JE 44951 et MMA 14.3.17), et une tendance memphite, représentée aussi bien à Memphis même que dans tout le Nord. Elle s'accompagne d'un net retour à la tradition royale, qui se traduit par la confection de statues représentant des rois du temps passé (Sahourê, Niouserrê, Antef, Djoser sous Sésostris II). La tendance classique se maintient sous les règnes d'Amenemhat II et Sésostris II, en particulier dans les statues réutilisées plus tard sur le site de Tanis. Les règnes de leurs deux successeurs sont particulièrement riches en œuvres de grande qualité. On retiendra la série des « portraits » de Sésostris III provenant du temple de Médamoud qui le représentent alternativement jeune et âgé, marquant par là l'humanité que le roi a définitivement acquise avec la Première Période Intermédiaire, et ceux, comparables, d'Amenemhat III (CGC 385 provenant de Hawara), plusieurs sphinx et des statues Fig. 79 Montouhotep II dans le manteau de la fête-sed provenant de son cénotaphe de Deir El-Bahari. Grès peint. H= 1,83 m. Le Caire JE 36195. Fig. 80 Les statues de Licht dans leur cachette. En kaut : Fig. 81. Sphinx d'Amenemhat II retrouvé à Tanis, usurpé par Apophis, Mineptah et Chéchonq Ier. Granit rose. H = 2,06 m. L = 4,79 m. Louvre A 23. Ci-contre: Fig. 82a. Sésostris III jeune. Statue provenant de Médamoud. Granit gris. H = 1,20 m. Louvre E 12902. Fig. 82b Sésostris III âgé. Tête de statue provenant de Médamoud. Granit gris. H = 0,15 m. Louvre E 12960. cultuelles illustrant le thème du roi agenouillé présentant des vases à vin que nous avons déjà rencontré à la fin de l'Ancien Empire (CGC 42013 provenant de Karnak et Khartoum 448, trouvé à Semna). Toute une série de statues datant de la fin du règne d'Amenemhat III ont été attribuées à la période hyksôs en raison de leur style un peu étrange. Il s'agit de sphinx provenant de Tanis, de Bubastis et d'Elkab et de statues du roi offrant des poissons (CGC 392), qui représentent en fait une tendance propre au Nord et dont on retrouvera des traces par la suite. Le Moyen Empire est considéré comme la période classique par excellence de la civilisation égyptienne. Elle n'est cependant ni la plus longue ni la mieux documentée. On pourrait même dire que, sur le plan architectural, c'est la moins bien connue, puisque de grands temples comme ceux d'Amon-Rê de Karnak et de Tanis n'en gardent le souvenir que sous forme de remplois. Ce jugement tient donc à la qualité des œuvres qui nous sont parvenues. Toutes témoignent d'une certaine mesure, qui paraît d'autant plus humaine après la grandeur des pyramides. L'importance des centres provinciaux entre aussi en ligne de compte: le pays tout entier semble accéder à une harmonie qui le rapproche de ce qui était réservé auparavant à une minorité, sans pour cela se laisser aller à une surenchère criarde. Le Moyen Empire donne une certaine image d'équilibre qui le rapproche du règne de Maât. C'est du moins ce que laisse entendre la seule source vraiment développée comparativement aux autres époques: la littérature. Nous avons vu que bon nombre des œuvres qui constituent le fonds de la culture égyptienne sont composées au Moyen Empire et qu'elles expriment une idée de la civilisation qui sera adoptée par la suite comme le modèle dont on ne doit pas s'écarter. De ce point de vue, l'empire des Amenemhat et des Sésostris est réellement la période classique de l'Égypte. CHAPITRE VIII L'invasion La « Deuxième Période Intermédiaire » Un autre élément est aussi à prendre en compte: la situation internationale. Nous avons vu l'Egypte reconquérir peu à peu la Nubie et asseoir sa suprématie au Proche-Orient. L'afflux de main-d'œuvre asiatique, particulièrement fort sous le règne d'Amenemhat III, a amorcé un mouvement continu, pacifique mais persistant, qui permet l'implantation progressive dans le nord du pays de populations qui sont elles-mêmes repoussées par les grands mouvements migratoires venus de l'Est. Le moment venu, ces communautés tendront à s'unifier pour occuper le territoire à leur disposition. Le mécanisme qui a provoqué la chute de l'Ancien Empire se trouve alors reconstitué: l'affaiblissement de l'État conduit au morcellement du pays, le pouvoir proprement égyptien se cantonnant dans le Sud. Cette «Deuxième Période Intermédiaire » ne commence pas brutalement à la fin de la XIIe dynastie. Elle n'est, pas plus que la Première, une période historique en soi, mais une délimitation chronologique commode, dans la mesure où ne sont assurées que ses dates de commencement et de fin : celle de la mort de Néfrousobek, vers 1785, et celle de la prise de pouvoir d'Ahmosis, vers 1560, qui ouvre le Nouvel Empire. Entre les deux, une période d'environ deux siècles, dont la première moitié est très mal connue et pour laquelle nous ne disposons pratiquement que des noms donnés par les listes royales. Dans un premier temps, la XIIIe dynastie gouverne le pays seule, puis elle entre en compétition avec les princes de Xoïs et d'Avaris, dans le Delta, qui forment deux dynasties hyksôs, les XVe et XVIe, concurrentes de la XVIIe thébaine, jusqu'à ce qu'Ahmosis les expulse. Les listes donnent plus de cinquante rois pour la XIIIe dynastie, et l'accord est loin d'être fait sur leur ordre de succession. Le premier souverain est-il Sekhemrê-Khoutaoui (CAH II3, 13, 42 sq.) ou Ougaf (v. Beckerath : 1984, 67) ? La question peut être posée pour chacun de ces rois qui se succèdent à une telle cadence que l'on a supposé que leur désignation se faisait selon le mode électif en vigueur dans les premiers temps de la lignée thébaine. L'hypothèse est séduisante: l'activité de ces souverains « de paille » se situe essentiellement en Thébaïde, alors même que la capitale reste à Itjitaoui jusqu'aux environs de 1674 et que l'Égypte conserve suffisamment de force pour être respectée à l'extérieur et puissante à l'intérieur. Il est tentant de supposer, dans ces conditions, que la réalité du pouvoir est assumée par l'administration, aux mains d'un vizirat presque indépendant de la Cour. 1785 Sekhemrê-Khoutaoui Amenemhat V Séhétepibrê (II) Amenemhat VI (« Amény l'Asiatique »?) Hornedjheritef « l'Asiatique » Sobekhotep Ier Réniseneb Hor Ier Amenemhat VII Ougaf Sésostris IV Khendjer Smenkhkarê Sobekemsaf Ier Sobekhotep III Néferhotep Ier Sahathor Sobekhotep IV Sobekhotep V Néferhotep II Néferhotep III Iâib Iy Ini 1674 Dédoumésiou Ier Fig. 83 Ordre possible de succession des principaux rois des XIIIe et XIVe dynasties. La continuité La première impression, au vu des quelques documents que l'on possède, est celle d'une continuité avec la XIIe dynastie. Sekhemrê-Khoutaoui construit à Deir el-Bahari et Médamoud, Amenemhat V qui lui succède est nommé sur des monuments de Haute et Basse-Egypte, Hornedjheritef — « L'Horus vengeur de son père », ou, plus exactement, « curateur » des intérêts de son père, comme Horus de ceux d'Osiris —, est aussi présent à Khatâna. Plus loin encore dans la dynastie, Sobekemsaf Ier est nommé sur des inscriptions architecturales de Médamoud. Il construit également à Abydos, Karnak, Tôd, Éléphantine. Sobekhotep III fait ériger une colonnade et des portes dans le temple de Montou à Médamoud. Il est aussi présent à Elkab et, surtout, on possède de son règne deux documents administratifs: un papyrus conservé au Musée de Brooklyn qui donne une liste de fonctionnaires et le Papyrus Boulaq 18 qui a conservé le souvenir des entrées et des dépenses de la Cour lors d'un séjour d'un mois effectué à Thèbes. Ce dernier nomme trois ministères (ouâret), dont l'un au moins a été créé par Sésostris III : la « Tête du Sud », les deux autres étant le « Trésor » et le « Bureau des Travaux». Sobekhotep III présente également un autre intérêt: on sait qu'il n'est pas d'origine royale, mais né d'un prince thébain, Montouhotep. Tous ces rois se font enterrer selon la tradition du Moyen Empire, et l'on a retrouvé certaines de leurs pyramides. À Dahchour, la pyramide découverte en 1957 appartient à « Amény l'Asiatique », qui est probablement Amenemhat VI. Khendjer est enterré à Saqqara-sud, dans une pyramide de briques revêtue de calcaire et possédant un caveau en quartzite, à proximité de laquelle se trouve une pyramide anonyme plus grande. Néferhotep Ier, enfin, est peut-être enterré à Licht, à quelque distance de Sésostris Ier. Le plus étonnant est sans doute le maintien des positions égyptiennes à l'extérieur. En Nubie, on possède des relevés de la crue à Semna, au niveau de la Deuxième Cataracte, datant des quatre premières années de règne de Sékhemrê-Khoutaoui. Ces marques ne se continuent pas sous Amenemhat V, mais la mainmise égyptienne sur la Basse-Nubie est assurée à cette époque, au moins jusqu'au règne d'Ougaf, dont on a découvert une statue à Semna. Un graffito du Chatt er-Rigâl témoigne d'une expédition de Sobekemsaf vers la Nubie, et l'on sait que l'autorité de Néferhotep Ier s'étendait au moins jusqu'à la Première Cataracte. L'évolution est un peu la même au Proche-Orient : sous Amenemhat V et Séhétepibrê II la situation n'a pas changé. Byblos, par exemple, fait hommage à l'Égypte. Hornedjheritef est même dit « l'Asiatique », sans doute pour avoir mené une politique extérieure active, qui nous échappe malheureusement, si l'on excepte un scarabée portant son nom trouvé à Jéricho. Mais ce type de document est trop sujet, de par sa nature même, à une grande dispersion pour que l'on puisse en faire une preuve absolue de la présence égyptienne. On sait en revanche, par un relief trouvé à Byblos, que cette principauté était toujours vassale de l'Égypte sous Néferhotep Ier. Néferhotep Ier et Sobekhotep IV Le règne de celui-ci constitue un tournant. Il reste onze ans au pouvoir, et sa titulature insiste sur son action organisatrice: il est l'Horus gereg-taoui, « Qui a fondé les Deux Terres»; son nom des Deux Maîtresses fait de lui oup-Maât, « Celui qui sépare le Bien (du Mal) ». En réalité, il doit avoir autorité, le Sud mis à part, sur l'ensemble du Delta, à l'exception du 6e nome de Basse-Égypte, dont le chef-lieu, Xoïs (Qedem, à proximité de Kafr el-Cheikh) aurait été, selon Manéthon, la capitale de la XIVe dynastie, parallèle à la XIIIe et à la dynastie hyksôs qui va bientôt surgir à Avaris. C'est sous le règne du frère de Néferhotep Ier, Sobekhotep IV, qui gouverne huit ans le pays, que la ville d'Avaris (Hout-ouret, « Le grand château ») passe aux mains des Hyksôs qui en font la capitale à partir de laquelle rayonne leur influence, de plus en plus grande, sur le Delta. On sait désormais grâce aux fouilles de M. Bietak que cette ville, un temps identifiée à Tanis, est Khatâna, le site mitoyen de Tell ed-Dabâ, la future Pi-Ramsès, à sept kilomètres au nord de Faqous. Ces événements se passent vers 1730-1720, si l'on en croit une stèle érigée sous Ramsès II, qui a été retrouvée à Tanis par A. Mariette en 1863 (Paris: 1976, 33-38). Cette stèle, qui commémore la fondation du temple de Seth à Avaris, est datée en effet de « l'an 400, quatrième jour du quatrième mois de l'inondation du roi de Haute et Basse-Égypte Seth à la grande vaillance, le Fils de Rê, son préféré, aimé de Rê-Horakhty ». Si l'on admet que cette date n'est pas celle de l'érection de la stèle, mais du texte original dont elle n'est que la copie, datant probablement du règne d'Horemheb, la fondation a eu lieu vers 1720. Les Hyksôs La prise du pouvoir sur le Nord par les Hyksôs se fait progressivement. À partir d'Avaris, ils gagnent peu à peu vers Memphis en suivant la bordure orientale du Delta. Ils s'implantent à Farâcha, à Tell el-Sahaba au débouché du Ouadi Toumilât, à Bubastis, Inchâs et Tell el-Yahoudiyeh, à une vingtaine de kilomètres au nord d'Héliopolis. Cette progression prend presque un demi-siècle, jusque vers 1675. La XIIIe dynastie en est à son trente-troisième ou trente-quatrième roi, Dédoumésiou Ier. Si celui-ci est bien le Toutimaious de Manéthon, c'est sous son règne que les Hyksôs ont dominé l'Égypte. L'identité des deux concorderait avec le fait que Dédoumésiou est le dernier roi de la XIIIe dynastie connu par les monuments à Thèbes, Deir el-Bahari et Gebelein. La dynastie ne s'éteint pas pour autant, mais ses successeurs n'auront plus qu'un pouvoir local, qui disparaîtra définitivement en 1633. Le fondateur de la première dynastie hyksôs, la XVe de Manéthon, est un certain Salitis, qui serait le même que le Chechi attesté par des sceaux trouvés à Kerma — ce qui laisse supposer que la Nubie avait fait alliance dès le départ avec les Hyksôs contre les Thébains —, et le Charek connu à Memphis. Ces Hyksôs, qui sont-ils? Leur nom est la déformation grecque de celui que leur ont donné les Égyptiens: heqaou-khasout, « les chefs des pays étrangers ». Cette appellation ne recouvre aucune notion de race ou de provenance bien définie: elle s'applique, de l'Ancien au Moyen Empire, à tout étranger, de la Nubie à la Palestine. Les Hyksôs recouvrent à peu près ceux que les Égyptiens appelaient les « Asiatiques » et avec lesquels ils ont eu maille à partir déjà auparavant : Aamou, Setjetiou, Mentjou d'Asie ou Retenou. Si la dernière étape de leur prise de pouvoir est violente, leur implantation semble avoir été beaucoup mieux acceptée par la population que ne le laissent supposer les textes du début du Nouvel Empire, que leur inspiration nationaliste entraîne à de nombreuses outrances. La liste de fonctionnaires du Papyrus de Brooklyn citée plus haut montre qu'Égyptiens et « Asiatiques » cohabitaient sans heurt. Bien plus, les rois hyksôs ont été de grands constructeurs qui ont laissé temples, statues, reliefs, scarabées et encouragé la diffusion de la littérature égyptienne. Le Papyrus mathématique Rhind, par exemple, est daté de l'an 33 du roi Apophis Ier, le père du rival de Kamosé: même s'il n'est que la copie d'un original thébain, il témoigne d'un respect culturel certain. Les Hyksôs inaugurent un mode de gouvernement qui réussira par la suite à chaque envahisseur qui le pratiquera, à l'exclusion de tout autre. Ils se fondent dans le moule politique égyptien au lieu d'imposer leurs propres structures de gouvernement. Cela ne les empêche pas de conserver leur identité culturelle, sensible dans l'architecture (les « forts hyksôs») ou la céramique de Tell el-Yahoudiyeh (malgré les quelques réserves que l'on pourrait faire). Ils adoptent l'écriture hiéroglyphique pour transcrire leurs noms, les titulatures royales égyptiennes, copient les modèles plastiques du Moyen Empire, etc. En matière de religion ils agissent comme en politique en instituant une religion officielle « à l'égyptienne » autour de Seth d'Avaris, l'adversaire d'Osiris, dont ils se contentent d'accentuer les caractères sémitisants. Ce n'est qu'ensuite que celui-ci sera assimilé à Baal-Rechef ou au dieu hittite Teshub. Ils conservent également le culte d'Anat-Astarté, mais n'écartent pas les dieux égyptiens: les rois continuent de porter le nom de Rê dans leur titulature. Fig. 84 Tableau chronologique des dynasties hyksôs et thébaine. Leur présence, moins néfaste que ne le disent les sources égyptiennes postérieures, laissera de profondes empreintes dans la civilisation, dont elle brise à tout jamais l'insularité. Sur le plan religieux, culturel et philosophique, elle crée un fonds où les rois du Nouvel Empire viendront puiser. Dans le domaine des techniques, les apports sont incalculables, surtout en matière militaire avec, au premier rang, l'utilisation du cheval attelé, attestée pour la première fois sous Kamosé, même si l'animal était connu et élevé auparavant dans la vallée. Ils permettent aux Égyptiens d'accéder aux technologies nouvelles d'armement nées de l'industrie du bronze, grâce auxquelles les pharaons du Nouvel Empire prendront le pas sur leurs concurrents orientaux. Salitis/Chechi/Charek gouverne, probablement depuis Memphis, pendant vingt ans un royaume qui comprend le Delta et la Vallée jusqu'à Gebelein, ainsi que les pistes caravanières qui permettent de faire la jonction avec ses alliés nubiens. Cet état de fait durera jusqu'au règne d'Apophis Ier. Il délègue une partie de son autorité à une branche hyksôs vassale, improprement appelée XVIe dynastie par Manéthon. Les Thébains Face à lui, une nouvelle dynastie naît à Thèbes d'une branche locale de la XIIIe. Elle est fondée par Rahotep, qui reprend comme nom d'Horus Ouahânkh. Le Papyrus de Turin accorde quinze rois à cette XVIIe dynastie, la Table des Ancêtres de Karnak neuf. Dix sont connus par les monuments thébains. On a retrouvé à Thèbes les tombes de sept d'entre eux et celle d'un huitième qui n'est pas sur les listes. Pendant environ soixante-quinze ans, ces rois règnent sur les huit premiers nomes de Haute-Égypte, d'Éléphantine à Abydos, soit à peu près le même domaine que celui qu'ils détenaient lors de la Première Période Intermédiaire. Leurs ressources économiques sont maigres. Ils n'ont, en particulier, pas accès aux mines et aux carrières. Ils maintiennent cependant, avec leurs moyens propres, la civilisation du Moyen Empire. Rahotep, par exemple, mène des travaux de restauration aux temples de Min à Coptos et d'Osiris à Abydos; chaque souverain se fait enterrer dans le cimetière de Dra Abou'l-Naga, sous une pyramide de briques, qui sera à l'origine du pyramidion surmontant les chapelles funéraires civiles au Nouvel Empire. L'enseignement de la tradition égyptienne est maintenu en recopiant les textes littéraires et techniques: de cette époque datent le Papyrus Prisse, qui contient une version des Maximes de Ptahhotep et des Instructions pour Kagemni, les Chants du Harpiste qui sont attribués à la décoration de la tombe d'Antef VII... Le contemporain de Rahotep est Yaqoub-Har, aussi connu sous le nom de Yaqoub-Baal, et successeur de Salitis. Il règne sans doute dix-huit ans et est attesté de Gaza à Kerma par des sceaux. Il reste en bons termes avec les trois rois de Thèbes qui succèdent à Rahotep. Le premier est Antef « l'Ancien », qui se réclame de Néferhotep Ier en choisissant comme nom d'Horus Oup-Maât. Il règne trois ans et est enterré par son jeune frère et éphémère successeur Antef VI à Dra Abou'l-Naga. Le Papyrus Abbott, qui donne le compte rendu de l'inspection des tombes royales thébaines qui a suivi leur pillage sous Ramsès IX, rapporte que sa sépulture était encore intacte à la XXe dynastie. On ne l'a pas retrouvée, mais elle a certainement été pillée à l'époque moderne, puisqu'on en possède le pyramidion, le coffre aux vases canopes et un petit cercueil anthropoïde qui devait contenir le Papyrus Prisse. Antef VI ne règne que quelques mois. Son sarcophage est conservé au Louvre. Son successeur, Sobekemsaf II est le mieux connu des rois de la XVIIe dynastie. Son règne, de seize ans, est prospère. Il construit à Karnak et à Abydos. Sa tombe est également mentionnée par les Papyri Abbott, Ambras et Amherst-Léopold II, qui le reconnaissent comme un grand roi pourvu d'un riche mobilier funéraire. Vers 1635/1633, pendant le règne de Sobekemsaf II, la XIIIe dynastie s'achève, et la XIVe ne lui survivra que deux ou trois générations à Xoïs. Du côté des Hyksôs, Khyan succède à Yaqoub-Har. On ne peut pas dire qu'il se soit taillé un véritable empire, mais son nom est attesté aussi bien en Égypte, à Gebelein par un élément d'architecture et à Bubastis, qu'à l'extérieur : on rencontre son nom sur une jarre du palais de Cnossos, des scarabées et des empreintes de sceaux en Palestine et un lion de granit à Bagdad. C'est la preuve de relations commerciales qui ont au moins retrouvé le niveau du Moyen Empire. Du côté de la Nubie, on ne possède aucune indication d'une vassalisation. Au contraire, un roi, nommé Nédjeh, prend le pouvoir à Kouch avec l'aide d'officiers égyptiens. Il installe sa capitale à Bouhen et règne d'Éléphantine à la Deuxième Cataracte — sans doute jusqu'à Kerma. Ce royaume, dont les textes relatant l'affrontement final entre Thèbes et les Hyksôs montrent qu'il était allié à ces derniers, durera jusqu'à ce que Kamosé s'empare de Bouhen. Il possède toutes les apparences de l'égyptianisation la plus complète, tant par les titres des fonctionnaires, le type des constructions que les cultes divins, comme ce sera plus tard le cas du royaume de Napata. Dans le même temps des populations du Groupe-C, localisées en Nubie de Toshka à Dakké, viennent s'installer dans la zone qui va de Deir Rifeh, au nord, à Mo'alla, au sud. Caractérisées par leur type de sépultures ovales riches en matériel militaire (« Pan-Graves »), elles sont à identifier aux Medjaou dont les Thébains feront leurs troupes d'élite. Les contemporains thébains de Khyan sont obscurs : un Djéhouty, qui n'a régné qu'un an et que l'on ne connaît guère que par un coffre à canopes à son nom réutilisé plus tard, Montouhotep VII, qui n'a pas gouverné plus longtemps et dont on a retrouvé une paire de sphinx en calcaire à Edfou, Nebiryaou Ier, qui apparaît sur la Stèle juridique de Karnak, où l'on évoque une transaction entre la ouâret du Nord et le bureau du vizir. Deux grandes figures se dégagent ensuite: celle d'Antef VII à Thèbes et d'Apophis Ier du côté hyksôs. Antef VII est le premier dont l'activité guerrière et organisatrice est attestée. Il construit à Coptos, Abydos, Elkab, Karnak, et prend, en l'an 3 de son règne, un édit concernant le temple de Min à Coptos qui témoigne du caractère autocratique du pouvoir thébain. Parmi ses constructions dans le temple de Min figure un bloc qui représente, comme un socle également à son nom trouvé à Karnak, des ennemis vaincus, asiatiques et nubiens. Bien sûr, il peut s'agir dans les deux cas simplement d'un thème traditionnel de la phraséologie royale, mais on remarquera qu'Antef VII s'est fait enterrer avec le mobilier funéraire d'un guerrier. Il y avait deux arcs et six flèches dans son cercueil, aujourd'hui conservé au British Museum. De même, l'emplacement de son tombeau à Dra Abou'l-Naga, au nord de ceux de ses prédécesseurs, indique qu'il inaugure une nouvelle série. On en trouve une confirmation dans la destinée posthume de son épouse, la reine Sobekemsaf, qui est enterrée, elle, à Edfou : la tradition la considère comme une ancêtre de la XVIIIe dynastie. Sous son règne, Thèbes est en paix avec les Hyksôs que gouverne Apophis Ier, auquel le Canon de Turin accorde quarante ans. Les échanges sont même nombreux entre les deux royaumes. Nous avons évoqué plus haut le Papyrus mathématique Rhind, copie hyksôs d'un original thébain : on peut l'interpréter comme une preuve soit de relations pacifiques, soit même d'une allégeance de Thèbes au royaume du Nord. Cette seconde hypothèse n'est pas à écarter, dans la mesure où Apophis Ier non seulement est attesté jusqu'à Gebelein, mais en plus aurait été allié à la famille royale thébaine. On a retrouvé en effet dans le tombeau d'Amenhotep Ier un vase au nom de sa fille Hérit. Cet objet a probablement été transmis de génération en génération à la suite d'un mariage qui ferait d'elle l'une des ancêtres de la XVIIIe dynastie... Quoi qu'il en soit, on est loin de la haine décrite par les textes postérieurs, et Apophis Ier est appelé « roi de Haute et Basse-Égypte » sur une palette de scribe provenant du Fayoum et sur plusieurs scarabées. C'est vers la fin de son règne que commence la lutte ouverte avec Thèbes, où Taâ Ier, dit « l'Ancien », a succédé à Antef VII. Son épouse, Tétichéri, qui a vécu jusque dans les premiers temps de la XVIIIe dynastie, fut révérée après sa mort en tant que grand-mère du libérateur Ahmosis. Taâ Ier cède la place à Séqénenrê Taâ II, dit « le Brave », qui, lui, épouse la reine Ahhotep Ire, la mère d'Ahmosis. La momie de Séqénenrê Taâ II a été sauvée du pillage sous Ramsès IX et placée avec les autres dépouilles royales menacées dans la cachette découverte en 1881 par G. Maspero : les traces de mort violente qu'elle porte confirment l'affrontement entre le Nord et le Sud. Nous en possédons par ailleurs deux témoignages, d'inégale valeur. L'un est un récit romancé, la Querelle d'Apophis et Séqénenrê, dont le début seulement est connu par la copie qu'en fit le scribe Pentaour sous le règne de Mineptah. L'autre source est un récit officiel, daté de l'an 3 de Kamosé et conservé sur deux supports différents: deux stèles fragmentaires se complétant que le roi avait Fig. 85 La famille royale et l'origine de la XVIIIe dynastie: généalogie sommaire des générations 1-4. fait dresser à Karnak, et une copie sur une tablette, qui fait partie de la collection rassemblée par Lord Carnarvon. Le premier texte transpose l'affrontement sous forme de joute par énigmes entre les deux rois, qu'il présente ainsi: « Or il arriva que le pays d'Égypte était dans la misère et qu'il n'y avait pas de seigneur — qu'il soit en vie, santé et force! — comme roi de ce temps. Et il arriva que le roi Séqénenrê — qu'il soit en vie, santé et force! — était alors régent — qu'il soit en vie, santé et force! — de la Ville du Sud [Thèbes]. Mais la misère régnait dans la ville des Asiatiques, le prince Apopi — qu'il soit en vie, santé et force! — étant dans Avaris. Le pays tout entier cependant lui faisait des offrandes avec ses tributs; < le Sud en effet le comblait> et le Nord faisait de même avec tous les bons produits du Delta. Alors le roi Apopi — qu'il soit en vie, santé et force! — fit de Soutekh [Seth] son maître, et il ne servait aucun des dieux qui étaient dans le pays tout entier excepté Soutekh. Il lui construisit un temple en travail bon et éternel', à côté de la demeure du roi Apopi — qu'il soit en vie, santé et force. Et il apparaissait à la pointe du jour pour offrir quotidiennement des sacrifices (...) à Soutekh. Et les grands du palais — qu'il soit en vie, santé et force! — portaient des guirlandes, comme on fait dans le temple de Rê-Harakhti, devant lui. » (Lefebvre : 1976, 133-134.) Séqénenrê a dû mener les combats jusqu'aux environs de Cusae. À sa mort, son fils Kamosé monte sur le trône. Il adopte une titulature qui annonce un programme pour le moins belliqueux par ses trois noms d'Horus (Khay-her-nesetef, « Celui qui a été couronné sur son trône », Hornefer-khab-taoui, « L'Horus parfait qui courbe les Deux Terres », et sedjefa-taoui, « Celui qui nourrit les Deux Terres »), comme par celui de nebty (ouhem-menou, « Celui qui renouvelle les fortifications »). Le texte des stèles et de la tablette relate ainsi la reprise des hostilités contre les Hyksôs : « Alors Sa Majesté s'adressa dans son palais aux courtisans de Sa suite : " À quoi donc puis-je reconnaître mon pouvoir? Il y a un chef dans Avaris et un autre à Kouch, et moi, je resterais sans rien faire, associé à un Asiatique et un Nègre! " » (Kamosé, 83.) Le roi passe outre l'avis de ses courtisans qui préféreraient rester au calme entre Cusae et Éléphantine sans risquer de perdre les troupeaux et les biens qu'ils possèdent dans le Nord — ce qui confirme les relations pacifiques des deux royaumes — et pousse jusqu'à Néfrousy, à proximité de Béni Hassan avec ses troupes de Medjaou. Il y défait l'armée d'un certain Téti fils de Pépi: « Il a fait de Néfrousy le nid des Asiatiques. Je passai la nuit dans mon bateau, le cœur content, et quand la terre s'éclaira, je fus sur lui comme un faucon. À l'heure du déjeuner, je le repoussai; après avoir renversé ses murailles, j'ai massacré ses hommes. » (Kamosé, 89-90.) Malheureusement, le texte de la première stèle s'arrête là et celui de la tablette peu après. Lorsque le récit reprend, avec la seconde stèle, Kamosé est en train d'insulter son adversaire, selon la tradition du « récit royal». Puis il monte une expédition navale contre les possessions hyksôs de Moyenne-Égypte et pousse peut-être jusqu'aux confins du 14e nome de Basse-Égypte, c'est-à-dire jusqu'à la région d'Avaris. Il s'assure le contrôle des marchandises qui transitent par le fleuve, s'empare au moins de Gebelein et Hermopolis et intercepte un message d'Apophis au roi de Kouch: « J'interceptai son message au sud des oasis, alors qu'il remontait vers le pays de Kouch. C'était une lettre, dans laquelle je trouvai, écrit de la main du souverain d'Avaris : " Aaouserrê, le Fils de Rê Apophis, salue son fils, le souverain de Kouch. Pourquoi t'es-tu proclamé roi sans me le faire savoir? As-tu su ce que l'Égypte m'a fait? Le souverain qui y réside, Kamosé — puisse-t-il être doué de vie! —, est en train de m'attaquer dans mes domaines, moi qui ne lui ai rien fait, exactement comme il a fait contre toi! Il a choisi deux pays pour y semer la détresse, le mien et le tien, et il les a ravagés ! Allez, viens! N'aie pas peur Il est en ce moment ici, après moi: il n'y a donc personne qui t'attende en Égypte, et je ne le laisserai pas partir avant ton arrivée. " » (Kamosé 94.) Là s'arrêtent les opérations, à proprement parler: Kamosé rentre à Thèbes et fait graver le récit de ses exploits. Il n'est pas question de victoire. Tout au plus peut-on supposer qu'il s'est assuré des pistes caravanières, coupant ainsi les communications entre le Nord et Kouch. Les allusions d'Apophis permettent-elles d'affirmer qu'il a reconquis la Nubie? Sans doute a-t-il amorcé un mouvement que conclura Ahmosis, comme en témoigne un graffito trouvé à Toshka qui associe les deux souverains, le scarabée au nom de Kamosé trouvé à Faras pouvant très bien avoir été apporté après son règne. Le roi de Thèbes a fondé, quelque part entre Thèbes et Dendara, le domaine de Sedjefa-taoui, nommé d'après son nom d'Horus, et fait ériger à Karnak, en plus des stèles, un naos. Sa tombe de Dra Abou'l-Naga était encore intacte au moment des pillages de la nécropole sous Ramsès IX. Son cercueil fut toutefois transféré, par mesure de sécurité, dans la cachette de Deir el-Bahari, où il fut l'un des premiers à être violé par les pillards modernes. On retrouva en effet en 1857 un sarcophage anthropomorphe non royal, qui devait être le sien et ne contenait plus qu'une momie en poussière et quelques objets précieux. La reconquête À la mort de Kamosé, chacun semble rester sur ses positions. La stèle désigne explicitement Apophis Ier Aaouserrê comme adversaire de Kamosé. Il cède probablement la place, après ces combats, à Apophis II Aaqenienrê, dont le nom n'apparaît pas au sud de Bubastis, à l'exception d'une dague achetée dans le commerce des antiquités à Louxor, mais qui ne provient pas nécessairement de la région. Son autorité semble très réduite: il fait exécuter des travaux dans le temple de Bubastis et se contente d'usurper les statues de ses prédécesseurs: deux sphinx en granit d'Amenemhat II qui seront déplacés plus tard à Tanis (Louvre A 23 et Caire JE 37478bis) et deux colosses du roi Smenkhkarê de la XIIIe dynastie. Ces questions de chronologie ne sont pas claires. On ne connaît comme date la plus basse pour Kamosé que celle de la stèle: l'an 3 de son règne. Le fait qu'il ait porté trois noms d'Horus sans que l'on ait la moindre attestation de fête jubilaire le concernant est aussi troublant. La pauvreté de son cercueil, enfin, doit-elle être interprétée comme le signe d'une mort accidentelle ou, en tout cas, impromptue? Ces raisons font que l'on hésite sur les dates de règne d'Ahmosis, que l'on fait commencer soit en 1570, soit, par calcul astronomique, en 1560 ou 1551, et se terminer en 1546 ou 1537/1527. L'état de sa momie, qui faisait partie du lot préservé par Ramsès IX, lui donne une durée de vie d'environ trente-cinq ans, pour un règne d'un peu plus de vingt-cinq ans selon Manéthon. Il a dû reprendre le combat contre les Hyksôs vers l'an 11 de son règne, et la lutte s'est échelonnée sur plusieurs années dans le Delta, conduisant successivement à la prise de Memphis, puis d'Avaris. La domination hyksôs n'a réellement été anéantie qu'un peu plus tard, lorsque les troupes égyptiennes s'emparèrent de la place forte de Charouhen dans le Sud-Ouest palestinien qui était la véritable base arrière des « Asiatiques ». Cette ultime étape de la reconquête est intervenue avant l'an 16 d'Ahmosis. Le récit le plus détaillé que l'on possède de ces campagnes est celui qu'en fait un officier d'Elkab, Ahmès fils d'Abana, dans l'autobiographie qui figure dans sa tombe: « Ensuite, lorsque j'eus fondé un foyer, on m'enrôla à bord du Septentrion pour ma vaillance. Je suivais alors le Souverain — qu'il soit en vie, santé et force! — à pied quand il se déplaçait sur son char. On mit le siège devant la ville d'Avaris : je fis montre de ma vaillance de fantassin en présence de Sa Majesté. Je fus alors affecté au vaisseau Gloire-dans-Memphis. L'on se battit sur l'eau à Pedjkou près (?) d'Avaris : je fis une prise et rapportai une main. Cela fut rapporté au héraut du roi, et je reçus l'or de la vaillance. On engagea à nouveau le combat en ce lieu: j'y refis une prise et rapportai une main. Je reçus à nouveau l'or de la vaillance. On engagea le combat en Égypte, au sud de cette ville: je ramenai un prisonnier. Je dus entrer dans l'eau pour le ramener du côté de la ville où je l'avais capturé en nageant pour le porter. Cela fut rapporté au héraut du roi, et je fus récompensé encore une fois avec de l'or. Puis on mit Avaris au pillage et j'en emportai du butin: un homme et trois femmes, soit en tout quatre personnes. Sa Majesté me les donna comme esclaves. Puis on mit le siège devant Charouhen pour trois ans. Puis Sa Majesté la pilla, et j'en emportai du butin: deux femmes et une main. Je reçus l'or de la vaillance, et mes prisonniers me furent donnés comme esclaves. » (Urk. IV 3,2-5,2). La chronologie des deux derniers rois hyksôs est un peu confuse. On les place justement vers les années 10 à 15 d'Ahmosis. L'un, Aazehrê, est le dernier de la XVe dynastie. Il est nommé sur un obélisque de Tanis et doit correspondre à Asseth de Manéthon et à Khamoudy du Canon de Turin. L'autre, Apophis III, clôt la branche vassale de la XVIe dynastie. Son nom apparaît sur quelques monuments, dont une dague provenant de Saqqara. Aucune source ne fournit le moindre détail sur les derniers temps des Hyksôs. Ils ne sont manifestement plus un obstacle lorsque Ahmosis entreprend en l'an 22 une campagne qui le conduit peut-être jusqu'à l'Euphrate, qu'il serait le premier pharaon à atteindre, en tout cas au moins dans le pays de Djahy en Syro-Palestine. Après avoir chassé les Hyksôs, Ahmosis entreprend de reconquérir la Nubie, à travers laquelle nous suivons à nouveau Ahmès fils d'Abana : « Ensuite, après que Sa Majesté eut massacré les Mentjiou d'Asie, Elle remonta vers Khenet-nefer [en Nubie] pour anéantir les Nubiens archers. Sa Majesté en fit un grand carnage, et j'en ramenai comme butin deux hommes et trois mains. Je fus récompensé une nouvelle fois avec de l'or, et l'on me donna deux femmes comme esclaves. Alors Sa Majesté redescendit vers le nord, contente de ses victoires: Elle avait conquis les peuples du Sud et du Nord. » (Urk. IV 5,4-14). Mais cette campagne ne fut pas décisive, et un dénommé Aata, qui était peut-être le successeur de Nédjeh, se révolta: « Alors Aata vint du Sud. Son destin était d'être détruit: les dieux de Haute Égypte l'empoignèrent. Sa Majesté le rencontra à Tenttaâ. Sa Majesté l'emmena prisonnier et toutes ses troupes comme butin, et moi j'emmenai deux jeunes guerriers comme prise de guerre du navire d'Aata. Alors, on me donna cinq personnes et cinq aroures de terre dans ma ville. La même chose fut faite pour tout l'équipage. C'est alors que vint ce vil individu nommé Tétiân. Il avait regroupé autour de lui des rebelles. Sa Majesté le massacra et anéantit ses troupes. Moi, on me donna trois personnes et cinq aroures de terre dans ma ville. » (Urk. IV 5,16-6,15). Sans doute Tétiân était-il un Égyptien opposé au nouveau pouvoir thébain. Quoi qu'il en soit, Ahmosis asseoit sa domination sur la Nubie, peut-être en fondant le premier temple du Nouvel Empire à Saï, au sud de Bouhen, en tout cas en installant à Bouhen le centre administratif égyptien. Il y nomme comme commandant Touri, un fonctionnaire qui deviendra sous Amenhotep Ier le premier vice-roi de Kouch clairement attesté, bien que son père Zatayt ait peut-être déjà rempli cette fonction même sans en avoir encore le titre exact. Ahmosis disparaît, laissant la place au fils qu'il a eu de la reine Ahmès-Néfertary, Amenhotep Ier. En vingt-cinq ans de règne, il a achevé la libération de l'Égypte et ramené ses relations internationales au moins au niveau qu'elles connaissaient à la fin du Moyen Empire. C'est sur la base ainsi retrouvée, augmentée des précieux apports asiatiques, que ses successeurs vont amener le pays à dominer le Proche-Orient pendant un demi-millénaire. TROISIÈME PARTIE L'Empire CHAPITRE IX Les Thoutmosides Ahmosis La reconquête du pays a été suivie de sa réorganisation. Autant que l'on puisse en juger, les structures administratives avaient continué à fonctionner sur les cadres établis au Moyen Empire et maintenus localement par les nomarques. Dans un premier temps, Ahmosis s'assure de l'obéissance de ceux-ci. Il ne réinstalle pas les anciennes familles qui avaient été écartées de leur charge à la XIIe dynastie. Les seuls points forts sur lesquels il peut s'appuyer sont sa propre province, Thèbes, et Elkab. En fait, on ne sait rien de cette réorganisation: on la déduit de l'état de l'administration à la XVIIIe dynastie. Il met sans doute en place ceux des dignitaires locaux qui ont été favorables à la cause thébaine. Procède-t-il à des distributions de terres? Il est peu probable que celles-ci aient dépassé la simple récompense accordée à un vétéran dans sa ville d'origine, comme nous l'avons vu pour Ahmès fils d'Abana. La nouvelle administration reprend selon toute vraisemblance en main l'irrigation et, par là, le système fiscal. Mais il n'est pas impossible qu'elle n'ait eu qu'à récupérer ce que les Hyksôs avaient abandonné. Le pays était en effet prospère, et la location par les Thébains de pâturages dans le Delta, chez les « Asiatiques », témoigne de l'efficacité de son organisation. Dans le domaine économique et artistique, l'ouverture sur le Proche-Orient, déjà bien amorcée à la XIIe dynastie et poursuivie après, est maintenue. Elle conditionne la reprise de l'importation de matières premières et, par voie de conséquence, de la production artistique. On peut en avoir un exemple à travers le texte de la stèle (CGC 34001) qu'Ahmosis consacre dans le temple d'Amon-Rê de Karnak pour commémorer son action et celle de sa mère, la reine Ahhotep. Les produits précieux qu'ils offrent à Amon-Rê sont faits dans des matières qui recommencent à affluer en Égypte: l'argent et l'or d'Asie et de Nubie, le lapis-lazuli d'Asie centrale, la turquoise du Sinaï... On retrouve alors trace d'activité à Sérabit el-Khadim, sous forme d'objets votifs au nom d'Ahmès-Néfertary déposés dans le temple d'Hathor. Certains bijoux d'Ahhotep au nom d'Ahmosis comportent d'ailleurs de la turquoise; d'autres, en argent et lapis-lazuli, présentent des motifs minoens. Cela ne prouve pas l'existence d'un commerce avec la Crète, mais laisse supposer au moins une influence, peut-être via Byblos, avec laquelle les relations commerciales sont attestées par la mention sur la stèle de Karnak d'une barque en cèdre consacrée à Amon-Rê. Le monde égéen, enfin, fait partie, sur cette même stèle, des pays soumis à l'Égypte, en compagnie de la Nubie et de la Phénicie — ce qui n'est peut-être qu'une clause de style. Sous Ahmosis les constructions religieuses et funéraires reprennent, et sont d'une grande qualité technique. Il suffit de regarder le mobilier funéraire de la reine Ahhotep pour s'en convaincre. La finesse de la gravure des stèles royales d'Ahmosis d'Abydos et de Karnak n'a rien à envier aux œuvres du Moyen Empire. En revanche, aucune tradition artistique n'est attestée à cette époque dans le Delta : l'art hyksôs paraît se tarir avec le départ des Asiatiques. Peu de vestiges des temples édifiés sous Ahmosis ont subsisté. Peut-être est-ce parce qu'ils étaient le plus souvent édifiés en briques crues? On sait qu'il a construit à Bouhen, où l'on a retrouvé des éléments de porte à son nom, dans le temple d'Amon-Rê de Karnak et dans celui de Montou d'Ermant. À Abydos, il a fait ériger deux cénotaphes en briques dans la partie méridionale de la nécropole : un pour lui-même, l'autre pour Tétichéri. En l'an 22, il rouvre les carrières de Toura, peut-être en vue de la construction d'un temple de Ptah à Memphis et d'un autre, à Louxor, qui aurait été le « harem méridional » d'Amon. Ces projets ne furent pas menés à bien de son vivant, mais il privilégie quand même nettement Amon thébain au détriment des cultes de Moyenne et Basse-Égypte. C'est sans doute la raison pour laquelle Hatchepsout se présentera plus tard comme la restauratrice des temples de Moyenne-Égypte détruits par les Hyksôs. Enterré à Dra Abou'l-Naga, Ahmosis est l'objet après sa mort d'un culte funéraire dans son cénotaphe d'Abydos — culte qu'il partage avec sa grand-mère et voisine, Tétichéri. Celle-ci est, en effet, l'une des trois figures féminines qui dominent le début du Nouvel Empire. Bien que d'origine non royale, elle est considérée comme l'ancêtre de la lignée et reçoit un culte en tant que telle à la XVIIIe dynastie. Elle a vécu jusqu'à l'époque de son petit-fils, auquel elle est associée sur une stèle conservée aujourd'hui à l'University College de Londres. Ahmosis lui-même lui rend un culte sur la stèle qu'il lui a dédiée dans sa chapelle funéraire d'Abydos, où elle possède donc un cénotaphe et un domaine funéraire, tout comme à Memphis. La deuxième à recevoir un culte est Ahhotep Ire, qui meurt entre l'an 16 et 22 de son fils. Dans sa stèle de Karnak, Ahmosis dit d'elle: « Celle qui a accompli les rites et pris soin de l'Égypte. Elle a veillé sur ses troupes et les a protégées. Elle a ramené ses fugitifs et rassemblé ses déserteurs. Elle a pacifié la Haute-Égypte et a chassé les rebelles. » (Urk. IV 21,9-16.) L'allusion au rôle de la reine mère auprès de son fils trop jeune dans les premières années est claire. C'est une régence qui ne dit pas son nom, mais dont on trouve un souvenir sur la porte de Bouhen évoquée plus haut où le nom de la mère est associé à celui de son fils. Dernière reine, enfin, qui connaîtra un culte thébain jusque sous Hérihor, à la fin du IIe millénaire avant notre ère donc, Ahmès-Néfertary, l'épouse d'Ahmosis. Elle survit à son mari, puisqu'on a encore trace d'elle en l'an 1 de Thoutmosis Ier. C'est le personnage clef du début du Nouvel Empire. Elle renonce en l'an 18 ou 22 d'Ahmosis à la fonction de Deuxième Prophète d'Amon et reçoit en contrepartie une dotation qui servira à entretenir le collège du « domaine de la Divine Épouse », dont elle est la première à assumer la fonction. Sur la stèle où est consigné cet acte, on la voit en compagnie du prince héritier Ahmès Sapaïr, qui mourra sans accéder au trône. À la mort de son mari, elle assure la régence pour son fils Amenhotep Ier, trop jeune pour régner. Entre-temps, elle a été associée aux grands événements du royaume, et son nom apparaît de Saï à Toura. Lorsqu'elle meurt, elle est l'objet d'un culte très populaire, associée ou non à son fils Amenhotep Ier, dans le rituel duquel elle est citée: elle apparaît dans au moins cinquante tombes civiles et sur plus de quatre-vingts monuments, de Thoutmosis III à la fin de la période ramesside, au tournant donc du Ier millénaire, tant à l'est qu'à l'ouest de Thèbes, le foyer principal restant Deir el-Médineh. Les débuts de la dynastie L'incertitude dans les dates que nous évoquions plus haut à propos d'Ahmosis donne une variation de presque un quart de siècle selon les auteurs pour le début du règne d'Amenhotep Ier. On admettait autrefois qu'il fallait le placer en 1557 (Drioton & Vandier : 1962). Or il se trouve que le lever héliaque de Sirius a été observé sous Amenhotep Ier, ce qui permet une datation absolue par le point de départ d'une période sothiaque. Le phénomène est rapporté par le Papyrus Ebers, sur lequel on peut lire très exactement: « Neuvième année de règne sous la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Djéserkarê — puisse-t-il vivre à jamais! Fête de l'An Nouveau : troisième mois de l'été, neuvième jour - lever de Sirius. » (Urk. IV 44,5-6). S'il s'agit bien du lever héliaque de Sirius (Helck, GM 67 (1983), HYKSÔS XVIIIe DYNASTIE 1552 (1560) AHMOSIS 1542 Aazehrê Apophis III 1526 (1537) AMENHOTEP Ier 1506 (1526) THOUTMOSIS Ier 1493 (1512) THOUTMOSIS II 1479 (1504) THOUTMOSIS III 1478 (1503) HATCHEPSOUT 1458 (1482) THOUTMOSIS III 1425 (1450) AMENHOTEP II 1401 (1425) THOUTMOSIS IV 1390 (1417) AMENHOTEP III 1352 (1378) AMENHOTEP IV 1348 (1374) AKHENATON 1338 (1354) Smenkhkarê (?) 1336 TOUTANKHATON TOUTANKHAMON 1327 AY 1323 HOREMHEB (-1314) Fig. 86 Tableau chronologique de la XVIIIe dynastie. 47-49), le calcul astronomique donne 1537, soit, pour le début du règne, 1546 (CAH I3,1, ch. VI et II3, 308), à condition que l'observation ait eu lieu à Memphis. Si elle a eu lieu à Thèbes, dont on peut supposer qu'elle était la capitale donc le lieu de référence, il faut tout décaler de vingt ans, ce qui donne 1517 pour le phénomène astronomique et 1526 pour le couronnement d'Amenhotep Ier (LÄ I 969). Amenhotep monte donc sur le trône probablement à l'été ou à l'automne 1526, avec un programme tourné vers les pays étrangers: il est l'Horus Ka-ouâf-taou, « Taureau qui subjugue les pays », et prend pour nom de nebty, aâ-nerou, « Qui inspire un grand effroi ». Plus tard Ramsès II se souviendra de ces deux noms, qu'il associera dans un nom d'Horus (Grimal : 1986, 694). Ses vingt et une années de gouvernement sont pourtant pacifiques, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. La Nubie est calme: Ahmès fils d'Abana relate une Fig. 87 Carte de l'Égypte et du Proche-Orient au début du Nouvel Empire. campagne menée contre les Iountyou, qui n'est probablement guère plus qu'un raid. Un autre guerrier de l'époque, Ahmès Pennekhbet — concitoyen d'Ahmès fils d'Abana, qui finit précepteur de la fille d'Hatchepsout et laissa lui aussi une biographie dans sa tombe d'Elkab — mentionne une campagne contre Kouch: peut-être est-ce la même? C'est Amenhotep Ier qui nomme Touri vice-roi et fait construire à Saï un temple qui marque la limite méridionale du pouvoir égyptien. En Asie non plus, il n'y a pas trace de guerre, même si le Mitanni est mentionné parmi les adversaires de l'Egypte. Il est encore trop tôt en effet pour un affrontement entre les deux puissances. Cela n'empêche pas le Mitanni de commencer à remettre en cause la domination égyptienne à proximité de l'Euphrate. Plus près de la Vallée, les oasis sont entièrement reconquises, comme l'atteste l'existence d'un « prince-gouverneur (haty-a) des oasis » (Stèle Louvre C 47), et les installations de Sérabit el-Khadim ont été restaurées. L'essor du pays se poursuit, tant sur le plan économique qu'artistique. Malheureusement, il est difficile de juger de la production plastique des ateliers : peu de statues du roi sont datables de son vivant. Liées à son culte posthume, elles sont l'œuvre de ses successeurs. On peut toutefois se faire une idée de la qualité de ses réalisations à travers ceux de ses monuments qui ont survécu aux remaniements postérieurs. À Karnak, Amenhotep III a réutilisé ses constructions pour le bourrage intérieur du IIIe pylône: un reposoir de barque en albâtre d'une grande finesse, sur lequel il est associé à Thoutmosis Ier, une copie en calcaire de la chapelle blanche de Sésostris Ier, divers fragments provenant de chambres reconstruites plus tard par Thoutmosis III. Il n'a pas eu plus de chances à Deir el-Bahari où le sanctuaire en briques crues qu'il avait élevé à Hathor a été supprimé par Hatchepsout. Quelques traces de ses constructions subsistent en Haute-Égypte : à Éléphantine, Kôm Ombo, dans le temple de Nekhbet d'Elkab et à Abydos. En revanche, il semble n'avoir rien entrepris en Basse-Égypte, poursuivant ainsi la politique de son père. C'est un de ses sujets, un nommé Amenemhat, qui invente la clepsydre (Helck: 1975, 111-112), dont le premier modèle connu date d'Amenhotep III (Caire JE 37525). Le Papyrus Ebers, l'une de nos principales sources de connaissance de la médecine égyptienne, qui provient de Louxor et est aujourd'hui conservé à Leipzig, a été rédigé sous son règne. C'est aussi à son époque qu'est probablement achevée la version définitive du principal livre funéraire royal, le Livre de l'Amdouat, que l'on trouve pour la première fois représenté dans la chambre funéraire de Thoutmosis Ier, et dont on a aujourd'hui tendance à faire remonter l'origine beaucoup plus haut dans le temps : au Moyen, voire à l'Ancien Empire. Le Livre de l'Amdouat est une désignation générique de l'ensemble des livres funéraires royaux. Il est destiné à prendre dans une certaine mesure la suite des grandes compositions antérieures : son but est autant de décrire, comme son nom l'indique, « ce qui est dans le monde infernal », que de fournir au mort les clefs rituelles qui lui permettront d'y accéder. Il se présente donc comme une composition descriptive, divisée en douze heures, au centre de laquelle se trouve la course nocturne du soleil. Très en vogue jusqu'à l'époque amarnienne, il sera repris, après une courte éclipse, de Séthi Ier à la fin de la XXe dynastie. Ensuite, et jusqu'à la conquête d'Alexandre, il sera adopté par les particuliers. On ne sait pas où Amenhotep Ier a été enterré. Est-ce à Dra Abou'l-Naga? Il serait le dernier de la lignée à l'avoir fait, puisque son successeur Thoutmosis Ier inaugure la nécropole de la Vallée des Rois. La tombe d'Amenhotep Ier est la première que nomme le rapport d'inspection de l'an 16 de Ramsès IX copié sur le Papyrus Abbott, mais le point de repère par rapport auquel il la situe ne permet pas d'évaluer exactement sa position (PM 1599). La seule chose sûre est qu'il apporte une modification radicale à la structure du complexe funéraire en séparant la sépulture du temple funéraire. Il sera suivi en cela par tous ses successeurs, qui construiront chacun sur la rive occidentale de Thèbes leur « Demeure des Millions d'Années ». Hatchepsout Amenhotep Ier ayant perdu son fils Amenemhat, c'est le descendant d'une branche collatérale qui lui succède : Thoutmosis Ier qui confirme sa légitimité en épousant Ahmès, la sœur d'Amenhotep Ier. De ce mariage naît une fille, Hatchepsout et un garçon, Aménémès. Ce dernier ne régnera pas. Sa sœur, en revanche, épousera son demi-frère, que son père a eu d'une concubine, Moutnefret. Ce demi-frère montera sur le trône sous le nom de Thoutmosis II. À nouveau, le mariage de Thoutmosis II et d'Hatchepsout ne donnera pas d'héritier mâle, mais une fille unique Néférourê que sa mère mariera probablement à son beau-fils, Thoutmosis III, né, lui, d'une concubine nommée Isis. Fig. 88 La famille royale à la XVIIIe dynastie : généalogie sommaire des générations 4-9. Voilà, en quelques grands traits, les difficultés successorales des descendants d'Ahmosis. Le principe du mariage avec une demi-sœur fonctionne deux fois, à la satisfaction générale. Mais Thoutmosis II meurt, probablement de maladie, en 1479, après seulement quatorze ans de règne. Il laisse un fils, le futur Thoutmosis III, trop jeune pour assumer le pouvoir. Son épouse, la belle-mère du jeune Thoutmosis, exerce donc une régence, qu'un fonctionnaire qui fut intendant des greniers d'Amon, d'Amenhotep Ier à Thoutmosis III, Inéni, décrit ainsi dans le récit de sa vie qu'il fit graver sur une stèle placée sous le portique de sa tombe rupestre de Cheikh Abd el-Gourna (TT 81) : « [Le roi] monta au ciel et s'unit aux dieux. Son fils prit sa place comme roi des Deux Terres et il fut le souverain sur le siège de celui qui l'avait engendré. Sa sœur, l'épouse divine Hatchepsout, s'occupait des affaires du pays : les Deux Terres étaient sous son gouvernement et on lui payait l'impôt. » (Urk. IV 59,13-60,3). En l'an 2 ou 3, Hatchepsout abandonne cette forme de pouvoir et se fait couronner roi, avec une titulature complète : elle est Maâtkarê, « Maât est le ka de Rê », Khenemet-Imen-hatchepesout, « Celle qu'embrasse Amon, la première des femmes ». Officiellement, Thoutmosis III n'est plus que son corégent. Pour justifier cette usurpation, elle met en quelque sorte Thoutmosis II entre parenthèses en s'inventant une corégence avec son père qu'elle intègre dans un ensemble de textes et de représentations dont elle décore le temple funéraire qu'elle se fait construire dans le cirque de Deir el-Bahari, non loin de celui de Montouhotep II. Ce « texte de la jeunesse d'Hatchepsout », dont Thoutmosis III reprendra le principe à Karnak, est un récit à la fois mythologique et politique. Dans la première scène, Amon annonce à l'Ennéade son intention de doter l'Egypte d'un nouveau roi. Thot lui recommande l'épouse de Thoutmosis Ier, Ahmès. Amon la visite et lui annonce qu'elle mettra au monde une fille de lui qu'elle appellera « Celle qu'embrasse Amon, la première des femmes ». Chnoum, le dieu potier, façonne alors à sa demande l'enfant et son double sur son tour. Ahmès met sa fille au monde et la présente à Amon. Celui-ci veille à l'éducation de l'enfant avec l'aide de Thot et de sa nourrice divine Hathor. Ensuite viennent les scènes de couronnement. Après qu'elle a été purifiée, Amon la présente aux dieux de l'Ennéade. En leur compagnie, elle se rend dans le Nord. Puis elle est intronisée par Atoum et reçoit les couronnes et sa titulature. Proclamée roi par les dieux, elle doit encore l'être par les hommes. Son père humain, Thoutmosis Ier, l'introduit devant la Cour, la désigne et la fait acclamer. Une fois sa titulature proclamée, elle subit une nouvelle purification. (Urk. IV 216,1-265-5) Elle associe son père à son propre culte funéraire en lui consacrant une chapelle dans son temple de Deir el-Bahari. On a retrouvé dans sa tombe (VdR 20) un sarcophage de Thoutmosis Ier, qui en possédait déjà un dans la sienne (VdR 38). On ne peut malheureusement pas dire si Hatchepsout poussa le souci de légitimation jusqu'à réensevelir son prédécesseur dans sa propre tombe, car la momie de Thoutmosis Ier fut retrouvée dans la cachette de Deir el-Bahari, réinstallée dans un troisième sarcophage (CGC 61025),... usurpé par Pinedjem quatre siècles plus tard. Elle règne ainsi jusqu'en 1458, c'est-à-dire en l'an 22 de Thoutmosis III, qui récupère alors son trône. Apparemment, elle a eu à affronter de son vivant une opposition moins grande que la rage que mettra son beau-fils à effacer son souvenir après sa mort ne le laisserait croire. Elle s'appuie pour gouverner sur un certain nombre de personnalités marquantes. Au premier rang se trouve Senmout. Issu d'une famille modeste d'Ermant, il fait sous son règne l'une des plus belles carrières qu'ait connues l'Égypte ancienne. Il est « porte-parole » de la reine en même temps que majordome de la famille royale et d'Amon, dont l'ensemble des constructions est sous sa responsabilité. C'est à ce titre qu'il supervise le transport et l'érection des obélisques que la reine installe dans le temple d'Amon-Rê de Karnak et la réalisation du temple funéraire de Deir el-Bahari, face auquel il se fait creuser une seconde tombe (TT 353), en plus de celle qu'il possédait déjà à Cheikh Abd el-Gourna (TT 71). Les mauvaises langues suggéraient déjà à son époque qu'il devait sa faveur aux relations intimes qu'il entretenait avec la reine. En réalité, il semble que son audience venait du rôle qu'il jouait dans l'éducation de la fille unique d'Hatchepsout, Néférourê, auprès de laquelle l'un de ses frères, Sénimen, remplissait les fonctions de nourrice et de majordome. De nombreuses statues associent la princesse et Senmout, qui était un homme de culture. Ses réalisations en tant qu'architecte le montrent, mais aussi la présence dans sa tombe de Deir el-Bahari d'un plafond astronomique, et dans celle de Gourna d'environ 150 ostraca, parmi lesquels figurent bon nombre de dessins, notamment deux plans de la même tombe, des listes, calculs et mémoires divers et des copies de textes religieux, funéraires et littéraires : Satire des Métiers, Conte de Sinouhé, Enseignement d'Amenemhat Ier, etc. (Hayes : 1942). Senmout est omniprésent pendant les trois quarts du règne, puis tombe en disgrâce, sans que l'on en sache exactement la cause. On a supposé qu'après la mort de Néférourê, peut-être survenue en l'an 11, il entreprit un rapprochement avec Thoutmosis III qui lui valut d'être abandonné par Hatchepsout en l'an 19, soit trois ans avant la disparition de la reine. À Deir el-Bahari, Senmout reprend l'idée générale du temple funéraire de Montouhotep II (Fig. 75) et oriente l'édifice d'Hatchepsout en fonction de son mur d'enceinte nord. La grande originalité de ce complexe est sa disposition en terrasses successives qui ménagent une série de ruptures de plans en harmonie avec le cirque naturel de la falaise. On accédait à la terrasse inférieure par un pylône flanqué probablement d'arbres ; une rampe axiale bordée de deux portiques conduit à la deuxième terrasse, surélevée par rapport à la première de la hauteur des portiques, eux-mêmes flanqués, au sud et au nord, de deux colosses osiriaques. La décoration du portique sud montre le transport et l'érection des obélisques de Karnak, celle de celui du nord des scènes de chasse et de pêche. La deuxième terrasse est aménagée selon le même principe : le portique nord contient le récit de l'expédition de Pount, l'autre les scènes de la théogamie et joue donc le rôle d'un temple de la naissance, un mammisi. La partie nord de la deuxième terrasse donne accès à un sanctuaire d'Anubis, dont la chapelle est taillée dans la falaise. La partie sud est limitée par un mur de soutènement à redans. Entre lui et le mur d'enceinte, un couloir, accessible depuis la terrasse inférieure, conduit à une chapelle consacrée à Hathor. On peut atteindre directement la seconde hypostyle de cette chapelle par le portique de la terrasse supérieure. Cette dernière est bordée par un péristyle. Au nord se trouve un temple solaire, qui comprend un autel dans une cour à ciel ouvert et une chapelle rupestre, dans laquelle Thoutmosis Ier rend le culte à Anubis. C'est dans la falaise qu'est creusé le sanctuaire principal, bordé de niches contenant des statues de la reine : une enfilade de trois chapelles, dont la première est le reposoir de la barque sacrée. Dans le parti de la reine se trouve encore le Grand Prêtre d'Amon, Hapouseneb, lui-même allié à la famille royale par sa mère, la dame Ahhotep, et descendant d'une famille importante : son père, Hapou, n'était que prêtre-lecteur d'Amon, mais son grand-père, Imhotep, avait été le vizir de Thoutmosis Ier. Il exécute la construction du temple de Deir el-Bahari, puis se voit confier la charge de Grand Prêtre et installe son frère comme scribe du trésor d'Amon. Il faut également nommer le chancelier Néhésy, qui dirige l'expédition que la reine envoie, en l'an 9, vers le pays de Pount, renouant ainsi avec la tradition du Moyen Empire. Cette expédition, abondamment retracée sur les murs de son temple funéraire, a été le temps fort d'une politique extérieure qui s'est bornée à l'exploitation des mines du Ouadi Maghara dans le Sinaï et à une expédition militaire en Nubie, où la reine a remplacé le vice-roi Séni, encore en poste sous Thoutmosis II, par un dénommé Inebni. Elle est aussi assistée, entre autres, par le trésorier Djéhouty (TT 110), le chef majordome et vétéran Amenhotep (TT 73) qui mena à bien l'érection des deux obélisques de Karnak, et le vizir Ouseramon, en charge depuis l'an 5. Lorsque Thoutmosis III récupère son trône, vers 1458, il a encore trente-trois ans devant lui pour mener une politique qui fera de l'Égypte le maître incontesté de l'Asie Mineure et du Sud. Pendant le règne d'Hatchepsout, aucune action militaire n'était venue consolider les positions acquises par Thoutmosis Ier lors d'une expédition préventive dans le Retenou et le Naharina qui lui avait permis d'établir une stèle-frontière au bord de l'Euphrate. En Nubie, il avait étendu la domination égyptienne jusqu'à l'île d'Argo sur la Troisième Cataracte en y construisant la forteresse de Tombos. Il pouvait y écrire en l'an 2 que son empire s'étendait de la Troisième Cataracte à l'Euphrate (Urk. IV 85, 13-14). Thoutmosis II avait entretenu cette Fig. 89. L'Égypte et le monde antique à l'âge du Bronze Moyen domination par deux campagnes : l'une en Nubie, en l'an 1, pour mater une révolte de Kouch ; l'autre en Palestine : menée contre les bédouins Chosou du Sud palestinien, elle l'avait conduit jusqu'à Niya en Naharina (la future Apamée, aujourd'hui Qalât el-Moudik). La gloire de Thoutmosis III Thoutmosis III doit tout de suite faire face à une révolte des principautés asiatiques, coalisées autour du prince de Qadech sous l'influence du Mitanni, qui se produit à la mort d'Hatchepsout. Il ne lui faudra pas moins de dix-sept campagnes pour arriver à maîtriser la situation. Le Mitanni est la désignation politique de la civilisation hourrite contemporaine des Kassites de Babylonie. Il constitue son empire des dépouilles de celui d'Hammurapi et atteint son apogée au XVe siècle. Son noyau se situe entre le Tigre et l'Euphrate, au sud du Taurus, et il s'étend sur la Syrie et le Kurdistan au nord pour atteindre la région palestinienne. C'est le lieu d'affrontement avec l'Égypte depuis Ahmosis : le but des Égyptiens est de repousser le plus loin possible les « Asiatiques » susceptibles de menacer les frontières ; celui du Mitanni d'engluer ces dangereux rivaux dans des luttes locales, qui ne doivent pas dépasser la Syrie sous peine de menacer directement leur empire. Pour ce faire, les Mitanniens attisent les rivalités qui opposent depuis toujours ces petites principautés entre elles en jouant un jeu subtil de retournements d'alliances. L'affrontement entre Égyptiens et Mitanniens se déroule en cinq étapes, que l'on peut suivre à travers les Annales que Thoutmosis III fit graver dans le temple d'Amon-Rê de Karnak, à proximité du sanctuaire de la barque sacrée. Le but de ces textes est à la fois commémoratif et pratique. Il s'agit d'une énumération de faits, présentés selon un mode dramatique propre au récit royal traditionnel, accompagnée d'un état, campagne par campagne, du butin rapporté par les armées égyptiennes et consacré à Amon-Rê. Dans un premier temps, Thoutmosis III pare au plus pressé : en l'an 22-23, il entreprend une campagne qui doit lui permettre de reconquérir le Retenou. Il part du Delta oriental et remonte par Gaza vers Yhem (aujourd'hui Imma, au sud-ouest du mont Carmel) et atteint par un défilé la plaine de Megiddo. Il met le siège pendant sept mois devant la ville, qui finit par tomber. Il peut alors remonter vers Tyr et s'emparer au passage des villes de Yenoam, Nougès (Nuhasse, au sud d'Alep) et Méhérenkarou. Il brise ainsi la branche occidentale de la coalition et progresse vers le débouché portuaire traditionnel de l'Égypte sur la Méditerranée. Il organise cette conquête pendant les trois campagnes suivantes, de l'an 22 à l'an 24, en conduisant chaque année une tournée d'inspection qui permet d'assurer la collecte des tributs que versent les vaincus, au nombre desquels sont comptés les princes d'Assur et du Retenou. Il saisit également la récolte de blé de la plaine de Megiddo, qu'il fait transporter en Égypte, ainsi que de nombreux exemplaires de la faune et de la flore de Syrie. Il commémore cet aspect de la campagne de l'an 25 en faisant représenter sur les murs d'une des pièces qu'il fait aménager à Karnak à l'est de sa salle des fêtes un véritable « jardin botanique ». Celui-ci est en quelque sorte le pendant de la description de la faune et de la flore de Pount du temple d'Hatchepsout à Deir el-Bahari. Tous deux jouent probablement le même rôle que les « scènes des saisons » de Niouserrê : affirmer l'universalité du culte solaire auquel ils sont liés. De l'an 29 à l'an 32, Thoutmosis III s'attaque au Djahy et à Qadech. Il s'assure d'abord de la façade maritime en prenant Oullaza, à l'embouchure du Nahr el-Barid, que tenait le prince de Tounip, allié de Qadech et du Naharina, et Ardata, à quelques kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Après avoir ravagé la région d'Ardata en y détruisant récoltes et vergers, les troupes égyptiennes occupent le Djahy, que les textes décrivent comme une véritable Capoue syrienne : « Sa Majesté découvrit alors les arbres du pays de Djahy tout entier croulant sous leurs fruits. Et ce fut la découverte des vins qu'ils font dans leurs pressoirs, si gouleyants ! Et leur blé, amoncelé en tas sur les aires, plus abondant que le sable du bord de mer ! L'armée en prit à satiété. » (Urk. IV 687,9-688,1.) Lors de la sixième campagne, l'année suivante, les Égyptiens arrivent par la mer en Syrie. Ils remontent jusqu'à Qadech dont ils dévastent la région, puis se tournent à nouveau vers la côte, marchent sur Simyra au nord de l'embouchure du Nahr el-Kébir et se portent contre Ardata qui s'était probablement révoltée entre-temps. Afin d'éviter de nouvelles révoltes, Thoutmosis III a recours à une politique que reprendra Rome plus tard : il emmène à la Cour d'Égypte trente-six fils de chefs qui serviront d'otages et seront élevés à l'égyptienne avant d'être renvoyés dans leur pays prendre la succession de leurs pères. Mais la pacification n'est pas achevée pour autant. L'année suivante, le roi mène une septième campagne à nouveau contre Oullaza que les coalisés avaient retournée. La chute d'Oullaza amène la soumission des ports phéniciens, dont le roi assure l'approvisionnement à partir de l'arrière-pays afin d'éviter un nouveau renversement de situation. À son retour en Égypte, il reçoit une ambassade d'un pays asiatique non identifié qui vient lui rendre hommage. Jusque-là, les Annales ne citaient que les combats de Syro-Palestine. Pour la première fois en l'an 31, il est question des tributs versés par Kouch et Ouaouat. Ils apparaîtront jusqu'en l'an 38, puis moins régulièrement ensuite, sans qu'il y ait vraiment de troubles. Thoutmosis III se bornera à une campagne vers la fin de son règne, en l'an 50, qui ne visera d'ailleurs qu'à l'extension de l'Empire jusqu'à la Quatrième Cataracte où l'influence égyptienne s'étendait déjà : le plus ancien document connu du Gebel Barkal date en effet de l'an 47 de Thoutmosis III. En l'an 33 commence une nouvelle phase des guerres d'Asie : l'affrontement direct avec le Mitanni. Pour y arriver, il fallait s'assurer les moyens de franchir la barrière naturelle qui protégeait l'adversaire : l'Euphrate. Thoutmosis III fait construire des bateaux fluviaux que son armée traîne à travers la Syrie. Les Égyptiens atteignent Qatna, c'est-à-dire Mishrifé, à l'est de l'Oronte, et l'occupent. Puis ils se dirigent vers l'Euphrate. Thoutmosis III le franchit et consacre une stèle commémorative à côté de celle érigée naguère par son grand-père. Il remonte ensuite vers le nord, ravage la région située au sud de Karkémish, défait un parti ennemi et repasse à l'ouest. Il retourne sur l'Oronte à la hauteur de Niya, qui marquera désormais la limite septentrionale de l'influence égyptienne, Alep étant la place forte la plus avancée des Mitanniens. Là, il se livre à une chasse à l'éléphant, comme l'avait sans doute fait avant lui Thoutmosis Ier, et rentre en Égypte après avoir assuré, comme il le fera désormais à chaque campagne, l'approvisionnement des ports phéniciens. Cette année-là, il reçoit tribut du Retenou, mais aussi de ceux que le franchissement de l'Euphrate a théoriquement placés sous sa domination : la Babylonie, Assur et les Hittites. Les neuf campagnes suivantes seront consacrées à essayer de réduire les forces mitanniennes en Naharina. En l'an 34, lors de sa neuvième campagne, Thoutmosis III mate une révolte du Djahy et prend Nougès. Il doit revenir l'année suivante pour affronter une nouvelle coalition mitannienne au nord-ouest d'Alep. Le succès en est peut-être un peu plus grand que l'année précédente, puisque, à la suite de cette victoire égyptienne, les Hittites versent un tribut. Le récit des campagnes des deux années suivantes est perdu. Sans doute n'ont-elles pas été beaucoup plus décisives que les précédentes : l'armée égyptienne doit à nouveau razzier la région de Nougès. Cette fois, Alalah fait partie des peuples payant tribut : le prince d'Alep est donc réduit à son seul domaine, et l'année suivante, Thoutmosis III se contente de réprimer une révolte des bédouins Chosou. Ce n'est qu'en l'an 42 qu'il fera une seizième et dernière campagne en Djahy, où les principautés phéniciennes avaient à nouveau basculé du côté mitannien. Il s'empare du port d'Arqata à proximité de Tripoli et ravage Tounip. Il se rend ensuite dans la région de Qadech où il prend trois cités, tuant un fort parti mitannien. Cette victoire, qui clôt pour une dizaine d'années les démêlés de l'Égypte et du Mitanni, a un certain retentissement, puisqu'à sa suite une cité de Cilicie, Adana, paye tribut à l'Égypte. La fin du règne est plus calme : la suprématie égyptienne est provisoirement reconnue au Proche-Orient et les relations avec la mer Égée cordiales. Thoutmosis III n'est pas seulement un grand guerrier. Il poursuit les programmes de construction entrepris depuis Thoutmosis Ier, qui avait fait commencer par l'architecte Inéni la transformation du temple d'Amon-Rê de Karnak, et entreprend également des travaux à Deir el-Bahari et Medinet Habou, sur lesquels nous reviendrons plus loin. Son activité de bâtisseur se développe surtout vers la fin de son règne et recoupe celle d'Hatchepsout. Mais il a beau faire marteler le nom de celle-ci sur les monuments, de façon à la condamner à la pire des morts pour un Égyptien, celle de l'oubli, elle reste présente à Ermant, dans le temple de Montou que Thoutmosis III agrandit, dans la région de Béni Hassan, où elle a consacré à la déesse Pakhet un temple rupestre que les Grecs, assimilant Pakhet à la déesse guerrière Artémis, appelleront Spéos Artémidos. Thoutmosis III en termine la décoration, à l'exception du fond du sanctuaire, qui le sera par Séthi Ier. C'est à l'entrée de ce spéos qu'Hatchepsout énumère les constructions qu'elle a consacrées aux dieux en Moyenne-Égypte: restauration des temples de Cusae, Antinoe et Hermopolis (Urk. IV 386,4-389,17). Elle a fait construire d'autres temples rupestres : une chapelle consacrée à Hathor à Faras au nord de Ouadi Halfa, une autre à Qasr Ibrim et au Gebel el-Silsile. Toujours en Nubie, le temple de Bouhen date des premiers temps de son règne ainsi que la fondation de celui de Satis à Éléphantine et de Chnoum à Koumna. Thoutmosis III, lui, construit avec la même énergie que celle qu'il a dépensée contre le Mitanni : en Nubie, à Bouhen, Saï, Faras, Dakké, Argo, Kouban, Semna, au Gebel Barkal, dans la Vallée, à part Thèbes, à Kôm Ombo, Ermant, Tôd, Médamoud, Esna, Dendara, Héliopolis et encore sur d'autres sites du Delta qui n'ont pas conservé la trace de ces travaux. Amenhotep II et Thoutmosis IV Il associe au trône deux ans avant sa mort Amenhotep II, le fils qu'il a eu de sa seconde épouse, Hatchepsout II Mérirê. C'est celui-ci qui assure, en tant que successeur, son culte funéraire lorsqu'on l'enterre dans la Vallée des Rois (VdR 34). Il laisse le souvenir d'un grand roi, qui devient vite légendaire. Le souvenir du franchissement de l'Euphrate, en particulier, restera impérissable pour les Égyptiens. Les campagnes syriennes serviront même de toile de fond à un conte relatant la prise de Joppé par le célèbre général Djéhouty. Ce conte, rapporté par le Papyrus Harris 500, expose la façon dont le général prit le port de Joppé, la moderne Jaffa, grâce à un subterfuge qui appartient à la littérature mondiale, de la prise de Babylone par Darius aux jarres des Mille et Une Nuits, en passant par le Cheval de Troie. Il tue par ruse le prince de Joppé venu en ambassade, puis introduit dans la ville, afin de s'en emparer, deux cents soldats dissimulés dans des paniers. Certes, ses hauts faits et ses nombreuses constructions assurent son immortalité. Mais la tradition lui en reconnaît une autre, dont les scribes disaient qu'elle est plus durable que celle des monuments. Nous avons déjà noté son amour pour la botanique. Il pratiquait aussi l'art de la poterie et ne dédaignait pas de tenir lui-même le calame, comme nous l'apprend son vizir Rekhmirê, qui fut l'un des beaux esprits de son temps et dont la tombe de Cheikh Abd el-Gourna (TT 100), l'une des plus remarquables de tout le Nouvel Empire, associe l'art de la littérature à celui de la décoration. Ce fin lettré qui se plongeait volontiers dans la lecture des textes du passé remit au goût du jour le souci des ancêtres : la liste qu'il en établit à Karnak et le soin qu'il prend de leurs monuments témoignent certes d'une piété profonde, mais aussi du sens aigu de l'Histoire qui est le propre d'un grand roi. Aakhépérourê Amenhotep II qui lui succède a laissé le souvenir d'un souverain beaucoup moins intellectuel — ce qui ne l'a pas empêché d'assurer lui aussi la prospérité et la puissance de son pays. Son principal titre de gloire était une force physique hors du commun. On raconte que lors de la première campagne qu'il mena en Syrie en l'an 3 de son règne, il tua à Qadech sept princes de sa propre main. Sans doute ajoutait-il à la force une certaine cruauté propre à frapper l'esprit des ennemis, car il fit accrocher leurs corps aux murs de Thèbes et de Napata... pour l'exemple. Cette attitude est à rapprocher de la pratique des sports militaires qu'il met à l'honneur : tir à l'arc, chasse, équitation — autant d'activités liées à une influence asiatique également sensible dans la religion avec la montée des cultes d'Astarté, la déesse cavalière, et de Rechef. Cet apport, venu du couloir syro-palestinien, continue le mouvement amorcé au Moyen Empire et accentué par l'afflux depuis ces régions des matières premières devenues nécessaires à l'économie égyptienne, passée à la technologie du bronze : étain syrien, cuivre de Chypre, argent de Cilicie. De ces régions vient aussi la main-d'œuvre spécialisée : les prisonniers vont grossir les rangs des artisans étrangers installés dans des communautés ouvrières du type de celle qui se développe déjà à Deir el-Médineh. Le sport est aussi inscrit dans une tradition royale largement représentée après lui (Decker : 1971). La chasse au lion, qu'il pratique à pied, ou celle des animaux sauvages en général remonte à l'aube de l'histoire de l'Égypte et participe, comme nous l'avons vu, de la mise en ordre de la création. On retrouve ce goût de la force dans sa titulature : il est l'Horus « Taureau puissant à la grande force » ou « aux cornes acérées » et l'Horus d'Or « Celui qui s'empare de tous les pays par la force ». Cette force, il la dépense dans trois campagnes en Syrie. La première, celle de l'an 3, que nous venons d'évoquer, a eu pour cause une révolte du Naharina tentée à l'occasion du changement de pharaon. La chute de Qadech qui la conclut n'a pas réglé la situation : deux nouvelles expéditions sont nécessaires, directement dirigées contre le Mitanni. Elles ont lieu en l'an 7 et en l'an 9, à la suite de la révolte de la Syrie, fomentée depuis Karkémish. L'affrontement se produit à la hauteur de Niya et se solde pour l'Égypte par la perte de toute la zone comprise entre l'Oronte et l'Euphrate, même si les Égyptiens rapportent un abondant butin de leurs pillages en Retenou. Au nombre des prisonniers figurent 3600 Apirou. Cette ethnie, différente des Chosou mentionnés à leur suite, est signalée au XIXe siècle en Cappadoce, puis au XVIIIe à Mari, ensuite à Alalah. Ce sont les Hébreux dont parlent les tablettes d'Amarna, qui semblent, à cette époque, s'intégrer dans les sociétés où ils s'expatrient en exerçant des fonctions marginales de mercenaires ou de serviteurs, que l'on trouve évoquées dans la Prise de Joppé. En Égypte, ils apparaissent, sous Thoutmosis III, dans les tombes du Second Prophète d'Amon Pouiemrê (TT 39) et du héraut Antef (TT 155), comme vignerons. Ces deux campagnes sont les dernières qui opposent le Mitanni à l'Égypte. Sous Thoutmosis IV, en effet, les relations changent du tout au tout, et le Mitanni tente un rapprochement avec l'ennemi d'hier. Le nouvel empire hittite fondé par Tudhaliya II menace les positions mitanniennes. Déjà Alep a changé de camp, et seules les guerres anatoliennes empêchent les Hittites d'être plus dangereux. Il est également vraisemblable que Mitanniens et Égyptiens sont arrivés à un accord acceptable pour les deux parties : les premiers laissent aux seconds la Palestine et une partie du littoral méditerranéen en échange du Nord syrien. La tournée qu'entreprend Thoutmosis IV en Naharina confirme cette répartition : il abandonne Alalah au Mitanni. Le roi d'Égypte pousse même plus loin le rapprochement en demandant la main d'une fille d'Artatama Ier. Le fait d'avoir envisagé cette union montre assez quel tour nouveau ont pris les relations entre les deux anciens ennemis. En Nubie, l'héritage de Thoutmosis III est léger à assumer : la paix règne sous Amenhotep II, qui nomme comme vice-roi son compagnon d'armes Ousersatet, dont on suit les activités de constructeur de Qasr Ibrim à Semna. Il semblerait que quelques troubles aient éclaté au changement de règne. Ils auraient peut-être provoqué l'expédition que Thoutmosis IV monte en l'an 8 contre des tribus infiltrées dans le pays de Ouaouat, si du moins on en croit la relation qui en est faite sur une stèle érigée à Konosso (Urk. IV 1545 sq.). Mais cela ne ralentit ni le commerce ni la construction de sanctuaires : Amenhotep II décore en partie Kalabcha et poursuit les travaux entrepris par Thoutmosis III à Amada. Thoutmosis IV y construit une cour à colonnes à l'occasion de son second jubilé. Amenhotep II a également beaucoup construit en Thébaïde : à Karnak, Médamoud, Tôd et Ermant. Il s'est aussi fait élever un temple funéraire, qui ne nous est pas parvenu. Sa tombe de la Vallée des Rois (VdR 35) est fort peu décorée : quelques scènes divines et un exemplaire complet du Livre de l'Amdouat. Elle est intéressante à un autre titre : V. Loret y a retrouvé en 1898, outre la momie intacte de son propriétaire, celles de Thoutmosis III (VdR 43), Mineptah-Siptah (VdR 47), Séthi II (VdR 15), Sethnakht (VdR 14), Ramsès III (TT 11) et Ramsès IV (TT 2), qui y avaient été mises à l'abri des pillards à la XXIe dynastie par le Grand Prêtre Pinedjem. Fig. 90 Hathor allaitant et protégeant Thoutmosis III. Détail. Statue usurpée par Amenhotep II. Deir el-Bahari. Grès polychrome. L = 2,25 m H = 2,20 m. CGC 445. Lorsque Amenhotep II meurt, Thoutmosis IV lui succède. Le pouvoir lui est échu vraisemblablement à la suite du décès prématuré d'un frère aîné auquel il était destiné. Le roi, en effet, a fait graver entre les pattes du sphinx de Gîza une stèle pour commémorer un acte de piété de sa part d'un type un peu particulier. Le grand dieu était, alors comme de nos jours, régulièrement recouvert par le sable du désert que le vent accumule jour après jour contre son corps. Or le jeune prince aimait à chasser sur le plateau de Gîza, et il lui arrivait de faire la sieste à l'ombre du sphinx : « Un jour, il arriva que le fils royal Thoutmosis alla se promener à l'heure de midi ; il s'assit à l'ombre de ce grand dieu ; le sommeil et le rêve s'emparèrent de lui au moment où le soleil était au zénith. Il trouva la Majesté de ce dieu vénérable qui parlait de sa propre bouche comme un père parle à son fils : " Regarde-moi, jette un regard sur moi, ô mon fils Thoutmosis ; c'est moi, ton père Harmachis-Khepri-Rê-Atoum. Je te donnerai ma royauté sur terre à la tête des vivants ; tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, l'héritier ; le pays t'appartiendra dans sa longueur et sa largeur ainsi que tout ce qu'illumine l'œil du maître de l'univers (...). Vois, mon état est celui d'un homme dans la souffrance, tandis que mon corps tout entier est ruiné. Le sable du désert sur lequel je me dresse se rapproche de moi (...) " » (C. Zivie : 1976, 130-131.) Thoutmosis fit désensabler le dieu, et celui-ci lui fit don d'un trône qu'il n'espérait pas... et dont il ne profita que neuf ans, car il mourut lui aussi prématurément, à l'âge d'environ trente ans. Derrière la belle histoire se cache une orientation politique déjà sensible chez Amenhotep II. Que le jeune prince se soit trouvé à Memphis n'a rien d'étonnant, puisque c'est là qu'étaient élevés tous les princes héritiers depuis Thoutmosis Ier. Ce qui est plus remarquable, c'est le soin qu'il prend de ses dieux : il poursuit l'aménagement du temple consacré par Amenhotep II à proximité du sphinx, mais on a retrouvé aussi un dépôt de fondation à son nom dans le temple de Ptah de Memphis. Peut-être faut-il voir là le désir de contrebalancer la puissance de Thèbes, dont la noblesse jouit alors d'un luxe que l'on peut mesurer à la splendeur des tombes des grands personnages du royaume : le vizir Aménémopé (TT 29), dont le frère, Sennefer (TT 96), est gouverneur de Thèbes, Qenamon, l'intendant du palais royal de Memphis, et son frère le troisième prophète d'Amon Kaemhéryibsen (TT 98), les grands prêtres d'Amon Méri et Amenemhat (TT 97), le chef des greniers Menkhéperrêséneb (TT 79), Ouserhat (TT 56), Khây, dont le « trésor » est conservé à Turin, etc. Amenhotep III et l'apogée de la dynastie Si la peinture thébaine tend à son apogée sous Thoutmosis IV, le règne d'Amenhotep III, en ouvrant encore plus le pays aux influences orientales, atteint un degré de raffinement qui restera inégalé par la suite, même lorsque les produits précieux d'Asie et de Nubie alimenteront à nouveau les ateliers royaux. Amenhotep III est le fils d'une concubine de Thoutmosis IV, Moutemouia, dans laquelle on a voulu voir à tort la fille d'Artatama Ier. Il est né à Thèbes, et lorsqu'il monte sur le trône, il n'a que douze ans : sa mère assure la régence. Il épouse, au plus tard en l'an 2, une femme d'origine non royale qui aura une influence déterminante sur l'avenir de la dynastie, la reine Tiy. Elle est la fille d'un notable d'Akhmîm, Youya, qui va, lui aussi, jouer un rôle politique en compagnie de son épouse Touya, préparant le terrain à l'un de ses fils, le divin père Ay qui succédera à Toutankhamon dans des heures difficiles. Tiy donne six enfants à Amenhotep III : peut-être un Thoutmosis, qui meurt sans régner, le futur Amenhotep IV et quatre filles, dont deux porteront aussi le titre de reines, Satamon et Isis. Fig. 91 La famille royale et la fin de la XVIIIe dynastie : généalogie sommaire des générations 9-11. À la XVIIIe dynastie comme à la Ve, les liens familiaux dominent la politique du pays. Les principales charges gouvernementales sont distribuées aux membres de la famille royale, ou bien, au contraire, le mariage vient consacrer la réalité d'un pouvoir politique trop fort pour être contourné. C'était le cas de Thoutmosis Ier ; ce sera encore celui d'Ay et d'Horemheb. Le mariage d'Amenhotep III et de Tiy est, à cet égard, bien loin du roman d'amour qu'on a parfois voulu y voir. Youya est un officier de la charrerie, maître des haras. On a supposé qu'il était parent de la reine mère Moutemouia, ce qui ferait de lui un oncle d'Amenhotep III. Il installe son fils Ay comme maître des haras sous le règne de son petit-fils, non sans avoir fait auparavant de son autre fils, Anen, le Deuxième Prophète d'Amon à Thèbes et le « Grand des Voyants » du temple de Rê de Karnak. L'influence de Tiy sur la conduite des affaires vient de sa forte personnalité, mais aussi de sa longévité : elle survit à son mari et meurt seulement en l'an 8 de son fils Amenhotep IV, après avoir été liée à la politique des deux rois à la fois en tant qu'épouse et en tant que mère. Elle met en effet en avant pour la première fois le rôle de l'épouse — la « Grande Épouse du Roi » — , qui prend le pas sur la reine mère, image traditionnelle du matriarcat. Tiy est associée à son époux de façon complémentaire. Elle est à ses côtés la personnification de Maât et reçoit en tant que telle certains privilèges régaliens : elle participe aux grandes fêtes cultuelles, y compris la fête-sed, se fait représenter en sphinx, et se voit consacrer un temple par son mari à Sédeinga, entre la Deuxième et la Troisième Cataracte. Elle prend aussi une grande part à la politique extérieure et gère le pays dans les premières années du règne de son fils, pour lequel elle exerce la régence après lui avoir probablement plus ou moins insufflé les fondements du nouveau dogme qu'il va développer. Elle le suit en effet à Amarna où elle se fait enterrer. Sa momie sera « rapatriée » sous Toutankhamon avec celle de Smenkhkarê dans la tombe 55 de la Vallée des Rois. Le règne d'Amenhotep III est marqué par la paix : le seul acte de guerre est une campagne dissuasive qu'il mène au début de son règne, en l'an 5. Pour le reste, les relations avec le Proche-Orient témoignent du grand rayonnement de l'Égypte en Asie et dans le bassin méditerranéen. On le suit à travers les attestations du nom d'Amenhotep III en Crète, à Mycènes, en Étolie, en Anatolie, au Yémen, à Babylone, Assur... On possède une autre source d'information sur la politique extérieure de l'époque : un ensemble de 379 tablettes découvertes par une paysanne en 1887 à côté du palais royal d'Amarna. Ces textes, rédigés en cunéiformes, l'écriture diplomatique de l'époque, contiennent la correspondance d'Amenhotep III et IV avec les rois du Proche-Orient. Les renseignements qu'ils fournissent, comparés aux archives de la capitale des Hittites, Bogazkôy, et aux chroniques assyro-babyloniennes permettent de suivre les échanges entre les deux puissances, mais aussi les vicissitudes du royaume de Mitanni, qui continue à perdre du terrain. Le rapprochement égypto-mitannien est consommé par le mariage, en l'an 11, d'Amenhotep III et de Gilu-Heba, fille de Sutarna II. Mais vers le dernier tiers du règne, le prince d'Amourrou, Abdi-Achirta, forme une coalition pour soulever le joug égyptien en basculant du côté des Hittites. La situation se détériore dans la capitale mitannienne : Artassumara, fils aîné de Sutarna II, est assassiné par le parti pro-hittite commandé par Tuhi, qui se proclame régent du royaume. Mais Tushratta venge son père et reprend le pouvoir. Il consolide à nouveau l'alliance avec l'Egypte en accordant à Amenhotep III la main de sa fille Tadu-Heba(t). La Babylonie, toujours inquiète du voisinage mitannien, fait de même, et Amenhotep III épouse la sœur, puis la fille de Kadashman-Enlil. Ces réseaux matrimoniaux ne sont pas une garantie bien solide face aux appétits territoriaux des uns et des autres : l'Assyrie, théoriquement vassale du Mitanni, est convoitée par Babylone, et Assur-Uballit Ier aura beaucoup de mal à maintenir la balance égale. Il ne parviendra à conserver une relative indépendance qu'au prix d'une habile politique d'amitié ostensiblement affichée avec l'Égypte. La puissance montante, ce sont les Hittites, qui vont prendre un ascendant décisif à la charnière des règnes d'Amenhotep III et Amenhotep IV. Le prince Suppiluliuma est monté sur le trône. Il consacre les dix premières années de son règne à pacifier l'Anatolie, puis il se tourne vers la Syrie du Nord, prend Alep et fixe la frontière méridionale hittite au Liban. Amenhotep IV a succédé à son père : l'Egypte ne vient pas au secours de l'allié mitannien qui ne peut que s'incliner. Pendant le demi-siècle qui a précédé ces événements, l'Égypte est à l'apogée de son rayonnement et de sa puissance. Amenhotep III est l'un des plus grands constructeurs que le pays ait connus. Il couvre la Nubie de monuments. À Éléphantine il fait édifier un petit temple à colonnade attribué à Thoutmosis III. À Ouadi es-Séboua, il consacre un temple rupestre à Amon « Seigneur des chemins ». À Aniba, il travaille au temple d'Horus de Miam. Il fonde le temple de Kawa, celui de Sésébi, sur lequel Amenhotep IV fera le Gematon, celui de Soleb, consacré à son propre culte et à celui de sa femme, associé à celui d'Amon. Il inaugure avec ce sanctuaire une tradition qui sera largement suivie à la XIXe dynastie. En plus du temple de Sédeinga, il consacre des éléments d'architecture à Mirgissa, Kouban, et dans les îles de Saï et Argo. En Égypte même, il construit dans le Nord, à Athribis et Bubastis. Il poursuit le programme héliopolitain de ses prédécesseurs en consacrant un temple à Horus. Il commence aussi les travaux du Sérapeum à Saqqara. Dans la Vallée il bâtit à Elkab, Souménou près de Gebelein, Abydos et Hermopolis, où il fait ériger les statues monumentales de cynocéphales qui sont encore visibles sur le site. À Thèbes, il fait construire à Louxor un temple censé être le « harem méridional » d'Amon-Rê et fait consacrer dans le temple de Mout d'Achérou, au sud de l'enceinte de Karnak six cents statues de la déesse Sekhmet, dont de magnifiques exemplaires ornent le Musée du Louvre (fig. 92). Sur la rive occidentale, il se fait édifier un palais à Malgata et un gigantesque temple funéraire que Mérenptah détruira pour construire le sien, et dont il ne reste que les deux statues monumentales disposées de part et d'autre du pylône. Une ressemblance phonétique entre le prénom d'Amenhotep III, Nebmaâtrê, qui devait donner approximativement le son « Mimmouria » dans la bouche des guides qui expliquaient les antiquités aux premiers visiteurs grecs, valut au colosse du nord d'être interprété comme la statue du héros Memnon, fils de l'Aurore et chef des troupes éthiopiennes, qui fut tué par Achille au cours de la guerre de Troie. Sa tombe, disait-on, était aux pieds du colosse. Un tremblement de terre survenu en 27 av. Jésus-Christ vint renforcer la légende : il disjoignit les blocs de la statue, créant une fissure qui craquait au lever du jour, lorsque les rayons du soleil faisaient évaporer l'humidité accumulée pendant la nuit. Ainsi Memnon saluait d'un gémissement l'apparition de sa mère chaque matin. Malheureusement, la piété de Septime Sévère le conduisit à faire restaurer le monument, qui depuis lors est devenu muet. Les monuments du règne d'Amenhotep III, tant officiels que civils, sont empreints d'une finesse et d'une délicatesse que vient soutenir une maîtrise technique indiscutable. L'influence orientale se fait sentir par une plus grande liberté plastique, qui tranche sur la rigueur du début de la dynastie et annonce la sensibilité des œuvres amarniennes : on peut penser à la technique du « drapé mouillé » qu'illustrent les statues de la fin du règne (fig. 93). Ces traits précurseurs de l'art amarnien ont fréquemment été compris comme le signe que les recherches mystiques du futur Akhenaton ne sont pas nées d'un coup, mais ont été progressivement élaborées dans une Cour dont on se plaît à souligner l'intellectualisme orientalisant. Les préoccupations héliopolitaines d'Amenhotep III montrent que la montée du culte d'Aton est une conséquence logique du renouveau des sanctuaires de l'ancienne capitale religieuse. Mais cela ne veut pas dire que cette ascension soit exclusive : la construction du Sérapeum, destiné à recevoir les dépouilles des taureaux Apis, indique que le roi encourage également le culte officiel des hypostases animales. Seulement, dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit pas de cultes thébains. Là se trouve probablement l'une des motivations qui vont pousser Amenhotep IV à rompre avec Amon-Rê : la trop grande place prise dans l'État par le clergé thébain. Celui-ci voit son emprise encore accrue par les constructions qu'Amenhotep III entreprend à Karnak pour obtenir l'aide des dieux contre le mal qui le mine depuis sa première fête-sed, qu'il célèbre en l'an 34 de son règne. Les représentations de Soleb et celles de la tombe du majordome de la Grande Épouse du roi Khérouef (TT 192) le montrent à cette occasion affaibli et visiblement souffrant. Il consacre ainsi six cents statues à Sekhmet Dame d'Achérou, la guérisseuse par excellence. Son beau-père Tushratta lui envoie même une statue guérisseuse d'Ichtar. Mais rien n'y fait, et les dieux ne peuvent pas détourner le destin. Amenhotep III célèbre en l'an 37 sa deuxième fête-sed — si l'on respecte en effet le délai de trente ans pour la première, on réduit cette durée au dixième pour les suivantes —, juste avant d'épouser Tadu-Heba(t), et meurt en l'an 39, en ayant peut-être associé dans les derniers temps son fils au trône. Sa tombe (VdR 22), qui était décorée d'un exemplaire du Livre de l'Amdouat a été pillée à la XXIe dynastie, mais sa momie a pu être sauvée avec celles qui ont été regroupées dans le tombeau d'Amenhotep II. C'est la dépouille d'un homme d'une cinquantaine d'années qui a succombé à la maladie. Avec lui disparaît une certaine Égypte, celle des certitudes politiques et religieuses, d'un État redevenu fort et respecté à l'intérieur comme à l'extérieur. Les bouleversements provoqués pendant le court règne de son fils modifieront radicalement l'équilibre du pouvoir en contraignant les pharaons à poser clairement la question qui est à la base de la théocratie : celle de la relation entre le temporel et le spirituel. CHAPITRE X Akhenaton La succession d'Amenhotep III Amenhotep IV règne seul à partir de 1378/1352 avec pour nom de couronnement Néferkhépérourê, « Les transformations de Rê sont parfaites », auquel il associe l'épithète ouâenrê, « L'Unique de Rê ». Tout le reste de sa titulature le met en rapport avec Thèbes, même si son nom d'Horus d'Or appelle celle-ci « l'Héliopolis du Sud ». L'importance d'Héliopolis est liée, comme nous l'avons vu, à l'éducation des princes à Memphis et n'est pas forcément le signe d'une opposition à la doctrine amonienne. Sa corégence avec Amenhotep III est discutée. Si elle a bien eu lieu, on ne peut pas en donner avec certitude la durée : elle commencerait dans les années 28-29 d'Amenhotep III pour les uns, 37-39 pour les autres. Dans l'un comme l'autre cas, elle montre clairement que les idées qui vont conduire à la « révolution » amarnienne étaient déjà suffisamment répandues pour avoir influencé les œuvres officielles de la fin du règne. De plus, le fait qu'il se fasse couronner à Karnak est le signe qu'au moins au départ il n'était pas en lutte ouverte avec le clergé d'Amon-Rê. La continuité est aussi familiale, si tant est que l'on puisse s'y retrouver dans la famille royale amarnienne ! Il épouse sa cousine Néfertiti, fille de Ay et Tiy II, donc petite-fille de Youya et Touya. On voit que la famille d'Akhmîm reste très présente au cœur de l'aventure amarnienne, comme elle le sera encore, à travers la sœur de Néfertiti, Moutnedjmet, aux côtés d'Horemheb. Peut-être même est-elle pour quelque chose dans le choix d'un site de Moyenne-Égypte pour la nouvelle capitale... Quoi qu'il en soit, Amenhotep IV et Néfertiti forment un couple encore plus étroitement lié politiquement que celui d'Amenhotep III et Tiy. Comme eux ils sont associés dans les cérémonies, mais, chose nouvelle, l'art officiel les présente dès le début dans des scènes familiales jugées jusque-là trop intimes pour être montrées. Leur rôle n'est toutefois pas équivalent : dans le grand hymne à Aton, par exemple, le roi est le seul à connaître le dieu. C'est seulement en l'an 2 de son règne qu'Amenhotep IV donne à Aton la place qu'occupait Amon-Rê. Auparavant, il avait entrepris un programme de construction traditionnel. Lorsqu'il ouvre la carrière de grès du Gebel el-Silsile, il se fait présenter en train de faire offrande à Amon (Urk. IV 1962). Il complète d'ailleurs la décoration du temple d'Amenhotep III à Soleb. Mais déjà, dans les constructions qu'il entreprend à Karnak pour Aton, apparaît une volonté de nouveauté en même temps qu'une certaine précipitation. Il fait extraire dans les carrières des blocs de grès, plus facile à travailler, et de petite taille, donc plus maniables pour une main-d'œuvre non spécialisée fonctionnant par grandes corvées. Ces « talatates », comme les a appelées, à la suite de la tradition locale, l'égyptologue H. Chevrier, sont décorées dans une technique souvent assez fruste, mais avec un style toujours réaliste et enlevé qui va dans le sens de la nouvelle idéologie que le roi enseigne lui-même aux artistes, ainsi que nous l'apprend un graffito de son chef sculpteur Bak à Assouan. C'est probablement la petite taille de ces blocs qui les a sauvés de la destruction complète lorsque, après le retour à l'orthodoxie amonienne, les constructions élevées par le pharaon hérétique à l'est de l'enceinte d'Amon-Rê furent rasées : Horemheb les réutilisa en particulier pour bourrer le 9e pylône. Les 12 000 talatates qui en ont été extraites lors de son démontage par le Centre Franco-Égyptien des Temples de Karnak dans les dix dernières années et qui sont actuellement en cours d'étude sont une source inestimable pour la connaissance de l'histoire des cultes atoniens. En l'an 4, le roi se rend, en compagnie de la reine, sur le site « révélé par Aton lui-même » de la future capitale, qu'il appellera Akhetaton, « L'Horizon du Disque ». L'année suivante, il y procède à la fondation de son nouveau domaine. Il s'agit d'un vaste cirque de montagnes situé à dix kilomètres environ au sud de Mellaoui, sur la rive orientale du Nil, d'un développement de vingt-cinq kilomètres, de Cheikh Saïd au nord à Cheikh Abd el-Hamid au sud. C'est un endroit vierge, comme la colline de sable d'Héliopolis à partir de laquelle a été créé l'univers. Le roi le marque de quatorze stèles frontières : onze sur la rive orientale, trois sur la rive occidentale. La ville doit être la contrepartie de Thèbes par la nature et le nom de ses monuments. Sa nécropole royale et civile, ainsi qu'un cimetière consacré au taureau Mnévis en fera aussi une nouvelle Héliopolis. La réforme religieuse C'est sur les stèles de la rive orientale qu'apparaît pour la première fois, la nouvelle titulature du roi, qui révèle au pays le dogme atonien. Il transforme son nom d'Horus, « Taureau puissant aux hautes plumes » qui le liait trop à Thèbes en « Taureau puissant aimé d'Aton ». Son nom de nebty, « À la grande royauté dans Karnak », devient « À la grande royauté dans l'Horizon du Disque », son nom d'Horus d'Or, « Qui élève les couronnes dans l'Héliopolis du Sud », « Qui élève le nom d'Aton ». Il conserve son nom de couronnement et change Amenhotep en Akhenaton, « Agréable à Aton » : il s'agit d'un simple transfert d'Amon à Aton. Le changement n'a, en soi, rien de révolutionnaire et est bien loin d'être la religion révélée que l'on a parfois eu tendance à y voir pour trouver au christianisme des racines qui ne reflètent tout au plus qu'un fonds commun aux civilisations sémitiques. Nous avons suivi en effet depuis le début de la XVIIIe dynastie la montée des cultes héliopolitains, qui n'est que le prolongement d'un mouvement amorcé dès le Moyen Empire : la « solarisation » des principaux dieux comme Amon par le biais de la forme syncrétique Amon-Rê. Cette tendance épouse celle qui apparaît dans les livres funéraires, le Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès, les litanies solaires ou le Livre des Portes, et qui revient à concentrer autour de Rê la création et l'entretien de la vie. Il est sans doute exagéré de parler de monothéisme (Assmann : 1984, 235 sq.), dans la mesure où cette concentration n'écarte aucun autre dieu, mais il est certain que se produit une fusion de compétences multiples dans le Créateur par excellence qu'est le soleil. Amenhotep IV choisit d'en adorer l'aspect sensible, le Disque, dont le rôle est clairement défini dans la théologie héliopolitaine depuis l'Ancien Empire. Le résultat donne un ton universaliste qui présente les apparences du monothéisme, et l'on a souvent comparé le grand hymne à Aton, inscrit sur le mur ouest de la tombe d'Ay à Amarna au Psaume 104 : Lorsque tu te couches dans l'horizon occidental, L'univers est plongé dans les ténèbres et comme mort. Les hommes dorment dans les chambres, la tête enveloppée, Et aucun d'eux ne peut voir son frère. Volerait-on tous leurs biens qu'ils ont sous la tête, Qu'ils ne s'en apercevraient pas ! Tous les lions sont sortis de leur antre, Et tous les reptiles mordent. Ce sont les ténèbres d'un four et le monde gît dans le silence. C'est que leur créateur repose dans son horizon. Mais à l'aube, dès que tu es levé à l'horizon, Et que tu brilles, disque solaire dans la journée, Tu chasses les ténèbres et tu émets tes rayons. Alors le Double-Pays est en fête, L'humanité est éveillée et debout sur ses pieds ; C'est toi qui les as fait lever ! Sitôt leur corps purifié, ils prennent leurs vêtements Et leurs bras sont en adoration à ton lever. L'univers entier se livre à son travail. Chaque troupeau est satisfait de son herbe ; Arbres et herbes verdissent ; Les oiseaux qui s'envolent de leurs nids, Leurs ailes éployées, sont en adoration devant ton être. Toutes les bêtes se mettent à sauter sur leurs pattes. Et tous ceux qui s'envolent, et tous ceux qui se posent Vivent, lorsque tu t'es levé pour eux. Les bateaux descendent et remontent le courant. Tout chemin est ouvert parce que tu es apparu. Les poissons, à la surface du fleuve, bondissent vers ta face : C'est que tes rayons pénètrent jusqu'au sein de la mer-très-verte. C'est toi qui fais se développer les germes chez les femmes, Toi qui crées la semence chez les hommes, Toi qui vivifies le fils dans le sein de sa mère, Toi qui l'apaises avec ce qui fait cesser les larmes, Toi, la nourrice de celui qui est encore dans le sein, Toi qui ne cesses de donner le souffle pour vivifier chacune de tes créatures Lorsqu'elle sort du sein pour respirer, au jour de sa naissance, Tu ouvres sa bouche tout à fait et tu pourvois à son nécessaire. Tandis que l'oiselet est dans son œuf et pépie déjà dans sa coquille, Tu lui donnes le souffle à l'intérieur, pour le vivifier. Tu as prescrit pour lui un temps fixe pour la briser de l'intérieur. Il sort de l'œuf pour pépier, au temps fixé, Et marche sur ses pattes aussitôt qu'il en est sorti (...) (Daumas : 1965, 322-323.) Ce mécanisme sera récupéré à la XIXe dynastie par le roi en personne qui cumulera en lui tous les aspects du créateur. L'originalité d'Akhenaton est d'avoir cristallisé ce faisceau sur le Disque, la manifestation tangible du créateur à la portée du tout un chacun. Il fournit ainsi une image facile à appréhender et évite le détour par un clergé spécialisé, seul capable de servir d'intermédiaire entre les hommes et un dieu impénétrable. Aton permet, littéralement, la perception immédiate du divin, par opposition à Amon, le dieu « caché ». Restait à établir la correspondance qui délègue au roi la capacité du créateur. Akhenaton fait du Disque le pharaon céleste en inscrivant son nom dans un cartouche, comme le sien propre. La « titulature » d'Aton est très explicite : il est « Rê-Horakhty apparu dans l'horizon », « En son nom de Chou qui est dans le Disque ». Le Disque est donc une forme du créateur comme le roi qui est son équivalent terrestre, — ce qui revient, d'une manière à peine modifiée, au système traditionnel de l'hypostase. Aton prend également en charge les morts, ce qui est logique puisqu'il assume les divers rôles du créateur solaire. Osiris n'en reste pas moins en honneur jusque dans la famille royale, comme en témoignent les colosses osiriaques représentant le roi. Mais le culte funéraire traditionnel tend à s'estomper. L'impact de cette réforme sur la population est quasiment nul, pour deux raisons. La première est que la Cour se confine très vite à Akhetaton et que, les constructions de Karnak mises à part, la population n'a guère l'occasion d'apprécier le nouveau culte. La seconde, la plus profonde, est que ce culte ne correspond pas aux structures de la société : le peuple continue à vivre sur les bases religieuses traditionnelles. On a même retrouvé des invocations à Amon dans le village des ouvriers... d'Armarna ! Il ne faut pas non plus s'exagérer la connaissance que pouvaient avoir les couches sociales les plus humbles de la religion et des arcanes du pouvoir qui ne sortaient guère des murs des temples ou des palais. La montée de la piété populaire au Nouvel Empire trahit des préoccupations assez élémentaires et peu d'inquiétudes métaphysiques chez le commun des mortels. D'ailleurs, l'image que donne Akhenaton est moins originale que ne le veut la tradition moderne. Il conserve tout l'apparat phraséologique de ses prédécesseurs. Lui que l'on a voulu pacifiste parce qu'il n'a pas pris part aux combats qui agitent le Proche-Orient sous son règne, se fait représenter en train de massacrer les ennemis vaincus : pas seulement sur les figurations en style « classique », comme la façade du IIIe pylône de Karnak, mais aussi sur des talatates, où même Néfertiti brandit la massue-hedj au-dessus de la tête des ennemis vaincus (Hall : 1986, fig. 36-40). Sa « révolution » ne touche pas non plus l'administration qui reste ce qu'elle était, avec souvent les mêmes fonctionnaires. Sur le plan politique elle renforce plutôt l'absolutisme théocratique : le roi, « le bel enfant d'Aton », est l'intermédiaire obligé entre les hommes et le Disque. Il est donc l'objet, en tant que tel, d'une adoration que l'on voit figurée à l'entrée des tombes des hauts dignitaires. Ce culte divin du roi a tendance à marginaliser les autres divinités, mais le fait de lier le devenir funéraire des courtisans à celui du roi est, en quelque sorte, un retour aux sources, qui va dans le sens des enquêtes sur le passé qui ont caractérisé le règne d'Amenhotep III comme celui de ses prédécesseurs : recherche d'anciennes annales, du tombeau d'Osiris à Abydos, etc. La réforme a des effets dans deux domaines surtout : l'économie et l'art. Akhenaton ferme certain temples, ou tout au moins limite leurs activités, et rattache les biens cléricaux à la Couronne. La première conséquence est un accroissement de la centralisation administrative et de son bras exécutif, l'armée. La mise à l'écart des instances locales rend plus difficile l'action de l'administration, et tout un système de corruption et d'arbitraire se met en place, contre lequel Horemheb aura plus tard à lutter. La construction de la nouvelle capitale et des nouveaux temples se fait au détriment de l'économie en général et de l'économie divine en particulier : le système des domaines divins est, d'un point de vue centralisateur, néfaste; mais son abandon ruine tout un circuit de production et de redistribution qu'aucune structure nouvelle ne vient remplacer. Les conséquences de l'atonisme sur les arts et les lettres sont plus spectaculaires et, dans une certaine mesure, plus durables. La littérature n'est pas vraiment bouleversée : on continue à enseigner les genres traditionnels, et les écoliers apprennent toujours l'histoire de Sinouhé ; mais sous l'influence de la nouvelle idéologie, une plus grande liberté apparaît dans les œuvres contemporaines. Elle se manifeste surtout dans les compositions poétiques : hymnes et litanies divins et royaux, où la création peut se donner libre cours. On retrouvera une part de cette créativité plus spontanée que par le passé jusque dans les œuvres historique d'époque ramesside. Le trait le plus marquant de cette réforme littéraire est l'introduction de la langue parlée dans les textes officiels. Le conservatisme des écoles d'Etat avait maintenu la langue dite « classique », c'est-à-dire celle du Moyen Empire. Akhenaton fait entrer le langage de tous les jours dans les grandes œuvres où apparaît ainsi, d'idiomatismes en emprunts étrangers, une langue plus proche du copte que des Textes des Pyramides. L'ouverture littéraire procède du même esprit que celle de l'art, mais sans en atteindre les outrances. Nous avons vu que dès le règne d'Amenemhat III l'idéalisme officiel tendait à céder le pas à un réalisme plus sensuel qui n'hésite pas à souligner les formes du corps par des techniques comme celle du « drapé mouillé ». Ce traitement plus généreux des volumes apparaît aussi dans le dessin, où l'usage de la ligne est moins rigoureux, l'emploi des couleurs plus souple. Il y a aussi une évolution de la mode, plus « moderne », qui se traduit par de nouvelles coiffures, de nouveaux costumes, et aussi de simples détails stylistiques : l'inclusion de l'œil dans l'orbite et l'étirement des lignes qui produira les fameux yeux « en amandes » d'Akhenaton. On note volontiers aussi les plis du cou, les oreilles percées, etc. Ces changements ne sont d'ailleurs pas unanimement admis : le vizir Ramosé, par exemple, dont la tombe (TT 55) est une des plus belles de la nécropole de Cheikh Abd el-Gourna, s'en tient à un classicisme d'une extraordinaire finesse. Akhenaton radicalise la tendance pour lui-même et sa famille dès sa deuxième année de règne en poussant le réalisme jusqu'à la caricature. L'accentuation de la physionomie et l'affaissement des chairs prennent une apparence pathologique tellement sensible dans les colosses osiriaques que le sculpteur Bak exécute pour son maître qu'on a voulu voir dans le ballonnement de leur ventre les lymphes gonflant le cadavre décomposé d'Osiris. Au fil des ans, le trait s'adoucit, mais il reste toujours outré par rapport à la tradition, dont la technique et les canons sont, au demeurant, conservés. De nouveaux thèmes apparaissent : l'image de la famille, omniprésente dans toutes les scènes, y compris et surtout celles du culte (Fig. 94). Le thème n'est pas nouveau en soi ; ce qui l'est, c'est l'utilisation des scènes « de tous les jours », qui donne un aspect profondément humain aux représentations. On y voit les personnages dans des poses et avec des attitudes qui visent au naturel et donnent une impression d'intimité. Le mécanisme est le même que celui mis en œuvre dans la littérature par l'introduction de la langue vernaculaire : une banalisation de la forme qui estompe la structure. Le trait souligne moins le contour, la symétrie est plus discrète, de fausses perspectives apparaissent, laissant place à l'expression des sentiments, plus à leur aise dans des limites moins rigoureuses. L'art quotidien et les thèmes Fig. 92 . La déesse Sekhmet assise. Karnak. Diorite. H = 2,46 m. Louvre A8. Fig. 93 Amenhotep III acéphale. Serpentine. H = 0,23 m. MMA 30.8.74. naturalistes s'emparent des représentations traditionnelles qui gagnent en naïveté et en fraîcheur ce qu'elles perdent en technique. Vers la fin du règne, ce sont les études d'après nature qui l'emportent, dans un style plus paisible. On a retrouvé sur le site d'Amarna, dans l'atelier du sculpteur Thoutmosis, plusieurs ébauches, moulages et portraits de la famille royale, parmi lesquels la célèbre tête de Néfertiti de Berlin. Ces portraits (fig. 99) montrent une maîtrise et une sensibilité totalement dégagées des outrances du début du règne. Il restera d'ailleurs quelque chose de ce dernier état dans les œuvres postérieures : l'art de la charnière entre la XVIIIe et la XIXe dynastie conserve la sensualité du volume et la finesse du trait (fig. 100), que l'on retrouve tout particulièrement dans la production du règne de Séthi Ier. Ci-contre en haut : Fig. 94. La famille royale amarnienne faisant offrande au Disque. Bloc d'albâtre provenant d'un parapet de rampe. Amarna : salle centrale du grand palais. H = 1,05 m. Le Caire JE 30/10/26/12. Ci-contre : Fig. 95. La reine Tiy. Tête provenant du Fayoum. Ébène. H = 0,095 m. Berlin 21834. Ci-dessus : Fig. 96. Colosse osiriaque d'Akhenaton provenant de Karnak-Est. Grès. H = 3,10 m. Le Caire JE 49528. Fig. 97 Tête inachevée de Néfertiti provenant d'Amarna. Quartzite. H = 0,33 m. Le Caire JE 59286. La famille royale La construction et la première occupation de la ville se font entre l'an 5 et l'an 6 du règne d'Akhenaton, date à laquelle la famille royale commémore le deuxième anniversaire du choix du site en consacrant à l'occasion d'une visite solennelle les onze stèles-frontières de la rive occidentale. Leur texte donne les dimensions précises du domaine et contient un serment : celui de ne pas les dépasser. Cet engagement, qui définit seulement les limites du domaine, a parfois été compris à tort comme l'expression de la volonté royale de ne plus sortir de l'Horizon d'Aton. En l'an 8, le roi fait graver les stèles-frontières du second groupe. En l'an 12, il organise de grandes fêtes dans le style traditionnel avec apport des tributs des pays soumis, qui sont représentées dans les tombes de Mérirê II et Houya dans la nécropole d'Amarna. La même année, la reine Tiy rend visite, en compagnie de la princesse Baketaton, à la Cour d'Amarna, où elle s'installe. Ces fêtes et l'installation de la reine mère auprès de son fils ont été interprétées comme la preuve qu'Akhenaton n'a régné seul qu'à Fig. 98 Akhenaton et Néfertiti. Calcaire polychrome. H = 0,225 m. Louvre E 15593. partir de cette date. L'argument vaut ce qu'il vaut... Cette même année, l'une des six filles du couple royal, Mékétaton, meurt. Néfertiti semble jouer un rôle moins important après l'an 12. Elle se serait même séparée de son mari, si l'on en juge par le fait que l'une de ses filles, Méritaton, la remplace dans les cérémonies auprès du roi. On s'est interrogé sur la raison de cette apparente séparation, dont les motifs étaient peut-être politiques. Néfertiti ne quitte pas la ville, dans la nécropole de laquelle on prévoit pour elle un caveau, mais se retire à l'écart et meurt sans doute en l'an 14. Les trois années de la fin du règne sont troubles : le pays est livré aux persécutions Fig. 99 Torse d'une princesse amarnienne. Quartzite. H = 0,29 m. Louvre E 25409. Fig. 100 La Dame Toui debout. Bois. H = 0,34 m. Début de la XIXe dynastie. Louvre E 10655. anti-amoniennes, qui se traduisent essentiellement par le martelage des noms du dieu sur les monuments — martelage que subiront à leur tour Akhenaton et son dieu quelques années plus tard. On a déduit d'une scène de la tombe de Mérirê datée de l'an 12 et montrant face à face Akhenaton et un couple formé de Smenkhkarê et de Méritaton, qu'il y a eu corégence entre les deux rois. Cette association n'est pas prouvée mais probable : Néfernéférouaton Smenkhkarê est en effet attesté comme roi et son règne doit se situer entre ceux d'Akhenaton et de Toutankhaton, pour une durée possible de deux ans. Ce règne a-t-il seulement consisté en une corégence ou bien Smenkhkarê a-t-il gouverné seul le pays quelques mois ? Rien ne permet de trancher. Le personnage est mal connu, et beaucoup de données le concernant sont contradictoires, tant l'abandon du site d'Amarna qui a lieu dans les premières années de Toutankhaton qui Fig. 101 Le site de Tell el-Amarna, rive orientale. lui succède a tout bouleversé. Akhenaton a vraisemblablement été enterré, au moins fictivement, à Amarna. On a retrouvé le corps de Smenkhkarê, mort âgé d'environ vingt ans, dans une tombe de la Vallée des Rois qui lui a été consacrée (TT 55). Mais tout indique, de son mobilier funéraire aux bandelettes qui entourent son corps, qu'il s'agit d'un réensevelissement hâtif, probablement consécutif à son transfert d'Amarna à Thèbes. Il n'est d'ailleurs pas seul dans cette tombe : on y a déposé d'autres restes qui sont peut-être ceux de la reine Tiy. On pense généralement que toute la famille royale a ainsi été transférée sous le règne de Toutankhamon : seuls les sarcophages de pierre sont restés dans la nécropole d'Akhetaton, jusqu'à ce que les carriers les détruisent à l'époque ramesside. Fig. 102 Plan du centre ville. L'Horizon d'Aton Rien n'est assuré dans la succession d'Akhenaton, et surtout pas les relations qui l'unissent à ses successeurs (Fig. 91). Il est assez probable que Smenkhkarê, puis Toutankhaton, qui devaient être les seuls héritiers mâles possibles, qu'ils fussent des cousins ou des neveux d'Akhenaton, légitimèrent leur montée sur le trône en épousant chacun l'une des filles du roi. Lorsqu'il succède à Smenkhkarê, Toutankhaton est âgé d'environ neuf ans. Il épouse la princesse Ankhesenpaaton et réside au début dans le quartier nord d'Akhetaton. Très rapidement, sans que l'on Fig. 103 . Élévation du centre ville. puisse avancer de date précise, il quitte Amarna et déplace la résidence à Memphis, utilisant le palais de Malgata comme résidence royale temporaire à Thèbes. La ville d'Akhetaton n'existait que par la Cour qui y séjournait. Elle est à peu près entièrement abandonnée, après seulement une trentaine d'années d'existence. On n'y laisse que ce qui est considéré comme sans valeur ou ne méritant pas le transport : restes de l'activité des artisans — l'atelier de Thoutmosis et ses ébauches —, double de la correspondance diplomatique — les tablettes d'Amarna —, etc. Le site est complètement déserté au début de l'époque ramesside au profit d'Hermopolis, sur la rive opposée du fleuve. Les carriers achèveront de le démanteler en utilisant les talatates des monuments pour les nouvelles constructions. Le site retourne alors au désert et à l'oubli auquel l'ont condamné les successeurs d'Akhenaton jusqu'au milieu du XIXe siècle. Wilkinson et Lepsius explorent quelques-unes de ses tombes rupestres, puis la découverte des tablettes en 1887 attire l'attention sur la capitale oubliée. F1. Petrie entreprend les premières fouilles en 1891 : il découvre le palais royal et fait un survey du site avec l'aide d'H. Carter. Le bilan de la campagne tient dans... 132 caisses qui finiront à l'Ashmolean Museum. En 1893, il procède à un nettoyage des tombes rupestres, et en 1902, l'Egypt Exploration Fund travaille sur le site. De 1904 à 1914, c'est la Deutsche Orient-Gesellschaft qui en prend la concession, sous la direction de L. Borchardt. Elle procède au dégagement du quartier oriental de la ville, découvre l'atelier de Thoutmosis et la vingtaine de têtes royales, de modèles et de masques qu'il contient. Parmi eux, la tête de Néfertiti, qui prend rapidement le chemin de Berlin. Après la Grande Guerre, l'Egypt Exploration Society s'attache, de 1921 à 1926, à terminer le nettoyage et le dégagement de la ville : découverte du village d'artisans, étude des peintures et des tombes sont une véritable course de vitesse contre les pillards. Tout le nord de la ville est dégagé. Depuis 1977, l'Université de Cambridge a repris l'étude systématique du site : nouveau survey, nettoyage et relevé du village des ouvriers, étude des vestiges divers. La zone urbaine est au nord du site. Le grand temple et la résidence royale y sont regroupés. Au nord et au sud, une banlieue sépare le centre du palais septentrional et du Marou-Aton, jardin de plaisance et de prière. Le village des ouvriers est à mi-chemin de la nécropole, creusée dans la falaise. Les monuments s'étendent sur environ 9 km, sans jamais dépasser 1 km de profondeur. Le critère d'urbanisme semble avoir été la proximité du palais royal. Il n'y a pas en effet de distinction sociale entre quartiers riches et pauvres : la place est simplement occupée en fonction des besoins. La ville est quadrillée par trois grandes artères orientées nord-sud et reliées entre elles par des traverses est-ouest. Le cœur de la cité est traversé par une grande avenue qui sépare le palais des deux temples, situés de part et d'autre de la résidence royale. Un pont permet de passer de cette dernière au palais par-dessus l'avenue. Le palais est très étiré le long de l'avenue. Il comprend, du nord au sud (fig. 104), des communs (A), le harem (B), face au pont qui traverse l'avenue, le palais proprement dit (C), puis des entrepôts (D) et la salle de couronnement (E). Les communs regroupent maisons de serviteurs, cours d'accès et magasins, desservis par un couloir qui conduit à deux harems, disposés de part et d'autre d'une cour à laquelle on accède aussi bien par la rue que depuis la grande cour bordée de statues colossales du roi et de la reine qui donne, elle, sur le palais proprement dit. Le harem du nord est organisé comme une maison traditionnelle : autour d'un jardin agrémenté d'une pièce d'eau et bordé de deux fois quinze pièces à décor nilotique évoquant la faune et la flore des marais du Delta. Une cour le sépare des logements des servantes au nord. Au sud, de petits appartements encadrent un hall central, auquel on accède depuis le jardin par une salle hypostyle. De l'autre côté de la voie de passage, le harem du sud présente une disposition semblable, mais orientée perpendiculairement. Chacun de ces deux ensembles est caractéristique de la maison privée, repliée sur elle-même et à l'écart des voies de passage afin de préserver l'intimité de ses occupants. La partie la plus au sud du palais est constituée de plusieurs hypostyles, dont la plus grande donne accès à la salle du trône. Perpendiculairement à cette série de bâtiments et dans l'axe du pont qui traverse l'avenue est implanté le palais proprement dit. C'est en réalité un point de passage entre la grande cour et la salle du trône, entre le fleuve et la résidence de l'autre côté de la rue. Au centre, une cour assure la distribution par un pavillon d'accueil au nord et des rampes sur les autres côtés, qui mènent à deux cours symétriques du côté du fleuve et, du côté de la résidence, à un hall central au sud. Celui-ci donne accès à deux salles à péristyle parallèles aux cours, au centre desquelles devait se trouver soit une statue du roi, soit un autel. Il dessert également la salle du trône au sud. En traversant le pont, le roi pouvait accéder à sa résidence en passant devant l'appartement du concierge. La disposition est un peu différente de celles du harem, mais procède du même esprit. Au centre, un jardin donne accès, à l'est, aux magasins et, au sud, aux corps d'habitation. Celui des serviteurs est séparé de celui des maîtres, avec lequel il ne communique que par une porte de service. Les appartements royaux (B) ne communiquent pas avec les pièces de réception (A). Ils comprennent un vestibule et une grande salle, dont le plafond est soutenu par des colonnes. Cette salle communique avec la chapelle familiale (C) et les appartements Fig. 104 Plan général du « grand palais » d'Amarna. Fig. 105 . Plan du palais proprement dit. Fig. 106 . Détail du harem. Ci-dessus : Fig. 107. Plan de la résidence. Ci-contre : Fig. 108. Le domaine royal tel qu'il est représenté dans la tombe de Mérirê II. Ci-dessus : Fig. 109. Le village des artisans à l'est de la ville. Ci-contre : Fig. 110. (à gauche). Plan et élévation du grand temple d'Amarna. Fig. 111. (à droite). Le grand temple d'Amarna d'après les tombes voisines. privés (D). Les appartements des princesses (E) sont à l'écart. On pourrait multiplier les exemples de ces résidences, à commencer par celle du palais du nord, dont la disposition autour d'une pièce d'eau agrémentée de volières et d'enclos est une « transposition architectonique de l'hymne à Aton » (Michalowksi : 1968, 521). Toutes offrent le même luxe confortable, qui s'oppose à la sévère ordonnance du village des artisans (fig. 109). Les maisons, strictement rangées, sont desservies par cinq rues orientées nord-sud. Le village est complètement enclos, de sorte que l'on n'y accède que par une seule porte gardée. Tout de suite à droite de l'entrée, une maison plus grande que les autres appartient probablement au responsable de la communauté. La maison type comporte quatre pièces : une antichambre, suivie d'une salle de réception, une cuisine et une chambre à coucher. Éventuellement, un escalier donne accès à une terrasse. Le temple (fig. 110), enfin, a plus à voir avec les temples solaires de la Ve dynastie qu'avec le temple classique. A celui-ci, pourtant, il emprunte l'entrée en forme de pylône constitué de deux môles de maçonnerie représentant l'horizon où apparaît le soleil. Mais le linteau qui réunit normalement ces deux môles de façon à former une porte est ici brisé. De même, le temple, au lieu d'être un passage progressif de la lumière du jour au mystère du sanctuaire, n'est qu'une enfilade de cours à ciel ouvert : Le temple a été entièrement rasé après l'abandon du site, mais on a pu en reconstituer le plan grâce aux tranchées de fondations, sur le plâtre desquelles était reporté un tracé au noir. Le pylône franchi, un second pylône conduit au Per-hai, un pavillon, qui permet d'accéder à la première d'une série de six cours, dont les deux dernières constituent le sanctuaire proprement dit, le Gematon. Les quatre premières sont organisées sur le même principe : deux travées, en contrebas d'une rampe axiale ascendante vers l'est, sont occupées par des rangées d'autels. La cinquième cour est bordée de chapelles rayonnantes et contient probablement l'autel principal. La revanche d'Amon Le retour à l'orthodoxie amonienne se fait probablement sous l'influence du Divin Père Ay qui guide les pas du jeune Toutankhaton. Celui-ci prend un édit de restauration des cultes qui décrit longuement l'état misérable auquel les errements d'Amenhotep IV ont réduit le pays. Cet édit est affiché dans le temple d'Amon-Rê de Karnak, au pied du IIIe pylône (Urk. IV 2025-2032). Les mesures qu'il annonce reviennent à un retour à la situation qui précédait la montée sur le trône d'Amenhotep IV. Il commence lui-même par changer son nom de Toutankhaton, « Image vivante d'Aton », en Toutankhamon, « Image vivante d'Amon ». Il se fait aménager une tombe à proximité de celle d'Amenhotep III et fait commencer les travaux pour un temple funéraire à Medinet Habou, dont subsistera seule une statue colossale du roi... qu'Horemheb usurpera. Il construit dans le temple de Karnak et termine à Soleb le pendant du lion de granit d'Amenhotep III. Mais il n'aura pas le temps de le mettre en place : il meurt, après neuf années, à environ dix-neuf ans. L'examen de sa momie a révélé une blessure dans la région de l'oreille gauche qui a fait croire qu'il est peut-être mort d'une hémorragie cérébrale. Quoi qu'il en soit, il disparaît prématurément, sans avoir eu d'enfants de son épouse Ankhesenamon. Les deux fœtus retrouvés dans sa tombe sont-ils des enfants mort-nés accompagnant leur père dans l'au-delà ? Les hypothèses les plus hasardées ont été avancées autour de ce jeune roi auquel les circonstances tragiques de l'époque ont incité certains à prêter un destin romantique que semblait confirmer l'état de sa tombe (VdR 62). La découverte sensationnelle de celle-ci par H. Carter frappa encore plus les imaginations, lorsque les égyptologues apprirent au public que ce qui lui paraissait un trésor d'un luxe inouï n'était en réalité qu'un bric-à-brac hâtivement constitué en partie des dépouilles de ses deux prédécesseurs pour ensevelir un roitelet sans pouvoir qu'il voyait flânant dans un jardin merveilleux en compagnie de sa jeune épouse. Avec lui s'éteint la lignée d'Ahmosis. Sa veuve supplie le roi hittite Suppiluliuma de lui envoyer un de ses fils pour l'épouser et en faire le pharaon d'Égypte. Il accepte et fait partir le prince Zannanzach... qui n'arrivera jamais. L'union des empires hittite et égyptien ne se fera pas. Ankhesenamon épouse peut-être le vizir de son défunt mari, Ay, que l'on voit dans la tombe de Toutankhamon pratiquer sur la momie du roi le rite de l'ouverture de la bouche, qui incombe traditionnellement au fils, donc à l'héritier. Ce mariage reste hypothétique, dans la mesure où l'on perd la trace d'Ankhesenamon après la mort de Toutankhamon et où Ay se fait représenter dans sa tombe en compagnie de son épouse Tiy II. Lui-même ne règne que pendant quatre ans, ce qui lui laisse le temps de construire à Karnak et Louxor, de consacrer un temple rupestre à Min à Akhmîm et de s'aménager à Medinet Habou un temple funéraire incluant un palais qui sera repris et augmenté par Horemheb. Il est enterré dans la Vallée des Rois, à proximité d'Amenhotep III, dans une tombe (TT 23) sans doute prévue pour un autre que lui. Même si la damnatio memoriae du pharaon hérétique bat son plein depuis le retour à l'orthodoxie, on ne peut pas dire que l'épisode amarmien soit terminé avec Ay. Certes, l'ancien chef des écuries n'appartient pas à la lignée d'Ahmosis, mais sa famille y est trop liée pour que l'on puisse considérer son règne comme une vraie coupure. Il fallait un homme neuf pour tourner définitivement la page. C'est, comme bien souvent dans ce genre de situation, un militaire, le commandant en chef de l'armée, Horemheb, qui s'en charge. Ce soldat, qu'il ne faut pas confondre avec le commandant en chef des troupes d'Amenhotep IV, Paatonemheb, commence sa carrière politique sous Toutankhamon, aux côtés duquel il s'est fait représenter dans sa tombe memphite. Il joue alors le rôle de porte-parole du roi en matière de politique extérieure. C'est lui qui mène une campagne diplomatique auprès des gouverneurs nubiens, dont le résultat est la visite que fit le prince de Miam (Aniba) à la Cour de Toutankhamon — visite relatée dans la tombe du vice-roi Houy. C'est toujours lui qui entreprend une campagne de « démonstration » en Palestine aux côtés de Toutankhamon. On sait en effet selon les sources en cunéiformes que les Hittites avaient fait un raid contre Amqa, entre le Liban et l'Antiliban, ce qui constituait une violation du territoire sous domination égyptienne. En représailles, les Égyptiens s'emparent de Qadech et soulèvent Nougès, reprenant ainsi le contrôle de la région pour quelques années, jusqu'à ce que les Hittites reprennent à nouveau Qadech et Amqa à la suite de l'assassinat de Zannanzach. Lors de cette attaque, Suppiluliuma emmène prisonniers les Égyptiens présents dans Amqa. Malheureusement pour lui, il y avait parmi eux des pestiférés à cause desquels la peste devint endémique quelques années plus tard dans le royaume hittite... ce que l'on ne manqua pas d'interpréter comme un signe de la colère des dieux contre ceux qui avaient osé rompre la paix. Aussi, lorsqu'il prit le pouvoir après les événements que nous avons évoqués plus haut, Mursili II rendit-il Amqa aux Égyptiens en expiation du sacrilège. Pendant tout le règne d'Horemheb, la frontière resta fixée approximativement à la hauteur du Liban. Horemheb est avant tout le restaurateur de l'ordre établi, comme l'indique sa titulature-programme. Il est l'Horus « Taureau puissant aux décisions avisées ». Le verbe employé, seped, est un terme technique qui décrit la mise en ordre et que d'autres législateurs comme Amasis réutiliseront. Son nom d'Horus d'Or va dans le même sens : « Celui qui se satisfait de Maât et fait croître les Deux Terres. » Là encore, le verbe herou, que je traduis par « satisfaire », a un sens juridique précis lié à l'application de la loi. La restauration de l'ordre passe par la reconstruction. Ce second volet est évoqué par son nom de nebty, « Aux nombreux miracles dans Karnak ». Il est en effet un grand constructeur : à Medinet Habou où il agrandit pour lui-même le temple funéraire d'Ay, mais aussi au Gebel el-Silsile, avec un spéos sur la rive droite et au Gebel Adda où il consacre un autre spéos à Amon et Thot. Il confirme l'importance de Memphis en faisant élever des édifices dans l'enceinte du temple de Ptah et dans celui d'Héliopolis. Mais c'est à Karnak qu'il donne toute sa mesure, comme il a voulu lui-même le souligner dans son nom. Il commence la salle hypostyle et élève trois pylônes : le deuxième, qui ferme la salle hypostyle à l'ouest, et, dans l'axe nord-sud du temple, les IXe et Xe, qu'il bourre avec les talatates provenant de la destruction du temple atonien de l'Est. Au pied du Xe pylône, qu'il relie par une allée de criosphinx au temple de Mout, il fait élever une stèle portant le texte d'un décret qu'il prend pour remettre en ordre le pays. Il y fixe des dispositions contre les abus dus à la centralisation mise en place par Amenhotep IV et que l'édit de Toutankhamon n'avait pas suffi à réprimer : dénis de justice et corruption avaient survécu au système amarnien. Il met pour cela en place des juges et des tribunaux régionaux et réintroduit les instances religieuses locales. Le pouvoir juridique est réparti entre la Haute et la Basse-Égypte : entre le vizir de Thèbes et celui de Memphis. La dualité du pays se retrouve également dans l'armée, dont les cadres sont refondus et répartis en deux circonscriptions militaires : l'une au nord, l'autre au sud. Il se fait enterrer, après vingt-sept ans de règne, non pas dans la tombe qu'il s'était aménagée à Memphis du temps où la Cour de Toutankhamon y séjournait, mais à Thèbes, dans la Vallée des Rois. Sa tombe (VdR 57) conserve le souvenir de l'époque amarnienne par la mode des costumes et un certain style. Elle innove aussi sur le plan technique avec l'emploi du relief dans le creux, qui se substitue à la peinture sur plâtre ou enduit. Elle apporte aussi de nouveaux thèmes : elle contient le premier exemplaire du Livre des Portes, l'un des grands « livres » funéraires royaux de l'époque ramesside. Sans doute a-t-elle été commencée tardivement, car la décoration en est inachevée. Horemheb n'ayant pas d'héritier mâle, qui lui ait survécu en tout cas, transmet le pouvoir à un autre militaire, un général originaire du Delta qui va fonder une nouvelle dynastie, celle des Ramsès. CHAPITRE XI Les Ramessides L'origine de la dynastie La famille de Ramsès Ier n'est pas de sang royal. C'est une lignée de militaires originaires du Delta oriental, probablement de la région de Qantir. Le roi lui-même est un ancien officier, qui fut vizir avant d'être roi sous le nom de Paramessou ou Ramessou. On peut supposer que, devant la puissance politique qu'il représentait, Horemheb a choisi de l'associer au trône avant de mourir. Ramsès a épousé une fille de militaire également, Satrê, qui lui donne un fils, le futur Séthi Ier. Il affirme par son nom d'Horus d'Or sa volonté de continuer l'œuvre d'Horemheb : il est « Celui qui confirme Maât à travers les Deux Terres ». En même temps, il consacre la nouvelle orientation politique du pays en choisissant un nom de couronnement qui souligne la relation privilégiée avec Rê qu'exprime déjà son prénom, Ramessou, «Rê l'a mis au monde » : Menpehtyrê, « Stable est la puissance de Rê ». Il va même plus loin, et affirme le primat de la théologie héliopolitaine en se plaçant sous l'invocation d'Atoum dans son nom de nebty : « Celui qui a été couronné roi, l'élu d'Atoum ». La conséquence la plus importante de la révolution amarnienne est, en effet, que le pouvoir ne se réfère plus à Thèbes, mais à Memphis, et ce autant pour y retrouver les racines de la théocratie que pour éviter de donner à nouveau au clergé thébain un poids qui ne pourrait conduire qu'à un nouvel affrontement. Cela n'empêche pas Ramsès Ier, dans les deux courtes années que dure son règne, de participer au programme décoratif de Karnak, bien qu'il consacre plutôt ses efforts à Abydos, avec une chapelle et un petit temple que son fils achèvera. La brièveté de son règne empêche d'évaluer correctement les conséquences immédiates de cette politique. Mais on a l'impression, à considérer la tombe qu'il s'est fait construire dans la Vallée des Rois (VdR 16), d'un retour en arrière. Si la seule décoration en est le Livre des Portes, sur le modèle d'Horemheb, le mobilier funéraire (BM 854 et 883) est, lui, plus proche du début de la XVIIIe dynastie que du style qu'illustrera son fils. Fig. 112 Arbre généalogique simplifié de la famille de Ramsès II. Lorsque Séthi Ier lui succède, il est déjà associé au trône, probablement depuis le début du règne de Ramsès Ier, qui lui a fait jouer un rôle proche de celui de vizir et surtout de général en chef chargé de la politique extérieure. Cette association est vraisemblablement née du souci qu'auront tous les Ramsès d'éviter les problèmes successoraux qui ont conduit la XVIIIe dynastie à sa perte. Séthi Ier insiste longuement sur cette association en mettant en avant les rites de piété filiale qu'il accomplit à Abydos pour son père (KRI I 110,11-114,15). Il poursuit également l'œuvre de restauration intérieure, qu'il replace dans un contexte historique légitimant sa propre lignée : il se fait représenter, dans son temple funéraire d'Abydos, en train d'adorer en compagnie de son fils et successeur Ramsès II les cartouches des pharaons qui l'ont précédé. La liste, qui comprend soixante-seize noms, commence à Ménès et s'arrête à Séthi Ier. Elle établit le canon de l'historiographie officielle pour la XVIIIe et le début de la XIXe dynastie, soit, dans l'ordre : Ahmosis, Amenhotep Ier, Thoutmosis Ier, Thoutmosis II, Thoutmosis III, Amenhotep II, Thoutmosis IV, Amenhotep III, Horemheb et Ramsès Ier. On voit que tous les rois d'Amarna ont été gommés, de la même manière que leurs noms ont été effacés des monuments. Mais il y a une autre absente : Hatchepsout qui, malgré tous ses efforts, reste considérée comme une usurpatrice. Cette liste sera reprise telle quelle (en ajoutant au fur et à mesure les nouveaux rois) jusque sous le règne de Ramsès III. Séthi Ier maintient également le lien privilégié qui unit sa famille au Nord : le décret qu'il prend pour le temple de Bouhen en l'an 1 de son règne (KRI I 37,7-39,16) est daté de Memphis. Il possède également un palais à Qantir. Mais il ménage Thèbes, qui reste la capitale. Cette volonté apparaît dans sa titulature : il est l'Horus « Taureau puissant qui vivifie les Deux Terres après avoir été couronné à Thèbes ». Il se concilie toutefois les deux centres religieux en faisant alterner dans les épithètes qui suivent son nom de couronnement, Menmaâtrê, « Souverain de Thèbes » et « Souverain d'Héliopolis », de même qu'il fait suivre son prénom, Séthi, soit de « aimé d'Amon » ou de « aimé de Ptah ». Cette politique d'équilibre se traduit par la promotion du dieu Seth d'Avaris et la construction — ou la reconstruction — à Héliopolis du sanctuaire de Rê, dont témoigne vraisemblablement un modèle votif de ce temple au nom de Séthi Ier provenant de Tell el-Yahoudiyeh. Dans le même temps, il entreprend à Karnak la construction d'une partie de la salle hypostyle, qui sera achevée par Ramsès II, et d'une autre salle hypostyle, en Nubie cette fois : celle du temple du Gebel Barkal, dont la dédicace date de sa 11e année. La grande œuvre de son règne, qui ne dure que quatorze ans, est la politique extérieure. N'a-t-il pas d'ailleurs choisi comme nom de nebty, « Celui au bras fort, qui renouvelle les naissances et repousse les Neuf Arcs»? L'héritage amarnien était lourd, malgré la reprise des activités en Asie sous Horemheb et Ramsès Ier, dont on a retrouvé trace à Be(th-)San près du Jourdain dans le dépôt de fondation du temple que Séthi Ier construisit après sa première campagne militaire. On peut dire que, en gros, toute la Palestine est hostile à l'Égypte, qui ne conserve que les forteresses de Be(th-)San, Reheb et Megiddo. Il prend la route de l'Asie dès sa première année de règne. Il part de Tjel et remonte jusqu'à Raphia. En route, il doit lutter contre les Chosou, probablement basés à Raphia, pour la possession des neuf puits qui jalonnent la piste. Il prend Raphia et Gaza en Canaan. De là, il envoie une colonne vers Be(th-)San et Reheb, qui sont attaqués par une coalition d'Hamath et de Pella, à laquelle des bandes d'Apirou prêtent main forte dans la montagne. Pendant que l'armée de Rê se porte vers Be(th-)San, celle d'Amon marche sur Hamath, et celle de Seth sur Yenoam. Ensuite, les Égyptiens remontent encore vers le nord, prennent Acre et Tyr et s'avancent dans le Liban. Au retour, ils s'emparent de Pella. Séthi Ier profite des acquis de cette campagne pour en organiser une autre l'année suivante, qui le conduit jusqu'à Qadech. La pacification temporaire du pays d'Amourrou lui permet d'organiser une troisième campagne, cette fois-ci contre les Libyens. Mais il faudra une quatrième expédition en Asie pour que l'Égypte parvienne au moins à restaurer son image au Proche-Orient. On a peu de détails sur cette expédition contre les Hittites. Les Égyptiens s'assurent le contrôle de la Syrie. Leur influence s'arrête au sud de Qadech, qui retrouve son rôle traditionnel de ville frontière. Le roi Mouwatalli passe un accord de paix avec son rival. Cet accord ne durera pas, mais il permet à chacun de refaire ses forces. Fig. 113 Les campagnes de Séthi Ier au Proche-Orient. Plus près de l'Égypte, les activités avaient déjà repris sous Ramsès Ier dans les mines de turquoise du Sinaï. Séthi Ier en continue l'exploitation. Il facilite également l'accès aux mines d'or du désert d'Edfou en aménageant, en l'an 9, les puits du Ouadi Mia et du Ouadi Abbad. En Nubie, il poursuit la mise en valeur de celles du Ouadi Allaqi, sans rencontrer d'obstacle, si l'on excepte une campagne de pacification d'Irem attestée par une inscription de Qasr Ibrim. Son hypogée de la Vallée des Rois (VdR 17) est l'un des plus complets du point de vue des livres funéraires et de la décoration, avec, en particulier, un splendide plafond astronomique. Son style, très caractéristique, reste encore assez proche, par la finesse et la sensibilité du modelé, de l'art amarnien. On retrouve ces deux qualités dans le temple funéraire que le roi s'est fait construire à Gourna; mais c'est surtout à Abydos que l'on peut apprécier la subtilité et la grâce de l'art de Séthi Ier, dans son autre temple funéraire et l'Osireion, le tombeau d'Osiris, qu'il a fait édifier à proximité. L'occupation du site remonte au moins à la période nagadienne, et nous avons vu qu'Abydos est depuis toujours l'une des grandes villes saintes de l'Égypte. Fig. 114 . Plan général d'Abydos. Fig. 115 Le temple funéraire de Séthi Ier et l'Osireion. Séthi Ier réunit dans un même enclos à la lisière des terres cultivées au sud-est de la ville le tombeau supposé d'Osiris qu'il reconstruit et son propre temple funéraire. Le temple funéraire affecte la forme d'un L, le sanctuaire proprement dit étant perpendiculaire à l'enfilade des cours et des salles hypostyles. Il est construit en calcaire fin sur des fondations de grès. Un pylône en grès (1) aujourd'hui détruit, œuvre de Ramsès II, donnait accès à une première cour (2), elle aussi détruite. Une rampe axiale menait à travers un portique à la deuxième cour (3), qui constitue l'entrée actuelle du temple. La décoration du portique du fond est de Ramsès II. On le voit en train d'offrir Maât à Osiris et Isis, les dieux locaux, auxquels est associé Séthi Ier. Une longue inscription dédicatoire (KR/II 323-336) raconte comment Ramsès II acheva le temple de son père et évoque l'époque où celui-ci l'associa au trône. Une première salle hypostyle (4) donne accès, à travers une seconde (5), par sept travées parallèles, à sept sanctuaires semblables, qui représentent chacun un caveau au plafond constitué d'une fausse voûte « à encorbellement » (voir p. 144) surbaissée. Tous, sauf celui du centre (V) débouchent sur une fausse-porte associée à une stèle; ils sont également divisés en deux par des pilastres saillants et décorés de trente-six tableaux montrant le culte divin journalier censé s'y dérouler et le mobilier cultuel utilisé, au nombre duquel figure toujours, à une exception près (I), la barque du dieu concerné, dont on lit le nom à l'entrée, au-dessus de chaque porte. Le premier sanctuaire (I) est consacré au culte de Séthi Ier que rend le prêtre-sem, le deuxième (II) à Ptah, le troisième (III) à Rê-Horakhty, le quatrième (IV) à Amon, le sixième (VI) à Isis, et le septième (VII) à Horus. Celui du milieu (V) donne sur un appartement où trois chapelles sont consacrées à Isis, au roi sous forme d'Osiris et à Horus. La partie sud de la seconde hypostyle dessert deux salles consacrées à Ptah-Sokaris et Néfertoum (8) et le Couloir des Annales (9) où se trouve la scène évoquée plus haut montrant Séthi Ier et son fils adorant les cartouches des rois d'Égypte. Perpendiculairement à ce couloir, un corridor (10) débouche sur un escalier conduisant à la terrasse du temple. Le reste des installations comprend notamment une salle dédiée aux barques solaires (11) et une salle des sacrifices (12). Outre la qualité esthétique unique des représentations, ce temple donne une bonne idée du principe du temple funéraire : associer le culte du roi défunt à celui de la famille divine locale de façon à étendre le principe du virement de l'offrande tout en réalisant une assimilation entre le souverain et le dieu de la ville. Le choix d'Abydos est d'autant plus significatif que le dieu local est Osiris : en s'associant à son culte, Séthi Ier assure la pérennité de sa lignée, dont il devient l'initiateur comme Osiris est celui de la descendance d'Horus. C'est la raison pour laquelle il fait (re)construire à l'ouest du temple l'Osireion. Ce monument est la tombe d'Osiris et constitue donc en tant que tel l'archétype de toute sépulture. Un puits de 10 m de profondeur donne accès à un long couloir en briques crues, puis en grès (13), de 112 m, orienté ouest-est. Les parois en sont ornées, à l'ouest du Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès et du Livre des Portes, à l'est du Livre de l'Amdouat. Il débouche sur une antichambre (14), décorée du Livre des Portes, du Livre des Morts et du Livre des Cavernes. Un petit corridor, légèrement en pente et décoré lui aussi du Livre des Morts, donne dans une sorte de narthex, au-delà duquel se trouve le caveau : une salle rectangulaire au toit supporté par dix piliers de granit rose, au centre de laquelle une île est entourée d'eau. Deux cavités y sont creusées pour recevoir, l'une le sarcophage, l'autre les canopes. Une corniche la borde, qui donne sur dix-sept niches rayonnantes. A l'est, une dernière salle (17), au plafond en grès jaune sculpté, contient dans sa partie sud-est un texte dramatique et, dans sa partie nord-ouest, une représentation de Nout soulevée par Chou, des décans, de la course nocturne du soleil, de la construction d'un cadran solaire, et... de la résurrection de Séthi Ier. La tombe ainsi conçue commémore le devenir funéraire propre d'Osiris, dont le corps gonflé de lymphes a été récupéré dans l'eau par Isis. Cette renaissance issue de la fermentation est encore rappelée par les « Osiris végétants » : des graines de céréales mises à germer dans un réceptable rappelant la forme du corps divin. Mais le caveau est aussi, comme le temple, une réduction de l'univers : il est la butte émergeant hors du chaos primordial à partir de laquelle le créateur anime l'univers. Ramsès II et l'affrontement égypto-hittite Ramsès II succède à son père vers 1304 ou 1279-1278, selon la façon dont on interprète la date sothiaque du Papyrus Ebers. C'est certainement le pharaon le plus connu de l'histoire de l'Égypte, celui qui est devenu un symbole de cette civilisation au même titre que les pyramides. Son règne est de loin le plus glorieux... et aussi le mieux connu : en soixante-sept ans d'exercice du pouvoir, il a couvert la vallée du Nil de monuments et laissé dans l'histoire du Proche-Orient une trace ineffaçable. Sa personnalité exceptionnelle s'est imposée dans une époque qui, elle aussi, sortait du commun par l'importance Fig. 116 Les pharaons de la XIXe dynastie et leurs principaux contemporains. des affrontements qu'elle a connus entre les grands empires orientaux. Dès la deuxième année de son règne, Ramsès II doit affronter, non pas encore les Hittites, mais un raid des pirates Chardanes, qu'il défait en combat naval et incorpore à son armée. Les combats ne commencent qu'en l'an 4, par une première campagne de Syrie. Cette campagne conduit les Égyptiens de Tcharou (El-Qantara) au pays de Canaan, puis à Tyr et Byblos. De là ils s'enfoncent vers l'est dans le pays d'Amourrou, surprenant le prince Benteshina, allié des Hittites, qui fait sa soumission. Ils retournent alors en Égypte par la Phénicie. L'année suivante, les Égyptiens repartent de Pi-Ramsès, leur Fig. 117 Le Proche-Orient à l'époque de Ramsès II. Fig. 118 Les guerres de Ramsès II en Syrie. nouvelle capitale située dans le Delta oriental, passent en Canaan et, de là, en Galilée, rejoignent les sources du Jourdain au-delà du lac Huleh et remontent par la vallée de la Beqaa entre le Liban et l'Antiliban vers Koumidi. Ensuite, ils gagnent Qadech, qui est redevenue le lieu d'affrontement entre les deux empires. Il s'y déroule l'une des batailles les plus célèbres de l'histoire du Proche-Orient ancien. Considérée par Ramsès II comme le plus haut fait militaire de son règne, elle est abondamment relatée sur les murs de ses temples : à Abydos, sur le mur extérieur, en trois endroits différents du temple d'Amon-Rê à Karnak (le coin nord-ouest de la cour de la Cachette, la face occidentale du mur ouest de la cour du IXe pylône, et la version palimpseste du mur extérieur sud de la salle hypostyle), deux fois à Louxor (sur le môle nord du pylône et les murs de l'avant-cour), au Ramesseum (sur les deux pylônes), enfin à Abou Simbel, sur le mur nord de la grande salle, sans oublier les versions sur papyri (Raifé, Sallier II, Chester Beatty III, verso). Au total, treize versions au moins, combinant trois modes littéraires (« Poème », « Bulletin » et « Représentations »), font de cette bataille le fait militaire égyptien le mieux documenté. Représentations et textes se combinent pour retracer cette épopée qui devient, en quelque sorte, l'archétype de la victoire égyptienne sur les pays étrangers confirmant la domination de pharaon sur l'univers. Cet ensemble reste, à travers sa phraséologie, que l'on peut tempérer grâce à une unique version akkadienne, un étonnant témoignage historique, dont voici quelques extraits : « Or donc Sa Majesté avait mis sur pied de guerre son infanterie, sa charrerie et les Chardanes que Sa Majesté avait pris et ramenés de ses campagnes victorieuses. Ils avaient reçu tout leur équipement ainsi que les consignes de combat. « Sa Majesté se mit en marche vers le nord avec son infanterie et sa charrerie, et, après un départ sans encombre le neuvième jour du deuxième mois de l'été de l'an 5, Sa Majesté passa la forteresse de Silé, fort comme Montou quand il s'avance. Tous les pays de trembler devant lui et leurs chefs d'apporter leurs tributs : tous les rebelles courbent l'échine par crainte de l'autorité de Sa Majesté ! Ses troupes marchent sur les pistes comme s'ils étaient sur les routes d'Égypte (...) » (KRI II 11,1-13,15). Les Égyptiens arrivent à proximité de Qadech : « Or le vil Hittite y était venu, après avoir réuni en fédération avec lui tous les pays jusqu'à la mer : le pays hittite était venu tout entier, et également le Naharina, celui d'Arzawa et des Dardaniens, celui de Kechkech, ceux de Masa, ceux de Pidasa, celui d'Irouna, celui de Karkisa, Lukka, Kizzuwatna, Karkémish, Ougarit, Kedy, le pays de Nougès tout entier, Mouchanet et Qadech (...). Ils couvraient monts et vallées, telle une multitude de sauterelles. Il n'avait rien épargné de l'argent de son pays et s'était dépouillé de tous ses biens pour les donner à ces pays, afin qu'ils l'accompagnent à la guerre. » (KR/ II 16,1-20,10). Fig. 119 Bataille de Qadech : mouvements des troupes. L'armée hittite, embusquée derrière Qadech, laisse passer la première division égyptienne, puis fond sur la deuxième, pendant que la troisième traverse le gué de Chabtouna : « Ils firent alors une sortie au sud de Qadech, prenant de plein fouet l'armée de Pré qui s'avançait sans se douter de rien et n'étant pas sur ses gardes. Alors, l'infanterie et la charrerie de Sa Majesté plièrent devant eux. Sa Majesté, Elle, stationnait au nord de la ville de Qadech, sur la rive orientale de l'Oronte. On vint rapporter l'événement à Sa Majesté. Sa Majesté jaillit comme Son père Montou. Elle prit Ses armes de combat, enfila Sa cotte de mailles : c'était Baal en action ! Le grand cheval qui portait Sa Majesté, c'était Victoire-dans-Thèbes de la grande écurie d'Ousirmaâtrê-l'Élu de Rê, l'Aimé d'Amon. » (KRI II 26,7-29,16). Fig. 120 L'attaque hittite et la riposte de Ramsès II. « Sa Majesté piqua des deux et fonça dans l'ost du vil Hittite, toute Seule, sans personne avec Elle ! Sa Majesté s'avança pour jeter un coup d'œil autour d'Elle et Se vit entourée de deux mille cinq cents chars qui convergeaient vers Elle et de tous les éclaireurs du vil Hittite et des nombreux pays qui l'accompagnaient ( ... ). » (KRI II 30,1-31,15). Abandonné de ses hommes, le roi se tourne vers Amon : « Je t'appelle, mon père Amon. Je suis au milieu d'une foule inconnue. Tous les pays étrangers se sont ligués contre moi, et je me retrouve seul, sans personne. Mes nombreuses troupes m'ont abandonné, et nul dans ma charrerie n'a souci de moi. J'ai beau crier vers eux, aucun d'eux n'entend mes appels. Je sais qu'Amon me sera d'un plus grand secours que des millions de fantassins, des centaines de milliers de chars, dix mille frères et enfants, unis dans un même élan (...). Voilà que j'étais en prières au fin fond des pays étrangers ; et ma voix fut entendue dans l'Héliopolis du Sud. Je m'aperçus qu'Amon répondait à mon appel : il me tendit la main, et je m'en réjouis. Il me parla par-derrière, comme s'il avait été tout près : " Courage ! Je suis avec toi : Je suis ton père et je te prête main forte. Je vaux mieux que cent mille hommes : je suis le maître de la victoire et j'aime la vaillance ! ". » (KRI II 39,13-44,5). Galvanisé par la présence du dieu, le roi taille en pièces les ennemis et fustige la lâcheté de ses troupes. Fig. 121 . La victoire. Mouwatalli envoie le lendemain à Ramsès II une demande d'armistice : « Ton humble serviteur proclame hautement que tu es le fils de Rê, issu physiquement de lui et à qui il a remis tous les pays réunis. Pour ce qui est du pays d'Égypte et du pays hittite, ce sont tes serviteurs ; ils sont à tes pieds : c'est ton père, le divin Rê, qui te les a donnés. N'use pas de ton pouvoir sur nous ! Oui, ton autorité est grande et ta force pèse lourdement sur le pays hittite. Mais est-il bon que tu tues tes serviteurs, le visage terrible contre eux, sans merci ? Regarde : hier, tu as passé la journée à tuer cent mille hommes, et aujourd'hui tu es revenu et n'épargnes pas d'héritiers. Ne pousse pas trop ton avantage, roi victorieux! La paix est meilleure que la guerre. Donne-nous le souffle de vie ! » (KRI II 92,6-95,11). Ramsès II se retire après une victoire qui n'en est pas une : il a seulement sauvé son armée et, à peine a-t-il le dos tourné que Mouwatalli destitue le prince d'Amourrou Benteshina, qu'il remplace par Chapili, mettant fin à l'existence de la province d'Oupi. Il crée un véritable glacis anti-égyptien en Syrie. Pendant ce temps-là, la situation évolue entre les Hittites et l'Assyrie : Adad-Nirari Ier soumet le Hanilgalbat, c'est-à-dire le cœur du Mitanni entre le Tigre et l'Euphrate, qui était passé du côté de Mouwatalli. Mais à chacun son « second front » : Ramsès II doit faire face à l'ouest à des incursions libyennes qui le contraignent à édifier une chaîne de forteresses de Rakotis à Mersa Matrouh pour contrôler les déplacements des nomades. Lorsqu'il se tourne à nouveau vers la Syrie, en l'an 7, il doit tenir compte de nouveaux royaumes qui évoluent dans la mouvance hittite, celui de Moab et Edom-Seir, en plus des bandes de Chosou qui font de fréquentes incursions en Canaan. Pour en venir à bout, il adopte un mouvement en tenaille en séparant son armée en deux. Un corps, commandé par son fils Amonherkhépechef, chasse les Chosou à travers le Néguev jusqu'à la mer Morte, prend Edom-Seir, puis avance en Moab jusqu'à Raba Batora. Dans le même temps, Ramsès II marche sur Jérusalem et Jéricho, entre en Moab par le nord, prend Dibon et fait sa jonction avec Amonherkhépechef. Les deux armées marchent ensemble sur Hesbon et Damas à travers l'Ammon et s'emparent de Koumidi : les Égyptiens ont repris la province d'Oupi. En l'an 8-9, les Égyptiens confortent leurs positions par une nouvelle campagne syrienne. Ils franchissent les monts de Galilée et occupent Acre. De là, ils remontent vers le nord le long de la côte, s'assurant au passage de Tyr, Sidon, Byblos, Irqata et Simyra, au nord du Nahr el-Kelb. Ils poussent jusqu'à Dapour, dans laquelle sera élevée une statue de Ramsès II, et atteignent Tounip, où l'on n'avait pas vu un Égyptien depuis cent vingt ans ! Ramsès II a ainsi coupé Qadech et Amourrou du Nord, profitant des difficultés grandissantes qui font perdre du terrain aux Hittites tant en Syrie, où Benteshina reprend le pouvoir à la faveur de l'avancée égyptienne, qu'en Naharina. En effet, Salmanazar Ier est monté sur le trône d'Assyrie, et il réduit définitivement Hanilgalbat. L'empire hittite, menacé à l'extérieur, ne l'est pas moins à l'intérieur. Une crise dynastique vient en effet de s'ouvrir à la mort de Mouwatalli : un bâtard, Urhi-Teshub, prend sa succession sous le nom de Mursili III, spoliant son oncle Hattusili qu'il exile à Hapkis et laissant au roi de Karkémish le soin d'affronter les Égyptiens. Voulant reprendre Hapkis à son oncle, il se fait battre. Hattusili III récupère son trône et exile son neveu en Syrie du Nord où celui-ci tente de nouer des contacts avec la Babylonie, alors en lutte ouverte avec l'Assyrie et l'Élam. Hattusili III éloigne encore ce neveu encombrant, peut-être à Chypre, et tente à son tour un rapprochement avec la Babylonie en essayant d'obtenir la paix avec Salmanazar. C'est le tournant des relations égypto-hittites. En l'an 18 de Ramsès II, Urhi-Teshub se réfugie en Égypte. Hattusili III demande son extradition. Ramsès II met l'armée en alerte et fait une campagne en Édom et Moab pour mater la rébellion des princes locaux et rentre en Égypte par Canaan. Trois ans plus tard, il signe avec Hattusili III le premier traité d'État à État de l'Histoire, dont un double était conservé dans les deux capitales, transcrit dans la langue de chacun des deux empires. Le hasard a voulu que ces versions parallèles soient conservées de part et d'autre. La version égyptienne est la copie du texte original qui avait été gravé sur une tablette d'argent. Elle est reportée sur deux stèles, l'une à Karnak, l'autre au Ramesseum (KRI II 225-232). Ce traité, qui comporte des clauses d'extradition pour les opposants politiques, fonde une paix durable, puisque tout au long du règne de Ramsès II, les deux pays ne s'affronteront plus. Des relations personnelles se nouent entre les deux familles régnantes, que l'on peut suivre à travers vingt-six lettres adressées à Hattusili III et treize à son épouse Puduhepa. Les membres de chaque famille échangent correspondance et présents. Ramsès II épouse même deux princesses hittites : la première après sa deuxième fête-sed, en l'an 33 de son règne. Il part à sa rencontre en un grand cortège pacifique qui rejoint son homologue hittite à Damas, où les deux armées fraternisent. L'événement est commémoré par une stèle dont des copies sont affichées à Abou Simbel, Éléphantine, Karnak, Amara-ouest et Akcha. Le prince héritier hittite, le futur Tudhaliya IV, visite l'Égypte en l'an 36, suivi peut-être par son père Hattusili III en l'an 40. Quatre ans plus tard, Ramsès II épouse une deuxième princesse hittite, et les relations pacifiques se poursuivront sous les règnes de Tudhaliya IV et Arnuwanda III. La tradition a d'ailleurs gardé le souvenir de ces échanges amicaux entre les deux pays, qui sont évoqués à l'époque ptolémaïque dans un texte apocryphe relatant l'envoi d'une statue guérisseuse du dieu Chonsou à la princesse de Bakhtan par le roi d'Égypte (Louvre C 284). L'Exode Le règne de Ramsès II est aussi une date possible pour l'Exode. Nous avons évoqué plus haut les Apirou et leur apparition dans la documentation égyptienne à l'époque de Thoutmosis III. Leur présence en Égypte est bien attestée sous Ramsès II : ils sont employés au transport des pierres pour un temple nommé dans le Papyrus de Leyde 348; ils apparaissent aussi dans le Papyrus Harris I, et l'on sait que certains d'entre eux, huit cents d'après une inscription, travaillaient aux carrières de pierres du Ouadi Hammamat sous Ramsès IV. Sous Ramsès II, ils sont également briquetiers, et quelques Apirou sont mentionnés à proximité du harem royal de Miour (Medinet el-Gourob) dans le Fayoum. Aucune révolte n'est signalée nulle part. Au contraire : la principale communauté connue, qui est celle des artisans du pays de Madian (aujourd'hui Eilath), est libre et commerce avec l'Égypte. Les fouilles d'Eilath ont montré l'existence d'un temple local consacré à Hathor à côté des cultes indigènes. Aucune source égyptienne ne décrit non plus l'Exode, ce qui n'a rien d'étonnant : les Egyptiens n'avaient aucune raison d'y attacher la même importance que les Hébreux. Le seul document sur lequel on se fonde pour parler d'un royaume d'Israël naissant est une stèle datant de l'an V de Mineptah, sur laquelle apparaît le nom d'Israël (KRI IV 12,7-19,11). Or on possède deux points de repère : le séjour du Peuple Élu dans le désert, qui a duré quarante ans - soit au moins une génération —, et la prise de Jéricho, qui intervient après la mort de Moïse. Ce dernier événement donne 1250 comme terminus ante quem et renvoie donc au début du XIIIe siècle. L'histoire pourrait alors être reconstituée à peu près ainsi (Paris : 1976, XLIII sq., d'après H. Cazelles) : Moïse aurait reçu l'éducation égyptienne dont parle la Bible (Act VII, 22), de façon à représenter sa communauté face à l'administration. On pourrait même comprendre que son éducation « à la Cour » (Ex II, 10-11) ne désignerait pas forcément une familiarité avec l'entourage de pharaon — qui serait Horemheb —, mais voudrait plus simplement dire qu'il a bénéficié de l'enseignement d'État destiné aux futurs fonctionnaires. Il est de retour parmi les siens sous Séthi Ier : au moment où sont entrepris des fortifications dans le Delta oriental et les travaux de la future Pi-Ramsès. Le meurtre du surveillant, la fuite au pays de Madian, le mariage de Moïse et les épisodes de la Révélation et du Buisson Ardent jusqu'au retour en Égypte nous conduisent aux premières années de Ramsès II. Le refus du roi de laisser les Hébreux partir en retraite dans le désert est alors compréhensible, la zone étant, surtout entre l'an 2 et l'an 8 de son règne, particulièrement peu sûre. D'autres éléments plaident pour le règne de Ramsès II : la localisation de la capitale, la mort des héritiers du roi, qui est dans une certaine mesure le reflet de la réalité historique, etc. Quoi qu'il en soit, tout le monde ou presque s'accorde aujourd'hui pour situer l'Exode au plus tard sous le règne de Mineptah qui, pour certains, serait mort en poursuivant les Hébreux (Bucaille : 1987, 147-151). Fig. 122 Itinéraire possible de l'Exode (d'après Ramsès le Grand, Paris, 1976, pl. XLIV). Fig. 123 Principaux sites de la Nubie à l'époque de Ramsès II. L'Empire Dans le Sud, rien ne vient troubler la paix, sauf une révolte d'Irem en l'an 20, durement réprimée, puisque le roi en ramena 7 000 prisonniers, et un raid que le vice-roi Sétaou dut mener contre les Tjéméhou, les Libyens de la Marmarique, en l'an 44. La domination égyptienne s'étend sur toute la Nubie, dont les mines d'or alimentent le Trésor. Ramsès II asseoit son pouvoir en développant les installations existantes et en faisant construire plus de sept temples entre la Première et la Deuxième Cataracte, que les efforts de la communauté internationale ont sauvés de la montée des eaux du lac Nasser après la Seconde Guerre mondiale. À Beit el-Wali, à 50 km au sud d'Assouan, il fait creuser au début de son règne un spéos comprenant une avant-salle, une salle à deux colonnes et un sanctuaire consacré à Amon-Rê et aux divinités locales. Ce temple, aujourd'hui reconstruit à côté de celui de Kalabcha, contient bon nombre de scènes militaires. Le roi fait aménager en l'an 30 un autre spéos à Derr, sur la rive orientale du fleuve. Ce temple, « La maison de Ramsès-Miamoun dans la maison de Rê », est consacré à Rê « Maître du ciel » et à Amon-Rê de Karnak. Il est plus développé que celui de Beit el-Wali : deux hypostyles en enfilade, probablement précédées d'une cour et d'un pylône, donnent accès à un triple sanctuaire. On y célébrait un culte des statues de Ramsès II associées à Rê-Horakhty et Ptah. Quinze ans plus tard il consacre un autre temple à Gerf Hussein, sur la rive occidentale : la « Maison de Ptah », construite par le vice-roi Sétaou. C'est un hémispéos, dans lequel on adore Ptah, Ptah-Tatenen et Hathor, associés à Ramsès « le Grand Dieu » : une allée de sphinx criocéphales conduit à un pylône qui donne accès à une cour à péristyle contenant des colosses osiriaques. La face occidentale de cette cour constitue un second pylône qui est sculpté dans la façade de la montagne. On le franchit pour accéder au sanctuaire proprement dit qui est précédé d'une salle à colosses osiriaques. C'est là le plan des temples d'Abou Simbel qui sont construits entre l'an 24 et l'an 31 et consacrés, le grand au roi associé Amon-Rê, Ptah et Horakhty, le petit à la reine Néfertari associée à Hathor. À Ouadi es-Séboua, Ramsès II restaure le temple construit par Amenhotep III qui avait été endommagé par les persécutions atoniennes et construit un autre temple, consacré à Rê et à lui-même divinisé. En réalité, il s'agit d'un culte de son « image vivante en Nubie », qu'il installe également à Akcha, en l'associant à celui d'Amon et de Rê. Ce culte a un parallèle en Égypte dans celui des statues du roi qui étaient disposées en avant des temples et étaient l'objet d'une adoration selon un rituel propre, avec des installations particulières. Il ne s'agissait pas réellement d'une divinisation du roi, mais de son adoration en tant qu'hypostase divine : le culte ne s'adressait pas à un individu, mais à la manifestation de la divinité qu'il représentait. Le principe en est dérivé de celui que nous avons évoqué à propos de la « Demeure des Millions d'Années » : il crée une solidarité mutuelle entre le dieu et le roi qui consolide leur statut réciproque. Ramsès II construit également à Amara-ouest, qui est un endroit stratégique, puisque c'est là que débouche la route de Sélima qui permet la jonction entre le Soudan et Dounkoul. Il termine la construction de la ville fondée par Séthi Ier, « la Maison de Ramsès-Miamon », qui sera à la XXe dynastie le siège du gouvernorat de Kouch. Au nord-est de la ville, il fait édifier un temple orienté nord-sud et consacré à Amon-Rê et aux dieux de la Cataracte, auxquels il est lui-même associé. Sur les murs de la salle hypostyle, on retrouve, parmi les représentations traditionnelles de pays soumis à l'Égypte, une liste de nations vaincues qui est reprise telle quelle du temple d'Amenhotep III à Soleb et dont une bonne partie ne correspond plus aux réalités de l'époque. Le fait que le roi ait eu recours dans ce temple à un procédé qui est de même nature que l'envoûtement exécratoire que nous avons évoqué à propos des figurines de l'Ancien et du Moyen Empire puisqu'il revient à établir de façon archétypale un pouvoir non limité dans le temps, laisse à penser qu'Amara-ouest constituait alors la limite méridionale de l'empire égyptien, son limes africain, si l'on peut risquer un tel anachronisme. L'extension de l' « Empire » égyptien de la Cinquième Cataracte à la Syrie du Nord a certainement été l'une des raisons profondes de l'abandon de Thèbes comme capitale, trop excentrée par rapport aux nécessités de la politique extérieure, au profit d'un site du Delta oriental, plus proche des voisins asiatiques et des origines de la famille royale. Paradoxalement, l'emplacement de cette capitale est connu avec certitude depuis moins de vingt ans. On l'a cherchée à Tanis, Péluse, Silé, etc, jusqu'à ce que M. Hamza découvre, dans les années trente, un palais ramesside à Qantir et que L. Habachi propose d'y voir la capitale de Ramsès II. Les recherches menées depuis plus de dix ans par l'Institut Archéologique Allemand du Caire sous la direction de M. Bietak ont montré que Pi-Ramsès était en réalité à Tell ed-Dabâ, à proximité de Faqous, c'est-à-dire sur le site de l'ancienne Avaris, et que la Stèle de l'An 400 que nous évoquions plus haut commémorait la reprise du site probablement à la fin du règne d'Horemheb, puisqu'on y a retrouvé des éléments d'architecture à son nom. Fig. 124 Le site de Pi-Ramsès (d'après M. Bietak, LÄ V 138). Séthi Ier y construit un palais, dont on a retrouvé quelques vestiges, mais c'est Ramsès II qui décide d'en faire sa capitale et entreprend la construction de la ville proprement dite. Le rôle international de Pi-Ramsès est confirmé par la réception qui y est faite, en l'an 21, de l'ambassade de paix hittite. Il y a plus qu'un souci diplomatique dans ce choix qui permet au roi de prendre quelque distance avec Thèbes en renforçant les liens qui unissent la royauté à Héliopolis et Memphis. Pi-Ramsès restera la capitale jusqu'à la fin de l'époque ramesside, et presque tous les pharaons, à l'image de Ramsès II lui-même, y ajouteront des constructions. Le site sera abandonné au profit de Tanis à la XXIIe dynastie, sans doute à cause d'un déplacement de la branche pélusiaque du Nil, et servira de carrière de pierres pour la construction de la nouvelle capitale. Les temples d'Égypte Ramsès II fait disparaître les dernières traces de l'épisode amarnien en laissant démolir Akhetaton pour reconstruire et agrandir la ville d'Hermopolis, sur la rive opposée. Il se fait également construire, sur la rive ouest de Thèbes un temple funéraire, la « Demeure des Millions d'Années unie à Thèbes », le « tombeau D'Osymandyas » de Diodore, qui servira de modèle à Ramsès III pour son temple de Medinet Habou (fig. 126). Ramsès II aligne son temple sur le sanctuaire qu'avait fait édifier Séthi Ier et dont il développe le plan : une cour donnant accès par une rampe (2) et un portique à une cour à péristyle (3) débouchant sur deux hypostyles (4), derrière lesquelles se trouvent les salles de culte (5). Un pylône (6) permet d'entrer dans la première cour (7), sur laquelle s'ouvre au sud, derrière un portique (9), un palais, composé d'une salle d'audience (10) conduisant à la salle du trône (11). Derrière, des appartements laissent supposer que le roi pouvait y faire de courts séjours. De la première cour (7), une rampe, bordée de deux colosses royaux, dont seul un subsiste (14), donne accès à une seconde cour, à péristyle (15), en franchissant un second pylône. Cette cour est bordée, à l'est et à l'ouest, de colosses osiriaques représentant le roi. À partir de là, comme dans le temple de Séthi Ier à Abydos, l'axe central du temple est doublé de deux axes secondaires parallèles. Tous trois conduisent, à travers une grande hypostyle et, au centre, trois petites hypostyles en enfilade, dont la première (20) possède un plafond astronomique, aux sanctuaires : le principal au centre (23), celui des barques au nord (19), et, au sud, un temple miniature (18) comprenant vestibule, hypostyle et triple sanctuaire, consacré à la triade thébaine et à Séthi Ier. Parallèlement à lui, un temple est dédié à Osiris (25). Tout autour des installations cultuelles, des magasins et bâtiments administratifs sont enfermés dans une grande enceinte de briques crues. Nous retrouvons dans cet ensemble le principe déjà rencontré chez Hatchepsout à Deir el-Bahari et Séthi Ier à Abydos : l'association cultuelle entre le roi et les dieux locaux. Le Ramesseum donne, en outre, une idée du plan traditionnel du temple égyptien, orienté en Fig. 125 Plan général de Thèbes (d'après Leclant : 1979 - fig. 431). fonction de la course du soleil : l'entrée est ménagée à l'est, de façon que les rayons de Rê, franchissant la double montagne qu'est le pylône, puissent baigner à son lever la statue cultuelle, placée dans l'axe du temple, dans sa partie la plus occidentale. Le temple lui-même n'est pas un lieu de recueillement pour les fidèles, mais seulement la demeure du dieu. C'est pourquoi il est une reproduction de l'univers au moment de la création, que la divinité reconduit à chaque lever du soleil. La disposition générale des bâtiments suit un axe qui va de l'entrée au sanctuaire. Ce cheminement permet une approche graduelle du divin : il ménage des étapes correspondant aux niveaux successifs de pureté nécessaires pour approcher le dieu. Il est matérialisé par un passage progressif de la lumière à l'ombre, qui devient ténèbres dans le saint des saints où repose le dieu. Dans le même temps, le sol s'élève lentement pour atteindre son point culminant sous le naos, qui se trouve ainsi placé sur la butte primordiale émergeant hors du Noun. De l'élément liquide s'élèvent les tiges de papyrus des colonnes, dont les architraves supportent le ciel, représenté sur les soffites du plafond. Pour transcrire ce passage, le temple doit posséder au moins trois éléments : une cour d'accès à ciel ouvert, qui peut être nue ou bordée d'un péristyle mais doit nécessairement être fermée par un pylône constitué de deux môles trapézoïdaux représentant l'horizon. Nous avons vu qu'à Amarna cette barrière était symboliquement brisée par la rupture du linteau de la porte d'entrée, qui sert dans le temple traditionnel de lieu d'apparition de la divinité. La cour donne accès à une salle hypostyle, dont la travée centrale peut être surélevée de façon à déterminer trois nefs dont les plafonds d'inégale hauteur sont reliés par des fenêtres à claustra qui diffusent une lumière atténuée dans la salle. La pénombre ainsi créée est le lieu de purification du seul officiant admis en principe auprès du dieu pour faire sa toilette et assurer son entretien quotidien : le roi, remplacé dans la pratique par un grand prêtre. Une fois purifié dans la per-douat, l'officiant accède à l'adyton, « le lieu inaccessible », c'est-à-dire au naos, qui peut être précédé ou non d'une salle d'offrandes. Cet ensemble est complété, en avant du temple, par un quai-débarcadère destiné à accueillir la barque divine lors des processions. Ci-contre : Fig. 126. Plan du Ramesseum. Cette organisation du temple est le programme minimum auquel répondent tous les édifices de culte. Elle n'est pas limitative et connaît autant d'extensions que le commandent les besoins ou la richesse du dieu : de l'aménagement de chapelles annexes ou de voies processionnelles aux extensions qui se succèdent au fil des siècles. Le temple de Louxor (fig. 127) donne un exemple de ces extensions, qui peuvent doubler le plan original, voire, comme nous le verrons plus loin avec Karnak, en faire une véritable ville. Le temple, qui doit son nom arabe aux camps militaires romains (castra) qui s'y sont installés sous l'Empire, a été préservé, comme beaucoup de sites égyptiens, par la ville qui s'est accumulée au-dessus, et dont la mosquée d'Abou el-Haggag est un vestige. Il fut découvert à l'occasion d'un drainage et dégagé après 1883. Amenhotep III avait construit, à partir d'éléments dont certains remontent à la XIIIe dynastie, un temple répondant strictement aux normes classiques : un pylône, une cour à péristyle (6), une hypostyle (5) débouchant sur deux autres, plus réduites, dont la dernière jouxte un mammisi, un reposoir de barques (constitué d'un dais en bois à l'origine, qu'Alexandre remplacera par un reposoir en pierre), et le sanctuaire précédé d'une salle d'offrandes. Le tout constituait le harem méridional dépendant du temple d'Amon-Rê de Karnak. Déjà, Toutankhamon avait entrepris de faire représenter sur les murs enfermant la colonnade processionnelle (7) la procession de la fête d'Opet, le voyage annuel d'Amon dont Louxor était le but. Cette décoration, ainsi que celle des colonnes, fut poursuivie par Ay, Horemheb et Séthi Ier. Ramsès II agrandit le temple en développant les parties en avant du sanctuaire : il réutilise la colonnade processionnelle (7) dont Amenhotep III avait fait le point d'aboutissement du dromos de sphinx rattachant le temple de Louxor à celui de Karnak pour relier la cour d'Amenhotep III à une nouvelle avant-cour (8), également à péristyle. Il construit un pylône qu'il flanque de deux obélisques, dont celui de l'ouest orne aujourd'hui la place de la Concorde à Paris, et de six statues colossales faisant face au dromos qui se rend à Karnak. Le changement d'axe vient de la réorientation au moment où Ramsès II agrandit le temple. Le décalage entre le nouvel axe et celui d'Amenhotep III correspond au décalage angulaire entre les points d'observation du lever héliaque de Sirius, qui permettait d'orienter correctement le temple à l'Est, à l'époque d'Amenhotep III et à celle de Ramsès II. Le temple connaîtra encore d'autres travaux, jusqu'à abriter sous Dioclétien une salle consacrée au culte impérial (4), aménagée dans la première des petites hypostyles. Ci-contre : Fig. 127. Plan du temple de Louxor. Ramsès II meurt après l'un des plus longs règnes qu'ait connus l'Égypte, laissant un pays au sommet de sa puissance et de son rayonnement culturel, mais aussi une famille en proie aux difficultés successorales, même si la tradition lui prête une centaine d'enfants. Il a en effet enterré, lui qui a connu quatorze fêtes-sed, bon nombre de Fig. 128 Ramsès II tenant le sceptre-héqa, assis entre Amonherkhépechef et son épouse. Statue provenant de Karnak. Granit. H = 1,90 m. Turin, Museo egizio 1380. Fig. 129 L'intendant Hâpy écrivant. Statue provenant de Karnak. Quartzite. H = 0,69 m. CGC 42184. ses fils : Sathorkhépechef, devenu prince héritier en l'an 19, Ramesses, qui lui succéda en l'an 25, puis Khâmeouaset, le prince-archéologue restaurateur des monuments memphites. Cet homme à la grande culture avait été lié au culte de Ptah depuis l'an 15, d'abord comme prêtre-sem, puis comme Grand Prêtre, et c'est en tant que tel qu'il célèbre les neuf premiers jubilés de son père. Il mourut en l'an 55, laissant sa place de dauphin à Mineptah, qui montera sur le trône à la mort de son père. La momie de Ramsès II, enterré dans la Vallée des Rois (VdR 7), finira dans la Cachette de Deir el-Bahari. La difficile succession de Ramsès II La dynastie ne survivra pas plus d'une génération à Ramsès II. La montée sur le trône de Mineptah ne semble pas avoir posé de problème, étant donné qu'il avait été désigné du vivant de son père, dont il n'était que le treizième fils, né de la reine Isisnéfret, qui avait eu avant lui trois garçons. Il règne un peu moins de dix ans et a d'une autre Isisnéfret un fils, Séthi Mérenptah, le futur Séthi II. Mineptah conserve Pi-Ramsès comme capitale, mais accroît le rôle de Memphis, où il se fait construire un palais, travaille au temple de Ptah et s'aménage un temple destiné à assurer son culte funéraire. On a trace de son activité aussi au port d'Héliopolis et à Hermopolis où il achève peut-être le temple commencé par Ramsès II. Il consacre à Es-Sirirya, au nord de Minieh, un spéos à Hathor « Dame des deux brasiers » et construit un autre sanctuaire rupestre au Gebel el-Silsile. Peut-être a-t-il édifié un temple à Deir el-Médineh ? Il usurpe en tout cas l'Osireion d'Abydos et le sanctuaire que Moutouhotep II avait consacré à Hathor de Dendara. Il se construit également un temple funéraire avec les matériaux provenant de la destruction de celui d'Amenhotep III à Thèbes avant d'être enterré dans la Vallée des Rois (TT 8). Le grand événement de ce règne a trait à la politique extérieure. En Asie, Mineptah bénéficie encore des effets du traité égypto-hittite de l'an 21 de Ramsès II. Il fournit même du blé aux Hittites, frappés par la famine. La frontière entre les deux empires s'est maintenue aux alentours d'une ligne Damas-Byblos, et l'Egypte conserve ses garnisons de Syro-Palestine. Mineptah est toutefois contraint de monter une expédition contre Askalon, Gezer et Israël. Il doit également mater une rébellion dans le pays de Kouch. Cette révolte paraît avoir été à nouveau fomentée par les Libyens de Marmarique. La Libye commence en effet à jouer un rôle grandissant en Méditerranée. Déjà Ramsès II avait dû se garder de tentatives de la part des Chardanes en établissant une chaîne de forts vers l'ouest. Ces populations étaient arrivées depuis presque un siècle sur le territoire des Tjéhénou avec d'autres, venues de la Méditerranée, poussées par les vagues indo-européennes vers le sud. Il y avait les Libou, futurs éponymes du pays, et les Mâchaouach, qui recevaient le renfort de certains de ces peuples indo-européens en quête de nouveaux territoires : Akaouach, Chakalach et Tourcha, venus des côtes d'Anatolie et des îles égéennes, et que les Égyptiens désignaient sous le nom générique de « Peuples de la Mer ». Ces populations fédérées tentent un raid contre l'Égypte à la fin de l'an 5 de Mineptah. Leur attaque surprend les Égyptiens qui ne réagissent qu'au bout d'un mois. Ils arrivent à les repousser, tuant 6 000 soldats et faisant 9 000 prisonniers. Ces chiffres montrent l'importance de l'affrontement, qui n'est qu'une première tentative. La seconde vague viendra vingt ans plus tard, sous le règne de Ramsès III. Les quinze dernières années de la dynastie sont très confuses, et le récit qui en été donné après-coup sous Sethnakht et Ramsès IV n'éclaire guère la situation par le tableau volontairement assombri qu'il en donne. À la mort de Mineptah éclate la crise de succession prévisible du fait du trop long règne de Ramsès II : la disparition successive des princes héritiers et l'attribution du pouvoir à Mineptah, qui ne venait qu'en treizième position, amène, à la génération suivante, des conflits entre collatéraux. C'est l'un d'eux qui prend le pouvoir, un nommé Amenmès, qui serait le fils d'une fille de Ramsès II inconnue par ailleurs, Takhâyt. Il épouse lui-même la reine Tiâa, qui lui donne un fils, le futur Siptah. Ce roi aurait régné cinq ans, si l'on en croit le Papyrus Salt 124, mais, dans la mesure où il a été considéré par la suite comme un usurpateur, il est assez difficile de suivre sa trace sur les monuments. Il s'attribue en effet des constructions de ses prédécesseurs, mais son propre successeur y efface à son tour son nom ! Sa tombe dans la Vallée des Rois (VdR 10) est inachevée et volontairement détériorée. On possède pour cette période une source de renseignements assez fiable : les archives que l'on a pu reconstituer de la communauté des artisans de Deir el-Médineh. L'approvisionnement du village, assuré par le gouvernement, est alors irrégulier, et des troubles éclatent en Thébaïde. Les usurpations Amenmès est remplacé au bout de cinq ans par Séthi II, héritier légitime de Mineptah, qui, lui, règne six ans et semble maintenir le pays dans un calme relatif. Si l'on n'a pas de trace d'une politique extérieure, on doit toutefois noter que les mines de Sérabit el-Khadim sont en activité. Il conduit un programme de constructions plus énergique en paroles qu'en actes, mais qui a quand même laissé des traces à Hermopolis, où il termine la décoration du temple de Ramsès II, et à Karnak, sous la forme d'un temple-reposoir dans la première cour du temple d'Amon-Rê et de diverses adjonctions au temple de Moût. Il épouse trois reines, ce qui ne simplifie pas sa succession. La première est Takhat II. Elle ne paraît pas lui avoir donné d'héritier. La deuxième, Taousert, lui donne un fils, appelé comme son père Séthi-Mérenptah. Malheureusement, l'enfant meurt avant son père, et c'est le fils de la troisième reine, le prince Ramsès-Siptah qui monte sur le trône. Comme il est trop jeune pour exercer le pouvoir, sa belle-mère Taousert prend la régence du pays. La légitimité du jeune roi ne semble pas avoir été mise en doute par l'administration : les graffiti laissés par des officiers égyptiens en Nubie se réclament de lui. Il règne sous la double tutelle de sa belle-mère et du chancelier Bay, « qui a établi le roi sur le trône de son père ». Ce personnage a laissé un aussi mauvais souvenir que Taousert dans la mémoire des Égyptiens. Scribe royal de Séthi II, il séduit, si l'on en croit la tradition, sa veuve qui fait de lui le Chef du Trésor tout entier. Sa position est suffisamment élevée à la Cour pour qu'il se fasse aménager une tombe dans la Vallée des Rois (VdR 13). On considère généralement qu'il était d'origine étrangère, et que c'est donc de lui que le Papyrus Harris I parle, en termes peu flatteurs, lorsqu'il évoque l'anarchie de son temps. « L'Égypte était à la rue : chacun était à soi-même sa propre loi. Car il n'y avait pas eu de gouvernant de nombreuses années durant, avant l'époque des " autres " : l'Égypte était divisée entre notables et maires de villages, et chacun égorgeait son prochain, riches comme pauvres. Puis vint une autre lignée pendant les années " vides ". larsou, un Syrien, y était associé comme notable. Il mit le pays tout entier, comme administrateur sous sa coupe : l'un et l'autre s'étaient acoquinés pour voler les gens ! Et on faisait subir aux dieux le même traitement qu'aux hommes : les offrandes n'étaient plus consacrées dans les sanctuaires » (P. Harris I 75,2-6.) Le nom de Iarsou, qui peut se comprendre en égyptien comme « celui qui s'est fait lui-même » : le « self-made man », serait une façon dérisoire de désigner Bay tout en lui refusant l'existence posthume qu'accorde le simple fait de prononcer le vrai nom de quelqu'un. Ce procédé est courant dans les textes politiques : nous le verrons lors de la conspiration ourdie contre Ramsès III. Les années « vides » désignent le temps où le pouvoir est considéré comme vacant, puisque occupé par une lignée usurpatrice. Au bout de trois ans, Siptah change le nom qu'il portait en montant sur le trône, Ramsès-Siptah, en Mineptah-Siptah (Drenkhahn : 1980, 15.) Il meurt trois ans plus tard, et est enterré lui aussi dans la Vallée des Rois (VdR 47), où son cartouche, d'abord enlevé, a été remis. Son temple funéraire, probablement inachevé, est perdu. Taousert règne alors peut-être deux années, et si son règne paraît moins riche que ne le suggère Théophile Gautier, elle est présente dans le Sinaï et en Palestine et construit à Héliopolis et, bien sûr, Thèbes, où elle se fait édifier un temple funéraire au sud du Ramesseum et une tombe dans la Vallée des Rois (VdR 14). Cette dernière sera usurpée et terminée par Sethnakht, après que le creusement qu'il avait entrepris de la tombe 11, qu'il se destinait à l'origine, avait fait déboucher accidentellement les travailleurs dans la tombe 10 voisine, celle d'Amenmès. Sethnakht déclare avoir chassé l'usurpateur (KRI V 671,10-672,14), et le Papyrus Harris I le donne comme le réorganisateur du pays. Le changement de dynastie n'a pas dû se faire de façon très brutale, puisque Sethnakht laisse en place le vice-roi de Kouch Hori fils de Kama, qui avait, il est vrai, été nommé par Mineptah-Siptah et non par Taousert. Mais il conserve également son homonyme, le vizir Hori. Sethnakht ne règne que deux ans. Le fils qu'il a de la reine Tiymérenaset, « Tiy aimée d'Isis », et qui va lui succéder, sera le dernier grand roi du Nouvel Empire. 1295-1188 XIXe DYNASTIE 1295-1294 Ramsès Ier 1294-1279 Séthi Ier 1279-1212 Ramsès Il 1212-1202 Mineptah 1202-1199 Amenmès 1202-1196 SéthiII 1196-1190 Siptah 1196-1188 Taousert 1188-1069 XXe DYNASTIE 1188-1186 Sethnakht 1186-1154 Ramsès III 1154-1148 Ramsès IV 1148-1144 Ramsès V 1144-1136 Ramsès VI 1136-1128 Ramsès VII 1128-1125 Ramsès VIII 1125-1107 Ramsès IX 1107-1098 Ramsès X 1098-1069 Ramsès XI Fig. 130 Tableau chronologique des XIXe et XXe dynasties. Ramsès III Dès le début, Ramsès III prend pour modèle Ramsès II. Ses successeurs l'imiteront en cela, mais il reste celui qui a poussé la volonté d'assimilation le plus loin, du choix de sa titulature à l'édification d'un temple funéraire construit sur le modèle du Ramesseum. S'il ne parvient pas à égaler vraiment son glorieux prédécesseur, l'Égypte retrouve pour la dernière fois sous son autorité une puissance certaine au Proche-Orient. Comme Ramsès II, il doit faire face à une situation extérieure délicate. Les Libyens, repoussés par Mineptah, reviennent à la charge dans le Delta occidental. Ramsès III les vainc et intègre une partie de leurs troupes dans l'armée égyptienne. Cette victoire est toute relative : une nouvelle vague déferle sur l'Égypte six ans plus tard, en l'an 11 de son règne. C'est une nouvelle victoire égyptienne, suivie de l'affectation des prisonniers comme mercenaires dans le Fayoum et le Delta. Ces hommes conservent dans leur chair la trace de leur état servile, puisqu'ils sont marqués au fer rouge. Ils perdent leurs biens, en particulier leurs troupeaux qui sont affectés au domaine d'Amon, et sont emmenés en captivité avec femmes et enfants. Ils peuvent donc faire souche et perpétuer le mécanisme qui a favorisé les invasions de la fin du Moyen Empire. Peu à peu des communautés libyennes se constitueront dans le pays, formées partie par les descendants des vaincus, partie de colons venus plus ou moins pacifiquement par le Delta occidental. Ces communautés, regroupées en chefferies égyptianisées, prendront en main le pouvoir quand l'État sombrera à nouveau dans l'anarchie. En l'an 8, entre les deux guerres libyennes, Ramsès III doit affronter une nouvelle invasion, celle des Peuples de la Mer auxquels se sont joints les Philistins. Les garnisons de Palestine les arrêtent sur terre, mais ils entrent dans le Delta par les bouches orientales du Nil. Ramsès III les rencontre dans une bataille navale qu'il relate, ainsi que ses deux autres campagnes, sur les murs de son temple funéraire de Medinet Habou, au milieu de scènes « de genre » où l'on voit les Égyptiens engager des batailles fictives contre Hittites, Syriens et Nubiens... qui sont copiées des murs du Ramesseum. Ramsès III a choisi pour y faire édifier son temple funéraire un emplacement situé à environ un kilomètre au sud du Ramesseum. Le nom actuel du site, Medinet Habou, désigne en réalité la ville Fig. 131 Les temples de Medinet Habou. Fig. 132 Reconstitution-perspective de l'enceinte de Medinet Habou vue de l'est. Fig. 133 Détail du quai et du portail. Fig. 134 Élévation du migdol. chrétienne qui s'était installée dans l'enceinte du temple, et qui déménagea pour Esna au moment de la conquête arabe. Le lieu dépendait à la XVIIIe dynastie du temple de Louxor, dont il était « la butte de l'ouest » : le souvenir s'en perpétuera à Basse Époque à travers la sépulture d'Amon Kematef et la procession d'Imenemipet. À la XXIe dynastie, il était devenu le refuge des populations voisines qui y avaient constitué peu à peu une ville, qui devint même à l'époque chrétienne un évêché, et dont le nom, Iat-tjamet, simplifié en Djêmé, devint en grec Thêbai. Cette ville, qui offrait une stratigraphie continue de la XXIe dynastie à la conquête arabe n'a malheureusement pas été l'objet de l'exploitation qu'elle méritait. Abandonnée depuis la conquête, elle était encore à peu près intacte lorsque A. Mariette la découvrit vers 1860. Il en fit un premier dégagement, poursuivi par E. Grébaut et G. Daressy, qui consistait simplement à évacuer le plus vite possible les constructions urbaines en briques crues pour atteindre les niveaux anciens. En 1912, Th. Davis fouille le palais de Ramsès III, puis, à partir de 1913, les constructions en briques sont livrées aux sebakhin pour enrichir les terres cultivables. L'Oriental Institute de Chicago fit un relevé en six campagnes des temples, de 1927 à 1933. Lorsque Ramsès III décida d'y implanter un temple funéraire, le site comprenait déjà un ensemble (fig. 131, 9-11), commencé par Amenhotep Ier et achevé par Hatchepsout et Thoutmosis III, et qui sera l'objet d'agrandissements successifs jusqu'à l'époque romaine (7-2). Il l'inclut dans une enceinte qui délimite un large périmètre, dégageant une esplanade entre le premier pylône et l'entrée monumentale qui donne accès au quai-débarcadère (1). Le tout donne encore aujourd'hui une idée de l'apparence extérieure d'un temple égyptien. Le portail d'entrée est à 80 m en avant du temple. C'est en réalité un pavillon à deux étages, fait sur le modèle d'un migdol, une forteresse syrienne. Ses deux tours, couronnées de créneaux, avaient à l'origine 22 m de haut. Il en existait un pendant à la porte occidentale de l'enceinte (25), aujourd'hui disparu. Le temple proprement dit, enfermé dans sa propre enceinte, suit le modèle du Ramesseum : les installations cultuelles au centre, les magasins et dépendances rayonnent autour. Deux pylônes successifs (17 et 19), donnant accès à deux cours. Puis c'est la même succession de trois hypostyles conduisant progressivement au sanctuaire. La première cour (18) donne accès au palais (27), qui comporte, outre les pièces d'apparat, des appartements privés, équipés même d'une salle de bains. Fig. 135 Élévation du temple funéraire de Ramsès III. Fig. 136 Reconstitution-perspective du palais. Détail du trône et de la salle de bains. Les combats de Ramsès III sont représentés à l'intérieur du temple et sur l'extérieur du mur d'enceinte. La face extérieure du premier pylône (17) montre, sur le môle sud, la consécration des trophées à Amon, et sur le môle nord le récit de la seconde guerre libyenne. Le mur d'enceinte relate, année par année, les campagnes du roi, en particulier la bataille navale contre les Peuples de la Mer. Ces représentations étaient destinées à être vues par les fidèles, qui n'avaient pas accès à l'intérieur : le temple sert ainsi de lieu d'affichage. Mais en même temps, dans la mesure où il est une représentation de l'univers centrée autour de la personne du dieu dont le roi assure le service, il est le lieu où ce dernier témoigne de son action en faveur du dieu dans tous les domaines où elle doit s'exercer. Les textes et représentations militaires sont, au sens propre, un monument que sa valeur archétypale fait échapper au temps : Ramsès III défait éternellement les confédérés libyens et les Peuples de la Mer, auxquels il peut ajouter les ennemis vaincus par Ramsès II, et aussi indifféremment tous les ennemis de l'Égypte depuis le commencement des temps. L'Histoire rejoint le Mythe par une transposition qui fait d'elle un élément du culte. C'est la raison pour laquelle on retrouve les guerres de Ramsès III à l'intérieur du temple, dans la première et la seconde cour, où elles côtoient la commémoration d'événements purement religieux comme la procession de Min, ou des représentations plus politiques, comme la liste des fils de Ramsès III qui figure sous le portique ouest de la seconde cour, sur le modèle de celle des fils de Ramsès II au Ramesseum. Le temple de Medinet Habou fut achevé probablement en l'an 12. Si Ramsès III n'a pas autant construit que son modèle, il est tout de même un grand bâtisseur. Il fait des travaux dans le temple de Louxor et surtout à Karnak : il commence le temple de Chonsou, le dieu fils de la triade thébaine, et réalise un temple-reposoir dans ce qui n'est pas encore la première cour. D'après le Papyrus Harris I, qui fournit une chronique de son règne dans sa section historique, il construit à Pi-Ramsès, Héliopolis, Memphis, Athribis, Hermopolis, Assiout, This, Abydos, Ombos, Coptos, Elkab, en Nubie, en Syrie... Il aurait également monté des expéditions à Atika (Timna) pour en rapporter du cuivre, et au pays de Pount. Mais son règne n'a pas été exempt de nuages. Après l'an 12, des difficultés surgissent, d'ordre politique autant qu'économique. Le roi limoge son vizir à Athribis et doit veiller à la régularité du service des rations versées aux temples. Le même problème se pose vers la fin du règne pour la communauté de Deir el-Médineh où les salaires ont jusqu'à deux mois de retard, provoquant la première grève connue : les ouvriers arrêtent le travail et vont se plaindre auprès du vizir Ta qui siège au Ramesseum. Ces difficultés sont certes dues à des causes économiques ; mais elles trahissent aussi un affaiblissement du pouvoir de l'État face aux clergés et aux domaines des temples dont la puissance a été trop renforcée. Les querelles dynastiques qui ont provoqué la fin de la XIXe dynastie ne sont pas non plus apaisées. Ramsès a épousé une nommée Isis, fille de Habadjilat, d'origine probablement syrienne, ce qui n'était pas choquant en soi. Mais le sort a voulu que l'imitation de Ramsès II ne se limitât pas à donner à ses fils les noms des enfants du grand roi. Beaucoup disparurent avant leur père : Parêhérounemef (VdQ 42), Soutekhherkhépechef (VdQ 44), Khâemouaset (VdQ 55), Ramesses et Amonherkhépechef (VdQ 55). Comme, de plus, il n'y avait pas de Grande Épouse reconnue par le roi, le règne se termina par une conspiration fomentée dans le harem par une seconde épouse, Tiy, pour mettre sur le trône son fils, Pentaouret. Les minutes du procès qui fut intenté aux conspirateurs sous le règne de Ramsès IV nous sont parvenues sur plusieurs papyri, dont le principal est conservé à Turin. Tiy avait gagné à sa cause des femmes du harem, un majordome, un échanson. Une des femmes avait même pris contact avec son frère, commandant des troupes de Kouch. Il y avait aussi un général dans l'affaire : en tout vingt-huit conjurés, tous nommés par des pseudonymes infamants destinés à stigmatiser pour l'éternité leur crime, du genre « Le Mal dans Thèbes », « Rê le déteste », etc. Le plan était aussi simple que diabolique : les criminels avaient décidé d'agir lors de la célébration de la Fête de la Vallée à Medinet Habou en utilisant, entre autres procédés, l'envoûtement à l'aide de figurines magiques. Ils échouèrent et se retrouvèrent devant un tribunal composé de douze hauts fonctionnaires civils et militaires. La majeure partie des conspirateurs (dix-sept) fut exécutée. Sept furent autorisés à se suicider. Parmi eux, Pentaouret. L'affaire avait des ramifications telles que les juges eux-mêmes ne furent pas à l'abri des accusateurs. Cinq d'entre eux furent arrêtés pour collusion ou simple parenté avec des femmes impliquées : l'un fut condamné au suicide, trois eurent le nez et les oreilles coupés ; le cinquième s'en tira avec une réprimande. Ramsès III s'éteint donc, après trente-deux années de règne, avec moins de gloire que son modèle. Même le creusement de sa tombe fut difficile. Les ouvriers l'abandonnèrent (VdR 3) en cours de construction au profit d'une autre, qui avait été commencée pour Sethnakht, le « tombeau des harpistes » (VdR 11). Mais au cours des travaux, juste après le percement du troisième corridor, ils débouchèrent dans le tombeau d'Amenmès (VdR 10). Il fallut changer l'axe de la tombe afin qu'elle soit parallèle à sa voisine. La momie du roi, retrouvée dans la Cachette de Deir el-Bahari, est celle d'un homme de soixante-cinq ans environ, qui semble mort de mort naturelle. Huit rois vont lui succéder en un peu moins d'un siècle. Tous portent le nom de Ramsès, et tous se réclament, peu ou prou, de Ramsès II qui est devenu le modèle de la grandeur passée du pays. Ramsès IV, qui succède à son père et poursuit les conspirateurs, a plus de quarante ans quand il monte sur le trône. Il confirme ses dotations aux temples, qu'il fait consigner sur le Papyrus Harris I. Lui-même s'estime un suffisamment grand bâtisseur pour demander aux dieux un règne plus long que celui de Ramsès II en échange de tout ce qu'il a fait pour eux pendant ses cinq premières années de règne. Les dieux n'entendent pas sa prière. Il meurt deux ans après, non sans avoir rempli un programme pas toujours à la mesure de ses ambitions. Il doit abandonner la construction d'un temple funéraire qu'il voulait gigantesque aux abords de la chaussée du temple de Deir el-Bahari et se contente d'une petite installation entre celui consacré à Amènhotep fils de Hapou et Deir el-Médineh. Il exécute quand même des travaux à Karnak, où il consacre des statues et décore une partie du temple de Chonsou, à Abydos et Héliopolis. Il laisse son nom dans la salle hypostyle de Karnak, à Louxor, Deir el-Bahari, au Ramesseum, à Memphis, Coptos, Médamoud, Ermant, Esna, Tôd, Edfou, Elkab, Bouhen, Gerf Hussein, Aniba. On trouve des scarabées portant sa titulature jusqu'en Palestine. Il mène des expéditions aux carrières du Ouadi Hammamat, au Sinaï, et la communauté de Deir el-Médineh n'a jamais été aussi importante à la XXe dynastie, puisque l'État double les équipes, faisant passer les effectifs à 120 hommes. Les artisans de Deir el-Médineh Cette communauté d'artisans de Deir el-Médineh est une source documentaire de première importance pour l'époque ramesside. Bien qu'il s'agisse d'une société repliée sur elle-même et somme toute limitée, puisqu'elle comprend au plus 120 travailleurs et leurs familles, son apport est capital, tant pour notre connaissance de l'urbanisme, des coutumes sociales et funéraires, de la littérature — par les milliers de textes sur ostraca et les quelque deux cents papyri qui y ont été découverts —, que de la vie du pays en général dont on peut suivre l'évolution génération après génération sur plus de trois siècles. Le village occupe le lit d'un ancien ouadi orienté nord-sud entre la colline de Gournet Mouraï et la falaise occidentale de Thèbes. Le nom moderne, « le couvent de la ville », vient d'un monastère que des moines liés à Djêmé installèrent au Ve siècle après Jésus-Christ dans le temple de l'ancienne ville. Le monastère lui-même, placé sous le vocable de saint Isidoros, reprenait le nom ancien, Pahebimen, devenu Phœbamon. Le nom de la ville et de sa nécropole, qui s'étend sur la colline occidentale, était à l'époque ramesside Set-Maât, « la Place de Vérité ». Fig. 137 Plan du site de Deir el-Médineh (d'après Michalowski : 1968, 533). L'histoire du site commence à la XIe dynastie. Il est alors une extension des nécropoles de Dra Abou'l-Naga et Deir el-Bahari. Le village des artisans n'apparaît que lorsque la Vallée des Rois entre en service. C'est Thoutmosis Ier qui le fonde : il comprend au départ une soixantaine de maisons implantées dans le fond du vallon et entourées d'une muraille. Quelques chapelles consacrées aux cultes de la collectivité apparaissent sur le flanc de la colline. On n'a pas retrouvé de traces d'activité à l'époque amarnienne. Peut-être les artisans ont-ils suivi Amenhotep IV à Akhetaton ? C'est difficile à savoir : personne ne se réclamera, et pour cause, de cet héritage, et les renseignements que l'on a sur les artistes d'Amarna ne sont pas assez explicites. Tout ce que l'on peut dire, c'est que l'activité reprend sous Horemheb : le village est agrandi et suit un plan d'urbanisme précis. Les petites tombes individuelles du début sont remplacées par des caveaux de famille installés sur la colline occidentale qui leur est désormais totalement dévolue. La grande période de Deir el-Médineh se situe à la XIXe et à la XXe dynastie. Le chiffre de 120 ouvriers est atteint, ce qui représente une collectivité de plus de 1200 personnes. Ce maximum correspond aux grands règnes de la XIXe dynastie, c'est-à-dire au moment où l'activité est intense dans les nécropoles royales qui emploient les ouvriers. La fin de la XIXe dynastie voit les troubles que nous avons évoqués plus haut, qui sont dus autant aux difficultés économiques qu'à l'indélicatesse des administrateurs chargés de l'approvisionnement du village. Au début de la XXe dynastie, l'activité retrouve son meilleur rythme, jusqu'aux grèves qui marquent la fin du règne de Ramsès III. Après la tentative de développement de Ramsès IV, les effectifs sont ramenés à 60 hommes sous Ramsès VI. À partir de là, la communauté périclite. La montée des troubles sous Ramsès IX est suivie de pillages qui ravagent la Thébaïde. La communauté se disperse à la XXIe dynastie, après un peu moins de cinq siècles d'occupation. Beaucoup de ses membres se replient, comme les paysans de la région, à l'abri des murailles de Medinet Habou. Le site n'est pourtant pas mort. À la XXVe dynastie, Taharqa y fait construire une chapelle consacrée à Osiris, dont les blocs sont réutilisés, tout de suite après, par les Saïtes pour construire le caveau de la Divine Adoratrice Ankhnesnéferibrê — ce qui vaut au village d'être temporairement habité par les équipes affectées à cette tâche. À l'époque ptolémaïque, Thèbes n'est plus la capitale de la province, qui a été déplacée à Ptolémaïs Hermiou, à proximité de Sohag. Mais Djêmé connaît un tel développement que de nouvelles constructions s'étendent jusqu'à Deir el-Médineh. Le petit temple dédié à Hathor et Maât est reconstruit et embelli. Ces divers travaux dureront cent cinquante ans, et pendant ce temps-là les gens se logent dans les maisons proches. Les coachytes réutilisent au mieux de leur intérêt la nécropole : ils vident des tombes, vendent leur mobilier et les places ainsi dégagées. C'est le premier pillage. Les anachorètes parachèveront la besogne en s'installant dans les tombes ouvertes, jusqu'à ce que la conquête arabe vide le site, dont la vie reprendra seulement au XIXe siècle. J.-F. Champollion le visite et copie la décoration de quelques tombes. L'extraordinaire qualité des premières découvertes attire les rabatteurs de Salt et Drovetti. La tombe de Sénedjem est découverte en 1885, mais le site est livré depuis presque un demi-siècle au pillage. Beaucoup d'objets se retrouveront ainsi dans les grands musées : Turin, dont Schiapparelli vient en 1906 compléter sur place la collection, Londres, Paris, Berlin, où R. Lepsius a emporté des parois complètes de tombes... Au début du XXe siècle, le site est éventré et livré à la convoitise des collectionneurs. Il est urgent de commencer son exploitation scientifique! G. Maspero fait restaurer le temple ptolémaïque. Une mission allemande vient faire des sondages avant la Grande Guerre, puis, l'Institut Français d'Archéologie Orientale Fig. 138 Plan schématique du village et de quelques maisons. prend la concession en 1914. De 1922 à 1940, puis de 1945 à 1951, B. Bruyère dégage le village et la nécropole. Le résultat de ces fouilles est d'abord une meilleure connaissance de l'architecture funéraire et de ses techniques. Les tombeaux que les artisans se construisirent en dehors des heures de travail montrent une grande ingéniosité qui permet à des tombes faites à l'aide de matériaux très modestes d'avoir une apparence qui supporte la comparaison avec celles des nobles. C'est l'art du « simili » : le torchis peint et décoré prend l'apparence de la pierre, les pylônes qui marquent l'entrée des chapelles sont le plus souvent bourrés de gravats, etc. Le même art de la récupération préside à la construction des maisons qui met en oeuvre des blocs erratiques mélangés à la brique montée éventuellement sur une âme de bois. Ces techniques, très proches de celles encore aujourd'hui utilisées dans l'habitat campagnard donnent une image plus fidèle de la vie quotidienne que les tombeaux des nobles. En même temps, la densité et la continuité de la communauté, que l'on peut suivre dans les caveaux de famille permet de mieux apprécier le tissu social. Le village de Deir el-Médineh est le meilleur exemple que l'on ait à ce jour d'urbanisme artificiel au Nouvel Empire. Il est peu étendu, l'enclos mesurant 131 m sur 50, et comprend soixante-dix maisons, auxquelles il faut ajouter cinquante autres, construites en dehors de l'enceinte. Le ferment de la communauté qu'il accueille est la contrainte : ce sont des ouvriers payés pour creuser, aménager et décorer les tombes royales. Cette activité rend leur isolement indispensable, ne serait-ce que parce qu'ils sont les mieux informés sur la disposition et le contenu de ces hypogées. Il est d'ailleurs remarquable qu'aucun ouvrier de Deir el-Médineh n'ait été impliqué dans les pillages de la nécropole qui ont eu lieu sous Ramsès IX. On ne peut malheureusement pas en dire autant pour ceux qui ont eu lieu dans les dernières années de la communauté... Les habitants ne sont pas dans une condition servile, sauf les étrangers recrutés pour leurs compétences particulières, mais leur situation revient, de fait, à une forme d'esclavage. On ne peut donc pas déduire de ce village des lois d'urbanisme applicables à l'habitat paysan ou urbain en général. Sa disposition reflète une organisation sociale très particulière, qui est celle des expéditions que les rois envoyaient dans les mines ou les carrières et qui était elle-même empruntée à la marine. Comme un bateau, le village est coupé en deux par un axe nord-sud qui détermine deux quartiers, un à l'est, l'autre à l'ouest (bâbord/tribord), abritant chacun une équipe, « l'équipe de la droite » et « l'équipe de la gauche », qui travaillent en alternance. À chaque extrémité de la rue, une porte gardée est fermée la nuit. Lors de l'agrandissement du village (troisième état), la porte sud fut supprimée, et une nouvelle fut créée à l'ouest, ainsi que des rues transversales pour accéder au quartier neuf. Les maisons sont, elles, ce qu'elles devaient être partout ailleurs. Elles s'ouvrent sur ces venelles qui étaient probablement couvertes pour protéger les gens du soleil, comme c'est encore le cas par exemple dans les villages des oasis du désert de Libye. Les murs des maisons étaient peints en blanc, et sur les portes, rouges, était marqué le nom de l'occupant. Elles sont construites sans fondations, en pierres brutes jusqu'à environ 1,50 m du sol, puis en briques crues. Les terrasses sont en torchis sur une armature de bois. Fig. 139 Une maison type. Les maisons ne possèdent ni cour ni jardin : les animaux de trait utilisés pour les corvées et menus travaux sont parqués à l'extérieur du village. De la rue on accède à une première pièce, dans laquelle se trouve un autel enfermé dans une sorte d'armoire à baldaquin aux parois décorées de scènes de gynécée, de représentations du dieu Bès, etc., et séparé du sol par deux ou trois marches. Les femmes y rendent le culte domestique aux dieux lares et aux ancêtres, et la pièce est occupée par tout un matériel fait de tables d'offrandes, de lampes, de vases, de tous objets en relation avec ce culte. Cette première pièce est un lieu d'accueil et de purification familiale. De là, on passe dans la deuxième pièce, qui est la plus grande et la mieux décorée. Son plafond, plus haut que celui des autres pièces, est éclairé par une fenêtre à claustra ménagée dans une imposte. Il est généralement soutenu par une colonne, parfois deux, sur la base de laquelle le nom du propriétaire peut être écrit. Le meuble principal en est un divan qui, comme de nos jours, sert à la réception d'invités. Un escalier conduit à une pièce souterraine utilisée comme resserre pour les objets précieux de la famille. Derrière se trouvent les pièces à vivre, la coupure entre pièces de réception et pièces intimes correspondant au harem que nous avons rencontrée à Amarna étant maintenue. Au fond, une cuisine commande l'accès à un cellier qui réutilise parfois une tombe et à la terrasse, lieu de repos et de discussion dans la fraîcheur du soir et de la nuit, et aussi, comme aujourd'hui, de débarras ! La cuisine comprend le nécessaire pour cuire le pain et les aliments : meules, mortiers, pétrins, jarres à eau et fours. Elle est en partie couverte d'un treillis de branchages qui protège du soleil. On a retrouvé dans le village le matériel urbain habituel : petits objets de tous les jours et céramique, le plus souvent usagée et cassée, c'est-à-dire tout ce qui n'a pas été emporté lors de l'abandon des lieux ou récupéré, comme par exemple les linteaux de bois. Le plus intéressant a été, comme toujours, la découverte des décharges : un premier lot d'ostraca a été trouvé dans les décombres des maisons lors de la campagne de 1934-1935. La grande trouvaille a été celle d'un puits qui avait été creusé pour chercher de l'eau au nord du site, puis comblé à l'époque ptolémaïque lors du nettoyage de la zone du temple : il a livré jusqu'en 1948 cinq mille ostraca et tessons inscrits et décorés, dont la publication, en cours depuis 1934, n'est pas encore achevée. Leur étude, ainsi que celle des quelque deux cents papyri littéraires et documentaires que l'on peut rattacher à Deir el-Médineh donne une idée assez précise de la vie intellectuelle de la communauté et de la façon dont la culture classique s'y transmettait. L'approvisionnement en eau était l'un des grands soucis des artisans. Il fallait aller la puiser aux chadoufs du Ramesseum ou de Medinet Habou : c'était un va-et-vient continu de corvées d'ânes qui passaient sous l'aeil des policiers nubiens chargés de surveiller le village, d'où partait une autre piste, coupant à travers la montagne vers le lieu de travail des ouvriers, la Vallée des Rois. En chemin, une station faite de huttes en pierres sèches et une chapelle offrait un repos temporaire. Les lieux de culte étaient regroupés au nord du site, sous forme de petits oratoires provinciaux : une salle couverte ou à l'air libre permettait aux confréries de se réunir. Elle comportait deux banquettes le long des murs latéraux. On a retrouvé leur ensellure, avec le nom des titulaires des sièges qui y étaient maçonnés : cinq à gauche, sept à droite. Des amphores contenaient l'eau lustrale ; aux murs, des stèles et ex-votos. Un pronaos était séparé de cette salle par de petits murs bas encadrant la porte qui permettaient aux spectateurs de suivre les cérémonies. Il donnait accès au naos en forme de guérite qui contenait la statue divine. Une sacristie complétait l'ensemble. Les meilleurs exemples en sont le temple lui-même et les chapelles au nord de l'enceinte, dont les mieux conservées sont celles consacrées par Ramsès II à Amon et par Séthi Ier à Hathor à côté de celle où l'on adorait Amenhotep Ier et Ahmès-Néfertary. Les statues de culte ne se sont guère conservées : on en possède une, en pierre, aujourd'hui au Musée de Turin, d'Amenhotep Ier et de Mertseger, la déesse-serpent locale, ainsi qu'une, en bois, d'Ahmès-Néfertary. Les ouvriers rendaient également un culte, qui était assuré par roulement par les confréries, à Amon de Louxor et de Karnak, Min, Ptah, Sobek, Harmachis d'Ermant, la déesse-hippopotame Touëris, Mout, Rénénoutet et aux rois du Nouvel Empire enterrés dans la Vallée des Rois. Il convient d'ajouter, pour être complet, le petit temple-spéos de « Ptah de la Vallée des Reines » et de Mertseger qui se trouve sur le chemin de la Vallée des Reines, à une centaine de mètres de Deir el-Médineh. Le temple d'Hathor est la plus grande et la plus honorée des chapelles des confréries. Au départ, c'était un simple oratoire, construit par Thoutmosis Ier et entretenu jusqu'à Amenhotep III. Fig. 140 Deir El-Médineh : coupe d'une tombe-type de la XIXe dynastie. Autour s'étaient développés quelques sanctuaires, plus modestes. Séthi Ier le flanque d'un sanctuaire complet au nord, avec parvis, escalier, dallage, pylône, hypostyle et naos. Ramsès II y reconstruit sur les ruines du temple de la XVIIIe dynastie. Le temple est abandonné à la fin de la XXe dynastie. À l'époque ptolémaïque, Ptolémée IV Philopator rase l'ancien sanctuaire de Ramsès II et le remplace par une construction en grès. Il commence la décoration, qui sera achevée par Ptolémée Néos Dionysos. Le dernier à y travailler est César, qui fait construire l'Iseion. Comme le village, la nécropole connaît deux étapes. Dans les premiers temps, les tombes sont construites sans plan d'ensemble. Puis, à partir de la XIXe dynastie, elles sont réparties sur le coteau nord-ouest en quartiers par affinités et groupement historique. Elles adoptent une forme architecturale composite, combinant la pyramide héliopolitaine en superstructure et l'hypogée libyen importé par les travailleurs immigrés. Elles subissent aussi, naturellement, l'influence des syringes de la Vallée des Rois. Assez rapidement, la pression démographique contraint les artisans à créer un caveau par famille. Les caractéristiques de chaque tombe varient avec le rang social et l'époque, mais la structure en reste constante : une cour, une chapelle, un puits et des caveaux non dissociés. La famille se regroupe autour d'un artisan important, qui peut être par exemple un chef d'équipe, et l'on essaie d'orienter, dans la mesure du possible, la tombe vers le temple funéraire du roi servi par ce chef de file. Au départ, la tombe correspondait à ce que l'on appelle le « type nubien » : une simple voûte en briques montées par arceaux obliques. Ce procédé, le plus ancien connu, ne permet pas de réaliser une voûte réelle; il revient à incliner empiriquement, en partant du sommet de deux murs verticaux parallèles et en prenant appui sur un troisième qui leur est perpendiculaire, des lits de briques formant arceaux. Ceux-ci tiennent en place par leur propre poids. Cette première forme a très vite été concurrencée par une superstructure ornée d'une pyramide, dernière étape du processus de démocratisation qui mettait à la portée des particuliers le symbole royal héliopolitain né à l'Ancien Empire. Cette pyramide est de taille modeste. Elle est située au-dessus de la chapelle ou l'inclut. Elle est alors creuse, en briques quand elle abrite la chapelle voûtée, en briques ou pierres et bourrée de gravats quand elle surmonte l'auvent de la façade. Orientée vers le soleil levant, elle peut atteindre de trois à huit mètres, pour une base de deux à cinq mètres. Elle est crépie, blanchie, et surmontée d'un pyramidion en pierre orné de bas-reliefs. On accède à la tombe par un escalier monumental pourvu d'une glissière centrale pour la montée du sarcophage. L'entrée se fait par un pylône, qui donne sur une cour entourée de hauts murs blanchis. Au fond se trouve la façade de la chapelle, précédée d'un péristyle et dominée par la pyramide. C'est là que se déroulaient les cérémonies des obsèques et des fêtes des morts. On aménageait pour l'occasion des échoppes que l'on recouvrait d'un velum, un bassin, les installations nécessaires à la tenue d'un banquet. On renouvelait les ouchebtis, ou, plus exactement à l'époque, shaouabtis, ces petites figurines qui accomplissaient à la place du mort les travaux qu'il devait à Osiris. On présentait offrandes et fumigations devant les stèles accrochées aux murs et sous l'auvent qui, au fond de la cour, protégeait les grandes stèles et les statues du propriétaire. Derrière se trouve la chapelle, décorée de galeries de portraits et de scènes représentant la famille et les proches. Face à l'entrée, au fond, un naos est creusé dans la montagne. Il contient une statue du défunt ou d'Hathor sous forme de vache, d'Amenhotep Ier ou d'une autre divinité tutélaire. Le puits est creusé dans la cour ou dans la chapelle. En soulevant une dalle, on descend directement jusqu'à une porte de bois qui est scellée après chaque enterrement. Le caveau est une véritable maison souterraine, qui comprend couloirs, escaliers et chambres. Les pièces sont généralement voûtées, blanchies et décorées. Un mobilier factice y est entassé, ainsi que des objets ayant appartenu au mort. Un caveau peut accueillir plusieurs dizaines de sépultures : celui de Sénedjem contenait vingt cercueils. La décoration des caveaux est très traditionnelle jusqu'à la XIXe dynastie. Elle devient plus spiritualiste ensuite, sous l'influence de celle des tombeaux royaux : c'est une pieuse imagerie tirée du Livre des Morts, assez comparable aux thèmes mythologiques qui ornent les murs des maisons du village. La technique est celle de la peinture à la détrempe sur pisé ou stuc. Le pisé, un enduit de sable mélangé d'argile additionné de chaux — ce qui le distingue de la mouna traditionnelle —, est directement appliqué sur la brique crue. Il reçoit une première esquisse du dessin au trait rouge, qui est reprise en noir après avoir été corrigée en blanc, comme on peut le voir à travers le badigeon d'ocre jaune qui est appliqué ensuite. Les scènes sont alors coloriées en teintes plates : les chairs des hommes en ocre rouge, celles des femmes en ocre jaune, les lingeries sont en blanc avec des bords repris en noir ou rouge. Le vert et le bleu viennent compléter les détails. Cette polychromie sur fond jaune appartient plutôt à la XIXe dynastie : elle est caractéristique de tombes comme celles de Sénedjem (TT 1) ou Pached (TT 3). Par la suite, peut-être à cause de l'appauvrissement du site, on passe à un décor monochrome sur fond blanc, comme chez Nébenmaât (TT 219) ou Irynéfer (TT 290). Les scènes reproduisent des vignettes du Livre des Morts bordées de textes, en les disposant en caissons ou comme sur un papyrus, selon l'ordre de la progression funéraire (TT 290). Le caveau est donc un développement du sarcophage, dont le plafond est décoré de motifs le plus souvent géométriques. Si les tombes de la XVIIIe dynastie ont presque complètement disparu, celles de l'époque ramesside sont souvent très bien conservées. On peut citer celle de Sénedjem (TT 1), trouvée intacte, de Pached (TT 3), qui fut lui aussi « serviteur de la Place de Vérité », du sculpteur Ipouy (TT 217), contemporain de Ramsès II, d'Amennakht (TT 218) et de sa famille (TT 219-220), d'Anherkhaou, chef des travaux sous Ramsès III et IV, etc. Cette petite société réunissait tous les corps de métiers, du bâtiment aux arts appliqués. On n'a retrouvé que très peu de joaillerie dans les tombes : la matière première dépassait les possibilités financières des artisans. En revanche, ils utilisaient beaucoup l'émail et les pâtes de verre. La céramique a fourni un échantillon complet des thèmes égyptiens, mais aussi bon nombre de pièces faites selon des techniques importées ou présentant des thèmes méditerranéens. Il faut y ajouter les petits objets, figurines diverses, ébénisterie, sparterie, etc. qui sont autant d'éléments permettant d'apprécier la vie de la communauté, qui comportait 1200 habitants lors du recensement qui en fut fait à la XXe dynastie. Toutes les ethnies y sont représentées : Nubie, Syrie, Libye... Mais les Égyptiens de souche sont majoritaires. La communauté, continuellement surveillée par les forces de l'ordre, était placée sous l'autorité immédiate du vizir de Thèbes-ouest. Les deux équipes qui la composaient comprenaient, aux meilleurs jours, chacune soixante hommes commandés par un architecte ou un entrepreneur. Dans chaque équipe, il y avait un ou plusieurs scribes, des dessinateurs, des peintres, des graveurs, des sculpteurs, des stuqueurs, des plâtriers, des maçons, des carriers, des mineurs, des manœuvres, aides et apprentis divers. Un scribe royal sert d'intermédiaire avec l'administration. Il note dans un Journal les travaux effectués, les matériaux employés, les salaires quotidiens, les absences, et tous les incidents qui peuvent survenir. Il préside le tribunal particulier des ateliers, assisté de onze membres de l'équipe. Le travail est organisé par décades, au cours desquelles les ouvriers restent sur le lieu de travail, utilisant l'abri temporaire de la piste menant à la Vallée des Rois. A la fin de leur travail, ils ont un jour de congé qu'ils mettent à profit pour régler leurs affaires personnelles. L'approvisionnement du village est assuré par l'administration à partir des magasins des temples voisins, et nous avons vu qu'il n'a pas toujours été régulier. Les familles vivent repliées sur elles-mêmes; la polygamie, ajoutée à la consanguinité des unions, crée au fil des générations de véritables dynasties dans chaque profession ou corps de métier, qui fondent une hiérarchie sociale. La vie de la communauté est très mouvementée : vols, adultères, vengeances, crimes, pillages se succèdent dans un petit monde qui a l'air parfois bien étouffant. À l'époque de Ramsès II, par exemple, un mauvais sujet réputé, nommé Paneb, avait trouvé une distraction pour le moins déplaisante : il lapidait les passants ! Il ne s'en tenait pas là : il vola des pierres sculptées dans le temple de Séthi Ier tout proche pour décorer sa tombe. De mauvais coups en larcins, il en vint un jour à assassiner son chef d'équipe, Néferhotep (TT 216), à la suite d'une altercation, pour prendre sa place ! Les autorités l'arrêtent, mais il obtient sa libération par quelque trafic d'influence..., et la place de son chef, puis se construit une belle tombe (TT 211). Le crime payait donc à Deir el-Médineh, comme le montre cet autre exemple. Un nommé Amenouah avait été accusé de pillage dans la tombe de Ramsès III, mais, faute de preuve, il bénéficia d'un non-lieu. Il avait quand même volé, et, lors du dégagement de sa tombe, les fouilleurs retrouvèrent l'objet du vol dissimulé dans le caveau... Il y avait d'autres distractions dans le village, plus relevées : fêtes religieuses, au nombre desquelles la Fête de la Vallée tient la première place, congés à l'occasion de l'enterrement des rois, réunions des confréries. Les ouvriers exerçaient à tour de rôle la fonction de prêtre-ouâb, c'est-à-dire de prêtre purifié, pour les processions. Quand venait leur tour, ils se préparaient en faisant une retraite dans le désert assortie d'un jeûne purificateur. Les femmes participaient également aux processions. Et puis, il y avait, bien sûr, l'enterrement des habitants du village qui gagnaient leur dernière demeure, aménagée petit à petit, année après année. Paradoxalement, l'image qui se dégage de cette petite société, entièrement tournée vers la mort de par sa composition même, laisse une impression de vie intense, faite des peines et des joies éternelles de tout un peuple. Rois et prêtres Ramsès V Amonherkhépechef succède à son père en 1148. Il meurt au bout de quatre ans, probablement de la variole, sans avoir le temps de développer un programme ambitieux qui l'a amené à rouvrir les carrières du Gebel el-Silsile et les mines du Sinaï. Il fait construire, outre sa tombe dans la Vallée des Rois (VdR 9) et un temple funéraire sur le modèle de celui de Ramsès IV, à Héliopolis et Bouhen. De son règne datent un grand texte fiscal, le Papyrus Wilbour, aujourd'hui au Musée de Brooklyn, et le début d'une série d'hymnes royaux, dont les versions les plus récentes datent de Ramsès VII (Condon : 1978). Un autre document nous est parvenu, d'un autre genre : le Papyrus 1887 de Turin, qui relate un scandale financier dans lequel étaient impliqués des prêtres d'Éléphantine (Sauneron : 1962, 13 sq.), qui en dit long sur la corruption qui régnait dans l'administration. Les choses ne s'arrangent pas sous le règne de Ramsès VI Amonherkhépechef II, qui est, lui, un fils de Ramsès III, contrairement à son prédécesseur. Les deux lignées, celle des descendants directs et celle des frères et neveux de Ramsès III se disputeront le pouvoir jusqu'à la fin de la dynastie. C'est sous son règne que les équipes de Deir el-Médineh sont ramenées à 60 hommes, et si le pays n'est pas vraiment en état de guerre civile, il est quand même le théâtre de nombreux actes de banditisme qui révèlent la faiblesse du gouvernement. Ramsès VI inscrit son cartouche à Karnak et dans bien d'autres temples, mais il est un endroit où il prend tout particulièrement soin de le faire rajouter : sur la liste des fils de Ramsès III de Medinet Habou, où il ne figurait pas plus que celui de son père à l'origine. Est-ce un signe de la guerre de succession qui fait rage au sein de la famille royale? Ramsès VI agrandit la tombe commencée pour Ramsès V dans la Vallée des Rois (VdR 9) pour son usage propre, ce qui vaut à son prédécesseur d'être enterré... deux ans après son décès. Les signes de décadence se multiplient. L'autorité égyptienne en dehors de la Vallée est de plus en plus limitée : Ramsès VI est le dernier roi du Nouvel Empire dont le nom est attesté au Sinaï. Le pouvoir des grands prêtres d'Amon monte à Thèbes comme dans tout le royaume, même si la fille de Ramsès VI, Isis, maintient le lien avec le clergé en tant que Divine Épouse d'Amon. Sous le règne de son fils, Ramsès VII, qui lui succède en 1136, la misère augmente dans le pays. Les sources de Deir el-Médineh permettent de suivre la montée des prix, et le roi, au cours de sept ans de règne, ne laisse son nom que dans peu de sites : Tell el-Yahoudiyeh, Memphis, Karnak, Elkab. Ramsès VIII Soutekhherkhépechef qui lui succède en 1128 ne règne, lui, qu'un an : c'est l'un des fils survivants de Ramsès III. Ramsès IX règne, lui, dix-huit ans. Il déploie une plus grande activité que ses successeurs : on trouve sa titulature à Amara-ouest en l'an 6 et son nom à Gezer en Palestine, dans l'oasis de Dakhla et à Antinœ. Il fait construire à Héliopolis où se situe l'essentiel des travaux qu'il entreprend, confirmant l'orientation de plus en plus nette de la famille royale vers le Nord. Cela ne l'empêche pas de faire décorer le mur au nord du VIIe pylône du temple d'Amon-Rê à Karnak, où se succèdent dans la charge de Grand Prêtre Ramsesnakht, puis son fils Nésamon et Amenhotep en l'an 10. Ramsesnakht avait tissé, par une série d'alliances et de mariages familiaux, un réseau comprenant les Deuxième, Troisième et Quatrième Prophètes d'Amon, le maire de la ville de Thèbes et divers notables. Cette mainmise sur les principaux bénéfices cléricaux lui permit d'asseoir définitivement le pouvoir des Grands Prêtres d'Amon. Fig. 141 Ramsès IX consacrant des prisonniers devant Amon Esquisse sur calcaire provenant de la Vallée des Rois (VdR 6.) H = 0,295 m. CGC 25121. La fin du règne de Ramsès IX est entachée d'un scandale qui se reproduira sous Ramsès XI et Hérihor : le pillage de la nécropole royale où lui-même se fait enterrer (VdR 6), ainsi que son fils, Montouherkhépechef (VdR 19) et de certaines nécropoles civiles. Le pillage a lieu en l'an 16. Il est signalé dans le Journal de Deir el-Médineh (Valbelle : 1985, 42) et a été rapporté par quatorze sources, toutes sur papyri (Peet : 1930), qui permettent de reconstituer à peu près les faits. Les autorités sont représentées par le vizir Khâemouaset, qui est le gouverneur de Thèbes, donc le plus haut fonctionnaire civil, Paser III, maire de la ville de Thèbes-est, sous le commandement de qui se trouve Paouraâ, le maire de Thèbes-ouest, le responsable direct de la nécropole. Une bande de pillards visite en l'an 9 la tombe de Ramsès VI — qui n'avait été enterré que quinze ans auparavant ! —, ainsi qu'une autre. Ils se disputent pour le partage du butin, et l'un d'eux menace de tout révéler. À cinq, ils ont creusé pendant quatre jours dans la tombe et se sont emparés d'objets précieux. Les sources ne précisent pas quel fut leur sort, mais on peut supposer qu'ils ont été punis, puisqu'une commission vient inspecter la tombe qui est à nouveau scellée. Par la suite, un véritable gang s'attaque aux tombeaux des rois de la XVIIe dynastie, désormais à l'écart du passage et suffisamment tombés dans l'oubli pour être moins sévèrement gardés, mais aussi à la Vallée des Reines. Sans doute ces pillards sont-ils les bandits, pour une partie libyens, qui infestent la région. Ils bénéficient en tout cas de complicités sur place, peut-être même de celle du maire de Thèbes-ouest, qui laisse faire, aux dires des artisans de Deir el-Médineh. Paser apprend le pillage et les soupçons qui pèsent sur Paouraâ. Il fait un rapport à Khâemouaset qui convoque une commission d'enquête en l'an 16. Dix tombes sont examinées et trouvées intactes, comme celle d'Amenhotep Ier, ou victimes seulement de tentatives de pillage, comme celles d'Antef V et VI. Mais celle de Sobekemsaf II a été pillée à partir d'une des tombes civiles voisines qui ont toutes été dévastées. Il s'ensuit plusieurs arrestations. Un suspect avoue s'être attaqué à l'hypogée de la reine Isis, l'épouse de Ramsès III ! La justice se transporte sur place : le suspect ne reconnaît plus les lieux, se trompe... L'instruction est close, au grand scandale des gens de Deir el-Médineh qui crient à la corruption. L'affaire se termine devant le vizir par un procès en règle. Les accusés sont traduits devant un tribunal qui siège sur la rive orientale, à Karnak, dans le temple de Maât situé dans l'enceinte de Montou. Le tailleur de pierres Amenpanéfer avoue avoir participé au pillage du tombeau de Sobekemsaf II. Il raconte tout : comment ils se sont introduits à sept en creusant un tunnel, comment ils ont violé le sarcophage, pillé les bijoux en mettant le feu à la momie pour gagner du temps, comment ils ont fait subir le même traitement à celle de la reine Noubkhas... Le scandale est d'autant plus grand que les pillards appartiennent tous au personnel des temples voisins. Les artisans de Deir el-Médineh respirent : il n'y a pas de brebis galeuse parmi eux ! La majeure partie des dix-sept coupables seront empalés. Ces pillages reprendront par la suite, dans la Vallée des Reines et dans celle des Rois, cette fois avec des complicités à Deir el-Médineh. Sous Ramsès XI, c'est l'hypogée de Ramsès VI qui est dévasté... Les autorités tentent de sauver au moins le corps en procédant à des transferts successifs, au fur et à mesure des besoins. La momie de Ramsès II en donne un exemple, que l'on peut suivre grâce au procès-verbal porté sur le couvercle du dernier cercueil qui la reçut : le Grand Prêtre Hérihor l'installe, en l'an 6 de la Renaissance (l'an 25 de Ramsès XI), dans la tombe de Séthi Ier. Plus tard, à la XXIe dynastie, sous Siamon, le Grand Prêtre Pinedjem la fait transporter dans la Cachette de Deir el-Bahari avec celle de Séthi Ier. Cette cachette est aménagée par Pinedjem II dans la tombe de l'épouse d'Ahmosis, Inhâpy, qu'il fait agrandir pour la circonstance. Il y fait déposer environ quarante cercueils de rois et grands prêtres, de la XVIIe à la XXIe dynastie : Taâ II, Amenhotep Ier, Ahmosis, Thoutmosis Ier, II et III, Séthi Ier, Ramsès Ier, II et IX, la mère de Pinedjem Ier, la fille du Grand Prêtre Menkhéperrê, etc. Lui-même et son épouse s'y font enterrer. C'est cette cachette que G. Maspero arrive à préserver en 1881. Une autre, découverte en 1898 par V. Loret, témoigne de la mise à sac de la nécropole thébaine juste avant, sous le gouvernement de Pinedjem Ier, qui avait entreposé dans le caveau d'Amenhotep II, outre son propriétaire, Thoutmosis IV, Amenhotep III, Mineptah, Siptah, Séthi II et Ramsès IV, V et VI. Une autre cachette abritant 60 momies avait été retrouvée par M. Maunier dans l'Assassif en 1850, et deux autres à Deir el-Bahari : l'une, mise au jour par A. Mariette en dégageant le temple en 1858, contenait 71 sarcophages de prêtres de Montou; l'autre, découverte par G. Daressy en 1891 à l'entrée de Bab el-Gasous, recelait 153 sarcophages et 200 statues de Grands Prêtres d'Amon postérieurs à la fin de la XXIe dynastie. Ces pillages portent témoignage de l'insécurité qui règne en Haute-Égypte dès Ramsès IX, et qui va s'accroître sous les deux derniers pharaons de la dynastie. On n'est même pas sûr de la durée du règne de Ramsès X Amonherkhépechef III, auquel on attribue trois ou neuf ans. Il est le dernier roi dont la souveraineté sur la Nubie est attestée, au moins à Aniba. La Nubie est alors le dernier territoire extérieur à l'Égypte qui lui soit encore soumis. Il y a longtemps que l'influence égyptienne est négligeable en Syro-Palestine. Après son enterrement dans la Vallée des Rois (VdR 18), Ramsès XI lui succède, pour un règne de vingt-sept ans dont seules les dix-neuf premières années seront plus ou moins effectives. Les troubles vont croissant en Thébaïde : outre les pillages et le climat d'insécurité que nous venons d'évoquer, il semblerait que la famine se soit installée en Haute-Égypte, ceci amenant cela. De plus, de grandes luttes agitent les prêtres qui s'arrogent des prérogatives qui font d'eux presque les égaux du roi. Le Grand Prêtre Amenhotep se fait représenter à Karnak aussi grand que son roi, montrant ainsi le peu de cas qu'il fait du pouvoir de celui-ci. Mais il semble qu'il soit allé un peu trop loin : il se fait chasser dans les premiers temps de Ramsès XI, et une sorte de guerre civile s'installe, qui amène le vice-roi de Kouch, Panéhésy, à intervenir à Thèbes même et au nord, jusqu'à Hardai. Un second Ramsesnakht lui succède peut-être alors. Un peu avant l'an 19, on voit apparaître un nouveau Grand Prêtre à la forte personnalité, dont on ne connaît pas vraiment l'origine, mais qui descend probablement d'une famille libyenne : Hérihor. On peut suivre à travers la décoration du temple de Chonsou qu'il achève à Karnak l'accroissement progressif de ses pouvoirs, jusqu'à l'assomption d'une quasi-titulature, qui ne fait pas de lui un pharaon, mais consacre sa toute-puissance en Haute-Égypte. C'est le début de « l'ère de Renaissance », qui reprend le terme que nous avons déjà vu employé par les fondateurs de nouvelles dynasties, ouhem-mesout. Elle consacre une sorte d'équilibre entre trois hommes. Le premier est le roi, qui reste en principe maître du jeu, mais n'a, de fait, plus aucun pouvoir : lorsque Ramsès XI mourra, vers 1069, le tombeau qui lui a été préparé dans la Vallée des Rois (VdR 4) n'est même pas achevé. Le deuxième personnage est un administrateur, nommé Smendès qui gère, en principe sous les ordres du clergé d'Amon, le nord du royaume depuis la résidence royale de Pi-Ramsès. Celle-ci vit ses dernières années avant d'être démantelée pour construire Tanis. Le troisième membre de ce triumvirat bien inégal est Hérihor qui cumule les charges temporelles et spirituelles. Il a le commandement des armées, de la Haute-Égypte et de la Nubie, ce qui provoque la sécession de Néhésy : l'Égypte se réduit désormais à la vallée du Nil entre Assouan et la Méditerranée. Cette association ne survivra pas à Ramsès XI, et le pouvoir va se trouver une fois de plus partagé entre la Haute et la Basse-Égypte, les deux royaumes retrouvant leurs frontières naturelles à chaque crise. Dans le Nord, Smendès fonde une nouvelle dynastie, qui s'installe dans une nouvelle capitale, Tanis, et se réclame de la famille royale. Dans le Sud, les Grands Prêtres d'Amon retournent aux racines de la théocratie en faisant coïncider encore plus exactement que dans les premiers temps le Mythe et l'Histoire à partir du domaine de leur dieu, qui, seul vrai bénéficiaire de l'empire immense créé par les Ramsès, est devenu plus riche et plus fort que Pharaon. CHAPITRE XII Le domaine d'Amon Le temple de Karnak Tous les pharaons du Nouvel Empire sans exception ont laissé au moins leur nom dans le temple d'Amon-Rê de Karnak. Le visiteur moderne ne peut manquer d'être frappé par la complexité et la richesse de ce site qui n'a cessé d'être pendant presque trois mille ans un gigantesque chantier. Le site est redécouvert au début du XVIIIe siècle par le capitaine Norden qui en donne les premiers dessins et le révérend Pococke qui en dresse un plan, mais c'est l'expédition de Bonaparte qui constitue la première étape de son exploitation : la Description de l'Égypte, puis la visite de J.-F. Champollion en 1828, les relevés de B. Cronstrand, D. Roberts, N. L'Hôte, H. Horeau le font connaître. Malheureusement, l'ouverture de l'Égypte de Mehemet Ali sur l'Europe n'attire pas que des archéologues dans le pays. La modernisation de l'économie, et tout particulièrement la construction des sucreries, rouvrent les carrières de pierre de construction si commodes que sont les temples depuis l'époque romaine qui avait vu ainsi disparaître le temple d'Amon du Moyen Empire. Les paysans, de leur côté, viennent prendre le sebakh pour fumer leurs terres, achevant de détruire monuments et témoins archéologiques. Devant cette mise au pillage à laquelle participent de nombreux « fouilleurs » improvisés, Champollion, Rifaud, puis N. L'Hôte poussent des cris d'alarme. Mais l'ampleur des intérêts économiques en jeu rend leurs efforts dérisoires. Mehemet Ali prend en 1835 un décret protégeant les monuments antiques : cinq ans après, les pylônes de la voie processionnelle servent encore de carrières... Après l'obélisque de Louxor, c'est la Chambre des Ancêtres qui prend le chemin de Paris : Fig. 142 Plan général des temples de Karnak (d'après Trauneker et Golvin : 1984, 20-21). Prisse d'Avennes la fait transporter au Louvre en 1843. Il faut attendre 1858 et la création du Service des Antiquités pour que A. Mariette commence le dégagement des temples. Après un premier nettoyage de 1858 à 1860 il publie en 1875 deux volumes sous le titre Karnak, étude topographique et archéologique, qui donnent le premier plan historique de l'évolution du temple. G. Legrain dirige ensuite les travaux de 1895 à 1917 : il mène à bien la restauration et l'anastylose de la salle hypostyle, dégage la cour du premier pylône et les temples-reposoirs de Ramsès III et Séthi II. Il découvre la cachette de la cour du VIIe pylône. Il publie ses rapports de fouilles dans l'organe du Service, les Annales du Service des Antiquités de l'Égypte, et dans l'une des deux grandes revues égyptologiques françaises de l'époque, les Recueils de Travaux. En 1929, paraît le Karnak de Capart, auquel il avait travaillé jusqu'à sa mort, en 1917. M. Pillet lui succède de 1921 à 1926 : il vide le IIIe pylône d'Amenhotep III, mettant au jour les restes de seize monuments antérieurs remployés dans son bourrage. Il nettoie l'allée processionnelle sud, les chapelles de Karnak-nord et le temple de Mout, consolide le Xe pylône et découvre les premiers colosses osiriaques d'Akhenaton à l'est de l'enceinte d'Amon-Rê. Il publie le résultat de ses travaux dans un Thèbes qui paraît en 1928. Le troisième architecte qui reçoit la charge de Karnak est H. Chevrier : il dirige les fouilles de 1926 à 1954, avec une interruption pendant la Seconde Guerre mondiale. Il finit de vider le IIIe pylône, fouille et commence à remonter le IIe, sonde la cour du Moyen Empire et s'occupe du remontage des monuments remployés au Nouvel Empire : la chapelle-reposoir en albâtre d'Amenhotep Ier, la « chapelle blanche », la chapelle d'Hatchepsout, dont il prépare la publication. À partir de 1931, l'Institut Français d'Archéologie Orientale s'installe à Karnak-nord, dans le temple de Montou que fouillent C. Robichon et A. Varille, puis après eux les fouilleurs de l'Institut, jusqu'à aujourd'hui. En 1936, le temple d'Amon-Rê Kamoutef et l'entrée de celui de Mout sont dégagés. En 1950, A. Varille nettoie et publie le sanctuaire oriental de Thoutmosis III, P. Barguet conduit le dégagement de l'obélisque unique de Thoutmosis III... Il publie trois ans plus tard une étude intitulée Le temple d'Amon-Rê à Karnak, qui reste l'ouvrage de référence. En 1967, enfin, l'Égypte et la France s'associent pour assurer la préservation et l'exploitation scientifique des temples de Karnak dans un Centre Franco-Égyptien qui, en vingt ans, a mené à bien le vidage, le démontage et une partie de la reconstruction du IXe pylône, fait des études approfondies sur la dégradation des monuments, découvert les maisons des prêtres aux abords du lac sacré, reconstruit la Chambre des Ancêtres, la chapelle d'Achôris en avant du Ier pylône, poursuivi l'étude des blocs de remploi d'Akhenaton, etc., mais aussi entretenu, présenté et protégé le site le plus visité d'Égypte. Entre-temps, une mission canadienne a entrepris l'étude des constructions amarniennes à l'est du temple, et une mission américaine celle du temple de Mout. Le temple remonte à la IIIe dynastie, si l'on en croit la liste de la Chambre des Ancêtres, mais il y a peu de chances qu'une découverte directe puisse le confirmer, tant la partie la plus ancienne a été ravagée. Il a abrité un culte de Montou, le dieu local, probablement dès l'Ancien Empire. Son existence est certaine sous Antef II, où il est appelé « la demeure d'Amon ». Son nom classique d'Ipet-sout, « Celle qui recense les places », qui désigne à l'origine la partie du temple comprise entre le IVe pylône et la salle des fêtes de Thoutmosis III, est déjà attesté sur la « chapelle blanche » de Sésostris Ier. L'aire historique couverte par l'ensemble des temples de Karnak va donc de la XIe dynastie à la fin de l'époque romaine, et l'on pourrait presque écrire l'histoire du pays à partir de la sienne. Le site comprend trois ensembles : le temple d'Amon-Rê Montou (Karnak-nord), celui d'Amon-Rê, et celui de Mout (Karnak-sud). Il faut y ajouter Louxor, qui est son « harem méridional ». L'enceinte de Montou, construite en briques à la XXXe dynastie, comme celle du temple d'Amon-Rê, comprend d'abord un sanctuaire consacré à Montou-Rê, avec son débarcadère propre au nord, auquel il est relié par un dromos, et un lac sacré. Il est l'œuvre d'Amenhotep III, qui a réutilisé une construction antérieure d'Amenhotep II, et, comme la majorité des monuments de Karnak, il a été modifié et agrandi à l'époque ramesside. Par la suite, Taharqa le dota de propylées, dont la colonnade fut refaite à l'époque ptolémaïque. Contre lui se trouvent, au sud, un temple consacré à Maât qui date au moins de la XVIIIe dynastie, et à l'est, un temple de Harprê d'époque éthiopienne. À proximité de l'enceinte sud, se trouvent six chapelles osiriennes élevées par les Divines Adoratrices (P). Si l'on continue de faire le tour de l'enceinte d'Amon-Rê, on trouve à l'est, dans le prolongement de l'axe principal, l'emplacement du Gempaaton d'Akhenaton, entièrement détruit, dont le « temple du benben dans le Gempaaton » porte encore des traces de crémation, et, un peu plus au sud, le temple de Chonsou « qui gouverne dans Thèbes », pour lequel on a du mal à déterminer une date de fondation. Le Musée de Berlin possède des blocs de Thoutmosis III qui en proviennent, mais le monument a été restauré à l'époque ptolémaïque. Champollion y a trouvé la Stèle de Bakhtan (Louvre C 284), que nous avons évoquée plus haut. Cela confirmerait peut-être l'attribution du temple à Thoutmosis III, dans la mesure où ce roi est, au moins autant que Ramsès II qui est le héros de la stèle, un prototype des relations unissant l'Égypte et les souverains d'Asie Mineure. Au sud, reliée à celle d'Amon-Rê par un dromos débouchant sur le Xe pylône, l'enceinte de Mout, refaite sous Tibère, s'étend sur environ 10 hectares. Le principal édifice est le temple consacré à Mout, deuxième élément de la triade thébaine. Il est bordé sur trois de ses côtés par le lac d'Achérou, à la forme si particulière. C'est de son avant-cour que proviennent les statues dédiées à Sekhmet par Amenhotep III, qui fonda le temple sans doute sur une construction d'Hatchepsout, dont il reste une chapelle d'Amon-Rê Kamoutef, « Amon-Rê taureau de sa mère » et un reposoir de barque. Celui-ci fut agrandi et décoré par Séthi II, Taharqa, qui fut l'un des grands (re)constructeurs de Karnak, puis à l'époque ptolémaïque. Mout y recevait un culte propre, en tant que mère de Chonsou, qui possédait aussi un temple dans l'enceinte d'Amon-Rê. Thoutmosis IV fonda dans l'enceinte de Mout un pendant à ce dernier temple, qui ne fut achevé qu'à l'époque éthiopienne : le sanctuaire de Chonsou-l'Enfant, dont le rôle est assez proche de celui d'un mammisi, comme le montrent les scènes de naissance royale représentées dans sa cour. A l'ouest, enfin, les seules extensions sont des chapelles-reposoirs de barques : une d'époque gréco-romaine et celle d'Achôris, commencée par Néphéritès Ier. Cette rapide revue des enceintes donne une idée de la façon dont le temple s'est développé au fil des siècles, chaque roi ou presque apportant une modification ou un ajout aux constructions de ses prédécesseurs, au point de donner l'impression d'un entassement anarchique. Le visiteur moderne, qui entre par le débarcadère et le Ier pylône, remonte en fait le temps : il part des constructions les plus tardives pour accéder aux plus anciennes, suivant en cela la désignation traditionnelle des monuments, du Ier au VIe pylône dans l'axe ouest-est, du VIIe au Xe dans l'axe nord-sud. Le temple s'est agrandi à partir du sanctuaire, situé au niveau de la « cour du Moyen Empire » (fig. 142: F), vers l'ouest, c'est-à-dire dans le sens de la sortie, et, concurremment vers l'est, par la création et le développement d'un « contre-temple » solaire orienté vers le soleil levant. Dans le même temps, l'allée processionnelle nord-sud, qui relie les enceintes de Montou, d'Amon-Rê et de Mout s'est étendue également, séparant à partir d'Amenhotep III le sanctuaire proprement dit, qu'elle limitait à l'ouest, des nouvelles constructions, qui ne sont, somme toute, que des extensions de la voie d'accès de la barque sacrée. Fig. 143 Le sanctuaire primitif. À l'origine, le temple était compris dans un espace situé entre la future salle des fêtes de Thoutmosis III et le sanctuaire de la barque sacrée. Il devait comporter, outre le sanctuaire proprement dit, deux salles en enfilade, qui constituaient les éléments minimum du temple. Cette disposition ne semble guère avoir évolué jusqu'au règne de Thoutmosis Ier, qui commence à le transformer, avec l'aide de son architecte, Inéni. Mais on ne peut pas être très sûr de l'aspect qu'avaient les constructions jusqu'alors. Les chapelles-reposoirs trouvées réemployées par la suite laissent supposer une longue voie d'accès vers un débarcadère, ponctuée d'un certain nombre de haltes pour la barque sacrée. L'architecte Inéni a fait représenter dans sa tombe de Cheikh Abd el-Gourna (TT 81) les constructions qu'il a réalisées pour son roi. Il a enclos le sanctuaire dans une enceinte, fermée par un pylône (V). La cour ainsi délimitée était entourée d'un péristyle abritant peut-être des colosses osiriaques. Le pylône, en grès paré de calcaire, donnait accès par une porte flanquée de deux mâts à oriflammes, à une « magnifique salle hypostyle à colonnes papyriformes » (c'était son nom), au plafond de bois et le long des murs de laquelle des colosses royaux portaient Fig. 144 Les constructions de Thoutmosis Ier. alternativement la couronne de Haute et de Basse-Égypte. Le tout était enfermé dans une seconde enceinte, dans laquelle s'ouvrait un second pylône (IV), dont au moins le soubassement était en grès. Devant la face occidentale, qui constituait alors l'entrée du temple et était ornée de quatre mâts, Thoutmosis Ier dispose deux obélisques, dont seul celui du sud subsiste aujourd'hui. L'ensemble constitue « Ipet-sout » proprement dite et peut être considéré comme le modèle dont s'inspirera Amenhotep IV pour le temple d'Aton à Amarna. La principale étape suivante correspond au règne d'Hatchepsout et de Thoutmosis III, le second défaisant ou modifiant ce qu'avait fait la première. Hatchepsout installe contre la façade occidentale du sanctuaire des chambres d'offrandes, qu'elle fait précéder d'un reposoir de barque, la « chapelle rouge ». En l'an 16, elle fait ériger deux obélisques de granit rose d'Assouan plaqués d'électrum, dont seul subsiste celui du nord, en avant du Ve pylône : au beau milieu donc de la salle hypostyle de Thoutmosis Ier. Elle accole à l'enceinte orientale de Thoutmosis Ier un sanctuaire consacré au soleil levant, pourvu de deux obélisques : il Fig. 145 Les constructions d'Hatchepsout et Thoutmosis III. sera remplacé par la salle des fêtes de Thoutmosis III. Elle entreprend probablement, comme nous l'avons vu plus haut, la construction du temple de Mout Dame d'Achérou, et remplace dans l'allée processionnelle le VIIIe pylône, originellement en briques, par une construction de pierre. Thoutmosis III modifie profondément Ipet-sout. Il enferme les deux obélisques d'Hatchepsout dans un caisson en grès qui n'en laisse apparaître que les pointes, et relie cette construction au Ve pylône, de façon à créer une antichambre. Il triple la colonnade de Thoutmosis Ier et remplace le plafond de bois de cette hypostyle par un plafond de pierre. A l'est du Ve pylône, il coupe en deux par un nouveau pylône (VI), sur lequel il fait figurer son triomphe de Megiddo, la cour qui séparait le Ve pylône des chapelles d'Hatchepsout, entre lesquelles il fait édifier un reposoir de barque en granit rose. Celui-ci a été détruit, mais Philippe Arrhidée en a fait une copie exacte, toujours en place. Le mur extérieur sud de ce sanctuaire-reposoir est décoré de scènes de fondation et de procession de la barque sacrée. Thoutmosis III sépare à nouveau la cour à l'est du VIe pylône en trois : une salle centrale au plafond soutenu par deux piliers de granit rose décorés des plantes héraldiques de Haute-Égypte au sud, et de Basse-Égypte au nord et deux cours latérales en avant des chapelles d'Hatchepsout. C'est dans cette partie du temple, stratégique puisqu'elle est le lieu où le roi après une ultime purification va se trouver en présence du dieu, qu'il fait graver le texte dit « de la jeunesse » et ses Annales. Il construit, à la place du sanctuaire au soleil levant d'Hatchepsout, un temple de régénération, c'est-à-dire un lieu dans lequel le roi reçoit, lors de la fête-sed, la puissance divine. Ce temple, nommé Akh-menou, comporte quatre parties essentielles. La première est une longue voie d'accès, qui passe entre les deux enceintes de Thoutmosis Ier. Elle débouche sur un vestibule qui dessert, par un couloir orienté est-ouest, neuf magasins destinés à recevoir les ornements et produits rituels utilisés dans les cérémonies. Sur le bandeau des six premiers court un long texte de dédicace dans lequel Thot annonce à l'assemblée des dieux le décret d'Amon-Rê instituant Thoutmosis III pharaon. Le mur nord de ce couloir montre, lui, divers moments de la fête-sed. La porte ouest du vestibule donne accès à la salle des fêtes proprement dite : une hypostyle dont trente-deux piliers carrés font le tour, tandis que les architraves du plafond de la nef centrale, peint en bleu et semé d'étoiles d'or, sont soutenues par deux rangées de dix colonnes à chapiteau dit « de fête-sed ». Ces architraves portent le protocole de Thoutmosis III, qui est représenté sur les piliers coiffé des couronnes du Nord ou du Sud selon l'orientation de ceux-ci. La paroi sud du mur oriental décrit l'intronisation du roi. A l'entrée de la salle des fêtes, Thoutmosis III fait offrande à ses prédécesseurs défunts, comme Séthi Ier dans son temple abydénien : c'est la « Chambre des Ancêtres », aujourd'hui au Louvre, mais dont une copie a été remise en place. Au sud-est, une troisième partie est consacrée au culte de Sokaris : sanctuaire, chapelle de la barque, de la châsse de son hypostase en forme de faucon momifié, de la statue cultuelle, et magasins. Enfin, au nord-est se trouvent deux sanctuaires, dont un sera refait par Alexandre, et les salles particulières d'Amon, dont l'une est le « jardin botanique », dont nous avons évoqué plus haut le rôle. Thoutmosis III enferme ces constructions dans une enceinte qui prolonge celle de Thoutmosis Ier à l'est et la double au nord jusqu'au niveau du Ve pylône. Il clôt tout l'ensemble par une seconde enceinte, qui part du IVe pylône au sud pour rejoindre le Ve au nord en laissant un couloir de circulation. A l'est de cette dernière enceinte, il érige à son tour un contre-temple périptère, dans le naos duquel on voit Amon assis à côté de lui et le tenant par l'épaule. Ce contre-temple a lui aussi été érigé à l'occasion du jubilé du roi. Il fait aménager le lac sacré et construire le VIIe pylône sur l'axe nord-sud, qui est lui aussi lié à son jubilé. Les deux faces sont décorées des scènes traditionnelles de massacre des ennemis du Sud et de l'Est et précédées des colosses installés de part et d'autre de la porte. Les deux colosses en avant de la face sud du pylône étaient précédés de deux obélisques. Seule reste la base de l'obélisque oriental. L'obélisque occidental a été transporté sous Théodose Ier à Constantinople, où Proclus l'érigea sur l'hippodrome en 390. Amenhotep II travaille également à Karnak, mais des modifications importantes ne sont apportées que par Thoutmosis IV et, surtout, Amenhotep III. Elles ne bouleverseront plus l'aspect d'Ipet-sout, même si chacun y ajoutera encore, peu ou prou, de nouveaux aménagements. L'essentiel des travaux porte désormais sur les parties en avant du temple, c'est-à-dire vers l'ouest, la voie processionnelle ou des constructions extérieures au sanctuaire proprement dit. Thoutmosis IV mène à bien l'érection de l'obélisque du contre-temple oriental de Thoutmosis III, le tekhen wâty, « l'obélisque unique », qui ne deviendra le cœur de ce temple que bien après son agrandissement par Ramsès II : sous Ptolémée VIII Evergète II. C'est le plus grand obélisque connu, plus de 33 mètres de haut, ce qui lui valut sans doute d'être transporté à Rome par Constance II en 357 pour décorer le Cirque Maxime, sous les ruines duquel il fut retrouvé, brisé. Il est aujourd'hui sur la place de Saint-Jean de Latran. Thoutmosis IV est le premier à construire à l'ouest du IVe pylône, sur le parvis duquel il implante un monument à piliers, dont une partie est réutilisée par Amenhotep III pour la construction du IIIe pylône ainsi que les matériaux d'une douzaine d'autres monuments. Ce pylône, précédé d'un vestibule, constituait l'entrée du temple, comme le montrent les scènes de procession de la barque divine qui le décorent. Il le resta jusqu'après l'épisode amarnien. Amenhotep III ferma l'allée processionnelle vers le temple de Mout en faisant édifier par Amenhotep fils de Hapou un pylône de brique, qu'Horemheb remplacera par le Xe pylône, en pierre lui. Pendant la révolution amarnienne, les seuls travaux concernent le temple d'Aton qu'Amenhotep IV fait édifier à l'est. L'activité reprend timidement avec Toutankhamon qui consacre, outre les deux statues d'Amon et Amaunet de la cour du VIe pylône, peut-être quelques-uns des criosphinx — les sphinx à tête de bélier — le long de la voie d'accès. Horemheb apporte des changements d'importance, puisqu'il construit trois des dix pylônes du temple et décore l'allée reliant le Xe pylône au temple de Mout de criosphinx. Fig. 146 Détail de l'axe nord-sud. Sur l'axe nord-sud, il ferme la cour au sud du VIIIe pylône par deux murs de grès et un nouveau pylône, le IXe. Il remplace le pylône de brique du sud par le Xe pylône, au pied duquel figure la stèle portant le décret qu'il prend pour restaurer l'ordre dans le pays. Fig. 147 Ier-IIIe pylône. Le IIe pylône qu'il commence est terminé par Ramsès Ier, et la décoration de sa porte ne sera achevée que par Ptolémée Evergète II. Horemheb le place à l'extrémité d'une double rangée de sept colonnes campaniformes hautes de plus de 22 m, dont les douze premières formeront la travée centrale de la future salle hypostyle : seulement douze, car il inclut les deux colonnes les plus à l'ouest dans le IIe pylône. Ces pylônes donnent au temple un aspect qui se rapproche déjà de son apparence actuelle. Surtout, ils permettent de faire disparaître la plus grande partie des monuments d'Amenhotep IV, dont les talatates sont réutilisées pour bourrer le IIe et le IXe pylône. On remarquera toutefois que si les constructions du pharaon hérétique disparaissent de Karnak, elles ne sont pas pour autant annihilées, pas plus que les autres monuments remployés comme matériaux de construction : les reliefs et décorations des blocs sont préservés, même si plus personne ne doit les voir. La damnatio memoriae touche les bâtiments édifiés par le souverain jugé coupable envers Amon et l'ordre établi, non le dieu lui-même. Séthi Ier dote le temple d'un de ses éléments les plus spectaculaires : la salle hypostyle (A), nommée « le temple de Séthi-Mérenptah est lumineux dans la Demeure d'Amon », dont Ramsès II achève la décoration. Deux fois plus large que profonde, elle consiste en deux travées de 66 colonnes monostyles réparties en sept rangées de part et d'autre de la colonnade centrale campaniforme. Une importante différence de hauteur entre les deux — presque 6 mètres —, a permis l'installation de fenêtres à claustra, qui diffusaient une lumière tamisée de part et d'autre de la travée centrale. La salle comporte deux axes : celui du temple et un second, perpendiculaire, qui débouche sur deux portes, une au nord, l'autre au sud. Elle est construite sur un remblai d'Amenhotep III : les colonnes des travées latérales sont montées sur des pilotis disposés sous un dallage peu épais et faits d'un entassement sur deux mètres de haut de talatates, séparées par un blocage de terre battue et de caillasse. La partie sud de la salle, décorée de reliefs dans le creux par Ramsès II, a la fonction d'une cour servant à introduire le roi vers le lieu de purification : la partie nord, la per-douat, où il revêt les ornements sacerdotaux et reçoit l'ultime purification avant de pénétrer dans le temple proprement dit. La décoration intérieure de la salle reflète ce passage : scènes de fondation, de processions et d'introduction royale dans la première partie, d'offrandes dans la seconde. Les murs extérieurs, visibles par les fidèles, sont décorés, comme à Medinet Habou, par les campagnes militaires de Séthi Ier au nord (campagnes de Syrie et Palestine à l'est, contre les Libyens et les Hittites à l'ouest), de Ramsès II au sud (Palestine à l'ouest, Qadech à l'est). Chaque campagne se termine par la consécration des trophées à la triade thébaine à proximité des portes qui fonctionnent comme des pylônes. La construction de la salle hypostyle montre une évolution du temple : le point de contact avec l'extérieur se déplace vers l'ouest, de façon à commander tout l'ensemble inclus dans l'enceinte de Thoutmosis III, l'Ipet-sout « étendu », si l'on peut dire, mais aussi tout ce à quoi l'on peut accéder au-delà du IIIe pylône : aussi bien l'allée processionnelle que les sanctuaires orientaux. L'étape suivante ne sera plus qu'un aménagement de la voie d'accès en avant du IIe pylône, qui consistait sous Ramsès II en un dromos de criosphinx, le « chemin des béliers », conduisant au quai-débarcadère, auquel la barque divine accédait par un canal de dérivation du Nil. Séthi II flanque le débarcadère (fig. 142: A) de deux obélisques et fait élever un reposoir de barque en avant du IIe pylône (fig. 147) pour les barques des membres de la triade thébaine. Ramsès III en construit un à son tour, de l'autre côté de l'axe et plus à l'est (fig. 147) : c'est un modèle réduit de temple comportant son propre pylône précédé de colosses royaux, une cour à péristyle, une hypostyle et un sanctuaire. Les murs extérieurs en sont décorés de scènes de la procession des barques divines vers Louxor lors de la fête d'Opet. Chéchonq Ier borde l'espace de la future cour du Ier pylône par deux portiques, et la ferme par un portail qui sera remplacé par le Ier pylône; il repousse alors les criosphinx de l'allée centrale sur les côtés nord et sud de cette nouvelle cour. Puis Taharqa, à la XXVe dynastie, construit un kiosque en avant du vestibule du IIe pylône, qui reprend le principe de la colonnade d'Amenhotep III, et que Ptolémée IV Philopator fermera plus tard par des murs d'entrecolonnement. Les murs d'enceinte ont été restaurés par Montouemhat sous le règne de Taharqa, mais l'enceinte telle qu'elle se présente aujourd'hui date de la XXXe dynastie, comme probablement le Ier pylône, qui est resté inachevé. Elle couvre un périmètre de 480 m sur 550 m et est constituée de murs d'environ 12 m d'épaisseur pour 25 m de haut. Ils sont faits de lits de briques crues alternativement convexes et concaves, de façon à reproduire l'ondoiement des flots du Noun qui limitent l'univers, représenté par le temple, lieu de la création. Les cinq portes percées dans l'enceinte marquent chacune un point de convergence de ces vagues qui s'arrêtent pour laisser passer à l'est le soleil levant vers son temple, au nord Montou, au sud Mout vers le sien, et Amon-Rê vers celui de Louxor. L'évolution du temple est loin de se limiter aux grandes lignes de celles de l'axe est-ouest que nous venons d'évoquer. Il y a encore, au nord, contre l'enceinte, le temple construit pour Ptah « au sud de son mur » par Thoutmosis III sur un ancien sanctuaire de briques et restauré jusque sous les Ptolémées; à l'est, les sanctuaires orientaux d'Amon-Rê Horakhty, auxquels Ramsès II donne leur aspect définitif; la zone du lac sacré, au croisement des deux axes, où Taharqa fit édifier un monument, à côté de la statue colossale consacrée à Khépri par Amenhotep III; le temple de Chonsou, que nous avons évoqué plus haut : reconstruit par Ramsès III sur une installation d'Amenhotep III, poursuivi de Ramsès IV à Ramsès XI et décoré en partie par Hérihor, au fur et à mesure de son ascension. Lui aussi fut encore développé au Ier millénaire : un autre kiosque de Taharqa en avant du pylône décoré par Pinedjem, puis une porte monumentale, Bab el-Amara, décorée par Ptolémée Evergète Ier et débouchant sur une allée de criosphinx d'Amenhotep III. Une chapelle dédiée à Opet jouxte le temple de Chonsou à l'ouest; elle fut transformée en temple à l'époque éthiopienne, mais sa décoration ne fut achevée que sous Auguste. Son changement de vocation (à l'origine lieu de culte d'Opet exclusivement, le temple devient aussi, par glissement, le palais d'Osiris) est caractéristique de la montée du culte osirien à partir de la XXIIe dynastie : de nombreuses chapelles osiriennes peuplent alors le secteur nord de l'enceinte d'Amon, des Grands Prêtres jusqu'au règne de Tibère... Les grands travaux s'arrêtent pratiquement avec les souverains de la XXXe dynastie, mais il n'est pas de roi qui n'ait contribué encore par la suite à l'embellissement ou à l'entretien de l'un ou l'autre monument. Cette activité ne se bornait pas à la construction ou à la décoration. À force d'accumulation, le temple devait être devenu à peu près impraticable dans certaines parties, en particulier dans les voies d'accès, et l'on décida, à l'époque ptolémaïque, d'enfouir dans la cour du VIIIe pylône une partie de ce qui était autant un bric-à-brac gênant qu'une proie tentante pour les voleurs. G. Legrain eut la bonne fortune de trouver cette cachette, et il mit au jour, de 1903 à 1905, plus de 800 statues, monuments et stèles et 17 000 bronzes disséminés un peu partout dans la cour. Parmi ces objets précieux, on peut citer des sphinx, dont un d'Amenhotep Ier, une clepsydre d'Amenhotep III, des piliers de Sésostris Ier, des blocs provenant d'une chapelle jubilaire d'Amenhotep Ier ainsi qu'une porte en calcaire à son nom et des blocs de chapelles, des statues de Senmout, etc. On peut déduire du lieu où ces objets ont été enfouis au moins la zone dans laquelle ils devaient se trouver (Barguet : 1962, 277 sq.). Leur présence, qui suppose d'autres « nettoyages » et donc peut-être des découvertes à venir, donne une idée de la richesse du domaine d'Amon et de la puissance des prêtres qui prennent le pouvoir sous Ramsès XI. Eux-mêmes ont construit et décoré dans le temple, relativement peu au regard des pharaons. Mais ils sont tout de même très présents, ne serait-ce que par les maisons qu'ils occupaient, localisées à l'est du lac sacré (fig. 142: H), et dont le dégagement permettra certainement de mieux comprendre un jour une période qui est encore assez trouble. QUATRIÈME PARTIE Les derniers temps CHAPITRE XIII La Troisième Période Intermédiaire Smendès et Pinedjem À la mort de Ramsès XI, Smendès se proclame roi. Il se réclame de la lignée ramesside par la titulature qu'il adopte : il est l'Horus « Taureau puissant aimé de Rê, dont Amon a rendu le bras fort, afin qu'il exalte Maât ». On ne sait rien de son origine, et les liens de parenté qu'on lui a prêtés avec Hérihor sont peu probables. Il est, en revanche, plus plausible qu'il ait légitimé son pouvoir en épousant une fille de Ramsès XI. Fig. 148 Généalogie de la XXIe dynastie. Son couronnement marque la fin de l' « ère de Renaissance » et, — aussi curieux que cela puisse paraître puisqu'il n'est manifestement pas de sang royal —, son autorité est reconnue à Thèbes. C'est lui, en effet, qui restaure une partie de l'enceinte du temple de Karnak, qui avait été emportée par une crue du fleuve. Il transfère la capitale de Pi-Ramsès à Tanis, où des découvertes récentes laissent supposer une première implantation ramesside, liée probablement au déplacement de la branche pélusiaque du Nil (Yoyotte : 1987, 56). Il réside également à Memphis, d'où il fait exécuter des travaux dans le temple de Louxor, ce qui suppose ou bien que l'ancienne capitale du royaume avait provisoirement retrouvé sa fonction politique de résidence royale, ou bien, ce qui paraît plus vraisemblable, que l'aménagement de Tanis était en cours. Car lorsqu'il meurt après un règne d'un peu plus de vingt-cinq ans, c'est à Tanis qu'il se fait enterrer. XXe DYNASTIE GRANDS PRÊTRES THÉBAINS 1098-1069 Ramsès XI Amenhotep 1080 début de l'ère de la Hérihor 1074-1070 Renaissance Piânkh XXIe DYNASTIE 1070-1055 Pinedjem Ier Grand Prêtre 1069-1043 Smendès 1054-1032 Pinedjem Ier roi 1054-1046 Masaharta Grand Prêtre 1045-992 Menkheperrê 1043-1039 Amenemnesout 1040-993 Psousennès Ier 993-984 Aménémopé 992-990 Smendès 990-969 Pinedjem II 984-978 Osorkon l'Ancien 978-959 Siamon 969-945 Psousennès 959-945 Psousennès II Fig. 149 Tableau chronologique de la XXIe dynastie. Au moment où Smendès s'est proclamé roi, la charge de Grand Prêtre d'Amon venait une deuxième fois de changer de main à Karnak. Déjà Piânkh avait succédé à Hérihor à la fin du règne de Ramsès XI, vers 1074. D'origine tout aussi inconnue que lui, il avait reçu du Grand Prêtre, qui était peut-être son beau-père (Kitchen : 1986, 536), le commandement militaire de Haute-Égypte et tenté de prendre le contrôle de la Nubie, apparemment en vain puisqu'il guerroyait encore en l'an 28 de Ramsès XI contre les « rebelles » de Panéhésy. Piânkh, au contraire de Hérihor, fait souche, et c'est son fils Pinedjem qui lui succède comme Grand Prêtre et commandant en chef des armées de Haute-Égypte en 1070. Il reste titulaire de ces fonctions tout au long du règne de Smendès dont il reconnaît le pouvoir, puisque, pas plus qu'Hérihor, il ne s'arroge le droit régalien d'éponymie : l'affaire des momies royales que nous avons évoquée plus haut, par exemple, qu'il règle lui-même, est datée des années 6 à 15 de Smendès. Pendant cette période, c'est en tant que Grand Prêtre qu'il agit à Medinet Habou, Karnak, Louxor, jusqu'à El-Hibeh ou Assouan, qui constituent les limites de son autorité. En l'an 16 de Smendès, Pinedjem adopte une titulature royale qui affirme clairement l'origine de son pouvoir : il est l'Horus « Taureau puissant couronné dans Thèbes, aimé d'Amon ». Son nom est désormais inclus dans le cartouche, et on le trouve à Thèbes, Coptos, Abydos et ... Tanis. Mais il ne prend toujours pas l'éponymie, même s'il a délégué la fonction de Grand Prêtre, qu'il n'occupe plus, à son fils Masaharta, auquel succède en 1045, son autre fils, Menkhéperrê. Quelle est donc la nature de ce pouvoir qui s'arroge les compétences du pharaon tout en reconnaissant le primat de celui-ci ? La raison la plus élémentaire de cette usurpation des prérogatives royales est dans l'histoire des relations du temporel et du spirituel : nous avons vu au cours de la XVIIIe dynastie monter la puissance du clergé thébain, premier bénéficiaire, matériellement parlant, des conquêtes de l'Empire en tant que support indispensable de la politique. Hatchepsout comme Thoutmosis III ou Thoutmosis IV tiennent leur légitimité du dieu lui-même qui se manifeste par des apparitions ou des oracles confirmant leur droit au trône. C'est contre cette emprise qu'Amhenhotep IV a voulu lutter, sans toutefois modifier le fondement théocratique du pouvoir : il s'est contenté de contourner Amon, mais sa démarche a fondé une réflexion théologique qui s'est développée tout au long de l'époque ramesside. Elle a produit en particulier l'institution de la Divine Épouse d'Amon, charge dévolue à partir d'Ahmès Néfertary à une princesse royale qui sert en quelque sorte de renfort au lien unissant le souverain au dieu qui le mandate : épouse morganatique de l'un et peut-être aussi de l'autre, elle constitue le pendant du roi dans l'exercice du culte. Nous avons suivi cette association au sein du couple royal dès Amenhotep III et avec Akhenaton qui établit une stricte correspondance entre famille divine et famille royale. Ramsès II systématise le procédé jusqu'à assurer à son épouse un culte parallèle au sien à Abou Simbel. Toute la question est donc, au moment où Hérihor ouvre l' « ère de Renaissance », de savoir qui sera le contrepoint de la famille divine sur terre. Ce ne peut être que la famille régnante, seule héritière légitime du dieu. Il convient donc de séparer le pouvoir temporel d'Amon, que le Grand Prêtre revendique pour lui-même, de celui du pharaon, accordé par Amon mais distinct de celui de son Grand Prêtre. Ce clivage recouvre la réalité de l'autorité du clergé d'Amon sur la Haute-Égypte que le pharaon n'est plus capable de contrôler. La politique des Grands Prêtres d'Amon va donc consister à soutenir le pouvoir du pharaon, mais en le soumettant à la volonté d'Amon, exprimée sous forme oraculaire : Tanis est construite sur le modèle de Thèbes, de façon à établir une correspondance exacte entre Amon de Tanis et Amon de Thèbes. Ce parallélisme sera à nouveau développé à l'époque éthiopienne entre ce dernier et Amon de Napata. Il est donc logique que Pinedjem apparaisse à Tanis. D'un autre côté, et afin de conserver la réalité du pouvoir, Pinedjem épouse Hénouttaouy, qui est de sang royal (Fig. 148). D'elle il aura quatre enfants : Psousennès Ier, le pharaon, Masaharta et Menkhéperrê, les Grands Prêtres successifs et une fille Maâtkarê, qui va concilier les charges de Divine Épouse et de chef des recluses d'Amon en une seule fonction, celle de Divine Adoratrice, épouse exclusive du dieu. Elle choisira par adoption celle qui lui succédera, tournant définitivement les difficultés inhérentes à la transmission de sa charge (Gitton : 1984, 113-114). Ainsi, la mère divine s'incarne doublement : dans la personne de la Divine Adoratrice, mère morganatique du dieu-enfant, et dans celle de l'épouse du roi, mère charnelle de son successeur. Le système ne se mettra en place qu'à la mort de Smendès : lorsque Psousennès Ier sera couronné. En attendant, le pays est partagé de fait en deux, entre le Grand Prêtre et le pharaon, le premier exprimant la volonté d'Amon qui mande le second. C'est ce qui ressort d'un texte conservé aujourd'hui au Musée Pouchkine de Moscou, qui relate le Rapport d'Ounamon, un ambassadeur envoyé en Phénicie pour rapporter du bois destiné à la barque sacrée d'Amon thébain, probablement vers la fin du règne de Ramsès XI : Smendès n'y est mentionné que comme régent. On est loin de l'époque où l'Égypte était respectée au Proche-Orient : non seulement Ounamon doit payer le bois dont il a besoin, mais encore il se fait voler en route, et le prince de Byblos n'accepte qu'après de sordides marchandages de fournir, contre la forte somme, la commande (Leclant : 1987, 77 sq.). Jusqu'au règne de Siamon, l'Égypte ne paraît jouer aucun rôle dans les régions où s'exerçait auparavant traditionnellement son influence, et où le premier rôle politique est désormais dévolu à l'État d'Israël, qui a pour premier roi Saül, puis, de 1010 à 970, David qui fait de Jérusalem sa capitale. On peut supposer que l'Égypte assurait tout juste la police de sa frontière orientale sous Psousennès Ier (Kitchen : 1986, 267). Lorsque Smendès meurt, le pouvoir est réparti entre deux corégents : Néferkarê Amenemnesout, « Amon est le roi », probablement fils de Hérihor (Kitchen : 1986, 540), et Psousennès Ier, qui lui survit et règne jusqu'en 993. Amenemnesout est contemporain des premiers temps du pontificat de Menkhéperrê. Celui-ci fait face aux dernières séquelles de la guerre civile qui avait enflammé Thèbes autour du pouvoir montant des Grands Prêtres : il bannit des opposants dans les oasis du désert occidental, qui devaient être plus ou moins sous le contrôle de chefs libyens, puis les amnistie sur décret oraculaire d'Amon (Stèle Louvre C 256). Cette amnistie marque le début de concessions faites par le pouvoir royal aux grandes familles thébaines du clergé, choquées de se voir dépouiller de leurs prérogatives par la lignée de Hérihor, qui, après tout, n'était faite que d'immigrés libyens ! On trouve une confirmation de cette volonté d'apaisement dans le fait que sous le pontificat de Pinedjem II la famille du Grand Prêtre n'accapare plus les charges cléricales comme elle le faisait au temps de Pinedjem Ier, même si les femmes de la tribu accumulent des bénéfices qui, ajoutés à l'ensemble de ceux détenus par leurs parents, doivent représenter environ un tiers des terres de Haute-Égypte (Kitchen : 1986, 275-277). La mesure d'apaisement prise par Menkhéperrê semble amener un certain retour au calme dans le pays, que confirme l'envoi à Tanis d'objets funéraires sauvés du pillage des tombes royales en Thébaïde pour servir aux souverains de la XXIe dynastie. Thèbes et Tanis En 1040-1039, Psousennès Ier, « l'Étoile apparue à la Ville », réalise à travers sa personne la synthèse religieuse et politique du pays. Il affirme nettement son appartenance thébaine : il est l'Horus « Taureau Puissant couronné à Thèbes », et son nom de nebty le dit Fig. 150 Plan général de Tanis (d'après le plan dressé par A. Lezine, 1951). « Grand constructeur dans Karnak » — ce qui est exact : en l'an 40 de son règne, le Grand Prêtre Menkhéperrê fait une inspection des temples de Karnak qui a pour conséquence la construction, huit ans plus tard, d'un mur d'enceinte au nord du temple d'Amon pour le protéger (déjà !) de l'envahissement par les maisons d'habitation toutes proches. La même mesure a probablement été appliquée au même moment à Louxor. Psousennès Ier consolide d'ailleurs ses liens avec le clergé d'Amon en mariant sa fille Asetemkheb au Grand Prêtre Menkhéperrê. Lui-même, comme ses successeurs, exerce le pontificat d'Amon à Tanis. Mais il se réclame aussi de la succession de Ramsès XI en se faisant également appeler « Ramsès-Psousennès », et est l'un des grands bâtisseurs du temple consacré à Tanis à la triade formée par Amon, Mout et Chonsou, dont il construit l'enceinte. Sans doute ne se limita-t-il pas à l'enceinte, si l'on en croit quelques traces de remplois de monuments antérieurs, mais l'état du site ne permet pas d'en savoir plus. On ne sait pas non plus quelle part il a pu prendre à l'édification de la ville, qui n'a pas encore été dégagée. Le site de Tanis a été relevé à la fin du XIXe siècle par Fl. Petrie. Dès sa découverte, il avait été mis en relation avec la capitale hyksôs, à cause des nombreux monuments en provenant que l'on pouvait rattacher à cette époque, mais aussi avec Pi-Ramsès, Ramsès II y étant plus qu'abondamment représenté. Le principal fouilleur du site, P. Montet, qui y travailla de 1929 à 1940, puis de 1946 à 1951, défendit longtemps cette double équivalence entre Avaris, Tanis et Pi-Ramsès, malgré des découvertes essentiellement en rapport avec les époques postérieures. Les recherches actuelles, menées depuis une vingtaine d'années par J. Yoyotte, puis par Ph. Brissaud ont essentiellement porté sur l'analyse stratigraphique du tell sur lequel est construit le site, ce qui a d'ailleurs permis de mettre en évidence une réelle occupation à l'époque ramesside (Yoyotte : 1987, 25-49). L'interprétation historique de Tanis n'est pas facile. À la présence au sol de monuments d'époque hyksôs et ramesside s'ajoute la destruction de pratiquement tous les matériaux en calcaire du site par les chaufourniers. Toutefois les dépôts de fondation permettent d'attribuer à Psousennès Ier l'enceinte et le noyau du grand temple. La porte monumentale orientale et l'essentiel des constructions d'Amon datent de la XXIIe dynastie. Il en va de même du temple de Chonsou, au nord de celui d'Amon, auquel il est perpendiculaire : il ne reste rien des constructions de Psousennès Ier, seulement des blocs provenant des embellissements apportés par Chéchonq V et réutilisés plus tard dans la maçonnerie du lac sacré voisin. Le temple de Mout, implanté au sud du site probablement par Psousennès Ier de façon à parfaire le parallélisme avec Karnak, n'a pas non plus gardé de trace de son premier état, mais uniquement des remaniements dont il a été l'objet. L'œuvre des rois de la XXXe dynastie, qui furent aussi grands constructeurs à Tanis qu'à Karnak, puis celle des Lagides contribue à estomper celle des fondateurs du temple : le remaniement qui fut fait alors des trois temples et de celui d'Horus de Mésen auquel avait travaillé Siamon remodelèrent complètement le site. Psousennès Ier se fait construire une tombe au sud-ouest de l'enceinte, dans laquelle P. Montet a trouvé, outre sa momie et son mobilier, ceux de son épouse Moutnedjmet. Un caveau avait été aménagé également pour le prince héritier Ankhefenmout et un haut dignitaire, Oundebaounded, qui cumulait de hautes charges religieuses et la fonction de général en chef des armées. Pour quelque obscure raison, le successeur de Psousennès Ier, Aménémopé, ne se fit pas enterrer dans le caveau qui avait été préparé pour lui mais dans celui de Moutnedjmet. Osorkon Ier enterra dans cette même tombe Héqakhéperrê Chéchonq II. À proximité, P. Montet a encore trouvé la tombe d'Osorkon II et de son fils Hornakht, ainsi que celle de Chéchonq III, qui contenait également les restes de Chéchonq Ier. Ces sépultures, en partie pillées, ont jeté un jour nouveau sur l'histoire des rois tanites. La passation de pouvoir a lieu à peu près en même temps à Thèbes et à Tanis : Smendès II succède à son père Menkhéperrê avant la mort de Psousennès Ier, puisqu'il envoie à l'occasion de celle-ci des bracelets que P. Montet a retrouvés dans le mobilier funéraire du roi. Il est probablement âgé lorsqu'il prend la charge de Grand Prêtre : il cède la place au bout de deux ans à son jeune frère Pinedjem II. À Tanis, Aménémopé succède à Psousennès Ier, qui est peut-être son père. Il règne à peine dix ans, et sa tombe, moins riche que celle de son prédécesseur, trahit un pouvoir moindre, même s'il reste incontesté à Thèbes. Son successeur, Aakhéperrê Sétépenrê, probablement le premier Osorkon (Osochor), est peu connu. Il n'en va pas de même de Siamon, qui est l'une des figures illustres de la XXIe dynastie, même si c'est sous son règne que se produisit le dernier grand pillage de la nécropole thébaine qui conduisit le Grand Prêtre d'Amon à réensevelir les momies royales dans la tombe d'Inhâpy. Il construit à Tanis : il double le temple d'Amon et fait des travaux dans celui d'Horus de Mésen, transfère les restes d'Aménémopé dans le caveau de Moutnedjmet. Il travaille aussi à Héliopolis, peut-être à Pi-Ramsès (Khâtana) où son nom apparaît sur un bloc. Plus intéressant est de voir qu'il fait ériger à Memphis un temple à une forme secondaire d'Amon. Ce temple est d'une facture classique que l'on retrouve dans le petit sphinx de bronze niellé d'or du Louvre à l'effigie du roi (E 3914 = Paris: 1987, 164-165). Il favorise également le clergé memphite de Ptah, mais son activité se limite à la Basse-Égypte : il n'apparaît que comme éponyme sur quelques monuments thébains. Sous son règne, l'Égypte retrouve une politique extérieure plus dynamique. On ne dispose en effet d'aucune attestation égyptienne concernant la politique étrangère des rois antérieurs de la XXIe dynastie, et pour cause ! La situation décrite dans le Rapport d'Ounamon n'avait aucune raison de s'améliorer. La principale source non égyptienne dont on dispose est la Bible. La période qui va de la fin du règne de Psousennès Ier au milieu du règne de Siamon correspond à la fédération des tribus autour du royaume de Jérusalem par David et donc au combat contre les Philistins. L'Égypte n'intervient au départ dans ces luttes que d'une façon très indirecte : en accueillant le prince héritier d'Édom, Hadad, lorsque David conquiert son royaume. Hadad épouse une princesse égyptienne et son fils Genoubath est élevé à la Cour d'Égypte. À la mort de David, Hadad retourne dans son royaume. On peut tout au plus induire de ce fait que l'Égypte avait conservé certaines relations historiques avec ses anciens vassaux. Au moment où Salomon succède à David, l'Égypte intervient à son tour contre les Philistins en prenant et en ravageant Gezer. Cette campagne est relatée dans le Livre des Rois (1R9,16) et trouve peut-être un écho dans un relief de Tanis montrant une scène de massacre rituel des ennemis (Kitchen : 1986, 281). La raison de cette intervention est probablement d'ordre commercial : les Philistins menaçaient le trafic avec la Phénicie. Siamon a manifestement profité à la fois de leur affaiblissement à la suite des guerres menées par David et de la période de flottement provoquée par la succession en Israël pour intervenir le premier, avant que les redoutables forces mises en place par David n'écrasent les Philistins et imposent leurs conditions aux marchands égyptiens. Cette nouvelle alliance, dans laquelle les deux partenaires trouvaient qui un débouché commercial assuré, qui une frontière méridionale sûre, fut consacrée par un mariage. Mais l'union, signe des temps, se fit cette fois dans un sens nouveau pour les Égyptiens : c'est Salomon qui épouse une Égyptienne, ouvrant une tradition de mariages non royaux pour les princesses de la vallée. Les relations familiales qui unissent Siamon à Aménémopé et Osorkon l'Ancien ne sont pas établies. Celles qui l'unissent à son Fig. 151. Tableau chronologique sommair successeur Psousennès II non plus : on ne saurait même pas dire si Psousennès II est le même que le Grand Prêtre Psousennès qui succède à Pinedjem II. Dans ce dernier cas, il faudrait en déduire que Siamon mourut sans descendance. Psousennès II, probablement allié par mariage à la famille royale, est le dernier représentant de la XXIe dynastie, qui s'éteint peut-être dans un relatif dénuement à Tanis (Yoyotte : 1987, 64, mis en doute par A. Dodson, RdE 38 (1988), 54) : le pouvoir échoit à sa mort à la lignée des grands chefs des Mâchaouach, dont le règne de Chéchonq l'Ancien avait annoncé la montée. La domination libyenne commence. Les Libyens Lorsque Chéchonq Ier monte sur le trône, il est déjà l'homme fort du pays : général en chef des armées et conseiller du roi, il est aussi son gendre puisqu'il a épousé sa fille, Maâtkarê. Avec lui commence une nouvelle ère : celle des chefs libyens, qui va redonner au pays pendant quelques générations une puissance bien oubliée depuis Ramsès III, avant de s'éteindre dans les nouvelles luttes intestines qui ravagent le pays à partir du règne de Chéchonq III. D'emblée, Chéchonq Ier se réclame de la dynastie précédente, toujours selon le même schéma : il adopte une titulature décalquée sur celle de Smendès Ier. Lui-même est originaire d'une chefferie libyenne Fig. 152. Généalogie de la XXIIe dynastie. installée à Bubastis, ce que ne manquent pas de souligner les annales thébaines des pontifes d'Amon qui le désignent comme « Grand Chef des Mâ(chaouach) », montrant par là une répugnance évidente à reconnaître son autorité. Il pratique la même politique que Pinedjem Ier autrefois en faisant de son fils Ioupout le Grand Prêtre d'Amon en même temps que le général en chef des armées et le gouverneur de Haute-Egypte : le lien entre les trois charges assure celui du temporel et du spirituel. Il lui adjoint au moins un autre de ses fils (?), Djedptahiouefânkh comme troisième prophète et Nésy, le chef d'une tribu alliée, comme quatrième prophète d'Amon. Il mène aussi une politique d'alliance par mariages en donnant une de ses filles au successeur de Djedptahiouefânkh, Djeddjéhoutyiouefânkh. Ce mariage, et d'autres, renforcent les relations entre les deux pouvoirs, ce qui n'empêche pas le prudent Chéchonq Ier de ménager un contre-pouvoir en Moyenne-Égypte en donnant à son autre fils, Nimlot, le commandement militaire d'Hérakléopolis, qui est plus que jamais le lieu stratégique commandant les échanges entre les deux royaumes. Au retour de sa campagne victorieuse de Palestine de 925, le roi entreprend un programme de construction ambitieux dans le temple d'Amon-Rê de Karnak. Il en donne le détail sur une stèle érigée à l'occasion de la réouverture des carrières du Gebel el-Silsile en 924. Son fils, le Grand Prêtre Ioupout, dirige les travaux : il fait aménager la cour en avant du IIe pylône, lui donnant l'aspect que nous avons décrit plus haut. Sur le mur extérieur du portail sud de la cour ainsi créée, il représente le triomphe de l'Égypte sur les deux royaumes juifs de Juda et d'Israël, qu'il rappelle également par une stèle triomphale affichée dans Ipet-sout, à proximité des Annales de Thoutmosis III. Le rapprochement ainsi suggéré n'est pas pure vantardise : la « salle des fêtes » bâtie par Chéchonq Ier pour Amon témoigne elle aussi d'une renaissance spectaculaire à l'échelle du Proche-Orient d'alors. Chéchonq Ier avait en effet tiré profit de la politique extérieure de Siamon en renouant avec Byblos, débouché traditionnel du commerce égyptien. Une statue de lui consacrée par le roi Abibaal dans le sanctuaire de Baalat-Gebal est peut-être la marque d'un traité plus économique que militaire. Les relations avec le royaume de Jérusalem, en revanche, se détériorent, et les deux États entrent en compétition au moment où le pouvoir de Salomon est remis en cause par la révolte de Jéroboam, auquel le prophète Ahiyya promet la royauté sur Israël. Chéchonq accueille Jéroboam jusqu'à la mort de Salomon (1R14,25). À la mort de ce dernier, vers 930, Jéroboam rejoint ses partisans et fonde le royaume d'Israël, qui se sépare de celui de Juda, dirigé par le successeur de Salomon, Roboam. Les forces des Hébreux étant divisées entre Samarie et Jérusalem, Chéchonq Ier prend prétexte d'incursions de Bédouins dans la zone des Lacs Amers pour marcher en 925 sur Jérusalem : de Gaza, il s'enfonce profondément dans le Néguev, fait tomber les places fortes de Juda et s'installe face à Jérusalem, qui décide de se soumettre et livre le trésor de Salomon (mais pas l'Arche : Yoyotte : 1987, 66). De là, il passe en Israël, d'où Jéroboam, comprenant un peu tard les buts de la politique de son protecteur, s'enfuit au-delà du Jourdain. Une colonne le rattrape et remonte jusqu'à Be(th-)San. L'avance égyptienne s'arrête à Megiddo où Chéchonq Ier fait élever une stèle commémorative. Il franchit alors le mont Carmel vers le sud et s'en retourne par Askalon et Gaza : L'Égypte est redevenue pour un temps le suzerain de la Syro-Palestine. En l'an 28 d'Osorkon, en effet, un général kouchite, Zerah, conduit une expédition contre le royaume de Juda (2Ch14,8-15). La date de l'an 28 d'Osorkon Ier (897) est obtenue par correspondance avec l'an 14 du roi Asa qui défait et poursuit l'envahisseur. Si l'on admet que Zerah était un général Fig. 153 Tableau chronologique simplifié des XXIIe et XXIIIe dynasties. inconnu par ailleurs, envoyé par Osorkon Ier (Kitchen : 1986, 309), cette expédition malheureuse sonnerait le glas d'une politique extérieure qui ne reprendra que sous Osorkon II. La situation ne va probablement pas au-delà d'une perte de suzeraineté sur le royaume de Juda : le prince de Byblos, Elibaal, consacre à son tour une statue d'Osorkon Ier à Baalat-Gebal (Paris : 1987, 166). Dans les premières années de son règne, Osorkon Ier poursuit la politique de son père envers les domaines divins, fournissant abondamment les grands clergés du royaume à Memphis, Héliopolis, Hermopolis, Karnak et Bubastis, sa ville natale, où il construit ou reconstruit le temple d'Atoum et celui de Bastet, la déesse éponyme. Il conforte également la position créée par son père autour d'Hérakléopolis en poursuivant les travaux commencés dans le temple d'El-Hibeh et dans celui d'Isis à Atfih. Il fonde un camp militaire pour tenir le passage vers le Fayoum et est aussi présent à Coptos et Abydos. À Karnak, il remplace dans la charge de Grand Prêtre d'Amon son frère Ioupout par l'un de ses propres fils, Chéchonq, qu'il prendra comme corégent vers 890. Cette mesure renforce la légitimité de la nouvelle lignée, puisque le futur Chéchonq II est un petit-fils de Psousennès II par sa mère, Maâtkarê. Malheureusement pour lui, si Chéchonq fit une brillante carrière de Grand Prêtre, il n'eut guère le temps de régner : il mourut avant son père, à l'âge d'environ cinquante ans, alors qu'il n'était encore que corégent. Celui-ci l'enterra à Tanis et ne lui survécut que quelques mois, laissant le trône à un fils qu'il avait eu d'une épouse secondaire, Takélot Ier. Celui-ci règne de 889 à 874, sans que l'on puisse lui attribuer avec certitude le moindre monument. Son autorité ne paraît pas être respectée par son propre frère Iouwelot, qui remplit la charge de Grand Prêtre à Thèbes. Curieusement même, son nom n'apparaît pas sur les documents thébains, et il semble que seule la présence de la garnison militaire installée par Osorkon Ier à proximité d'Hérakléopolis empêche Iouwelot d'étendre son autorité plus loin vers le nord. Petit à petit, l'équilibre relatif instauré par les premiers rois tanites et repris par les bubastites se dégrade. Le système des apanages et des alliances par mariage qui visait à coordonner le pouvoir du Nord et celui du Sud se morcelle : les prébendes servent à constituer des féodalités de plus en plus autonomes qui ravivent les vieilles tendances séparatistes. Le règne parallèle des deux petits-fils d'Osorkon Ier, les cousins Osorkon II et Harsiesis, montre que le jeu est de moins en moins facile à mener. L'erreur d'Osorkon II fut d'accepter qu'Harsiesis succédât, même indirectement, à son père Chéchonq II dans la charge de Grand Prêtre d'Amon : il créait ainsi un précédent dangereux de transmission héréditaire, le plus grand risque que pût courir la politique d'équilibre jusqu'ici respectée. Grâce à lui, Harsiesis put penser suivre une carrière comparable à celle de son père, à la différence près que ce fut lui qui se proclama roi, dès la quatrième année de règne de son cousin. Il adopta une titulature qui faisait de lui un nouveau Pinedjem Ier en se déclarant comme lui l'Horus « Taureau puissant couronné à Thèbes ». Osorkon II, lui, avait établi un programme de titulature remontant à Chéchonq Ier, reprenant à sa suite une épithète de Ramsès II pour en faire son nom d'Horus : l'Horus « que Rê a couronné pour en faire le roi des Deux Terres » (Grimal : 1986, 600-601)... Cette guerre des titulatures ne donnait pas à Harsiesis plus de pouvoir qu'il n'en avait déjà comme pontife. En revanche, elle limitait celui d'Osorkon II qui fit changer de main le pontificat d'Amon à la mort d'Harsiesis en installant à sa place l'un de ses fils, Nimlot, qui jusque-là tenait la garnison d'Hérakléopolis et le pontificat d'Arsaphès. Il pratiqua la même politique à Memphis, où il imposa un autre de ses fils, le prince Chéchonq, comme Grand Prêtre de Ptah au détriment de la lignée locale. À Tanis même, il nomme Grand Prêtre d'Amon son jeune fils Hornakht qui meurt avant d'avoir atteint dix ans. Le jeune âge de son titulaire montre clairement la nature purement politique de cette nomination : elle n'avait d'autre but que de regrouper autour de la famille royale les féodalités qui existaient de fait à travers le pays. Sous son règne, la XXIIe dynastie brille de son dernier éclat. Le roi embellit le temple de Bastet dans sa ville de Bubastis, en en décorant la salle hypostyle et en y ajoutant une cour des fêtes, sur le portique de laquelle il fait représenter le jubilé qu'il célèbre en l'an 22 (853). La célébration de cette cérémonie est d'autant plus remarquable qu'elle est pour le moins rare dans cette période troublée. L'étude du texte qui l'accompagne a révélé qu'elle reproduit un modèle de la XVIIIe dynastie, illustré par Amenhotep III à Soleb. Cette reproduction va jusqu'à évoquer une exemption fiscale accordée pour l'occasion aux temples du pays. Que l'on reconnaisse ou non une réalité à cette mesure, elle montre que le roi a eu recours à un modèle classique thébain pour sa fête-sed (Kitchen : 1986, 320-322). Cela témoigne certes des liens étroits qui unissent Thèbes et Tanis, mais aussi et surtout de la continuité des institutions, beaucoup plus grande qu'on ne pourrait le croire à l'énoncé des affrontements politiques qui déchirent l'Égypte depuis deux siècles. Osorkon II est aussi présent au moins à Léontopolis, Memphis et Tanis, où il construit une cour en avant du temple d'Amon, dans laquelle on a retrouvé une statue le représentant en stéléphore : sur la stèle est écrit le texte d'une prière qu'il adresse à Amon, lui demandant de confirmer par son oracle la politique qu'il a mise en place (Paris : 1987, 108). À Thèbes, il construit une chapelle et confirme les privilèges du clergé d'Amon. À l'extérieur de l'Égypte, la répartition des forces est en train de changer. Osorkon II poursuit la politique d'alliance avec Byblos de ses prédécesseurs, mais il va devoir tenir compte du pouvoir montant de l'Assyrie. Assurnasirpal II, « le dieu Assur est le gardien du fils aîné », est monté sur le trône en 883. Prototype du conquérant, il étend sans cesse son empire et rapporte dans son palais de Nimroud, à proximité de l'actuelle Mossoul, les trophées conquis sur ses ennemis et ses rivaux avec une cruauté complaisamment étalée : « Je bâtis un pilier devant la porte de la ville et j'écorchai tous les chefs qui s'étaient révoltés contre moi et j'étalai leur peau sur le pilier. Certains d'entre eux, je les emmurai dans le pilier, d'autres, je les empalai sur des pieux sur le pilier, d'autres encore je les empalai sur des pieux autour du pilier. J'en écorchai beaucoup à travers mon pays et je drapai leur peau sur les murs (...). Je brûlai beaucoup de prisonniers parmi eux. Je capturai beaucoup de soldats vivants. De certains, je coupai les bras ou les mains; d'autres, je coupai le nez, les oreilles et les extrémités. J'arrachai les yeux de nombreux soldats. Je fis une pile de vivants et une autre de têtes. Je pendis leurs têtes à des arbres autour de la cité... » (Roux : 1985, 257.) Il conquiert ainsi le nord de la Mésopotamie, le Moyen Euphrate, puis gagne la Syrie, l'Oronte et la côte d'Amourrou. Son fils Salmanazar III, « le dieu Sulmanu est prééminent », lui succède en 858 et règne jusqu'en 824 : il est donc contemporain d'Osorkon II et de Takélot II. Pendant trente et un ans, il poursuit les guerres extérieures de son père, cherchant à conquérir définitivement la Syrie du Nord, mais en vain. En effet, sa politique agressive réussit ce que la diplomatie égyptienne n'était pas arrivée à obtenir. Les royaumes d'Hamath, Damas et Israël s'allient en 853 pour faire front contre l'envahisseur. Byblos et l'Égypte envoient chacune un contingent à la mesure de leurs moyens respectifs : 500 et 1000 hommes. La bataille eut lieu à Qarqar, sur l'Oronte. Salmanazar III fut peut-être vainqueur, mais son avance était stoppée. Une nouvelle phase de la politique extérieure égyptienne commençait : celle d'un appui aux royaumes de Syro-Palestine, l'ultime rempart protégeant la Vallée des appétits grandissants de l'Assyrie. Elle dura moins de vingt ans : le temps que ces royaumes se soumettent à Salmanazar III. Jéhu, monté sur le trône d'Israël en 841, paye tribut à partir de cette date à l'Assyrie, qui se flatte alors de recevoir également l'hommage de l'Égypte. En fait, Salmanazar III n'est pas arrivé à concrétiser son avancée, et les troubles qui éclatent à la fin de son règne, provoquant une véritable guerre civile, vont éloigner l'Assyrie pour presque un siècle de la Syro-Palestine. « L'anarchie libyenne » La succession d'Osorkon II n'est pas, elle non plus, facile : le prince héritier Chéchonq meurt avant son père, et c'est son frère cadet, Takélot II qui monte sur le trône de Tanis à la mort d'Osorkon II. Son règne, qui dure à peu près autant que celui de son père, n'a laissé que des traces minimes à travers le pays. Il n'en va pas de même des pontifes d'Amon. Le demi-frère de Takélot II, Nimlot, avait fait du chemin depuis son installation par Osorkon II. Il avait en particulier réuni sous sa seule autorité Hérakléopolis, dont il avait confié le gouvernement à son fils Ptahoudjânkhef, et Thèbes, et marié sa fille Karoâama Mérytmout à... Takélot II. Il se trouvait ainsi beau-père de son demi-frère et, surtout, père du prince héritier, appelé Osorkon en souvenir de son grand-père. Une paix relative s'installe pendant les dix premières années du règne de Takélot II entre Tanis et Thèbes. Le pharaon réalise même un certain nombre de mariages entre des princesses royales et des dignitaires thébains de vieille souche, de moins en moins enclins à accepter la mainmise de la famille tanite sur les prébendes d'Amon. Les hostilités éclatent à la mort du Grand Prêtre d'Amon en titre, en l'an 11 de Takélot II. Qui allait-on choisir ? L'un des deux fils de Nimlot, Ptahoudjânkhef d'Hérakléopolis et un autre Takélot, ou le prétendant local, un nommé Harsiesis, petit-fils du Grand Prêtre et « roi » Harsiesis ? Takélot II fit un choix que ne pouvaient pas ratifier les Thébains, déjà déçus quelque temps auparavant par la nomination d'un fils du roi, Djedptahiouefânkh, dans la charge de Deuxième Prophète d'Amon : celui du prince héritier Osorkon. Harsiesis pousse Thèbes à la révolte. Ptahoudjânkhef accepte le choix de Tanis, et le prince Osorkon le confirme dans son commandement d'Hérakléopolis. Puis il quitte sa forteresse d'El-Hibeh pour remonter le fleuve vers Thèbes. Il s'assure au passage de la région d'Hermopolis. Arrivé à Karnak, il fait droit à la « plainte » du clergé contre les révoltés. Non seulement il exécute les insurgés, mais encore il fait brûler leurs corps, les privant ainsi de toute vie éternelle. La révolte est matée par la force. Pendant les quatre années qui suivent, il cherche à s'attacher le clergé thébain par des dons et des confirmations de bénéfices, et tout semble rentrer dans l'ordre. Mais en l'an 15, la guerre civile éclate brutalement et Osorkon trouve pour la décrire dans les Annales qu'il a laissées à Karnak (Caminos : 1958) des termes qui rappellent les pires temps de la Première Période Intermédiaire et soulèvent également des problèmes de datation qui sont loin d'être résolus (Kitchen : 1986, 542 sq.). Quoi qu'il en soit, le conflit dure une dizaine d'années et se termine par une réconciliation générale à Thèbes en l'an 24. Il ne s'agit que d'une trêve : moins de deux ans après, les Thébains reprennent la lutte et Osorkon perd pied en Haute-Égypte. Le temps pour lui de regagner Tanis, Takélot II était mort, enterré dans un cercueil de remploi dans l'antichambre de la tombe d'Osorkon II, et la place occupée par son jeune frère Chéchonq III. Cette prise de pouvoir, qui fausse le jeu de la succession, déclenche une nouvelle querelle dynastique. Dans les premières années de son règne, Chéchonq III paraît accepté par les Thébains, autant parce qu'il a spolié Osorkon du trône qui lui revenait et qui aurait dangereusement augmenté son autorité que parce qu'il laisse manifestement le clergé de Karnak, décider lui-même du choix du Grand Prêtre d'Amon : Harsiesis réapparaît comme pontife en l'an 6 de Chéchonq III. Une scission se produit pourtant. Elle vient non pas de Thèbes, mais de la famille royale elle-même. En l'an 8, le prince Pétoubastis se proclame roi et fonde une nouvelle dynastie à Léontopolis dans le Delta, la XXIIIe de Manéthon, tout en se réclamant dans sa titulature des rois de la XXIIe. Les deux pharaons vont régner concurremment, chacun avec sa propre éponymie : la coupure n'est plus entre le Nord et le Sud, mais dans le Delta même. Le clergé d'Amon reconnaît très rapidement le nouveau pharaon, dès l'an 12 de Chéchonq III au moins, et accueille en son sein deux de ses fils. Le prince Osorkon, quoique dépouillé par son frère, est le seul à mentionner encore son nom. Il n'a d'ailleurs pas dit son dernier mot. Apparemment réconcilié avec Chéchonq III, il récupère le pontificat d'Amon l'année où Pétoubastis institue son fils (?) Ioupout Ier corégent — une corégence qui ne durera probablement pas plus de deux ans, Ioupout Ier s'éteignant avec son père : en l'an 22 de Chéchonq III (15 de Pétoubastis), c'est-à-dire 804 avant notre ère. Harsiesis le lui reprend en l'an 25 de Chéchonq III avant de disparaître définitivement en l'an 29. Osorkon est alors maître du terrain pour une dizaine d'années. Les mêmes difficultés étaient survenues entre-temps à Hérakléopolis, où le pouvoir change de mains à la mort de Ptahoudjânkhef, peut-être jusqu'en l'an 39 de Chéchonq III : Hérakléopolis est alors gouvernée par un jeune frère de l'inusable prince Osorkon, le général Bakenptah... Dans le Delta, Chéchonq III, appuyé par son lignage memphite, reste plus puissant que son concurrent de Léontopolis comme le montre son œuvre à Tanis : la porte monumentale du temple d'Amon qui commémore peut-être sa fête-sed, bien qu'aucun texte ne vienne confirmer cette hypothèse, et aussi la tombe qu'il s'est aménagée dans la nécropole royale. Il construit également à Mendès, Mostaï et jusqu'à Memphis. Fig. 154. Carte politique du Delta vers l'an 800 (d'après Kitchen : 1986, 346). Son autorité ne semble guère toutefois dépasser la branche de Damiette, à condition même d'y inclure le fief inféodé d'Athribis. Dans le Delta central, celui de Bousiris lui rend hommage, ainsi que Saïs et Bouto. Au-delà de la branche de Rosette, tout l'Ouest est tenu par les Libyens. Lorsqu'il meurt, en 773, après cinquante-trois ans de règne, la situation dans le Delta est assez confuse. À Léontopolis, Chéchonq IV a succédé en 793 à Pétoubastis Ier, mais son règne a été éphémère. Osorkon III lui succède en 787 : il est donc contemporain des treize dernières années de Chéchonq III et règne jusqu'en 759. Son autorité est reconnue par la chefferie Mâ de Mendès, c'est-à-dire par son voisin immédiat. Il apparaît également à Memphis, et il est plus présent que Chéchonq III en Moyenne-Égypte. À Hérakléopolis, la lignée alliée de la dynastie tanite est encore en place dans les premières années de Chéchonq V, c'est-à-dire vers 766 av. J.-C. Mais Osorkon III arrive à la supplanter en installant son fils Takélot. Il parvient peut-être aussi à mettre en place un « roi » d'Hermopolis qui serait le Nimlot que soumettra Pi(ânkh)y plus de trente ans plus tard. La XXIIe dynastie joue un rôle de plus en plus réduit en Thébaïde, où Osorkon III arrive à ce que son fils Takélot cumule la charge de Grand Prêtre avec son commandement d'Hérakléopolis : la XXIIIe dynastie a reconstitué, au moins en apparence, l'alliance entre Thèbes et la capitale politique. De fait, le clergé d'Amon, le Grand Prêtre à part, semble solidement tenu par des Thébains. En 765/764, Osorkon III associe au trône son fils, le Grand Prêtre Takélot. Il meurt six ans plus tard, et Takélot III règne seul très peu de temps : un an ou deux, sa date la plus basse, l'an 8, se situant vers 757. Son concurrent de Tanis est alors Chéchonq V qui a succédé en 767 à son père, l'éphémère Pimay. Il règne jusqu'en 730 et son autorité ne dépasse guère Tell el-Yahoudiyeh. À Tanis, il construit un temple à la triade amonienne au nord-est de l'enceinte d'Amon, sans doute à l'emplacement du futur lac sacré. Il y aménage un édifice jubilaire que l'on peut donc dater de sa trentième année. Au cours de son règne, la situation évolue dans le Delta occidental. Vers 767 se constitue à Saïs une chefferie Mâ, dirigée par un Osorkon, qui étend son pouvoir vers l'ouest au détriment des chefs libyens, vers le nord en absorbant Bouto, et vers le sud en direction de Memphis. À la fin de son règne et au début de celui de son successeur, Osorkon IV, vers 730, Saïs est gouvernée par Tefnakht qui s'est proclamé « Grand Chef des Libou et Grand Prince de l'Ouest » et dont l'autorité couvre tout l'Ouest et la moitié du Delta central. À la mort de Chéchonq V, son fils Osorkon IV, le dernier représentant de la XXIIe dynastie, ne gouverne que sa propre ville, Tanis, et Bubastis, et encore : son « royaume » est coupé en deux par la chefferie Mâ de Pharbaïtos, qui lui rend théoriquement hommage... Mais revenons à la XXIIIe dynastie. Takélot III est monté sur le trône, et sa sœur Chépénoupet Ire est Divine Adoratrice d'Amon : elle partage donc avec lui les privilèges régaliens en Thébaïde. Elle semble même jouer plus ou moins le rôle de Grand Prêtre que Takélot III abandonne pour gouverner le pays. C'est ce que l'on peut déduire de leur association (avec Osorkon III) pour la construction et la décoration de la chapelle d'Osiris héqa-djet, « Seigneur de l'éternité », à Karnak. Elle est la dernière Divine Adoratrice d'origine libyenne : la prochaine sera éthiopienne. En Moyenne-Égypte, Takélot s'est fait remplacer à Hérakléopolis par un nommé Peftjaouaouibastet qui épouse une fille de Roudamon, le frère de Takélot III, qui succède à celui-ci en 757 pour un règne tout aussi bref. C'est sous le successeur de ce dernier, Ioupout II, que Peftjaouaouibastet adopte, comme son collègue d'Hermopolis Nimlot, une titulature royale. Ces trois « rois » seront au nombre des adversaires du conquérant éthiopien Pi(ânkh)y qui va mettre fin à « l'anarchie libyenne ». De 757 à 729, Roudamon, puis Ioupout II n'ont de pouvoir que dans leur propre royaume, Léontopolis, et à Thèbes : Roudamon fait quelques travaux dans la chapelle d'Osiris héqa-djet à Karnak et dans le temple de Medinet Habou. Lorsque le roi de Napata entreprend la conquête de la vallée, la situation politique est à peu près la suivante. L'essentiel des forces du Delta est aux mains de Tefnakht de Saïs, qui a fédéré autour de lui les quatre grandes chefferies Mâ : celles de l'ouest de la branche de Damiette, Sébennytos et Bousiris, celle de Mendès à l'est de la même branche, celle de Pi-Soped, enfin, au sud-est de la branche pélusiaque. Les royaumes d'Athribis et de Tanis, dirigés par Osorkon IV, le rejoignent, ainsi que celui de Léontopolis, sous l'autorité de Ioupout II qui entraîne avec lui Thèbes, Hérakléopolis et Hermopolis. Cette apparente union politique n'est due qu'au danger venu du lointain Sud, mais elle conforte le pouvoir montant des Saïtes, qui seront désormais les seuls rivaux des Éthiopiens. Fig. 155 Carte politique du Delta vers 730 (d'après Kitchen : 1986, 367) La tradition artistique La conquête de Pi(ânkh)y va mettre fin à l'une des périodes les plus confuses de l'histoire égyptienne, pour laquelle les historiens n'arrivent pas encore à se dégager d'une masse documentaire très fragmentaire et éparpillée, du fait même du morcellement politique du pays. Les querelles d'éponymie entre ces différents souverains compliquent encore la mise au point d'une datation continue en rendant nécessaire le détour par une prosopographie minutieuse des dignitaires de l'État à travers la documentation funéraire et juridique, qui est loin d'être complète. Ces trois siècles donnent ainsi l'impression d'une pagaille indescriptible, qui n'est le reflet que du désordre politique de l'Égypte. La civilisation elle-même conserve, dans tous les domaines, un niveau qui n'a peut-être plus la grandeur magnifique qu'elle avait atteint sous les Ramsès, mais qui reste d'une très haute qualité. Le Ier millénaire avant notre ère voit l'épanouissement des arts du métal au Proche-Orient et tout particulièrement en Égypte. La statue de la Divine Adoratrice Karomama, petite-fille d'Osorkon Ier, ou le bijou d'Osorkon II représentant le roi en Osiris, protégé par Isis et Horus, font partie des chefs-d'œuvre de l'art égyptien. Mais la distance qui sépare les rois, pour grands constructeurs qu'ils Fig. 156 La Divine Adoratrice Karomama. Bronze, or, argent, électrum, cuivre. H = 0,595 m. Louvre N 500. soient restés — du moins quand leur autorité et leurs moyens le leur permettent —, des particuliers s'est réduite dans tous les domaines. Nous avons vu des particuliers usurper des privilèges régaliens : c'est aussi vrai en art, et le style adopté par les Grands Prêtres d'Amon à Karnak se coule dans le moule ramesside. Inversement, les dynasties royales vont s'écarter du modèle de la XIXe dynastie. Seuls les Tanites y restent fidèles : pour légitimer leur pouvoir d'abord, comme nous l'avons vu en nous attachant à certaines de leurs titulatures, mais aussi par nécessité, au fur et à mesure que leurs moyens diminuent. Il était en effet plus facile d'exploiter Pi-Ramsès comme carrière de pierres que d'être soi-même Fig. 157 Triade d'Osorkon II. Or, lapis-lazuli, pâte de verre. H = 0,09 m. Louvre E 6204. créateur. Cette référence sera abandonnée par les Saïtes et les Éthiopiens. Les premiers ne peuvent pas se réclamer de leurs « prédécesseurs » de Tanis et de Léontopolis. Ils doivent, comme avant eux les fondateurs de la XIXe dynastie, aller chercher une légitimation aux origines du pouvoir : à la tradition héliopolitaine, dont ils reprennent le style plus dépouillé, moins « phraséologique » que celui des Ramsès. Les Éthiopiens, de leur côté, se veulent les dépositaires de cette même tradition, dont ils considèrent que le sens a été dévoyé. Ce « retour en arrière » qui marque la fin de la Troisième Période Intermédiaire intègre un phénomène nouveau : la montée de la piété populaire, déjà sensible à l'époque ramesside après la nouvelle définition de la relation entre le dieu et le roi qui suit l'époque amarnienne, et systématisée au cours de presque trois siècles de gouvernement oraculaire. Elle se manifeste dans les nombreux ex-votos représentant le fidèle, qu'il soit roi ou simple particulier, dans les mêmes attitudes d'adoration. Les textes autobiographiques adoptent un ton plus proche que par le passé de l'hymnologie, et les rois eux-mêmes relatent les hauts faits de leur gouvernement dans un style qui rejoint souvent celui de l'autobiographie. CHAPITRE XIV Éthiopiens et Saïtes La conquête éthiopienne Lorsque la Nubie s'était séparée de l'Égypte au moment du partage des dépouilles des Ramsès, un royaume indépendant était né à proximité de la Quatrième Cataracte. Son existence n'est vraiment attestée qu'au début du VIIIe siècle avant notre ère. On manque de renseignements sur l'état de la Nubie à l'époque immédiatement antérieure, mais il est probable que l'expédition menée par Chéchonq Ier au sud d'Assouan à peu près un siècle après la révolte du vice-roi Panéhésy (Kitchen : 1986, 293) fut le dernier acte d'autorité des Égyptiens sur la Basse-Nubie, ou une tentative ultime de reconquête. Quoi qu'il en soit, la Nubie, profondément égyptianisée par les pharaons du Nouvel Empire, connaît une évolution propre, loin de l'ancien suzerain. Le temple d'Amon du Gebel Barkal devient un foyer religieux intense, autour duquel se constitue une lignée locale dont les chefs se font enterrer dans la nécropole voisine d'El-Kourrou. Au fil des générations, le clergé local d'Amon prend sur eux une emprise dont on mesure l'impact à leur égyptianisation progressive. Lorsqu'ils finissent par se constituer en dynastie, ils adoptent tous les aspects du pouvoir pharaonique, jusques et y compris une stricte orthodoxie amonienne, tout droit tirée du fonds mis en place par Thoutmosis III. Le premier souverain dont on connaisse le nom est Alara, qui serait le septième de la dynastie. Celui qui est attesté le premier directement est son frère Kachta. En accordant à Alara une vingtaine d'années de règne et en plaçant le début de celui-ci vers 780, cela suppose que la lignée se soit constituée au tournant du Xe et du IXe siècle avant notre ère, après l'expédition de Chéchonq Ier donc. On ne peut rien dire d'Alara, en revanche, Kachta, « le Kouchite », est mieux connu. Il monte sur le trône en 760 et achève probablement la conquête de la Basse-Nubie, si tant est qu'Alara ne l'ait pas fait avant lui. Son autorité s'étend au moins jusqu'à Assouan, puisqu'il y dédie une stèle à Chnoum d'Éléphantine, sur laquelle il se donne une titulature pharaonique, avec comme nom de couronnement Maâtrê. Peut-être pousse-t-il jusqu'en Thébaïde (Kendall : 1982,9), à moins que le contact direct ne s'établisse qu'à la génération suivante. Fig. 158 Généalogie des souverains éthiopiens. Kachta a plusieurs enfants. Deux régneront : Chabaka et avant lui Pi(ânkh)y, qui épouse la fille d'Alara, confirmant ainsi la passation de pouvoir d'une génération à l'autre. Il prend le pouvoir en 747 et continue l'expansion vers le Nord pendant les dix premières années de son règne. Il prend Thèbes sous sa protection et fait en sorte que sa sœur Aménardis soit adoptée par Chépénoupet Ire comme Divine Adoratrice : Aménardis Ire inaugure la mainmise des Éthiopiens sur Karnak en recueillant l'héritage d'Osorkon III. Une inscription du Ouadi Gâsus indique que la succession est effective « en l'an 19 » du roi ayant l'éponymie à Thèbes, correspondant à « l'an 12 » probablement de Pi(ânkh)y : la correspondance doit donc se faire avec l'an 19 de Ioupout II, soit 736 av. J.-C. On peut considérer qu'à cette date, les Éthiopiens dominent toute la Haute-Égypte au moins jusqu'à Thèbes et probablement même plus au sud, puisque lors de sa conquête Pi(ânkh)y reprochera aux rois d'Hermopolis et d'Hérakléopolis de l'avoir trahi. XXIVe DYNASTIE XXVe DYNASTIE 747-716 Pi(ânkh)y 727-720 Tefnakht 720-715 Bocchoris 716-702 Chabaka XXVIe DYNASTIE 702-690 Chabataka 690-664 Taharqa 672-664 Nékao Ier 664- Psammétique Ier Tantamani -656 fin de la domination éthiopienne 610-595 Nékao II 595-589 Psammétique II 589-570 Apriès 570-526 Amasis 526-525 Psammétique III Fig. 159 Tableau chronologique des XXIVe, XXVe et XXVIe dynasties. Face à la montée du pouvoir éthiopien en Thébaïde, Tefnakht, l'entreprenant roi de Saïs, rassemble les royaumes du Nord et gagne à sa cause Hérakléopolis et Hermopolis. Fort de ces appuis, il entreprend de conquérir le Sud. Pi(ânkh)y intervient à son tour et défait les coalisés. Il relate ces combats sur une stèle monumentale qu'il fait afficher dans le temple d'Amon du Gebel Barkal, où un officier de Saïd Pacha la retrouva en 1862. Ce texte n'est pas un compte rendu militaire à proprement parler mais un décret confirmant le pouvoir de Pi(ânkh)y sur la Haute et la Basse-Égypte après une conquête qui est présentée comme une croisade menée par un pharaon qui avait déjà autorité sur le pays contre des rebelles à l'ordre prescrit par Amon. C'est dire qu'il ne s'agit pas d'un témoignage historique, mais d'une œuvre apparentée à la tradition classique du « récit royal », tout empreinte d'une phraséologie directement inspirée par les sources littéraires de la bibliothèque du temple du Gebel Barkal. Pi(ânkh)y en avait certainement fait afficher une copie dans les grands sanctuaires égyptiens : celui de Karnak et probablement celui de Memphis. Elles ne nous sont pas parvenues. Pi(ânkh)y apprend en l'an 21 les agissements de Tefnakht. Un premier rapport de ses troupes stationnées en Égypte probablement depuis 736 le met au courant de la fédération des rois et princes du Nord sous l'autorité de celui-ci. Il ne réagit pas et les laisse remonter vers le Sud jusqu'à ce qu'ils s'emparent d'Hérakléopolis. Il ordonne alors au contingent éthiopien de Thébaïde de bloquer leur avance dans le 15e nome et envoie un corps expéditionnaire pour les renforcer : « Alors Sa Majesté manda aux comtes et généraux qui étaient en Égypte, au capitaine Pouarma, au capitaine Lamerskeny et à tout capitaine de Sa Majesté se trouvant en Égypte : " Avancez en ligne de bataille, engagez le combat, encerclez-le, assiégez-le ! Capturez ses gens, son bétail, ses navires sur le fleuve ! Empêchez les cultivateurs d'aller aux champs, empêchez les laboureurs de labourer ! Faites le siège du nome du Lièvre et combattez contre lui chaque jour ! " « Ainsi firent-ils. Alors Sa Majesté envoya une armée en Égypte en lui prescrivant vivement : " Ne foncez pas dans la nuit comme au jeu, mais combattez quand vous voyez et engagez contre lui le combat de loin ! " S'il dit : " Attendez l'infanterie et la charrerie d'une autre cité ! " — alors attendez que vienne son armée et combattez quand il le dira. Si en outre ses alliés sont dans une autre cité, faites qu'on les attende : ces comtes qu'il a peut-être amenés comme alliés, ses gardes du corps libyens, faites que soit engagé le combat d'abord contre eux. Dites : " Toi — car nous ne savons à qui nous adresser en passant en revue l'armée —, harnache le meilleur coursier de ton écurie et mets-toi en ligne de bataille ! Tu sauras ainsi que c'est Amon le dieu qui nous envoie ! " « Quand vous arriverez dans Thèbes, devant Ipet-sout, entrez dans l'eau, purifiez-vous dans le fleuve, habillez-vous de lin pur; posez l'arc, déposez la flèche ; ne vous vantez pas d'être maîtres de puissance devant celui sans l'assentiment de qui le brave est sans puissance : il fait du faible un fort, de sorte que la multitude tourne les talons devant le petit nombre, qu'un seul homme l'emporte sur mille ! Aspergez-vous de l'eau de ses autels. Baisez le sol devant lui et dites-lui : " Montre-nous le chemin, que nous combattions à l'ombre de ta puissance ! Les recrues que tu as envoyées, que vienne leur combat victorieux, et devant elles la multitude sera saisie d'effroi ! " » (Stèle de la Victoire, 8-14). Les troupes éthiopiennes bloquent les coalisés dans Hérakléopolis et les forcent à engager le combat. Défaits, les hommes de Tefnakht se réfugient dans Hermopolis, devant laquelle les Éthiopiens mettent le siège. Pi(ânkh)y décide que le moment est venu de se rendre personnellement sur le théâtre des opérations. Il prend le temps de célébrer au passage la fête du Nouvel An et la fête d'Opet à Karnak, autant pour mettre en valeur le mandat d'Amon que pour affaiblir les assiégés en faisant durer le siège. Pendant ce temps, ses troupes ravagent la Moyenne-Égypte. Il arrive devant Hermopolis, dont le roi Nimlot se soumet, livrant sa ville au conquérant. Peftjaouaouibastet d'Hérakléopolis fait alors aussi sa soumission sans attendre que Pi(ânkh)y prenne sa ville et reconnaît la suzeraineté du roi dans un discours émaillé de citations littéraires : « Salut à toi, Horus, roi puissant, taureau qui combats les taureaux ! La Dat s'est emparée de moi, et je suis submergé dans les ténèbres. Puisse l'éclat de ton visage m'être donné! Je n'ai pas trouvé de partisan le jour critique, qui fût là le jour du combat : toi seul, ô roi puissant, tu as chassé les ténèbres de sur moi ! Je serai ton serviteur avec mes biens, Nennesout payant impôt à ton administration. Tu es assurément Horakhty qui est à la tête des Impérissables : tant qu'il sera, tu seras roi ; de même qu'il ne périt pas, tu ne périras pas, ô roi de Haute et Basse-Égypte Pi(ânkh)y, — qu'il vive à jamais ! » (Stèle de la Victoire, 71-76). Pi(ânkh)y s'avance ensuite vers le nord. Il s'empare sans coup férir de la forteresse construite jadis par Osorkon Ier pour contrôler l'accès du Fayoum, reçoit la soumission de Meïdoum et Licht et arrive devant Memphis où se sont retranchés les coalisés. Il y met le siège et s'empare de la ville à l'aide de machines de guerre. En apprenant la chute de Memphis, le reste des coalisés vient se soumettre. Pi(ânkh)y peut se rendre à Héliopolis où il célèbre le culte de Rê selon le rite traditionnel, renouvelant ainsi son propre couronnement : « Sa Majesté se dirigea vers le pavillon qui est à l'ouest de Ity : on accomplit Sa purification, on La purifie dans le lac de Qebeh, on lave Son visage dans le fleuve de Noun où Rê lava son visage. « Sa Majesté se dirigea vers la Colline de Sable d'Héliopolis : offrir un grand sacrifice sur la Colline de Sable d'Héliopolis face à Rê quand il se lève, consistant en bœufs blancs, lait, myrrhe, encens et toutes essences au doux parfum. « Sa Majesté se dirigea solennellement vers le Domaine de Rê : entrer dans le temple au milieu de grandes acclamations, le prêtre-lecteur adorant le dieu — repousser les ennemis du roi, accomplir les rites de la per-douat, nouer le bandeau royal. On La purifie avec l'encens et l'eau : on Lui présente les guirlandes du Château du Benben et on Lui apporte les onguents-ânkhou. Elle monte l'escalier qui mène au Grand Balcon pour voir Rê-dans-le-Château-du-Benben. « Le roi en personne se tint seul, — briser le sceau du verrou, ouvrir les deux battants de la porte et voir Son père Rê dans le saint Château du Benben, la barque du matin de Rê et la barque du soir d'Atoum. — Fermer les deux battants de la porte, appliquer l'argile et le sceller du propre sceau du roi, et faire aux prêtres cette recommandation : " J'ai mis en place, moi, le sceau : que personne d'autre n'y ait accès parmi tous les rois qui pourraient se déclarer ! " « Ils se mirent à plat ventre devant Sa Majesté et dirent : " Stable et durable, puisse Horus aimé d'Héliopolis ne pas périr ! " Entrer dans la demeure d'Atoum et présenter la myrrhe à Son père Atoum-Khepri, Chef d'Héliopolis. » (Stèle de la Victoire, 101-106). Afin que l'aspect jubilaire de la cérémonie soit complet, Osorkon IV de Tanis vient adorer le roi. Le prince Pétisis d'Athribis fait alors hommage de ses biens à Pi(ânkh)y, imité par les principaux coalisés, dont le texte dresse une liste exhaustive. Un seul manque : Tefnakht qui s'est enfui de Memphis avant la prise de la ville et, maintenant réfugié dans les marches du Nord, tente de refaire ses forces. Il envoie au conquérant une ambassade habile, tout empreinte de la phraséologie traditionnelle. Le résultat de sa démarche sera un statu quo entre les deux rois : « Le cœur de Ta Majesté n'est-il pas apaisé de ce que tu m'as fait ? Je suis certes un misérable, mais ne me châtie pas à proportion de mon crime, pesant avec la balance, jugeant avec les poids ! Tu peux me le tripler, mais épargne la graine : tu la récolteras en son temps ; n'arrache pas l'arbre jusqu'à ses racines ! Par ton ka, la crainte de toi est dans mon ventre, la peur de toi dans mes os ! Je ne me suis pas assis dans la maison de la bière, ni n'ai entendu jouer de la harpe, mais je n'ai mangé que le pain de la faim et bu l'eau de la soif depuis le jour où tu as entendu mon nom. La douleur est dans mes os : je suis nu-tête, mes vêtements en haillons, jusqu'à ce que Neith me pardonne. Longue est la course que tu m'as infligée, me poursuivant toujours : serai-je un jour libéré ? Lave ton serviteur de sa faute. Que mes biens aillent au Trésor : or et toutes pierres précieuses, et aussi la fleur de mes chevaux, avec tout leur équipement. Envoie-moi un ambassadeur promptement, pour qu'il écarte la peur de mon cœur et que je me rende au temple devant lui, afin de me purifier par un serment divin. » « Sa Majesté envoya le prêtre-lecteur en chef Pétéamon(neb)nesout-taoui et le général Pouarma; il lui remit en présent argent, or, des tissus et toutes pierres précieuses. Il se rendit alors au temple, adora le dieu et se purifia par un serment divin : " Je ne transgresserai pas le décret royal, je ne négligerai pas les ordres de Sa Majesté. Je n'accomplirai pas d'action blâmable contre un comte à son insu. J'agirai conformément aux ordres du roi, sans transgresser ce qu'il a décrété. " Alors Sa Majesté se déclara d'accord. » (Stèle de la Victoire, 130-140.) Fort de cette soumission de principe, Pi(ânkh)y confirme les quatre rois, Ioupout II de Léontopolis, Peftjaouaouibastet d'Hérakléopolis, Osorkon IV de Tanis et Nimlot d'Hermopolis dans leurs villes, mais, ne voulant sans doute pas trop accorder aux descendants libyens des anciens pharaons, il reconnaît le dernier seul comme interlocuteur valable : « Quand la terre s'éclaira sur un nouveau jour, les deux souverains du Sud et les deux souverains du Nord portant l'uraeus vinrent baiser le sol devant la puissance de Sa Majesté. Donc, ces rois et comtes du Nord vinrent contempler la splendeur de Sa Majesté, leurs jambes tremblant comme des jambes de femmes ; mais ils n'entrèrent pas dans la demeure royale, car ils étaient incirconcis et mangeaient du poisson, — ce qui est une abomination pour la demeure royale. Le roi Nimlot, lui, entra dans la demeure royale, car il était en état de pureté et ne mangeait pas de poisson : trois restèrent dehors, un seul entra dans la demeure royale. « On chargea alors des navires d'argent, d'or, de cuivre, de linges, de tous les biens du Nord, de tous les trésors de Syrie, de toutes les essences d'Arabie. Sa Majesté fit voile vers le Sud, le cœur dilaté, le rivage, de chaque côté, était en jubilation ; l'Ouest et l'Est, apprenant la nouvelle, entonnent au passage de Sa Majesté ce chant d'allégresse : " Ô prince puissant, prince puissant, Pi(ânkh)y, ô prince puissant ! Tu t'avances après avoir dominé le Nord, tu transformes les taureaux en femelles ! Heureux le cœur de la mère qui t'a enfanté et celui de l'homme dont la semence est en toi ! Ceux qui sont dans la Vallée l'acclament, elle, la vache qui a enfanté un taureau. Puisses-tu exister pour l'éternité, ta puissance être durable, ô prince aimé de Thèbes ! ". » (Stèle de la Victoire, 147-159). Rentré à Napata, il développe sa capitale et agrandit le temple consacré jadis à Amon de la « Montagne Pure », le Gebel Barkal, par Thoutmosis III, et dont le dernier état datait de Ramsès II (B 500). Il restaure le sanctuaire, dont il refait le mur d'enceinte. Il construit ensuite en avant une salle hypostyle, qu'il clôt par un deuxième pylône. Il ajoute enfin à cet ensemble une nouvelle cour, à péristyle, fermée par un nouveau pylône et précédée de criosphinx qu'il va chercher dans le temple d'Amenhotep III à Soleb. Fig. 160 Le site du Gebel Barkal (d'après Dunham : 1970, plan 1). Le temple du Gebel Barkal devient ainsi une réplique de celui de Karnak, et les souverains kouchites auront chacun à cœur d'agrandir et d'embellir l'un et l'autre. Pi(ânkh)y se fait ériger une pyramide dans la nécropole d'El-Kourrou, à proximité de laquelle sont enterrées cinq de ses reines et deux de ses filles. Le retour à la pyramide comme sépulture royale procède du même choix idéologique d'orthodoxie, même si les pyramides napatéennes sont assez éloignées du modèle memphite. On peut s'interroger sur la raison du retour de Pi(ânkh)y à Napata : si l'on en croit la Stèle de la Victoire, sa mainmise sur le pays était totale et définitive. Il semble qu'il ait préféré ne pas gouverner personnellement l'Égypte, soit qu'il considérât que sa vraie capitale était Napata, soit, plus probablement, que, conscient de l'utilité d'un morcellement politique qu'il préserva soigneusement, il ait préféré diviser pour régner, se contentant de contrôler efficacement la Thébaïde et les pistes occidentales, au moins jusqu'à l'oasis de Dakhla où il est attesté en l'an 24. Cette stratégie semble d'ailleurs avoir donné des résultats en Moyenne-Égypte, tant à Hermopolis qu'à Hérakléopolis. Pi(ânkh)y lui-même indique les grandes lignes de sa politique sur une stèle, trouvée elle aussi dans le temple du Gebel Barkal : « Amon de Napata m'a donné de gouverner tous les pays, de sorte que celui à qui je dis : " Sois roi ! " le soit, et que celui à qui je dis : " Tu ne seras pas roi ! " ne le soit pas. Amon de Thèbes m'a donné de gouverner l'Égypte, de sorte que celui à qui je dis : " Sois couronné ! " se fait couronner, et que celui à qui je dis : " Ne sois pas couronné ! " ne se fait pas couronner. Quiconque à qui j'accorde ma protection ne risque pas de voir sa ville prise, en tout cas pas de mon fait ! Les dieux peuvent faire un roi, les hommes peuvent faire un roi : moi, c'est Amon qui m'a fait! » (Grimal : 1986, 217-218). Cela ne l'empêche pas de souligner sur les monuments qu'il fait édifier ou décorer son rôle d'unificateur de l'Égypte. Il est l'Horus Sémataoui, « Qui a unifié les Deux Terres », ou « Qui a pacifié ses Deux Terres », « Taureau de ses Deux Terres », « Couronné dans Thèbes ». Il se réclame des deux grands modèles que lui suggèrent les monuments de Nubie : Thoutmosis III, dont il reprend le nom de couronnement, Menkhéperrê, et Ramsès II, Ousirmaâtrê. Cette domination semble admise à Thèbes, où Chépénoupet Ire et Aménardis Ire exercent ensemble leur pontificat. Dans le Nord, en revanche, les limites de cette politique apparaissent clairement. Tefnakht n'a pratiquement rien perdu de son pouvoir, qui s'étend à nouveau sur tout l'ouest du Delta, jusqu'à Memphis. Il se proclame roi, vers 720/719, inaugurant la XXIVe dynastie manéthonienne, dont le siège est à Saïs. Son règne ne dépasse pas huit ans, au cours desquels il consolide sa position face à ses deux voisins de Léontopolis et Tanis. Son fils Bakenrenef, le Bocchoris de Manéthon, lui succède et proclame son autorité sur tout le Nord. On ne possède pas assez d'éléments pour évaluer à sa juste valeur ce royaume éphémère qui cédera devant Chabaka en 715, mais il semblerait que les rois de Tanis-Bubastis comme ceux de Léontopolis et les chefferies Mâ aient accepté cette suzeraineté, qui ne devait d'ailleurs pas les engager à grand-chose. Bakenrenef est attesté à Memphis d'où il gouvernait peut-être son royaume. La montée assyrienne Paradoxalement, c'est Osorkon IV, le dernier représentant de la XXIIe dynastie, qui a perdu tout pouvoir sur le pays depuis longtemps, qui assume la lourde tâche de représenter l'Égypte en Syro-Palestine où de graves événements se préparent. Car l'Assyrie est sortie d'une longue période de luttes intestines avec Tiglath-Phalazar III qui reprend le pouvoir des mains d'Assur-Nirâri V en 745. Elle se trouve en compétition avec un voisin plutôt remuant et actif, le royaume d'Urartu, qui occupe à peu près la future Arménie et menace directement l'Assyrie. Une course de vitesse s'engage entre les deux puissances pour la possession du Nord syrien. Avec la même méthode qu'il met à réorganiser son pays, Tiglath-Phalazar III annexe le Nord-Ouest syrien et soumet la Phénicie à sa loi en 742. Il lui interdit en particulier tout commerce avec les Philistins et l'Égypte. Cette prise en main décide les roitelets du Croissant fertile à composer avec lui : Karkémish, Damas et Israël reconnaissent sa suzeraineté et lui paient tribut, ainsi que d'autres peuples, parmi lesquels apparaissent pour la première fois les Arabes. Se croyant assuré de ses arrières vers la Méditerranée, Tiglath-Phalazar III se retourne contre Urartu, après avoir fait une sévère incursion en Iran. Mais Tyr et Sidon, privées de leur débouché commercial vers l'Égypte, s'agitent. Gaza et Askalon organisent, peut-être pour les mêmes raisons, une coalition de Palestine et Transjordanie que les Assyriens écrasent en 734. En 732, ils prennent prétexte de la lutte qui continue d'opposer Juda et Israël, allié à Damas, pour intervenir à nouveau. Tiglath-Phalazar annexe Damas et razzie Israël : Osée, qui vient de monter sur le trône de Samarie, se soumet... en apparence du moins. Il prend contact avec « Sô, le roi d'Égypte » (2R 17,4). Cette petite phrase a été comprise de deux façons différentes. Les uns ont voulu y voir une faute du texte hébreu et ont compris « Saïs » : Osée aurait alors fait appel à Tefnakht, ainsi désigné par métonymie. Les dates concordent : la révolte d'Osée contre l'Assyrie doit se situer vers 727/726, puisque le roi d'Assyrie le capture, mettant ainsi fin à son règne qui a duré neuf ans, et prend Samarie après trois ans de siège. La capture d'Osée intervient au plus tard en 724 et la prise de Samarie en 722/721. Le roi d'Assyrie est alors Salmanazar V, qui a succédé à son père en 726. Si la chronologie se met bien en place, il y a peu de chances que le pharaon auquel Osée demande son appui soit Tefnakht : rien n'indique qu'il puisse représenter l'Égypte pour la Cour d'Israël, pour qui l'interlocuteur traditionnel, mentionné couramment dans les autres Livres, est Tanis, que sa position géographique met d'ailleurs naturellement en relation avec la Syro-Palestine. De plus, cette interprétation repose sur une correction inutile du texte, « Sô » pouvant être compris comme une abréviation du nom d'Osorkon IV (Kitchen : 1986, 551). Le résultat de la prise de Samarie a été un nouveau renversement des alliances en Transjordanie. Dans les années qui suivent, les Égyptiens renouent avec les ennemis d'hier, les Philistins, qui semblent les plus à même de faire pièce à la menace assyrienne de plus en plus proche de l'Égypte. L'Assyrie elle-même est encore empêtrée dans des troubles internes : Salmanazar V est renversé par le représentant d'une autre branche de la famille royale, qui prend le nom de Sargon, « le roi légitime ». Sargon II doit faire face à une autre coalition, qui réunit sur sa frontière méridionale deux ennemis dont l'hostilité réciproque, quasiment atavique, est fondée sur trois millénaires de haine mutuelle, l'Élam et la Babylonie. Ensemble, ils parviennent à secouer le joug assyrien en 720. Cette année n'était décidément pas faste pour Sargon II : le souverain de Hamath pousse à la révolte Damas, et Hanouna, le roi de Gaza, se soulève avec l'aide d'un corps expéditionnaire égyptien commandé par un général Raia. Mais là les Assyriens restent maîtres du terrain : Hamath est définitivement inclus dans leur empire, Gaza et Raphia ravagées et Hanouna écorché vif. Vers 716, nouvelle intervention assyrienne en Transjordanie. Cette fois, les Assyriens atteignent, El-Arich : ils ne sont plus séparés de la frontière orientale de l'Égypte que par Silé. Osorkon IV choisit la diplomatie et envoie en présent à Sargon II « douze grands chevaux d'Égypte, qui n'ont pas leur égal dans le pays ». 716 est aussi une année-charnière pour la politique intérieure de l'Égypte. Pi(ânkh)y meurt après un long règne de trente et un ans et se fait enterrer à Napata en compagnie de deux de ces fameux coursiers d'Égypte qu'il aimait tant et qui faisaient l'admiration de Sargon II. Son frère Chabaka monte sur le trône et décide d'assumer en personne le gouvernement de la Vallée. En 715, c'est-à-dire dès sa deuxième année de règne, il est à Memphis où il restaure le tombeau des Apis. Il met fin au règne de Bakenrenef, assure sa mainmise sur les oasis et le désert occidental, installe peut-être un gouverneur éthiopien à Saïs et prend le contrôle de tout le Nord. On en possède une confirmation directe par un nouvel épisode des affaires de Transjordanie. Iamâni prend le pouvoir dans la ville philistine Fig. 161. Tableau sommaire des forces en présence au Proche-Orient d'Asdod, au nord d'Askalon, et se révolte contre l'Assyrie. Sargon II envoie des troupes qui reprennent Asdod. Iamâni parvient à s'enfuir et se réfugie chez ses alliés égyptiens. Du moins les croit-il ses alliés. Les sources assyriennes nous apprennent que « le Pharaon d'Égypte — pays qui appartient désormais à Kouch » extrada le rebelle, « le chargea de chaînes, d'entraves et de bandes de fer ». Ce pharaon ne peut être que Chabaka, qui choisit de ne pas risquer un affrontement avec Sargon II, même s'il ne pouvait pas voir d'un bon œil tomber le dernier tampon qui le séparait de lui. Chabaka alla peut-être jusqu'à conclure un accord diplomatique, voire un traité avec l'Assyrie (Kitchen : 1986, 380). Chabaka suit la ligne politique inaugurée par Pi(ânkh)y, celle du retour aux valeurs traditionnelles. Il ne se contente pas d'adopter comme nom de couronnement Néferkarê. Il va réellement puiser dans les sources de la théologie de l'Ancien Empire. De son règne date la rédaction du Drame memphite ou Document de théologie memphite : la copie sur pierre d'un papyrus « mangé aux vers » que nous avons évoquée plus haut. Ce texte ainsi que ceux qui émaneront, tout au long de la période éthiopienne, des temples du Gebel Barkal et de Kawa montre la profondeur de la réflexion engagée par les intellectuels au service de ces rois, qui n'hésitent pas à aller chercher jusqu'à l'époque d'Ounas les thèmes décoratifs dont ils ornent les murs des temples afin de retrouver les fondements mêmes d'un pouvoir dont ils se font les champions. Une fois de plus, ce sont les monuments d'éternité qui gardent la trace de cette politique, et Chabaka manifeste très activement son souci des dieux : à Athribis, Memphis, Abydos, Dendara, Esna, Edfou, et surtout bien sûr Thèbes. Il construit sur les deux rives, ce qui ne s'était plus vu depuis longtemps : à Medinet Habou, il agrandit le temple de la XVIIIe dynastie, pendant que sa sœur, la Divine Adoratrice Aménardis Ire, se fait bâtir une chapelle et une tombe dans l'enceinte du temple. Sur la rive droite, il travaille à Louxor et surtout à Karnak, où il fait édifier ce que l'on appelle le « trésor de Chabaka », entre l'Akh-menou et le mur nord d'enceinte d'Ipet-sout (fig. 142), agrandit l'accès au temple de Ptah-au-sud-de-son-mur, travaille probablement à proximité du futur édifice de Taharqa du lac et dans l'enceinte de Montou. Le souverain éthiopien ne se contente pas d'être présent à Thèbes par ses monuments. Il restaure la fonction de Grand Prêtre d'Amon, tombée en désuétude, pour y installer son fils Horemakhet, qui ne conserve que le pouvoir spirituel, le temporel restant aux mains de la Divine Adoratrice. Chabaka meurt en 702 après quinze ans de règne et se fait enterrer comme son frère à El-Kourrou, lui aussi accompagné de chevaux. Le pouvoir revient alors aux enfants de Pi(ânkh)y, Chabataka, puis Taharqa. Djedka(ou)rê Chabataka monte le premier sur le trône, peut-être après une corégence de deux ans avec Chabaka (Kitchen : 1986, 554-557), ce qui lui donnerait un total de douze ans de règne. Il poursuit les travaux entrepris par son oncle : à Memphis, Louxor et Karnak, où il construit une chapelle, aujourd'hui conservée à Berlin, au sud-est du lac sacré et agrandit la chapelle d'Osiris héqa-djet en compagnie de son épouse la Divine Adoratrice Aménardis Ire. C'est sans doute sous son règne que, après la mort de Chépénoupet Ire, leur fille Chépénoupet II est adoptée par Aménardis Ire. Le programme politique que Chabataka exprime dans sa titulature diffère de celui de son oncle. Il reprend des grands thèmes ramessides : Khâemouaset, « Couronné dans Thèbes », dans son nom d'Horus, « À la grande autorité sur tous les pays » dans son nom de nebty, ou « Au bras puissant quand il frappe les Neuf Arcs » dans son nom d'Horus d'Or. Ce retour, en apparence surprenant, aux valeurs impériales ramessides, trouve sans doute son explication dans une volonté d'affirmation du pouvoir royal à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du pays. À Saïs, en effet, la situation évolue. Ammeris, le « gouverneur » mis en place par les Éthiopiens, meurt vers 695, et Stephinates, celui que l'on a appelé Tefnakht II, lui succède de 695 à 688, maintenant la tradition de Bakenrenef et préfigurant la future dynastie saïte. En politique extérieure, Chabataka adopte une attitude nettement plus agressive que celle de ses prédécesseurs. Les concessions faites par Chabaka à Sargon II avaient valu à l'Égypte une quinzaine d'années de répit, qui était aussi dû au fait que la Palestine n'était plus capable de se soulever et que le roi d'Assyrie était engagé dans d'autres combats, au cœur du Zagros, contre Urartu. En 704, Sennacherib succède à Sargon II. C'est l'occasion que saisissent les rois de Phénicie et Palestine pour se soulever : Sidon, dirigée par le roi Loulê, Askalon par Sidka, et Juda, gouvernée par Ézechias. Chabataka répond favorablement à la demande d'aide que lui adresse Ézechias et envoie un corps expéditionnaire commandé par son frère Taharqa, au moment où Sennacherib marche sur Askalon après avoir chassé Loulê de Sidon. Askalon tombe et Sidka est envoyé en Assyrie. Les coalisés rencontrent les troupes assyriennes au nord d'Asdod, à Elteqeh, et se font battre. Sennacherib fait alors mouvement vers Lakish et envoie 1. Victoire assyrienne d'Elteqeh et marche sur Jérusalem 2. Contre-offensive et retraite égyptienne le gros de ses troupes mettre le siège devant Jérusalem. Ézechias se soumet, sauvant ainsi sa ville. Sennacherib fait, dans la harangue qu'il adresse à Ézechias pour demander sa soumission, un portrait peu flatteur mais probablement assez réaliste de la puissance de son allié égyptien : « Quelle est cette confiance sur laquelle tu te reposes ? Tu t'imagines que paroles en l'air valent conseils et vaillance pour faire la guerre. En qui donc mets-tu ta confiance pour t'être révolté contre moi ? Voici que tu te fies au soutien de ce roseau brisé, l'Égypte, qui pénètre et perce la main de qui s'appuie sur lui. Tel est Pharaon, roi d'Égypte, pour tous ceux qui se fient en lui. » (2R 18, 19-21.) Pendant ces opérations, le « roseau brisé » tente un mouvement en direction de Lakish. Les Assyriens marchent sur les troupes égyptiennes, et Taharqa préfère se retirer en Égypte. Sennacherib se retire à son tour, rappelé par les soucis de Babylonie, sans parvenir à entrer en Égypte. La fin de son règne le voit plus occupé de l'épineux problème élamite que de la Syro-Palestine. En 689, poussé à bout par les révoltes conjointes de l'Élam et de la Babylonie, il noie Babylone sous les eaux de l'Euphrate et décide de se tourner à nouveau vers la Méditerranée. Mais il est assassiné à Ninive en 681, et Assarhaddon conquiert le pouvoir contre ses frères avant d'entreprendre la reconstruction de Babylone. Les hostilités ne reprendront entre Assyriens et Égyptiens qu'en 677/676. Taharqa règne alors sur l'Égypte depuis la mort de Chabataka, en 690. Contrairement à la pratique adoptée pour son prédécesseur, il n'a pas été associé au trône du vivant de Chabataka. Ses vingt-six années de gouvernement sont sans conteste possible le moment le plus brillant de la période éthiopienne. Les annales de son règne gardent, en particulier, le souvenir d'une crue du Nil survenue en l'an 6, qui eût pu tourner à la catastrophe, mais que l'aide divine rendit particulièrement favorable et dont le roi a commémoré la venue par des inscriptions parallèles déposées à Coptos, Matâna, Tanis et dans le temple de Kawa en Nubie : Ci-contre : Fig. 162. Mouvements des troupes de Sennachérib en 701 (d'après Kitchen : 1986, 384). « Mon père Amon, seigneur des Trônes du Double Pays, a fait pour moi quatre belles merveilles dans le courant d'une seule année, la sixième de mon couronnement comme Roi (...), quand fut venue une Inondation à entraîner les bestiaux, et qu'elle eut submergé le pays tout entier (...), il m'a donné une campagne belle dans toute son étendue, il a détruit les rongeurs et les rampants qui s'y trouvaient, il Fig. 163. Plan général du site de Kawa (d'après Macadam : 1949, pl. I). en a repoussé les déprédations des sauterelles et il n'a pas permis que les vents du Sud la fauchent. J'ai pu ainsi faucher, pour le Double Grenier, une moisson en quantité incalculable. » (Yoyotte & Leclant, BIFAO 51, 1952, 22-23.) La même année, il commence des travaux dans le temple de Kawa, un autre sanctuaire nubien fondé à la XVIIIe dynastie par Amenhotep III face à Dongola, en plein pays Kerma. Déjà Chabaka et Chabataka avaient repris le site, à l'abandon depuis Ramsès VII, mais Taharqa lui redonne sa grandeur perdue. Peut-être saisit-il l'occasion pour pratiquer un transfert déguisé d'opposants du Nord devenus plus virulents depuis que Nékaouba (Nechepsos) a succédé à Tefnakht II de Saïs ? Il déplace en effet des artisans memphites pour reproduire dans le temple d'Amon de Gematon ainsi restauré des reliefs empruntés aux grands temples funéraires de l'Ancien Empire — ceux de Sahourê, de Niouserrê et de Pépi II principalement —, poussé par le souci d'archaïsme que nous avons évoqué plus haut. Cette reconstruction, commémorée sur place par une stèle datée elle aussi de l'an 6, fait du temple de Kawa le deuxième grand sanctuaire des rois napatéens, qui le considéreront par la suite comme l'un des principaux lieux de reconnaissance de leur pouvoir. Taharqa construit sur la plupart des sites nubiens : Napata d'abord, où il édifie un nouveau temple (B 300) et agrandit celui d'Amon-Rê (B 500), Sanam Abou Dôm, non loin de Napata, où il construit tout un temple sur le même plan que celui de Kawa, Méroë, Semna, Qasr Ibrim, Bouhen... Il déploie la même activité à Thèbes : il travaille à Medinet Habou et surtout à Karnak, dont il est un des grands reconstructeurs. Nous avons déjà évoqué l'édifice du lac sacré et le kiosque qu'il fait élever dans la première cour. Il complète la présentation des accès du temple en faisant édifier des colonnades semblables à celle de la première cour en avant de la porte de Montou au nord, de la porte orientale, et de celle du temple de Chonsou. Il consacre également avec Chépénoupet II une chapelle osirienne... Ces travaux sont conduits par un personnage particulièrement attachant, Montouemhat, « Prince de la Ville » et quatrième prophète d'Amon. Lui et ses frères, installés par Taharqa dans les principales charges pontificales, partagent le pouvoir sur la Thébaïde avec la noblesse locale, que les Ethiopiens ont su se concilier. Mais les événements de Palestine viennent tout remettre en question. Sidon se révolte contre les Assyriens : Assarhaddon intervient en 677/676 et capture le roi de Sidon, Abdi-Milkouti, déporte les habitants en Assyrie et fait du royaume une province assyrienne à laquelle il donne une nouvelle capitale qu'il baptise Kâr-Assarhaddon. Retenu de 676 à 674 au sud du Taurus par des invasions de Scythes et de Cimmériens, le roi d'Assyrie doit encore se garder des Mèdes et de ses voisins méridionaux qui cherchent tous plus ou moins à secouer son joug. Parvenu à un équilibre relatif sur ces fronts, il peut à nouveau porter ses efforts contre l'Égypte, dont il sait qu'elle suscite en sous-main l'hostilité des ports de la côte, frustrés de leur débouché commercial avec elle par le pouvoir assyrien. Après une première tentative sur le Ouadi El-Arich vers 677, il s'assure de la neutralité des tribus arabes de la mer Morte. L'affrontement a lieu vers 674, en l'an 17 de Taharqa, lorsqu'il marche sur Askalon révoltée : les Assyriens doivent battre en retraite devant les Égyptiens. Trois ans plus tard, en 671, un nouvel engagement tourne à l'avantage d'Assarhaddon. Il défait Taharqa et prend Memphis, dans laquelle il capture le prince héritier et divers membres de la famille royale : « J'assiégeai Mempi, sa résidence royale, et la pris en une demi-journée au moyen de sapes, de brèches et d'échelles d'assaut. Sa reine, les femmes de son palais, Ourchanahourou, son " héritier apparent ", ses autres enfants, ses possessions, ses chevaux innombrables, son bétail gros et petit, je les emmenai en Assyrie comme butin. Tous les Kouchites, je les déportai hors d'Égypte, n'en laissant aucun pour me rendre hommage. Partout en Égypte, je nommai d'autres rois, des gouverneurs, des officiers, des contrôleurs de ports, des fonctionnaires, du personnel administratif... » (ANET, 293). Taharqa se replie dans le Sud, dont il garde apparemment le contrôle, tandis que les Assyriens favorisent ses rivaux du Nord, au premier rang desquels se trouvent les Saïtes. Après le départ des conquérants, l'Éthiopien fomente des troubles dans le Nord qui conduisent Assarhaddon à intervenir à nouveau en 669. Celui-ci meurt en route pour l'Égypte, laissant le trône de Ninive à son fils Assurbanipal, « le dieu Assur est le créateur du fils », et celui de Babylone à son autre fils Shamash-shum-ukîn, « le dieu Shamash a établi une lignée légitime ». Malgré la bonne entente affirmée entre les deux royaumes, Assurbanipal ne reprend pas tout de suite en personne le chemin de l'Égypte pour achever l'œuvre de son père. Il préfère rester dans sa capitale et envoie un corps expéditionnaire qui vainc Taharqa devant Memphis. Le pharaon s'enfuit à Thèbes. Assurbanipal décide de le poursuivre. Il adjoint à ses troupes des auxiliaires de Phénicie, Chypre, Syrie, mais aussi des contingents venus des royaumes du Delta qui ont choisi de coopérer avec lui contre le Kouchite. Les Assyriens s'avancent profondément au sud de la Thébaïde, sans réussir à mettre la main sur Taharqa qui a regagné son lointain royaume de Napata. Ils reçoivent la soumission de la Haute-Égypte, y compris des fonctionnaires éthiopiens comme Montouemhat, et assoient leur autorité probablement jusqu'à Assouan. Les Assyriens ne séjournent guère dans un pays dont ils ne peuvent assurer directement l'administration, obligés qu'ils sont de s'en remettre à leurs collaborateurs indigènes. À peine ont-ils tourné les talons que les rois du Nord changent d'attitude et font des ouvertures à Taharqa. La riposte d'Assurbanipal est immédiate : il fait arrêter et exécuter les principaux chefs à Saïs, Mendès et Péluse, déporter les autres à Ninive où le même sort les attend. Il n'en épargne qu'un seul : Nékao Ier, le roi de Saïs qui a succédé en 672 à Nékaouba. Il le confirme dans son royaume et installe son fils Psammétique, le futur Psammétique Ier, à la tête de l'ancien royaume d'Athribis. Les Saïtes prennent ainsi le pouvoir avec l'appui et la reconnaissance des envahisseurs. Nous sommes en 665. L'année suivante, Taharqa meurt à Napata, non sans avoir associé au trône, la dernière année, son cousin Tantamani. Celui-ci décide de reprendre l'Égypte après s'être fait confirmer dans sa royauté à Napata. Il relate cette reconquête sur une stèle qu'il fait déposer dans le temple du Gebel Barkal, comme le fit autrefois son grand-père Pi(ânkh)y, qu'il a manifestement pris pour modèle. Le texte renouvelle la tradition du songe prophétique que nous avons évoquée plus haut à propos de Thoutmosis IV : « L'année où elle fut couronnée roi, Sa Majesté vit en rêve la nuit deux serpents, l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche. Sa Majesté se réveilla et les chercha en vain. Sa Majesté dit : " Pourquoi cela m'est-il arrivé ? " Alors, on Lui donna cette explication : " Le pays du Sud t'appartient déjà. Conquiers le pays du Nord ! Ce sont les deux Maîtresses qui sont apparues sur ta tête pour te donner le pays dans sa longueur et sa largeur, sans partage. " » (Stèle du Songe, 3-6.) Le songe se réalise : Tantamani est couronné à Napata et reconnu par Amon. Il commence alors une croisade qui reproduit celle de Pi(ânkh)y : il descend à Éléphantine, où il sacrifie à Chnoum. Puis il se rend à Thèbes, où il sacrifie à Amon-Rê. Il navigue enfin vers Memphis qu'il prend d'assaut, écrasant les « rebelles » du Nord. Il rend le culte à Ptah, Ptah-Sokaris et Sekhmet et fait consacrer sa victoire à Napata par une série d'embellissements et de dons au temple du Gebel Barkal (Stèle du Songe, 18-24). Ce n'est qu'ensuite qu' « il redescend combattre les chefs du Nord ». Sa campagne est d'autant plus couronnée de succès que Nékao Ier a manifestement péri dans les combats. Les chefs du Delta viennent en ambassade faire leur soumission, présentée en leur nom par le prince Peqrour de Pi-Soped (Saft El-Henneh) : « Le prince et comte de la Demeure-de-Soped Peqrour se leva pour parler et dit : " Tu peux tuer qui tu veux et maintenir en vie qui tu veux sans que l'on puisse te faire le moindre reproche qui touche à la justice ! " Ils reprirent alors tous d'une voix : " Donne-nous la vie, ô maître de la vie, car il n'y a pas de vie sans toi. Nous te serons soumis comme des humbles, comme tu en as décidé la première fois, le jour où tu as été couronné roi ! " » (Stèle du Songe, 36-38) Le triomphe de Tantamani est de courte durée : Assurbanipal envoie à nouveau ses armées contre l'Égypte en 664/663. Memphis est reprise, et Tantamani ne peut que se replier sur Thèbes, poursuivi par les Assyriens, puis à Napata quand ceux-ci envahissent la capitale d'Amon. Il se passe alors ce que plus d'un millénaire et demi sans incursion étrangère semblait avoir rendu inconcevable : Thèbes est mise à sac par les envahisseurs, brûlée, ravagée, et tous les trésors accumulés par des siècle de piété dans les temples pillés. Le sac de Thèbes marque la fin de la domination éthiopienne, qui n'était d'ailleurs plus que théorique : la précédente incursion des Assyriens avait montré que Montouemhat et Chépénoupet II gouvernaient pour leur propre compte la Thébaïde et ne se sentaient que bien peu solidaires de Napata. Il sonne aussi le glas de tout un monde : le mythe de l'inviolabilité des sanctuaires de Pharaon s'est écroulé sous les coups d'un Orient barbare qui fait désormais trembler tous les peuples, de l'Asie Mineure aux bords du Nil. Après le sac de Thèbes et jusqu'à la fin du règne de Tantamani, de 664 à 656, la situation reste indécise, reflétant la profonde désorganisation politique du pays que masquait le pouvoir fictif des Éthiopiens, qui ne s'appuyait, en réalité, que sur trois centres : Napata, Thèbes et Memphis. Tantamani s'est retiré à Napata où son pouvoir n'est remis en cause par personne. Les Assyriens n'osent pas s'aventurer au sud d'Assouan, dans des contrées qui leur sont encore plus étrangères que cette Égypte dont ils ne connaissent ni la langue ni les coutumes. Les traces que laisse Tantamani en Nubie sont minimes, mais les actes privés et publics de Thèbes continuent d'être datés de son règne. À Thèbes même, le pouvoir est toujours aux mains de Montouemhat, dont l'autorité s'étend au plus d'Assouan au sud jusqu'au royaume d'Hermopolis au nord, où règne un Nimlot, descendant de celui dont le pouvoir a été confirmé par Pi(ânkh)y. Au demeurant, les Assyriens ont clairement reproduit le découpage politique antérieur à la conquête éthiopienne, au besoin en changeant les gouvernements en place. C'est le cas à Hérakléopolis où les sources assyriennes reconnaissent un autre roi que Pétisis, descendant « légitime » de Peftjaouaouibastet. Le royaume dominant dans le Delta est celui de Saïs : il a ajouté au domaine constitué naguère par Tefnakht le royaume d'Athribis confié par Assurbanipal au futur Psammétique Ier après la révolte de 666-665. Les anciennes chefferies libyennes, de Sébennytos à Pi-Soped, sont restées aux mains des descendants des anciens adversaires de Pi(ânkh)y. Le royaume tanite continue d'exister, avec une figure qui deviendra légendaire : Pétoubastis II, qui faisait probablement partie des rois exécutés par Assurbanipal. A l'époque gréco-romaine, il devient le protagoniste d'un cycle épique connu sous le nom de Geste de Pétoubastis par plusieurs papyri démotiques. Cet ensemble est un curieux mélange de genres, qui combine autour d'un thème proche de l'Iliade, celui du combat pour la possession des dépouilles du héros, des faits historiques de l'époque de l'anarchie libyenne et de la domination perse, dont on reconnaît clairement les acteurs, et leur transposition mythique, à laquelle se mêlent des thèmes traditionnels du roman grec. À l'origine du cycle se trouve Inaros, l'opposant légendaire à la domination d'Artaxerxès Ier, qui réussit à massacrer le satrape Achaimenes avant d'être exécuté en 454. Un premier conte le montre luttant contre un griffon venant de la mer Rouge. Le deuxième rapporte la lutte qui oppose le fils de Pétoubastis et le Grand Prêtre d'Amon pour la possession du bénéfice d'Amon. Le troisième conte est le plus proche des luttes politiques de la fin de l'époque éthiopienne. Inaros meurt : son fils Pémou d'Héliopolis affronte un rival de Mendès pour la possession de la cuirasse de son père. Le combat se passe sous le règne de Pétoubastis et met en scène les grandes figures de l'époque comme Peqrour de Pi-Soped. D'autres contes concluent le cycle. Le plus célèbre est la lutte que conduit un autre fils d'Inaros, Padikhonsou, contre la reine des Amazones en Assyrie, avec laquelle il finit par s'allier pour conquérir les Indes avant de revenir en Égypte... Psammétique Ier et la « renaissance » saïte À la mort de Nékao Ier, Psammétique Ier a été reconnu comme roi unique d'Égypte par les Assyriens, qui lui confient l'administration du pays, à charge pour lui d'éviter toute révolte. La tâche n'est pas si facile. Même s'il tient en main tout le Delta occidental et les royaumes d'Athribis et Héliopolis, son pouvoir n'est reconnu pendant les premières années d'un règne qu'il fait partir de 664 que par deux des anciennes chefferies Mâ de l'Est : celles de Sébennytos et de Bousiris, trop au contact de son royaume pour lui résister longtemps. La soumission définitive des autres souverains du Nord se produit vers 657, en l'an 8 de Psammétique Ier. Celui-ci s'était déjà attaché le prince d'Hérakléopolis Samtoutefnakht qui succède en l'an 4 à Pétisis. Cet appui est capital, car il assure au roi de Saïs le contrôle sur tout le trafic fluvial de la vallée et en même temps sur le transit caravanier avec les oasis du désert occidental et, au-delà, avec la Nubie et la Libye. C'est d'ailleurs Samtoutefnakht qui va lui permettre de mettre la main sans coup férir sur la Thébaïde. En mars 656, il accompagne à bord d'une puissante escadre Nitocris, la fille que Psammétique Ier a eue de Méhytemousekhet, elle-même fille du Grand Prêtre d'Héliopolis. Psammétique Ier la fait adopter par les Divines Adoratrices alors en fonction, Chépénoupet II et Aménardis II, qui la dotent de bénéfices en Haute-Égypte, acceptant ainsi en droit la domination de fait du Nord. Montouemhat, qui n'est alors officiellement que Quatrième Prophète d'Amon mais détient en réalité la plus haute autorité sur Thèbes, accepte la suzeraineté de Psammétique Ier : la domination des Éthiopiens, qui se sont montrés incapables de résister aux envahisseurs assyriens, est définitivement écartée. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Psammétique Ier, qui a été mis en place par les Assyriens et dont la force repose pour beaucoup sur les mercenaires grecs dont il a fait ses troupes d'élite, passe pour le champion national de la réunification du pays. Mais si l'adoption de Nitocris, célébrée par de grandes fêtes à Thèbes, consacre l'union du pays, cela ne veut pas dire pour autant que Psammétique Ier ait vaincu toute opposition : certains roitelets et princes du Delta refusent de se soumettre et prennent le chemin de tous les opposants du Nord depuis le Moyen Empire, celui de la Libye. Psammétique Ier lève des troupes, fait remarquable, par conscription dans les provinces réunifiées, et marche vers l'ouest. Des bornes sur la route de Dahchour ont gardé le souvenir de cette expédition victorieuse, à la suite de laquelle le nouveau pharaon installe des garnisons sur les frontières occidentale et orientale mais aussi au sud, à Éléphantine, qui sépare désormais l'Égypte du royaume de Napata. Les troupes qu'il met en place caractérisent assez bien l'une des assises de son pouvoir en même temps que l'évolution des relations internationales dans une Méditerranée qui vient d'être traversée par de grands courants de populations. Ce sont des Grecs et des Cariens, qui vendent leurs compétences militaires dans un Proche-Orient que les luttes intestines rendent plein d'opportunités, des Nubiens et des Libyens, les mercenaires traditionnels, mais aussi tous ceux que les conquêtes assyriennes ont poussé sur les routes : Phéniciens, Syriens ou Juifs, qui vont constituer une importante colonie à Éléphantine. Les postes de commandement restent aux mains des officiers Mâ de l'entourage du roi, mais ces nouvelles troupes permettent d'écarter la vieille souche libyenne, qui ne demanderait qu'à partager le pouvoir. Psammétique apporte d'ailleurs une autre limitation aux chefferies du Nord en accueillant dans le Delta des colonies de ces Grecs et Cariens qui l'ont aidé à dominer l'Égypte. Ainsi commence à se constituer une ouverture de l'Égypte sur le monde extérieur qui va aller croissant pendant les cinquante-quatre ans de son règne. Les commerçants arrivent en effet sur les talons des militaires, et les relations diplomatiques que l'Égypte entretient avec la Grèce ont une base essentiellement économique : l'Égypte exporte des céréales, du papyrus, etc., et accueille les premiers comptoirs milésiens qui s'installent à l'embouchure de la branche bolbitine du Nil. C'est le début de l'ascension de la corporation des interprètes égyptiens, qui vont faire visiter aux intellectuels grecs les grands sanctuaires, surtout ceux du Delta et, au premier rang, celui de Neïth de Saïs, leur fournissant les éléments plus ou moins déformés qui leur permettront de retracer l'histoire de cette vieille puissance quasi mythique qui les fascine... L'Égypte entre petit à petit dans le réseau des échanges qui s'intensifient, de l'Asie Mineure au monde égéen et à l'écart duquel elle serait, de toute façon, bien en peine de se maintenir. Elle s'ouvre aux influences extérieures tant en matière d'art que de techniques, mais sans renoncer aux valeurs nationales. Bien au contraire. Psammétique Ier poursuit dans la voie inaugurée par les Éthiopiens en accentuant la présentation « nationaliste » du retour aux sources de l'Ancien et du Moyen Empire de façon à faire contraste avec l'invasion assyrienne et peut-être aussi avec la présence des étrangers qui sont de plus en plus nombreux dans le pays, et avec lesquels les rapports ne seront pas toujours sans nuages pendant la période saïte. Il radicalise la pensée religieuse en affichant une recherche constante de la pureté originelle, au moins de la situation antérieure aux influences asiatiques. C'est ce qui ressort des proscriptions qui touchent sous son règne les cultes non égyptiens, au nombre desquels on place celui de Seth, en qui on ne voit plus le patron des rois conquérants de la XIXe dynastie mais seulement celui des Hyksôs. Elles se doublent d'un ritualisme parfois étroit dont même la Bible se fait l'écho (Gn 42,32). Sous son règne comme pendant toute la période saïte et perse, le culte des hypostases animales connaît un grand développement. Il fait, en particulier, agrandir, en l'an 52, le Sérapeum de Memphis. On pense que cette nécropole des taureaux Apis, en qui Rê était censé s'incarner, a été fondée par Amenhotep III. A vrai dire, cette datation est purement aporétique : on n'a simplement retrouvé aucune sépulture antérieure à Amenhotep III. Les galeries souterraines de Saqqara sont sans doute encore loin d'avoir révélé tous leurs secrets, comme l'a montré la redécouverte récente des « petits souterrains » aménagés à l'époque de Ramsès II par le prince Khâemouaset... Psammétique Ier à son tour agrandit cette nécropole en y ajoutant ce que l'on appelle les « grands souterrains », faisant ainsi d'elle l'un des monuments les plus imposants d'Égypte. Chaque taureau y était enterré dans un caveau propre, desservi par une galerie de 3 m de large sur 5,5 de haut, et ce sur environ 350 m. Les caveaux, creusés en contrebas de la galerie, consistent en une excavation de 8 m sous plafond, au centre de laquelle trône un énorme sarcophage de syénite aux dimensions de l'Apis et pesant en moyenne plus de 60 tonnes. Lors de l'enterrement, le caveau était scellé et une stèle y était apposée, dont le rôle était de rappeler l'existence du dieu vivant. Ce culte de l'Apis n'était pas le seul exemple d'adoration d'animaux. Bien au contraire, les nécropoles voisines de chats ou d'ibis témoignent du développement de ce courant de la religion à la Basse Époque. Le culte de l'Apis apporte un témoignage intéressant sur cette évolution de la religion qui a si fortement frappé les voyageurs grecs contemporains. Il fournit également une aide précieuse pour l'établissement d'une chronologie précise. En tant qu'hypostase divine, en effet, l'Apis possédait son éponymie propre, parallèle à celle du pharaon en exercice. Les stèles que nous venons d'évoquer fournissent, pour le couronnement et la mort de l'Apis une correspondance entre les dates de l'un et de l'autre. Elles viennent ainsi confirmer les durées des règnes en servant de point d'accrochage à la documentation livrée par la prosopographie locale, datée aussi bien d'après l'Apis que d'après le roi. La nécropole des Apis seule a échappé à la destruction. Les installations cultuelles, qui devaient occuper une grande place au-dessus des galeries et au milieu desquels le prince Khâemouaset s'était fait enterrer, n'ont pas été conservées — pas plus que celles de l'Anubieion ou de l'Ibieion voisin. Seules les sources documentaires contemporaines permettent de se faire une idée de l'importance et des richesses que réunissait le clergé chargé de l'entretien du culte. Fig. 164 Portrait présumé de Montouemhat, Prince de la Ville. Granit gris. H = 1,35 m. Fin de la XXVe dynastie. Le Caire, Musée égyptien. L'influence propre des Saïtes se fait sentir dans le fait que ce n'est plus Thèbes qui donne le ton en matière de théologie ou d'art, mais la tradition memphite retrouvée. Elle produit un renouveau archaïsant qui atteint son apogée dans les tombes de certains grands dignitaires Fig. 165 . Tête d'une statue de Taharqa. Granit. H = 0,35 m. Le Caire, Musée égyptien. comme Ibi (TT 36), le premier des majordomes connus de la Divine Adoratrice Nitocris. Cette tendance est aussi sensible dans la littérature, à travers la systématisation du récit royal dans le style de la Stèle de la Victoire de Pi(ânkh)y et le maintien de la langue classique dans les textes officiels. Le démotique, qui devient à ce moment-là l'écriture vernaculaire au détriment du hiératique « anormal », cantonné en Haute-Égypte, est réservé aux écrits non littéraires. Il faudra attendre l'époque perse pour que le démotique, et surtout l'état de la langue qu'il véhicule, reçoive définitivement droit de cité dans la littérature. Cette mise en ordre de la politique et de l'économie du pays se fait aussi par le biais d'une réorganisation administrative. Dans les premiers temps, Psammétique n'intervient pratiquement pas dans le gouvernement de la Haute-Égypte. Puis il prend progressivement des mesures qui lui permettent d'installer du personnel lié aux intérêts de Saïs. Nous venons d'évoquer Ibi que Nitocris prend comme Majordome, c'est-à-dire comme administrateur de ses domaines, à Thèbes. Ses successeurs viendront également du Nord. Du Nord encore vient le nouveau gouverneur d'Edfou et Elkab. Les rois saïtes laissent en place les vieilles féodalités comme celle d'Hérakléopolis, qui se maintiendra jusqu'à l'époque grecque, et s'appuient sur elles pour faire respecter localement l'ordre établi. Tout en conservant Saïs comme résidence et nécropole royale, Psammétique Ier déplace la capitale à Memphis qui retrouve son rôle de métropole politique et administrative, même si, comme nous l'avons vu, elle avait su garder au fil des siècles une certaine prééminence théologique. L'Égypte connaît sous les Saïtes un éclat et une prospérité indiscutables, dont on retrouve la trace dans les riches tombeaux que les nobles se font construire à Thèbes ou dans les anciennes nécropoles memphites. Elle reste pour les pays de la Méditerranée un État encore puissant avec lequel il faut compter. Mais cette puissance et cette prospérité ne sont dues plus tant à ses ressources propres qu'au déclin de l'Assyrie, dont elle bénéficie pour s'affirmer au Proche-Orient jusqu'à ce qu'une nouvelle puissance vienne balayer ses ambitions retrouvées. Lorsque les troupes d'Assurbanipal rentrèrent dans leur pays après avoir soumis l'Égypte, de graves difficultés s'étaient amoncelées sur l'Assyrie. Les frontières orientales étaient menacées par les Élamites et les Manéens et celles du nord par les Cimmériens, contre lesquels Gygès, roi de Lydie allié à Psammétique Ier, menait un combat désespéré. Psammétique Ier profita de l'affrontement entre l'Élam et l'Assyrie de 653 pour secouer le joug d'Assurbanipal et chasser les garnisons assyriennes jusqu'à Asdod en Palestine. Assurbanipal était alors en train de supporter les conséquences de la politique successorale d'Assarhaddon. À Suse, en effet, un roi Te-Umman avait pris le pouvoir, chassant les héritiers du trône qui s'étaient réfugiés auprès des Assyriens. Te-Umman attaque Akkad, mais Assurbanipal le vainc et donne ses possessions aux princes exilés. Ceux-ci entreprennent alors de trahir Assurbanipal au profit de son frère, Shamash-shum-ukîn, que le partage prononcé autrefois par Assarhaddon entre lui et Assurbanipal était loin de satisfaire. Il avait gagné à sa cause une bonne partie des Syriens et des Arabes. Assurbanipal fait le blocus de son frère dans Babylone et répartit ses forces entre le front élamite, où il joue sur la division des princes qui n'arrivent pas à se partager le pouvoir de leur père, et les révoltes plus ou moins larvées de l'Ouest. Cette stratégie se révèle payante : en 648, Shamash-shum-ukîn périt dans l'incendie de Babylone, et, deux ans plus tard, Suse tombe à son tour. Assurbanipal, qui a entre-temps soumis les Nabatéens et achevé de réduire en esclavage la Phénicie, est au sommet de la puissance. Et pourtant... Une génération plus tard, Ninive est en flammes et il ne reste plus rien d'un empire moins solide qu'il n'y paraissait : l'Égypte avait retrouvé son indépendance, la Phénicie, dépouillée du commerce maritime par les Grecs, n'offrait plus le riche débouché d'autrefois sur la Méditerranée, les Nabatéens étaient aussi peu sûrs que leur désert. Quant à l'Élam ravagé, il n'était pas d'un grand secours, et l'on comprend que Cyrus Ier se soit réjoui de la chute de Suse. Babylone ne rêve que de vengeance, et, au-delà du Zagros, Scythes et Mèdes n'attendent que le premier signe de faiblesse pour fondre sur Ninive. C'est la mort d'Assurbanipal en 627 qui déclenche le processus de l'effondrement assyrien : jusqu'en 612 ses fils se disputent le pouvoir. Le roi de Chaldée, Nabopolassar, met à profit ces luttes intestines qui épuisent l'Assyrie pour s'emparer d'Uruk en 626, puis de Sippar et de Babylone. Il se fait proclamer roi de Babylonie, qu'il contrôle complètement en 616. Entre-temps, dans les années 629-627, les Scythes fondent sur l'Assyrie et s'avancent en Asie Mineure jusqu'au sud de la Palestine où Psammétique Ier les arrête, à la hauteur d'Asdod, si l'on en croit du moins Hérodote. Il est probable qu'il ne s'agissait pas d'une véritable invasion, mais seulement de quelques éléments avancés. Ils font toutefois prendre conscience à Psammétique du danger que représenterait un effondrement total de l'Assyrie, qu'il voit fortement menacée autant par les Chaldéens que par les Mèdes. Il décide donc d'intervenir aux côtés des Assyriens contre Nabopolassar une première fois en 616. L'aide de l'Égypte n'empêche pas la défaite des Assyriens qui se produit en deux temps. En 625, Cyaxare fait l'unité des tribus scythes et perses et se lance à la conquête de l'Assyrie où il pénètre en 615. L'année suivante, il essaie en vain de prendre Ninive, mais Assur tombe entre ses mains. Nabopolassar le rejoint pour la curée, et les deux rois s'entendent sur le dos du vaincu. Forts de leur nouvelle alliance, ils reviennent en 612 et font le siège de Ninive pendant trois mois. La ville est prise et détruite, l'héritier du trône mis à mort. Un officier s'enfuit, prend le pouvoir sous le nom d'Assur-Uballit II et se réfugie loin à l'ouest, aux marches du royaume : à Harran, à proximité de l'actuelle frontière syro-turque, où des troupes égyptiennes viennent le soutenir. Proche-Orient et Méditerranée Nous sommes en 610. Psammétique Ier meurt, laissant à son fils Nékao II le soin de continuer son œuvre. Celui-ci tient les engagements de l'Égypte vis-à-vis de ce qui reste du royaume légitime d'Assyrie : les Mèdes et les Babyloniens prennent Harran; l'année suivante, en 609, les Égyptiens parviennent à repasser l'Euphrate derrière lequel ils s'étaient réfugiés, mais ne peuvent reprendre Harran. La ville restera aux mains des Mèdes, qui envisageaient peut-être d'en faire la base de nouvelles conquêtes vers l'Ouest. Nékao II profite du vide que laisse la disparition des Assyriens en Syro-Palestine : il saisit l'occasion que lui offre l'expédition de 609/608 contre Harran pour mettre la main sur la Palestine. Il défait Josias qui tentait de lui barrer la route à Megiddo. Il intervient alors dans le royaume d'Israël et destitue Joachaz, le fils de Josias qui était monté sur le trône à la mort de son père. Il le remplace par son fils Elyaqim, qui régnera sous le nom de Joiaqîm (2 R23,29-35). Jérusalem paye tribut à l'Égypte, et Nékao II garde le contrôle de la Syrie, au moins jusqu'à Karkémish, pendant à peu près quatre ans, le temps nécessaire aux Chaldéens pour s'organiser. Après la chute de Ninive, ils restaient maîtres du terrain avec les Mèdes. Ces derniers se contentent comme dépouilles des montagnes de l'Élam, laissant aux Babyloniens la Susiane et l'Assyrie. Nabopolassar ne s'installe pas dans l'Assyrie dévastée et passe la fin de son règne à reconstituer ses forces. En revanche, il envoie son fils Nabuchodonozor reprendre en main les affaires de Syrie, où Nékao II n'arrive pas à asseoir par une victoire vraiment décisive son autorité. Il remporte pourtant des succès, forçant les Chaldéens à se réfugier à l'est de l'Euphrate et étendant son influence jusqu'à Sidon. Mais la domination égyptienne sur la Syrie est fragile : elle ne repose que sur des alliances passées sous la contrainte, comme celle imposée à Jérusalem. Nabuchodonozor s'empare de Karkémish, où les troupes égyptiennes avaient hiverné, au printemps 605 et poursuit les fuyards jusqu'à Hamath où il les anéantit. Les Égyptiens bénéficient d'un répit : Nabopolassar meurt. Nabuchodonozor doit rentrer à Babylone pour s'assurer du pouvoir. Il monte sur le trône au mois de septembre 605 et revient l'année suivante pour percevoir en personne le tribut que Damas, Tyr, Sidon et Jérusalem paient à contrecœur. Le roi d'Askalon se révolte, mais les appels au secours qu'il lance à Pharaon restent vains. Celui-ci peut tout au plus repousser une attaque des Babyloniens contre sa frontière orientale en 601. Il parvient à reprendre Gaza. Les Égyptiens ne dépasseront plus cette limite jusqu'à la fin du règne de Nékao II, qui tourne désormais ses ambitions vers d'autres buts. Il poursuit la politique d'ouverture vers le monde grec, encourageant l'installation dans le pays de colons venus avec les mercenaires ioniens et cherchant à créer, chose nouvelle, une flotte égyptienne capable de rivaliser avec ses concurrents aussi bien en Méditerranée qu'en mer Rouge. À cette fin, il fait commencer dans le Ouadi Toumilât de grands travaux qui auraient employé 120000 ouvriers, afin d'aménager un canal reliant la Méditerranée à la mer Rouge. La création de cette nouvelle voie commerciale nécessita celle d'un centre de transit pour les caravanes : Nékao II fonda une ville, « la demeure d'Atoum de Tjékou », Tjékou étant le nom de la région du Ouadi Toumilât, en égyptien Per-Temou (Tjékou), aujourd'hui Tell el-Maskouta, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest d'Ismaïlia. La phonétisation du mot a fait que la tradition identifie cette ville à la Pithôm biblique, à tort comme l'ont montré des fouilles récentes. La fondation du site remonte bien, en effet, à Nékao II, mais son histoire postérieure prête à confusion. La ville suit les heurs et malheurs du canal auquel elle est liée. Cela lui vaut d'être restaurée et remodelée chaque fois que celui-ci est réparé et remis en service : Darius Ier, puis les Nectanébo, Ptolémée II et, enfin, Hadrien y travaillent... Les Nectanébo, en particulier, embellissent la ville à l'aide de monuments de Ramsès II provenant de Pi-Ramsès, ce qui a longtemps contribué à entretenir l'identification de Tell el-Maskouta avec Pithôm. Ouahibrê Nékao II fait donc construire une flotte qui ne concurrence peut-être pas réellement celles de ses rivaux, mais a, entre autres heureux résultats, celui d'ouvrir la voie à un périple africain que réussissent les marins phéniciens auxquels il fait appel, et qui restera comme l'un des hauts faits de son règne — peut-être même le seul haut fait de son règne, car il ne laisse pas un bon souvenir, ni à ses contemporains ni aux générations suivantes, malgré une prospérité certaine, dont ses successeurs vont tirer le bénéfice. Lorsqu'il meurt en 595, il laisse un fils et trois filles. Son fils règne sous le nom de Néferibrê Psammétique II, peu de temps puisqu'il meurt en 589, mais en déployant une énergie qui confirme le parallélisme qu'il affirmait lui-même avec son grand-père. La brièveté de son règne ne permet pas de dire si son action sur le plan intérieur aurait été l'égale de celle de Psammétique Ier. Il fait adopter la fille qu'il a eue de la reine Takhout, Ankhnesnéferibrê, « Néferibrê vit pour elle », par la Divine Adoratrice Nitocris, qu'elle remplacera en 584. Elle restera en fonction jusqu'à la conquête perse en 525, maintenant à Thèbes une administration saïte dont on peut retracer le faste grâce aux magnifiques tombes que les Majordomes d'Amon Chéchonq fils d'Harsiesis (TT 27) et Padineïth (TT 197) se sont fait aménager dans l'Assassif. Le souci de grandeur de Psammétique II se manifeste surtout à l'extérieur du pays. Il semble avoir eu à cœur de compenser les effets négatifs de la politique étrangère de son père. S'il ne fait pas grand-chose de la flotte constituée par celui-ci, il essaie de se réintroduire dans les affaires de Judée. Le semi-échec des Chaldéens contre l'Égypte en 601 avait en effet donné des idées à Joiaqîn qui rompt avec Babylone l'année suivante. En 598, son fils Joiakîm lui succède, mais pas pour longtemps : en mars 597, Nabuchodonozor II prend Jérusalem, pille le Temple, déporte le roi à Babylone avec l'essentiel de sa Cour et fait couronner à sa place son oncle Sédécias. Joiakîn restera plus de trente-sept ans à la Cour de Babylone, et cette absence entretiendra la division entre ses partisans et ceux de Sédécias dans les deux capitales. Dès les premières années du règne de Sédécias, l'Égypte pousse Jérusalem à la rébellion. Elle n'est probablement pas étrangère à la conférence antibabylonienne qui s'y tient en 594. En 591, Psammétique II entreprend jusqu'à Byblos une tournée pacifique qu'il célèbre à son retour comme une campagne traditionnelle. Cette démonstration de force encourage Sédécias à une révolte dont les conséquences seront catastrophiques pour Jérusalem. L'année précédente, Psammétique II avait engagé les hostilités avec le pays de Kouch où Anlamani avait fondé le deuxième royaume de Napata. Il brisait ainsi un état de paix établi depuis Tantamani. L'armée égyptienne atteignit Pnoubs sur la Troisième Cataracte et peut-être même Napata. Curieusement, Psammétique II n'exploite pas sa victoire et ses troupes, parmi lesquelles se trouvent de nombreux mercenaires cariens qui laissent au passage leur nom à Abou Simbel, se retirent jusqu'à la Première Cataracte. Éléphantine reste la frontière méridionale de l'Égypte, tandis que la zone entre Éléphantine et Takompso, le Dodékaschoène, devient une sorte de no man's land entre la Nubie et l'Égypte. Les raisons de cette campagne sont obscures : les textes officiels la présentent comme une pacification rendue nécessaire par une révolte des Kouchites qui n'a manifestement d'autre réalité que celle de la phraséologie traditionnelle. Elle est suivie par une vague de martelage des monuments des souverains éthiopiens en Égypte, un peu comme si Psammétique II voulait effacer par cette damnatio memoriae l'existence même des anciens adversaires de sa lignée. Il s'attaque aussi au souvenir de Nékao II, pour des raisons probablement plus sérieuses que les échecs militaires, d'ailleurs relatifs, essuyés par les Égyptiens face aux Chaldéens, mais que l'on ne s'explique pas. La présence grecque Psammétique II meurt en février 589, avant que sa politique proche-orientale ait porté ses fruits. Son fils, Khaâibrê Apriès, doit immédiatement faire face à la situation provoquée par la révolte de Sédécias, à laquelle il participe ainsi que la Phénicie. Nabuchodonozor II marche sur Jérusalem, devant laquelle il met le siège pendant deux ans. Il s'assure également le contrôle de la Phénicie en prenant Sidon. Il échoue cependant devant Tyr qu'Apriès ravitaille par mer, prouvant ainsi l'efficacité de sa nouvelle flotte qui permettra à Tyr de résister... jusqu'en 573 ! Sur terre, en revanche, les Égyptiens sont moins heureux : ils tentent de se porter au secours de Sédécias, mais doivent battre en retraite. Jérusalem tombe en 587. Sédécias, en fuite, est capturé à Jéricho. Nabuchodonozor II fait un exemple terrible : Sédécias voit son fils mis à mort, puis, les yeux crevés, est emmené captif. Le parti de la guerre ne se tient pas pour battu : les partisans de Jérémie assassinent le gouverneur babylonien installé par le vainqueur puis s'enfuient avec leur chef en Égypte avant que ne s'abatte la répression en 582. Apriès n'en a pas fini avec la guerre : la garnison d'Éléphantine se révolte en apprenant la défaite égyptienne face à Nabuchodonozor II. Le général Neshor parvient à réprimer la mutinerie, mais c'est le signe avant-coureur des troubles qui vont marquer la fin du règne. En 570, Apriès est appelé au secours par son allié libyen, le prince Adikran de Cyrène, qui est aux prises avec des envahisseurs doriens. Il envoie des mercenaires, ses Makimoi..., qui se font battre. Au retour de cette expédition désastreuse, des affrontements éclatent entre les Makimoi et les Grecs d'Égypte. Ils dégénèrent en guerre civile entre forces nationales et mercenaires grecs et cariens. Les Égyptiens proclament roi le général Amasis qui s'était couvert de gloire dans l'expédition contre les Kouchites. Apriès, réduit à ses seules troupes de mercenaires, affronte Amasis à Momemphis à la fin de 570 : il y est tué et Amasis transporte sa dépouille à Saïs, où il lui rend les honneurs funèbres. Nabuchodonozor II profite de ces troubles pour tenter une invasion de l'Égypte en 568, mais Amasis parvient à l'arrêter. Porté au pouvoir par les forces nationalistes, Amasis ne peut pas se tenir à l'écart des affaires grecques pour autant, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. À l'intérieur, il trouve une solution au problème grec et carien en adoptant une politique qui lui permet de supprimer les divers foyers étrangers disséminés dans le Nord. Hérodote rapporte qu'il concentre ces étrangers dans la ville de Naucratis, au sud-est de la future Alexandrie. Les fouilles récentes du site ont confirmé cette concentration à Naucratis, où des colons étaient déjà installés depuis le règne de Psammétique Ier. Amasis leur accorde des privilèges économiques et commerciaux importants. Il reconnaît à la cité le statut de comptoir autonome, doté de ses propres lieux de culte. Cette économie « de comptoirs », qui connaîtra des ramifications jusque dans l'Égypte moderne, fonde la prospérité de toute la région et contribue fortement à celle du pays tout entier, qui atteint sous son règne un sommet. On considère généralement que la population de l'Égypte comptait alors 7,5 millions d'habitants, un chiffre énorme à l'échelle de la Méditerranée si l'on songe que l'Égypte contemporaine ne dépassera les 8 millions qu'au XIXe siècle ! La tradition garde d'Amasis le souvenir d'un souverain à la fois débonnaire et bon vivant autant que législateur avisé. Malheureusement, les conquérants perses ont effacé le souvenir de son œuvre sur presque tous les monuments qu'il a édifiés. Il fait montre de ces qualités également en restant en bons termes avec le monde grec. Des succès militaires remportés sur certaines villes de Chypre lui permettent d'avoir à son service la puissante flotte de l'île. Il l'utilise pour commercer dans la Méditerranée et se faire des alliés contre la puissance grandissante des Perses, qui l'inquiète autant que ses partenaires grecs. Il conclut un pacte d'alliance avec Crésus, le légendaire roi de Lydie, et Polycrate, le tyran de Samos. Il s'entend aussi avec l'ennemi d'hier, Babylone, qui soutient également Crésus. Mais en 546 la Lydie tombe devant Cyrus II, et, sept ans plus tard, c'est le tour de Babylone. Les alliés les plus sûrs paraissent encore — à tort — les cités grecques, dont Amasis cultive l'amitié par des mesures qui font de lui le plus philhellène des pharaons. Il va jusqu'à financer la reconstruction du temple d'Apollon à Delphes après l'incendie qui le ravage en 548... Mais toutes ces démarches ne sauraient empêcher ce qui paraît de plus en plus inéluctable : la reconstitution par les Perses, désormais maîtres de l'Asie Mineure, d'un empire encore plus puissant que celui qu'édifièrent jadis les Assyriens. Les seuls qui puissent s'opposer à eux, ce sont les Grecs, protégés par la mer et des techniques militaires dont les dernières batailles ont montré l'efficacité. L'Egypte ne fait plus que subir les événements, qui désormais se précipitent. La mort de Cyrus II en 529 retarde un instant l'invasion de l'Égypte. À la mort d'Amasis, en 526, Psammétique III monte sur un trône qui vacille déjà. À Suse, Cambyse II a succédé à Cyrus II. Il marche sur l'Égypte au printemps 525 et anéantit l'armée de Psammétique III à Péluse. Le roi se réfugie dans Memphis qui se trouve une fois de plus être le dernier bastion de la résistance. La ville est prise. Psammétique s'échappe encore, parvient à rassembler quelques ultimes forces avant d'être capturé et emmené, chargé de chaînes, à Suse. L'Égypte devient une province de l'empire achéménide. Elle aura encore quelques sursauts d'indépendance dans les presque deux siècles qui suivent, mais ce ne sera à chaque fois qu'à l'occasion d'une courte vacance de pouvoir entre deux envahisseurs. L'ouverture sur le monde extérieur Éthiopiens et Saïtes n'ont gouverné l'Égypte que pendant environ deux siècles, inégalement partagés entre les uns et les autres. Sous le règne des premiers, elle a retrouvé une forme d'unité nationale, fragile il est vrai et adaptée à la nouvelle répartition du pouvoir entre des rivaux qui avaient chacun le droit de prétendre à une certaine légitimité. Les Libyens étaient, dans une certaine mesure, les héritiers d'un trône que les descendants des Ramsès avaient laissé échapper; les Éthiopiens étaient aussi fondés à rechercher dans un passé plus lointain les sources de la monarchie : n'étaient-ils pas nés de cet empire voulu par Amon? Entre les deux, Thèbes avait définitivement perdu l'initiative, à la fois sur le plan politique et religieux. Saïtes et Éthiopiens se sont d'ailleurs entendus sur le maintien de l'institution de la Divine Adoratrice, seule capable de désamorcer un conflit toujours latent. Le principal bénéficiaire de ces affrontements qu'accentuent encore les Assyriens en installant le pouvoir saïte — à preuve les ultimes proscriptions de Psammétique II contre les Éthiopiens presque un siècle après l'effondrement de la monarchie kouchite —, c'est Memphis. Elle redevient la capitale politique, comme aux premiers temps de l'Histoire. Ce retour a valeur d'archétype : il fonde à nouveau la monarchie sur les anciennes valeurs et s'accompagne d'une recherche religieuse, littéraire et artistique qui tranche avec le monde nouveau auquel s'ouvre le pays en accueillant sur son sol les récents maîtres de la Méditerranée. Nous avons vu que les Égyptiens Fig. 166 Tombeau de Pétoubastis à Moussawaga (oasis de Dakhla), détail du mur nord. Peinture sur enduit. ont, dans un premier mouvement qui leur restera naturel jusqu'à aujourd'hui, d'abord accepté l'apport venu de l'extérieur et essayé d'assimiler les nouvelles valeurs, comme ils l'avaient déjà fait auparavant de celles venues d'Asie. Ils ont ainsi jeté les bases d'une société qui va combiner dans les siècles qui suivent ce qui est compatible dans les deux cultures : on peut penser à l'étrange tombeau de Pétorisis à Touna el-Gebel, aux peintures de Moussawaga dans la lointaine oasis de Dakhla, ou aux surprenantes micro-cultures qui s'établiront sur le limes romain, présentant, comme à Douch dans l'oasis de Kharga, un étrange panachage de thèmes égyptiens, grecs, juifs et orientaux... Mais en même temps, ils ont trouvé dans les valeurs nationales redécouvertes de quoi opposer à la volonté de ceux qui rappelaient par certains côtés les cuisants souvenirs de l'invasion assyrienne. C'est sans doute l'une des raisons qui font que l'époque saïte restera un modèle de la grandeur passée de l'Égypte, un refuge des valeurs traditionnelles vers lequel se tourner quand le joug du nouvel occupant sera trop lourd. CHAPITRE XV Perses et Grecs Les Perses en Égypte La défaite de Psammétique III marque la fin d'une politique et consomme l'isolement de l'Egypte. Les alliés grecs font défection au moment de l'affrontement : Phanes d'Halicarnasse passe à l'ennemi à Gaza. Polycrate de Samos, lui, avait déjà trahi Pharaon. Les opposants traditionnels que sont les Bédouins, « coureurs des sables », servent de guides aux troupes perses pour traverser le Sinaï. Mais, au-delà des appuis militaires, Cambyse II est bien accueilli par des minorités comme celle de la communauté juive d'Éléphantine ainsi que par certains membres de l'aristocratie égyptienne. Il est même fortement probable que le sac de villes d'Égypte et en particulier de Thèbes que rapportent les sources grecques n'a jamais eu lieu. En tout cas, il n'a certainement pas eu l'ampleur que lui prêtent ces textes, fortement influencés par la propagande antiperse. Bien au contraire, les intérêts des nouveaux maîtres du pays semblent avoir rencontré ceux d'une certaine tradition nationale qui se maintenait dans les classes les plus favorisées. C'est là une constante : deux siècles plus tard, Darius III Codoman puis, après lui, Alexandre et ses héritiers, trouveront toujours à leur disposition une élite sociale prête à assurer leur relais pour administrer le pays en maintenant la fiction d'une administration indigène dans une société aux apparences immuables. Un de ces fonctionnaires passés au service des Perses, Oudjahorresné, était l'exemple même du haut dignitaire cultivé. Prêtre de Saïs et médecin, il avait été officier de marine sous Psammétique III et Amasis. Il raconte, dans son autobiographie écrite sur une statue le représentant en naophore et conservée aujourd'hui au Vatican, comment il introduisit Cambyse dans la culture égyptienne afin de lui permettre de prendre, comme le feront désormais les maîtres de l'Égypte, l'aspect d'un pharaon : « II vint en Égypte, le grand roi de tous les pays étrangers, Cambyse, tandis que les étrangers de tous les pays étrangers étaient avec lui. Lorsqu'il eut pris possession de cette terre entière, ils y fixèrent leur résidence, et il fut grand souverain de l'Égypte, grand roi de tous les pays étrangers. Sa Majesté m'assigna la fonction de médecin-chef. Elle me fit vivre auprès d'Elle en qualité de compagnon et de directeur du palais et composer Sa titulature à savoir Son nom de roi de la Haute et de la Basse Égypte Mestyou-Rê » (Posener : 1936, 7). Les Perses en effet n'appliquent pas à l'Égypte le régime de leur pays. Certes, la Vallée va devenir une satrapie dont Cambyse II confie le commandement à Aryandès en 522 avant d'aller lutter contre la révolte fomentée par le prétendant au trône Gaumata. Mais les rois de Suse vont régner sur l'Egypte en tant que pharaons, adoptant tous, à l'image de Cambyse II, une titulature complète et continuant l'œuvre de leurs « prédécesseurs » égyptiens. XXVIIe DYNASTIE 525-522 Cambyse II 522-486 Darius Ier 486-465 Xerxès 465-424 Artaxerxès 424-405 Darius II 405-359 Artaxerxès II XXVIIe DYNASTIE 404-399 Amyrtée XXIXe DYNASTIE 399-393 Néphéritès Ier 393 Psammouthis 393-380 Achôris 380 Néphéritès II XXXe DYNASTIE 380-362 Nectanébo Ier 362-360 Tachos 360-343 Nectanébo II Fig. 167 Tableau chronologique des XXVIIe-XXXe dynasties. Manifestement, Oudjahorresné plaide d'abord la cause de sa ville, Saïs, pour laquelle les nouveaux venus n'avaient pas tous les égards que méritait son vénérable sanctuaire : « Je fis que Sa Majesté connût la grandeur de Saïs : c'est la résidence de la grande Neïth, la mère qui a donné naissance à Rê et a inauguré la naissance, alors que la naissance n'existait pas encore (...). Je me suis plaint auprès de la Majesté du roi de Haute et Basse Égypte Cambyse au sujet de tous les étrangers qui s'étaient installés dans le temple de Neïth, pour qu'ils soient chassés de là, afin que le temple de Neïth soit dans toute sa splendeur comme il en était auparavant. Sa Majesté ordonna de chasser tous les étrangers qui s'étaient établis dans le temple de Neïth, de jeter bas leurs maisons et toutes leurs immondices qui étaient dans ce temple. Lorsqu'ils eurent emporté tous leurs biens eux-mêmes hors de l'enceinte de ce temple, Sa Majesté ordonna de purifier le temple de Neïth et d'y replacer tous ses gens (...) et les prêtres horaires du temple; Sa Majesté ordonna de restituer les revenus des biens wakf à la grande Neïth, la mère du dieu Rê et aux grands dieux qui sont dans Saïs, comme il en était auparavant; Sa Majesté ordonna de conduire toutes leurs fêtes et toutes leurs processions, comme cela se faisait auparavant. Sa Majesté a fait cela parce que j'avais fait que Sa Majesté connût la grandeur de Saïs qui est la ville de tous les dieux qui y sont établis sur leurs trônes, éternellement. » (Posener : 1936, 7-16.) Des travaux entrepris au Ouadi Hammamat par Cambyse II ainsi que dans d'autres temples d'Égypte confirment cette politique de respect des sanctuaires et des cultes nationaux. L'enterrement solennel d'un Apis en l'an 6 de Cambyse contredit également la tradition d'impiété que les sources postérieures prêtent au souverain achéménide. Si l'on en croit Hérodote, Ctésias et surtout le Roman de Cambyse ou la Chronique de Jean de Nikiou (Schwartz : 1948), qui sont nos principales sources sur la période, Cambyse se serait conduit avec la dernière des sauvageries, assassinant l'Apis à Memphis. Il aurait également procédé à des déportations massives d'opposants, etc. Ces textes ne font que transcrire le fonds de propagande nationaliste qui se développe moins sous la domination perse que plus tard : lorsque les Grecs, vainqueurs des Perses et nouveaux maîtres du pays, entretiennent soigneusement cette autre forme de damnatio memoriae de leurs anciens rivaux. Cambyse II a tenté de s'emparer de la Nubie et des oasis. Ce fut en vain, et son expédition vers Siwa, peut-être à la recherche déjà de la confirmation de l'oracle d'Amon devant lequel Alexandre se présentera plus tard, fut catastrophique. Il y aurait perdu une armée entière, dont les archéologues croient de temps à autre retrouver la trace sous le sable du désert... Peut-être la mauvaise réputation de l'administration perse fut-elle due à la gestion du satrape Aryandès, qui dura de 522 à 517. Darius Ier, monté sur le trône en 522, dut se rendre en Égypte pour le destituer avant que le pays ne se révolte complètement. Il semble bien qu'Aryandès, qui menait sa propre politique, battant monnaie à sa propre effigie et prenant l'initiative de s'emparer de Cyrène lorsque les Libyens se révoltèrent contre leurs maîtres doriens, n'ait pas eu envers les coutumes égyptiennes les égards qu'avait son roi. Darius Ier fait mettre à mort Aryandès et le remplace par Phérendatès. Il prend également des mesures propres à apaiser les esprits : il fait compléter le percement du canal de Nékao II entre la mer Rouge et la Méditerranée afin de pouvoir tirer un meilleur profit de l'Égypte, la plus riche de ses satrapies, et met en valeur les écoles de pensée égyptiennes, comme nous l'apprend Oudjahorresné, qui avait dû suivre le roi à Suse : « La Majesté du roi de Haute et Basse Égypte Darius, qu'il vive éternellement, m'ordonne de retourner en Egypte — tandis que Sa Majesté se trouvait en Élam, alors qu'Elle était grand roi de tous les pays étrangers et grand souverain de l'Égypte —, pour remettre en état l'établissement de la Maison de Vie (...) après la ruine. Les Barbares me portèrent de pays en pays et me firent parvenir en Égypte, comme l'avait ordonné le seigneur du Double Pays. Je fis selon ce que Sa Majesté m'avait ordonné. Je les ai pourvus de tous leurs étudiants qui étaient des fils de personnes de qualité, sans qu'il y ait des fils de petites gens. Je les ai placés sous la direction de tout savant (...). Sa Majesté ordonna de leur donner toutes les bonnes choses afin qu'ils pussent faire tous leurs travaux. En conséquence, je les ai dotés de toutes leurs choses utiles et de tous leurs accessoires indiqués par les écrits, comme il en était auparavant. Sa Majesté a fait cela, parce qu'Elle connaissait l'utilité de cet art pour faire vivre tout malade et pour faire durer le nom de tous les dieux, leurs temples, les revenus de leurs biens wakf et la conduite de leurs fêtes, éternellement. » (Posener : 1936, 22.) Il rétablit les domaines divins dans leurs prérogatives et fait construire le temple d'Hibis, dans l'oasis de Kharga. Il commande des travaux de restauration à Bousiris et Elkab et fait rouvrir les carrières du Ouadi Hammamat. On a même retrouvé à Suse l'une des statues qui y furent taillées. Il entreprend également une réforme administrative et juridique, avec la constitution d'un Code et la frappe de monnaie locale... Il laisse le souvenir du roi étranger le plus proche des préoccupations du pays, et l'on peut supposer que l'Égypte s'engageait sous son autorité vers une période de prospérité. Mais une fois encore, la politique extérieure transforme le destin de la Vallée. En 490, les Grecs défont les Perses à Marathon, contraignant Darius à concentrer son attention sur un autre front. Le Delta en profite pour se révolter en 486. Darius Ier meurt avant de pouvoir intervenir, et c'est Xerxès qui lui succède sur le trône d'Égypte. Il mate la révolte et met à la tête de la satrapie d'Égypte son propre frère, Achaiménès, qui durcit l'administration du pays dans des proportions telles que longtemps après, à l'époque ptolémaïque, le nom de Xerxès sera désigné dans les textes égyptiens avec un déterminatif normalement réservé aux ennemis vaincus. Mais les événements se précipitent. Achaiménès conduit en 480 pour le compte de son frère les deux cents vaisseaux égyptiens qui viennent renforcer la flotte perse contre les Grecs. La défaite de Xerxès à Salamine et son assassinat encouragent les Égyptiens à la révolte : ils passent aux actes sous le règne de son successeur, Artaxerxès Ier, qui monte sur le trône de Perse en 465. Inaros entame alors la lutte que nous avons évoquée plus haut. C'est un dynaste libyen, fils du dernier Psammétique, qui regroupe les forces nationalistes éparses dans le Delta et se déclare roi. Le prince Amyrtée, descendant des rois saïtes, se range à ses côtés. A eux deux, ils se rendent maîtres de toute la Basse-Égypte jusqu'à Memphis. Athènes leur envoie une escadre pour les aider à affronter les Perses. La bataille a lieu à Papremis : Achaiménès y est tué et les insurgés marchent sur Memphis avec leurs alliés grecs. Après des combats à l'issue incertaine, les Perses l'emportent : les Grecs s'enfuient, et Inaros est fait prisonnier sur l'île de Prosopis. Il sera mis à mort en Perse en 454. Arsamès remplace Achaiménès à la tête de la satrapie. La Grèce et la Perse font la paix. Pendant une génération, le calme revient dans le pays, et c'est une Égypte en apparence sereine et prospère que visite Hérodote : Arsamès confirme les fils d'Inaros dans leurs pouvoirs et s'abstient de toute mesure susceptible de ranimer la révolte. Les fonctionnaires perses installés en Égypte adoptent de plus en plus le style de vie du pays, voire égyptianisent leurs noms. Mais le feu qui couvait éclate après les troubles qui marquent la succession d'Artaxerxès à Suse. Lorsque Darius II prend le pouvoir en 424, il redonne vie à la politique de conciliation de Darius Ier en continuant, entre autres, la décoration du temple d'Hibis. Il reçoit dans le pays l'appui de la communauté juive d'Éléphantine, ce qui contribue à l'exaspération des courants « nationalistes » qui détruisent le temple de celle-ci en l'an 17 de son règne. Les Grecs, et tout particulièrement Sparte, encouragent le principal foyer de la rébellion qui se trouve à Saïs. Le petit-fils d'Amyrtée, qui porte le même nom que son grand-père, se révolte ouvertement en 404, après plus de six années d'opposition plus ou moins clandestine. Il se fait couronner pharaon l'année même de la mort de Darius II et fonde la XXVIIIe dynastie, dont il sera l'unique représentant. En moins de quatre ans, son pouvoir est reconnu jusqu'à Assouan, les derniers à le faire étant les membres de la communauté juive d'Éléphantine. Aucun monument ne lui a survécu, et l'on ne sait pratiquement rien de son règne, qui dure jusqu'en 398. La facilité avec laquelle sa révolte a abouti et la quasi-absence de réaction de Suse s'explique par la querelle de succession qui déchire les Perses à la mort de Darius II : c'est la lutte fratricide entre Artaxerxès et Cyrus II relatée par Xénophon. Il rapporte que, lorsque Cyrus fut vaincu, le chef de ses mercenaires grecs, Tamos, se réfugia en Égypte, où le pharaon (qu'il appelle à tort Psammétique) le fit mettre à mort. Peut-être cet acte, en apparence incompréhensible puisque les Égyptiens et les Grecs étaient des alliés naturels contre le Perse, était-il un gage de bonne volonté envers le nouveau roi de Suse qui, de son côté, n'avait pas alors les moyens de tenter une reconquête de l'Égypte et était prêt à accepter une prudente neutralité ? Le retour à l'indépendance Quoi qu'il en soit, Amyrtée II ouvre la dernière période d'indépendance nationale. Elle va durer moins d'un siècle, de 404 à 343, et verra deux dynasties succéder à la XXVIIIe : la XXIXe, qui ne dure que vingt ans, et la XXXe qui en dure tout juste le double. On ne sait pas grand-chose de la façon dont Néphéritès Ier succède à Amyrtée : il prend le pouvoir à l'automne 399. Sa carrière antérieure est totalement inconnue : c'était sans doute un militaire. Il était originaire de Mendès, ce qui fait qu'on lui attribue généralement des ancêtres libyens. On ne connaît pas les conditions exactes du changement de dynastie. Rien n'indique qu'il y ait eu des violences à travers le pays, bien qu'un document unique — un papyrus araméen conservé au Musée de Brooklyn — laisse entendre qu'il y aurait eu lutte ouverte entre le fondateur de la XXIXe dynastie et son prédécesseur : Néphéritès aurait capturé Amyrtée et l'aurait fait mettre à mort à Memphis avant d'établir sa capitale dans sa ville natale. Ce choix de Mendès paraît d'autant plus vraisemblable que les fouilles récentes qui y sont menées conjointement par le Brooklyn Museum et l'Université de New York ont confirmé l'activité de constructeur de Néphéritès Ier sur ce site. On n'y a toutefois pas encore retrouvé la nécropole royale que l'on est en droit d'y attendre. Il se fit peut-être couronner à Memphis ou à Saïs, comme plus tard Nectanébo Ier (Traunecker : 1979, 420), pour des raisons purement politiques. Il affirme en effet dans son protocole la même volonté qu'Amyrtée de mener une action nationale qui fait référence à celle des rois de la XXVIe dynastie : il adopte le même nom d'Horus que Psammétique Ier. Son règne est plus court et moins glorieux que celui de son modèle : Manéthon lui accorde six ans, mais on ne connaît pas de document daté au-delà de sa quatrième année. Son activité est loin d'être négligeable. Il est bien attesté dans le Nord, à Tell Tmaï, Tell Roba, Tell el-Faraïn, Saqqara et Memphis, où un Apis est enterré en l'an 2 de son règne. On a retrouvé trace également du culte d'une de ses statues à Akhmîm, et l'on suppose qu'il est à l'origine, dans le temple d'Amon-Rê de Karnak, de la construction du magasin des offrandes situé au sud du Lac sacré et de la chapelle-reposoir dont Achôris terminera l'exécution en avant du Ier pylône (Traunecker : 1979, 423). À sa mort, dans le courant de l'hiver 394-393, deux factions rivales se disputent le pouvoir. Dans un premier temps, le parti légitimiste l'emporte, si l'on en croit la Chronique démotique : le fils de Néphéritès, le Mouthis de la liste manéthonienne, règne quelques mois. Mais son autorité est contestée par Psammouthis, Pa-chéri-en-Mout, « Le fils de Mout », qui lui enlève le trône et se fait couronner sous le nom de Ouserrê, « Rê est puissant », « l'Élu de Ptah ». L'usurpateur, dont la Chronique fustige l'impiété, ne règne lui-même qu'un an, cédant la place à Achôris, qui fait « disparaître » son règne en l'incluant dans son propre comput, qu'il fait partir de la mort de Néphéritès Ier. Pour bref qu'il ait été, le règne de Psammouthis a laissé des traces, surtout à Karnak, où il poursuit l'œuvre de Néphéritès, contrairement à ce que l'on aurait pu attendre. Il est aussi présent à Akhmîm, mais n'y est pas l'objet, lui, d'un culte, ce qui laisserait supposer ou bien que la tradition le considérait effectivement comme un usurpateur, ou bien que son successeur est parvenu à gommer entièrement son règne. Lorsqu'il prend le contrôle du pays, Achôris est animé, en effet, d'un grand souci d'affirmer sa légitimité, soulignant ses relations avec Néphéritès Ier à la fois sur les monuments et par le choix d'une titulature s'inscrivant dans le droit-fil de la politique dynastique. Son œuvre confirme largement ses intentions. Le nom même de son fils, qui lui succédera quelques mois au cours de l'été 380 avant de se faire détrôner par Nectanébo Ier, Néphéritès II laisse supposer en lui un petit-fils du fondateur de la dynastie... Mais peut-être ce trop grand zèle porte-t-il témoignage d'une origine moins assurée que ne l'affirme le nouveau pharaon en se donnant, comme autrefois Amenemhat Ier et Séthi Ier, le nom de ouhem-mesout, « Celui qui renouvelle les naissances » ? Nectanébo Ier à son tour le présentera comme un usurpateur, en se réclamant lui-même de Néphéritès Ier. Nous manquons de documents précis pour démêler avec certitude cette succession pour le moins difficile, et le plus prudent est encore de considérer Achôris et Nectanébo comme des collatéraux en rivalité pour la conquête du pouvoir (Traunecker : 1979, 432 sq.). Quoi qu'il en soit, les quatorze années pendant lesquelles règne Achôris voient un certain renouveau national qui se manifeste par la reprise de grands travaux dans les temples : à Louxor et Karnak, où il mène à son terme le programme entrepris par Néphéritès Ier, Medinet Habou, Elkab, Tôd, Médamoud, Éléphantine, en Moyenne-Égypte, au Sérapeum, et aussi dans le temple d'Hibis à Kharga, etc. Un certain nombre de statues et objets à son nom, comparativement beaucoup plus nombreux que ceux laissés par ses prédécesseurs, confirment cette impression. Le fait que l'on en ait retrouvé jusqu'en Phénicie indique également une reprise sur le plan international... On est toutefois loin de la « renaissance » saïte. Certes, les grandes carrières du pays reprennent de l'activité, le commerce est florissant, et l'Égypte est à nouveau présente au Proche-Orient. Elle n'a toutefois plus les moyens d'y jouer un rôle de premier plan. Elle se contente de participer, indirectement même, aux côtés des cités grecques à la lutte contre les Perses, dont la crainte fait l'unanimité en Méditerranée. Ceux-ci d'ailleurs refusent de considérer l'Égypte comme une puissance autonome, pour ne voir en elle qu'une satrapie rebelle. Ainsi, Néphéritès Ier avait-il déjà décidé de fournir en 396 à Sparte des vivres et du matériel au titre de l'effort de guerre contre l'ennemi commun. Malheureusement, l'envoi était tombé en 395 aux mains des Rhodiens qui étaient passés du côté des Perses, et, après cet envoi inutile, l'Égypte ne participa plus par la suite aux combats, même indirectement. Le désengagement progressif de Sparte d'Asie Mineure après la bataille navale de Cnide en 394 et surtout la défaite de 391 ainsi que l'entrée en lice d'Athènes aux côtés de Chypre en 390/389 modifièrent ensuite le rapport de forces en Méditerranée. Pour l'Égypte, ce n'était qu'un changement de partenaires, plutôt favorable même dans la mesure où la révolte d'Evagoras de Chypre contre le Grand Roi fixait les troupes de celui-ci suffisamment loin des bords du Nil. Achôris passe donc un traité avec Athènes en 389 : il a ainsi les mains libres pour organiser ses forces. Ce répit dure jusqu'en 386, c'est-à-dire jusqu'à la paix d'Antalcidas, aux termes de laquelle les cités grecques renoncent à combattre Artaxerxès II, qui se voit ainsi soulagé du front européen. Le satrape Pharnabaze peut se tourner vers l'Égypte, dernier obstacle avec Chypre à l'hégémonie perse. C'est Achôris qui supporte le choc des armées perses qui tentent pendant trois ans, de 385 à 383, de vaincre une Égypte beaucoup mieux organisée qu'elle n'était une génération plus tôt. Au lieu d'être divisées, ses forces sont regroupées sous une seule autorité. La flotte égyptienne est l'une des plus puissantes de son temps, et l'armée bénéficie de l'appui de troupes d'élite grecques, encouragées par le parti antiperse et commandées par le général athénien Chabrias qui fortifie durablement les abords de la branche pélusiaque du Nil. Non seulement les tentatives perses se soldent par un échec, mais les Égyptiens parviennent à reprendre pied au Proche-Orient pendant qu'Evagoras, de son côté, profitant de l'engagement perse contre l'Égypte, s'assure la maîtrise de la mer et pousse son avantage jusqu'à Tyr. Les Perses décident alors de faire porter tous leurs efforts contre Chypre. Nous sommes en 381 : Tiribaze et Orontes affrontent Évagoras avec des troupes supérieures en nombre, mais sans grande réussite. Sur terre, Évagoras parvient à bloquer leur ravitaillement, réduisant l'armée perse à la famine et la poussant, par voie de conséquence, à la rébellion. Sur mer, il est moins chanceux. Il affronte la flotte perse au large de Kition : après un premier succès, il doit battre en retraite jusqu'à Salamine, en ayant perdu la plus grande partie de ses forces. Orontes l'y poursuit et fait le blocus de la ville. Évagoras parvient à s'échapper pour aller demander du secours à la Cour d'Egypte. Mais Achôris, qui avait déjà fourni un renfort conséquent en navires, troupes et approvisionnement, juge la cause d'Évagoras perdue : Évagoras regagne Salamine avec pour seule aide une somme dérisoire. Il ne lui reste qu'à négocier avec le vainqueur. Il profite des dissensions entre Orontes et Tiribaze pour obtenir une paix sans soumission qui met fin à dix années de guerre. Nous sommes à l'été 380. Cette fois-ci, les Perses peuvent réellement envisager de remettre la main sur l'Égypte : ils ont obtenu des cités grecques et du front de l'Ouest tout ce qu'ils pouvaient espérer, et la mort d'Achôris rend la circonstance encore plus favorable. Sa succession est en effet difficile : comme nous l'avons vu, son fils Néphéritès II est rapidement détrôné par Nectanébo fils de Tachos, le dynaste de Sébennytos, l'actuelle Samannoud, qui s'était proclamé roi quelques mois auparavant. Cette crise, pour brève qu'elle ait été, Nectanébo Ier s'étant assuré définitivement le contrôle du pays tout entier au mois de novembre 380, ajoutée à l'isolement politique de Pharaon, pouvait provoquer une faille dans la défense égyptienne. Restait un ultime danger : le général Chabrias, désormais présent aux côtés de Nectanébo qu'il avait aidé à consolider son pouvoir. Non seulement Suse obtient son rappel par Athènes au cours de l'hiver 380/379, mais le gouvernement athénien envoie au Grand Roi l'un de ses plus brillants stratèges, Iphicrate, pour commander les auxiliaires grecs de l'armée qu'il met sur pied pour marcher contre l'Égypte. Ces préparatifs, à nouveau retardés par des dissensions dans le haut commandement entre Grecs et Perses et entre les Perses eux-mêmes, prennent six ans, et ce n'est qu'au printemps de 373 que les forces du Grand Roi quittent le nord de la Palestine, par voie de terre le long de la côte et par mer. La flotte, c'est-à-dire essentiellement le contingent grec, arrive la première et renonce à pénétrer en Égypte par la branche pélusiaque du Nil, dont Nectanébo avait eu le temps de renforcer les défenses naturelles et artificielles par une série de fortifications et de pièges. Iphicrate et Pharnabaze choisissent de tenter leur chance par la branche mendésienne, moins bien défendue. L'idée était bonne, et après de brefs combats, la route de Memphis s'ouvre devant eux. C'est la méfiance réciproque entre Grecs et Perses qui sauve les Égyptiens d'une défaite qui semblait assurée. Iphicrate voudrait pousser son avantage et marcher tout de suite sur Memphis qu'il sait mal défendue. Pharnabaze craint que les Grecs n'en profitent pour s'emparer pour leur propre compte de l'Égypte et impose d'attendre le gros des forces perses. Ce délai permet au pharaon de rameuter ses troupes et de courir sus à l'envahisseur : une meilleure connaissance des lieux et l'aide opportune du fleuve dont la crue — nous sommes à la fin du mois de juillet — transforme le Delta en marécage consomment la défaite des armées du Grand Roi. La dernière dynastie indigène L'Égypte vient d'échapper à une nouvelle invasion et de s'assurer une paix relativement durable, puisque les Perses ne reviendront que trente ans plus tard, en 343. En même temps, la défaite de Pharnabaze consacre la rupture avec Iphicrate qui, craignant des représailles, s'en retourne à Athènes où il est nommé stratège de la flotte en 373... au grand dam de ses anciens alliés. Jusqu'en 366, l'Égypte reste isolée face à la Perse : les cités grecques ont les mains liées par le Grand Roi, et tout devrait concourir à une nouvelle tentative d'invasion de la vallée du Nil. Mais l'empire achéménide souffre de sa trop grande taille, et le système des satrapies accentue les courants centrifuges qui le traversent. Artaxerxès II vieillissant laisse les liens qui relient Suse aux provinces se relâcher : la Cappadoce, puis la Carie et les marches de l'empire tendent à une quasi-autonomie dans les années 370. C'est encore la Cappadoce qui entre la première en rébellion ouverte vers 368, entraînant à sa suite la Phrygie, que suivent à leur tour Sparte et Athènes. Bientôt toute la partie occidentale de l'empire, de l'Arménie à la Phénicie, est sur le point de se désagréger. En moins de cinq ans, la Grande Révolte des Satrapes atteint son apogée. Mais il est encore trop tôt pour que l'empire s'effondre, et l'unité se refera tant bien que mal. L'Égypte profite de ce répit, prend langue avec les satrapes révoltés et finance certains d'entre eux après avoir renoué depuis 366 avec Sparte et Athènes. Depuis 365, Nectanébo Ier a associé au trône son fils Tachos (Teos). C'est lui qui, chargé de la politique extérieure, prend une part active à la révolte contre le Grand Roi, d'abord au nom de son père, puis pour son propre compte lorsqu'il règne seul, de 363/362 à 362/ 361. Il entreprend même de conquérir la Syro-Palestine avec l'aide de deux vétérans des guerres médiques : Agésilas, le vieux roi de Sparte qui, malgré ses quatre-vingts ans, prend le chemin de l'Égypte à la fin de 362 à la tête d'un contingent de mille hoplites, et l'inusable Chabrias qui dirige la flotte. Un pareil effort militaire, impensable une génération plus tôt, était redevenu possible grâce à la gestion de Nectanébo Ier : il était parvenu à rendre à son pays un lustre qui se voulait, encore une fois, à l'image de celui de l'époque saïte. On en trouve la trace dans la production artistique et littéraire de l'époque, abondante et de qualité. Le pharaon lui-même a fait faire de nouvelles constructions, des restaurations ou des embellissements dans presque tous les temples d'Égypte. C'est lui, en particulier, qui a entrepris la restauration des enceintes des temples de Karnak et l'édification du premier pylône du temple d'Amon. Il fonde également le premier état du temple d'Isis de Philae, fait exécuter des travaux à Elkab, Hermopolis, Memphis, dans le Delta : à Saft el-Henneh et Tanis. Il ne limite pas sa politique religieuse aux constructions, mais accorde encore exemptions fiscales et bénéfices, entre autres, au temple d'Edfou et à celui de Neïth de Saïs... Tachos commence donc les préparatifs de guerre au début de 361 : il forme ses propres troupes de Makimoi et prend de lourdes mesures fiscales pour faire rentrer dans ses caisses de quoi battre monnaie afin de payer les mercenaires grecs. Cette dernière mesure lui vaut une impopularité que ses rivaux vont très vite exploiter. En 360, l'armée égyptienne se dirige par voie de terre et de mer le long de la côte vers la Phénicie. Tachos en a pris le commandement, laissant la régence du pays à son frère Tjahépimou, dont le fils, le futur Nectanébo II, l'accompagne à la tête des Makimoi. La campagne tournait au succès lorsque le régent, profitant du mécontentement général du pays contre Tachos, fait proclamer roi son fils Nectanébo. L'armée passe tout de suite aux côtés de son jeune chef auquel Agésilas, après en avoir référé à Sparte, prête main forte. Tachos s'enfuit... auprès du Grand Roi, et Chabrias rentre à Athènes. Le prince de Mendès seul s'oppose à l'usurpateur, peut-être au nom des intérêts de la XXIXe dynastie, dont il doit être un descendant. Toujours est-il qu'il contraint Nectanébo à abandonner ce qui sera la dernière tentative de conquête d'un pharaon égyptien au Proche-Orient pour rentrer en Égypte afin de faire face à cette rébellion qui met en péril son autorité. Grâce aux talents militaires d'Agésilas, il l'emporte sur son rival à l'automne 360. Le vieux roi de Sparte, ayant réuni les fonds dont avait besoin sa cité, quitte le pays, laissant Nectanébo seul maître de l'Égypte. Son règne dure dix-huit ans, au cours desquels il multiplie plus encore que Nectanébo Ier constructions et restaurations de temples, poursuivant ainsi la surenchère de ses prédécesseurs auprès des clergés nationaux qui sont, plus encore que par le passé, les vrais bénéficiaires d'un système dans lequel ils représentent les seules valeurs indigènes face aux étrangers, de plus en plus nombreux, qui font la politique du pays. Il inaugure son règne en ensevelissant l'Apis à Memphis. C'est aussi sous son impulsion qu'une autre hypostase animale connaît une popularité accrue : le taureau Bouchis dont le culte dépasse la ville d'Ermant. Il favorise, comme Nectanébo Ier, l'ensemble des cultes, et l'on possède plus de cent témoignages de son activité, qui touche l'ensemble des temples d'Égypte. La situation intérieure de l'empire perse évolue rapidement à partir de la prise de pouvoir de Nectanébo II. Juste avant la mort d'Artaxerxès II, c'est-à-dire dans les premiers mois de 359, Ochos, le futur Artaxerxès III, organise une expédition pour reprendre en main la Syro-Palestine sur les traces encore chaudes des Egyptiens. Peut-être avait-il l'intention de poursuivre sa campagne jusqu'en Égypte ? Il n'en a, en tout cas, pas le temps ; la mort du Grand Roi le rappelle dans la capitale. Ensuite, la mise en ordre de l'empire, puis les troubles survenus à nouveau dans les provinces d'Asie Mineure le retiennent jusqu'en 352. Il est alors presque arrivé à reconstituer l'ancienne puissance perse. Malgré l'influence montante de la Macédoine, il a repris le contrôle de l'Asie Mineure, et il ne manque à l'empire que de reconquérir l'Égypte, que ne protège plus aucune alliance. Il s'y emploie au cours de l'hiver 351/350 en prenant personnellement la tête d'une armée d'invasion. C'est un échec. Cette défaite a des conséquences qui dépassent de loin le plan militaire. Les cités grecques, et surtout la Macédoine, en tirent argument pour pousser à l'union sacrée contre le Grand Roi qui vient de montrer qu'il est bien loin d'être invincible. Le premier craquement a lieu en Phénicie : Sidon se révolte, s'arme et s'allie à l'Égypte. Le mouvement gagne Chypre ; la Cilicie vacille ; les Juifs songent à la révolte... Sans doute l'Égypte aurait-elle pu prendre la tête d'une fédération regroupant les provinces révoltées, mais Nectanébo II se contente de fournir 4000 mercenaires grecs à Sidon lorsque Artaxerxès lance, en 346, ses troupes de Syrie et de Cilicie contre la cité. C'est la seule victoire des révoltés. Chypre se soumet en 344, à l'exception de Salamine où Pnytagoras est assiégé, et Artaxerxès III recrute à son tour à partir de la même année des mercenaires dans les cités grecques pour les envoyer contre l'Égypte. Il marche sans coup férir sur Sidon, dont la population, fortement armée et prête au combat, est trahie... par son propre roi, Tennes, qui livre à Artaxerxès III les principaux dirigeants de la ville avant d'être à son tour exécuté. Préparés à une résistance héroïque, les citoyens, qui n'avaient pas hésité à mettre le feu à leur flotte pour s'interdire toute fuite, choisissent de périr dans l'incendie de leurs propres maisons. La destruction et le pillage de Sidon — qui firent plus de quarante mille morts ! — incitèrent les autres cités phéniciennes à se soumettre. Même Pnytagoras se rend en 343. Artaxerxès peut marcher sur l'Égypte à l'automne, à la tête d'une armée dont le commandement est assuré par les meilleurs stratèges du moment, parmi lesquels Bagoas et Mentor de Rhodes. Nectanébo II s'était, de son côté, préparé à résister en s'aidant des installations défensives de la branche pélusiaque du Nil, avec des forces relativement modestes : environ 100 000 hommes, dont 40 000 étaient des mercenaires, à parts égales grecs et libyens. Mais les Perses connaissaient le détail des fortifications par les vétérans grecs de 350, et la saison avait été mieux choisie qu'en 373 : le Nil ne viendrait pas au secours des Égyptiens. L'armée perse, divisée en plusieurs corps, prend tout à la fois Péluse et s'avance dans le Delta, transformant en guides les paysans qu'elle fait prisonniers. Nectanébo II, qui est loin de posséder le génie militaire des généraux grecs auxquels il eût été mieux inspiré de laisser le commandement des opérations, doit se replier sur Memphis. Les Perses, profitant des dissensions que la défaite ne manque pas de faire éclater entre garnisons grecques et égyptiennes, prennent possession de Bubastis, dont la capitulation est suivie par celle des autres places fortes. Dans Memphis, Nectanébo II voit sa cause perdue et décide de s'enfuir vers le Sud, hors de portée du vainqueur. Il réussit manifestement à lui échapper, au moins pendant deux ans tout en conservant une certaine autorité, puisqu'un document est encore daté de l'an 18 de son règne à Edfou. On pense généralement qu'il a trouvé refuge auprès de l'un des princes de Basse-Nubie contemporains du souverain de Napata Nastesen. Sur une stèle de ce roi conservée aujourd'hui au Musée de Berlin, en effet, on a voulu lire le nom de Khababash, pharaon éphémère qui aurait pris la succession de Nectanébo de 338 à 336. On ne sait pas grand-chose de ce pharaon dont le pouvoir s'est peut-être limité à l'éponymie : au moins pour le décès d'un Apis à Memphis survenu dans sa seconde année de règne, peut-être pour quelques actes juridiques. S'il ne fait qu'un avec le Kambasouten avec lequel Nastesen a eu maille à partir, il s'agit d'un prince de Basse-Nubie qui aurait pris à son compte les intérêts de Nectanébo II, éventuellement après la mort de celui-ci, puisqu'il se proclame pharaon à son tour. La tradition ptolémaïque lui prête une action antiperse dans le Delta, qui aurait duré jusque vers l'hiver 336/ 335. Les documents assurés manquent pour être affirmatif. Tout ce que l'on peut dire, c'est que la défaite et la fuite de Nectanébo II marquent la fin de l'indépendance égyptienne. Qu'une opposition nationale ait pu se maintenir jusque vers 336/335 ne change rien à l'affaire. Le vainqueur fait raser les fortifications des principales villes et pille les temples, contraignant les prêtres à racheter au prix fort les instruments du culte... Il est probable qu'il ne commit pas les exactions que lui prête la tradition grecque et qui paraissent trop fabriquées sur le modèle de celles attribuées à Cambyse : meurtre des taureaux Apis et Mnévis, du Bouc de Mendès, etc. Il se contenta d'installer comme satrape un Phérendatès, homonyme de celui mis en place jadis par Darius Ier, et de regagner sa capitale, d'où rayonnait à nouveau la puissance incontestée des Achéménides. L'Égypte n'aura désormais plus de volonté propre, et son sort suivra celui de l'empire. Le nouveau Maître de l'Univers L'hégémonie perse, que l'on pouvait croire installée à nouveau pour longtemps, ne dure même pas dix années. Bagoas fait empoisonner Artaxerxès avec presque toute sa famille au cours de l'été 338 et proclamer le jeune Arsès à sa place. Quelques semaines plus tard, Philippe II de Macédoine remporte la bataille de Chéronée, regroupant autour de lui toutes les forces grecques. L'empire connaît alors un certain flottement, jusqu'en 336/335 : c'est à ce moment qu'a dû se situer la révolte de Khababash. Au cours de l'été 336, Arsès subit le même sort que son prédécesseur et Darius III Codoman prend le pouvoir. Il règne en tant que pharaon sur l'Égypte pendant les deux années qui restent à vivre à l'empire achéménide. Au printemps de 334, Alexandre franchit l'Hellespont. Il vainc les satrapes au mois de mai, puis Darius lui-même à Issos à l'automne. À l'automne de l'année suivante, le satrape Mazakes, qui avait su sauver le pays des entreprises d'Amyntas, remet à Alexandre l'Égypte sans combat. L'oracle d'Amon reconnaît en lui le nouveau Maître de l'Univers. Conclusion J'ai choisi de limiter cette évocation de l'histoire pharaonique à la conquête d'Alexandre parce que l'arrivée des Macédoniens marque la fin de l'autonomie politique de l'Égypte. Même si celle-ci continue à jouer un rôle international, c'est dans un Proche-Orient et une Méditerranée qui ne s'appartiennent plus. Leurs nouveaux maîtres, Alexandre et les Diadoques, puis les Césars, ont fait basculer vers l'Occident le centre de gravité du monde. Ils ne sont que les nouveaux envahisseurs d'un pays ouvert depuis le début du Ier millénaire : Libyens, Éthiopiens, Perses s'y sont succédé, et la perte de l'initiative politique n'est pas chose nouvelle sur les bords du Nil. Mais seuls les Perses ont ôté aux pharaons leur indépendance : les autres se sont contentés de récupérer à leur profit l'identité nationale. C'est aussi ce que font — en apparence seulement — Lagides et Romains. Ils conservent la structure de la société, alors que le jeu se joue avec les règles de leur propre culture. Ils font comme s'ils étaient toujours censés maintenir la création de Rê et multiplient temples et fondations pieuses, se dissimulant encore pendant huit siècles derrière le masque des pharaons. La perte de l'autonomie est-elle une coupure historiquement suffisante ? On pourrait, après tout, défendre l'opinion inverse : que l'histoire de l'Egypte devienne celle du monde grec dès la mort d'Alexandre est une chose. Que le pays perde son identité en est une autre. La perd-il d'ailleurs vraiment ? Lorsque Alexandre conquiert l'Égypte, il se trouve confronté au même problème que ses prédécesseurs perses : régnant sur un empire trop étendu, il ne peut en unifier les lois. Il doit donc couler son pouvoir dans les structures indigènes, c'est-à-dire, pour l'Égypte, dans le mode de gouvernement théocratique. Il se tourne naturellement vers le seul rouage à même d'appuyer son autorité comme il appuyait celle des pharaons : le clergé. Nous avons pu mesurer la montée de la puissance des prêtres tout au long du Ier millénaire. Elle s'accompagne d'un renforcement de l'organisation nationale des clergés locaux, de sorte que c'est face à une véritable administration hiérarchisée que se retrouvent les nouveaux conquérants. Non seulement ils traitent avec elle, mais encore ils la renforcent, organisant un concile annuel, au cours duquel le roi et les hauts fonctionnaires négocient avec les prêtres les principales orientations politiques du pays. Ce concile, répercuté dans les synodes régionaux, assure au roi à bon compte le contrôle des populations, habituées depuis toujours à se soumettre à l'autorité religieuse. On peut tenir comme preuve indirecte du bon fonctionnement de cet arrangement le fait que les prêtres arrivent non seulement à maintenir leur influence, mais encore à récupérer en 118 avant J.-C. les bénéfices des domaines divins perdus lors de la conquête. Ils maintiendront cet avantage jusqu'à ce que les Romains leur enlèvent à nouveau toute autonomie en les plaçant sous l'autorité d'un magistrat, l'idiologue, à qui ils confient la haute main sur tous les cultes de la Vallée. C'est-à-dire que pendant presque un siècle, les prêtres retrouvent pratiquement leur ancienne puissance. Le programme de constructions divines des Lagides est là pour en témoigner. Les plus grands temples ont été reconstruits ou développés sous leur règne, de Philae au Delta, et le visiteur peut avoir l'impression d'un foisonnement au moins égal à celui des périodes antérieures, que ce soit en parcourant ces édifices ou les gigantesques cités qu'il découvre, le plus souvent encore à peine dégagées, à travers la vallée et les zones subdésertiques. Dans la mesure où les temples sont le lieu de conservation et de diffusion de la culture, la période gréco-romaine est assurément la continuation des périodes antérieures. Il suffit de voir par exemple le temple consacré à Hathor de Dendara. L'origine du sanctuaire se fond dans celles de la civilisation elle-même, mais le temple dans son état actuel est une reconstruction entreprise par Ptolémée Aulète et terminée sous Antonin le Pieux. Son organisation et sa décoration, canoniquement parfaites, peuvent passer, comme celles des autres temples d'époque gréco-romaine, pour des modèles du temple égyptien. La culture diffusée dans ces enceintes sacrées ne déviait pas plus du modèle classique que l'architecture : la langue même dans laquelle sont écrits les textes liturgiques est plus proche de l'égyptien du Moyen Empire que de la langue parlée de l'époque. Mais cette volonté de maintenir la pureté des origines tourne à l'immobilisme. Les prêtres s'enferment dans une recherche stérile du rituel qui débouche sur un souci du détail et de la complexité qui frise déjà le byzantinisme. La production artistique elle-même révèle l'écart qui se creuse entre la fiction pharaonique et la vie quotidienne. Si l'art religieux reste figé dans les expressions du passé, les représentations officielles subissent l'influence du modèle grec. L'art populaire, lui, accentue encore le mélange en développant l'iconographie composite des cultes les plus en faveur, comme celui d'Isis et de Sérapis, qui finiront par dominer tout le monde romain. Ainsi se crée peu à peu une civilisation qui s'éloigne de plus en plus des pharaons pour se rapprocher du fonds méditerranéen qui s'impose lentement de Babylone à Rome au fil des siècles. Cette société cosmopolite s'était déjà développée dans les grands centres grecs d'Égypte que nous avons vu apparaître dès le VIe siècle. La fondation d'Alexandrie, dont le conquérant macédonien voulait faire le second pôle de son empire, accélère le mouvement. La nouvelle capitale tire avantage de son rôle politique et commercial pour devenir l'un des principaux foyers intellectuels d'une Méditerranée où se rencontrent l'Orient et l'Occident. Alexandrie accueille en effet les caravanes qui apportent depuis la lointaine Gerrha, en passant par Petra, les produits venus d'Inde par le golfe Persique et celles qui, par Doura Europos et la façade phénicienne, mettent l'Égypte au contact de l'Asie Mineure et de la route de la soie. La vallée du Nil elle-même est, plus que jamais, une voie de passage : vers l'Afrique par Syénè et les oasis, vers la mer Rouge par les voies traditionnelles et la nouvelle liaison du port de Bérénice à Coptos et Ptolémaïs en Moyenne-Égypte — autant de fondations plus grecques qu'égyptiennes. Alexandrie est le creuset où ces apports orientaux côtoient ceux que l'Occident envoie par les grandes routes maritimes, de Rhodes, de Carthage ou de Rome. La civilisation qui y naît ainsi a sa propre originalité, que l'on retrouve dans des œuvres comme les Syracusaines de Théocrite, où les Grandes Adonies et l'immense brassage de populations sont évoqués avec humour. Cette civilisation, « au bord de l'Égypte » disaient les Anciens, se retrouvera beaucoup plus tard dans l'Alexandrie de Durell... Même si l'Égypte proprement dite n'y est pas réduite à la part exotique qui sera la sienne à Rome, elle fait déjà partie du passé. Bien sûr, les apparences sont maintenues, et l'on pourrait écrire une Histoire de l'Égypte qui serait celle de la construction des temples et de la succession de ces pharaons qui ne connaissaient que le grec. Ce ne serait plus celle du peuple, qui s'écrit, elle, dans d'autres sources qui mélangent le droit des conquérants et celui des indigènes... Ce peuple même, qui est-il ? La masse indistincte des paysans et des clérouques, ces colons mariés à des indigènes, trop pauvres pour dépasser les techniques ancestrales et réduits au silence entre le clergé traditionnel et l'administration grecque, ou les Grecs qui se réservent le commerce et les nouvelles techniques d'échange que sont la banque et la finance : paysans illettrés ou citadins hellénistiques ? Le mode de vie de la paysannerie n'évolue que fort peu, et la description qui pourrait en être faite recouperait pour l'essentiel celle esquissée pour le Nouvel Empire. C'était déjà le cas tout au long du Ier millénaire. Ce serait aussi valable jusques et même au-delà de la révolution industrielle de notre XIXe siècle. La vie des paysans au début du XXe siècle restait marquée des mêmes rythmes et soumise aux mêmes contraintes que dans l'Antiquité. La régularisation du cours du Nil et la cessation de la crue ont seules pu modifier un cycle qui paraissait immuable. Et encore : les potiers tournent toujours les mêmes formes que l'archéologue s'émerveille de trouver semblables à celles qu'il dégage dans ses fouilles... du moins tant que la matière plastique n'a pas imposé une culture radicalement différente ! L'autre culture, celle que l'on appelle « hellénistique » n'est pas propre à l'Égypte et ne peut se comprendre et se décrire que dans son environnement. Tout comme la domination romaine, elle met en jeu des sources et des approches plus vastes, qui jouent sur plusieurs civilisations et nécessitent des développements particuliers. À cela s'ajoute une donnée propre à l'égyptologie : la collecte des sources documentaires. Les sources tardives (j'entends par là le premier millénaire avant notre ère) sont encore méconnues. Les corpus sont seulement en cours de constitution, et il est trop tôt pour pouvoir dégager de réelles synthèses sociales ou économiques. Jusqu'à ce que celles-ci soient réalisées, l'histoire de ces périodes se résumera essentiellement aux faits politiques et militaires que fournissent les documents officiels ou les textes des historiens grecs. Les recherches sur le terrain n'ont encore donné que relativement peu de résultats, à cause de la trop grande abondance de la documentation des périodes antérieures, jugée jusqu'à présent plus « noble » par les égyptologues, mais aussi du fait de la localisation des sites tardifs dans des zones peu accessibles, par tradition archéologique ou par nécessité économique : la Moyenne et la Basse-Égypte. Les fouilles de sauvetage entreprises ces dernières années apporteront certainement des éléments très précieux de ce point de vue. L'Égypte alexandrine et romaine n'est pas le seul foyer où survit la civilisation pharaonique. Le lointain royaume de Napata a continué son existence longtemps après la défaite essuyée à Pnoubs devant les troupes de Psammétique II : il s'est alors replié encore plus au sud, à Méroë, un centre déjà florissant au VIIIe siècle avant notre ère et qui devint définitivement au IIIe siècle la capitale de ce que les Grecs appelèrent l'Éthiopie. Il y a beaucoup de lacunes dans notre connaissance de la civilisation et de l'histoire méroïtiques. Le royaume de Méroë a pourtant joué un rôle historique non négligeable, au moins en Basse-Nubie et jusqu'à Assouan dans les premiers temps de la domination des Lagides : Diodore de Sicile évoque un Ergamène, en qui on a voulu voir Arnekhamani, le constructeur du temple consacré au lion Apédémak à Moussawarat es-Sofra. C'est sans doute ce souverain philhellène qui a introduit à Méroë l'art alexandrin, dont les fouilles ont révélé maintes traces. Il est probable également que Méroë est intervenue dans les révoltes de Haute-Égypte contre Ptolémée V. L' « île de Méroë » devint légendaire dans la littérature classique comme lieu inaccessible où la civilisation des pharaons avait conservé sa pureté originelle... L'archéologie montre toutefois que, dès le milieu du IIe siècle avant notre ère, les traits indigènes l'emportent. Les Méroïtes abandonnent la langue égyptienne au profit de celle du pays, qui reste transcrite à l'aide de signes hiéroglyphiques dérivés du démotique. Ils adoptent aussi un régime politique matriarcal de type africain et mettent en place une reine, la Candace. C'est l'une de ces reines qui fut opposée au préfet Petronius sous Auguste et sut préserver son royaume face à l'envahisseur romain. Malgré une expédition sous Néron, les renseignements restaient vagues sur ce royaume qui était alors à son apogée. Des relations avec Rome, sporadiques il est vrai, mais maintenues jusqu'au IVe siècle de notre ère, ne levèrent jamais totalement la confusion entre l'Éthiopie et l'Inde qu'entretint le roman grec, qui n'hésita pas à associer les deux civilisations pour la plus grande joie des lecteurs férus d'exotisme... Il n'en reste pas moins que le royaume de Méroë eut une durée presque égale à celui d'Égypte, puisqu'il ne s'effondra qu'en 350 après Jésus-Christ, sous les coups des Axoumites qui imposèrent la religion chrétienne jusqu'au pays voisin des Noubas. La civilisation qui s'installe alors dans l'ancien royaume est encore mal connue. Elle revient aux racines de la culture des Bedjas, les redoutables Blemmyes qui furent les derniers fidèles du temple d'Isis de Philae jusque sous Justinien. Elle y associe des réminiscences égyptiennes et méroïtiques. Cet étrange composé résiste plus longtemps au christianisme que la civilisation égyptienne, puisqu'elle ne cède définitivement qu'au milieu du VIe siècle après Jésus-Christ. Les Méroïtes étaient tout aussi persuadés que les Lagides d'être les continuateurs des pharaons. Mais la moindre œuvre d'art issue de ces deux cultures montre que si les deux sont des héritières, elles ont chacune apporté des éléments originaux qui les ont rendues différentes de leur modèle. Lorsque Pi(ânkh)y conquit l'Égypte, il se sentait égyptien, et pas nubien, non sans raison : la civilisation qu'il représentait n'était que le produit d'une acculturation poussée à l'extrême. Les successeurs d'Alexandre et, à plus forte raison, ses héritiers romains intègrent l'Égypte dans leur système, se contentant dans un premier temps d'adopter les traits culturels conformes aux buts qu'ils poursuivaient avant d'interpréter le fonds dans lequel ils puiseront afin de restituer leur propre projection mentale à travers des distorsions de plus en plus grandes au fur et à mesure qu'ils s'éloigneront du modèle. Lorsque Hadrien fit édifier dans la villa qu'il se faisait construire à Tivoli une reproduction du Sérapeum de Canope, il était lui-même pharaon d'Égypte, et cette entreprise était plus qu'un caprice esthétique. Elle lui permettait d'intégrer son pouvoir dans une vision universalisante du monde qui combinait les deux sources : celle de l'Orient et celle de l'Occident. Plus tard, lorsque le sens de la civilisation égyptienne sera perdu, il ne restera que ces symboles réinterprétés dans les cultures qui fondent celles de l'Europe : des obélisques christianisés à la Flûte enchantée de Mozart, le chemin de la sagesse passe par l'Égypte. Bibliographie [Cette bibliographie n'est pas exhaustive. En sont exclus, en particulier, les rapports et publications de fouilles, ainsi que les corpus documentaires. Elle vise à fournir au lecteur à la fois des lectures égyptologiques générales d'accès facile et un choix des principales études spécialisées à partir desquelles l'ouvrage a été écrit, afin qu'il puisse lui-même approfondir tout point qui suscite plus particulièrement son intérêt. Ce choix met volontairement l'accent sur les travaux des trente dernières années.] AAWLM = Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Leiden, Leyde. 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XVIIIe DYNASTIE (1552-1314 ou 1295) XIXe DYNASTIE (1295-1188) XXe DYNASTIE (1188-1069) XXIe DYNASTIE (1069-945) XXIIe DYNASTIE (945-715) XXIIIe DYNASTIE (818-715) XXIVe DYNASTIE (727-715) XXVe DYNASTIE (747 env.-656) XXVIe DYNASTIE (672-525) XXVIIe DYNASTIE (525-404) XXIXe DYNASTIE (399-380) XXXe DYNASTIE (380-343) SOUVERAINS MACEDONIENS (332-305) PTOLEMEES (305-30) EMPEREURS ROMAINS ET BYZANTINS (30-668) PRINCIPAUX SOUVERAINS CONNUS DE NAPATA ET MEROE Les autres souverains ne sont pas connus par des inscriptions hiéroglyphiques Cette liste a été composée sur ordinateur à l'aide du programme GLYPH 2.2, conçu et mis au point par Jan Buurman et Ed. de Moel.